Sujet: Audaces fortuna juvat Feat. Isha Mer 16 Aoû 2017 - 8:53 | |
Cela faisait maintenant deux jours que Louis avait fait la malheureuse rencontre qui avait laissé de multiples hématomes sur son corps. il avait l'impression d'avoir passé deux heures dans une concasseuse et à le regarder, c'est aussi l'impression qu'il donnait. Croiser la route d'un cerf c'est généralement bien pour se remplir la panse de viande. Croiser la route ou plutôt être sur la route d'un cerf, là par contre c'est une autre histoire. Il avait eu de la chance de s'en sortir avec des égratignures et des bleus. Le seul problème était l'impact à la gorge. Il n'avait quasiment pas pu déglutir pendant une journée, boire ou manger était un supplice au point qu'il avait abdiqué après la troisième gorgée d'eau manquant de s'étouffer. L'animal lui avait fait faire un soleil spectaculaire en le prenant totalement par surprise, un bruit derrière lui l'avait fait se retourner vivement, marteau à la main... Tout ça pour entendre le cervidé le charger par derrière. Il avait été percuté alors qu'il se tournait par pur réflexe, l'animal était massif, sans doute plus de cent kilos et il s'était débarrassé du bipède lui gênant la route comme on vire un roquet d'un coup de pied.
S'il pouvait maintenant boire et avaler de la nourriture consciencieusement mastiquée, parler était un vrai supplice, chaque mot lui donnait l'impression qu'on lui enfonçait un poignard dans le larynx. Mais bon, vu qu'il n'avait que Rosket pour auditoire, ça n'avait guère d'importance.
C'est en ruminant sur sa mésaventure qu'il tomba sur une scène pas banale, un gars, sur le toit d'un pick-up des gardes forestiers. Il était recroquevillé, les mains sur les oreilles et on comprenait facilement pourquoi, il était entouré par une bonne trentaine de rôdeurs, pressés contre le véhicule, essayant de l'agripper. A voir la neige qui les recouvrait partiellement , lui et le véhicule, ça faisait un moment qu'il était là. A certains endroits la neige avait était balayée et le capot du véhicule était maculé de sang. Visiblement il n'avait pas été le seul à se retrouver coincé par la horde, mais il était le dernier des mohicans et les rôdeurs ne se fatiguaient pas eux...
Louis était partagé. La façon la plus simple de le sauver eut été de s'éloigner, monter sur un bâtiment et lui coller une balle entre les deux yeux. Ca lui coûtait une précieuse balle, mais au moins il évitait au pauvre diable de finir comme ses camarades. Cela dit, il n'aimait l'idée pas devoir en arriver là. C'était une personne, un survivant, si on devait reformer le pays ce n'est pas en liquidant les autres quand ils étaient dans le besoin. Elliot lui avait rabâché que c'étaient à eux, les combattants de protéger les civils.
Avec un soupir, il opta pour la méthode "pain in the ass". Ce qu'il allait faire était plutôt stupide et dangereux, mais d'une efficacité redoutable pour distraire des zombies, il allait les attirer vers lui. Ca donnerait l'occasion au gars de se barrer, lui n'aurait qu'à se taper un petit footing pour semer les cadavres et voilà.
S'approchant d'un panneau de signalisation, il prit son pied de biche et frappa trois grands coups qui résonnèrent dans toute la rue. Vu la masse de cadavres, il ne risquait pas vraiment d'en voir sortir d'un peu partout, les macchabées du secteur étaient déjà tous là, ça ne l'empêcha pas jeter des regards prudents alentours. Son petit tour de magie à la con avait fonctionné, la petite armée des morts s'arrêta, se tourna d'un bel ensemble dans sa direction et "chargea". A reculons en restant un mètre devant eux, il aurait pu leur faire faire le tour de la ville, mais il savait très bien que ce serait un plan parfait pour finir en steak tartare aussi il recula, s'éloignant d'une bonne dizaine de mètres et tapa sur le flanc d'une camionnette puis tournant il recommença en explosant le pare-brise d'une voiture qui n'en demandait pas tant.
Et c'est ainsi qu'il joua le flûtiste d'Hamelin ou plutôt le batteur de Detroit se coltinant dans son sillage une petite horde qui avait tendance à grossir. Il mit quasiment une demie journée à la semer, ces saletés étant plutôt têtues et n'étant pas soumises aux impératifs biologiques et de discrétion.
Par acquis de conscience, l'ancien instructeur repassa voir si le gaillard s'était fait la belle... pour le trouver toujours prostré sur le toit. Au sol se trouvait les cadavre de deux personnes. Vu leur état il ne pouvait même pas se prononcer sur leur sexe mais une chose était sûre, l'un d'eux était relativement petit, un mètre cinquante environ, ils avaient été réduits en charpies. Le reste d'une flèche dépassait de l'orbite droite de l'un, l'autre avait un poignard enfoncé dans la tempe droite de ce que l'ancien ranger pensa être un ou une pré-ado. Le rescapé avait donc vu deux de ses compères se faire agripper et pris la lourde décision de les achever avant d'assister à leur massacre. Pas étonnant que le pauvre bougre soit en état de choc.
Louis monta sur le véhicule, s'approcha prudemment de l'inconnu et claqua des doigts pour attirer son attention, en pure perte, il restait là, prostré, marmonnant quelque chose d'inintelligible. Un prénom? Un lieu? Un simple babillement dû à un cerveau parti en vrille?