Ses mains tremblantes se posent difficilement sur l’évier des douches de l’arène. Il s’observe dans ce miroir face à lui, regardant fermement la réalité et ce que l’apocalypse avait fait de lui. Un père de famille déchu n’était jamais capable de protéger les siens. Il se passe un semblant d’eau froide sur ce visage dur qu’est le sien. Il reste comme cela de longues minutes. L’homme ne sait plus où il se trouve, ni même ce qu’il fait ici. Depuis son arrivée à l’arène, ce dernier a complétement perdu la notion du temps, et surtout, il perd peu à peu la raison. Le Walker ne parle plus, ou extrêmement peu, il passe ses journées dans la salle d’entraînement de l’arène à frapper contre des mannequins d’entrainement tentant d’expulser du mieux qu’il le peut tout ce qui le ronge en lui. Charlie, sa femme, et l’une de ses filles. Les personnes qui lui étaient les plus chères en ce monde s’en sont allées. Ses mains se resserrent sur les rebords de l’évier. Il serre de plus en plus fort ce dernier. La démence s’empare de plus en plus du Walker. Il ne se contrôle plus.

Au contact de larmes sur ses joues, c’est un énorme coup de poing qu’il vient placer dans le miroir face à lui. Ses muscles se contractent. Son poing s’enfonce dans le verre, son poing gauche vient prendre le relai pour cogner à son tour face à lui. Le verre vole en éclat dans la pièce, son propre sang vient décorer les murs de la pièce ainsi que l’évier devant lui. Lorsqu’il a suffisamment cogné à ne plus ne sentir ses poings, il relâche les bras le long de son corps. Sa respiration est lente, calme et posée. L’homme ne mesure plus les dégâts qu’il peut faire à son propre corps. Les mains couvertes de sang, il sort de son sac sa trousse de secours pour venir bander ces nouvelles plaies sur son corps. Après s’être bandé, il s’habille donc pour sortir, il ne prend pas le temps d’expliquer à sa propre fille ou il va, l’homme est perdu.

Le voilà qui marche dans les rues de Détroit, son masque sur son visage, il ne sort plus à visage découvert, il n’émet plus un seul son lorsqu’il est dans les rues. Son fusil est placé dans son dos grâce à la bandoulière de ce dernier. Les rues sont vides, calmes en ces mois d’hiver. Le bruit de ses pas dans la ville résonnent dans les grandes avenues de Détroit. Il lève les yeux vers le ciel pour se repérer grâce aux bâtiments. Il marche sans vraiment savoir ou aller, inconsciemment, il sait où il se dirige. La marche est longue, lente. Le voilà qu’il passe à proximité de l’ancien camp des Punishers. Il observe ce lieu de longs instants, c’est ici qu’il a perdu Charlie. Son esprit torturé tente de garder le contrôle. Il se souvient de cette nuit, ou quelques instants après la victoire de l’alliance, sa jeune protégée fut la dernière victime de cette querelle. Ses poings se serrent, la seule chose qu’il souhaite actuellement, c’est frapper quelque chose, encore et encore jusqu’à le briser. Après de longues minutes à regarder fixement le bâtiment en ruine, il se remet en marche.

C’est après encore une petite heure de marche dans les rues de Détroit qu’il arrive aux abords de Fort Hope. Arrivé ici, il prend soin de bien garder son masque sur son visage. Il grimpe alors sur le toit d’une maison à environ deux cent mètres du campement. Il s’y assoit, observant la petite ville. Il se frotte les mains, souffle sur celles-ci. La raison en lui espérait de tout cœur que le gros des survivants de l’explosion du laboratoire se soient mis en sécurité derrière ces murs. Il ne connaissait que très peu ce camp, mais il savait qu’il était dirigé par quelqu’un de bien, c’est tout ce qui l’importait, que ceux qu’il n’a pas su protéger soient désormais en sécurité. Il redescend de son toit un peu plus apaisé que ce qu’il était en montant ici. D’un pas calme, il se remit en route, longeant le bord de la côte.

Le voilà qui passe la première clôture de l’ancien laboratoire. Lorsqu’il passe cette dernière, il reste un instant sans bouger, simplement à fixer l’étendue des dégâts. Il s’avance enfin, le regard vide. Son pas est lent, il arrive au pied du bâtiment, les deux portes principales sont au sol, calcinées par les flammes. Il rentre dans le bâtiment en ruine, il observe tout autour de lui. Il se dirige en direction des escaliers qui mène au troisième étage, là où était sa pièce de surveillance. Sa bonne vielle chaise à cuir à résistée. C’est dans cette pièce qu’il a accueilli Abel après sa blessure, et Arizona pour lui apprendre à tirer avec un fusil. Il dépose son matériel au sol, retire son masque le jetant contre un mur. Il se pose enfin sur son siège, le regard posé vers l’horizon. Il ouvre son sac, récupérant sa photo de famille. Il observe longuement cette photo, la colle contre sa poitrine avant de laisser sortir les larmes de son corps.