Arme : Fusil de chasse Winchester 1987, calibre 12
Objets utiles : Un briquet, un bracelet en paracorde
Objets rares : Un costume de rechange, une boîte de préservatifs et un paquet de cigarettes
Véhicule : Une MGB de 1975
Possessions personnelles : Une paire de Ray-Ban de soleil, une montre à prix coûteux, son téléphone à batterie vide et une bague cachée dans sa poche

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On vous a déjà dit de pas faire confiance au premier venu ? Ni même au mec que vous connaissez depuis dix ans ? Non parce que c'est pas parce que ce mec en question il est votre plus vieil ami qu'il vous poignardera pas dans le dos. Alors ne soyez pas stupides. N'accordez-pas votre confiance à n'importe qui. Méfiant et légèrement parano, Matthew est le genre d'homme qui a tout pour plaire et qui pourtant refuse de se lier avec les autres. A croire que l'espèce humaine le dégoûte au plus haut point. C'est probablement dû à ce sentiment d'insatisfaction dont il est victime depuis sa plus tendre enfance, ne se sentant jamais assez bon et bien pour ses parents. Faut dire qu'il avait tout offert sur un plateau, aussi Matthew n'a jamais fait grand chose de sa vie. Cependant il est d'une culture sans conteste : passant ses journées à lire quand il ne sortait pas en boîte, Matthew est quelqu'un de très intelligent, même s'il cherche à se protéger sous son sarcasme et sa fainéantise habituels qui en font sa renommée. En apparence il semble assez indifférent aux sors de ses compères sur Terre, mais en vérité il est marqué par des valeurs qui lui sont propres. Il déteste l'injustice et fait partie de ce genre d'hommes impulsif capable de se prendre pour juge et bourreau si la personne en face de lui a eu le malheur de commettre un acte déraisonnable à les yeux. Borné, souvent contrarié, Matthew a ce fond de sensibilité en lui, qu'il cache comme si c'était sa plus grande faiblesse. Et maintenant, dans un monde peuplé de zombies, il pourrait s'avérer encore plus irritable et devrait se forcer à être pragmatique s'il veut survivre.

Ancien Monde
La gifle partit, laissant une marque rouge sur la joue du jeune Matthew Danvers, âgé de 11 ans et demi. Le garçon se massa la joue, les larmes aux yeux, vêtu déjà à son âge d'une chemise aux manches serrées et d'un pantalon digne d'un bas de costume le plus onéreux, abîmé et tâché par la boue, entre autres.
- Tu me déçois fils.
- Mais enfin, père, qu'est-ce que j'étais supposé faire ?
Papa Danvers ne répondit même pas, le visage crispé. Il désigna la chambre dans laquelle se réfugia Matthew. Alors quoi ? Parce que c'était un Danvers, un futur riche play-boy, il devait forcément agir comme un garçon hautain, il devait forcément foutre une raclé à ce caïd plutôt que de vouloir faire ses études en paix ? Parce que c'était si honteux que ça, que Matthew soit le garçon martyrisé de la cour ? C'est vrai qu'un môme riche, c'était la victime idéale. Mais ça, son paternel semblait s'en moquer comme jamais. Il ne serait jamais à la hauteur, c'était évident. Alors, qu'il en soit ainsi. Si son père voulait faire de Matthew un homme fort et dédaigneux, il le serait, à sa façon.

*****

Le videur éjecta Matthew et son pote violemment, par le col de leur costume. Roulant sur le bitume, le jeune homme laissa échapper un rire en se relevant. Il s'épousseta les épaules avant de revenir faire face au videur, qui croisait les bras et bombait le torse tel le gros gorille qu'il était.
- Vous êtes content hein ? Vous vous dites, "bravo moi, j'ai viré ce crétin de friqué qui se la pétait, il fera moins le malin." Mais je vais vous dire, Monsieur Muscle ? Vous êtes fini. Cette boîte là, dans moins d'une semaine elle est à moi. Et vous allez vous sentir bien minable en me voyant vous foutre dehors, vous et votre patron qui peine à proposer des cocktails sans que ça fouette le bon marché à plein nez. Matthew interrompit sa tirade, alors qu'il était persuadé que le grand baraqué était en train de fumer sous les accusations du jeune homme. Il lui tourna ostensiblement le dos, aidant à relever son ami qui affichait un sourire niais. Pourquoi c'était son ami lui déjà, de base ? Aucune idée. Passons. C'était un crétin qui permettait de pas se saouler en mauvaise compagnie au cas où toutes les demoiselles de la soirée soit prise. Re-faisant face à Monsieur Muscle, Matthew tira une carte de visite de sa poche qu'il glissa dans celle du polo du videur, affichant toujours un rictus moqueur et effronté.
- Appelez ma secrétaire, on pourra bien vous trouvez quelque chose. Un job de plongeur peut-être. Enfin je sais pas, vu votre physique on devrait bien faire quelque chose de vous. Allez, à bon entendeur, Monsieur Muscle qui n'aurait pas du jeter la mauvaise personne dehors. Sans compter que c'était son anniversaire. Ses 21 ans. Et son cadeau était donc tout trouvé.

*****

Matthew s'étirait dans son lit deux places capable d'accueillir bien plus de personnes que nécessaire. Entièrement nu, il était le premier réveillé, ses deux partenaires de soirées complètement ébréchées. Ou alors encore en train de rêver au septième ciel, après la soirée qu'ils avaient passé ensemble. Se levant naturellement, il alla se dégoter une chemise froissée et un bas de pantalon, histoire d'accueillir la personne qui avait sonné à sa porte, remplaçant son réveil habituel. Ouvrant la porte, il afficha son sempiternel sourire moqueur à la vue de la jeune femme au trench coat qui lui lança un regard exaspéré.
- Matthew, je croyais qu'on avait un accord ? Vous étiez censée venir me retrouver à 8h tapantes. Il est déjà 10h30 !
- Oh vraiment, c'était ce qui était prévu ? Faut pas m'en vouloir, la boisson est le plus grand ennemi de l'homme !
Sa visiteuse lui lança un nouveau regard exaspéré, avant de virer les deux demoiselles du lit de Matthew. De son côté ce dernier la regardait, amusé par le caractère franco de cette femme qui n'était encore qu'une inconnue à ses yeux. Il parait qu'elle allait l'aider à trouver un boulot. Qui l'eut cru. Matthew allait travailler, comme quoi les miracles existait vraiment. Même si c'était pas gagné. A ce moment là, il ne réalisait pas encore que dans quelques semaines, le monde changerait à jamais. Et qu'il ne reverrait probablement plus jamais ces personnes de sa vie.

Nouveau Monde

Le début de l'apocalypse ? Pff, c'est simple, on se réfugie dans sa belle maison de riche et on attend que ça passe. Et si ça passe pas ? On improvise un plan B ! Allons, vous croyez vraiment que Matthew est du genre à préparer une stratégie digne des plus grands militaires de ce monde ? Non. Matt a des provisions, une bagnole, de la musique, un home-cinema, un jacuzzi et du champagne à volonté ? Pourquoi est-ce qu'il quitterait la ville, en sachant que c'est exactement ce que tout le monde faire ? Vous imaginez un peu la sensation ? Matthew Danvers, non plus le seul propriétaire du meilleur club de la région, mais le seul maître de Détroit ? Si c'est pas cool ça. Ouais en plus ça sonne bien ! Si bien, qu'il n'y avait même pas à y réfléchir deux fois. Il n'y avait qu'à rester, tout ceci disparaîtrait bien à un moment donné. Voyons, n'allez pas prendre cet air faussement choqué. Ce n'est tout de même pas une sentence envoyée par Dieu pour punir les péchés des hommes. Il y avait une explication parfaitement raisonnable à cette situation, il n'y avait qu'à laisser les personnes compétentes s'occuper de ce problème. Après tout, ceux responsables de ce merdier avaient bien intérêt à remettre les pendules à l'heure.

*****

- Donne nous tout ce que tu as, maintenant ! Et dégage de la baraque !
- Voyons, les amoureux, pas la peine de s'énerver, on peut trouver un arrangement non ? Ne soyez pas stupides enfin.
Matthew levait les mains, toujours son éternel sourire effronté au visage, persuadé comme à son habitude de trouver une solution à son problème. Il ne savait pas combien de temps cela durait. Pour l'instant, vu que sa maison avait toujours été à l'écart de Détroit, il avait été tranquille. Bien sûr, ça lui était arrivé de croiser des gens, mais en général ces morts-vivants se chargeaient rapidement de les effrayer. En l'occurrence, maintenant il semblerait que ces mêmes créatures rendaient ces gens si désespérés qu'ils en devenaient violents et hostiles. Il regardait derrière lui, englobant de ses mains l'immensité de la pièce dans lequel ce jeune couple aux visages émaciés l'avait forcé à se reculer.
- J'ai encore des bonnes choses à partager d'accord ? Alors pourquoi recourir à la violence ? J'ai toujours du champagne si c'est ça que vous tenez. Et pour vous mademoiselle... j'ai dégoté il y a pas longtemps les objets coquins de ma domestique ! Ah, Dieu sait où elle est passée celle-là d'ailleurs...
- TA GUEULE PUTAIN.
- Oh. Okay, vous êtes pas cool. Noté.
Bon. Ceci allait être très compliqué. Enfin plus qu'il ne le pensait. Ces décérébrés voulaient vraiment le virer de chez lui. Mais c'était pas possible. Alors il pouvait pas continuer à se la fermer, tandis que les deux amants débattaient sur ce qui était juste ou pas. Le ton monta, relativement fort, et un coup de feu partit, éclatant quelques bouteilles de bourbon vidées depuis un moment. Avec sa poigne, Matthew essaie d'affronter l'arme, mais il n'était pas forcément un combattant expérimenté. C'est à peine s'il avait suivi les cours d'Aïkido auxquels son père l'avait inscrit en espérant que ça calmerait sa phase rebelle quand il était ado. Matthew se retrouva projeté contre son écran télé qui ne marchait plus. L'homme ne cessait de le frapper, et le riche n'avait que pour défense sa possibilité d'éclater un vase sur son crâne. Il porta le coup à sa tête, et l'inconnu s'effondra, une plaie béante sur le front, se tenant la tête à deux mains. Ah, il l'avait bien cherché. Danvers cracha du sang, sa lèvre enflée, son nez apparemment pété, quand un clic familier se fit entendre et que la femme du blessé lui fit face, une arme en main. PAN.
Le corps s'effondra à terre, après que la balle impacta la vitre. Un petit groupe, aussi efficace qu'un commando, vint à la rescousse de Matthew.
- Elle est morte. On doit dégager d'ici. Ce bruit va ameuter les mordeurs pas loin. Monsieur, suivez-nous s'il vous plait. Et si celui-ci y tient, aussi.
Que se passait-il ? Matthew avait même pas le temps de comprendre ce qu'il venait de se passer qu'on lui demandait encore une fois de dégager de chez lui. Pas question ! Non, ça allait pas se passer comme ça !

*****

Ainsi, il les avait suivi. Il avait eu le temps d'empaqueter quelques affaires vite-fait, d'embarquer son fusil, et il avait dit adieu à sa maison chérie. Matthew n'avait pas posé trop de questions quand ses sauveurs avaient été si choqués de voir qu'il avait pu survivre quelques semaines comme ça, à la cool. En fait, il s'était juste contenté d'hausser les épaules et de suivre ce petit groupe. Des survivants qui s'étaient réunis par un bienheureux hasard, parce qu'ils avaient pas pu faire autrement pour survivre. Détroit devenait un vrai carnage à mesure que le temps faisait son oeuvre, et ils avaient établi un campement aux alentours, protégé et fortifié. Ce n'était que le début de l'apocalypse alors il était encore facile de s'organiser à ce stade. Ils étaient retournés sur Détroit pour s'approvisionner pendant qu'ils le pouvaient encore. En entendant les coups de feu, le chef du groupe, une femme à peine plus âgée que lui, s'était rapprochée et avait assisté à la scène. Finalement, en voyant Matthew en mauvaise posture, elle avait décidé d'intervenir.

Et le voici, quelques mois plus tard, membre à part entière du groupe. A part entière dans tous les sens du terme. Matthew Danvers était toujours le même : effronté, moqueur, insouciant, regardant les gens de haut avec condescendance ou compassion. Mais ce n'était pas un mauvais diable au fond, c'était toujours le même homme avec ses sarcasmes qui se permettait de reprendre chacun en face de lui. Au moins pouvaient-ils tous être rassurés : Danvers était pas le genre de mec qui allait se salir les mains, ni en tuant des morts-vivants ni en assassinant ses compères.

Malheureusement, le groupe fut envahi par des rôdeurs. Un nouveau venu, qui avait piqué sa crise existentielle, avait trouvé de la boisson quelque part et s'était juste... endormi sur le klaxon d'une voiture. Sérieusement, il pouvait pas trouver un moyen plus ordinaire pour se suicider ou se rappeler des souvenirs de façon moins meurtrière ? Ce fut tellement la pagaille, on ne pouvait rien y voir. Difficile de déceler morts et vivants. Alors Matthew avait fini par prendre la poudre d’escampette, parce que c'était ce à quoi il était doué. Et maintenant, depuis plusieurs jours, il roulait, son fusil de chasse posé sur le siège passager de sa voiture récupérée dès son sauvetage par son ancien groupe désormais, sans trop savoir où aller. Il se laissait guider , sans savoir qu'il allait être mené vers un refuge de survivants... d'un genre plutôt différent de ce qu'il avait connu alors.