Christopher Lloyd. Je n'aimais pas beaucoup ce type, mais c'était la dernière personne qui me restait. Je n'osait pas demander de l'aide à Mathilde, et les autres étaient tous très occupés. J'avais donc pris mon courage à deux mains pour demander à l'ancien batteur de m'accompagner dans ma quête d'un berceau et de matériel de puériculture. Mon ventre s'arrondissant de jour en jour, je commençais sérieusement à aller chercher les derniers trucs dont j'avais besoin avant d'être clouée au lit. Si au passage j'arrivais à trouver des vêtements de grossesses, ce serait encore mieux.

Il avait accepté, très rapidement. C'était quelqu'un de gentil, au fond, et j'apprendrai peut être à mieux le connaître, qui sait. On s'était donné rendez vous le lendemain matin, pour partir à CornerStone Village. Il y avait un centre commercial, et probablement un berceau dedans.

Le lendemain matin, je me réveillait avec le soleil. Je me levais sans difficulté, presser d'en avoir fini et espérant être rentrer avant la nuit. Je me couvrais chaudement, en essayant de ne pas trop entraver mes mouvements. J'enfilai un gros manteau, qui avait le mérite d'être assez large pour me recouvrir intégralement et d'avoir une grande capuche. Je me lovait dedans comme dans une couverture. C'était une des dernière choses qui me restait de ma vie d'avant. J'aurai préféré n'avoir plus qu'un implant auditif, mais je n'avait pas eu les moyens de le financer. De toute façon, il n'aurait plus de batterie aujourd'hui.

J'attrapais mon sac à dos, mon couteau et un plan de la ville, puis allais pour attendre Christopher dans l'entrée de l'hôtel. J'avais besoin de préparation psychologique, je devais le prévenir qu j'étais sourde. Sait on jamais. Je n'en avait parler à personne à part Mathilde et je ne voulais pas risquer ma peau pour quelque chose d'aussi stupide. Je n'eut pas beaucoup de temps pour réflechir, il arriva rapidement. Je le saluait d'un geste de la main, puis me jetais à l'eau dans trop réfléchir :

«  Avant qu'on parte chercher des trucs dehors ensemble, je préfère te prévenir. Je suis sourde. »

Je resta immobile, le fixant en attendant sa réaction.

Ruth me demande pour aller chercher un berceau ? Moi ? Je suppose qu'elle a besoin de l'homme fort de l’hôtel pour le transporter, sans doute. Mais bon, je ne vais quand même pas dire non à une femme enceinte et puis c'est une mission pour moi, il faut bien que quelqu'un la protège à l’extérieur, je suis sur-qualifié pour ça ! Et puis, je n'ai jamais rien eu contre elle, on a peu discuté c'est vrai, mais elle n'a pas l'air méchante et puis généralement, ce sont les plus timides les plus... Mais je m’égare ! Peut être qu'elle m'en dira un peu plus sur elle demain pendant le voyage, sinon ça risque d'être long si aucun de nous deux ne parle, quoi que... je pourrais très bien faire la conversation tout seul.

Je laisse donc la journée passer et vais me coucher jusqu'au petit matin. J'avoue que me lever avec les premières lueurs de l'aube n'est jamais plaisant mais bon, je lui ai promis de l'aider après tout. Je me relève difficilement hors du lit, et c'est partie. Je prépare mes affaires, des fringues chaude, ma batte de baseball et mon sac à dos et je suis prêt ! Ha non, pas tout à fait, juste le temps d'accrocher mon badge sur ma veste et... Voilà ! Je descends donc jusque devant l'hôtel, essayant de retrouver Ruth du regard et finit par lui faire signe en approchant, tout sourire dans ma doudoune grise et mon badge en évidence. J'allais à peine lui dire bonjours qu'elle prend la parole avant moi.

-Avant qu'on parte chercher des trucs dehors ensemble, je préfère te prévenir. Je suis sourde. 

Je reste un peu bloqué après la révélation, je savais qu'elle n'écoutait pas souvent quand je lui parlais ou qu'elle ne me répondait pas, mais je n'avais jamais pensé à ça. Mais maintenant qu'elle le dit, c'est vrai qu'elle me répondait uniquement quand j'étais face à elle. Sauf que le temps de recalculer tout ça dans ma tête et d'imaginer les répercussions sur notre sécurité pendant l’expédition, j'ai déjà répondu, après tout, qui a besoin de sécurité quand on a une batte de base-ball face à des trucs tout lent qui se brise au premier coup.

-Ça veut dire que t'as jamais entendu ma musique ? Meh, c'est pas grave, je trouverai un CD pour le petit. Une sorte de cadeau de naissance si tu veux.  On se met en route ? 

Je hoche la tête vers elle et me retourne vers la route, je suppose que les berceaux et les CDs ne sont pas ce qui a été le plus pillé dans les centres commerciaux, on devrait s'en sortir, le plus chiant sera de traîner le berceau, mais ça doit bien se trouver encore emballé quelque part dans les stocks. Et puis, je saurais monter un berceau Ikea, je ne suis pas l'homme de l'hôtel pour rien.

Je hochais la tête timidement et commença à marcher sans piper mot. Le silence ne me gênait plus depuis longtemps, et je n'avais pas grand chose à dire, ni beaucoup de point commun avec mon compagnon de marche. Mais ce qu'il avait dit me tournait dans la tête : « Du coup t'as jamais entendu ma musique ? ». Je fouillais dans ma mémoire, essayant désespérément de me souvenir de si j'avais un jour pu entendre les "Wandering". Je n'avais jamais aimé le rock, mais peut être qu'involontairement, quand j'étais plus jeune... J'avais beau me creuser la tête, rien ne revenait. Des souvenirs de journée passée à écouter les nocturnes de Chopin (interprétée par Rubenstein, bien sur) refaisait surface dans mon esprit, et je les chassais avant que la mélancolie ne s'installe en moi.

Nous marchions silencieusement, et tout semblait très calme. L'aube venait à peine de partir et le givre était bien installé un peu partout. C'était beau. Le peu de soleil présent se reflétait dessus, dans la ville dévastée. Les vitres brisées des immeubles laissait apparaître du mobilier, parfois presque intact, mais gelé. La végétation, au bout de six mois, faisait un timide retour. Un petit pied de lierre avait pris racine tout en bas de cet immeuble. Une musique s'installa dans ma tête. I don't want to set the wo-orld on fire… De « The Ink Spot », si ma mémoire est bonne. Je ne me risquait pas à la fredonner, mais je souris.

Un peu avant mon accident j'avais commencé à écouter du blues, du jazz et même du klezzmer. Ma connaissance de ce groupe devait venir de là. Je me risquait à poser une question à Christopher, histoire de briser la glace, et aussi parce que je commençais à être de bonne humeur.

« Tu connais The Ink Spot? C'est bien du blues ? »

Je restait attentive à la fois à ses lèvres et à l'environnement. Les goules n'avaient pas intérêt à venir me déranger maintenant. Pour une fois, je me sentait bien et tranquille dehors. Comme si tout ça n'était qu'une balade matinale, comme si Christopher était un ami venu m'accompagner. Comme si rien n'avait changé. Une fois de plus je luttais contre la nostalgie, ce n'étais pas le moment.

HRP1 : Désolée d'avoir mit aussi longtemps...
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Nous avançons donc tout deux dans les rues, évitant quelques zombies de temps en temps, profitant du calme imperturbable qui règne en ce début de journée. Quelques reflet de soleil sur les glaces givrés de certaine façade, une légère couche de neige au sol, tout va pour le mieux. Juste quelques grognements de rôdeurs de temps en temps qui me vole un léger sourire tant on aurait dis un septuagénaire venant d'avoir un orgasme. Je garde ma reflection pour moi et continu d'avancer avec Ruth jusqu'à ce qu'elle me pose sa fameuse question.

« Tu connais The Ink Spot? C'est bien du blues ? »

" Du Rhythm and Blues je dirais. "

Je commence donc à fredonner l'air de la chanson, chanter quelque parole avant de me retourner vers Ruth avec un large sourire. Je sais maintenant qu'elle ne m'entend pas et ne pourra pas me dire que je chante faux. Même si c'est probablement faux, mais avec le peu de menace autour de nous pour le moment, je peux me permettre quelques petits chants. Nous continuons donc notre route, nous somme bientôt arrivé aux magasin mais je m’arrente de chantonner. Les rues étaient une petite promenade de santé, avec un décor apocalyptique de rêve mais le magasin nous fera très vite déchanté, certes il tient encore debout, mais je vois déjà quelques rôdeurs sur le parking. Je me tourne donc de nouveau vers la jeune femme, espérant qu'elle me donnera une note positive à une question dont je connais déjà la réponse.

"Rassure moi, ce n'est pas ce magasin là ?"

Évidemment que ça va être celui là, mais on peut encore espérer. Je prépare donc ma batte que j'attrape à deux mains et observe Ruth, son ventre plus exactement. Je ne sais plus exactement de combien de mois elle est enceinte, mais si je peux éviter de la faire se battre, je m'en porterai mieux. Je n'ai pas envie d'avoir la mort d'un nourrisson sur les bras.

"Comment tu veux qu'on fasse ? On peut les gérer je pense, mais je ne veux pas que tu t'expose. On peut essayer de les contourner en faisant le moins de bruit possible. Sinon, on peut juste essayé de se faire ceux qui sont sur le parking. Pour toi, je préférerai qu'on passe par le côté. Si moi je ne m'en sors pas pendant le combat... Tant pis. Mais toi t'as encore un bébé à faire grandir alors mieux vaut éviter le face à face, d'accord ? Et si on fait du bruit et que ça tourne mal, va t'en."

Je jetais un œil au bâtiment et un frisson me parcourra l’échine. Le semblant de bonne humeur qui m'avais fais me sentir mieux avait soudainement disparu. Je pris conscience du pathétique de ma situation. J'étais une femme enceinte de six mois incapable de se battre partie en expédition avec juste un homme en espérant trouver un berceau et du matériel de puériculture. Pourquoi avais je été aussi stupide ? Est ce que je pouvais me permettre de reculer, et de rentrer à l'hôtel, maintenant que j'avais embarqué un autre dans ma folie ?

Je sentais la panique prendre le dessus, et je dus même réprimé mes larmes. Ma gorge se serrait, et je sentais venir la panique. Comment avait je pu me sentir soulager quelques minutes plus tôt ? Je pouvais encore faire marche arrière, et nous éviter la mort. Je regardais Chritopher dans les yeux :

« Je ne suis pas sûre que c'est une bonne idée. On devrait peut-être rentrer ? J'ai été stupide. »

J’espérais de tout mon cœur que je n'avais pas parlé trop fort, ou laissé sortir trop d'émotions. Une idée me vint alors à l'esprit. Et si on fouillait plutôt les maisons ? Il y aurait moins de chance de tomber sur des goules, et il devait bien y avoir une famille qui gardait des affaires de bébé quelque part. Le calme reprit ses droit dans mon corps, et je soumettais l'idée à Christopher :

« On devrait peut-être plutôt fouiller les habitations. Je suis sure que personne n'aura touché à des affaires pour bébé. »

L'idée me paraissait meilleure. Un peu, au moins. Il paraissait réfléchir, tandis que je me promettais de ne plus sortir de ce labo avant d'avoir accouché. Ce qui ne devrait plus tarder maintenant. Comme s'il se réveillait, mon enfant commença à me frapper de l'intérieur. Si c'est une fille, je l'appellerai Esther. Des extrait du livre d'Esther me revenait en tête, et je me promis d'en faire la lecture le soir même. Je m'y tout cela dans un coin de ma tête, cela ne résolvait pas mes problèmes de berceau.

Je suis encore en train d’échafauder des plans de secours, analyser par où passer, comment éviter le plus de rôdeur pour ne pas se mettre en danger quand je l'entends. « J'ai été stupide, on devrait rentrer. ». A cette instant, je ne sais pas si je suis rassuré de ne pas devoir entrer là dedans. Déçu d'avoir faire la route pour si peu ou au contraire content de revoir la ville sous la neige pour le chemin du retour. Un peu perplexe, je hausse les épaules et m'en retourne à elle. Après tout, c'est son expédition, si elle veut autre chose, tant pis on ira. C'est à ce moment qu'elle reprend la parole, elle propose d'aller fouiller les habitations. Techniquement, je ne suis pas contre, mais j'espère juste que le matériel qu'on trouvera sera encore en état et n'aura pas servi à barricader les portes où sera le cercueil d'un bébé zombie. Mais bon, il faut bien commencer quelque part, on fera chaque maison en rentrant jusqu'à trouver un berceau et tout ce qui va avec.

« Ok, allons-y. Mais reste derrière, si on entre dans les maisons une à une, on devrait trouver pas plus d'un zombie par maison, enfin j'espère. Je m'en occupe, essaie juste de trouver le matériel qu'il te faut et on rentre. J'aime la neige, mais pas assez ces trucs là. »

Je fais donc demi-tour et observe autour de moi. Il n'y a que ça des maisons, il va bien falloir commencer quelque part. Je me dirige donc vers la première à portée, une grande maison blanche à deux étages avec deux marches à l'entrée... Comme toutes les autres maison de la rue, ce genre de quartier ne sont que des copier coller des maisons les une à cotés des autres avec la couleur de la façade qui change. Au moins, ça ne nous ralentira pas la recherche. Avant d'arriver à la porte, je me retourne quand même, mieux vaut vérifier que Ruth me suit quand même. Une fois qu'elle est assez proche je pose la main sur la poignet et essaie de l'ouvrir doucement, ça n'a pas l'air verrouillé, tant mieux. Un dernier regard vers elle pour lui demander si elle est prête et c'est partie, à son signal on entre arme à la main.

Je pousse finalement la porte pour avancer dans le couloir, à l’affût du moindre bruit capable de m'indiquer la présence d'un de ses trucs à l’intérieur. Je n'entends rien pour le moment, c'est plutôt bon signe mais ça ne veut pas dire que c'est déjà gagné. Je passe presque la moitié de mon temps à vérifier si Ruth est bien derrière moi quand j'avance. Je m’inquiète peut être un peu trop mais au moins, je sais qu'elle me suit. Je finis par pousser la porte au fond du couloir et ne trouve que la salle à mangé, visiblement dévasté. Des gens sont venu piller l'endroit avant nous mais avec un peu de chance on trouvera notre bonheur quand même.

La salle à manger était dans un état lamentable. Des restes d'un début d'incendie salissaient la cuisine et les placards était éventrés, rien ne restait dedans qui semblait intéressant. Un escalier se trouvaient dans un coin de la pièce, menant sûrement vers les chambres. Je priais intérieurement pour ne pas tomber sur des rôdeurs, et pour qu'il y ai rapidement des trucs utiles. Je suivait Christopher de près, faisant attention à faire le moins de bruit possible. Il s'engagea dans les escaliers, avec moi sur les talons. Les escaliers débouchaient sur un couloir avec cinq portes. Un d'entre elle était fermée, et deux avait été détruites de façon assez violente. La maison semblait avoir été le théâtre de combats assez farouches.

Je fis signe à Christopher que je fouillerais les deux pièces déjà ouvertes. Je me dirigeais dans la première. C'était une chambre autrefois. On pouvait encore voir un reste de lit en bois, brisé. Une couverture en polaire râpée traînait sur le sol. Je la ramassait et repris mes recherches. Elle était assez chaude et pas trop épaisse, un peu vielle et pas très grande, mais elle serait très utile pour mon bébé. Je la fourrait dans mon sac. L'examen de la chambre, ou du moins de ce qu'il en restait, ne révéla pas grand-chose d'intéressant. Je ressorti et jeta un œil au couloir. Christopher n'y était plus. J'étais incapable de savoir s'il s'était battu ou non, et s'il avait trouvé quelque chose.

J'entrais dans la seconde pièce, qui semblait être une ancienne buanderie, ou quelque chose de ce genre. Il restait très peu de vêtement, et tous semblait de grande taille. Un placard attira cependant mon attention. La porte me résista un peu, l'humidité l'ayant faite gonflée. En tirant un peu dessus elle finit par s'ouvrir, révélant des cartons. Une violente odeur de moisi s'en échappa et je dut me retenir pour garder le peu de nourriture que j'avais dans l'estomac. Des dates étaient inscrites dessus, je dégagea ceux qui semblait les plus vieux. Bingo ! Dans l'un d'entre eux ce trouvait des vêtements de bébé. La plus part était rongé par les mites et sentait vraiment mauvais, mais je devrais trouver de quoi les nettoyer. J'en pris quelques un qui me paraissaient confortable et plus ou moins chaud.

Contente de moi, je ressortait et m'avançait discrètement vers Christopher, espérant que la famille gardait un ancien berceau quelque part.

Je grimpe donc les escalier suivie par Ruth et constate avec elle l'état pitoyable de la maison. Apparemment, ça n'est pas encore ici qu'on trouvera ce qu'on cherche mais bon autant chercher quand même. Je la laisse partir dans une des chambres ouvertes et vérifie les autres une à une pour éviter chaque mauvaise surprise. En dehors de quelques cafard et une souris, pas le danger à l'horizon. Je souffle donc un peu, rassuré et reprend mes recherches. Je me trouve dans une pièce complètement vite, avec quelques morceau de bois au sol qui ressemble à des barreaux et un placard dans le mur dont les porte en bois ont visiblement mal vieillies. Je pose donc ma batte et tire dessus, elle résiste un peu trop mais je n'ai qu'à tirer plus fort et... et merde ! Elle se détache et manque de me tomber dessus, j'ai juste le temps de la réceptionner à peu près avant de prendre un coup sur la tête. Ce n'est qu'une porte mais bon, avec des conneries pareil je vais avoir un bleu au front et à ma fierté. J''espère au moins que ça en valait la peine. Je pose donc la porte au sol et fouille dans le placard qui est plein de vieux truc... Des cartons, des magasines, des DVD, des béquilles... Les cartons sont pourris à cause de l'humidité, les boites en plastique font un peu la gueule mais je trouve le trésor en soulevant une vieille caisse en plastique transparent pleine de DVD. J'ai trouvé un truc ! Je ne sais plus comment ça s'appelle mais je suis certain que ça lui fera plaisir. Peut être qu'elle me rappellera ce que c'est un «landau».

Je recule donc cette chose qui n'est autre qu'un panier à bébé. Le plastique est gonflé, gorgé d'eau et le tissue humide mais en assez bon état. Un bon nettoyage et ça devrait aller. C'est juste à ce moment que je l'entend crier "Bingo !". Je ne sais pas ce qu'elle a trouvé mais ça doit être pas mal. Je prend donc la poignet du landau et récupère ma batte en me dirigeant vers le couloir mais elle me fait sursauté ! Je bondis sur place en voulant passer la porte, je ne l'avais pas entendu arrivé ! Je soupire et secoue un peu la tête pour me remettre de cette courte émotion avant de lui tendre ma trouvaille.

-"Tiens, j'ai trouvé le... m'fin le truc là, le panier à bébé. Il a pas l'air tellement usé et ça sera sûrement plus pratique à ramené qu'un berceau complet. Je t'ai entendu crié, t'as quelque chose ? On à tout ? Et surtout, on peut rentrer avec ça ou il faut autre chose ? "

J'observais un instant le landau trouvé par mon compagnon. Il avait vieux. Très, très vieux. Mais il ferait parfaitement l'affaire. Quoi de mieux qu'un berceau à roulette pour fuir rapidement ? Sans le savoir les anciens occupants de cette maison me sauvais la vie, et peut être aussi celle de mon enfant. Je pris un instant pour réfléchir et faire l'inventaire de ce que j'avais trouvé. Mon bébé aurait des vêtements, une couverture et un berceau. Pas la peine d'espérer plus pour le moment, on avait risqué assez gros comme ça. Je ferais des couches à l'ancienne plus tard et je l'allaiterais. Tout était bon. On avait plus qu'à rentrer à l'hôtel, si possible en restant vivant tout au long du trajet.

Il faudra aussi que je fasse bouillir les vêtements en rentrant, histoire d'être vraiment sûre qu'ils soient propres, je ne voudrais pas que mon enfant tombe malade à cause des parasites. Je refit la liste une dernière fois dans ma tête avant de dire, pas trop fort :

« Oui, je pense qu'on a tout. On y va ? »

Il hocha la tête. Je lui fit signe de passer devant moi, c'était plus sûr pour nous deux si un entendant passais devant. Je maudissais une fois de plus ma surdité, lorsqu'une question revient dans ma tête. Est ce que les rôdeurs font du bruit ? Une fois de plus je me promis de demander à quelqu'un une fois de retour à l'hôtel.

Je me glissais dans les escaliers à la suite de Christopher, espérant être discrète. Nous retraversons le salon sans peine, mais mon compagnon se bloqua à l'entrée de la maison, en m'intimant le silence. Il devait y avoir un bruit dehors, ou quelque chose comme ça. Je croisais les doigts pour ne pas avoir a combattre. Je détestais les combats, surtout depuis que mon ventre avait une taille proche de celle d'une pastèque. Pas très pratique pour repousser un assaillant, ou même pour courir et s'enfuir.

J'espérais que mon activité ne nuirai pas à la santé de mon rejeton, et souriais en me disant que si j'étais tombé enceinte avant les événements je bougerais sûrement beaucoup moins.

Ok, donc on peut rentrer. C'est pas trop tôt. Je descend donc avec le landau et ma batte pour sortir de la maison mais bloque à la porte d'entrée, l'invitant à s’arrêter en silence. Il y en a un juste là, à quelques mètres derrière une voiture. On a pas le choix de toute façon, il va bien falloir passer.
Je laisse le landau dans le couloir et lui fait signe de m'attendre, je n'ai pas vraiment envie qu'elle cours plus de risque inutile. Saisissant ma batte, je m'approche lentement du zombies, prêt à lui décocher un violent coup dans le crane. Je suis de plus en plus proche mais il l'air de m'avoir vu, lui aussi il avance vers moi. Je fais quelques pas en arrière pour ne pas me faire attraper bêtement, il est bientôt à porté, encore un peu... Et bim !! Un bon smash droit dans le crane ! Il va beaucoup moins bien marcher maintenant ! Je me retourne, assez content de ma performance mais visiblement je n'aurais pas vraiment le temps de me réjouir plus, il y en a encore trois à une vingtaines de mètres au bout de la rue. On devrait pouvoir les éviter en allant dans l'autre sens, mais vite. Ils arrivent là, même si ils sont lent et que la neige entrave leurs mouvements, mieux vaut ne pas rester là.

Je retourne à la porte de la maison et saisit de landau en fesant de grand signe à Ruth pour qu'elle vienne avec moi, on va essayer d’éviter le plus de saloperies possible sur la route ! Sinon, tant pis, je prendrai les risques à sa place.

- « Viens vite, on traine pas, j'ai pas envie de me retrouver piégé par ces trucs. »

Je me met donc à faire de grand pas dans la neige pour semer les zombies derrière nous et ralentissant toujours la marche au rythme de Ruth, c'est la dernière ligne droite jusqu'à l’hôtel, on peut pas crever maintenant ! Je suis encore trop précieux pour ce monde !

On a commencé à courir. J'avais du mal, et je sentais bien que j'étais trop lente. Les muscles de mes jambes me lançaient, et je craignait de faire du mal à mon bébé. On avançait, encore et encore, vers l'hôtel. Le paysage qui me paraissaient pourtant plus tôt calme et merveilleux était maintenant agressif. J'avais l'impression qu'un mort vivant allait sortir de n'importe où et me transformer en l'un des leurs. La peur me donna une poussée d'adrénaline. Je maintient mon ventre et fit un sprint. Un rôdeur ce dressa face à nous. Chris l'éclata d'un grand coup de batte dans le visage. La créature gisait au sol. Je la contourna, bien que prise d'une irrésistible envie de lui écrasé la tête en sautant dessus à pied joint. Cela devait faire du bien de sentir des os se briser sous sa propre force. Je vire psychopathe maintenant, pensais je avec une pointe de dégout envers moi même.

Rapidement je ne pouvais plus tenir le rythme. Je sentais mes poumons qui me brulaient, et la poussée d'adrénaline se finissait. Je voulu faire un signe à mon compagnon, mais il ne me voyais pas. En désespoir de cause j'émis une sorte de râle plaintif, avant de m'arrêter. Il se retourna et attendit. J'étais essoufflée et mon ventre me faisait un peu mal. Je marchais lentement jusqu'à lui. La moindre inspiration était douloureuse et l'angoisse faisait un boule dans ma gorge qui me bloquait la respiration. Heureusement l'hôtel n'était plus très loin. En marchant plus lentement, et en faisant un peu moins de bruit, nous parcourûmes les dernières minutes qui nous en séparaient.

En rentrant à l'intérieur, je me sentis enfin soulagée.

"Merci beaucoup de m'avoir accompagné, j'aurais pas réussi toute seule. Je ne sais pas comment te remercier."

L'homme que j'avais en face de moi me paraissaient maintenant beaucoup plus sympathique qu'à l'aller. Sous ses dehors de mec trop sur de lui il était vraiment gentil. Ma question me revint soudain à l'esprit comme un boomerang :

Allez, on y est presque ! Plus que quelques minutes avant d'arriver et un monstre sur la route, pas le temps de niaiser ! J'allais reprendre un rythme plus rapide quand je l'entend râler derrière moi. J'avais oublié qu'elle ne courrait pas aussi rapidement. Je fais donc demi-tour et passe mon bras sous son épaule pour l'aider à avancer en jetant la batte dans le landau avec le carton de vêtement que je traîne de l'autre main, même en marchant au moins on avance. Encore quelques mètres, on évite les plus grand danger et on y sera ! Je souffle un long moment et lâche doucement Ruth une fois devant la porte de l’hôtel. Je suis épuisée et essoufflé, j'essaie de reprendre doucement mon souffle quand elle me remercie, mais je ne lui répond que par un petit geste de la main pendant que je reprend des forces, les jambes légèrement courbé et m'appuyant sur mes genoux. Je finis par me redresser et rentrer avec elle, un large sourire aux lèvres et un peu surpris par sa question.

-« Le bruit que ça fait ? Heu... Un peu comme le râle que tu as fais toute à l'heure, ou une personne âgée qui vient de se cogner contre un meuble ou autre. Un truc genre, Eeeeargh.... Et parfois, ils vont "Ploc ploc" quand il marche. Mais sinon, rien de particulier. »

Je me retiens de rire et dépose le landau à coté d'elle, récupérant ma batte à l’intérieur de celui-ci. Je ne sais pas vraiment où le mettre, c'est elle qui l’arrangera comme elle voudra. Je finis par regarder autour de nous et pose une main sur l'épaule de Ruth avec un petit clin d'oeil.

-«  Si tu veux repartir en expédition, appelle moi. Je viendrai avec toi. Sinon, tu as une idée pour le nom du gamin ou de la gamine ? »

Je lui poke le haut du ventre avec l'index et attend sa réponse, bien plus familier que avant et lors du voyage. Il faut croire que risquer sa vie avec quelqu'un créée des liens.

Je souris en lisant sa réponse sur ses lèvres. Les zombies font donc vraiment du bruit. Et je peux faire le même qu'eux, selon Christopher. Je souriais jusqu'au oreilles lors qu'il me demanda le prénom que je comptais donner à mon bébé.

"Et bien... Si c'est une fille je l'appellerais Esther. Et Aaron si c'est un garçon je pense, mais je sais pas encore."

Sans vraiment me l'avouer, j’envisageai plus d'avoir une fille qu'un garçon. Mais je prendrais ce que Dieu me donnera, je n'ai pas vraiment les moyens d'être difficile. Cette sortie m'avait mise en danger, mon bébé aussi. Mais je me sentais beaucoup mieux et j'avais gagné un ami, ce qui n'avait pas de prix. Je me penchais pour prendre le landau et le trainer jusqu'à ma chambre, mais il était plutôt lourd et je ne voulais pas faire trop d'effort. Trop dangereux pour le bébé. Je m'adressait de nouveau à Chris, avec une petite moue coupable :

"Tu peux m'aider à le monter dans ma chambre ? Il est trop lourd pour moi..."

Il accepta et m'aida à monter les quelques affaires récoltés jusqu'à ma chambre. Je rangeais le landau dans un coin et mi la couverture dedans, avant de m'étaler sur mon lit. Je désinfecterai les vêtements plus tard, là j'avais surtout besoin de repos. Je remerciai Christopher en lui promettant de lui rendre service dès que je pourrais puis m'installa sur mon matelas avec mon exemplaire de la torah. Mon hébreu était un poil rouillé, mais les prières était très automatique. En plus, mon exemplaire contenait des traductions anglaises de la plus part des passages importants. J'allais pour lire le livre d'Esther, puis me ravisa. Pourquoi ne pas lire l'histoire d'Aaron plutôt ? Un garçon méritait autant de chance qu'une fille, et je me devais d'accepter le bébé.

Je m'en voulait un peu en repensant à ce que j'avais fait vivre à ce petit être aujourd'hui. Franchement, on a pas idée de sortir dehors avec des zombies partout avec une grossesse avancée. Heureusement que Christopher était là pour moi.

HRP: