Pretty little girl, you're so cute...

Ce matin, le réveil avait encore été difficile. A l’aube du jour, les hennissements de trompette m’avait tiré d’un sommeil réparateur, bien nécessaire. La jument trépignait et lançait des coups de sabots contre la porte de la grande dans laquelle je m’étais cachée pour la nuit. Cela faisait une petite semaine que j’étais cachée ici pour mes nuits. Surement déjà trop, mais le matelas confortable de paille, la ration alimentaire présente pour Trompette et le foin permettant de me réchauffer, l’endroit m’avait tellement plu que je n’avais pu résister à m’y établir un peu plus sérieusement. Grognant, de mauvaise humeur par ce réveil matinal, j’attrapais le licol de Trompette pour lui passer autour de la tête.

- Du calme Tromp’, tu sais très bien que j’aime pas être réveillée le matin. Recule toi, je m’en charge.

J’éloignais la jument en lui tapant sur le postérieur. Attrapant mon arc, et mes flèches, je fis sauter la barre de bois qui empêchait l’ouverture des portes principales en me reculant rapidement. A ce moment là, la porte claqua, s’ouvrant sérieusement sur une armée de mort.

- Et merde putain, ils sont obligés de s’agglutiner comme des abeilles ces dépravés ?!

Jurais-je en fronçant les sourcils et en armant une première flèche. Fermant un œil, je décochais la première qui se figea au milieu des deux yeux du premier dépravé. Sans perdre de temps, j’en attrapais une nouvelle qui à peine une seconde plus tard, empalait un mort contre le mur. La troisième et quatrième flèche furent pour deux autres dépravés. La cinquième, la sixième et la septième en tuèrent un autre, plus coriace et vif. Il restait encore trois morts. Mais plus qu’une flèche. Les deux autres étaient tombées alors que j’empoignais mon carquois.

Le combat au corps à corps était donc inévitable. Soufflant, je me ruais sur le premier pour lui enfoncer ma flèche en plein dans le crâne. Le deuxième était encore loin, tandis que l’autre m’attrapa par derrière, tirant mes cheveux pour rapprocher mon épaules de sa gueule. D’un geste rempli de force, je transperçais son crâne avec la même flèche, le laissant s’écraser sur moi et déverser son sang moisi sur mes vêtements et mes cheveux.

Etouffée par le poids du cadavre, le dernier dépravé ne s’intéressait plus à moi, mais à Trompette qui lançait des coups de culs à tout va. Le temps que j’arrive à me dégager, elle avait déjà asséné un coup de sabot mortel en pleine tête du mort.

- Bien joué Tromp’.

Soufflais-je à bout de souffle. J’étais collante, et pleine de sang. Sans parler de mes cheveux, déjà emmêlés, qui était maintenant visqueux d’un liquide plutôt... Dégoutant. Et la grange était remplie de mort, puant. Je soufflais, légèrement déçue du résultat. Je m’avançais vers le dernier dépravé, qui tentait de m’attraper malgré la flèche qui le clouait au mur. J’enfonçais d’un coup sec ma dernière arme dans son crâne, ce qui le fit tomber raide mort. Définitivement.

- Fais chier.

Sifflais-je en récupérant mes flèches. On avait plus qu’à décamper Trompette et moi. Il ne restait plus rien de potable dans cette grange. Embarquant un peu de foin en réserve, tout en faisant mon sac, je grimpais sur la jument, à la recherche d’une nouvelle maison. Quelques heures après, j’avais trouvé une petite cabane dans la forêt, qui faisait largement l’affaire. Elle avait déjà été habitée, je ne pourrais certainement pas y rester longtemps, mais pour la journée et la nuit, ce serait parfait.

Laissant ma jument là bas, je pris simplement mon sac, mon carquois et mon arc pour me diriger vers la ville. Il fallait absolument que je trouve un savon et un shampoing pour rattraper cette horreur. Je me sentais poisseuse et à la limite de vomir, rien qu’en regardant mon reflet dans une glace.

Quelques dzaines de minutes plus tard, j’étais déjà arrivée dans une boutique qui semblait parfaite. C’était une boutique de cosmétique. Certains produits m’auraient certainement tenté, hors temps d’apocalypse. Mais clairement, ce n’était pas le moment de faire ça. Ne trouvant plus de savon ni de shampoing, je filais dans l’arrière boutique pour rejoindre la réserve. Bingo.

Alors que j’attrapais un carton, plein à craquer de produit de bain, l’une des étagères grinça et s’effondra, provoquant un raffut monstre.

- Eh merde !

Un cri retentit, suivi de grognement de zombies. C’est pas possible, c’est vraiment pas ma journée. Sifflant à la porte, je fis signe à la jeune femme qui se trouvait elle aussi dans la boutique de venir se réfugier dans la réserve, où nous pourrons bloquer la porte grâce à des cartons.

- Magne toi si tu veux pas finir en rôti.

Mais le phénomène qui se présenta devant moi était tout simplement... Incroyable. Pomponnée, maquillée, bien coiffée et habillé. Je devais rêver. Presque comme si l’apocalypse n’était jamais arrivée. Je la regardais donc de haut en bas, interdite, avant de finir par lui demander.

- Tu sors tout droit d’un magazine de mode ou quoi ?

Pretty little girl, you're so cute...

Cet énergumène semblait légèrement.. Provocateur. Elle semblait toute pomponnée et méprisante, mais l’invitation était déjà formulée, donc je n’avais pas le choix que de la faire rentrer. Parfois, l’apparence était trompeuse. Même si là, j’avais un petit doute sur la personne. Lorsqu’elle entra à l’intérieur, je vis une bonne grosse dizaine de dépravés arriver. Peut être même plus, je ne voyais pas à l’arrière de la troupe. En gros, les combattre était suicidaire. Surtout seule. Oui seule, parce qu’à part si elle tient un talon aiguille en arme mortel, je vois mal ce genre de fille aller au front. Et se souiller. Je poussais donc la porte pour fermer à clé, puis déplaçait un meuble pour nous mettre à l’abri. Acceptant mon aide, la jeune femme m’aida ensuite à bloquer la porte.

- Phoebe... Warner ?

Articulais-je en réfléchissant. J’étais censé la connaître ? Je ne voyais absolument pas d’où. J’espérais que je ne l’avais pas rencontrée avant l’épidémie, parce que je n’avais aucune envie de replonger dans mon passé. Protégeant ce côté là, j’haussais les épaules en soupirant, un air faussement désolé.

- Désolé, je connais pas.

Apparemment, c’était la mauvaise réponse. Mais pour être entièrement franche, je m’en fichais pas mal. Vu sa dégaine, c’était peut être une ancienne petite starlette capricieuse. En tout cas, si elle ne s’appelait pas Beyonce ou Rihanna, elle n’était pas assez connue pour que je la connaisse. Me laissant tomber à côté du carton rempli de savons de toutes sortes et en direction de toutes les parties du corps, je soupirais en regardant les multiples différences de flacon.

- Soin nutrition, soin vivifiant, soin... Anti-pellicule.. Brillant ? Non mais franchement, c’est quoi la réelle différence entre tous ces shampoings ? Y’en a un qui nettoie mieux ?

Franchement, je n’en avais aucune idée. Et je me fichais de s’ils nourrissaient mes cheveux, les faisaient briller ou n’importe quoi d’autre. Ca m’aurait peut être un minimum importé si l’épidémie n’avait pas eu lieu, mais maintenant, de toute manière, la brillance des cheveux ne servait à rien.

Je relevais le nez à la question improbable de la jeune femme. Est-ce qu’elle préférait réellement être de l’autre côté de la porte ? Porte qui, d’ailleurs, craquait dangereusement. Les dépravés continuaient de taper et de la pousser. Heureusement que nous avions mis de quoi la bloquer.

- A part si tu préfères retrouver quelques copains dehors, oui, il vaut mieux rester ici. Mais je ne te retiendrais pas, je t’en prie.

Je fis un geste de tête vers la porte, l’invitant à sortir. Personnellement, je préférais jouer la sureté, pour une fois, et rester coincé ici. Elle n’avait pas d’arme, elle ne s’emblait pas dangereuse et, de toute manière, si elle l’était, j’aurais vite fait de dégainer mon arc et de lui coller une flèche entre les deux yeux.

- Enfin, à part si ton apparence est trompeuse et que tu manies une arme que tu as sur toi à la perfection. Là, peut être pourrait-on envisager un combat. Peut être.

Après tout, je ne la connaissais pas. Si elle m’abattait par derrière, j’aurais l’air bien bête. Même si, vu mon état, je dirais qu’elle refuserait de s’approcher de moi, mais au cas où, certaines jouaient très bien la comédie. Et je n’avais pas envie de courir des risques inutiles.