White flag for bloody arrow

Déclan & Jordan

Le froid s’était installé. L’hiver était bien là. Cela se sentait par la fraîcheur présente dans la ville mais aussi par les rares flocons de neige qui tombaient doucement sur la route. Par chance, elle ne tenait pas encore. Cela permettait encore à la militaire de sortir pour essayer de trouver quoi se mettre sous la dent. Elle avait faim. Toute la prison avait faim. Et par cette période de l’année, pas la peine de songer à faire pousser la moindre plante, même à l’intérieur. Ils passaient une rude période et devaient se serrer la ceinture. Tout s’arrangerait au printemps, du moins, c’est ce qu’elle espérait, tout comme le reste de ses acolytes.

La vie à la Prison c’était plutôt bien organisé. Chacun donnait du sien pour le bien commun mais tout le monde avait droit à son intimité. On essayait de ne pas empiéter les uns sur les autres. Cela voulait dire être souvent avec le club des cinq, comme ils avaient été surnommer, bien qu’à présent ils soient six avec la venue au monde d’Emily. C’était vivre avec eux, tous le temps. Et de ce côté là, l’intimité ne l’était pas tant. Jordan était de ceux qui aimaient la solitude. Bien que réticent à la laisser partir seule, Darren avait fini par accepter ce trait de caractère chez la blonde. Elle avait besoin de ça et puis de cette manière elle pouvait explorer de nouveaux lieux afin de trouver de nouvelles denrées possibles. Olivia était farouchement contre ces sorties, mais il savait trouver les mots pour la calmer. Ils étaient une famille et devaient s’occuper de leur fille. Ca ne valait pas le coup de se faire du souci pour Jordan, surtout sachant qu’elle était immunisée au venin de ces créatures.

Silencieuse, du moins c’est ce qu’elle pensait, la militaire avançait dans la ville aux teintes grises. Le ciel était blanc/gris, ce qui annonçait certainement une nouvelle chute de neige dans la journée bien qu’elle puisse encore distinguer le soleil. De la buée s’échappait de chacune de ses respirations tandis qu’elle fredonnait dans sa tête une mélodie familière. Un vent froid balaya ses cheveux et elle ralentit sa marche avant de se stopper. Un pressentiment venait de s’emparer d’elle et un frisson parcourt le long de son dos. Immobile et aux aguets, la blonde scrute la moindre alerte dans la rue. Pour le moment elle n’en voit aucune ce qui l’inquiète davantage. Doucement, elle se rapproche d’un bâtiment qui se trouve dans la rue. Elle veut s’abriter au cas où ses soupçons seraient vrais. Les mauvaises surprises, elle a déjà donné dedans et n’est pas prête de recommencer. Sauf qu’à peine franchi-t-elle l’entrée de la bâtisse qu’elle aperçoit une silhouette à l'intérieur. Son coeur s’arrête une fraction de seconde avant de repartir au galop. Dans la précipitation, elle dégaine le plus rapidement son arme pour le pointer vers l’inconnu en face d’elle. Sa respiration se bloque quand elle se rend compte que l’homme est en possession d’un arc.

White flag for bloody arrow

Déclan & Jordan

Les mauvaises surprises : tout ce qu'elle voulait éviter. Et pourtant, elle venait de se jeter dans la gueule du loup en entrant dans ce bâtiment. Quelle conne! S'il lui arrivait le moindre truc, elle savait déjà que Liv lui tomberait dessus dès son retour à la Prison. Sans parler de Darren qui ne la laisserait plus quitter les lieux sans quelqu'un pour l'accompagner, ce qui voulait dire, soit lui, soit Thomas. Et encore, fallait-il qu'elle s'en sorte en étant en état de pouvoir rentrer. Dans le cas contraire... Elle balaya ces pensées de son esprit. L'arme au poing, elle pointait déjà du doigt l'intrus qu'elle venait de croiser. Elle n'avait nullement l'envie de tirer. Du moins tant qu'il ne se montrait pas menaçant envers elle. Dans ce cas-là, elle n'hésitera pas, même pas une fraction de seconde. Ce dernier balance un truc dans sa direction, levant le bras devant elle pour se protéger elle esquive l’objet qui s’avère être un bouquin qui lui serait arrivé droit dans la figure. Elle peste entre ses dents.

Énervée maintenant, elle affiche un regard froid et bien plus mauvais qu'il y a quelques secondes de cela. Intérieurement elle se dit qu'elle aurait dû tirer. Ça lui apprendra à trop réfléchir, à penser aux autres et plus à sa propre sécurité. Oui, Jordan s’était attendri avec le temps et cela pouvait bien lui être fatal un jour ou l’autre. Car voilà qu’elle a permis à l’inconnu en face d’elle de s’armer à son tour. Une flèche encochée, elle est à présent tout aussi exposé que lui. Les battements de son cœur s'affolent quand elle voit l'arc. Immédiatement elle se remémore le jour où une de ces merdes s'est logée juste au-dessus de son genou. Ses sourcils se froncent davantage, sa colère grandit et l'envie d'hurler sur cet inconnu ou même de lui loger une balle au même endroit se fait pressante. Et elle ne fait rien à part un léger pas en avant, légèrement plus tendue

Il s'adresse alors à elle pour calmer le jeu mais elle ne bouge pas. Elle ne répond même pas. L’ancienne pilote s’est perdue dans le souvenir de cette douloureuse blessure. Voilà des mois qu’elle cherche une telle personne. Une telle arme pour être plus précise. La blonde cherche le coupable mais n’a pas encore eu l’occasion de mettre la main sur lui. S’il s’avère que c’est lui, il se pourrait bien qu’il ne soit pas seul. Rapidement et les lèvres toujours pincées, elle balaye le peu d’espace qu’elle voit. Personne ne semble être présent mais cela ne veut rien dire. Un coup d’oeil dehors par l’unique ouverte qui se trouve à huit heures de sa position. Rien. — Est-ce que t’es seul ? Bordel ! Elle était dans la merde ! — Montre moi tes flèches, demande-t-elle froidement. La blonde fait un pas de plus en avant. — Montre moi la pointe de tes flèches, et je baisse mon arme. Pour faire preuve de bonne foi elle décolle quelques doigts de son arme, tout en gardant son index sur la gâchette. Jordan cherche quelque chose de particulier. Un signe qui indiquerait que ce type est l'homme qu'elle recherche depuis des mois.

White flag for bloody arrow

Déclan & Jordan

Pauvre con. C'est la seule chose qu'elle a en tête quand il lui répond par de l'ironie. Elle point le canon de son arme sur sa tronche et la seule chose qu'il songe à faire, c'est de l'ironie ? Si l'idée était de la rendre plus nerveuse c'était réussi. Obsédée par une unique chose, elle passa rapidement les tirades de l'homme sans savoir s'il cherche à calmer la situation ou à se foutre totalement de sa gueule. Jordan passe une nouvelle fois sur la blague qu'il semble faire. Elle serre les dents et se retient d’aggraver la situation. Elle aimerait rentrer à la Prison malgré tout.

— Sauf qu'on n’est pas dans un film. Je veux juste une flèche et tu pourrais repartir aussi tranquillement que tu le souhaites pour balancer des bouquins à la tronche de qui tu veux, qu'elle souffle en commençant par en avoir marre de ses bavardages. Par miracle et par la grâce de n'importe quel Dieu il semble vouloir se décider à coopérer. Il reste sur ses gardes en approchant doucement d'elle mais au moins il semble vouloir lui montrer ce qu'elle convoite. Trop obnubilée par sa requête, elle ne rend même pas garde quand il se trouve à une distance d'1 bon mètre d'elle. Les prunelles de la militaire sont fixées sur le bout vert de sa flèche. Ses pensées s'égarent quelques instants. La flèche qui lui a transpercé la chair ne l'était pas, elle en était certaine.

Sauf qu'au moment où elle commençait à baisser le bras avec la ferme intention de faire volte-face pour tracer sa route, l'archer le bloque et avant même qu'elle ne comprenne ce qui se passe elle se mange un coup de boule qui l'oblige à reculer de quelques pas. Sa paume se place immédiatement sur son visage, la douleur est vive mais la rage de s'être fait berner de la sorte est plus violente. Il récupère son flingue et se permet même de la menacer avec. — Espèce d'enflure, siffle-t-elle mauvais. Le bougre recule avec son arme. Elle non plus ne voulait pas crever et certainement pas lui laisser repartir avec son arme en poche. Encore moins lorsqu'elle le voit la caler à l'arrière de son futon.

La main toujours en place sur son visage, elle calculait déjà combien de temps il lui faudrait pour le rejoindre. Ses prunelles s'étaient assombri et la colère la dominait à présent. Croyait-t-il vraiment qu'elle tournerait le dos comme ça en lui laissant la garde de son arme? Pensait-il que parce que c'était une femme elle ne se défendrait pas ? Car il venait de se tromper lourdement. Le temps qu'il sorte l'arme et l'enclenche, elle serait déjà sur lui. Ça se tentait. Rapidement elle bondit vers lui. Comme le bonhomme lui faisait face, elle ne pouvait pas vraiment lui sauter dessus. Comme elle s'y était attendu, il n'eut qu'à peine le temps de se préparer à sa percée. Se baissant, elle balaya violemment les jambes du bougre. Son coup manquait clairement de puissance mais ça suffit pour le déséquilibrer. Assez pour qu'elle s'empare de son haut et l'attire contre le sol. Elle dégaina son couteau qu'elle plaça fermement sous sa gorge.

Elle le fixa d'un air satisfait. —  Ça c'est pour le coquard que je vais arborer dans peu de temps. Il utilisait l'humour, et ne lui avait finalement pas tiré dessus. —  Je déteste qu'on utilise mes affaires. Rends-moi mon arme. Elle dégagea finalement la lame qu'elle rangea à nouveau à sa cheville et se mit hors de portée de l'homme toujours à terre mais pas trop loin au cas où ça tournerait mal. —  J'aurais pu te tuer-là. Rends-moi mon arme et je m’en vais. Elle avait eu les informations qu’il lui fallait, elle n’avait plus de temps à perdre.