Pré-Apo

Lorsque l'on grandi dans le luxe et l'opulence, il n'est pas étonnant de perdre le sens des réalités. Ainsi, le fait qu'il ait toujours obtenu tout ce qu'il désirait, couplé au fait que son père ait toujours agit à la manière d'un requin, a peut-être fait de Jake l'être sans vergogne qu'il est aujourd'hui. Ou peut-être était-il né avec cette prédisposition ? Quoi qu'il en soit, si Jake a bénéficié d'une enfance dorée et du plus grand soin de la part de ses parents, ce n'est pas quelque chose qui aura fait de lui quelqu'un de bien.
Né à Seattle, il y aura passé toute sa jeunesse. Entouré d'amis, pour la plupart profitant de sa notoriété et de la richesse de sa famille, il comprit assez tôt comment faire la différence entre ceux qui l'appréciaient pour ce qu'il était, et les autres. Pour ceux qui méritaient son amitié, autant dire qu'il le leur rendait très bien. Pour les autres, il ne se gênait pas pour allégrement profiter d'eux uniquement lorsqu'il en ressentait le besoin, faisant perdurer l'illusion qu'il était un ami sincère et dévoué.
Sa mère, la belle et douce Prisca Bowen, insista pour qu'il reçoive la meilleure éducation possible. Aussi, il eu droit à un florilège de professeurs particuliers dans des domaines aussi variés que le piano ou encore le tennis de salle. Selon les dires de sa mère, entretenir son corps était aussi important qu'entretenir son esprit. Jake adulait sa mère, bien que les cours qu'elle le forçait à prendre dans des matières dont il se fichait complètement avait le don de l’énerver. Comme si un jour il risquait d'avoir besoin de savoir manier un fleuret ! Fort heureusement, Prisca, lorsqu'elle voyait que son fils arrivait au bout de sa patience, avait toujours la présence d'esprit d'abandonner avant que celui-ci ne finisse par exploser. Il fallait dire que, si Jake faisait beaucoup d'efforts pour lui faire plaisir, ce n'était pas toujours suffisant et il n'était pas rare qu'elle soit convoquée à son école, puis, plus tard à son lycée, et ce toujours pour les mêmes raisons. Jake avait le sang chaud et la violence facile. C'était quelque chose contre laquelle même sa mère aimante ne pouvait rien. Jake finit toutefois par trouver un bon exutoire dans ce merveilleux sport de contact qu'est la boxe. Bien que peu entousiasmée par ce dernier, Prisca laissa son fils laisser libre court à sa violence lors de ces séances strictement encadrées, persuadée que cela ne pouvait que lui permettre de mieux se controler.

Lorsqu'il fut assez mature, selon son géniteur, ce dernier commença à l'initier à l'art de diriger une entreprise. C'était quelque chose que Jake trouvait barbant et peu inintéressant mais, lorsqu'il comprit qu'il pourrait, plus tard, tirer un avantage pécunier de ces leçons de vie données par son père, il l'écouta d'une oreille plus qu’attentive. Ainsi, alors qu'il passait sa semaine au lycée, il passait ses week-end et ses vacances scolaires à assister son père dans son casino. Ce n'était pas un lieu vraiment adapté pour un adolescent mais son père n'y voyant pas le mal, il laissait à Jake toute la liberté dont il pouvait rêver.
C'est dans ce cadre qu'à la veille de sa dix-septième année, il put pratiquer ses talents de bonimenteur sur l'une des sublimes créatures destinées à aguicher les clients. La pauvre fille, prénommée Clara, savait pertinemment qui il était. Après tout, il était le fils du patron et il suivait les sillons de son père depuis quelques années déjà. Pourtant, elle se laissa très facilement charmer et distraire par le jeune homme qui, de fil en aiguille, parvint à l'attirer dans les appartements privés de son père, situés juste au dessus du casino. Il lui offrit à boire, une cigarette, un peu de musique et, bien entendu, il finit par lui faire découvrir la magnifique chambre à coucher qui servait si peu. Ses parents et lui vivaient dans un maison luxueuse aux abords de la ville, nul besoin de se cloîtrer ici, même si le luxe était également palpable. Mais comme il arrivait parfois à son père de rester tard, celui-ci il finissait parfois par dormir là. Mais ce jour là, le matelas fut inauguré d'une toute autre manière.
Bien entendu, son père finit par le découvrir et la pauvre Clara fut mise à la porte devant un Jake, rictus aux lèvres, qui se réjouissait encore du bon temps volé à la demoiselle si naïve. Comment avait-elle put croire qu'elle ne se ferait pas renvoyer après avoir couché avec le fils du patron ? Quelle petite sotte.
C'est également cette même année qu'il se perfectionna au poker, se découvrant une véritable passion pour ce jeu basé sur le mensonge et le bluff, deux choses en lesquelles il commençait à passer maître. Il en arrivait même parfois à délaisser ses séances de boxe pour s'adoner à ce nouveau jeu auquel il excellait. Bien qu'il voyait cela d'un mauvais œil, son père le laissa faire, convaincu qu'après tout, cela ne pouvait que lui apprendre à mieux se débrouiller dans la vie. Et puisqu'il était destiné à reprendre le casino un jour, autant qu'il s'y fasse déjà une réputation, même si c'était juste en tant que bon joueur. Dans ce milieu, la réputation faisait souvent tout.

Une fois devenu adulte, diplôme de gestion et de management en poche, le destin de Jake était tout tracé. Il reprendrait les rênes de l'entreprise familiale après son père et, pour commencer en douceur, ce dernier le mit à la tête de l'équipe de vigiles. Il avait en charge la surveillance du casino et, aussi simple que cela avait put paraître à Jake dans ses plus jeunes années, il découvrit que ce n'était pas une si mince affaire.
Tout se passait relativement sans déboire, jusqu'au jour fatidique où Jake tomba sur plus malin que lui.
Un jeune homme revenait régulièrement depuis quelques semaines, repartant à chaque fois gagnant, dépouillant parfois la banque de plusieurs milliers d'euros. Jake avait beau analyser les bandes vidéo, il ne décelait aucun moyen de triche. Il avait même fini par se dire que ce type était peut-être tout simplement très chanceux. Mais seulement voilà, Jake n'était pas du genre à abandonner et, même si ses gars lui avaient certifié que le type était dans les règles, Jake était persuadé qu'il y avait anguille sous roche. Allant jusqu'à se placer derrière le type en question pendant qu'il était installé à une table de Black-jack, il surveilla ses moindres faits et gestes. Ne décelant toujours rien, il le félicita comme tout le monde autour de lui, un rictus haineux sur le visage, lorsqu'il remporta une nouvelle fois le jeu.
Les choses auraient pu en rester là. Mais Jake sentait bouillir une rage difficile à contenir chaque fois qu'il apercevait le sourire effronté de ce salle tricheur. On ne pouvait pas avoir autant de chance, quoi qu'en disent les caméras. Certes il lui arrivait de perdre mais cela semblait toujours trop bien calculé. Aussi, un soir, il décida de prendre les choses en main. Il choisit deux de ses hommes les plus fidèles et leur exposa son plan. Ils annonceraient au tricheur présumé qu'il avait gagné un prix spécial et le conduiraient dans l'arrière salle, et de là, jusque dans un petit salon privé utilisé lors de rencontres entre grands joueurs. Ensuite, Jake ferait tout le nécessaire pour découvrir ses techniques de triche. Les deux vigiles avaient hésité un instant mais, devant le regard dur comme l'acier de leur supérieur, fils de leur grand patron qui plus est, ils avaient obtempéré. Ils avaient donc conduit le pauvre joueur à l'écart et les festivités avaient pu commencer pour Jake.
Il savait que c'était illégal. Mais peu lui importait. Il ne supportait pas qu'un gringalet pareil se moque ainsi du casino de son père et, incidemment, de son nom. Il avait été touché la où cela lui faisait le plus mal ; sa fierté. Et il rendrait coup pour coup. Et des coups il en donna. Dans l'estomac tout d'abord, puis au visage, faisant gicler le sang du tricheur qui finit par tout avouer après avoir fondu en larmes. Content de lui, Jake fit jeter le type dehors, par l'arrière pour que personne ne voit son état, puis il retourna à sa vie.
Il avait fini par en oublier cette histoire lorsqu'un jour il reçut une lettre à comparaître devant le juge. Il était accusé de coups et blessures contre ni plus ni moins que le fils d'un des deux sénateurs de l'état de Washington. Son père en fit une maladie, le traitant de tous les noms et allant même jusqu'à le menacer de le déshériter si cette histoire lui retombait dessus.
Jake se présenta à l'audition. Il y eu une enquête, somme toute rapide, et il fut avéré que Jake avait bel et bien passé à tabac le fils du sénateur. Après un procès long et coûteux, Jake écopa de 5 années de prison et il dû payer une amende conséquente à sa victime. Le sourire de celle-ci au sortir du procès donna des aigreurs d'estomac à Jake qui se jura de ne pas en rester là. Quitte à faire quelques années de plus, il n'en resterait pas là !

Jake fut donc emprisonné. Il avait alors tout juste 31 ans. Ce fut pour lui un expérience à la fois fort désagréable et extrêmement instructive. Il se fit rapidement quelques relations et, après s'être assuré que cela ne pourrait jamais lui retomber dessus, ne refaisant pas deux fois la même erreur, il s'arrangea pour que le fils du sénateur ait la plus grande frayeur de sa vie. Faire assassiner un sénateur et son fils étant aussi peu facile que discret, un simple retour de bâton suffirait à calmer la hargne de Jake. Sa fortune familiale aidant, ça n'avait pas été très compliqué pour lui de trouver une bande de racailles à la petite semaine qui, contre dollars sonnants et trébuchants, avaient accepté de malmener la fifils à son papa en commençant par transformer sa belle Mercedes en passoire puis en le rouant de coups suffisamment bien placés pour qu'il n'en garde aucune séquelle visibles. Bien entendu, ils avaient pris soin de se masquer le visage de telle sorte que le fils du sénateur ne put jamais dire qui l'avait ainsi attaqué. Et même s'il se doutait fortement de qui venait cette représaille, il n'en avait pas la moindre preuve et ne put que serrer les dents et les fesses, priant pour que Jake en reste là cette fois. Ce qu'il fit.

Dans la mesure où il s'était tenu à carreau, Jake eu une remise de peine pour bonne conduite après seulement 3 années et demi d'emprisonnement. Son père ne voulait plus entendre parler de lui mais sa mère, ayant intercédé en sa faveur, était parvenu à le faire changer d'avis. Et grand bien lui en fasse car, seulement deux ans après le retour de son fils dans l'entreprise, le grand William Johnson s'éteignit, emporté de façon foudroyante par une implacable crise cardiaque.
Se retrouvant à la tête du casino et de tout ce que cela impliquait, Jake était au sommet de sa gloire. Sa bévue et son passage en prison furent vite de l'histoire ancienne, d'autres scandales se chargeant d’inonder la presse, et l'affaire avait rapidement plongé dans les oubliettes,
Cependant, la vie réserve souvent des surprises au moment où on les attend le moins. Jake ayant toujours été quelqu'un de frivole et d'incapable de s'attacher émotionnellement à quelqu'un, il avait eu nombre d'aventures, s'arrangeant cependant toujours pour qu'aucune conséquence fâcheuse n'en découle. Ainsi, quel ne fut pas son choc lorsque, du jour au lendemain, l'une de ses anciennes conquêtes d'un soir lui amena une gamine en la tirant par la main sans vraiment de douceur. Elle devait à peine avoir plus de six ans, peut-être sept et sa mère avait commencé à faire un scandale au beau milieu des joueurs du casino. Jake l'avait entraînée dans un salon privé, toisant par moment la gosse d'un œil inquiet. Y avait-il une possibilité pour que cette enfant ne soit pas de lui ? Anna Mayers était venu lui réclamer de l'argent, bien entendu. Le plus étonnant étant qu'elle ait attendu tout ce temps avant de se manifester.
Bizarrement, alors qu'il n'avait que du méprit pour cette femme qu'il avait un jour trouvé belle au point de vouloir l’entraîner dans son lit, il ne pouvait s'empêcher d'éprouver une pointe de pitié pour cette enfant forcée de grandir avec une mère aussi peu aimante et aussi peu responsable. Lui qui avait grandit dans l'amour d'une mère si dévouée, il n'en éprouvait que plus de haine envers cette créature vicieuse qui se tenait en face de lui, certaine de repartir avec le jackpot.
Ce jour là, Jake se surprit lui-même. Anna comptait sur le fait que Jake ne voudrait pas que tout le monde apprenne qu'il avait une enfant cachée pour lui soutirer un maximum d'argent. Aussi, lorsque ce dernier lui annonça qu'il voulait effectuer un test de paternité et que, si celui-ci était positif, il prendrait en charge les dépenses de sa fille, Anna devint blême. N'ayant pas prévu ce retournement de situation, la mère indigne resta un instant sans réagir. De son côté, la fillette, habituée à être livrée à elle-même, avait commencé une exploration visuelle de la pièce. Son regard allait d'une décoration à une autre, son joli petit visage n'affichant aucune expression qui eut pu trahir ses émotions. L'espace d'une fraction de seconde, Jake cru percevoir un petit sourire furtif se dessiner sur les lèvres fines de l'enfant alors que celle-ci avait posé les yeux sur une magnifique toile de Van Gogh, celle de la nuit étoilée. C'était Jake lui-même qui l'avait choisie.
Anna avait alors fondu en larmes, le traitant de monstre insensible. Elle avait de toute évidence cruellement besoin d'argent et le plus tôt possible. Or, établir une paternité prendrait un peu de temps et cette perspective venait de l'anéantir.
Consciente que Jake ne lâcherait rien, elle finit par repartir, entraînant à sa suite la gamine qui consentit à lâcher un sourire fugitif à Jake, sourire qu'il lui rendit sans même s'en rendre compte.

Le verdict tomba. Elie, ainsi qu'Anna l'avait prénommée, était bel et bien la fille de Jake. Là où Anna avait cru assener un coup dur à son amant d'une nuit, elle venait de lui offrir un cadeau inespéré. Jake consentit à payer son dû et la vie reprit peu à peu son cours normal à la différence prêt que le puissant et violent homme d'affaire était désormais père. La plus ravie de tous dans cette histoire, c'était Prisca. Elle s'était désespérée à l'idée de ne jamais avoir de petits enfants et le ciel venait de lui en offrir un. Lorsqu'il arrivait à Elie de passer du temps chez son père, c'était donc surtout avec sa grand-mère qu'elle le passait et, si Jake éprouvait une grande affection pour la gamine, il ignorait comment se comporter en père. Il se contentait donc de lui offrir tout ce qu'elle pouvait désirer, hormis peut-être l'amour qu'elle aurait pu espérer.


Post-Apo

Jake aurait pu avoir une vie normale, simple patron s'occupant de ses petites affaires, jouissant néanmoins d'une certaine notoriété, puis léguer tout cela à sa fille ou à ses enfants après elle si elle le souhaitait. Vieux et fatigué, il se serait alors contenté des coulisses, profitant d'une retraite bien méritée. Mais rien de tout cela ne lui arriverait jamais. Il ne connaîtrait aucune douce retraite au soleil pour jouir de son argent si durement gagné. Sa fille n'irait jamais à l'université et elle ne connaîtrait jamais la joie des premières œillades des garçons en mal d'amour. À la place, ils ne connaîtraient que la famine, la souffrance aussi bien physique que mentale et la peur omniprésente de se faire dévorer ou tuer par d'autres survivants.

Au début du mois d'août 2014, rien ne laissait croire que le monde courrait vers l'apocalypse. Jake poursuivait ses petites affaires, ayant bien eu vent de quelques faits divers étranges dans les journaux mais sans s'y attarder vraiment. Il n'avait pas de temps à perdre avec les problèmes des autres.
Lorsque la confirmation d'une épidémie due à un virus ébranla la ville et que des patrouilles sillonnant la ville rendirent ses clients de moins en moins nombreux, Jake songea que les choses allaient peut-être plus mal qu'il n'y pensait et qu'il était peut-être temps de réévaluer la partie.
Usant de ses quelques relations, il passa quelques coups de fil, s'informa du mieux qu'il put et dû se rendre à l'évidence ; personne ne savait ce qu'était cette chose et ce qui était en train de se passer.
Il quitta alors le casino qui, de toute façon ne grouillait pas vraiment de monde, et se rendit chez la mère de sa fille afin de s'assurer qu'elles allaient bien. Il se fichait pas mal de l'état de santé d'Anna mais s'il était arrivé malheur à Elie, il n'osait imaginer ce qu'il ferait aux responsables.
Lorsqu'il arriva devant la petite résidence de banlieue, il aperçut une énième patrouille tourner le coin de la rue. À toute vitesse, il remonta l'allée et enfonça à moitié la porte sans prendre la peine de frapper. Aussitôt, Elie se fendit d'un radieux sourire face à son père qui n'était encore jamais venu à l'improviste. Anna par contre, démarra au quart de tour et voulu le chasser, soutenant qu'elle était chez elle et qu'il n'avait pas à entrer comme ça sans y être invité.
Sans même faire attention à elle, Jake accompagna Elie dans sa chambre et lui ordonna de faire son sac. Il l'emmenait avec elle et bien imprudent serait celui qui tenterait de l'en empêcher.
Ne comprenant pas la situation, comme souvent d'ailleurs, la mère de le fillette attrapa Jake par le bras pour tenter vainement de le faire sortir de chez elle. Bien entendu, elle ne parvint qu'à l'agacer et il la repoussa sans ménagement alors qu'Elie terminait d'empaqueter ses affaires les plus précieuses. Celle-ci passa devant sa mère, qui s'était écroulée au sol sous le coup de Jake, sans même lui accorder un regard. Elle suivit son père jusqu'à sa Berline d'un blanc éclatant et grimpa dedans sans se faire prier. Les moments où elle était débarrassée de sa mère étaient les meilleurs moments de sa vie d'enfant. Jake se fichait bien des conséquences d'un tel enlévement. Tout ce qui lui importait, c'était de mettre sa fille en sécurité.

Deux jours plus tard, alors que les heures s'égrainaient, Jake réfléchissait à toute allure. Il essayait de prendre en compte tous les éléments à sa disposition pour élaborer la meilleure stratégie possible. Les choses allaient mal, certes, mais jusqu'à quel point ? Était-ce la fin du monde ou juste un crise passagère ? Devait-il prendre des mesures drastiques ou juste prévoir de quoi tenir le temps que les choses se tassent ?
Ce fut Elie qui le décida lorsqu'elle lui fit part d'une de ses amies qui était devenue bizarre et avait essayé de mordre leur professeur en plein cours. Elle avait été conduite à l'hôpital et elle n'avait plus donné signe de vie par la suite. En parallèle, la télévision diffusait un reportage sur les nombreuses émeutes qui commençaient à avoir lieu un peu partout, pas seulement à Seattle.
Décidé, Jake fit le plein de la Berline et y entreposa un maximum de nourriture. Il avait fermé le casino après avoir été chercher sa fille et le restaurant de ce dernier était plein à craquer, il n'avait donc que l'embarra du choix.
Son idée était de se rendre sur les rives du lac Hancock à l'est de la ville. Il y avait acheté une maison de plaisance où sa mère coulait des jours paisibles entourée de ses rares voisins. Là bas, ils seraient à l’abri des émeutes et des possibles débordements. Et si les choses venaient à se calmer, ils reviendraient.

Dans les jours qui suivirent, Jake se dit qu'il avait prit la bonne décision. Elie, quant à elle,se demandait se qui risquait d'arriver à sa mère mais elle ne formula jamais son interrogation à haute voix. Jake ne retournerait jamais la chercher et, de toute façon, elle n'était pas certaine d'avoir envie qu'elle soit là avec eux.

La télévision finit par ne plus offrir que les mêmes programmes qui tournaient en boucle préconisant de ne pas sortir ou qui témoignaient de la violence et de la folie qui s'étaient emparé de la ville.
Jake était parvenu à faire démarrer un vieux générateur de secours emprunté à un de leurs voisins du bord du lac car l’électricité était de plus en plus capricieuse, coupant parfois de longues heures pour revenir paresseusement. Mais il viendrait un moment où elle se couperait définitivement et l'hiver viendrait bien à un moment ou un autre. En prévision du pire, Jake avait donc entassé la nourriture qu'il avait emporté avec lui dans le sous-sol de la maison et il avait commencé à se constituer une bonne réserve de bois de chauffe. Ils en auraient besoin.
Elie et sa grand-mère passaient, quant à elle, leur temps à jouer à des jeux de société et à écouter les informations dans l'espoir qu'une accalmie soit annoncée. D'une certaine manière, c'étaient les meilleures vacance que la fillette ait jamais eu.
Jake avait entendu parlé d'un camps de réfugiés établis en ville. Il se félicitait de ne pas y avoir entraîné sa fille. Un camp comme ça c'était une marmite sur le feu. À la moindre pression trop élevée elle risquait l'implosion. D'une certaine manière, ils étaient bien plus en sécurité ici, au abords de ce lac à plusieurs dizaines de kilomètres de la ville la plus proche.
Ce retour aux sources, aux choses les plus simples de la vie firent quelque peu ouvrir les yeux à Jake. Il avait passé sa vie à marcher dans les traces de son père, faisant de son mieux pour être à la hauteur, pour faire perdurer l'entreprise et faire attention à son image qui avait été entachée par son passage en prison. Le fait de se retrouver là en présence de sa mère et de sa fille, les deux seules êtres pour qui il aurait volontiers donné sa vie, lui fit comprendre que tout le reste n'était que futilité.
Le casino ne lui manquait pas, les clients beaucoup trop bruyants, les tricheurs, ses employés et même ses  innombrables maîtresses, rien de tout cela n'avait plus la moindre importance en cet instant.

Décembre arriva. Au bord de leur petit lac si reculé de tout et de tout le monde, aucune patrouille militaire ne pointa jamais le bout de son nez. L'armée avait bien assez à faire avec les grandes villes pour se soucier d'un petit hameau bourgeois en lisière de forêt. Toutes les chaînes de télévision avaient cessé d’émettre. De toute façon, Jake et sa petite famille avaient dû basculer sur le générateur de secours, l'électricité ayant fini par ne plus se manifester.
Aux abords du lac, il y avait d'autres maisons, pour la plupart inoccupées. C'étaient des maisons bâties là pour venir pêcher ou faire du bateau sur le lac un week-end ou deux dans l'année. Le reste du temps, leurs propriétaires trimaient pour en payer les mensualités. Cependant, deux couples avaient eu la même idée que Jake et avaient investi deux d'entre elles. L'un des deux couples avait également une fille, un peu plus jeune qu'Elie et elles se retrouvaient pour jouer aux dames ou à des jeux dont elles seules connaissaient les règles.

L'hiver s'écoula et Jake, accompagné de ses deux seuls voisins masculins, durent se rendre de temps à autres à Ernies Grove, la ville la plus proche, afin de se ravitailler en diverses fournitures. Une chose était certaine, le monde avait basculé dans les ténèbres.
La première fois que Jake se retrouva face à face avec un infecté, c'était lors de l'une de ces sorties. La petite ville semblait déserte à l'exception d'une ou deux maisons barricadées dans lesquelles quelques survivants semblaient les observer à travers les lattes qui barraient les fenêtres lorsqu'ils passaient devant. Au début, ils avaient tenté le supermarché. Forcés de se rendre à l'évidence, ils avaient fini par se rabattre sur les maisons. Ils toquaient simplement aux portes et, si personne ne répondait, ils entraient et prenaient le nécessaire. Mais dès la deuxième maison inspectée, ils étaient tombés nez à nez avec un de ces revenants à la mâchoire agitée. L'un des deux types qui accompagnaient Jake n'était pas passé loin de se faire mordre et ils avait fini par abattre le monstre.
Ils comprirent rapidement, après en avoir croisés d'autres, que seul un coup bien placé à la tête les arrêtait une bonne fois pour toute. Tout le reste ne les ralentissait même pas.

Les mois s'étaient écoulés et aucun incident notable n'était survenu jusqu'à ce jour de février où l'un des revenants avait suivit la route qui menait au lac Hancock pour finalement se diriger droit vers la maison où les Trenfield, l'un des deux couples voisins de Jake, avaient élu domicile. Janette Trenfield était en train d'étendre son linge et le monstre l'avait surprise au point qu'elle n'avait poussé qu'un cri bref lorsqu'il lui avait arraché la moitié du cou en arrivant derrière elle. Son mari, alerté par le cri, était sortit sans même prendre une arme et, devant le spectacle de sa femme en train de se faire dévorer vivante, il avait fini d'alerter les autres en hurlant de rage et de chagrin. Il s'était alors débarrassé du monstre à grand coup d'une pelle qu'il avait trouvé gisant prêt du perron de sa maison puis il était retourné chez lui sans même un regard vers les autres pour se mettre une balle en pleine tête.
Suite à cet incident, Jake et le couple restant, celui qui avait une petite fille, décidèrent de se barricader dans une seule maison, celle de Jake, puisque c'était la plus grande. Ils clouèrent les fenêtres, érigèrent des barricades à l'aide de rondins de bois qu'ils rehaussèrent de pics pour délimiter un périmètre sûr et ils instaurèrent des tours de garde. Jamais ils n'auraient pensé que ces monstres pouvaient les atteindre ici mais ils se trompaient. Et si un avait pu venir, d'autres le pouvaient aussi. Jake ne risquerait pas la vie de sa fille pour une erreur aussi bête qu'un manque de prudence.

Le temps passa. Les survivants du lac Hancock avaient depuis longtemps abandonné l'idée d'un retour à une vie normale et, suite à l'arrivée inopinée de trois nouveaux survivants, ils commencèrent à s'organiser en une petite communauté.
Jake, de par son tempérament violent et peu enclin à la négociation, avait fini par se mettre à dos certains d'entre eux. Frustré, il partait souvent seul en expédition, déclarant qu'il risquerait moins sa vie tout seul qu'en traînant des boulets. Parfois, il manquait se faire tuer mais, en revenant au lac, il n'en touchait mot à personne, pas même à sa mère et encore moins à sa fille. Il était beaucoup trop fier pour leur laisser entrevoir qu'ils avaient raison.
La vie s'était organisée, des survivants arrivaient, d'autres mouraient, à cause des mordeurs en expédition ou à cause d'accidents. Prisca, la mère de Jake, attrapa une mauvaise pneumonie au début du second hiver qu'ils passèrent au lac et Jake partit seul pour tenter de trouver de quoi la soigner. Elie craignant pour la vie de son père, duquel elle s'était énormément rapproché depuis la fin du monde, s'était glissée à l'intérieur du coffre pour elle aussi participer au sauvetage de sa grand-mère.
Arrivés sur place, Jake du se faire à l'idée que sa fille serait de la partie. L'essence était trop précieuse pour la gaspiller dans un aller-retour inutile. Et en plus il perdrait du temps. Furieux, il la laissa néanmoins le seconder. Après tout, il allait bien falloir qu'elle apprenne à se défendre et à survivre si jamais il venait à mourir, même s'il n'avait pas l'intention de se laisser avoir de si tôt.
Ensemble, ils fouillèrent une petite clinique vétérinaire qui ne semblait pas encore avoir été visité mais ils ne trouvèrent rien qui avait la moindre chance d'être utile à Prisca. Les hôpitaux grouillaient sans doute de morts, ce n'était même pas envisageable. Ils se rabattirent donc sur l'infirmerie d'une petite école primaire. Jake fit le plein d'antibiotiques et de tout ce qu'il put trouver comme antidouleur et des choses aux noms imprononçables. Il y aurait bien dans le lot quelque chose qui ferait l'affaire.
Ils s'en retournèrent donc au lac... pour découvrir un véritable bain de sang. Les morts n'étaient même pas en cause. Il semblait, au vu des nombreuses traces de pneu, qu'un autre groupe soit arrivé et ait décidé de tuer tout le monde. Jake et Eliedécouvrirent Prisca, le crâne sanguinolent, étendue sur le perron. Aucun n'avait été épargné et toutes leurs ressources vitales avaient été pillées.
Fou de rage, Jake réfléchit à toute vitesse. Il était hors de question qu'il laisse un tel crime impuni, mais il ne devait pas se mettre, lui ou Elie, en danger.
Il récupéra les quelques armes que les pillards n'avaient pas pu trouver, étant trop bien cachées, de même que des couvertures et autres choses dont ils auraient besoin. Il remonta ensuite dans la Berline plus aussi blanche qu'au premier jour, sa fille sur les talons.

Ils ne retrouvèrent jamais ceux qui avaient décimé leur petit groupe de survivant. Les premières neiges de ce deuxième hiver les forcèrent à se retrancher dans un nouvel abris et ils survécurent comme il purent, souffrant du froid, de la faim et de la peur à chaque instant.
Ne trouvant aucun groupe auquel se joindre, et ne faisant de toute façon confiance à personne, surtout à présent que le monde était devenu ce qu'il était, Jake et sa fille avaient survécu, allant de maison en cabane, d'abri de fortune en cachette improbable jusqu'à tomber sur un groupe de pillards.

C'était en juin 2016. La route vers l'Est et la solitude avaient rendu Jake et Elie à la fois beaucoup plus sauvages, et à la fois beaucoup plus proche l'un de l'autre. Elie surtout était devenue encore moins loquace qu'elle ne l'était déjà. Elle passait son temps à observer, à calculer, à anticiper. Son père lui avait apprit à se servir d'une arme à feu mais aussi d'un couteau, quel que soit sa taille. Il lui arrivait encore de louper sa cible mais elle était de plus en plus précise.
Ce jour là, Jake avait été imprudent et sa fille s'était retrouvée nez à nez avec trois types qui, voulant profiter de cette occasion unique, avaient tenté de la violer. Jake avait tué l'un d'eux d'un simple coup de tête dans le nez, un coup si violent qu'il avait eu l'impression de cogner dans du béton armé. Il avait ensuite planté son couteau sous le menton du deuxième, faisant remonter la lame dans le cerveau, transperçant de peu la boite crânienne, et le troisième, qui avait tenté de se défendre, avait fini la nuque brisée.
Ce que Jake ignorait à cet instant, c'était que ces trois types appartenaient à un groupe bien plus important. Leur chef avait assisté à toute la scène, persuadé que ses hommes auraient le dessus et, face à la hargne dont Jake avait fait preuve pour défendre sa fille, il avait décidé de ne pas le tuer et même de l'intégrer au groupe. Après tout, il venait de perdre trois de ses meilleurs éléments et quelqu'un comme Jake serait un atout non négligeable.
Pas tellement emballé par l'idée, et craignant pour la vie de sa fille, il se rendit vite compte que tous, dans le groupe, n'étaient pas comme ces trois abrutis qu'il avait tué. C'étaient des pillards opportunistes et des tueurs, certes, mais dans l'ensemble, ils étaient réglos les uns envers les autres. Les trois que Jake avait envoyé six pieds sous terre n'avaient pas vraiment la côte auprès des autres d'ailleurs. Réputés pour torturer et violer tous ceux qu'ils croisaient – et pas forcement que des filles – leur disparition n'avait ému personne.
Ils étaient sept en plus de Jake et sa fille. Deux d'entre eux n'étaient encore que des ados et l'un d'eux ne tarderait plus à rejoindre la tombe. Pour les autres, il valait mieux ne pas trop s'y frotter. Pas la moindre fille cependant et Jake mit tout de suite les points sur les I. Le premier qui oserait ne serait-ce que regarder Elie de travers, finirait avec une lame coincée entre les deux yeux. Étrangement, personne ne tenta quoi que ce soit, à cause de l'avertissement de Jake ou à cause des regards qu'Elie elle-même avait lancé alors à tous ces mâles, difficile à savoir, et Jake et sa fille furent rapidement intégrés aux habitudes du groupe.
Ils voyageaient vers l'Est, se rendaient dans une ville ou un village, faisaient le tour de toutes les maisons, y prenaient ce qui était utile et s'établissaient pour la nuit dans la plus sécurisée, instaurant un tour de garde équitable. Lorsque leurs ressources arrivaient à leur terme, ils repartaient. À la manière d'une bande de sauterelles, ils pillaient, allant jusqu'à tuer les autres groupes qu'ils croisaient pour peu que leur nombre le leur permette, puis ils continuaient leur chemin.

Cette vie là n'était pas idéale, mais elle était plus sûre que d’errer à deux dans le froid de ce nouvel hiver. Mais chaque bonne chose a une fin, surtout une chose aussi bancale qu'un groupe de pillards.
Ils étaient parvenus aux abords de Détroit. Ayant épuisé les petites villes de leurs opportunités, il leur avait bien fallu se rabattre sur un plus gros morceau. Ils avaient passé plusieurs jours dans une baraque déjà bien barricadée qui avait dû servir d'abri à un autre groupe au début de l'épidémie. Ils avaient trouvé les lieux totalement vide à l’exception de trois morts qui ne leur avaient posé aucun problème. Les ennuis n'étaient arrivés qu'après.
Ce qui devait arriver avait fini par se produire. Trop gourmands, ils avaient découvert un bâtiment qui semblait regorger de matériel dont ils auraient pu se passer mais qui leur aurait permis de se mettre à l'abri du besoin un long moment. Ils avaient donc prévu leur coup et étaient monté à l'assaut. Chacun à son poste, tout était réglé comme du papier à musique. Seul bémol, le bâtiment possédait un sou-sol... un sous-sol plein à craquer de morts ambulants. Le temps de s'en rendre compte et la porte qui les maintenait enfermés avait cédé, lâchant sur eux un véritable contingent de monstres affamés.
Le reste s'enchaîna si vite que Jake ne comprit pas vraiment ce qui se passa. La panique avait prit possession du groupe de pillards qui, complètement désorganisés, se faisaient dévorer les uns après les autres. Gardant son sang froid, Jake avait tenté de prendre de la hauteur en gravissant l'escalier. Mais à peine arrivé à l'étage, il sentit une vive douleur lui transpercer l'épaule. L'un de ses compagnons de fortune possédait une magnifique arbalète. Dans sa panique, cet imbécile avait tenté de tirer alors qu'un mort se jetait sur lui. Dévié de sa ligne première, la flèche avait tout de même trouvé un endroit où se loger.
Tant bien que mal, Jake était parvenu à sortir du bâtiment, sautant du premier étage, sa chute amortie par de providentiels massifs floraux. Elie faisait partie du groupe qui montait la garde devant le bâtiment. Lorsqu'elle vit son père arriver, elle comprit tout de suite que quelque chose clochait. Il lui fit signe de le rejoindre et elle n'hésita pas une seule seconde. L'autre type qui montait la garde, un pauvre gosse d'à peine 16 ans, se prit la porte d'entrée du bâtiment dans le dos lorsque la horde libérée fit son apparition au grand jour. Il s'écroula à terre et se fit rapidement cerner. Profitant de cette diversion, le père et la fille filèrent en direction de la voiture et abandonnèrent sans le moindre remord les potentiels survivant de cette hécatombe.

Bienvenue du côté obscure de la Force, mon jeune ami !
Maintenant que tu as passé la dure épreuve de la fiche, tu vas pouvoir enfin t'amuser parmi nous. Enfin... Après avoir fait encore quelques petites choses indispensables que voici :

• Tout d'abord, il faut que tu ailles recenser ton avatar dans [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et ton métier dans [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], afin de rester quelqu'un d'unique !
  
  
• Afin qu'il soit plus facile pour les autres joueurs de te proposer des liens ou des rps et de rester à jour sur ceux que tu as déjà, pense à créer ton [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], qu'il faudra poster dans la partie "Journal de bord" du groupe auquel tu appartiens ! Il y a un code mis à ta disposition [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] si tu en as besoin, mais la présentation de ce sujet est entièrement libre alors amuse-toi !
  
  
• Tu peux aussi créer un scénario si tu en as besoin, dans [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], mais sache bien que tu n'as pas le droit d'en proposer plus de deux en même temps, alors choisis bien !
  
  
• Enfin, comme tu peux le voir, nous avons un système de points sur le forum et tout ce que tu dois savoir à ce sujet se trouve [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien], prends donc le temps de lire tout ça au moins une fois pour être sûr de ne rien oublier !
  
  
• Et surtout n'oublie pas que peu importe que tu sois là depuis un jour ou un an, tu peux contacter le staff à n'importe quel moment si tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit concernant le forum. Tu peux aussi demander un parrain dans [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] pour qu'un joueur expérimenté t'aide à t'intégrer, alors n'hésite surtout pas !