Il fait chaud et légèrement humide. C’est exactement le genre de température que je déteste, bien que le froid soit maintenant plus difficile à vivre. L’été, quand l’air est aussi étouffant, il n’y a pas grand-chose à y faire. On a juste envie de se jeter à l’eau! Fraiche, de préférence. J’irai bien faire trempette dans le lac St-Clair, d’ailleurs. Dommage qu’il faille aller chercher de la nourriture. Du coup, on n’a pas trop le temps pour ça. Ce n’est pas la journée idéale pour chasser, mais il me semble avoir aperçu quelques marmottes dans les parages. Quand on sait comment la préparer, la viande de cet animal n’est pas mal du tout, et ça tombe bien, parce que justement je sais la préparer. Je suis en compagnie de Summer, qui a acceptée de m'accompagner, dans les champs. On ne s’est pas encore beaucoup parlé, c’est donc l’occasion ou jamais de faire connaissance.

Je la fixe un moment, je n’ai jamais été très douée pour faire causette avec les Américains, mais elle semble plutôt sympathique. Je lui marmonne, à voix basse, histoire de ne pas effrayer les marmottes :

«Alors, tu faisais quoi, avant tout ça? T'as l’air de savoir te servir d’un arc. T'as déjà chassé?»

Je sais de quoi je parle, puisque le tir à l’arc c’est ma spécialité. La première fois que j’ai tiré avec cette arme, j’ai compris que je ne toucherais plus jamais à un fusil. Ça été comme un coup de foudre et je me suis rapidement passionnée pour la chasse à l’arc. Plus tard, c’est par Cédrick que j’ai été passionnée.

Notre amour était tout sauf un coup de foudre. On s’est connu pendant des années avant que j’ose le lui avouer. Je souris à ce souvenir, mais mon expression s’estompe, alors que je sens le vide qui m’entoure. J’aurais aimé qu’il soit là, avec moi, mais le seul endroit où il m'accompagne encore, c'est dans mes cauchemars. Je ne peux m’empêcher de me demander si elle a perdue des proches, elle aussi. Forcément. Nous avons tous perdus des proches. A-t-elle aussi des cauchemars? A-t-elle eu le cœur brisé? Est-ce que sa famille a été détruite? Je la fixe un moment, réalisant que je suis en train de la dévisager. Je détourne donc le regard et alors que nous avançons dans un champ, mes yeux ne quittent pas le sol droit devant nous, espérant apercevoir une marmotte ou, si on a de la chance, un lièvre! Nous brandissons déjà nos arcs, prête à tirer sur une proie.

Je ne suis peut-être plus avec ma famille, mais au moins j’ai rencontré un petit groupe. C’est vrai que ça me fait du bien de socialiser un peu, histoire que je ne devienne pas dingue, au moins! Ma curiosité ramène mes pensées vers Summer et je ne peux finalement pas m’empêcher de lui poser une question très indiscrète.

«T’arrive à tenir le coup, toi?»