Inutile de vous raconter ce qu'était auparavant la vie que je menais. Comme vous le savez, je n'aime pas parler du passé mais pour faire bref, j'étais un jeune adulte banal, j'étudiais en soins infirmiers et depuis que ma mère avait découvert mon orientation sexuelle, elle m'avait rayé de sa vie. Je ne le vous cache pas, j'étais et je suis encore gay. Gay, drogué, alcoolique.. ouais, j'étais tout ça. La honte de la famille parfaite ! Je devais avoir quinze ans quand je me suis retrouvé à la rue, ensuite en centre jeunesse, en désintoxication et en famille d'accueil. Une vraie vie de merde ! Par contre, avec de l'aide j'arriva à me redresser les manches et à changer d'horizon, ce qui me guida à dénicher un cours en soins infirmiers.

Quand l'apocalypse frappa a Détroit, je n'avais personne d'autre que Sebastien mon petit ami. Ma mère avait définitivement coupé les ponts depuis cinq ans et je ne voulais pas non plus lui reparler, et comme mon père lui était soumis il avait fait de même. De plus, ils vivaient à Chicago alors les communications étaient coupées depuis tout ce temps.

Revenons-en à nos moutons. Lorsque la ville de Détroit tomba, Sebastien et moi nous nous étions réfugiés dans un hôtel avec plusieurs survivants. Les policiers barricadaient les rues et protégeaient encore quelques endroits non touchés. Ainsi, les semaines passèrent et les choses tournaient de moins en moins bien. Les forces de l'ordre pliaient bagages. Les survivants de l'hôtel commençaient à se disputer les rations de nourriture qui se faisaient minime. Nous sommes restés enfermés dans cet hôtel au moins un mois complet. Ce n'était pas fait pour durer ; Des hordes de zombies se sont introduites à force de marteler les fenêtres et les portes en vitre de l'entrée. La panique fût au rendez-vous, et malheureusement Sebastien fût la victime d'un de ces rôdeurs. Moi, dépourvu de repaire je ne savais plus quoi faire donc j'ai quitté l'hôtel où je nichais depuis le dernier mois et j'ai constaté les dégâts ; boutiques brûlées, cadavres humains jonchant le sol, fumée noire qui maculait le ciel et plusieurs zombies rôdant dans les rues, mangeant les dépouilles de leur semblable. C'était l'horreur.. sans doute la chose la plus épouvantable qui me soit arrivé. Où pouvais-je aller ? Il n'y avait plus d'endroits sécurisés, les militaires ne protégeaient plus mon quartier et les zombies m'avaient repérés.. par chance, j'avais gardé sur moi une hache que j'avais déniché dans l'hôtel. Premier coup ; une femme morte-vivante balançait son corps déambulant vers moi et grognait, son visage était affreux et ternis d'une teinte malade, ses yeux semblaient exorbités... Je n'en avais jamais vu un d'aussi près. Malgré la peur que je ressentais, je devais affronter cette réalité en face. J'empoigna ma hache bien solidement - si solidement que la paume de ma main me faisait souffrir - et j'attendis que cette chose s'approche de moi pour balancer ma hache contre son épaule pour la blesser. Aucun résultat. Elle revint en charge, en grognant encore plus férocement, et les autres rôdeurs se mettaient à avancer en ma direction également. BANG ! Un second coup de hache, mais cette fois-ci contre son crâne. Ce dernier explosa sur le côté gauche, et la femme tomba au sol, inerte. -Il faut donc viser la tête- je me répétais cette phrase en boucle.. Suite à ces événements, j'étais parvenu à m'enfuir du quartier et je m'étais dirigé dans le stationnement où j'avais laissé ma voiture quelques semaines plus tôt. Les clés étaient dans mon sac à dos, je les avais gardés en cas d'urgence, comme quelques autres bricoles qui pourraient m'être utiles. Ma voiture était pleine d'essence, un autre coup de chance pour moi. J'avais roulé tellement longtemps à travers les décombres des villes, et maintenant je roulais sur une route de campagne où tout semblait normal. Une vieille musique des beattles jouait en arrière-plan, et à cet instant j'en arriva presque à oublier que la fin du monde avait frappée. Au fond d'un champ de blé qui s'étendait sur des âcres nombreux, je distingua au loin une petite maisonnette qui semblait abandonnée. Prudemment, après m'être garé plus loin, j'entra sans prévenir et observa les lieux ; aucun mort-vivant dans les parages. C'est là que j'avais élu domicile pendant tout ce temps, seul... à l'abris des zombies. Par chance, je savais traquer les lièvres et les bêtes de ce genre. Il y avait d'ailleurs une petite rivière en amont, derrière les bois. Elle n'était qu'à cinq minutes de ma demeure. Pour boire, je faisais bouillir l'eau dans une casserole et j'étais donc sûr de ne pas m'empoisonner. Mon briquet de butane m'avait été très utile, surtout puisque dans cette cabane, il y avait une grosse réserve de butane ( le poêle fonctionnait au butane ) j'ai donc pu remplir mon briquet plusieurs fois pour me faire du feu et faire cuire mes prises - la chance me souriait un peu trop... et je l'ai vite compris lorsqu'une horde de morts-vivants s'était dirigée droit vers moi... cela faisait longtemps que je n'en avais pas vu autant.. habituellement j'en tuais deux ou trois égarés par semaine, mais là une horde d'environ trente rôdeurs se dirigeait sur moi. Je ne pouvais pas rester là... il fallait que je m'enfuis. Seul, je n'y serais jamais parvenu. Ma voiture manquait d'essence, alors il fallût que je m'enfuis à la course, à travers les bois avec juste mon sac-à-dos et ma hache comme arme.

Les jours passèrent...

Après m'être enfui de la campagne, je n'avais nulle part où aller. Le jour, je marchais à la recherche de provisions, me cachant des zombies du mieux que je le pouvais et en évitant les chemins menant à de trop grosses parties de la ville - qui seraient sûrement envahies par des centaines de morts-vivants. À la nuit tombée, je me cachais dans des épiceries, dans des maisons... J'étais un sans-abris au sens propre, et les seuls survivants que je croisais avaient l'air autant mal en point que moi. Je ne vous cache pas que je préférais les éviter.. ils auraient pu me prendre tout ce que j'avais ! De plus, je m'étais énormément éloigné de Détroit, lorsque j'étais à la campagne je devais être à environ une quarantaine de kilomètres. De nombreuses semaines défilèrent sans que je m'en aperçoive, et plus je marchais, plus je revenais vers Détroit. Je connaissais ma géographie et je savais qu'en retournant à Détroit il y aurait un truc bien. Je ne savais pas encore que j'allais élire domicile à Fort Hope. Par chance, je savais me battre. J'avais également des compétences en médecine comme vous le savez, et il m'était arrivé de me blesser quelques fois.. je savais comment me soigner, comment me nourrir et comment me battre, trois atouts important en cas d'apocalypse.. cependant, l'eau était la seule chose que je ne pouvais me procurer facilement. Et au beau milieu d'une ville, les points d'eau étaient plutôt rares.

C'est au bout de plusieurs semaines à errer, à me cacher dans des endroits divers et en me nourrissant des conserves des supers-marchés, que je croisa finalement la route de survivants. Ils étaient trois, deux hommes et une femme. À ce moment là, j'étais tout près de Grosse Pointe Park. Il y avait donc d'autres survivants, et ils semblaient pas mal sûrs d'eux. Ils n'étaient pas sales, ils étaient bien arrangés et propres. Donc, forcément il devait y avoir un endroit sûr où les gens pouvaient avoir l'esprit tranquille... quoique avec les morts qui zigzaguaient dans les rues, nos esprits ne seraient plus jamais tranquilles.

Avec assurance, je les salua et leur raconta mon parcours et au bout de quelques instants, il me demandèrent de rejoindre Fort Hope, leur communauté.

Depuis ce temps, j'habite là avec les résidents de Fort-Hope. Cela fait quelques mois déja, et en apportant mon aide aux malades et en cuisinant quelques repas avec les autres je me sens à ma place. Mais comme on dit, rien n'est fait pour durer... et en ces temps difficiles j'y crois.