Alyana, c’est le genre de fille qui paraît tout de suite super sympa, facile à approcher. C’est vrai qu’elle est très sociable : cela est dû à son métier. Quand elle était plus petite, elle était fort timide et réservée. Mais quand on devient infirmière, on apprend à s’ouvrir, à parler aux gens, que voulez-vous ! Donc oui, en soirée, dans la rue, n’importe où, si vous l’abordez pour lui demander quelque chose, il y a fort à parier qu’elle vous réponde. Encore maintenant : si vous ne ressemblez pas à un zombie et que vous ne braquez pas une arme sur elle, elle sera sympa.
On peut associer sa sympathie à sa patience. En effet, l’infirmière est extrêmement patiente. Vous pouvez l’ennuyer pour des broutilles pendant des heures entières, elle prendra sur elle et restera calme. Bon, il ne faut pas non plus exagérer et la faire tourner bourrique. Mais jusqu’à présent, les personnes qui l’ont vraiment poussée à bout, à ce niveau, peuvent se compter sur les doigts de la main.
Aussi, Alyana se soucie énormément des gens qui l’entourent. Elle préfère de loin être une oreille attentive que de se plaindre continuellement. Habituée depuis ses études à écouter les problèmes des gens, c’est devenu normal qu’elle mette les siens de côté. C’est d’autant plus vrai maintenant : elle a tendance à vouloir protéger les gens de son groupe, quitte à se mettre en danger pour eux.
Maintenant, il faut savoir que, même si Alyana donne rapidement sa confiance, il est recommandé de ne pas la perdre. La jeune femme est très rancunière et c’est un défaut qui la suit depuis toute petite : elle se rappelle encore du nom et prénom de la fille qui l’a un jour poussé dans la fontaine du parc, lors d’une sortie scolaire, en maternelle.
Et si elle n’avait que ça, comme défaut… Alyana sait ce qu’elle veut. Certains diront que c’est une qualité, mais elle vous dira le contraire. Quand elle travaillait à l’hôpital, si elle voulait des compresses 7.5x7.5 et que vous aviez le malheur de lui en ramener des 10x10, vous alliez à l’encontre de gros soucis. Pas moyen d’en trouver ? Bah, il allait falloir se débrouiller pour que ce soit le cas. C’était évidemment valable pour le reste. Evidemment, maintenant, c’est différent. Alyana se contente volontiers d’une bouteille d’eau, même si un de ses souhaits les plus chers est de retrouver une bonne bouteille de coca.
Ajoutons qu’Alyana est une maniaque de l’ordre et de la propreté. Il faut que tout soit bien rangé et bien propre. Une fois de plus, depuis l’épidémie, elle a dû prendre sur elle, mais c’est parfois difficile... elle qui n’aime pas la poussière.

Avant tout ça, Alyana était fière d’elle, fière de son métier, fière de ce qu’elle était. Elle marchait souvent bien droite, un sourire timide sur les lèvres. Bien qu’elle soit fière de tout ça, elle n’avait pas pour autant la grosse tête. Mais maintenant… maintenant qu’elle vit dans la peur de mourir, dans le désespoir, dans la faim… Alyana marche prudemment. Ses yeux rieurs ne sont plus que l’ombre d’elle-même. Et pourtant… elle reste fière d’essayer de sauver les gens, les soigner, les protéger.

Alyana est née dans la banlieue de Détroit. Ses parents eurent longtemps envie d’avoir un enfant, sans succès. Quand Mrs Johnson apprit qu’elle était enceinte, le couple fut ravi de la nouvelle. L’accouchement se révéla cependant difficile, à cause de l’âge avancé de la mère. Mais les difficultés, la douleur et les cris furent bien vite remplacées par le bonheur de tenir le petit bébé dans leurs bras.
Alyana vécut une enfance normale. Etant fille unique, ses parents la gâtaient pour deux, si pas trois. Mais ce n’était pas pour autant que l’enfant était mal élevée ou capricieuse, au contraire ! Alyana comprit rapidement le principe des bonnes manières et de la reconnaissance de ce qu’on lui apportait.
C’est à l’âge de huit ans qu’elle sut qu’elle voulait être infirmière : son père avait été hospitalisé, suite à un accident de voiture. Mère et fille allaient lui rendre visite quotidiennement et la fillette regardait les infirmières travailler avec attention. Elle trouvait le métier captivant et n’hésitait pas à poser des questions aux professionnelles. Le mélange de social, savoir-faire et théorie l’intéressait énormément.
Après le lycée, elle s’inscrivit directement en fac de Soins Infirmiers. Là, elle fit la connaissance de l’amour de sa vie : Ezra. Ils vécurent une belle histoire. Si belle, qu’elle ne dura pas plus de quelques mois. Ezra était un jeune homme qui aimait les femmes et qui, malheureusement, n’était pas très discret. Alyana apprit rapidement qu’il allait voir ailleurs. L’égo et le cœur brisés, Alyana mit fin à cette relation et se réfugia dans ses études en se jurant que le prochain homme qu’elle allait aimer, elle allait le choisir avec soin.
Son diplôme en poche, la jeune femme postula dans divers hôpitaux de Détroit. Elle reçut plusieurs réponses positives, mais décida de travailler au St John’s Hospital. Elle avait eu l’occasion d’y faire plusieurs stages et avait apprécié les équipes médicales et paramédicales. De plus, c’était un des hôpitaux les mieux organisés de la région. Elle fut engagée dans le service de chirurgie gastroentérologique.

Pendant deux ans, Alyana se concentra sur son métier. Elle mettait de l’argent de côté, vivant toujours chez ses parents. Le seul achat qu’elle s’était permis était une vieille voiture, pour se rendre au travail. Après tout, Grosse Pointe n’était pas la porte à côté et son père était devenu bien trop âgé pour la conduire tous les jours au boulot : il était vieux, il fallait qu’il se repose !
Mais, en août 2014, les problèmes survinrent. Une épidémie de fièvre fit son apparition, faisant tomber les gens comme des mouches. Et le pire était que les morts se relevaient, affamés.
Le père de la jeune infirmière fut touché par cette fièvre étrange. Tous les jours, Alyana faisait plusieurs allers-retours entre son domicile et l’hôpital. Elle s’inquiétait pour son père, qui ne voulait absolument pas se faire hospitaliser, mais devait aussi travailler. Plus que jamais, son lieu de travail avait besoin d’elle. En fait, ils avaient besoin de toutes les infirmières, de tous les médecins possibles.
La dernière fois qu’elle fit le trajet vers chez elle, sa mère l’avait appelée, en pleurs : Mr Johnson était mort. Il était mort. Alyana était revenue, dépassant de loin les limitations de vitesse. Quand elle se gara sur le parking de la petite maison et sortit de sa voiture, la première chose qu’elle entendit fut les cris de terreurs de sa mère. Prise de panique, Alyana avait couru vers la maison, pour découvrir avec horreur son père, avançant dangereusement vers sa mère, dans la cuisine. Le vieil homme s’était réveillé, comme les autres. Quand il se jeta sur Mrs Johnson, Alyana eut une prise de conscience, s’empara du rouleau à pâtisserie et frappa son père de toutes ses forces. Elle savait que ces créatures étaient dangereuses : elle l’avait bien vu à l’hôpital. Plusieurs de ses collègues s’étaient fait mordre et avaient attrapé cette mystérieuse fièvre.
Elle frappa. Elle frappa, encore et encore. Encore, jusqu’à ce que son père ne bouge plus. Le carrelage blanc de la cuisine était maintenant maculé de rouge. Au bord des larmes, Alyana prit sa mère par le bras et l’emmena dans le seul endroit qu’elle connaissait et où elles seraient en sécurité : l’hôpital. Des militaires traînaient dans les environs, protégeant civiles et personnel médical.
C’est ainsi qu’Alyana et sa mère se sauvèrent. La vieille dame en voulut pendant des semaines, des mois à sa fille. Encore maintenant, elle a dû mal à se faire à l’idée que sa douce enfant ait tué son mari. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’Alyana ne s’y fait pas non plus et qu’elle est hantée par la vision de son père, s’éteignant pour de bon sous ses coups.