S’ennuyer ? Comment peut-on s’ennuyer lorsque le ciel nous tombe sur la tête ? Je ne comprenais pas ce que me disait Cameron, lorsqu’elle me disait de me bouger. Bien sûr que je m’activais, mais au cas où elle ne l’aurait pas remarqué, je cherchais moi-même quoi faire pour aider son manoir à survivre. Ouaip. J’appelais ça un manoir. C’était une grande bâtisse du style… Je n’en sais rien en fait. C’était grand. J’étais encore sous le choc de Bobby, une espèce de monstre qui à n’en pas douter m’arracherai la tête si je l’embêtais un peu de trop. D’ailleurs, lorsque Joy a fait les présentations, j’ai failli ajouter que j’étais un ami de sa fille, afin d’être sûr qu’il ne croit pas que l’on grille le couvre-feu Cameron et moi. Mais primo, les parents de Joy devaient être moins… Comment dire… Ils ne ressemblaient pas à la chose des 4 fantastiques ! Deuxio, je n’avais pas à me justifier. Troisio, je n’avais pas le temps de me justifier ! Elle proposait que l’on fasse la course. J’avisais mon marteau dans les mains, et les planches que Bobby m’avait tendues, calée sous mon bras. Je lève les yeux au ciel en me disant qu’on allait tous y passer si elle agissait avec autant de légèreté.

« Si on oubliait la course, et que l’on se contentait de faire ce qu’on a demandé sans nous blesser ? Parce que je te rappelle que dans le genre bricolage, je suis loin d’être au top. » Je pose les planches à côtés d’une grande fenêtre et la regarde. Ça allait être difficile de la renforcer en entière. Je glisse un clou entre mes dents et garde l’autre dans la main. Je cale une planche contre ladite fenêtre et commence à enfoncer mon clou. Le vent s’agitait de plus en plus dehors. Je décidais de me hâter. « Tu crois que cette tempête va déranger les morts ? Je veux dire… Ils doivent pas trop apprécier, si ? »

La voici à me taquiner sur ma façon de bricoler… Il faut dire que lorsque j’achetais des meubles, dans ma vie antérieure, c’était du sur mesure, monté par des artisans à même ma maison. J’avais très peu bricolé depuis mon adolescence. Et encore, lorsque je le faisais, c’était à contre-cœur car mon père m’y obligeais. Si je suis parvenu à ma place, il y a de ça bien des années, j’y suis parvenu seul, sans l’aide de quiconque. Alors je ne sais pas construire UNE palissade, mais j’ai mené tellement de projet que j’aurai su coordonner une équipe pour qu’ils le fassent en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Seulement, depuis que c’est chacun pour soi, plus personne ne prend en compte l’effort collectif. Plus réellement en tout cas. La jalousie, l’instinct nous guident de trop. J’ai toujours entendu dire qu’on ira plus loin avec un idiot qui avance qu’avec un intellectuel qui réfléchit. Mais lorsque l’intellectuel parvient à fédérer les idiots pour qu’ils fabriquent des voitures, ils iront tous plus loin. Eh bien c’était exactement ce que je faisais.

« Monsieur le bureaucrate, tu sais ce qu’il te dit ? Rends toi utile. Passe-moi le marteau et un clou. » J’attrape l’outil de ses mains et place un clou à l’autre extrémité de la planche qu’elle avait commencé à fixer. Je l’écoute me parler des morts qui volent. Je n’avais pas réfléchi à la question. Et le destin a décidé de me changer les idées complétement. Au moment d’enfoncer le clou, ce dernier glisse et je me prends le marteau sur le bout du doigt. Lâchant le marteau par surprise, afin de porter mon pouce à ma bouche, ce dernier atterris sur mon pied. Je retombe sur les fesses en me disant qu’effectivement, le bricolage n’était vraiment pas fait pour moi. « Je crois bien que je vais me mettre en accident du travail. »

Mais pas de repos, y compris pour les blessés. Le vent se mit à souffler de plus belle, manquant de décrocher la planche qu’elle avait commencé à fixer. Je me relève d’un sursaut et la maintiens en place. « Vas-y, fixe là ! » Je savais que mes récentes blessures n’étaient pas si grave. Je vais avoir un pinçon sur le pouce. Pour le pied, j’ai surtout été surpris mais la botte à encaissé le plus gros du choc.

Au plus grand plaisir de Joy, je me blessait, ce qui valut à mon « amie » d’éclater de rire. Je me retenais déjà d’insulter le marteau, mais je n’eus qu’une envie, partir en boudant. Je me retins. J’avais une réputation à tenir, quoique déjà pas mal émietté. « ça va ça va… Finissons en une bonne fois pour toute, que je puisse vite partir ! Je sens que dehors c’est clairement moins dangereux que ce marteau. » finis-je en bougonnant et reprenant la besogne, ignorant la douleur.

En un rien de temps, nous fûmes efficaces. Elle savait frapper du marteau, pour sûr. J’avais juste à fignoler. Elle m’indique qu’elle était contente que je sois là. Je ne sais pas réagir autrement que par un hochement de tête. « J’avais nulle part où aller. Et ma maison est prévue pour résister aux tempêtes de ce genre ainsi qu’aux séismes. Et puis… Elle est bien trop vide à mon goût. Sans électricité, ce n’est qu’un endroit où dormir. » informais-je. Le défaut du trop-plein de modernité. Et surtout une façon de dévier le sujet. Je n’étais pas plus doué qu’elle pour exprimer ce que je ressentais. Mes actes parlaient d’eux-mêmes. Elle consulte mon avis sur la qualité de notre barricade. Je fais une moue et la regarde « J’en sais rien. Ça ne peut pas être pire, si ? » répondis-je simplement. Voilà la totalité de mon avis d’expert.

« Merde ! J’ai oublié mon arc un peu plus loin. Continue d’aller vers les autres ! Je vous rejoins ! » lui informais-je, faisant demi-tour pour rechercher mon bien. J’entends soudainement le vent se faire vraiment violent, alors que j’étais sur le retour. Je m’approchais d’une des fenêtres barricadées du couloir pour mieux voir. Je n’eut le temps que de bondir lorsque le tout se mis à craquer et s’effondrer sur moi, m’assommant.

[RP CLOS – REPRISE DANS LE RP DE GROUPE]