Je me balade dans les rues, à pieds. J’ai laissé la voiture un peu plus loin, à l’abri des regards. Là j’avais franchement besoin de me dégourdir les jambes. Après m’être légèrement étiré les membres, j’entame un sprint en plein milieu de la rue. Sérieux, si on veut survivre dans ce monde, il faut garder un minimum de forme! Je fais quelques va et viens, à pleine vitesse. La journée s’est plutôt mal passée et j’ai besoin de me défouler.

Je me prépare à débuter un nouveau sprint, quand je remarque soudainement un rôdeur en bordure de route. Elle est dos à moi, mais sa coiffure et ses habits me font foutrement penser à ceux de Ruth. Mon cœur se serre et j’arrête soudain de respirer, mais c’est plus fort que moi, je m’exclame, d’une voix déchiré :

«Ruth?»

La morte-vivante se retourne soudainement vers moi. Son visage est pourri, mais je peux très facilement en déduire qu’il ne s’agit pas du tout de ma maîtresse. Je laisse échapper un soupir de soulagement au moment où le rôdeur décide de venir droit vers moi, plein d’espoir d’avoir enfin trouvé son prochain repas. Je sors immédiatement mon poing américain, que je passe à travers mes doigts et je sors la lame rétractable, qui s’y cache. Pendant une seconde j’ai cru qu’il s’agissait de la femme que j’aime, alors je peux vous dire que ça m’a foutu les émotions en l’air!

Complètement hors de moi, je pousse un cri de colère avant de me ruer sur le monstre et de le frapper à coups de poing, avant de l’achever d’un coup de lame. Puis, j’entends alors du bruit plus loin sur la route et je décide de m’y diriger discrètement. Un autre rôdeur, peut-être?

Je ne mets pas longtemps à apercevoir un homme accompagné d’un garçon. Ils ont abattu un cerf. Ne voyant pas de véhicule autour, je ne peux m’empêcher de me demander comment ils espèrent transporter ce truc…et surtout où? Si ça se trouve, leur campement n’est pas trop loin. Peut-être que si je leur refile un coup de main, ils accepteront de me donner un petit truc à manger ou à boire en échange. Je range alors mon arme, faudrait quand même pas leur faire peur, et je m’approche pour m’adresser à l’adulte :

«Hé! Moi c’est Nathaniel, me tire pas dessus, okay! J'veux juste causer.

Je garde les mains à vue et je ne m’approche pas trop, espérant leur démontrer ma bonne foi…et pouvoir m’enfuir s’ils décident d’essayer de me flinguer!

Vous avez besoin d’un coup de main, ptête?»

L’homme qui s’adresse à moi se présente sous le nom de Michael. Son visage ne m’est pas inconnu, j’ai déjà vu ce type quelque part, mais où? Je me creuse les méninges et soudain ça me reviens. Ce gars c'est Michael Corvin, putain! Un acteur pas mal connu.

«Michael Corvin! J’me disais bien que ta tronche me disais quelque chose.»

Il me demande alors si c’est moi qui ai crié comme un demeuré tout à l’heure.

«Ouais, le demeuré à vu un pourri qu’il a pris pour sa femme, ça secoue, okay. Encore une chance que c'était pas elle.»

Bon, c’est pour ma maitresse que je l’ai pris, ce rôdeur; mais inutile d’insister avec les détails, non? Il est clairement en train de me jauger, il vaut mieux que je passe pour un bon gars si je ne veux pas me retrouver avec une balle entre les deux yeux. Il me laisse clairement savoir qu’ils ont effectivement besoin d’aide pour transporter leur prise, mais qu’ils ne me font pas confiance. Il n’avait pas besoin de me le dire, ça transparait déjà dans tout leur corps. Il m’explique alors qu’il va me faire passer un test en me posant des questions. Il veut savoir combien de pourris j’ai tués, si j’ai tué des vivants et pourquoi. Je ne suis pas certain que la réponse leur plaira, mais là-dessus je préfère me montrer honnête. Après tout je n’ai rien à me reprocher.

«J’en ai tués des tas de ces cannibales, je n’ai jamais compté. Pour les vivants…malheureusement oui j’ai dû en tuer aussi. À chaque fois par légitime défense ou pour protéger quelqu’un. Si tu tiens aux détails, ben une fois j’ai dû tabassé un type. Il était avec un groupe de pillards et il essayait de choper une gamine de notre groupe. Une gamine. Il la menaçait avec un couteau. Je n’ai même pas pris la peine de lui demander ce qu’il lui voulait. Je l'ai frappé jusqu'à ce qu'il ne bouge plus, et je le referais n’importe quand. Mais j’suis pas pour autant un tueur. Ces images elles sont gravées dans ma caboche pour toujours. Et j'aurais tendance à dire que c'est loin d'être mes meilleurs souvenirs.

Et vous?»

Je secoue la tête. Avant tout ça, j’avais participé à plusieurs batailles, c'est vrai, mais jamais je n'avais amoché un type comme celui-là. C’est vrai qu’on ne s’en était jamais pris sérieusement à ma vie ou à celle de mes proches. J’avoue qu’il vaut mieux éviter de faire chier un type qui fait du kickboxing depuis son adolescence. Bon, je ne dis pas que je suis le meilleur combattant qui soit, mais je me débrouille pas mal du tout. Par contre, quand un mec se pointe avec un flingue, là, c’est une autre histoire. J’avoue qu’une arme à feu ne serait pas de trop dans ce monde chaotique, même si je préfère nettement me battre avec mes poings.