Thomas n'a pas un caractère facile. Arrogant, moqueur, le roi des je m'en-foutiste. Il est surtout doué pour se donner une fausse image. Ca l'amuse. Surtout quand les gens croient le connaître et lui dire comment il est alors que tout ceci est faux, oui, ça l'amuse vraiment. Il aime chercher le conflit, il aime provoquer les gens, c'est comme une passion. Oh, ça lui est souvent retombé dessus, mais ce n'est pas pour autant qu'il aura arrêté. Les gens ont tendance à avoir un égo démesuré et il pense que c'est sa mission de les ramener sur Terre.
En dehors de ces défauts qui font de lui une personne tout à fait exécrable, il peut se montrer sensible sur les sujets qui le tiennent à coeur. Un passionné, il peut aussi se montrer loyal à qui le mérite bien. Mais il n'a juste pas trouvé qui méritait cette loyauté. Il n'a pas de leader, il est son propre chef, débrouillard, il n'a pas besoin qu'on lui dise quoi faire, il prendre généralement les situations en main, il trouve ça préférable.
Farouchement indépendant, il n'aime pas vraiment recevoir d'ordre, il n'est pas un très bon suiveur et il n'est pas un bon meneur non plus, il préfère la jouer solitaire. Il peut aussi être un bon compagnon de beuverie, s'amuser, il sait le faire, il peut aussi vous citer chaque morceau de chaque groupe de rock des années 60 à 90, un grand fan de rocknroll et d'heavy metal, il a une très bonne mémoire.
Mais il n'aime pas mettre ces talents à profit, il est très intelligent mais a l'impression que cette intelligence pourrait se retourner contre lui. Il pense que ça n'attire pas vraiment les filles d'être un intello à lunettes, et séduire les femmes, il adore ça. Il en abuse même. Il n'est pas très fidèle, la fidélité est une notion presqu'étrangère pour le jeune homme. Il part du principe qu'on n'a qu'une vie et qu'il serait bête de rester enfermé ou de manquer des expériences. Alors il n'aura aucun mal à chercher à séduire une femme mariée, même si son mari est juste à côté d'elle. Il s'est souvent pris des droites, méritée, mais là encore, ça ne l'a jamais empêché de continuer ce qu'il faisait. Mais il n'a pas toujours été comme ça, c'est surtout depuis son mariage désastreux - à ses yeux - qu'il prend la vie avec cette philosophie. Autrefois il était même plutôt fidèle et respectueux des traditions. Mais c'était avant.
Il peut être responsable, il peut être adulte et mature, c'est juste qu'il n'aime pas ça. Il préférera déconner un bon moment, mais c'est face aux situations périlleuses qu'il redeviendra plus calme et arrêtera de jouer les idiots. Mais s'il doit choisir entre sa vie et celle des autres, le choix sera vite fait.
Il est aussi très spontané, il peut réfléchir à beaucoup de choses mais il préfère rester dans le feu de l'action, faire les choses sur le coup, sur l'impulsion du moment.
Il peut aussi être une personne très engagée lorsqu'il a une mission. Si on lui fait confiance pour une mission et qu'il a du respect pour la personne (bon courage pour cette étape) alors il fera tout ce qu'il peut et plus pour mener à bien cette mission. C'est souvent comme ça quand il a un objectif en tête. Il a ses convictions et il s'y tient, c'est comme ça qu'il est devenu végétarien puis végétalien au temps où "tout allait bien". Et c'était aussi pour cela qu'il s'était engagé avec des éco-terroristes. Mais les choses étaient devenus trop extrêmes pour lui et sa vision des choses et il a préféré partir avant que ça ne lui retombe dessus. Il a peut-être un certain talent pour savoir quand est-ce que ça va merder, après tout, lui-même aime foutre le bordel, il doit s'y connaître. Ou avoir une chance remarquable.
Septembre 2014, à peu près.
Cher journal,
haha, c'est tellement niais.Voilà, un mois que tout ce merdier a commencé. J'ai encore du mal à comprendre comment on a pu en arriver là, je n'ai fais que courir ou rouler à moto. La dèche. La moto, c'est idéal entre les voitures qui bloquent l'autoroute. Je ne sais pas si c'est vraiment utile d'écrire un journal, je me dis que, qui sait, quelque chose pourrait m'arriver et que quelqu'un pourrait tomber dessus. Ou peut-être que ça me permettra de garder les idées claires sur ce qu'il se passe, ou peut-être que dans 15 ans je relirai ça et je rigolerai. J'en sais rien. Tout est tellement indécis.
Tu sais, journal, là, je me retrouve au milieu de nul part. Je voulais aller vers le Sud, me disant que le Mexique, ça pourrait être pas mal en temps d'apocalypse, il fait beau il fait chaud et peut-être que ces saloperies supporteront pas la chaleur et que leur corps pourriront bien plus vite. Et en fait, faut croire qu'on s'est tous passer le mot d'aller dans le sud. Pas l'choix, j'ai du remonter vers le grand Nord, l'horreur.
Ah, l'apocalypse. J'ris seul en y pensant. Si ma mère lisait ça, j'crois bien imaginer sa tête. D'ailleurs, je sais même pas si elle est encore en vie. J'en doute, tout est coupé et j'ai même pas pensé à aller là-bas quand j'ai pris ma moto et un sac de bouffe et de fringues. J'ai direct filé vers le Sud. Ah, ma mère, si tu savais. Ce genre de femme folle et croyante, qui, j'en suis persuadé, jusqu'aux dernières heures de sa vie, devait être persuadée que Jesus ou son dieu viendraient les délivrer. Je l'imagine là comme ça, devant ces saloperies, priant comme si elle allait pouvoir les exorciser. Tu dois t'dire que j'abuse mais, pas du tout haha.
Depuis le début de ce foutoir, ça doit être la première fois que j'arrive à me poser quelque part sans avoir à regarder derrière moi, je viens de trouver une vieille cabane et j'ai pu bloquer la porte avec des caisses. Ca pue ici mais pour une ou deux nuit(s) tranquille, on va pas jouer les fines bouches.
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Octobre 2014
J'ai hésité à réécrire là-dedans. Après coup je me suis dis que c'était complètement con et puis finalement, je me dis que c'est peut-être le meilleur moyen de garder les idées sur les jours.
L'hiver arrive et bordel, ce que ça craint. J'ai évité la ville, du coup, pas de fringues d'hiver et pas moyen d'en trouver dans les carcasses de voitures que je trouve sur la route. Ca craint. Ca serait vraiment con de survivre aux morts et se faire tuer par l'hiver.
J'ai vu des survivants il y a quelque jours. J'leur ai piqué un sac de bouffe pendant qu'ils dormaient. En d'autres circonstances j'aurais eu honte, mais j'me suis dis, eh, ils ont pas d'enfants à charge non plus alors ça va. J'crois que la honte c'est sur-fait pour maintenant, on fait ce qu'on peut pour survivre. Le problème c'est qu'ils avaient des bâtons séchés de viande. J'ai hésité à leur rendre et puis j'me suis dis, tant pis pour eux. J'les ai jeté dans la forêt et j'ai continué à courir jusqu'à ma moto, j'ai fourré ça dans mon sac à dos et j'me suis tiré. Il me reste plus grand chose, même en rationnant, juste quelque biscuits secs. Ils avaient pas mal de choses, des céréales, des boîtes de conserves avec des légumes, j'ai mangé la dernière boîte de pêches confites. C'était dégueulasse. Je me demande si je ne pourrais pas trouver un clan un de ces jours, mais j'ai pas vraiment envie de finir condamné si l'un d'eux merde.
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Janvier 2015.
Les choses sont partis en vrille, totalement. On contrôle plus rien, faut croire. J'utilise un nouveau journal, l'autre est déjà fini, ça m'aura permis de garder le compte des jours comme prévu.
Y'a quelque jours ma moto est tombé en rade d'essence. Mais si c'était que ça. Elle a ralenti sur le verglas et j'ai pas pu me retenir suffisamment, la moto est tombé et moi avec. Ca va que c'était lent, mais j'ai du me froisser un muscle ou deux. J'ai trouvé une autre cabane abandonnée mais j'ai plus rien. J'peux compter que sur la neige et essayer de faire un feu, essayer de boire. Mais j'ai plus de bouffe, pas moyen d'en trouver. C'est la dèche total. Ca doit faire trois jours que j'ai rien avalé et je commence à avoir des vertiges, même des hallucinations. Le froid me bouffe. J'évite de laisser les feus trop longtemps, pas envie de me faire repérer, mais c'est le seul moyen d'avoir un peu chaud.
Quand on est seul comme ça, on se remet à penser à sa vie entière. On se dit que si on avait changé un truc dans le passé, si ça se trouve, rien de tout ça serait arrivé. Comme si c'était si simple. Alors, j'm'étais juré de plus y repenser. Puis j'ai finalement repensé à cette femme. Je ne l'ai jamais écris sur mes journaux mais j'suis marié. Oh, ça remonte à dix ans et ça fait presque aussi longtemps que j'ai pas revu celle qui est sensé être ma femme. Les femmes sont cruelles, tu sais. Elles prennent tout ce que tu as et ont ce don de te faire te sentir au plus mal rien qu'avec un ou deux mots. Mais c'est dans ces moments là où t'es complètement seul que tu te dis que t'aimerais bien avoir quelqu'un sur qui te raccrocher.
J'pense que c'est la solitude qui me fait ce coup là, depuis août j'ai parlé à personne à part sur ce foutu journal. Ca commence à plus tourner rond, j'le sens.
Alors j'repensais à ma vie et j'me demandais ce que ça aurait donné si y'a dix ans j'étais pas parti. Les responsabilités, c'était pas mon truc, j'avais que 25 ans et je pensais avoir la vie devant moi. J'avais trouvé une nana, j'avais enfin fini les études, je m'étais trouvé une cause à défendre j'pensais que la vie c'était ça. J'me suis demandé ce que ça aurait donné si j'avais assumé ce mariage jusqu'au bout. P'têtre que c'était lui que j'aurais du faire péter au lieu de partir, je sais pas et qui peut savoir maintenant, hein ? Les femmes sont cruelles, faut pas vous y fier. Faut pas se fier à leur sourires et leur mots, elles vous diront que vous comptez pour elles et au final, qui s'retrouve à courir après qui ? Perds pas ton temps là-dessus, c'est tout ce que je peux te conseiller. Les filles c'est que des emmerdes. Si ça se trouve, si j'étais encore avec elle, j'serai mort bien avant. Elle aurait pu me faire faire une bourde, on aurait pu se faire bouffer ou je n'sais quoi. En attendant je suis seul mais encore en vie, c'est sûrement plus son cas.
Aucune nouvelle de civilisation, y'a personne là où je passe. Ils ont bien raisons, vaut mieux rester dedans que dehors. Maintenant, si ce sont pas ces choses là dehors qui nous bouffent, ça sera l'hiver.
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Fin Janvier 2015.
J'vais pas te mentir, ça sentait le sapin. J'ai vraiment cru que j'allais crever. Après cinq jours sans rien manger, le froid commençait à geler mes doigts, j'ai fini par dire merde et j'ai laissé le feu allumé. Qu'on me trouve, que ça attire du marcheur, je m'en tapais complet. Et en fait une nana est tombé sur moi, elle et sa caravane. Elle avait vu un feu et pensait pouvoir me piquer à manger, haha. Elle s'est retrouvée bien emmerdée. Finalement c'te nana, Félicia, m'a emmené avec elle dans sa caravane, elle avait encore quelque réserves mais voulait en reprendre, on a jamais assez par ces temps, ça s'comprend.
Félicia, ça fait quelque temps que j'reste avec elle. Elle avait des habits chauds, piqués à des campeurs. Voilà ce que le monde nous force à être, des pilleurs, aucune valeur, aucune morale, tout pour nos gueules. Ca me dégoûte mais on a plus le choix si on veut survivre. Felicia est cool, le genre de nana qu'il faut pas emmerder, une veste en cuir, c'est ce qu'elle porterait si on était pas en plein hiver. Le genre de nana qui a pas peur de cracher au sol et de te coller une droite si tu la cherches. Elle a pas mal de choses dans sa caravane et on fait comme on peut pour survivre. Et on fait ce qu'on peut pour se réchauffer, si tu vois c'que j'veux dire.
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Avril 2015.
J'ai les boules, mec. Genre, vraiment les boules. Je m'étais dis que l'hiver était fini et que ces choses étaient mortes avec, vraiment mortes. On avait plus une seule trace d'eux depuis des mois, rien de rien. On est resté en campagne un moment, on avait pas de cartes, impossible de dire où on était. Quand on est tombé sur une station essence, on s'est dit qu'elle était vide mais on pouvait toujours voir à l'intérieur. On y a trouvé des cartes.
Si encore les cartes suffisaient. Au moins on a su où on se trouvait, on était au Michigan. J'ai fais que tourner en rond, j'ai l'impression. Tout c'temps.
Avec Felicia on s'était dit qu'on se trouverait un coin où dormir, histoire de changer de la caravane, mais rien. Tout était délabré pour le peu qu'on tombait sur des maisons, ou alors ça sentait le mort. Felicia voulait un lieu normal où dormir, genre, un vrai lit juste pour une fois. Mais ça sentait la mort partout, les cadavres étaient empilés, rien à faire.
Alors après une heure à tourner en rond, à pieds, dans cette petite ville, Felicia s'est dit tant pis, on va se prendre une maison au hasard. Dans les maisons y'avait plus rien à bouffer, elles avaient déjà été pillées, comme souvent sur la route, ce qu'il restait c'était des produits périmés.
Je sais pas trop ce qu'il s'est passé en fait, est-ce que Felicia a pas voulu faire gaffe, est-ce qu'elle s'était dit que ça irait, ou est-ce qu'elle était au bout.
T'sais, Felicia, on a beaucoup parlé sur la route, y'a plus de musique donc on tue le temps comme on peut. Mine de rien, je m'étais attaché à elle. Et j'pensais ça réciproque.
Alors comprends que je pige pas pourquoi le lendemain matin je vais la voir dans la chambre qu'elle s'était attribuée et qu'elle s'était laissée bouffer par une gamine. Cette gamine avait du vivre l'hiver enfermé, je ne sais pas trop. C'était horrible à voir en tout cas, elle devait avoir cinq ans avant de mourir. En me levant j'ai vu Felicia les tripes à l'air et la gamine entrain de... enfin, tu vois. Est-ce qu'elle n'a pas osé l'abattre ? Je l'ai vu abattre tellement de ces choses là-dehors. J'aurais peut-être jamais le fin mot de l'histoire. P'têtre le désespoir. Ca nous bouffera tous. Est-ce que ce bordel prendra fin un jour ?
Goodbye Felicia
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Mai 2015
Me revoilà sur la route. J'ai réussi à trouver l'essence et j'ai réussi à réparer ce vieux machin. Au moins l'autoroute a cette utilité, les voitures et caravanes abandonnées, un champ de possibilités, de pièces abandonnées.
J'ai eu du mal, mais j'ai décidé de repartir avec cette caravane. J'aurais peut-être du laisser ça derrière moi mais très sincèrement, une caravane est idéale, c'est comme transporter partout une maison. Exactement ce dont j'avais besoin. Le vent ne rentre pas, il y a des couvertures, et si je tombe en rade d'essence, j'aurais toujours la possibilité d'avoir un lieu où dormir la nuit. Si je peux repasser un hiver, même sans chauffage, ça sera indispensable d'avoir cette caravane. Peut-être que j'ai une chance inouïe, je ne sais pas.
La nuit je repense à cette fois où Felicia s'est fait dévorer par une gamine. Je deviens un peu parano je crois. J'ai l'impression d'entendre des bruits quand il n'y en a pas. J'ai l'impression qu'il y a des mordeurs dehors, mais quand je sors, rien, personne. J'ai l'impression de sentir ces odeurs mais toujours rien. J'ai du mal à comprendre.
J'ai couvert les vitres, aussi, on sait jamais. Je n'sais pas bien s'ils parviennent à voir à travers les vitres, s'ils comprennent ce qu'il se passe.
Plus rien à lire ni à faire, je relis en boucle les même livres et je commence à croire que c'est vraiment l'apocalypse.
Je viens de trouver un clébard sur ma route. Mort de froid en pleine nuit, enfin, presque mort. Je l'ai trouvé avant les mordeurs en tout cas et ça valait mieux, il avait même plus la force de grogner. Il y avait une voiture à côté de lui avec deux mordeurs enfermés, je me suis dis que ça devait être leur chien, je sais pas, mais il attendait à côté. Mais j'allais pas laisser cette pauvre bête et j'ai été forcé de l'adopter. Je rationnerai juste encore plus la bouffe mais ça vaut le coup. Je vais devoir lui trouver de la viande aussi.. ou lui apprendre à le faire s'il ne sait pas. Je sais pas encore ce que c'est comme chien mais ça doit être un lévrier irlandais, ma tante en avait elle aussi.
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Août 2015.
Je ne sais pas pourquoi je viens à Detroit mais j'ai l'espoir que les grosses villes soient dégagées. Je les ai évité longtemps et j'ai pas vu un seul être vivant depuis Felicia. J'ai l'impression d'être seul au monde. Où que j'aille, il n'y a que la mort. C'est angoissant. Je deviens dingue. Ma seule compagnie c'est Ozzy, le chien que j'ai trouvé. D'ailleurs il paraît deux fois plus jeune depuis que je l'ai trouvé et il a repris du poids. Pauvre bête, à quoi on en est réduit maintenant ?
Je commence à me demander quel est le but, si j'ai encore intérêt à vivre. C'est vrai, il n'y a tellement pas de signes de vie que je dois être le seul couillon encore en vie. La dernière part de raison qui me reste me dit que ça serait débile mais ... sérieusement ? Pas même un campeur, rien. Rien de rien. J'ai conduis dans Detroit et je n'ai trouvé que des carcasses. Une ville désolée. J'ai poussé plus loin et toujours rien. Alors j'espère juste me trouver un coin où pioncer, un autre coin que ma caravane. Je commence à manquer d'essence et pas de voiture avec de l'essence dans les environs alors je me contente des maisons abandonnées en faisant bien gaffe à ce qu'il n'y ait pas de gamine de cinq ans. Et pour la bouffe, Ozzy chasse les rats, les chats et je me contente de ce que je trouve. Biscuits secs, conserves, mais il n'y a plus grand chose... je commence à me demander si je n'aurais pas dû investir dans un champ ou une campagne pour y faire pousser la nourriture.