3 Décembre 2015

Cela faisait plus de quinze jours qu'Edward se reposait, plus de deux semaines qu'une bande de tarée avait totalement massacré son groupe. Le pauvre avait bien faillit y passer, c'était de justesse qu'il avait pris la fuite et réussi à s'en sortir. Bien sûr, il n'était pas parvenu à fuir indemne de tout ça. Par chance, une jeune femme l'avait aidé, Bernadette. Sans elle, il serait peut-être mort, ou toujours dans un sale état. Autant dire qu'il ne pourra jamais la remercier assez pour ce qu'elle avait fait. Après ce qu'il lui est arrivé, il pensait sincèrement qu'il ne pourrait plus faire confiance à qui que ce soit. Histoire de ne pas mourir dehors, il était resté caché dans un immeuble. Sa cheville douloureuse souffrant surement d'une entorse ou d'une tendinite avait besoin de repos. Ce n'est pas en marchant ou courant que ça risquait de s'arranger. Alors, il s'était contenté de rester caché derrière les rideaux crasseux des fenêtres à observer l'extérieur. C'était un peu comme une sorte de télévision, mais sans rien d'intéressant à voir, hormis le passage de quelques zombies errants, de rats, de chiens et même d'oiseaux. Au fond de lui, il devait espérer voir des vivants, peut-être une seule personne en particulier. A moins qu'il ne surveille la rue pour se cacher si cette horrible bande refait son apparition.

Rester à ne rien faire, être enfermé, c'est un peu comme devenir fou également. C'est pourquoi Edward avait décidé de sortir. Prendre l'air ne pouvait pas lui faire du mal et il ne comptait pas s'aventurer bien loin. Ses affaires avec lui, du moins le peu qui lui restait après son passage à tabac, il quitta cet immeuble en appréciant l'air frais qui venait caresser son visage. D'un pas lent, il avançait sans but, restant attentif aux alentours au cas où un bruit le force à se cacher rapidement. A chaque rue, il allait plus loin, se disant qu'il devait avancer, des fois qu'il tombe sur Eun Tak. C'était un espoir totalement fou, il savait qu'il ne pouvait pas compter dessus, mais c'était plus fort que lui. Un espoir vain, profondément ancré dans son cœur, réapparu au moment même où le panneau "Detroit" avait croisé sa route. Au final, il s'était beaucoup éloigné de son point de départ, se trouvant à la périphérie de la ville. Ce n'était que le début d'après-midi, il avait encore du temps avant de faire demi-tour et si la nuit le surprenait, il parviendrait à trouver un endroit ou ce cacher, non ?

Un bruit retentit derrière lui, il fit volteface rapidement en brandissant sa seule et unique arme, un simple pied de biche. Rien, personne, le néant. Ceci pouvait être le fruit de son imagination. Puis, c'est du côté de la porte d'une maison qu'il entendit du bruit. Vous savez ce qu'on dit, la curiosité est un vilain défaut. Avec prudence, il s'approcha de la porte et l'ouvrit tel un inconscient. Seulement, à l'intérieur se trouvait plusieurs zombies, peut-être enfermé ici, ou simplement un groupe de personnes contaminé s'étant caché pour mourir et revenir. Un, deux, trois, quatre et ... merde, impossible de tous les compter. Les voilà qui s'approchaient de lui, de leur pas claudiquant et trébuchant. Le Sud-Coréen était obligé de reculer, hélas un faux mouvement lui fit mal à sa cheville blessée et basculer au sol après avoir déroulé cinq petites marches. Les ennuis étaient visiblement de retour. De toute sa vie, il n'a jamais eue de chance et on dirait bien que ça continue !

Cette mini horde de zombie, cette sorte de marée humaine trébuchante, puante, suintante s'approchait dangereusement de lui. Est-ce ainsi qu'il allait finir ? Après avoir survécu à New York, à une grosse attaque de son premier groupe, après s'être fait tabasser comme un gros tas de merde il y a une quinzaine de jour... c'est comme ça qu'il va finir ? Dévorer par un tas de mort vivant ? Tout ça sans savoir ce qu'il est advenu d'Eun Tak ? Est-ce que c'est possible ? Est-ce qu'il peut vraiment mourir d'une manière aussi minable ? Certes, on ne peut pas dire que ce soit le survivant de l'année. Jusque-là, la plupart du temps, il a été un lâche, le type qui évite de faire des trucs dangereux et qui ne partait jamais seul pour avoir de l'aide au cas où. Mais ce n'est plus le cas, il n'a plus personne et à partir d'aujourd'hui, il va devoir se débrouiller par lui-même. Pourtant, voir ce groupe s'approchait le paralysa, c'est comme si sa vie se mettait à défiler devant lui, un peu comme dans les films. Le pire, c'est qu'il ne voyait pas les bons moments de sa vie, seulement les mauvais, son connard de perd lui ordonnant de ne plus fréquenter la femme qui l'aimait, son père renvoyant sa douce à l'autre bout du monde, les moments où il a fui... Merde ? C'est ça, sa vie ? Ed allait se relever, mais il se sentit saisi et trainer. Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Comment ? Toutes ses questions fusèrent dans sa tête à la vitesse de la lumière sans trouver de réponse. Tout ce dont il était sûr, c'est qu'il ne savait pas à quelle sauce il allait être mangé. Une porte claqua et le voilà en sécurité ? Son regard se porta sur la personne qui l'avait aidé ? C'était bien ça ? Elle n'allait pas le frapper comme les bâtards de l'autre fois ? D'office, elle se présenta, au moins s'était directe, clair et précis. "Ed... Edward." balbutia-t-il encore sous le coup des émotions et un brin méfiant. Avant même qu'il ne puisse répondre aux premières questions, elle en ajouta. Hey, doucement ! Faut lui laisser le temps quand même ! "C'est bon, ça va ! J'ai juste trébuché !" En même temps qu'il disait ça, il bougeait son pied histoire de vérifier que ça allait. "Merci ! Merci de ton aide !" Ça lui semble plus sympa de la remercier, elle aurait pu très bien mourir en lui portant secours. Mais pour l'heure, le nouveau duo n'était pas sorti d'affaire. Cette bande d'ingrat était toujours derrière la porte, la martelant dans l'espoir de la faire céder. "Peut-être qu'on ferait mieux de partir d'ici. La porte à peut-être l'air solide, mais je suis pas certain qu'elle va tenir très longtemps !" Son regard était porté sur la porte en question pendant qu'il disait ça. Il se remit même debout afin de montrer qu'il était prêt à partir et fuir loin de cette bande de dévoreur de chair.