Une nouvelle journée à devenir fou, à ne pas pouvoir sortir du camps, à ne pas pouvoir chercher. J’étais devenu dangereux pour tout le monde, à commencer par moi et si il m’arrivait de faire illusion la journée avec quelques jeunes voulant apprendre à manier une arme, je me décomposais rapidement en croisant le regard des autres. Je ne pouvais pas assumer, je ne pouvais pas faire face. J’étais au fond du gouffre. Ce soir, comme bien d’autre soir avant celui là, j’avais fini avec une bouteille d’alcool, la vidant presque entièrement jusqu’à ce que l’ivresse ne me fasse sortir de chez moi. Je titubais, j’avais besoin de voir Logan, j’avais besoin de lui dire ce que je pensais. J’allais me casser de Fort Hope, j’allais tous les buter si ils m’empêchaient de chercher Will. Il avait pas le droit de me priver de lui, pas le droit de prendre ce risque. Il allait mourir à cause de moi, il allait mourir à cause d’eux, et je voulais pas, je voulais pas le perdre, je voulais pas le voir mourir et si je ne sortais pas, si je n’allait pas le chercher, il ne pourrait pas être sauver. Alors si tout le monde savait si bien ce qui était le mieux pour moi, je pouvais me casser, car c’était faux… Je buvais pour passer le temps avant, pour déconner, je buvais pas pour avoir l’espoir de disparaitre ou de délirer suffisamment pour oublier… M’arrêtant devant une porte qui me semblait être celle de Logan, je me mis à taper comme un malade contre cette dernière. Il devait m’ouvrir, je devais lui dire ces quatre vérités, je devais récupérer mes armes, « Si tu veux pas que je réveille tes gosses et tout le quartier tu dois m’ouvrir ! », tambourinant encore, la porte finit par s’ouvrir, me faisant rentrer précipitamment. J’avais manqué de tomber par terre me rattrapant à la première chose qui passait avant de reprendre, « Je me casse, tu me rends mes armes et tu te démerdes avec ton camps de survivant à la con ! », je devais reprendre les recherches, je devais retrouver ces gens, ils devaient me capturer et une fois sur place je verrais Will non ? Je le trouverais et je le sauverais.

Me redressant légèrement, je regardais autour de moi, observant les lieux avant de réaliser que c’était pas la maison de Logan, il avait déménager ? « C’est pas tes meubles… T’aurais pu les prendre avant de déménager… », me retournant alors je fis face à une femme, « Joy t’as fait une couleur ? Et t’as accouché ? Félicitation… », Joy ne pouvait pas avoir accoucher, qu’est-ce que je pouvais dire comme connerie. Et elle était trop rousse pour changer de couleur non ? « Pourquoi t’es chez Logan Amelia ? », demandais-je finalement après avoir reconnu le visage. Elle ouvrait chez les autres, c’était un concept intéressant… À moins que je sois vraiment chez elle et pas chez lui…            

Une nouvelle journée où il allait faire un froid de canard. Oui, la frileuse en moi parlait ce jour-là. Après avoir fini ma leçon quotidienne avec Mark, il fallait bien s'occuper de Jack. Affrontée le froid dehors ne fut pas une chose aisée à faire. Enfin rentré chez nous, j'avais commencée à faire le repas. Ce soir, c'était pâte un repas bien copieux, mais il se faisait rapidement et je n'avais pas vraiment envie de faire quelque chose de compliquer.

J'essayais tant bien que mal de faire la conversation à Mark, sans grand succès. Avec un long soupir, je pensais une nouvelle fois à comment j'aurais pu sauver ses parents. Cet enfant avait le don pour me donner le cafard, mais s'il vivait cette peine alors je la vivrais avec lui. Nous avions enfin fini de manger et après avoir fait une vaisselle très rapide, je contais à Mark mon enfance avec mon frère. Il s'endormait paisiblement et j'abandonnais son lit pour trouver le mien quand quelqu'un frappa à la porte.

Ce n'était pas qu'un petit coup à la porte, mais bien une dizaine à taper comme un bourrin. J'accourais vers la porte pour entendre une voix familière qui apparemment menacer de réveiller tout le quartier. J'ouvrais rapidement pour ne pas qu'il réveille le petit Mark et me rendit compte qu'il s'agissait d'Elias. Que me voulait-il à cette heure-ci ? Je n'avais pas vraiment eu l'occasion de faire plus ample connaissance avec lui, mais je connaissais la base grâce aux rumeurs qui circulaient.

D'après mon nez plutôt avisé, il semblait totalement bourré. L'odeur de l'alcool remontait littéralement à plein nez. Il voulait que je lui rende ces armes ? Premièrement, je ne les possédais aucunement et deuxièmement, qu'entendait-il par me démerder avec mon camp ? J'étais aussi perdue que le jeune homme en face de moi en réalité.

Apparemment le jeune homme semblait se rendre compte après un court regard sur mon salon qu'il ne se trouvait pas où il voulait être. Ou pas, puisqu'il pensait que la personne qu'il cherchait avait déménagé et en plus je me trouvais être devenue Joy, par déduction il voulait certainement voir Logan. Quand une soudaine illumination arriva dans la tête d'Elias et il se rendit compte que c'était moi.

-Elias tu t'es trompé de maison.

J'étais entre le rire et la panique, choix très difficile à faire. J'étais surtout très attentive à ce qu'il ne réveille pas Mark et qu'il ne tombe pas sur le parquet. Je ne savais pas trop quoi dire après tout je ne pouvais pas lui rendre ces armes. J'essayais de le prendre pas le bras et de l'accompagner vers le canapé pour ne pas qu'il chute.

-Comment ça se fait que tu es si bourré, qu'est-ce qu'il se passe ?

Logan lui a pris ces armes, d'accord, mais pour qu'elle raison. J'étais fraîchement arrivée au camp et des rumeurs glissaient dans mes oreilles par-ci, par là, mais mon attention partait ailleurs généralement. J'essayais de parler doucement, même si la panique pouvait largement se lire sur mon visage. Ce n'était pas tous les jours qu'un homme se pointait chez moi complètement bourré, surtout ces temps-ci.

Trompé de maison ? Non, c’était plus logique qu’elle soit dans la maison de Logan qu’il avait redécoré ! Sans doute une lubie de femme enceinte. Enfin je disais pas que Logan était enceinte, non, il avait pas de vagin, enfin si c’était le cas c’était super bien fait, mais il prenait toujours des hormones ? D’ailleurs on pouvait tomber enceinte en étant un homme par hormone ? Il avait gardé son utérus peut-être… Me laissant tirer jusqu’au canapé, j’y tombais alors qu’elle me demandait comment cela se faisait que je sois aussi bourré avant de me demander ce qu’il se passait, première réponse, « Logan est une femme enceinte. », me tournant vers elle, je reprenais, « Je peux pas lui en vouloir du coup, c’est les hormones, la preuve il a refait la maison ! », posant un doigts sur mes lèvres, je lui intimais le silence, « Mais faut pas le dire, chuuuuuut, faut qu’on croit qu’il a un pénis ! », en parlant de pénis, comment il avait fait pour avoir toujours une masse prête à vous éborgné dans le pantalon, « Il a une paire de chaussette rembourré dans le pantalon et ses pecs c’est des anciens seins, sinon c’est physiquement impossible d’avoir autant de truc à cet endroit ! », mais c’était sans doute pas ce à quoi elle s’attendait quand elle avait demandé pourquoi j’étais autant bourré.

Tournant la tête vers elle, je ne savais toujours pas ce qu’elle foutait chez Logan, mais j’étais poli, j’allais lui répondre. « Mon mec est mort, enfin mort, on en sait rien, mais il a disparu, alors soit j’étais tellement un mauvais coup qu’il a fuit, soit il est mort, du coup je bois pour pas me flinguer tout de suite, ça ferait tache vois-tu ! », j’avais réussi à en venir au suicide et c’était passé tellement pas loin que j’avais fini en prison. On ne cherchait pas à sauver les autres quand ils voulaient mourrir, alors pourquoi moi on me faisait chier avec ça ? Pourquoi on voulait pas me laisser faire ?

Je demandais jamais rien à personne et pourtant, la seul fois ou je devais agir pour moi, on ne voulait pas. « Après tu me diras, tout le monde est déjà mort, regardes demain tu peux glisser sur le sol et t’empaler sur un râteau… », on était tous déjà mort, mais parfois… On croyait pouvoir survivre. On croyait pouvoir reprendre une vie normale. On croyait pouvoir le faire. Mais c’était une erreur, comme pour presque tout. On ne pouvait pas être heureux dans ce monde. La preuve, dès qu’on trouvait le bonheur, dès qu’on le touché du bout des doigts, il disparaissait, il nous laissait seul, avec le gout amère de la mort. J’aurais voulu être là, répondre tout de suite à l’appel, j’aurais voulu l’aider. Mais j’avais été con, j’avais ignoré le danger, j’avais prit sa survie pour acquis. J’aurais du le défendre, j’aurais du être là… Et boire, rendait tout cela dramatique.    

Entendre les délires d'une personne en état d’ébriété était horrible. C'était toujours marrant de boire à foison, mais dix fois moins quand tu ne buvais pas toi-même et devait supporter les amis vomissant et gémissant à côté. Je m'absentais quelques instants pour lui chercher une poubelle au cas où il lui prendrait l'envie de vomir. Il n'avait certainement pas remarquée mon absence puisque maintenant il parlait de Logan et de vagin.

Dans tous les cas, il pensait toujours qu'il était chez Logan et qu'il avait apparemment redécoré toute la maison et avait changé de sexe. Un blabla habituel d'une personne en état d'ivresse. Voulant un peu plus me marrer mentalement, je rentrais dans son petit jeu. Et avec mon certain talent d'actrice, je pris un air étonné.

-Ok, si on est vraiment chez Logan. Qu'est-ce que je fais là alors ?

Cependant, il changea rapidement de sujet pour en revenir à ma question. Son mec était mort, il devait certainement parler de Will. Les rumeurs allaient vite effectivement, même si je ne connaissais pas l'affaire jusqu'au moindre détail. Il me semblait plus humain d'essayer de le réconforter, mais je voulais comprendre la situation. Et vu dans l'état dans lequel il était il ne se rappellera probablement pas de notre conversation, donc j'en profite.

-Comment a t-il disparu ?

J'étais meilleure pour donner des conseils que pour réconforter les gens, on ne va pas se leurrer. Ça ne voulait pas dire que je ne les aimais pas, je n'étais juste pas faite normalement c'est tout.

-C'est une façon bien pessimiste de voir les choses, ça ne te ressemble pas. C'est plutôt mon travail normalement.

Les risques dans notre monde étaient immenses, tu ne savais pas si le lendemain tu allais toujours avoir la possibilité de voir la lueur du jour et de pouvoir regarder dans les yeux les êtres qui te sont chères.

-Imagine si il revient en plus, tu seras mort pour rien et je parie qu'il la fera comme à la Roméo et Juliette et il voudra te rejoindre.

Oui, bon j'essayais de le réconforter comme je le pouvais. Pas dit que ça réussisse non plus. J'essayais d'en savoir plus à propos de ce certain enlèvement. On allait commencer doucement, le temps que la machine se mette en route.

-Qui l'a enlevé pour commencer ?

Que faisait-elle chez Logan ? Clairement c’était là toute la question. Je savais que les grossesses pouvaient éloigné les couples, mais là… Il allait pas se faire Amelia sous le nez de Joy quand même… Amelia était gay du coup ? Et tout aussi brusquement que j’étais arrivé, je changeais de sujet pour parler de Will, de sa mort. Elle demanda alors comment il avait disparu, et c’était là tout le mystère de cette journée. Comment ? « Il a voulu aller chez lui et puis plus de nouvelle… », et en y allant, je n’avais retrouvé que ses affaires. Ça ne me ressemblait pas ? À quoi je devais ressembler au juste dans cette situation ? J’avais cherché à me flinguer, à mettre fin à ce massacre, à cette souffrance, et j’avais même pas réussit. Elle parla alors de Roméo et Juliette et la douleur revient d’elle-même. Elle ne pouvait pas savoir, elle ne pouvait pas deviner. C’était une histoire entre lui et moi. Une histoire dans notre histoire, une preuve qu’il m’avait profondément changé, qu’il m’avait attiré dans son sillage, qu’il m’avait fait faire ce que j’avais je n’aurais pu faire avant. Mais comment lui expliquer à elle ? Comment lui faire comprendre ? Sa réalité était bien belle, mais dans mon monde, les happy ending était rare. Bien plus si il ne revenait pas.

Et puis une question, qui l’avait enlevé ? Je n’étais sur de rien à vrai dire, je ne savais pas si il s’agissait vraiment d’eux, mais c’était les seules personnes hostile que j’avais croisé dans le coin. « Un groupe de trois, du moins je pense… », je ne saurais en dire plus, je ne saurais préciser mes idées, ils étaient là, à roder. Ils avaient déjà prit Ezra, maintenant Will. Ils allaient faire quoi après ? Me prendre Logan ? Azia ? « Je dois protéger ce camps et je sais déjà pas protéger mon mec… », comment j’étais censé continué ? Comment ils pouvaient se sentir en sécurité avec moi ? De toute façon la question ne se posait plus, je n’avais plus le droit de m’approcher de qui que ce soit maintenant. Je devais subir ma situation, tourner en rond chez moi pour ne plus blesser personne, pour ne pas faire de connerie. Laissant ma tête tomber contre le rebord du canapé, je demandais la gorge noué, « T’as déjà perdu l’être que tu jugeais le plus cher à tes yeux ? », il y avait mieux comme façon d’aborder une conversation, il y avait mieux comme façon de faire. Mais elle connaissait déjà cette douleur ? Elle connaissait déjà cette souffrance ?