Le sauvetage des jardins s'est, ma foi, plutôt bien passé. Bien que Logan n'est clairement pas la main verte, il a tout fait pour m'aider à protéger nos cultures. Il a, tout comme moi, compris que le plus important ici, face à cette tempête, ce n'est pas forcément les bâtiments. Car, dans le fond... Avoir un toit, c'est bien. Mais, si l'on a plus rien à se mettre sous la dent, c'est la mort assurée.
Ce que l'on a fait n'est pas vraiment du travail d'expert. Peut-être que les bâches seront emportées par le vent et qu'on aura tout foiré, mais... On aura, dans ce cas-là, au moins eu le mérite d'avoir mis tous nos efforts dans de belles tentatives. M'enfin ! Ne soyons pas pessimistes. Il n'y a pas de raisons que notre petite mission chouchoutage de plantations rate.

Essuyant mes mains pleines de terre sur le tissu de mon pantalon, je n'ai, et Logan non plus, pas tarder à chercher quoi faire ou qui aider une fois mon premier travail terminé. Et c'est ainsi que je suis tombée sur Juliet, seule, tentant de gérer les animaux de la ferme improvisée, plus ou moins apeurés et donc plus ou moins intenables.
Passant par-dessus la barrière du petit enclos, je pose une main sur son épaule pour marquer ma présence.
- Besoin d'aide ?

C’était un peu à contrecœur que Juliet avait laissé Isha tout seul avec Octavia et Kathie, mais elle n’avait pas vraiment eu le choix quand elle avait pensé aux animaux de la ferme, qui devaient être paniqués face aux fortes rafales de vent qui soufflaient sur les rues de Fort Hope. Elle ignorait si quelqu’un avait pris la peine de mettre les bêtes en sécurité, mais il n’y avait sans doute qu’un seul moyen de le savoir : aller voir par elle-même. Elle s’était vêtue pour lutter contre les éléments déchaînés, et après un dernier regard, Juliet quitta malgré elle l’infirmerie pour rejoindre la ferme.

Ce n’était pas aisé de braver les brusques bourrasques de vent, mais à force de patience, elle finit par rejoindre l’enclos des animaux dont les cris n’auguraient rien de bon. La brune se fraya un chemin à travers les animaux, cherchant à les rassurer comme elle le pouvait, malgré ses faibles connaissances en la matière. Elle était en train d’essayer d’attraper une poule, lorsqu’elle sentit une main se refermer sur son épaule, la faisant sursauter malgré elle. Jules se retourna vivement pour que son regard azur tombe sur Lana, qui lui proposait son aide. La brune accepta d’un vigoureux hochement de tête. « -Je veux bien oui…je pensais les ramener dans la pool house d’Isha, les animaux y seront à l’abri ! » C’était le seul endroit auquel elle avait pensé, après tout, c’était là que le mécano et elle avaient parqué les animaux quand ils étaient arrivés à Fort Hope. Elle parvint finalement à attraper l’un de ces foutus poulets, et sans attendre, elle rejoignit la maison d’Isha, dans laquelle il serait à l’abri.

Ma question a sonné comme une évidence. Juliet a besoin d'aide, cela se voit et se ressent. Ce n'est donc que peu surprise que j'acquiesce à sa réponse. La maison d'Isha semble en effet être une bonne idée. Un peu plus grande et spacieuse que les autres, robuste... Je doute fort que la tempête la fasse s'écrouler comme un vulgaire château de cartes. Les bêtes y seront en sécurité et auront un minimum d'espace vital. Que demander de plus, en vue de la situation ?

Les animaux sont déchaînés. Comment ne pas les comprendre, dans un sens ? Les pauvres ne doivent pas comprendre ce qu'il se trame et cela ne leur plaît absolument pas.

Si mon amie s'est mise en tête de commencer par les poulets, je pense, personnellement, aux plus grosses des bêtes. Mieux vaut protéger les quatre chevaux du camp en premier lieu. Pourquoi ? Hmm... Avez-vous déjà vu un étalon qui se cabre avant de fuir et faire des dégâts considérables sous l'effet de la panique ? Non ? Eh bien croyez-moi que vous préférez avoir un poulet affolé qui coure partout dans les rues qu'un cheval. Vraiment. Sans oublier les deux pauvres petites chèvres qui bêlent de peur. Ah... Ils me font tous mal au coeur.

Licolant vulgairement les canassons à l'aide d'une corde chacun, je tente de les mettre en confiance au maximum en leur accordant quelques caresses à l'encolure et des mots doux.
- Là, tout doux... On va vous mettre au sec.
J'enroule l’embout des cordes autour de la barrière, afin que les trois autres ne tentent pas de quitter l'enclos lorsque j'en ouvrirai le portique pour faire un premier aller et afin de gagner du temps pour les prochains voyages. Il n'y aura qu'à dénoué la cordelette et tirer l'équidé jusqu'à son boxe provisoir.

Croisant Juliet sur le chemin, je lui indique ma manœuvre et lui conseille, donc, de favoriser les chevaux avant le reste pour son prochain trajet. Je me permets, au passage, un faible instant de "mère inquiète".
- Sinon... Katie se porte bien ? Je... Merci de t'en charger, avec Isha.