Je suis toujours très très très bougon pour Gisele. J’essaye de me dérider mais j’ai dû mal à rattraper le moteur et tout ce qui a été bousillé. En fait j’enrage en voyant les dégâts. Je sue sang et eau pour la sauver. Cette moto je l’ai payée au centuple et elle m’a sauvée la peau tellement de fois... Même si ça serait plus simple que je m’en trouve une autre, c’est juste inenvisageable. Dans tous les cas, je sais d’avance que si je choppe le con qui a fait ça, il va douiller putain. Je vais le démembrer, le faire bouffer par les orteils, je vais le faire chouiner quand même Bruce n’a jamais fait chouiner un mec.

Bref, je suis en rage et les piaffements nerveux de tondeuse ne m’aident pas à me détendre. Je m’en veux un peu car je ne dois pas être bien agréable pour Harvey et Ava. Harvey ne s’est pas trop fait prier pour aller prendre son tour de garde ce soir. Il faut dire que je n’arrête pas de pester dans ce garage sur le putain de connard de mes deux que je compte bien trouvé et saigner. Je suis presque sûr que c’est Declan. J’en veux presque a Maddie de m’avoir empêché de régler mes comptes avec cet enfoiré.

Même si j’ai presque arrêté de fumer, par reflexe je cherche mon paquet de clope dans ma veste et grogne en me rendant compte qu’il a disparu. C’est pas le premier, par le dernier, j’aime ma femme, je trouve ça mignon la plus part du temps quand elle me tire des clopes. Mais là je suis vraiment de mauvais poil. Bon, en même temps l’idée que je suis obligé d’aller dans sa chambre récupérer mon paquet et la regarder dormir au passage arrive un peu à me dérider.

Je frissonne en me rendant compte d’un truc, le silence… Tondeuse a fini par la fermé ? Ce cheval était pourtant un chieur fini. Et ce soir il n’avait pas arrêté au point que j’avais peur qu’il empêche Octavia et Avalohn de dormir. Pris d’un étrange pressentiment, avant de rentrer à la maison je passe au pool house reconvertie en écurie.

« Tondeuse ? Tu pionses ? »

Pas de réponse même quand je m’approche, pourtant le canasson essaye toujours de me chiquer quand il me voit d’habitude. Je passe ma tête par la fenêtre qu’on lui laisse ouverte. Il est couché sur le flanc. Je me souviens avoir été étonné les premières nuit de le voir toujours debout, mais Avalohn m’avait expliqué qu’un cheval dormait debout. J’entre avec précaution craignant un piège sournois.

« Je te jure que si tu me chiques je t’assomme. »

J’en même pas large m’attendant à tout moment de le voir se relever. Mais non, il ne bouge pas, même quand je le touche. Je suis rassuré de le sentir respirer sous ma main mais intrigué par une sorte de brulure qu’il a dans le flanc. Je ne vois pas comment il a pu se faire ça et je suis pris d’un vieux doute. Ma camionnette, ma moto, la disparition des paquets de clopes dont Ava jurait que ce n’était pas elle…

Je fonce vers la maison avec la boule au ventre. Mon arc… putain de sa mère la pute ! Il était dans le garage… comment j’ai pu ne pas voir un connard me prendre mon arc ???? Comment ?

*Tu te ramollies trop…*

La porte du cellier était entre ouverte, invitation ou provocation, je ne pense qu’a deux choses. Octavia et Avalohn. Je ne réfléchis plus et aussi souplement que rapidement je passe par les toits pour aller vers la chambre d’Octavia. Je respire un peu mieux en voyant la petite dormir comme une masse les bras au-dessus de la tête, avec cette mimique tordante qui me fait penser à Logan en train de cuvé. Il ne peut pas la renier. Je la prends dans mes bras. Elle se réveille à peine et après un bâillement elle reprend son petit ronflement contre mon épaule. Je fonce par le couloir jusqu’à la chambre d’Avalohn. Je ne sais pas qui je remercie en la voyant vivante et seule. Je me précipite vers le lit avec le bébé. Je m’attends à une réaction à la hauteur du réveil que je vais lui faire vivre. Je pose Octavia sur l’oreiller et je me prépare à bloquer ma louve si elle essaye de me frapper ou à mettre ma main sur sa bouche si elle hurle.

On a peut-être une chance. Celui ou celle, ou ceux, qui sont ici n’ont peut-être pas capté encore qu’on savait. Je me penche vers elle et lui chuchote:

« Ava… Ava… réveilles toi… »

J’attends nerveusement de la sentir se réveiller en surveillant la porte. Lobos n'a même pas tiqué quand je suis entré dans la piece, c'est pas normal ça.

« Avalohn, je veux que toi et Octavia vous vous enfermiez ici d’accord, caches toi si tu peux et n’ouvre qu’à moi ou Logan, je ne sais pas ce qui se passe mais je crois qu’on à une putain de merde… mais rien que toi et moi on ne pourra gérer.»

Je me dégage d’elle à contre cœur pour aller doucement vers la porte. Je lui lance un dernier regard, a elle, et Octavia qui se réveille quand on éternue a côté d’elle mais qui continu a ronfler malgré notre remue ménage. J’ai confiance en Avalohn. Mais je n’ai jamais supporté de la savoir en danger.

Je lui articule un "je t’aime" silencieux avant de sortir de la pièce sans bruit prêt à saigner ceux ou celles qui pensent pouvoir s'attaquer a des anciens Punishers. .

« Ava… Ava… réveilles toi… »

Avalohn bougea mollement son bras pour essayer de chasser le diseur de ces mauvaises paroles. Elle était beaucoup trop bien pour répondre à ce genre d'ordre. Elle bougonna en fourrant sa frimousse de diablesse dans l'oreiller confortable et moelleux. Elle se dandina en refusant de sortir de sa torpeur et abandonné son Morphée adoré. D'ailleurs, qui osait la déranger en pleine nuit? Si l'Apocalypse offrait un bonheur, c'était celui de devoir dormir le plus possible. Pour tuer l'ennui, sauver ses forces, faire passer le temps… Et cette Bronxarde était très forte pour fermer les yeux et s'inventer des rêves extensibles et brillants. Toujours plus beaux, toujours plus hauts.

« Avalohn, je veux que toi et Octavia vous vous enfermiez ici d’accord, caches toi si tu peux et n’ouvre qu’à moi ou Logan, je ne sais pas ce qui se passe mais je crois qu’on à une putain de merde… mais rien que toi et moi on ne pourra gérer.»

Avalohn tourna la tête en se relevant sur ses avant-bras pour poser des questions. Si c'était la nouvelle lubie d'Isha pour la faire chier ou préparer un "plan en cas d'attaque", elle allait réellement l'étriper et refaire la peinture avec ses boyaux. Elle n'eut pas le temps d'attraper la manche de son tee-shirt qu'il était déjà parti.

Une colère fulgurante lui monta aux joues, elle bougea les jambes pour se redresser. Comment osait-il prendre ses aises comme celle-là? Elle aurait du le frapper. L'amour la rendait coton, moins sur ses gardes, et même en adorant ça, elle se détestait de devoir être dans cet état. Elle ne l'admettait pas… Mais être en couple ne signifiait pas devoir faire des concessions?

Pourtant, elle en avait déjà beaucoup, beaucoup trop fait, il lui semblait…Il se retourna à la porte pour lui murmurer quelque chose qu'elle ne comprenait pas très bien, qu'elle ne comprendra presque jamais. Elle pencha la tête, regardant le marmot bavant sur son oreiller. Elle eut un mouvement de dégoût, et de longues secondes de réflexions avant de poser ses doigts tatoués sur son petit torse, les secouant doucement pour bien vérifier que la boîte à vomi dormait bien.

- Bon, tu m'aimes pas, comme ton père, ça je l'ai bien compris. Et je t'aime pas beaucoup non plus. T'es chiante et tu fais des bulles immondes avec ta bouche.

Skye avait encore une grande tirade, un monologue, un acte tout entier à lui faire pour qu'Octavia comprenne bien que ce n'était pas sa grande copine. Isha s'en occupait presque chaque jour avec un élan de passion qui dépassait la jeune femme. Elle le regardait, avec ses yeux brillants, son sourire niais, ses paroles paternels et douces.

Et elle ne voyait que le fossé se creuser entre lui et elle. La vitre s'épaissir, le brouillard s'assombrir. Alors elle détournait les yeux pour sauter sur le dos d'Harvey, qu'il l'emmène en balade, lui raconte encore une fois ses home-runs, les cheerleaders, sa petite vie d'avant. Et lui la regardait avec des yeux rieurs et amusés. Oui, elle lui suffisait juste comme ça. Entière, sans masque ou avec une peau, belle ou laide, triste ou heureuse. Et il la reprenait sur son dos pour la ramener dans cette grande maison où des jouets s'étalaient partout et des couches moisissaient dans une poubelle.

Pour une des premières et rares fois, Avalohn passa ses longs doigts sous la nuque de la petite, et sa main sous son dos, la portant contre. La petite ouvrit les yeux en sentant une peau douce et féminine. Elle posa ses grands yeux avec un sourire insolent et imbécile. Elle posa sa petite paume potelée sur le visage de la Bronxarde en riant. Cette pauvre chose ne devait pas avoir beaucoup de contact féminin…

- Ta gueule, je peux te couper les cordes vocales si j'en ai envie. J'ai fais ça à des milliers de roquets, alors sur chiare s'doit pas être bien compliqué…

La Bronxarde releva la tête furtivement lorsqu'un bruit de parquet se fit entendre. Elle serra son emprise sur l'enfant, tout contre elle. Lobos ne bougeait bizarrement plus, et ronflait trop doucement. Un sentiment d'alerte lui saisit la mâchoire et elle posa ses pieds sur le sol, ouvrant son armoire, emmitouflant l'enfant dans des couvertures. Lui promettant de revenir, en lui laissant une trace de rouge à lèvres sur le front.

Isha avait beau être bon pour donner des ordres, Avalohn était la meilleure pour désobéir. Et si il croyait pouvoir jouer au prince sauveur, Avalohn serait le messie des Enfers. Elle enfila son blouson en prenant soin de bien cacher Octavia, et se saisit de son couteau de chasse. Qui que ce soit, elle allait devoir torturer quelqu'un pour que sa nuit soit illuminée.

En petite tenue, dans la pénombre, son blouson sur ses épaules, elle essayait de faire le moins de bruit possible et trouver Isha pour lui passer un sale savon. Après quelques minutes, elle entendit un bruit au rez-de-chaussé. Avec agilité et silence, elle descendit les marches deux à deux, remarquant une silhouette dans la pénombre. Le même gabarit que Isha, elle soupira fort en s'approchant, le couteau accroché dans sa paume.

- Eh, appelles moi ta pute, ça sera pareil que de me donner des ordres !

Elle s'arrêta nette au milieu de la pièce. Quelque chose n'allait pas, elle le sentait.

Je descends avec précaution au rez de chaussé. Je suis sur mes gardes et je me sens nu sans mon arc. Heureusement, il semblerait que j’ai une arme de secours au rez-de-chaussée. Je ne m’en souvenais plus jusqu’à il y a quelques minutes. Maintenant, il y a bien un truc que j’ai appris dans cette chienne de vie, je suis très capable de me battre sans avoir besoin d’autre arme que mes poings. Je ne sais pas qui a osé foutre la merde mais il va en chier. Et j’ai bien une idée du connard qui pourrait avoir été aussi débile pour venir péter Gisele ou rentrer de nuit dans la maison : Declan !!!!

Je descends souplement les escaliers pour arriver dans le grand salon de notre « château ». Je marche sur un truc sur la dernière marche. Putain… c’est quoi ça ? Je reconnais immédiatement une bague Harley. Moi et mes frères on s’en étaient tous volées une. C’était notre signe à nous. Avalohn a la mienne en signe de mon engagement. L’a t’elle paumée ou balancée à cause d’une colère que j’ai loupée ? Je regarde a l’intérieur et commence à trembler. "Waban". J’ai le souffle court et je regarde avec fébrilité partout où je peux poser les yeux.

« Waban ? t’es là vieux ? ».

Je ne sais pas trop si j’ai envie de le voir ou pas, mais si c’est lui, qu’il soit entré dans Fort Hope, et surtout dans ma baraque, sans dire bonjour pu la merde. Je vois une autre bague un peu plus loin. Avec méfiance je la prends. C’est celle de Brandon, mon demi-frère. Je repaire tout de suite une autre en ne comprenant pas cette mise en scène sordide. Qu’est ce que ca veut dire ? Quand je regarde la dernière je manque une respiration en voyant le non dedans : "Anoki "… mon grand frère mort dans un règlement de compte de gang bien des années avant que les morts ne viennent bouffer tout le monde. Je ne sais plus quoi penser. C’est un délire de film d’horreur ?!!! C’est impossible ! Qui aurait pu récupérer cette bague…. Et si elle est ici… ca veut dire que Waban et Brandon seraient…

Une voix retentit et me glace de peur. Je suis forcement en train d’avoir un bad trip. Non c’est impossible. Je me retourne pourtant, pale à crever, devant la personne qui continue de peupler mes cauchemars… mon vieux. Je reste à me dire que c’est impossible. Je suis juste incapable de réagir. Mon cerveau est face à un truc aussi effrayant que tétanisant, dans une situation juste invraisemblable. On est a Fort Hope, on est en sécurité…. J’ai l’impression d’avoir 6 ans et d’être impuissant devant le monstre qui nous terrorisait. Je sais qu’illusion ou pas je dois réagir et vite, sauf qu’avant que je ne percute quoi que ce soit, il me file un coup de matraque.

Normalement j’aurais dû encaisser sans souci, sauf que là, je tombe au sol secouer de spasme douloureux. Putain un truc électrique ? Merde, je repense à Tondeuse. Fais chier. J’ai mal. J’ai du mal a bien imprimer, mais je sens bien son coup de pied. J’ai des ratés, comme si le film était mal monté, mais j’entends avec horreur la voix de ma louve. Non pas ça… putain… non…. Pas elle. Mais pourquoi elle s'est pas juste cachée?!!!!

Je n’arrive même pas à articuler ou à bouger. Il se sert de moi comme d’un pantin. Ce qu’il lui dit me donne envie de le tuer. Il faut qu’elle parte ! Je veux qu’elle se sauve… Malmené je ne suis qu’un spectateur devant son speach. J’avais peur de Bruce, mais Bruce n’était rien face au monstre qui me malmène et qui se vante d’avoir culbuter une rousse. Mais pourquoi il est revenu merde ?! Il est en train de faire chanter ma femme avec moi ? Je ne veux pas ! Je lui attrape le pied qui broie mes cotes pour l’immobiliser comme je peux. La matraque m’a vraiment sonné mais l’impératif qu’Avalohn est en danger me donne de la force.

« A..va… BARRE TOI !!!! »

Je me reprends un coup de pieds dans la tronche qui m’empêche de la supplier de partir. Il faut qu’elle le fasse. Mon vieux est un taré. Il nous tuera forcement.

« Pour ça faudrait écarter les cuisses chérie, mais je vois que tu as le profil d’une bonne gagneuse.  Surprise petite garce, c’est beau papa qui est là ! Ne fait rien de stupide sinon je saigne notre Isha.»

Avalohn se figea dans toute sa splendeur. Son visage d'ange s'arrêta dans une expression de calme et de vide. Elle ne connaissait ni cette voix, ni cette silhouette, mais elle voyait Isha en sang, dans la pénombre de la nuit et à la lumière de la lune. Le calme avant la tempête grondait en elle. L'océan se retirait pour laisser place au tsunami. Les oiseaux s'envolèrent en entendant le séisme. Peu importe ce qui se passait, mais elle savait bien qu'on venait d'entrouvrir la barrière de l'Enfer pour laisser place à ses pires démons. Peu importe qui était cet homme, il venait de secouer quelque chose qu'elle avait enfoui en elle.

Elle avait ressenti seulement deux ou trois fois. Et à chaque fois, les dommages collatéraux étaient violents. Autant pour elle que pour les autres. De ce qu'elle avait saisi, "beau-papa" n'était certainement pas Logan. Et il n'en existait qu'un seul autre : le père biologique, celui qui s'est vidé les couilles pour que 9 mois après, Isha puisse naître.

De violentes images remontèrent soudainement à la surface lorsqu'elle croisa son regard. Ça lui glaçait presque le sang. Alors… Tout les pères des délinquants ont ces yeux là?

« Alors fils, c’est elle ta pute ? Papa t’as jamais dit qu’une fille, ça se baise puis ça se jette ? Sinon après tu te retrouves avec une vie de merde à devoir te taper la même pétasse, sans parler des chiards qui vont avec. Bien, on va dire que les faire-parts se sont perdus et que je ne suis pas vexé de ne pas avoir été convié pour votre mariage.»

Il ne lui inspirait que le dégoût et l'amertume de ses jours juvéniles. Les coups qu'il donnait à Isha faisait bouillir le sang d'Avalohn de plus en plus. Le glas avait été sonné, et il fallait répondre quoi qu'il ce passe.

« T’es sacrement bonne, je n’aurais pas déjà vidé le chargeur dans la rousse, je te jure, je banderais là. Et puis, ce qui se passe dans la famille, reste dans la famille non ? A moins que...ca soit du sérieux avec ta vache à lait ? »

Elle inclina sa tête vers la droite, le dévisageant, essayant de calmer son atroce colère à l'égard de ce père indigne de poser les yeux sur elle. Il fit couiner Isha de douleur et elle baissa les yeux vers lui, tremblante de rage. Elle commençait à avoir plus que chaud. Elle bouillonnait. Elle frémissait. Et la Terre entière allait entendre cette crise qui lui vaudrait de vieilles séquelles psychologiques.

« Et bien Avalohn, ma petite pute, on va discuter tous les trois pendant une petite balade ou tu préfères rester ici à chialer le trou d’bal mort qui t’entretient comme la petite salope que tu es ? »

Skye ne pouvait pas pleurer. Elle ne pouvait plus. Cet homme pouvait la traiter de pute, de salope, de sale garce… Elle s'en fichait. Elle était tout ce qu'il disait si il voulait. Mais perdre Isha, elle ne le pouvait pas. Elle ne pouvait plus se l'imaginer. Elle sentit le fer rebondir sur ses clavicules et tomber à terre, entendant un "cling" désagréable à ses oreilles.

« Alors, les bracelets et la balade ou le veuvage prématuré ? Et poses moi ta lime à ongles, tu vas te blesser, ça serait dommage de m'obliger à t'abimer plus que ce cher Greg l'a déjà fait non?»

Un mouvement vif vers le sol attira l'attention. Dans ses dernières forces, Isha saisit le pied de son père fermement pour qu'il arrête de bouger quelques secondes.

« A..va… BARRE TOI !!!! »

C'était ridicule. Elle secoua sa tête, et souffla par le nez. Elle se retint d'avancer et de saisir le cou de Joshua. Elle ferma les yeux une seconde.

- Arrête, Isha.

Elle s'accroupit sur le sol, saisissant les menottes. La coopération ne pouvait être que la bonne solution pour l'instant. Un père avait du pouvoir, et lui devait bien le savoir : regarder cet homme avait pour effet de ranimer des souvenirs si douloureux que son coeur hésitait à exploser de colère ou fondre de tristesse devant cette scène. Elle enclencha les crochets des bracelets de fer autour de ses poignets, pas trop serrés mais assez pour montrer qu'elle était bloquée.

- C'est ok pour la balade, honey. La petite pute te suis.

Elle se rapprocha de lui en le regardant de haut. De toute sa splendeur, c'est comme si elle était devant son propre géniteur. Elle avait quelque chose à prouver. Elle le savait au fond d'elle que cette situation était une confrontation à son passé. Elle ne lâcherait pas. Elle ne lâcherait rien.

Elle regarda Joshua lever le corps d'Isha en mauvais état, croisant ses yeux noirs. Elle lui fit un triste sourire avec un hochement de tête, comme pour lui dire que tout ira bien. C'était un beau mensonge, mais elle ne pouvait rien faire d'autre. Elle lâcha son couteau de chasse en suivant son beau-père en dehors de la maison.

- Une fille ça se baise et ça se jette…

Avec agilité, elle donna un violent coup de pied dans le fessier d'Isha pour le dégager des bras de son père, et encercla le cou de Joshua avec ses menottes et l'attira contre elle. Si Isha réagissait à temps, ils auraient peut être un peu de chance, juste suffisamment pour pouvoir vivre encore un jour. Elle serra ses poignets sur la nuque de l'homme, malgré la différence de taille et de poids.

- Mais tu devrais te méfier des vrais femmes, honey !

Spoiler:

Le Renard s’attendait à un truc stupide rien qu’au regard plein de haine et de provocations de la jolie garce qui vivait avec son fils. Ce petit con n’avait rien comprit aux femmes. Il fallait les mater, les briser et les soumettre sinon ça devenait vite n’importe quoi. Celle-là n’avait même pas été débourrée. A croire qu’il avait vraiment eu une fille de plus parmi ses chiards et que les légers vêtements de sa belle-fille cachaient une paire de testicules. L’attaque ne tarda pas à venir. Dès la tentative de retournement de situation d’Avalohn, Joshua lâcha son fils de manière à ce qu’il tombe la tête la première au sol. Le coup de pied de sa pseudo petite amie le surpris quelque peu. Voulait-elle l’achever elle-même ? Pour ça, il ne pouvait pas l’en blâmer, depuis qu’on lui avait annoncé la naissance de ce merdeux, il en rêvait lui aussi. Il ne regarda pas Isha heurter le sol et se concentra sur cette proximité physique inattendue avec sa belle-fille. Ça aurait pu être agréable dans un autre contexte. Avant qu’elle ne puise l’étrangler, le Renard lui fit un clin d’œil et la cogna contre le mur avec brutalité. Il se jeta violemment, à plusieurs reprises, contre la paroi, avec la garce comme cousin d’amortisseur. Il répéta ce geste jusqu’à ce qu’il la sente se ramollir et lâcher prise. Il ne se retourna même pas pour lancer au crétin émasculé derrière lui : « Si tu bouges je la taillade, alors pas de bêtise petit con et je la laisserai en un seul morceau ». Il colla la tatouée entre lui et le mur. D’une main il la força à relever la tête, de l’autre il se lança dans des investigations brutales, sur ses vêtements, entre les jambes de sa bru. « Une vraie, femme ? Ah ouai! Pas de bites, je suis surpris, je commençais à penser que c’était lui qui faisait la gonzesse dans votre couple. Si tu voulais serrer ton beau papa,  t’aurais pu au moins attendre que ton ex fiancé perde connaissance. C'est gênant tu ne trouves pas?». Il ajouta dans le creux de son oreille : « En même temps tu es une belle salope à lui avoir fait avaler que tu avais été violée pour lui couper les couilles pour de bon. J’adore ça. Je devrais peut-être te rendre service en donnant un peu de profondeur à tes mensonges. » Il se retourna afin qu’Isha puisse mieux les voir. Ce qu’il perçu dans l’œil du cloporte, toujours au sol, lui donnait encore plus envie de s’amuser avant de partir. Il dégagea la femme déjà un peu sonnée et, perfidement, il lui donna un petit coup de matraque électrique. Au moins il était sûr qu’elle resterait tranquille cette fois. « Ça fait mal il parait ? ». Il ne prit même pas la peine de faire semblant d’être compatissant en la voyant secouée de spasmes douloureux. L’intensité de l’arme était réglée sur léger, il ne voulait surtout pas qu’elle perde connaissance, la soirée commençait à peine. « Dire que j’espérais passer un bon moment en famille, apprendre à mieux connaitre ta pute, parler un peu avec vous deux de vos rêves stupides et vous expliquer pourquoi ça ne va pas être possible, vous me peinez... ». Il passa les menottes dans le dos de la femme et les serra beaucoup plus que nécessaire. Il fit mine de lui donner une claque, mais il se contenta de lui tapoter la joue avec paternalisme. Il voulait juste voir de la peur dans ses yeux et la tester. « Tu te crois plus maligne et plus forte que moi, mais tu sais, j’ai eu six mômes à dresser, alors… ». Il l’attrapa par la nuque et l’adossa avec une bestialité gratuite contre le mur qui l’avait déjà presque assommée. Il ne voulait pas qu’elle rate une miette de ce qui allait suivre. « … j’ai appris qu’il fallait leur faire comprendre que dans la vie, défier les mauvaises personnes, ça se paye.». Il retourna à Isha qui essayait lamentablement de se redresser. Il avait toujours été comme ça, incapable de baisser la tête et de faire le mort quand il le fallait. Joshua posa le pied sur le dos de son fils et appuya assez fort pour qu’il heurte le sol douloureusement. Puis, avec lenteur, pour s’assurer qu’elle allait comprendre et savourer le spectacle à l’avance, il commença à relever le bras d’Isha dans son dos. Il resta un petit moment dans cette position comme pour tester la résistance de l’articulation de l’épaule. Il prenait son temps. Il fit une pause pour positionner la tête de la larve sous son pied afin qu’il puisse voir la femme encore sous l’effet de la décharge électrique. « Regarde mon fils, regarde bien celle qui te fait du mal. ». D’un coup sec il déboita son épaule et dû le maintenir fermement tellement il se débattait de douleur. Il avait bien gueulé aussi mais Joshua était déçu, il savait qu’il pouvait mieux faire. Il fit la grosse voix du papa pas content à sa belle fille. « Bien, maintenant que les choses soient claires, il est en vie parce que tu ne connaissais pas les règles, alors je vais t’expliquer si tu n’as pas encore compris. Tu n’es pas sage, c’est lui qui prend, il n’est pas sage… papa aura du bon temps ! ». Il exultait d’une joie sadique. Il attrapa les pieds des tourteaux et les traina en ignorant les gémissements de douleur de celui qui avait un bras déboité. Il ne les ménagea pas avant d’arriver à la voiture. Il attacha Isha, en malmenant encore plus son épaule dans la manœuvre : « C’est Carter qui t’as appris à couiner comme une pisseuse ? ». Il fouilla ses poches puis le balança dans le coffre lui cognant bien son épaule au passage. Il prit la belle petite garce et la regarda bien dans les yeux pour sentir si elle allait lui donner encore le plaisir de le défier ou si elle avait déjà rendu les armes. Elle allait vite se remettre du choc de la matraque. Il lui sourit en vidant ses poches à elle aussi: « Soyez patients, je vais saigner la gosse de Carter et on va se la faire cette petite balade en famille après. » Il la poussa sur son fiancé avant de fermer le coffre. Il le verrouilla plutôt deux fois qu’une. Il se méfiait de son propre sang quand il s’agissait de s’évader.

Il alla dans la chambre prendre le bébé. Cette petite salope avait dû le cacher. Il chercha dans plusieurs pièces, un peu agacés. Malgré le bruit, la morue restait muette. Pour la première fois de la journée, le Renard était en contrarié. Déjà, il n’avait pas pu tuer l’autre gosse de Carter qui avait crevé avant son arrivée. Carter lui avait pris un fils, il n’était que justice qu’il lui prenne une fille. Il commençait à penser que la garce l’avait peut-être étouffée pour être tranquille ou que la chance n’était pas avec lui. Il ne pouvait pas se permettre de passer trop de temps avec les deux autres dans le coffre et la maison était grande. Il se résigna à partir sans le bébé. Il trouva du vin et un chiffon clair. En sortant il ouvrit le coffre afin que les deux le voient bien s’essuyer les mains et qu’ils distinguent du rouge sur le tissu. « Je voulais juste vous dire que ce n’est plus la peine de vous préoccuper de bébé Carter. Je m’en suis occupé ». Il referma le coffre avant de prendre le volant. Il prit le luxe de saluer la personne de garde et même de rester lui faire un brin de causette avec lui avant de quitter Fort Hope pour de bon.  

Spoiler:

Je n’ai qu’un mot pour détailler ce qui se passe : c’est un cauchemar. Je suis impuissant à contempler ce que même mes pires craintes n’auraient pu imaginer. Il est là, il est bel et bien là, la douleur me prouve que je ne dors pas, que je ne peux pas compter sur aucun réveil pour nous échapper de l’horreur. Cet homme a laissé plus de marques que l’on peut en voir sur mon corps. Il est l’enfer personnifié, celui qui m’a fait prendre en horreur les mois de décembre ou je devais retourner dans ma famille subir sa malveillance. Même les gangs étaient plus doux que notre foyer.

Je percute mollement que la Louve veut tenter un truc. J'essaye d’être réactif, mais je me sens juste tomber au sol sans savoir intervenir.

J’essaye de garder mon sang froid, il le faut pour elle. Pendant que ce con a le dos tourné, je chope discrètement ce que j’ai de plus petit dans ma ceinture outil : un clou et le fourre dans ma bouche redoutant une fouille. J’essaye de le coincer derrière mes molaires. Avec le gout du sang que j’ai dans la bouche, je ne sens même pas celui du truc dégueulasse que je viens de planquer. Mes gestes sont maladroits, son machin électrique est redoutable.

J’enrage de le voir faire du mal à Avalohn. Je sais qu’il ne déconne pas quand il me dit qu’il va la taillader. Il m’a déjà prouvé qu’il ne menaçait jamais en l’air et qu’il pouvait toujours faire pire qu’on ne le pensait. Dans cette surenchère malsaine, il se tourne vers moi pour que je puisse le mater en train de toucher Avalohn. Mon sang ne fait qu’un tour mais malgré la fureur, j’arrive à peine à bouger. Je le tuerais…

Il s’amuse, j’enrage malgré la peur qu’il m’a toujours inspirée. Il finit par lui foutre son truc électrique dans la tronche et je devine à l’avance la suite quand il vient vers moi. Il a toujours fait ça avec les frangins. Y’en a un qui merdait, c’est l’autre qui prenait. Autant dire que ça ne créait pas une super ambiance dans la famille.

Il faut que je fasse quelque chose bordel de merde !

Ma tentative de me redresser se fini avec un pied dans le dos. Mon menton heurte un peu violement le sol. Il me fait regarder Avalohn, attachée en face de moi. Putain… je plonge mes yeux dans les siens en essayant de lui faire comprendre que c’est pas de sa faute et que je l'aime. Je serre les dents à l’avance. Mais rien y fait quand je sens l’os quitter sa place et ma chair protester sur la violence du mouvement qui n’étaient dans ceux permis par mon corps. Je n’entends pas le petit clac du déboitement tellement je gueule avec l'explosion de douleur. Miraculeusement le clou reste à sa place. J’ai des points blancs partout devant les yeux et j’en chiale presque. En fait, je ne sais même pas comment je fais pour ne pas tourner de l’œil. Mon cerveau m’envoie plein d'invitation à perde connaissance le temps d’encaisser le truc. Sauf que faire ça c’est risquer de louper le moyen de sortir Ava de là.

Comme dans la cave de Logan, je m’accroche à cette idée fixe qui m’aide à ne pas sombrer. Le parcours entre la maison et la voiture et la voiture est juste un calvaire. C’est presque à demi conscient que je me sens poussé dans son coffre. Ma louve me rejoint vite. Malgré les brumes de la douleur je panique en l’entendant parler d’Octavia. D’un regard j’interroge Avalohn, je suis incapable de parler pour le moment mais l’idée qu’il s’en prenne à un bébé est aussi affreuse qu’envisageable.

J'essaye de faire fit de la douleur et tente de me mettre dans une position pour faire pression sur le coffre. Mais je n’arrive à rien sauf à me faire encore plus mal. Je suis désespéré. Mais ce n’est rien à coté du moment ou le coffre s’ouvre devant mon vieux à l’air si réjouit. Je regarde avec inquiétude ses mains. Je ne vois pas Octavia mais bien un essuie plein de sang… non… non… pas ça…

Il referme le coffre et je ne peux me retenir de chialer. J’ai l’impression d’être il y a 17 ans en arrière. La voiture roule, la douleur physique est atroce mais ce qui me rend fout c'est de savoir qu'il a tué Octavia. Il faut que je me secoue sinon Avalohn et moi on va suivre le même chemin.
J’ai du mal a articuler avec la douleur et le clou.

« Ava… tu… tu vas bien ? »

Question con comment elle peut aller bien avec ce qui se passe ! Franchement, parfois, j’arrive encore a m’étonner moi-même.

« Je… je suis désolé… »

J’essaye de bouger sans perdre conscience. Un challenge avec la douleur. J’approche mon visage du sien, la seule caresse possible avec les mains dans le dos. J’ai besoin de ce contact pour essayer de ne pas être englouti et trouver le moyen de la sauver. Ça a toujours été elle ma force.

« Je… je suis fier… qu’une femme… aussi belle... et forte que toi… soit ma femme… »

Je la regarde en essayant de lui sourire, avec mon visage tuméfié et les grimaces que je fais à chaque secousse ça ne doit pas être beau à voir. J’essaye avec difficulté de lui expliquer mon idée. Le plan est simple, elle doit se retourner pour que je lui « crache » le clou dans les mains. Ensuite ça sera mon tour pour que nos mains se touchent et que je puise crocheter ses menottes avec le clou. Je sais que je suis capable de le faire avec une seule main qui bouge, avec un mal de chien et les mains dans le dos. On ne m’a pas élevé comme un passe muraille pour rien. Ce qui m’inquiète, c’est que mon vieux sait très bien de quoi je suis capable. Mais de toute façon on ne va pas rester les bras croisés à attendre de se faire torturer.

Je la regarde une dernière fois avant de me lancer dans « les grandes manœuvres ». C’est peut-être la toute dernière fois que je peux la voir. Je pensais qu’on aurait tellement plus de temps.

« Il… faut… que tu partes… il… va te … tuer… Je vais t’enlever tes ... menottes… et dès qu’on peut… je … je … veux que tu coures… il me … tuera pas si tu… regardes... pas… je … je … je le connais… alors faut que... tu... te sauve... même... sans moi...»

Gros mensonge. Vues bagues des autres, pour une raison qui m’échappait, j’avais des doutes que Waban et Brandon soient toujours en vie. Le vieux buterait n'importe qui si c’était dans son intérêt. Dans tous les cas hors de question qu’on soit deux à crever au lieu d’un.

Les coups étaient violents. Trop violents. Elle sentait le corps de Joshua s'acharner sur le sien, s'écraser entre le mur et lui. Sa corpulence lui coupait le souffle, de plus en plus. Lorsqu'il se retourna pour saisir la mâchoire d'Avalohn d'une main et commencer à la toucher ardemment entre ses cuisses. La jeune femme planta ses yeux bleus imbibées de sang dans ceux de son agresseur. Elle ne le lâchait pas du regard, affrontant avec ardeur cette bête ignoble qu'Isha avait du appelé père. Il ressemblait trop à celui de la jeune femme, qui l'avait hanté bien après son adolescence. Beaucoup trop.

« Une vraie, femme ? Ah ouai! Pas de bites, je suis surpris, je commençais à penser que c’était lui qui faisait la gonzesse dans votre couple. Si tu voulais serrer ton beau papa,  t’aurais pu au moins attendre que ton ex fiancé perde connaissance. C'est gênant tu ne trouves pas? En même temps tu es une belle salope à lui avoir fait avaler que tu avais été violée pour lui couper les couilles pour de bon. J’adore ça. Je devrais peut-être te rendre service en donnant un peu de profondeur à tes mensonges. »

Elle eut des soubresauts, des spasmes, pour essayer de l'intimider. Mais le sang dans ses tempes tapaient trop fort. Beaucoup trop fort. Sa vue était brouillée, ses sens flanchaient, sa conscience délirait. C'est en sentant un objet heurter son visage et son corps se secouer de spasmes que le point de non retour venait d'être franchi. La jeune femme s'écroula en sentant l'électricité parcourir douloureusement ses muscles et ses veines, regardant la scène qui se déroulait devant ses yeux flous.

« Ça fait mal il parait ? »

Et elle allait exploser de rage. Ses yeux se fermèrent pour essayer de stopper son crâne dans la course folle entre l'instinct de survie et la défense. Tout paraissait noir, sombre et urgent. Elle essayait de différencier le vrai du faux, l'imaginaire du réel. Tout se passait trop vite dans sa tête : elle recommençait à devenir folle à liée.

« Dire que j’espérais passer un bon moment en famille, apprendre à mieux connaitre ta pute, parler un peu avec vous deux de vos rêves stupides et vous expliquer pourquoi ça ne va pas être possible, vous me peinez... »

Il la redressa en serrant les menottes trop fort dans son dos, elle sifflait comme un animal enragé. Il persista à l'emmener au fond des Enfers à tapoter sa joue comme un boeuf à l'abattoir. Il fallait se battre, même si c'était un un combat déjà perdu. Il fallait qu'elle se relève, qu'elle y arrive. Encore une fois…

« Tu te crois plus maligne et plus forte que moi, mais tu sais, j’ai eu six mômes à dresser, alors … j’ai appris qu’il fallait leur faire comprendre que dans la vie, défier les mauvaises personnes, ça se paye.»

Et il la défiait malgré tout. Elle claque l'air de ses dents en bougeant de droite à gauche, malgré la douleur de ses plexus qui la taisait. Elle poussa des gémissements et essaya de se relever sur ses jambes lorsqu'il attrapa Isha. Il planta ses yeux dans les siens, et elle ne put qu'admirer ce spectacle qui la troublait au plus profond de ce qui lui restait d'âme.

« Regarde mon fils, regarde bien celle qui te fait du mal. »

Ses oreilles grésillèrent et se fermèrent à tout son. Comme si son cerveau lui ordonnait de ne plus devoir entendre le hurlement que poussait le garçon. Mais elle ne détournait pas le regard, se taisant, sa gorge embourbée de toute sa haine, sa violence, ses craintes et ses peurs. Elle grogna pourtant pour essayer de protester. C'était réellement sa faute? Au final, si elle n'avait pas essayé de se battre, ça aurait pu mieux se passer… Tout ça, toutes ces choses, cet homme à terre, son bourreau, le sang et les blessures, c'était son chaos à elle. Son horreur. Son monde. Son Enfer…

« Bien, maintenant que les choses soient claires, il est en vie parce que tu ne connaissais pas les règles, alors je vais t’expliquer si tu n’as pas encore compris. Tu n’es pas sage, c’est lui qui prend, il n’est pas sage… papa aura du bon temps ! »

Comme à la maison… Cette phrase, rien que cette phrase qu'elle entendait en murmure, fit démarrer son bal des fantômes. De vieux souvenirs, une nostalgie violente… Elle serra ses dents à en avoir mal à la mâchoire, les hallucinations commençant à bouger devant elle. Stoïque, sans un mot, elle regardait dans ce vide qui se remplissait de tout ce qu'elle avait pu vivre. Elle donna quelques coups instinctifs lorsque Joshua lui saisit ses pieds pour la traîner. Son haut du corps était comme bloqué, incapable de se défendre devant la fête qui se déroulait dans sa tête : on venait de briser un pont, et de vieilles eaux coulaient sous les ponts.

« C’est Carter qui t’as appris à couiner comme une pisseuse ?  Soyez patients, je vais saigner la gosse de Carter et on va se la faire cette petite balade en famille après. »

Elle releva la tête pour essayer de hurler, mais ses dents restaient coincées les uns contre les autres. Non, pas Octavia. Une gerbe de sang coula de sa bouche et de son nez. Ses voies respiratoires étaient totalement bloqués par des mains démoniaques qui lui compressaient les poumons. Elle se retrouva balancer dans le coffre alors qu'elle laissait couler le flot de sa gorge qui remontait. Elle cracha bruyamment en gémissant. Pas Octavia, non… Elle avait beau ne pas être la meilleure belle-soeur du monde, elle aimait bien ses petits pieds et ses petites mains qui emmêlaient ses cheveux… Le regard d'Isha en disait long, et c'est accusateur que ses prunelles la dévisagèrent. Elle ne bougea pas, sentant quelque chose en elle se briser plus que sa folie : son coeur s'émiettait dans ce regard qu'il lui lançait. "Tout est de ta faute. Si tu étais restée en haut avec elle, à te cacher, elle aurait pu vivre…"

Cette phrase fit paniquer Avalohn qui essayait de bouger ses poignets pour tirer sur les menottes. Sa chaire se déchirait comme sa vision se brouillait, et c'est un retour au Bronx dans son imaginaire qui la faisait atrocement déliré. Elle y voyait chaque panneau, chaque dalle de trottoir, chaque aiguille, chaque bière, chaque poudre blanche, chaque arme, chaque bagarre, chaque cigarette, chaque tatouage. Sa peau la brûlait, et des spasmes compulsifs s'acharnait dans son corps. Le silence lui paraissait assourdissant. Une nouvelle Apocalypse se déroulait dans son cerveau.

« Je voulais juste vous dire que ce n’est plus la peine de vous préoccuper de bébé Carter. Je m’en suis occupé »

Elle tourna son visage vers le geôlier, avant de le regarder le coffre se fermer le coffre.

« Ava… tu… tu vas bien ? Je… je suis désolé… »


Non, rien n'allait. Elle faisait un retour de quinze en arrière, et rien n'allait plus. Elle était en détresse, non elle n'allait pas bien du tout. Sa poitrine se soulevait trop vite, ses jambes tremblaient et ses poignets saignaient abondamment dans cette voiture. Pourquoi des excuses? Pourquoi encore devoir se justifier? Ce qui ce passait, ce qui c'était passé et ce qui se passera restera là, à tout jamais. Il fallait faire taire cette voix. Il fallait qu'elle arrête.


« Je… je suis fier… qu’une femme… aussi belle... et forte que toi… soit ma femme… »

Elle tourna son visage rouge vers le jeune homme à côté d'elle. Ses pupilles n'existaient presque plus, le regard bleu le toisant stoïquement. Elle n'avait pas besoin d'entendre ça. Pas maintenant. Elle n'était ni belle, ni forte, ni une femme… Elle était La Louve.

Il articulait des choses incompréhensibles, elle ne parlait plus sa langue. Elle n'était plus humaine. Elle était un monstre. Une pourriture, une fille du Bronx, une caïd, une petite garce, une grande connasse, la sacré salope, l'immense pute, la bonne délinquante. Elle était rassemblée. Elle était Avalohn Skye Inverness, en chair, en os, en folie. Et il y avait des années qu'elle n'était pas revenue.

« Il… faut… que tu partes… il… va te … tuer… Je vais t’enlever tes ... menottes… et dès qu’on peut… je … je … veux que tu coures… il me … tuera pas si tu… regardes... pas… je … je … je le connais… alors faut que... tu... te sauve... même... sans moi…»

Il y eut ces secondes, longues, de latences, comme si la vie s'étendait à perpétuité trop rapidement. Un instant court, un moment long. Où sa tête se tournait vers le plafond du coffre. Où son corps fut parcourut par de doux spasmes. Ou son cerveau envoyait cette adrénaline suffisante pour la faire devenir réelle.

- Fermes là. Fermes ta putain de gueule ou j't'arrache la langue. C'est clair? Maintenant, tu la fermes.

Elle planta ses pieds sur les murs qui l'entouraient, un soupir la transperça, et elle poussa des cris à faire fondre les oreilles d'un sourd. L'arrière de son crâne se levait et se frappait constamment sur ce coffre trop petit. Ses jambes essayaient de trouver des appuis nécessaires pour se lever. Mais son corps acharné se bloquait contre des parois métalliques. Elle heurtait tout autour d'elle, se frappant violemment, se heurtant, s'écorchant. Elle sentit ses coudes et ses genoux couler en premier.

- KYHAN ! KYHAN ! OUVRES MOI, TE LAISSE PAS FAIRE, COURS LOIN DE LUI C'EST QU'UN CREVARD ! KYHAN !

Elle hurlait le prénom de son frère fort, sa gorge explosait en minuscule bulle de violence.

- LE TOUCHES PAS ESPÈCE DE CONNARD, FRAPPES MOI, FRAPPES MOI À LA PLACE !

Elle se débattait de plus en plus, ses yeux glissant dans des larmes salés. Elle délirait parmi cette mise en scène sordide qui se déroulait derrière ses pupilles.

- ET TOI LA SALE PUTE QUI ME SERT DE MÈRE JE VAIS TE SAIGNER COMME UN PORC, C'EST CE QUE TU MÉRITES SALE TRUIE.

Elle frappa encore sa tête contre le coffre.

- Putaaaain, PUTAIN ! TU VEUX QUE JE COURS OÙ ESPÈCE DE CRÉTIN, TU VEUX QU'ON S'ABANDONNE C'EST ÇA?! SALE QUEUTARD, T'ES QU'UN PUTAIN DE QUEUTARD ET T'ES COMME LES AUTRES, VOUS ÊTES TOUS PAREIL, J'TE DÉTESTE, J'TE DÉTESTE, J'TE DÉTEEESTE !

Sa voix s'affrontait dans les aigües. Elle agonisait dans ce corps de chair.

Ava me semble hagarde quand je lui explique mon plan, voir j’ai l’impression qu’elle ne m’écoute juste pas. Est-elle remontée après moi ? Ou encore sous le choc des coups et de matraque ? A moins qu’elle ait du mal a encaissé ce qui vient de se passer. Mon instinct de survie me pousse a passer outre toutes les informations et la douleur pour juste me concentrer sur un truc : la sauver. Mais elle ?

Soudain, elle retrouve ses forces et sa voix dans un élan chaotique presque aussi terrifiant et triste que le reste de la soirée. Quand elle me dit de me la fermer, elle me blesse peut-être encore plus que ce que mon père a fait à mon épaule. J’ai besoin d’elle pour ne pas sombrer. Si elle me lâche maintenant, mon vieux a gagné. Je la regarde désespéré. Oui en même temps c’est de ma faute si on en est là…

Elle se met à gueuler comme si elle avait mal, sans que je ne comprenne ce qui se passe. Pendant un instant j’ai peur qu’elle ne soit en train de calanché à cause du choc électrique. Je mets un certain temps à capter que ce n’est pas ça le problème.
Je la regarde péter une durite, complétement impuissant et maudissant l’homme qui a déjà tué ma sœur, non, il a tué mes sœurs… et qui ne va certainement pas s’arrêter là si on ne fait rien.

« Ava…. Ava..calme toi ! »

Elle ne m’écoute pas et j’ai beau l’appeler par tous ses prénoms, la supplier, rien n’y fait…. Elle n’est plus avec moi. Elle est ailleurs, et ailleurs ça a l’air aussi moche qu’avec mon vieux. Derrière ses mots je devine plus de choses que je n’en comprends. Elle est en train de risquer de se blesser tout en me faisant sacrement douiller au passage. Elle se débat avec son passé dans cet espace réduit et sans mes mains, pas simple de réussir à la calmer. Je fais de mon mieux, mais, plus que les entraves, c’est la douleur de mon épaule qui me rend la tâche plus difficile. J’arrive par finir par la bloquer avec mon corps en dépit des coups. Je voudrais la raisonner… mais je manque de mots. Je ne sais même pas si je vais réussir à rester conscient longtemps, mais je suis sûr d’un truc : si je ne fais rien, c’est ce connard qui va gagner, il va nous crever à petit feu. Il a déjà commencé.

J’essaye de ne pas l’écraser. J’ai perdu mon clou dans la mêlée. C’est que ma Louve n’est pas du genre à se laisser facilement maitriser et que mon vieux nous secoue à chaque virage.

« AVA !! Putain calme toi !!! Je… je t’en prie… me lâche pas maintenant… fais pas ça… je vais pas y arriver si t’es pas avec moi… »

Je colle mon visage dans son cou sans savoir si elle m’entend de là où elle est.

« Là on peut pas le laisser gagner putain… je ne veux pas qu’il te brise toi aussi… s’il te plait… »

Je repense à ce mariage, a nos bébés, a nos câlins, a tout ce qu’il est en train de nous prendre. Je n’ai pas de mots rassurant à lui offrir. Je suis juste entrain de lui faire lâcher une merde du passé pour la ramener dans une autre.

« Ava… laisse les fantômes où ils sont, là c’est juste moi, juste Isha, le type qui avait juré de te protéger de tout mais qui a foiré… je t’en supplie, calmes toi, et essaye de te concentrer sur ma voix… on peut encore faire quelques choses, on peut encore s’en sortir… mais tout seul je ne sais rien faire… Ava…. »

Avec la douleur, cela ressemble plus a des supplications d’un petit garçon qui a besoin de se rassurer. Je soupire avant de me souvenir de ce qui m’apaisait quand Robin avait le dessus, de ce refuge qui n’appartient qu’à nous et que personne ne pourra nous voler.

« Ecoute moi ma puce, on est pas dans un coffre, on est dans notre siège a bascule, sur notre terrasse… tu sens cet odeur de sève et de citron ? Tu entends le vent dans les feuilles de la forêt en contrebas… tu vois notre jardin ? Il y a même la balançoire sous notre citronnier… »

Je continu a décrire cet endroit même si je sais maintenant qu’il n’existera jamais ailleurs que dans nos rêves.

« Ava…. Ava..calme toi ! »

Non. Non elle n'y arriverait pas, et elle ne le voulait pas. Elle continuait désespérément à crier malgré les revendications de sa minuscule conscience qui lui parlait dans un dernier souffle. Il n'y avait plus rien, que le chaos, et le désarroi. Cette situation lui explosait la raison et elle souffrait terriblement. D'un coup, quelque chose lui entravait le corps et l'empêchait de se débattre. Et tout était pire. Elle frappa sa tête en la secouant de droite à gauche, ses cheveux s'entremêlant et s'arrachant dans la lutte. Cette position la gênait et elle essayait de se libérer à tout prix.

« AVA !! Putain calme toi !!! Je… je t’en prie… me lâche pas maintenant… fais pas ça… je vais pas y arriver si t’es pas avec moi… »

La sensation d'un contact chaud dans son cou perturba cette descente dans son enfer de Bronx. Ses épaules se secouèrent, du sang coulant du coin de sa bouche. Avec qui? Lâcher quoi? Cette voix ne pensait pas qu'au final, tout tombait en ruine dans ses mains? C'était son fardeau. Sa vie se résumait à une malédiction, où tout ce qu'elle touchait ou aimait se détruisait à petit feu. Doucement, lentement en agonisant. Elle avait fait trop de mauvais choix, trop de faute et personne ne pouvait la pardonner. Pas elle même. Pas les autres…

« Là on peut pas le laisser gagner putain… je ne veux pas qu’il te brise toi aussi… s’il te plait… »

Elle ferma les yeux et plaqua son visage sur la droite, ses hanches se soulevant pour essayer de faire tomber le poids désagréable qui l'entravait. Elle reniflait en couinant, las de devoir se battre à chaque seconde.

« Ava… laisse les fantômes où ils sont, là  c’est juste moi, juste Isha, le type qui avait juré de te protéger de tout mais qui a foiré… je t’en supplie, calmes toi, et essaye de te concentrer sur ma voix… on peut encore faire quelques choses, on peut encore s’en sortir… mais tout seul je ne sais rien faire… Ava…. »

Elle ne connaissait pas d'Isha. Pas là bas. Pas dans son profond inconscient. Il n'y avait pas de place pour l'amour, la compassion, la tendresse, l'empathie… Tout était sombre, lugubre et malsain. Et elle faisait partie de ces souvenirs dont on ne parle jamais. On l'avait forgé avec des coups, de la drogue, un placard puant et des disputes.

« Ecoute moi ma puce, on est pas dans un coffre, on est dans notre siège a bascule, sur notre terrasse… tu sens cet odeur de sève et de citron ? Tu entends le vent dans les feuilles de la forêt en contrebas… tu vois notre jardin ? Il y a même la balançoire sous notre citronnier… »

Elle tapa ses jambes deux-trois fois pour protester. Un part d'elle avait envie de s'y réfugier, d'y courir à bras ouvert pour ne plus jamais en sortir. Mais elle n'y arrivait pas. Elle planta ses yeux rouges dans ceux d'Isha en se mordant les lèvres, plantant ses dents pour essayer de rester dans la réalité. Des larmes brûlantes coulaient de ses yeux. Elle regardait le visage tuméfié et ensanglanté d'Isha, elle poussa un gémissement. C'était sa faute… Tout l'était.

- Arrête… Arrête…

Elle étouffait, suffoquait, s'empoisonnait. Elle n'était qu'un flacon de cyanure qui se répandait dans les vies des autres. Elle l'intoxiquait. Et il fallait arrêter ça. Et ces secondes de lucidité étaient beaucoup trop précieuse pour être gâchées.

- Je suis déjà brisée… Je suis désolée. Je suis désolée. Je suis désolée…

Avalohn réessaya de débloquer ses mains derrière son dos, mais elle ne les sentait plus. Ses doigts étaient engourdies, et le sang laissait glisser le fer sur sa peau déchirée. Sa chaire la brûlait plus qu'autre chose, mais être prisonnière était la pire des châtiments.

- J'ai tué Octavia, et il va te tuer à ton tour… Et je suis incapable de faire autre chose que de gâcher tout ce que je touche.

Elle cracha du sang en essayant de se dégager de cette étreinte, sa vision se brouillant de nouveau.

- Tu n'es pas fais pour vivre ça… Et pourtant ça arrive… Je suis désolée… C'est terminé, c'est fini…

Sa poitrine se souleva deux-trois fois avant de reprendre ses spasmes, cette fois ci moins violent. Le bruit déchirait le silence de la nuit qui s'acharnait sur Avalohn. Elle souffrait. Et rien ne pouvait arranger cette torture.

Je sens bien qu’elle souffre. Je ne sais malheureusement rien faire. Je voudrais la prendre dans mes bras, la bercer, mais rien que tenir cette position, avec mon épaule et les liens, je galère. Je suis nul avec des mots et je suis plus que tendu en connaissant mon vieux. Cette mise en scène… ca me rassure pas trop pour la suite. Pour le moment je préfère pas y penser, car de toute façon, sans elle, je ne sais rien faire.

« C’est pas toi qui a tuer Octavia ! C’est mon connard de géniteur. c'est lui qui casse tout, pas toi!! Et je suis bien vivant, et tu vas me sauver!»

Ces mots sur Octavia n’ont aucun sens pour moi. Je ne réalise toujours pas. Mon cerveau est incapable d’accepter la mort de ce petit bébé même si une partie de moi hurle de douleur et sait que mon vieux n’a pas de limite.

« Ava… oui tu as salement morflée, c'est pas la première fois pour toi comme pour moi, mais on a toujours réussi se relever. Alors même si c’est avec des brisures on va encore se battre et on va survivre. Parce c’est ce qu’on a toujours fait tous les deux! »

Au final tout ce qu’on a bouffé depuis qu’on est né, tout ce qui aurait pu nous détruire, ca n’a jamais fait que nous amocher et nous endurcir. On a toujours su se relever pour encaisser encore et encore. On est peut être cabossés et fêlés de partout, mais est toujours debout. S’il y a bien deux personnes qui savent mieux que personne le sens du mot "survivant" c'est bien ceux qui le sont depuis leur naissance. On a appris à se battre à garder la tête haute pour ne pas se noyer dans notre merde.

Elle pense qu’elle ne se relèvera pas, mais rien que le fait qu’elle ait réussi à reprendre le dessus pour se sortir de sa crise et me parler me prouve qu’elle est déjà pas loin de se redresser. Je me décale un peu pour la débarrasser de mon poids. Ça me fait mal et peur de m’éloigner d’elle. J’ai tellement le sentiment que nous vivons nos derniers moments ensemble d'une facon ou d'une autre.

« Ils ont pas réussi a te casser depuis que t’es née, c’est pas ce crevard qui va y arriver non plus ! Et tu sais quoi, il ne sait pas encore ce qu’on est capable de faire a deux. C’est pas toi qui disait qu’on était le couple le plus badass des Punishers ? On va s’en sortir ! ok ! »

J’essaye de montrer plus d’assurances que j’en ressens. Bruce me poussait au cul pour gérer des équipes. S’il y a bien un truc que j’ai appris, c’est qu’en partant perdant on ne pouvait que se ramasser. Et même si toi tu le sens pas, ce genre de mensonge collectif ne peut pas faire de mal. Sauf que moi je sais quel trou du cul on a en face et ça ne me rassure pas des masses. Je commence à me tortiller a la recherche de ce putain de clou que j’ai dû lâcher dans la panique. Chaque mouvement me met une poussée de sueur et m’arrache une grimace de douleur.

« Ecoute si tu veux que l’on s’en sorte c’est peut-être encore possible, mais j’ai besoin de toi d’accord ? J’ai de quoi crocheter les serrures de tes menottes, enfin, c’est dans le coffre… »

Je tâtonne comme je peux, j’essaye de continuer a parler histoire qu’elle ne se reperde pas dans les méandres de ses cauchemars. Pour le moment on subit il faut qu’on trouve le moyen de renverser le truc… même si je ne sais pas encore comment. J’essaye de puiser dans mes souvenirs et de les partager avec elle. On est pas en position de force, mais si on veut trouver une stratégie il faut qu’on ait toutes les cartes en mains.

« Il a toujours été comme ça, son truc c’est de faire mal avec des duos, plus de duo, plus de prises pour lui. Tu comprends ? Et quand il a un truc à demander, il fait mal d’abord pour être sur qu’on lui ne dira pas non. Alors on va arrêter de le chercher tant qu’il ne se sent pas de nous dire ce qu’il attend de nous, ensuite on se débrouiller pour que tu puisses te barrer… faut pas que tu hésites quoique tu lui promettes, quoi que ça coute, tu dois te casser et aller chercher du secours. Il faut prévenir Logan d’accord ? Moi il n’osera jamais me crever alors le crois pas s’il te promet le contraire… »

Je lui mens mais je veux qu’elle fonce s’il y a une possibilité. Prendre des duos c’est aussi pensé que quand on en tient un, on tient l’autre. Ava lui a donné raison en première manche. Il faut qu’elle le surprenne coute que coute. J’ai beau savoir que même si elle arrive à trouver Logan, ça sera trop tard pour moi, je n’ai qu’un objectif : la sauver elle.

Je soupir de soulagement en sentant le picot pointu sous mes doigts.

« Je l’ai… »

Je me retourne comme le peux pour lui présenter mes mains. Avec les secousses de la voiture j’ai peur que ça soit plus que sportif.

« Mets tes mains sur les miennes… s’il te plait… »

Je lui demande avec douceur et espoir. Je compte lui desserrer les menottes au maximum histoire qu’elle puisse faire semblant mais les enlever comme elle le veut.


« Et quoiqu'il arrive on a notre chalet... il ne peut rien nous arriver si on est dedans tous les deux d'accord? »

« C’est pas toi qui a tuer Octavia ! C’est mon connard de géniteur. c'est lui qui casse tout, pas toi!! Et je suis bien vivant, et tu vas me sauver! Ava… oui tu as salement morflée, c'est pas la première fois pour toi comme pour moi, mais on a toujours réussi se relever. Alors même si c’est avec des brisures on va encore se battre et on va survivre. Parce c’est ce qu’on a toujours fait tous les deux! »

Avalohn ferma les yeux pour arrêter de l'écouter. Ce n'était pas le moment pour un sermont, ou un discours d'encouragement. Elle voulait qu'on lui fiche la paix, que ce soit Isha, ses fantômes ou elle même. Elle encaissait, encore et encore, sauf que la vie brutale, cette putain de malédiction la rendait hystérique. Non. Cette fois ci, Skye ne voulait plus sa battre. N'avait aucune envie de survivre. Elle ne se relèverait pas. Même jamais.

« Ils ont pas réussi a te casser depuis que t’es née, c’est pas ce crevard qui va y arriver non plus ! Et tu sais quoi, il ne sait pas encore ce qu’on est capable de faire a deux. C’est pas toi qui disait qu’on était le couple le plus badass des Punishers ? On va s’en sortir ! ok ! »

C'était-il seulement rendu à quel point si, tout ça l'avait cassé. Il pouvait parler, chanter, hurler, Avalohn n'en avait rien à faire. Elle voyait ce plan se dérouler sous ses yeux, elle le voyait très clairement. Il allait mourir. Et elle ne se le pardonnerait certainement jamais. Elle n'était pas née de la dernière pluie, et était plus lucide qu'Isha : il ne s'en sortirait pas, et elle non plus, à sa façon. De toute manière, c'était lui qui avait toujours tout décidé, non? Elle allait encore une fois se la fermer, encaisser, accepter, se forcer.

Et c'était trop dur.

« Ecoute si tu veux que l’on s’en sorte c’est peut-être encore possible, mais j’ai besoin de toi d’accord ? J’ai de quoi crocheter les serrures de tes menottes, enfin, c’est dans le coffre…  Il a toujours été comme ça, son truc c’est de faire mal avec des duos, plus de duo, plus de prises pour lui. Tu comprends ? Et quand il a un truc à demander, il fait mal d’abord pour être sur qu’on lui ne dira pas non. Alors on va arrêter de le chercher tant qu’il ne se sent pas de nous dire ce qu’il attend de nous, ensuite on se débrouiller pour que tu puisses te barrer… faut pas que tu hésites quoique tu lui promettes, quoi que ça coute, tu dois te casser et aller chercher du secours. Il faut prévenir Logan d’accord ? Moi il n’osera jamais me crever alors le crois pas s’il te promet le contraire…J'en ai plus rien à foutre de tout ça. C'est terminé Isha, j'abandonne la partie.»

Sa voix n'avait plus aucun accent, plus aucune mélodie. C'était un souffle, un murmure qui perdurait pour elle même. Elle saignait. Elle avait mal. Et personne n'y pouvait rien. Parce que durant tout ce temps, elle avait refoulé, ravalé, subit. Elle jetait l'éponge. Elle voulait sa petite vie à New-York, seule dans son appartement, loin de Fort Hope, loin de Détroit, loin de tous ces gens. Elle voulait se lever le matin à six heures, aller au travail, faire ça bien, sortir boire un verre, jouer au billard, rire, rencontrer de nouvelles personnes, s'éclater… Elle voulait être autre part, loin, dans sa vie. Mais il ne lui restait que les souvenirs poussiéreux et l'Apocalypse.

Isha se tortilla en gémissant de douleur, mais elle n'en avait plus rien à faire. Elle était seule avec son père dans sa tête, son frère à terre, sa mère hurlant de rire. Romwell mort, Ethan trop loin.

« Je l’ai… Mets tes mains sur les miennes… s’il te plait… »

Elle ne bougea pas d'un pouce, le dos dans sa direction. Elle ne pouvait pas le regarder. Elle se recroquevilla pour éviter qu'il la touche. Sa folie débordait, mais sa douleur et son chagrin était immense.

"Et quoiqu'il arrive on a notre chalet... il ne peut rien nous arriver si on est dedans tous les deux d'accord? »

Elle bougea sa tête vers lui, le regardant du coin de l'oeil.

- Oublies ça. Ça n'existe pas. Tu peux croire que je m'en sortirai si tu veux. Je te l'ai dis, c'est terminé. Tout ça, c'est terminé.

Elle poussa un long soupire avant de se cogner le front à plusieurs reprises dans le coffre.

- ALLER, ALLER VIENS ME SAIGNER SI T'ES UN PÈRE DIGNE DE CE NOM.

Elle se tourna vers Isha, le regard vide, les joues en feu.

- Quand il ouvrira le coffre, s'il te plait, vas t'en.

Elle cogna ses pieds de plus en plus fort en hurlant à la mort, insultant le conducteur de tout les noms qu'elle pouvait trouver.

Je commence a paniquer en comprenant qu’il n’y a pas de duo possible. Je me sens seul comme jamais. Mon plan était bancal, mais il existait et nécessitait une équipe. Là, j’ai presque envie de chialer de ne pas réussir à lui faire entendre raison. On a pas le temps de pinailler, le vieux pour se ramener à tout moment surtout que je ne sens plus la caisse bouger. Fait chier !

« Ava putain !! Comment tu veux que je me barre attaché comme ça !!??? Arrête de de déconner file moi tes mains !!!! »

Le coffre s’ouvre sur mon pire cauchemar. Il a l’air content de lui avec son air sadique. Je ferme ma tronche en mon contentant de le fusiller du regard et en flippant de la suite. Il nous fait sa tirade et l’étendre parler comme ça à ma femme me fou en rage. Sauf que le défier c’est garantir qu’il fasse du mal à la Louve. Je le connais trop bien. Je ne peux que serrer les dents pour le moment.

Par contre mes bonnes résolutions quant à mon sang froid s’évaporent quand il attrape Avalohn comme une vieille merde.

« Non putain !!! Non lâches là !! »

J’essaye de me redresser malgré mon épaule ce qui me fait presque crever de douleur. Je suis prêt à tout, même à essayer de lui arracher la pomme d’Adam avec les dents pour la sauver. Sauf qu’a la place de le choper, je me prends surtout la porte de coffre dans la tronche et retombe lourdement dans la bagnole.

« NOOON PUTAIN SI TU LA TOUCHE JE TE SAIGNE !! TU M’ENTENDS ?!!!! »

J’ai beau aboyer des menaces et essayer de cogner le coffre avec mes pieds, rien n’y fait. Je suis au bout de ma vie mais j’essaye de me reprendre. J’ai le clou…. Et je ne vois pas d’autre solution que d’essayer de limer la corde avec. Je me lance dans cette longue entreprise avec tout le désespoir d’une cause perdue au regard du temps que cela me prendra. Je ne peux que prier qu’il ne la touche pas.

HRP:

« Comment résister à ta façon si polie d’exiger ma salope. Attends, c’est quoi la phrase déjà, ah ouai, appelles-moi ta pute, ça sera pareil que de me donner des ordres ? C’est moi ou vous êtes encore attachés ? Bah alors fiston, on t’a seulement coupé les couilles, tes doigts y sont passés aussi, qu’est ce que t’a foutu depuis qu’on est parti ? En tout cas j’espère que vous vous êtes dit au revoir »

Elle déposa ses yeux rouges sur cet homme perfide avant qu'il ne l'a saisisse par la nuque violemment. Elle n'eut pas le temps de lancer un dernier regarder à Isha pour le rassurer, que ça allait aller, quoi qu'il ce passe. Qu'elle l'aimait par dessus tout, mais qu'aujourd'hui, endurer ça, elle ne pouvait pas. Elle ne pouvait plus. Elle avait trop donné, et capituler c'était arrêter ces souffrances psychiques qui la hantaient. Elle était épuisée. À bout… La vie la giflait depuis son premier souffle sans ménagement, et il était temps de partir.


« Bien, la gueularde, t’as le choix, soit t’es toute gentille avec le père de ta vache à lait, soit je zigouille ce petit con qui ne sert à rien dans le coffre. »

Il l'obligea à s'assoir violemment, elle grogna en ayant un mouvement d'épaule pour faire fuir ce contact détestable. Elle regarda le petit feu crépiter devant ses yeux, lui réchauffer son visage rouge et tuméfié. C'était pathétique… Pathétique…

« Tu sais j’ai du respect pour toi, même si c’est un con, tu lui as tellement fait à l’envers que j’ai envie de t’applaudir. Putain le coup du viol pour qu’il te lèche les doigts de pieds ! C’est brillant ! C’est presque triste que je t’ai pas eu comme fille a la place de cet inutile. »

Qu'est ce qu'il racontait… Elle ferma les yeux en respirant doucement, calmant sa tête pleine de rage et de monstre nostalgique. Sa vie se manifestait à tellement peu de chose à ses yeux. À quoi bon rester, alors que tout gâcher était une habitude? Avalohn n'était qu'un pauvre bélier, défonçant ses cornes pour essayer de sortir d'un enclos étouffant. Elle s'en est brisée les os, le coeur, et le cerveau. Plus rien n'avait sa place dans cette terre torturée. Son âme coulait le long de ses lèvres, et son coeur s'éparpillait à ses genoux.

Elle avait beau se battre, se donner, se jeter dans les flammes de l'enfer, rien ne changeait. Tout était pareil…


« T’as faim peut être ? Dis le si tu en veux, sait on jamais je pourrais t’en filer. J’ai rien après toi tu sais, si t’es pas trop conne, et je suis presque sûr que tu es tout sauf conne, c’est bien possible que tu puisses retourner à Carter City a temps pour sauver sa gamine, ton clebs…Alors ma bru, comment vois tu les choses? ».

Elle releva sa tête vers Joshua, dans un regard long, triste et dangereux. Elle releva la tête vers lui en lui scrutant avec mépris.

- Fais ce que tu veux avec moi. J'en ai plus rien à foutre. Mais laisses le. Laisses Isha. Ma vie en échange de la sienne. Tu pourras faire c'que tu m'veux. Être ta pute, me vendre, me bouffer, laver ta merde… Je m'en tape. Mais prends moi à sa place.

Isha avait besoin de sa famille. De Logan, d'Octavia si vivant soit-elle, de sa maison, de ses amis, de ses connaissances… Rien ne retenait Avalohn. Sa famille était morte, et celui qui voulait l'épouser devait maintenant rêver de lui arracher les tripes. C'était comme ça. Autant finir bien. Autant faire les choses correctement. Autant… Autant se donner la mort comme ça. Elle tenait trop à lui. Si elle pouvait faire ce geste, juste ça, elle pourrait partir heureuse et apaisée.

Le sacrifice. C'était ça, l'amour.


Elle aurait voulu qu'Isha l'aime autant qu'elle pouvait l'aimer. C'était tellement immense, infini, et terriblement magnifique. Elle baissa la tête, lâcha une dernière larme qui coula sur le coin de son oeil droit, avant de soupirer longuement.

- Je suis une belle salope, tu l'dis tellement bien. Façonnes moi comme ta fille. J'ai des bases solides, mon baron était exactement comme toi. Mais laisses le… C'est difficile à croire un truc comme ça pour toi, mais je l'aime. C'est comme ça, j'y peux rien. Laisses le. Prends moi.

Et à cet instant précis, à ce moment là, une allumette fut jeter dans l'immense forêt noir de son crâne. Son iris pétillait comme lorsqu'elle régnait sur son Bronx. Elle voulait retourner dans ses travers. Pour le sauver lui.

Pour sauver Isha.

Je suis comme fou dans ce coffre à imaginer le pire pour ma femme. J’ai beau m’égratigner les doigts, la corde ne cède pas et je n’arrive même plus à garder la tête claire. Pourquoi elle ne m’a pas laissé la détacher ? Pourquoi elle ne nous a pas donner cette chance ? Pourquoi ??? J’ai l’impression de devoir me battre seul pour la sauver, sauf que c’est un combat perdu d’avance de lequel je ne peux que me jeter avec l’énergie du désespoir. Ce mec est un monstre, c’est un fou, il n’a aucune limite et je ne suis rien à côté de lui. Il nous a déjà tous écraser quand j’étais môme, mes frères et moi et il est en train de recommencer.

« AVAAAA !!!! »

Je suis désespéré et je n’ai aucune notion du temps quand le coffre s’ouvre à nouveau. Je suis soulagé de la voir en un seul morceau, avec ses fringues et vivante. Je n’ai même pas le temps de croiser son regard que je suis trainé hors du coffre.  Je serre les dents pour ne pas lui donner le plaisir de chialer de douleur devant ce connard.

C’est un putain de sadique. Je le sais. Lui et moi on se connait bien, trop pour que je rentre complétement dans son jeu. Le meilleur moyen pour qu’il nous sorte la tête de l’eau quand il nous « baignait » c’était encore de faire le mort. Plus on se défend, plus on lui montre qu’on a mal, plus il se lâche et va plus loin. Y’a rien de pire pour lui qu’une personne qui ne se débat pas ou qui n’a pas peur. Il se désintéresse vite. Sauf que là, je stresse un peu de savoir vers qui il ira s’il nous laisse tranquille.
Je l’écoute menacer ma femme et me balancer ses trucs qui font écho a beaucoup trop de choses. Il aime bien appuyer là où ça fait mal. Mais je reste stoïque devant lui. Comme quand j’étais gosse. Je m’assois aussi droit que possible à le regarder avec mon œil noir. Je ne compte pas entrer dans son jeu et lui jouer la scène de la panique, surtout que je sais très bien que tout ça à forcément un but.

« On ne va pas y passer la nuit ? Tu veux quoi ? »

Je ne peux que l’écouter en serrant les dents et en m’activant comme je le peux et aussi discrètement que je me peux, avec le clou, sur la corde. Mais putain, apres tout ce temps, il en est encore là. Faut vraiment qu’il aille se faire soigner lui. Sauf que j’evite de le dire à haute voix, je sais qu’il n’y a rien qui lui fait plus péter une durite que l’on lui parle de sa santé mentale. Ma louve est dans le coffre, même si elle n’avait pas baissé les bras, elle n’est pas dans une position où elle pourra fuir sans aide. Je sais qu’il peut vraiment la tuer sans hésiter si ça lui prend. Du coup je préfère fermer ma gueule tant que je n’ai pas les moyens de la mettre en sécurité et de comprendre ce que ce taré veut vraiment.

Il cause de Logan comme s’il le connaissait, pourtant ils ne se sont jamais vraiment croisés non ? Quand je revenais à Noel, je préférais encaisser que de parler de mon tuteur à ce connard de géniteur. C’est pas qu’il en avait des questions sur le mec qui me sauvait de lui. Mais je peux rester la pire bourrique du monde quand je le veux. De même, j’ai toujours religieusement esquivé toutes questions de Logan au sujet des Cornwell, en particulier du vieux. Peu importe les conclusions qu’il tirait de mon silence, je ne voulais pas qu’il se fasse un coup de nerf à vouloir aller lui parler pour se faire crever sournoisement. J’encaisse aussi qu’il parle aussi mal de ma femme. J’aimerais bien dire que ces mots ne m’atteignent pas, mais malheureusement, cela fait écho a pas mal d’angoisses quant aux comportement d’Avalohn. J’essaye de ne pas y penser, j’essaye de ne pas me laisser aller à son piège à la con. Mon vieux à ce don de vous foutre le doute et de vous pourrir la tête. Je reste à le regarder avec une envie furieuse de lui péter sa gueule, enfin d’essayer.

« J'ai déjà un père qui en fait plus pour moi en quelques années que toi depuis ma naissance! Alors ton délire de famille, tu sais où tu peux te le carrer ? Tu peux cracher autant de conneries que tu veux et me trainer avec toi, tu seras jamais plus qu’un mec que j’aurais préféré oublié, quant aux frangins, vus que tu as leurs bagues, j’imagine qu’eux aussi ont eu le droit a ton petit numéro de sauveur ! »

Je me lève comme je peux, il m’a quand même sacrement amoché. Mais je préféré ne pas prendre le risque qu’il retourne chercher Avalohn pour lui en faire bouffer à ma place parce que je fais ma tête de lard.

Joshua mima son fils blablater en se dandinant comme une pucelle. Il n’aimait pas sa réponse, mais il ne s’attendait pas à autre chose de la part d’un couillon borné et stupide pareil. Puisqu’il allait falloir le guérir de Carter, il le ferait. De toute façon, il n’avait pas trop le choix car le voyage serait long s’il devait veiller en permanence que son petit con de chiard ne se barre pas à tous les coins de rue. Il soupira en allant chercher la voiture de la rousse qu’il avait planqué pas loin et en entrainant Isha, par l’épaule blessée, avec lui. Il ne prit même pas la peine d’éteindre le petit feu ou de ramasser les affaires dont il n’avait plus rien à faire. « Bon, tu n’es toujours pas détaché, franchement, je m’attendais à mieux de ta part. Tu vois, au fond, ce n’est pas toi que je sauve vraiment, c’est plus ta nana d’un mariage avec un merdeux pareil qui n’est même pas capable de la protéger et aussi tout tes soi-disant grands amis de Carter City qui rêve de ne plus te voir dans leurs pattes. Parce que tu peux leur mentir à eux, à Carter et même à la greluche que tu niques même pas. Tu peux faire comme si tout allait bien, mais pas à ton vieux père… T’as des voix dans ta tête n’est ce pas? Tu aimes cogner au point de ne plus avoir le contrôle ? Je vais te dire ce que tu es, tu es une bombe à retardement pour ces débiles. » Joshua ouvrit la portière du côté passager et balança Isha dedans sans vraiment s’inquiéter de sa réception. Il lui arracha le clou des doigts pour le lancer loin. « Tu sais, il n’y a pas que toi que j’observe depuis des jours. Carter aussi. Et je pense qu’il ne serait que trop heureux que tu te casses de sa vie pour de bon. »

Il l’attacha avant d’aller à la place du conducteur. « Tu sais que sa nana, la gamine insipide qu’il baisait mais qui le rendait siiiiiii heureux, bah c’est a cause de toi si elle l’a largué comme une vielle merde ? Sans parler de sa gosse, il t’en veut même s’il ne le dit pas ce sale hypocrite. Il sait que tu avais accès à des médocs, que t’a pas été là pour la sauver, pire t’es même pas revenu pour la voir quand il t’a demandé de le faire. D’ailleurs, t’as préféré faire quoi ? Attends, ah mais oui, t’as fait comme avec moi, t’as trouvé un type qui t’offrait plus et t’as craché son ton ancien papa pour en coller un autre ? T’es vraiment un bel enfoiré si on y pense bien. Une pute serait moins vénale et plus constante avec ses réguliers. » Le Renard, avant de démarrer, prit le Talkie-Walkie de son môme. «Après, vu que t’es trop bête pour me croire, je te propose un jeu avant d’aller te faire soigner l’épaule, on va gentiment proposer a Carter de venir te chercher, et si il vient pas, tu sauras enfin qui a raison ici. ».  Il lui tendit l’objet sous le nez : « Et en preuve de ma bonne foi, je te laisse lui dire où trouver ta chienne, il pourra la sauver, mais si tu fais le débile, une mauvaise marche arrière de ma part et je défonce le coffre de l’autre voiture. Ça fera de la purée de Louve. ». Il regarda bien son fils dans les yeux pour être sur qu’il imprime bien son plan. « Tu vas lui dire que tu as une panne et qu’il faut qu’il vienne vous chercher. On le recontactera plus tard pour lui donner d’autres infos pour qu’il te trouve, s’il a envie de le faire. Et n’oublie pas, un mot de travers et on aura du tartare de salope au menu. Ensuite je n’aurais plus qu’à aller chercher l’autre gonzesse pour jouer avec.»

Je me serais bien marré sur le fait que mon vieux était du genre à baver autant que Bruce. Sauf que ce qu’il me dit fait mal, plus que lorsque qu’il me soulève par l’épaule pour me balancer dans une autre voiture que j’avais pas vu. J’ai un moment de panique en percutant que c’est celle de Maddie. Putain, pourvu qu’il l’ait seulement tirée. Il avait pas dit un truc sur une rousse tout à l’heure ? J’ai juste la nausée en imaginant qu’il aurait pu faire comme à Jéricho. Il continu à ouvrir son clapet a merde, a vomir de l’acide sur des plaies pas encore bien refermées. Comment sait il pour les voix ???

J’essaye de rester impassible mais je suis pratiquement sûr que je me suis trahie. Je ne sais même pas pourquoi Joy et Logan ne sont plus ensemble. Et si c’était vrai ? Et si c’était de ma faute ? Il me met un doute affreux. Pour choupette, il appuis seulement là où ça fait mal, je me passe en boucle ce moment où j’aurais dû suivre Logan pour la revoir. Je pense que je porterais ça jusqu’à ma mort qui semble se rapprocher à grand pas. Il ne m’a pas répondu sur mes frères. J’imagine que c’est une réponse en soit. Quand il me parler de Bruce, j’ai vraiment envie de lui dire de se la fermer. Il ne capte rien à rien ! Mais à part le fusiller du regard, je ne sais rien faire tant qu’il peut encore faire du mal à Avalohn. Qu’il l’abandonne derrière nous m’angoisse autant que cela me rassure.

De toute façon, pour le moment il me tient, mais je trouverais un moyen de lui échapper. Parce qu’il peut dire tout ce qu’il veut. Je sais que Logan ne m’abandonnera pas, même si je le mérite. Il me l’a déjà prouvé. Il viendra me chercher, sauf que je ne suis pas sûr d’avoir envie qu’il se fasse piéger par mon vieux. Il faut que je trouve une solution rapidement. Quand mon géniteur me demande de « l’inviter » par Talkie, je reste à le regarder avec des yeux ronds. Oui il n’en a pas qu’après moi et si j’obtempère, je vais foutre Logan en danger comme j’ai déjà mis Avalohn et peut être Maddie. Quand il parle d’aller chercher « l’autre gonzesse » je capte immédiatement qu’il parle de Joey. Quoique ce fasse, il va impliquer d’autre personne. Je lui fais signe que je suis prêt en me demandant s’il se rend compte de l’heure et que son histoire de panne est encore plus bancale que le reste. Je prends une bonne respiration quand il appui sur le bouton :

« Carter ? Cornwell pour Carter ... Cornwell pour Carter... »

Je regarde mon vieux avec un air de chien battu un peu désespéré. Comment ça va se finir pour Avalohn s’il n’a pas ce qu’il veut maintenant ? Si je n’arrive pas à gagner un peu de temps pour trouver une solution.

« Isha ? »

Je sursaute en entendant la voix encore endormie de Logan. Je vois le vieux jubiler. Je n’ai plus le choix. Je vais devoir trahir Loagn pour gagner un peu de temps et essayer de sauver quelques vies. J’espère juste qu’il me comprendra et qu’il arrivera à me pardonner.

« Carter ? J’ai une merde, avec Ava on est en panne sur Machette Road, tu peux venir nous chercher histoire qu’on ne se fasse pas une soirée à la belle étoile ? »

J’ai une voix blanche je ne peux qu’espérer qu’il comprenne qu’il y a une merde, qu’il ne vienne pas sans se méfier au cas où mon vieux ait prévu de le piéger. Il sait que l’on devait garder Octavia, il sait que je ne l’appelle jamais quand j’ai un vrai problème et encore plus qu’une panne, je pourrais gérer comme un grand. Je serre le cul pour qu’il ne creuse pas au Talkie, pour qu’il capte que je ne peux pas parler.