Les jours passaient, se ressemblant tous, tous aussi vide d’intérêt les uns que les autres. Juliet ne sortait que rarement de chez elle, si ce n’était pour aller trouver refuge dans cette maison de l’autre côté de la rue, qui les avait accueillis son chagrin et elle, juste après la mort d’Eulalie. Depuis ce jour, la mère éplorée venait passer une grande partie de ses journées, parfois de ses nuits même, dans cet endroit, où personne ne venait jamais l’embêter. Entre ces murs, elle pouvait laisser la peine s’épancher, et les larmes couler librement. La solitude était devenue une amie chère à la jeune femme, qui fuyait toute compagnie, dès qu’elle en avait l’occasion. Elle ne voulait voir personne. De quoi auraient-ils bien parler ? De la pluie et du beau temps ? Tout semblait si fade et sans intérêt désormais. Dormir était un luxe auquel Juliet n’avait plus le droit, la nourriture n’avait plus aucune saveur, et elle parvenait de toute façon difficilement à la garder.

Maintenant que l’hiver était sur le point d’arriver, et que le sol était trop dur pour être travaillé, la présence de Juliet n’était plus vraiment requise pour entretenir les plantations qu’ils avaient réussi à faire, ici à Grand Marais Street. Elle qui se sentait déjà bien inutile en temps normal n’en pensait pas moi ces jours-ci. Et autant dire que lorsque l’on n’avait rien à faire de son temps, les journées passaient avec une lenteur déplorable. Chaque minute durait une éternité, une éternité qui lui permettait de ressasser tout ce que la vie lui avait pris. Il fallait qu’elle trouve quelque chose pour l’occuper, au risque d’y perdre sa santé mentale. Elle devait se trouver une nouvelle occupation, et pour ça, elle savait très bien à qui elle devait s’adresser.

Il ne lui fallut que quelques instants pour rejoindre la maison où vivait le père de sa fille, et sa nouvelle compagne. Sur le pas de la porte, Juliet ne mit qu’une seule seconde à se décider, et tambourina de son poing, pour attirer l’attention des occupants « -Logan ? » Elle tapait encore, fort, suffisamment fort pour que quiconque se trouve dans la maison puisse entendre. Pourtant, personne ne venait lui ouvrir la porte, ni Logan, ni même Joy. Pas une seule seconde Jules pensa qu’elle pouvait tomber mal, déranger, ne pas être désirée dans les lieux. A vrai dire, ça lui passait même carrément au-dessus de la tête. Elle s’était arrêté quelques instants, juste le temps de poser son oreille contre la porte, essayant d’entendre un quelconque bruit à l’intérieur de la maison. Pourtant, elle n’entendit rien, comme s’il n’y avait pas âme qui vive dans la maison. Elle reprit donc son petit manège, reprenant ses coups sur la porte. « -Logan, il faut que je te parle ! » Sa voix avait un petit quelque chose d’urgent, un peu malgré elle. Puisque personne ne venait lui ouvrir, Juliet entreprit de faire comme chez elle, et elle tourna la poignée de la porte d’entrée, espérant la voir s’ouvrir sous ses doigts. En d’autres circonstances, elle aurait probablement souri en voyant ses vœux s’exaucer, mais ça faisait un petit moment qu’aucun sourire n’était venu éclairer son visage. Non, elle n’avait plus souri depuis…ce n’était pas le moment d’y penser. Elle ferma les yeux quelques instants, comme pour éloigner ses pensées, avant d’entrer dans la maison, à pas feutrés.

Juliet referma la porte derrière elle, et tendit une nouvelle fois l’oreille. « -Logan ? Joy ? Il y a quelqu’un ? » Mais seul le silence lui répondit. Jules serra les poings de frustration, avant de lâcher un juron. Et maintenant ? D’un œil morne, elle observa le canapé, un peu plus loin, se disant qu’elle pouvait toujours prendre ses aises, jusqu’à attendre le retour de son ancien compagnon. Ressasser ses idées noires ici, ou chez elle, le résultat serait sans doute le même. Elle se dirigea donc vers le canapé, mais s’arrêta juste devant celui-ci, en fronçant les sourcils. Un instant, elle parvint avec une facilité déconcertante à imaginer Logan en train de s’y détendre avec Joy, et cette vision détourna complètement ses intentions. Non, finalement, elle allait simplement lui laisser un mot, lui demandant de passer chez elle lorsqu’il serait rentré. Sans aucun scrupule, Jules se mit donc à fouiller dans les tiroirs, à la recherche d’un carnet, ou d’un simple morceau de papier, sur lequel laisser son message.

Elle était toujours en train de fouiller frénétiquement un nouveau tiroir, lorsqu’un bruit, quelque part dans la maison, la fit se redresser brusquement, en fronçant les sourcils. Elle resta immobile quelques secondes, mais le son, quel qu’il fût, ne se répéta pas, et Juliet reprit ses fouilles en pensant avoir rêvé. Cependant, il ne se passa même pas une minute qu’un nouveau bruit attira son attention. « -Hé oh ? Il y a quelqu’un ? » demanda-t-elle à la cantonade, en quittant la pièce, pour trouver l’origine du bruit. Elle n’arrivait pas à trouver clairement de quoi il s’agissait. Un gémissement ? Un raclement ? Le bruit d’un frottement ? Une voix ? Elle ne pouvait pas se décider, pas plus qu’elle n’arrivait à trouver d’où provenait le bruit, mais elle se mit bien vite en quête de celui-ci. Ce n’était pas la peur qui guidait ses pas, plutôt une sorte de curiosité qui l’éloignait de la morosité de son quotidien. Elle poursuivit ses recherches, quelques instants, et ses pas l’amenèrent bientôt sur le pas de la porte de la cave. De l’autre côté de la porte, de faibles bruits lui parvenaient toujours.

Ni une, ni deux, Juliet la curieuse ne tarda pas à tourner la poignée de la porte, qui s’ouvrit sur une pénombre uniquement percée d’une faible rai de lumière. Une petite fenêtre sûrement. Tâtonnant sur les deux murs à côté d’elle, la jeune femme cherchait un petit interrupteur que ses doigts ne tardèrent pas à trouver. La lumière éclaira des escaliers, que Juliet n’hésita pas une seconde à emprunter, en faisant le moins de bruit possible. Elle ignorait ce qu’elle trouverait en bas, mais toutes les cellules de son corps lui intimaient de faire le moins de bruit possible, juste au cas où. La dernière marche fut bientôt descendue, et elle se retrouva dans une petite pièce qui comptait pour seul mobilier une chaise, et un lit. Quelqu’un gisait sur le lit, et il fallut encore quelques pas à Jules pour se rapprocher suffisamment, et voir de qui il s’agissait. Et lorsque le visage lui apparut clairement, elle fronça violemment les sourcils, et se rapprocha rapidement, incapable de croire ce qu’elle avait devant les yeux « -Putain ! Isha ?! Mais qu’est-ce que… ? » En détaillant la scène, les mots lui manquèrent, l’incompréhension se peignait sur son visage, et elle ne comprenait pas comment le gamin s’était retrouvé dans la cave de Logan, menotté à un lit de surcroît.

Pendant un instant, Juliet se fit la remarque qu’elle était en train d’halluciner, et qu’il n’existait aucune raison logique sur Terre pour qu’Isha se retrouve dans la cave de la maison de Logan, à peine à quelques pas de sa propre maison. Alors elle restait là, les bras ballants, toisant le jeune homme tandis que l’information semblait difficilement trouver un sens dans son esprit. Elle aurait été prête à se frotter les yeux, imaginant que le manque de sommeil commençait à lui faire perdre les pédales, mais c’était sans compter sur l’apparition devant elle, qui ne tarda pas à parler. Et à l’évocation de ce simple surnom, qu’elle avait déjà entendu mille fois, Juliet su qu’elle n’était pas en train d’halluciner. Pourtant, cette simple évidence ne suffit pas à la faire réagir, et elle resta à quelques pas d’Isha, désormais redressé, et un peu plus alerte. Lui aussi visiblement était plus que surpris de la trouver ici, ce que la jeune femme pouvait parfaitement comprendre. Quelques temps plus tôt, elle ignorait tout de la survie du fils adoptif de Logan. Et même si elle ne l’admettrait jamais devant ce dernier, pour la simple raison qu’il semblait ne jamais l’avoir porté dans son cœur, Juliet n’avouerait jamais qu’elle était contente que Isha soit toujours de ce monde. « -Je t’ai déjà dit de ne pas m’appeler comme ça », lui lança-t-elle d’un ton assez froid, et elle eût l’impression d’avoir déjà dit cette phrase un nombre incalculable de fois.

Elle était en train de détailler attentivement la scène devant ses yeux, lorsque Isha reprit la parole, lui demandant si elle était là pour le sauver. Juliet plissa les yeux un instant, tandis que son cerveau tournait à plein régime. Le sauver ? Le sauver de quoi ? Trois minutes avant, elle n’était même pas au courant qu’il était là. Et cette simple constatation lui fit froncer les sourcils. Pourquoi Logan avait-il menotté celui qu’il considérait comme son fils dans sa cave ? Cela n’avait aucun sens. Elle s’approcha du lit de quelques pas, et remarqua la bassine, la bouteille d’eau à moitié vide, et le poignet abîmé de Isha. Si elle en croyait ce qu’elle voyait, cela faisait sans doute quelques jours que le jeune homme se trouvait ici…menotté contre sa volonté visiblement. Dans quel pétrin s’était-il encore fourré ? « -Te sauver ? Et si tu me disais plutôt pourquoi Logan te garde enfermé dans sa cave ? » demanda-t-elle, tandis qu’elle croisait les bras sur sa poitrine. Elle ignorait la raison de la présence d’Isha, mais elle était bien déterminée à avoir le fin mot de l’histoire. Et si ce dernier ne répondait pas à ses interrogations, Juliet irait directement questionner le mécanicien. Quoiqu’ai pu faire Isha, il y avait sans doute de meilleurs moyens de régler la situation que de le garder prisonnier d’une cave austère.

La lumière crue du néon permettait désormais à Juliet de voir ces détails qui lui avaient échappés un peu plus tôt : la sueur sur le front d’Isha, les tremblements dans ses mains, l’étincelle un peu folle dans ses yeux, le teint blafard de son visage. Ça fit « tilt » dans la tête de la jeune femme avant même qu’elle ne s’en rende compte. Et si… ? Non…hors de question. Logan n’aurait jamais pris le risque de ramener une personne infectée au sein de Fort Hope, elle en était sûre. Pourtant…pourtant Isha avait bien l’air malade, comme si son corps luttait contre les effets d’une morsure, ou qu’il couvait une mauvaise fièvre. Cette simple pensée fit serrer les dents de Ju, qui malgré elle ne put s’empêcher de repenser à l’épidémie qui avait sévie au camp quelques temps plus tôt, et qui lui avait ravi sa fille. Etait-il possible qu’Isha soit atteint du même mal, et qu’il connaisse la même fin tragique qu’Eulalie ? Non, quelque chose n’allait pas dans cette histoire, et elle pensait de travers. S’il était malade, pourquoi était-il menotté ? Pour éviter qu’il puisse se balader librement s’il revenait sous la forme d’un rôdeur ? Et pourquoi Logan n’était-il pas à son chevet ? Décidément, Juliet ne comprenait vraiment rien, et les interrogations s’accumulaient. « -Qu’est-ce que t’as fait Isha ? » demanda-t-elle au bout de quelques nouvelles secondes, les sourcils froncés cette fois, sans cacher plus longtemps qu’elle ne comprenait absolument rien à la situation. Plus les minutes s’égrainaient, plus sa théorie de maladie semblait tomber à l’eau. Il y avait autre chose, elle en était sûre. « -Et Logan, il est où ? » C’était comme si la question lui avait échappé, mais sans savoir pourquoi, elle pensait que le jeune homme savait où était passé son père, et pourquoi il n’était pas aux côtés de son fils quand il semblait si mal en point.

Impassible, du moins en apparence, Juliet dévisageait ouvertement Isha, tandis que ses sourcils se fronçaient peu à peu face aux paroles du jeune homme. Des yeux, elle détailla les parties de son corps qu’il lui exposa, et où des bleus divers pouvaient apparaître. Des bleus, et…elle s’avança d’un coup, en plissant les yeux, comme pour être certaine que la lumière ne lui jouait pas des tours, puis prit le menton d’Isha entre ses doigts, pour exposer son cou à la lumière du néon. Ses soupçons furent aussitôt confirmés par le jeune homme, qui lui parla de piqûres, dont Juliet avait la trace juste sous les yeux. Le visage du jeune mécanicien portait également la trace de coups, assez récents qui plus est. Pourtant, l’information refusait de s’imprégner dans son cerveau, et elle secouait la tête de droite à gauche, dans un signe de déni évident. Ce ne pouvait pas être Logan qui avait fait ça, il devait bien y avoir une autre explication, quelque chose de bien plus crédible, et qui expliquerait toute la situation. C’était peut-être un truc tout bête, et Juliet se sentirait à cet instant ridicule d’avoir pu imaginer mille scénarios différents pour expliquer ce qui se passait sous ses yeux.

Pendant un instant, elle ne parla pas, se contentant de faire glisser son regard sur Isha, et de se répéter mentalement les paroles de ce dernier, qui clamait haut et fort que son père le retenait prisonnier, enfermé dans sa cave contre sa volonté, et que visiblement, il le frappait, et le droguait. Le droguait…non, ça ne collait pas. Quelque chose clochait dans cette histoire, Juliet en était convaincue. Elle se rappelait comment des années plus tôt Logan s’était battu de toutes ses forces pour aider son fils à sortir de cet enfer qu’était la drogue. Ces jours avaient été sombres, et pénibles, parfois sans doute au-delà du supportable, et jamais elle n’imaginerait Logan infliger une nouvelle fois ce supplice à Isha. Il tenait bien trop à lui pour lui faire du mal. Pourtant, malgré cette simple constatation, Jules ne parvenait pas à faire taire la petite voix sournoise dans son esprit qui lui murmurait que Logan avait peut-être tout simplement pété un plomb. Le chagrin faisait parfois faire des choses inconsidérées, et peut-être que la perte d’Eulalie avait été le choc de trop, et qu’il n’arrivait pas à s’en remettre. Elle ne voyait pas comme l’en blâmer, pas alors qu’elle-même trouvait toutes les peines du monde à se convaincre de se lever le matin. La seule différence était que personne ne comptait sur Juliet, alors que toute une communauté se reposait sur les épaules de Logan, et elle se fit une nouvelle fois la remarque qu’elle n’enviait pas du tout sa position de leader.

Elle n’était pas certaine de pouvoir croire aux paroles d’Isha, qui se heurtaient à ce qu’elle savait de Logan. Pourtant, les marques sur le corps du jeune homme n’étaient pas apparues seules, et quelqu’un avait bien dû porter la main sur lui. Il fallait qu’elle en apprenne plus, avant même d’envisager de faire quoi que ce soit, ou de prendre la moindre décision. Juliet plongea son regard dans les yeux d’Isha, et elle n’y lut rien d’autre qu’une sorte de profonde terreur, qui aurait pu en convaincre plus d’un. Pourtant, le doute persistait, bien réel. « -Calme-toi Isha, Logan n’est pas là, et s’il revient, je ne le laisserai pas te faire de mal… » répondit-elle, sans toutefois être certaine de ses paroles. Elle voulait qu’il se calme, certes, car cet Isha terrifié la mettait profondément mal à l’aise, et ne lui inspirait guère de confiance. Elle voulait qu’il ne la voie pas comme une menace, même s’il était certain qu’elle ne serait probablement pas l’alliée qu’il semblait rechercher à tout prix. Mais ça, il n’avait pas besoin de le savoir, pas tout de suite. « -Et si tu me racontais tout, depuis le début ? Ce qui s’est passé exactement, et comment t’as atterri ici ? » proposa-t-elle, d’un ton qu’elle voulait avenant, incitant à la confidence, mais qui sonna bien trop creux à ses propres oreilles. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il parle, parle, et finisse par donner le détail de trop, celui qui convaincrait Juliet qu’il était en train de lui mentir, en train de l’embobiner, et de se foutre d’elle. N’importe quoi, plutôt que d’envisager que Logan était effectivement en train de perdre pied, et de s’en prendre à son propre fils.

Elle ne fit aucune remarque lorsqu’Isha lui confia qu’il ne supportait plus d’être touché. Que pouvait-elle dire ? La fin du monde avait changé pas mal de monde, elle y compris. Juliet avait essayé d’être la plus convaincante possible, de pousser le jeune mécanicien à lui raconter toute l’histoire, pour comprendre tout ce qu’elle ne comprenait pas, et expliquer sa présence dans la cave de Logan. Elle qui voulait une histoire se retrouva bientôt submergée par tout ce que lui racontait Isha. Elle tâcha de suivre, du mieux qu’elle le pouvait, mais elle dut bien vite se rendre à l’évidence, il y a avait trop d’informations, beaucoup trop. Juliet plissa les yeux, sous l’effort de la concentration, tandis qu’elle essayait de tout remettre bout à bout, de reprendre l’histoire par ordre chronologique. Aux paroles d’Isha firent écho celles de Logan, et qui dataient d’un siècle plus tôt. Le barbu avait fini par lui confier qu’il avait retrouvé Isha, vivant, ce qui semblait être un soulagement, mêlé d’autre chose, que Juliet n’avait pas su identifier. Au fond, il avait été plutôt avare de détails, mais la jeune femme avait eu en sa possession l’information principale : le petit protégé de son ancien compagnon était toujours vivant. Elle apprenait donc de la bouche de ce dernier certains blancs dans l’histoire de Logan. « -Tu sais qu’il ne t’aurait jamais abandonné volontairement derrière lui ! » fut la première chose qu’elle articula, tandis que ses sourcils se fronçaient. C’était la vérité non ? Logan n’aurait jamais laissé Isha derrière lui, parce qu’il était devenu un membre à part entière de la famille. Du moins…c’était ainsi qu’elle avait toujours perçu les choses. Et la famille, c’était sacrément important. Isha avait sans doute mal interprété quelque chose, avait loupé une information, il ne pouvait pas en être autrement, et il en voulait à son père pour rien, elle en était sûre.

Cette histoire de Fantôme, en revanche, ne lui disait pas grand-chose, et elle n’était même pas certaine d’avoir saisi exactement ce que cela impliquait. Juliet se fit malgré tout la remarque que depuis l’attaque qu’ils avaient subi à la caserne, le comportement de Logan avait changé, et que ses yeux, désormais, criaient vengeance. C’était peut-être de ça qu’il s’agissait. Elle n’en savait rien, et ne se voyait pas poser la moindre question sans éveiller les soupçons de son passage dans la cave. D’ailleurs, avait-elle le droit d’être là, ou Logan allait-il être furieux ? C’était une bonne question, et la réponse lui échappait totalement. Elle laissa de côté cette interrogation, et reporta son regard sur Isha. « -Je pense pas que Logan ai perdu les pédales…il ne me dit pas tout, mais il doit bien y avoir une raison derrière tout ça…un but… » dit-elle, non sans froncer les sourcils. Si but il y avait, il lui échappait pour l’instant. Elle se rendit alors compte qu’elle était en train de défendre Logan, sans même connaître réellement ce qui se passait entre lui et son fils. Après tout, peut-être que son jugement était biaisé par des années aux côtés du mécanicien, qu’elle avait aimé comme jamais personne d’autre, et qui s’avérait aussi être le père de sa fille. Il était d’ailleurs même sûr que leur relation avait laissé des traces dans l’esprit de Juliet, qui ne pouvait se représenter Logan comme le monstre dénué de bon sens et violent qu’Isha était en train de lui dépeindre.

Elle s’était rapprochée sans même s’en rendre compte, et se tenait désormais juste au bord du lit d’Isha. A cette distance, un nouveau coup d’œil sur les bleus que portait le jeune homme au visage lui fit penser que cela devait faire quelques jours qu’il était dans la cave, tout au plus. Elle leva la main, et arrêta son geste en suspens, se rappelant de ce qu’il s’était passé quelques instants plus tôt. « -Je ne vais pas te toucher, d’accord ? » lui dit-elle, en lui lançant un regard entendu, comme pour éviter qu’il ne se crispe à nouveau, puis de sa main, elle attrapa la menotte. Juliet poussa un petit soupir en constatant l’évident. Jamais elle ne parviendrait à ouvrir la menotte sans clé, et il fallait dire que ça la soulageait. Elle ne voulait pas avoir à prendre une telle décision, pas sans connaître le fin fond de l’histoire et ce qui se tramait réellement entre ces murs. « -Il faut une clé, et…je l’ai pas. Je ne peux rien faire pour toi… » lâcha-t-elle donc, non sans s’être éloignée de quelques pas, juste pour éviter un quelconque excès de rage ou de colère. De toute façon, la décision de le libérer ne tenait pas d’elle. « -Il va falloir attendre le retour de Logan. Mais…je peux soigner tes blessures, ou essayer, et t’apporter de quoi manger en attendant…si tu veux. » reprit-elle au bout de quelques instants, sans même savoir pourquoi. Isha et elle n’avaient jamais vraiment eu de bonnes relations, et pourtant, Juliet ne se sentait pas à cœur de simplement le laisser là, et de retourner vaquer à ses occupations. Elle ne pouvait pas faire taire la voix de Logan, qui lui racontait qu’Isha avait remué ciel et terre après la fin du monde pour les retrouver, Eulalie et elle. Ça l’avait étonné, ça l’étonnait toujours d’ailleurs, et à défaut de pouvoir lui rendre la pareille, elle pouvait bien essayer de rendre sa captivité toujours inexpliquée un peu moins pénible.

Voilà, c’était réglé. Il fallait une clé pour ouvrir la menotte, et Juliet ne l’avait pas. Elle l’imaginait facilement dans la poche de Logan, et lâchement, cela n’était pas pour lui déplaire. Au moins, elle n’avait pas à prendre la moindre décision. Son esprit était de toute façon tellement embrumé qu’elle doutait de prendre une décision cohérente. En plus de cela, elle n’avait que le point de vue d’Isha sur cette sombre histoire de détention, et elle n’était pas certaine de lui faire confiance. Non, définitivement, elle ne lui faisait pas confiance, pour la simple et bonne raison que ce n’avait jamais été le cas. Elle avait fait ce qu’elle pouvait faire de mieux dans cette situation, proposer quelques soins à Isha, et de quoi manger en attendant le retour de son père. Mieux, elle ne pouvait pas. Malgré elle, elle ne put s’empêcher de croiser les bras sur sa poitrine, tandis que le mécanicien reprenait son plaidoyer, de façon animée, chaque mot visiblement destinés à la faire changer d’avis, à faire plier sa volonté, à attiser sa pitié et à le libérer. Elle l’écouta sans broncher, se retenant même de lever les yeux à certains moments. Elle aurait voulu le couper, plus d’une fois, pour lui dire tout ce qu’elle pensait, mais Isha semblait lancé, et rien ni personne n’aurait sans doute pu le couper.

Elle soupira, et tourna son visage vers la porte, se demandant ce qui la retenait encore ici. Isha avait refusé son aide, de façon assez explicite, et même si elle aurait voulu, elle n’avait aucune réponse à lui fournir, pas le moindre indice sur la situation de sa femme, rien qui aurait pu le rassurer. « -Logan reviendra. Point. » répondit-elle, plus froidement qu’elle ne l’aurait voulu. Il fallait qu’il en soit ainsi, parce que si Isha avait raison, s’il ne revenait pas…non, Juliet ne voulait pas y penser, pas maintenant. Il allait revenir, elle en avait la conviction. Ou plutôt, elle se rattachait à cette simple idée. Pourtant, le visage du jeune homme ne semblait pas convaincu par la conviction qui perçait dans la voix de la brune. Elle pinça les lèvres, et reprit, comme pour tempérer ses propos : « -Et si vraiment…si vraiment, il revient pas, je trouverai un moyen de te détacher… » Ça sonnait un peu comme une promesse, un peu malgré elle. Pourtant, elle savait que c’était sans doute la seule chose à faire. Si Logan ne revenait pas à la nuit tombée, et s’il venait à s’absenter plusieurs jours, il faudrait bien se décider à libérer Isha. Elle ne pouvait pas simplement fermer la porte de la cave, et nier son existence. Mais Logan allait rentrer, il le fallait. Elle ne répondit cependant pas lorsqu’il demanda comment le barbu allait réagir quand il se rendrait compte qu’elle avait débarqué dans sa maison, qu’elle y avait découvert un Isha menotté à un lit à la propreté douteuse, pour la simple et bonne raison qu’elle-même l’ignorait.

Malgré elle, elle tendit l’oreille aux nouvelles paroles d’Isha, et ne put s’empêcher de plonger son regard bleuté dans celui de ce dernier, tandis qu’il lui parlait de cette femme qui, d’après ses mots, lui permettait d’ajouter un peu de douceur à ce monde de bruts dans lequel ils vivaient désormais. Elle ne cacha pas sa surprise, elle qui n’avait connu qu’un Isha volage, qui courrait après les filles, et fuyait les relations sérieuses. A croire qu’il était devenu un peu plus mature. Il avait beau lui parler de sa bien-aimée, de combien elle comptait pour lui, de cet enfant à naître qu’ils attendaient, Juliet ne voyait pas comment elle pouvait l’aider à sortir de cette situation. Elle manquait d’informations, et n’avait rien de mieux à lui dire que d’attendre. Elle était dos au mur, tout simplement. Alors une nouvelle fois, elle tâcha de le raisonner, même si elle se doutait d’avance que ses mots tomberaient dans l’oreille d’un sourd, pour la simple raison que si les rôles avaient été inversés, elle aussi aurait joué toutes ses cartes pour rejoindre l’être aimé. «-Regarde toi Isha…dans ton état, je doute même que tu puisses atteindre les palissades sans t’effondrer. » dit-elle d’un ton qui sonnait affreusement maternel. Au fond, elle cherchait juste à lui faire entendre raison. La situation était bloquée, et elle n’était pas McGyver, elle doutait de pouvoir crocheter la serrure d’une menotte avec une épingle à cheveux. Isha était condamné à rester sur ce lit pour un moment encore, et le mieux qu’il pouvait faire en attendant, c’était accepter les quelques soins qu’elle pouvait lui donner. « -Tu sais, peut-être que tu imagines le pire pour ta femme…Avalohn, c’est ça ? Et te laisser mourir de faim, ou attraper une infection au poignet n’arrangera rien à ta situation. » Reprit-elle au bout de quelques secondes, en lâchant un nouveau soupir. Elle voyait d’avance que ça ne servait à rien, et qu’en parlant à Isha, elle se heurtait à un mur, qu’il refuserait quoi que ce soit venant d’elle, à moins que ce ne soit une porte de sortie, hors de Fort Hope.

Juliet n’aurait su dire depuis combien de temps exactement elle était arrivée dans la cave. Peut-être quelques minutes, peut-être plus, elle ne savait tout simplement pas, mais pourtant, elle sentait déjà que le vent était en train de tourner, et l’atmosphère de s’alourdir. Elle ne se faisait désormais plus aucune illusion, la seule volonté d’Isha était de quitter cette cave, coûte que coûte. Même si pour cela, il devait blesser la jeune femme par ses paroles. Mais elle ne plierait pas, et ne céderait pas aux demandes du jeune mécanicien. Elle écouta néanmoins avec attention les piques d’Isha, serrant la mâchoire au fur et à mesure du discours prononcé, tandis qu’elle encaissait chacun des mots qui sortait de sa bouche. Il en venait même à doute de son humanité et de sa compassion, et Juliet n’aurait su dire à quel point cela la vexait. La fin du monde avait changé tout le monde, évidemment, et elle n’avait pas échappé à cette constante, mais de là à sous-entendre qu’elle était devenue un monstre sans cœur, indifférente au malheur des autres, c’était carrément exagéré. Elle eut à son tour un sourire cynique lorsque le jeune homme lui lança sans état d’âme qu’elle avait trop fait souffrir Logan par le passé, et que c’était pour cette raison qu’Isha ne la portait pas dans son cœur. C’était presque comique comme remarque, venant de la part de celui qui avait fait tourner son père adoptif en bourrique pendant Dieu seul sait combien de temps, qui lui avait causé des tas de soucis, et de l’inquiétude à en revendre. Elle savait qu’elle n’avait pas toujours prit les meilleures décisions lorsqu’il s’agissait de sa vie avec Logan, et qu’elle l’avait fait beaucoup souffrir, mais Isha n’avait sans doute rien à lui envier à ce sujet. Ils avaient tous les deux fait du mal à Logan, mais elle au moins, elle en était consciente. Pendant un instant, elle médita les paroles d’Isha, se demandant si oui ou non, elle serait responsable du mal qui aurait pu être fait à la femme de ce dernier. Le fait de ne pas la connaître, de ne pas réussir à mettre de visage sur le nom énoncé, sur la description faite l’aidait sans doute à rester ferme, et à maintenir ses positions. Non, ce ne serait pas sa faute s’il arrivait quelque chose à la femme d’Isha. Elle n’y serait strictement pour rien. Point.

Juliet attendit patiemment qu’il termine son petit speech, se demandant durant quelques brèves secondes s’il n’aurait pas mieux valu pour eux deux qu’elle quitte simplement la pièce, et parte en prenant sa rancœur sous son bras. Mais elle était têtue, et elle avait la fâcheuse habitude de parler et d’agir d’abord, et de réfléchir ensuite aux conséquences de ses mots et de ses actes. « -Je serai franche avec toi le jour où toi tu le seras, Isha. Je sais que Logan n’a pas pété les plombs, il ne t’enfermerait pas juste pour prendre son pied. Et tu as tout à fait raison, je n’ai pas envie de te libérer.» ajouta-t-elle finalement, avant de croiser les bras sur sa poitrine. Non, elle n’en avait pas envie, et elle était bien contente de ne pas en avoir les moyens, même si le jeune homme clamait haut et fort qu’elle n’avait qu’à lui fournir une de ses épingles à cheveux. Son passé de voleur n’était pas subitement sorti de la tête de Juliet, elle ne voulait simplement pas devenir complice d’un crime dont elle ignorait tout. Pour elle, il essayait simplement de l’embobiner, coûte que coûte, même si pour cela il devait incriminer son père, et le décrire comme un être instable, violent, qui avait perdu la raison. « -Je n’ai pas confiance en toi, ni en aucun des mots qui sortent de ta bouche. Dis-moi, elle existe vraiment, au moins, cette Avalhon, ou c’est juste une histoire inventée sur le pouce pour me tirer les larmes et te libérer ? » demanda-t-elle froidement, même si la réponse lui importait, au final, assez peu, et ne changerait rien à la décision qu’elle avait pris. Au vu des détails, elle aurait cependant dit qu’il y avait au moins une part de vrai dans les mots d’Isha, mais cela ne changeait rien à la situation. Femme ou pas, futur bébé ou pas, Juliet ne pouvait rien faire pour le jeune homme. Et autant dire qu’après ses paroles indélicates, elle avait encore moins envie de lui venir en aide. Elle le toisa d’un regard noir, avant de se détourner, et de s’éloigner, en direction de la volée de marches qu’elle avait emprunté un peu plus tôt, prête à remonter à l’étage, et à quitter cette maison. Mais Juliet n’avait pas encore dit son dernier mot, et les paroles d’Isha avaient vraiment provoqué sa fureur. « -Et tu sais quoi ? J’ai pas de leçon de morale à recevoir de toi, pas après toutes les emmerdes et les coups foireux que t’as pu faire à Logan. T’es loin d’être un exemple, tu te souviens ? Camé, menteur, voleur, et je te passe le reste. » lança-t-elle, d’un ton accusateur, mais étonnement calme malgré la colère qui bouillonnait en elle. Non, Isha n’avait aucun droit de l’accuser d’avoir fait morfler Logan, ou encore de manquer d’humanité, pas lui, pas avec le passé tumultueux qu’il se traînait, et toute les conneries qu’il avait pu faire dans sa vie.

Elle refusait de se laisser malmener par Isha. Elle ne le laisserait pas l’embobiner, ne le laisserait pas obtenir d’elle ce qu’il voulait. Juliet ignorait tout des raisons pour lesquelles Logan avait enfermé son fils adoptif dans sa cave, mais elle savait, au plus profond d’elle-même, que le jeune voleur ne lui avait pas donné les vraies raisons. Elle le sentait. Tout ne pouvait pas se résoudre à la simple explication de Logan qui avait soit-disant perdu les pédales. Il y avait plus que ça, forcément. La jeune femme ne mentait pas quand elle disait qu’elle ne faisait pas confiance à Isha, et c’était pour cette raison que même si la clé des menottes s’étaient trouvées accrochées sur un clou, juste à côté de la porte, Juliet n’aurait pas libéré le jeune homme pour autant. La colère avait surgi, sans s’annoncer, aussi surprenante qu’envahissante. Elle refusait d’entendre un mot de plus de la bouche d’Isha, sans doute parce que quelque part au fond d’elle, ses accusations trouvaient écho. Elle avait merdé dans sa vie, tellement de fois qu’elle avait fini par arrêter de compter. Merder était devenu ce qu’elle savait faire de mieux, le seul domaine dans lequel elle excellait, toujours. Mais malgré le fait qu’elle en était parfaitement consciente, elle refusait d’entendre un autre lui parler de ses fautes. Et ce n’était que d’autant plus vrai lorsque les accusations venaient d’Isha. Lui aussi avait fait un tas de trucs regrettables dans sa vie, et Juliet avait eu la délicatesse, du moins jusqu’à ces cinq dernières minutes, de ne pas le lui rappeler, et de passer outre.

Elle esquissa un sourire sans joie aux paroles d’Isha, avant de secouer lentement la tête. « -Petite bourgeoise coincée, hein ? T’as jamais vraiment su qui j’étais vraiment, pas vrai ? » lança-t-elle d’un ton cynique, bien que ça n’ait plus vraiment de réelle importance. Il l’avait toujours vue comme une fille paumée, qui avait toujours eu tout ce qu’elle voulait, et qui n’avait jamais eu à se battre réellement pour ce qui comptait à ses yeux. Il ne savait rien, ou ne voulait rien savoir, de celle qu’elle était vraiment, de toute la volonté qu’il lui avait fallu pour s’affranchir de ses parents, des sacrifices qu’elle avait dû faire pour ouvrir, enfin, sa propre galerie, avec l’argent gagné à la sueur de son front. Elle avait pris tout un tas de mauvaises décisions ces trente-trois dernières années, mais elle avait aussi tout fait pour réussir à se rattraper. Elle n’était plus cette gamine rêveuse, la tête dans les étoiles, qui rêvait du grand Amour. De toute façon, Isha ne l’avait jamais connue comme ça, elle avait déjà changé lorsqu’il était entré dans la vie de Logan, elle était déjà plus mature, plus responsable. Devenir mère l’avait changée. Et l’apocalypse avait également fait son œuvre, taisant les derniers restes de son ancien caractère. Mais ça bien sûr, le jeune homme ne le savait pas. Juliet elle-même avait parfois du mal à s’en rendre compte. Quoiqu’il en soit, elle refusait de se justifier sur celle qu’elle était, pas devant Isha. Pas devant qui que ce soit, d’ailleurs.

Le reste du discours d’Isha n’était que la suite logique des paroles précédentes du jeune homme. S’il arrivait quelque chose à sa femme, c’est elle qu’il viendrait voir, en lui réclamant des comptes. Juliet savait qu’à ce stade de la situation, face à son refus, le mécanicien ferait tout pour la faire changer d’avis, quitte à se montrer rude à l’excès, ou à proférer quelques menaces à son encontre. Qu’importe, la brune ne ferait pas marche arrière, et ne libérerait pas Isha, quand bien même il finissait par l’insulter copieusement, ou par lui promettre une fin longue et douloureuse. Peut-être qu’au final, ce serait lui qui la délivrerait de cette existence sans intérêt qui était désormais la sienne sans Eulalie, qui viendrait la sauver de cette douleur sans fin qui la vrillait, du matin au soir, sans lui laisser le moindre répit. Juliet lâcha un soupir, et se détourna à moitié, avant de s’arrêter dans son geste. Elle sembla hésiter quelques brèves secondes, puis lâcha, d’un ton las : « -Tu sais Isha…t’auras beau faire tout ce que tu peux, tout ce qui est en ton pouvoir pour protéger les gens que t’aime…ce sera jamais suffisant…plus maintenant… » Elle refusa de croiser son regard, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce qu’elle détestait parler à cœur ouvert, et savait que quand elle s’adonnait à ce dangereux exercice, on pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. C’était peut-être d’ailleurs une des raisons qui expliquaient pourquoi elle était si réticente à parler de ce qu’elle ressentait. Ce fut donc sans un regard pour le jeune homme qu’elle se dirigea une nouvelle fois vers les marches la menant à l’étage, et qu’elle grimpa d’un pas décidé. Elle refusait de rester plus longtemps dans la cave, elle savait que tout ce qu’Isha et elle pourraient se dire désormais ne seraient que des paroles en l’air, lancées pour blesser l’autre. Pourtant, sur la dernière marche, Juliet s’arrêta, et sans se retourner, lâcha ces dernières paroles « -Je parlerai à Logan quand il rentrera… » Elle ignorait ce que ça changerait, probablement rien du tout, mais elle avait dit à Isha qu’elle essayerait, et elle tenait à respecter sa parole. Elle savait que rien n’apaiserait la fureur du jeune homme, mais elle s’en moquait pas mal. Une fois la dernière marche franchie, la brune referma la porte de la cave, puis se laissa glisser contre le mur, juste en face de la porte. Elle releva les jambes contre sa poitrine, et resta là, assise, à ressasser tout ce qui venait de se passer, les paroles qu’ils avaient échangées, à tâcher de trouver un sens à tout ce bordel sans nom.