Un beau début de matinée, il doit être entre 9h30 et 10h00. Le mois d'avril montre son nez avec un jour timide. Mon frère et moi sommes arrivés à trouver un endroit pas trop mal sécurisé pour passer la nuit, même si elle fut tout de même assez courte. A l'aube Aaron vient me bousculer pour m'éveiller, même si je me contentais à vrai dire juste de somnoler. Il me dit gentiment de m'activer car il faut bientôt reprendre la route. Je me lève difficilement, faisant craquer mon dos en grognant, pas très confortable comme d'habitude... J'observe les alentours, ce lieu m'est familier, mais familier que de vue, comme une rue qu'on aurait dût traverser une ou deux fois. Je sais qu'il y a un magnifique lac à un petit quart d'heure à pied. J'y aller pour regarder les étoiles du temps où je travaillais encore, comme je finissais tard, il arrivait que je m'arrête un peu pour regarder le ciel. Une envie soudaine d'aller me tremper me prend, c'est vrai que les beaux jours arrivants la transpiration a tendance à faire sentir sa présence, au sens propre du terme. Autant vous dire simplement que je ne sens pas la rose. Je soumets donc à mon frère mon idée. Il râle un peu, justifiant le fait qu'il refuse de bouger par une grosse flemme. Je hausse les épaules en lui disant que j’essaierais de revenir le plus vite possible. Je prends donc mes vêtements et mon poing américain au cas où j'ai besoin de me défendre. J'enfile mon perfecto d'un geste des épaules et je fais un signe de la main à mon frère avant de partir. Je me penche vers Shadow, lui offrant une caresse et lui demandant de veiller sur mon frère pour moi.

Les rues sont plutôt paisibles, le manteau brumeux d'une nuit de printemps enveloppe encore les murs en ruine des maisons aux alentours. La semelle de mes chaussures frottent contre les gravillons de la routes. Je dois avouer que cette tranquillité de ne rassure pas vraiment... La gorge un peu serrée, je saisi nerveusement mon armes et laisse glisser mes doigts dans les trous. Je passe mon pouce sur le tranchant des pointes, essayant de me rassurer. Autant dire que je n'ai pas traîné la patte j'y suis arrivé en dix minutes.

La, devant moi s’étend un magnifique paysage, l'air frai passe dans les feuilles et sur ma peau. Un frisson me parcourt, je respire un bon coup. Je laisse mes yeux détailler ce qu'il se passe autour de moi, traquant chaque recoins et chaque bruits. Rien, tout est calme. Les oiseaux sifflent au virevoltent au creux des arbres. L'eau reflète le soleil, lui donnant une couleur très clair, la mélodie de ses mouvements est douce et relaxante.  Sur ma droite un tronc creux s'étend, il est nu, sans feuille. Il possède seulement quelques branches. Je m'approche du rivage, regardant à l'horizon. Un sourire nait sur mon visage. Tout est si paisible, la nature est si belle.

Je me dirige ensuite vers le restant de l'arbre mort. Je pends sur une des branches mon perfecto, glissant dans la poche intérieure mon poing américain. Je me redirige vers l'eau, j'enlève un à un mes vêtements. Je laisse glisser mon tee-shirt le long de mes bras, laissant à l'air les muscles de mon torse. L'air mord immédiatement ma peau, je frissonne à nouveau. Je fais cliqueter ma ceinture quand mon jean tombe sur mes chevilles. Puis je me retrouve vite en sous-vêtement. Je m'approche un peu du bord de la rive et commence à y tremper mes vêtements salis. Je brise ce silence qui c'était installé bien avant mon arrivé en agaçant l'eau de mes mouvements. J’essore mes affaires de nouveau à peu près présentables et je les étends sur le tronc que j'ai déjà alourdi de mon lourd manteau de cuir.

L'humidité du sable en dessous de la plante de mes pieds est agréable, j’entends celui-ci grincer sous mes pas. Mes chevilles viennent briser l’immense miroir d'eau devant moi. Elle est glacée ! Je rentre un peu le ventre et crispe mes épaules. Je prends ma respiration et serre les dents, je m'enfonce doucement en couinant. Je tremble légèrement, elle est vraiment gelée. Je laisse mon corps s’enfouir sous la surface de l’eau, commençant petit à petit a apprécier sa caresse.

Encore une nuit bien trop courte … Encore une nuit en solitaire et sans nourriture. Ezra était fatigué, affamé et lui faudrait fouiller plusieurs maisons aujourd’hui s’il comptait se trouver quelques choses à manger. Mais devoir quitter la relative sécurité de son abri ne l’enchantait pas plus que cela. Il n’avait plus le choix, il devait bouger. Il rassembla rapidement ses quelques affaires et prenant toutes les précautions du monde pour ne pas se retrouver nez à nez avec un non-vivant sortie de sa cachette.

Il fallait qu’il change de quartier, ici plus rien d’intéressant. Peut-être qu’en se rapprochant du lac il trouverait des choses soit comestibles, soit utiles. De toutes manières, il n’avait plus rien à perdre.

Rasant les murs et essayant de se faire le plus discret possible, il avança en direction dudit lac. Approchant des rives, il remarqua de l’activité à son bord. Observant de loin, cacher derrière une épave de voiture, il observa un homme faire sa lessive puis entrer dans l’étendue d’eau pour surement ce laver. Ezra ne se rappelait même plus la dernière fois qu'il avait pris une douche, ni d'ailleurs depuis quand il ne s'était pas lavé. Il hésita un bon moment, puis, s’avançant toujours aussi discrètement interpella le baigneur, lorgnant de temps en temps sur la souche d'arbre sur laquelle ce dernier avait entreposé ses affaires.

« C’est dangereux de faire ça tu sais ? Je serais un méchant, j’aurais pu te voler tes affaires, voir même te tuer. Et tout ça sans que tu n’opposes de résistance. C'est tellement facile de se servir et de s’enfuir. Ta veste est si cool, j'aimerais bien avoir la même … »

Ezra fit mine de s’approcher des affaires de son interlocuteur avant d’éclater de rire et de balancer son sac près de l’eau.

« Enfin, tu as de la chance, je ne suis pas un méchant ! Tu ne comptes pas m’égorger j’espère ? »

Il posa ses poings sur ses hanches tout en profitant du moment. Il n’avait pas discuté avec un vivant depuis bien longtemps et pour lui c’était un vrai calvaire. Puis il dirigea son regard sur la personne dans l’eau. Le pauvre homme ne paraissait pas s’attendre à avoir de la visite.

« J’m’appelle Ezra et toi ? C’est safe de se baigner ici ? Y’a pas de truc bizarre qui rôde sous l’eau ? »

Il essaya de paraître le moins menaçant possible, il se doutait bien que s’il avait été à la place du baigneur, il aurait flippé d’être découvert dans cette position inconfortable. Le tatoueur observa les alentours, vérifiant l’absence de mouvement et s’approchant un peu plus du lac.

« L’eau est bonne ? De toute façon, il faudrait que je me débarbouille un peu, je schlingue autant que les morts. Ça te dérange si je te rejoins. Je garderais mes distances ne t’inquiètes pas. »

Le tatoueur lui adressa un clin d’œil sensuel et il commença à se déshabiller. Mais contrairement à son interlocuteur, Ezra posa son sac ainsi que son arme assez près de l’eau, gardant bien son couteau de cuisine en évidence au cas où il y ait du grabuge. Car même s’il paraissait détendu, il craignait toujours une attaque sournoise. Que cette dernière vienne de Morts ou de Vivants, mais dans les deux cas il préférait être prêt. Il possédait si peu de chose, qu’il n’avait pas l’intention de les abandonner si facilement, tout comme ça vie d’ailleurs.

Il se débarrassa de ses chaussures en les semant dans un coin, puis jeta un peu plus loin ses vêtements de sorte que ces derniers ne prennent pas trop l’humidité. D’abord son t-shirt élimé, qui ne ressemblait vraiment plus à rien, puis son jean qui avait encore le mérite de ne pas être déchiré, sans oublier son sous-vêtement qui trôna royalement au-dessus de la pile de frusques. Il s’étira pour délier un peu ses muscles encore endoloris par sa nuit inconfortable et commença à entrer dans l’eau.

« Putain c’qu’elle est froide ! Ma bite va devenir microscopique si je rentre en entier là-dedans ! »

Ezra sourit amicalement, restant un moment dans l’eau jusqu’au mollet, hésitant à entrer plus dans cette dernière.