Ariel était plus que soulager de pouvoir enfin allé à l’extérieur du nouveau camp qu’ils venaient d’investir. Pas qu’un peu de repos le dérange, ou que ce dernier soi rempli de personne hostile, car il était content de profiter des palissades et des tours de garde déjà bien rodé et les habitants n’étaient pas plus mauvais que la moyenne. Et de toute façon, Ariel comprenait très bien leur ressentiment étant donné qu’ils avaient été livrés à eux durant, à l’avis du soldat, beaucoup trop longtemps. Et c’était inadmissible pour lui.

Mais, pour revenir à ce qui l’énervait depuis plus d'une semaine et le mettait dans un état de rogne constante, c'était qu'il y avait une personne qu’il n’était pas heureux d’avoir croisé à nouveau. Son frère … Son putain de lâcheur de frère était dans ce camp. Et ça, ça lui hérissait les poils des bras de le savoir là. Il était la dernière personne au monde qu’il aurait voulu revoir. Et le comportement ultra familier de ce dernier, alors que cela faisait une dizaine d’année qu’il ne s’était pas vu, le dégoûtait.

Alors c’est avec entrain et une colère latente qui couvait au fond de lui, qu’il sorti ce matin en compagnie de son coéquipier. La journée commençait à peine, mais Ariel arpentait déjà les rues avec envie et conviction. Il était bien décidé à passer toute la journée en dehors de Fort Hope pour au moins ne pas voir le visage de son benêt de frère durant quelques heures.

Il arpentait sa zone de recherche, silencieusement, il n’était pas d’humeur bavarde et son collègue le savait très bien pour ne pas essayer d’engager la conversation. Puis soudain Ariel repéra une personne en train de marcher devant eux. Il fit signe à son coéquipier de faire attention et de surveiller la zone, alors que lui s’approchait du solitaire qui semblait ne pas faire attention au monde extérieur. Mais le soldat se méfiait, ce n’est pas parce que cette personne paraissait inoffensive qu’elle l’était forcément. Ariel leva son arme dans sa direction et l’interpella.

« HEY ! »

Ariel s’approcha encore un peu. L’homme ne paraissait pas armé, mais le soldat le garda en joue au moins le temps que ce dernier ne se retourne et ne lui prouve qu’il n’avait pas d’intention mauvaise. Ils s’étaient fait avoir plusieurs fois déjà et ne comptaient pas se faire blesser ici pour avoir un Ezra collant à ses basques s’il était amoché en mission.

« Tourne-toi doucement … On veut juste discuter avec toi. On est de l’US Army, donc n’essaie pas de nous avoir. Okay ? »

Normalement, ils y allaient de manière plus douce, ce que son collègue lui fit remarquer à voix basse. Ariel soupira bruyamment à sa remarque. Il n’était pas d’humeur à être plus doux de toute manière. Et puis il était louche ce mec de se balader seul, sans arme à cette heure matinale. Non ? Il devait être au moins un putain de Chuck Norris pour être aussi insouciant ? Commençant à perdre patience, devant la lenteur de l'homme, il monta encore d’un ton.

« Retournes-toi immédiatement ! Pour ta gouverne tu as un M4A1 braqué entre tes deux omoplates et je suis sur que tu n’as pas envie de tester les dégâts qu’il peut faire sur tes organes internes. »

Cette fois-ci, le coéquipier d’Ariel le rappela durement à l’ordre, se plaçant à côté de lui et le forçant à baisser son arme. Ariel lui adressa un regard furax et se retint de faire preuve d’un mouvement d’humeur envers son collègue, avant de se calmer. C’était la faute d’Ezra s’il était dans cet état de nerf, il en était sûr, il avait envie de hurler sa frustration, mais n'en fit rien. Il souffla un bon coup à la place, reprenant un ton plus sympathique, baissant son arme pour de bon et s’adressa au garçon qu’il avait sûrement dû terroriser.

« Excuse-moi … mauvaise journée mec. Qu’est-ce que tu fais dehors tout seul ? »

Bon … Quand Ariel vit le visage déconfit du jeune homme ainsi que les larmes qui barraient ses joues, notre gros dur de militaire ce senti quand même un peu mal pour lui. Il y était allé (peut-être) un peu trop fort, mais il s’était excusé non ? Et puis il avait raison de le traiter comme cela, il ne pouvait pas savoir sur quel type de personne il était tombé. Ce type aurait pu être un fou dangereux. Intérieurement, Ariel savait qu’il avait agi comme il devait, il ne pouvait pas s’être trompé de comportement, c’était impossible. Il avait toujours raison.

Il leva un sourcil à la réponse du garçon et baissa pour de bon son arme. Ce mec, vu son attitude, n’avait rien d’un combattant, alors comment pouvait-il se balader d’une manière aussi insouciante dans les rues. Les rôdeurs étaient une menace, certes contrôlés maintenant, mais le pire c’était peut-être les autres survivants, rendus fou par la situation et aillant perdu leur sens commun. Et pour être franc, ce gamin n’avait pas l’air d’avoir les épaules pour résister à d’autres vivants.

« J’veux bien qu’on nettoie les rues des rôdeurs, mais tu m’a l’air très peu armé pour une balade à l’extérieur. Enfin … Chacun fait comme il veut. »

Si son abrutie de frère avait réussi à s’en sortir, c’est que tout le monde pouvait faire de même. Il n’avait, grâce à Dieu, pas encore eu le temps de subir une discussion avec Ezra. Et pour être honnête, il n’avait pas envie d’entendre sa tapette de grand frère lui raconter ses aventures jusqu’à Fort Hope. Il n’aurait pas la patience d’entendre sa voix plus de 60 secondes.

« Tu t’appelles comment ? Moi c’est Ariel Young. Mais tu peux m’appeler Young tout simplement. Tu es seul ? »

Son coéquipier se présenta à son tour, mais il s’éloigna ensuite un peu, de manière à trouver un endroit où il pourrait surveiller l’arrivé d’une possible menace. Ariel avait normalement l’habitude de présenter la raison de leur patrouille et avait en charge de convaincre les gens de le suivre. D’habitude, il était d’un contact assez facile, mais là, vu les circonstances, cela allait être long.

« On se réunit tous dans un camp du nom de Fort Hope. Tous, c’est les survivants de Détroit. Tu devrais venir avec nous. C’est très bien sécurisé comme endroit, tu auras une maison et de la nourriture. Et il doit y avoir des gens de ton âge, là-bas. Tu as quoi … 16 ou 17 ans non ? »

Le talkie d’Ariel grésilla, une autre patrouille les avertissait qu’ils avaient rencontré une présence hostile dans un autre des quartiers de la ville. Le soldat coupa le son après cette annonce, laissant son coéquipier gérer le reste, en cas de demande de rapport des supérieurs sur leur situation. Il espérait que ce dernier ne cafterait pas son petit mouvement d’humeur. Il ne manquerait plus qu’il soit consigné au recensement entre les quatre palissades du camp durant quelques jours. Avec cette épée de Damoclès, du nom d’Ezra, au-dessus de sa tête, qui guettait la moindre occasion pour venir le voir. Il crispa un peu sa mâchoire, essayant de penser à autre chose et reporta son attention sur son vis-à-vis.

Il regarda le gamin et soupira un bon coup. C’était pour aider les gens qu’il faisait ce métier et ce garçon avait franchement besoin d’aide.

« Tu ferais mieux de nous suivre avant de te faire buter par on ne sait quoi, ni qui … Je ne veux pas te manquer de respect, mais tu ne m'a pas l'air très ... à l'aise dehors. »

Ariel regarda le garçon lancer son couteau suisse à ses pieds. Il regarde le petit objet avec étonnement se retenant de pouffer de rire. Il avait vu des survivants armé d’objets détournés de leur usage principal, ingénieusement utilisé pour se défendre contre les rôdeurs. Cela allait du club de golf, à la poêle à frire. Mais le couteau suisse de son vis-à-vis avec quelque chose de ridicule. Il le voyait mal attaquer une horde de morts avec la minie pince-coupante ou la petite scie, plus proche d'une lime à ongle que d'un objet dangereux. Il releva son regard interloqué vers le jeune homme et lui adressa un petit sourire moqueur.

« Attention le petit chaton sort ses griffes … Ramasse ton couteau suisse ou tu risques de l’oublier ici. Et ça serait dommage de se séparer d'une arme de destruction massive de cette ampleur. »

Puis il se présenta simplement. Le militaire appréciait les gens qui ne tournaient pas autour du pot, mais il fallait l’avouer ce dernier n’avait pas l’air des plus bavard non plus. Pourtant il répondait à chacune de ses questions, effectivement de manière succincte, mais il préférait ça à un discours interminable et vide de sens. Puis il lui sembla que ce dernier paraissait s’énerver un peu. Et le sourire d’Ariel s’étira un peu plus. Ah … ce mec n’était pas aussi faible que le laissait croire les larmes qui avaient coulé sur ses joues quelques minutes auparavant.

« Oui, oui, je ne remets pas ça en doute. La preuve est juste devant moi. Si tu ne savais pas te défendre tu ne serais pas vivant, debout devant moi. »

Et pour Ariel, c’était un compliment. Le militaire essayait d’être le plus sympathique possible, mais étant donné les mauvaises bases sur lesquelles ils étaient partie et son humeur pas tout a fait au beau fixe, il se doutait bien qu’il serait compliqué de nouer une relation cordiale avec le jeune gars. Enfin, pas si jeune que ça étant donné qu’Ariel venait de se rendre compte qu’il n’avait que quatre ans de différence tous les deux. Le même écart qu'entre lui et Ezra … Putain, ça devenait une fixette que de penser à son frangin à longueur de temps …

Heureusement, Kade lui avoua faire déjà partie d’un groupe. Mais ne précisa pas lequel, ce qui intrigua le soldat.

« Ah ? Et où il est ce groupe ? Vous êtes nombreux ? Vous êtes domicilié où ? »

Alors qu’il jetait un regard alentour pour voir si tout allait bien du côté de son coéquipier, il ne put ignorer que le garçon avait encore reculé. Ariel soupira. Était-il un peu lent ? Où n’avait-il vraiment pas compris qu’Ariel était là pour l’aider et non pour lui faire du mal ? S’il pouvait l’éviter il ne touchait pas aux vivants alors il fallait vraiment que ce mec se décontracte un peu avant de péter d’un anévrisme ou d’un ulcère à l’estomac à force de stresser pour des broutilles.

« Tu sais je ne vais pas te sauter à la gorge. Je suis un minimum sociable, tu n’as pas besoin de reculer. Je préfère dézinguer des morts et laisser les vivants en vie si possible. »

Mais c'est que Kade en serait presque vexé du petit surnom qu'Ariel venait de lui donner. C'était en effet un surnom un brin moqueur mais pas non plus une insulte. Mais en réponse le garçon utilisa le mot interdit à ne surtout jamais utiliser en face du soldat. Sirène ... Il détestait cette histoire, il détestait le dessin animé de Disney, il détestait tout ce qui pouvait lui rappeler de près ou de loin ce personnage qui lui avait pourri son enfance. Si au moins elle aurait pu être un homme au lieu d'une fille, il aurait peut-être un peu mieux vécu cela. Parce que s’appeler Ariel, prénom féminin pour le commun des mortel, et ayant en plus un frère gay, ça n'aidait pas forcement à ce faire des amis à Pumpkin Town.

« Aoutch ! Okay comprit mon p'tit chaton. Mais tâche de ne plus JAMAIS me traiter de sirène. Pour information Ariel c'est d'un prénom d'origine hébraïque qui signifie le Lion de Dieu. Donc exit la jolie rousse à nageoire okay ? »

Puis, au fil de leur discussion, Kade avoua qu'il faisait partie des mecs de l'Arène. Ariel fut un peu déçu. Pas de groupe mystère de survivant. Il risquait fortement de rentrer bredouille de leur sortie du jour. Ce quartier avait l'air vraiment désert au niveau survivant en vadrouille non affilié à un camps ...

« Aaah … T'es un mec de l'Arène … Mais, tu fais quoi exactement là-bas ? Je suppose que tu ne t'y bat pas ? Enfin … tu as peut-être des dons de combat à main nu insoupçonné ? Je ne juge pas un livre à sa couverture ... »

Bon, pour le recrutement d'un membre de plus pour Fort Hope, ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait le faire. Si ce jeune homme était déjà l'Arène, il ne pouvait rien faire d'autre. Mais enfin, maintenant qu'il était là, à discuter avec lui, il n'allait pas le relâcher aussi facilement. Après tout, il avait eu l'audace de le traiter de sirène alors il fallait qu'il le paie un peu quand même.

Il n'eut même pas besoin de trouver une autre excuse pour lui tenir la jambe que ce fut lui qui lui donna une occasion en or de continuer la conversation.
Mais c'est qu'en plus il lui reprochait la manière que le soldat avait eut de l'approcher ? Pour qui il se prenait ce gringalet ?

« Je dois peut-être te rappeler Olsen que c'est toi qui n'a pas obéit immédiatement à mes injonctions. Alors ne viens pas te plaindre maintenant que je t'ai menacé. Je ne fais que mon boulot, jeune homme. Et puis tu aurais pu être un fou dangereux. Je ne te connaissais pas à ce moment-là ... »

Ariel lui adressa un petit sourire moqueur. Il voulait jouer à qui aurait le dernier mot et bien il venait de trouver un challenger de taille. Le militaire n'allait pas se laisser marcher sur les pieds par un petit bonhomme dans son genre. Bon … petit n'était peut-être pas le mot, Ariel faisait seulement dans les deux centimètres de plus. Mais même si on disait le contraire, la taille compte toujours.

« Bon, c'est pas tout, mais ça te dirais de nous accompagner un petit bout de chemin à mon collègue et moi ? On te raccompagnera ensuite à l'Arène en toute sécurité ? Ça te botte ? »

Était-ce vraiment une proposition à choix ou un ordre déguisé ? Cela Ariel ne le dirait jamais, gardant son regard azur ancré sur l'Asiatique en face de lui, un petit sourire satisfait sur les lèvres.

Ariel eut un petit pincement au cœur quand Kade lui dit qu’il restait planqué dans sa chambre. Même s’il avait un sale caractère le soldat n’était pas vraiment méchant. C’était plus un genre qu’il se donnait et un effet secondaire de son côté à ne jamais vouloir admettre qu’il avait tort. Mais le garçon qu’il avait en face de lui, aussi énervant pouvait-il être, ne méritait pas de vivre dans la peur. Le soldat reprit un air sérieux, essayant d’oublier l’insolence de ce dernier.

« Tu sais … trêve de plaisanterie, si tu ne te sens pas bien à l’Arène, tu peux venir à Fort Hope. C’est beaucoup plus tranquille comme endroit. Et tu pourras peut-être te trouver un truc plus intéressant à faire que rester cloitré dans ta chambre ? Je sais pas ce qui te botte à toi … mais y’a de tout là-bas. »

Puis, Kade répondit à sa critique sur sa désobéissance quand il avait tardé à se retourner. Il pouvait dire ce qu’il voulait, pour Ariel, c’était bien le jeune homme qui était en tort. Mais bon, vu comme il venait de lui répondre à l’instant, le militaire aurait du mal à prouver sa bonne foi. Et puis, il n’était qu’un civil, et il n’avait pas l’expérience qu’Ariel avait eue avec d’autres survivants beaucoup moins coopératif que lui.

« Ce n’est pas de ma faute si tu n’es pas un rapide … »

Ariel rit légèrement. Commençait-il à se détendre ? Leur rencontre avait vraiment commencé du mauvais pied mais allait-elle finir par devenir presque agréable ? Il ne tenait qu’au militaire d’être un peu moins … lui … pour arranger les choses. Mais le trait d’humour du jeune homme le laissa littéralement sur le cul. Il ne sait pas pourquoi mais au lieu de prendre ça au second degré, il prit cette remarque beaucoup trop sérieusement.

« Rencard ? … pourquoi rencard ? … Je ne fais que mon métier … Je protège les autres … J’escorte … Je raccompagne … Je … enfin je ne suis pas gay ! … Pourquoi tu me dis ça ? Tu trouves que je fais gay ? »

Ariel resta un peu interloqué. Et si son frère l’avait contaminé et si lui aussi devenait gay comme Ezra ? Que deviendrait-il ? Il n’avait pas envie d’aimer les hommes … Il n’était pas non plus un tombeur de fille, mais la gente féminine lui convenait plus que tout. Alors pourquoi changer ? C'était inconcevable pour lui.

Ce reprenant, il rendossa son costume impeccable de militaire, se raclant la gorge pour reprendre une voix plus sûr de lui. Il était dehors pour une mission et même si Kade était un imprévu sur sa route, il devait tout de même penser à retrouver les civils encore égarés.

« Tu es dehors depuis longtemps, tu n’aurais pas vu d’autres survivants se balader en solo aujourd’hui ? Tu en croises d’habitudes ? Ou l’endroit est plutôt calme ? »

Pourquoi ne pas utiliser les connaissances du jeune homme en face de lui ? Il paraissait avoir l’habitude de rôder à l’extérieur de l’Arène, et vu comme il paraissait timide, il devait avoir l’habitude d’observer sans se faire voir. Ariel vient même à se demander s’il n’allait pas lui demander de l’aide plus régulièrement. Après tout pour quoi pas ?

Le soldat eut l’air surprit quand Olsen lui dit qu’il ne comprenait pas et qu’il ne se sentait bien, de toute façon, nul par. Oui en effet, il ne comprenait pas ce qu'il pouvait clocher avec le jeune homme. Il admettait que sa timidité et son hyperémotivité pouvait être gênantes, mais de là à refuser toute interaction avec d’autres êtres humains, c’était un peu extrême.

« Tu es un peu défaitiste … Si tu n’essaies pas tu ne peux pas savoir. Je sais pas si on aurait la possibilité d'au moins te faire visiter. Juste pour que tu vois … Je suis sûr que tu pourrais te faire des amis là-bas. Et tu vas trouver ça con, mais c’est un peu mon boulot de me soucier des autres. Si j’en avais que pour ma poire, je ne serais pas là à faire ça. »

Ariel s’inquiéta tout de même de ce que lui disait le jeune homme. Il n’avait pas l’air si difficile à vivre que ça. Si lui, Ariel Young, avait réussi à se faire accepter dans une communauté avec son caractère un peu spéciale, c’est que tout le monde pouvait le faire. Et Kade ne paraissait pas aussi chiant que lui. Alors pourquoi appréhendait-il ainsi la vie dans l’Arène ou a Fort Hope.

Alors qu’Ariel ressentait le besoin de se justifier par rapport à cette histoire de rencard, Kade eut l’air d’essayer de dédramatiser cette histoire qui avait fait perdre au militaire toute sa carapace de mec sûr de lui.

« Ouais mais bon dans le doute, je te dis que j’aime les filles. »

Dieu que cette question le perturbait. Une boutade, il en avait même du mal à le croire. Il se moquait encore de lui non ? Ariel plissa les yeux à sa réponse, et se ferma un peu. Pourquoi dire ça à quelqu’un, ce n’était absolument pas drôle. Ariel, le visage fermé resta silencieux avant de reprendre la parole, l’invitant d’un geste à commencer leur balade. Puis, après la réponse encore une fois assez laconique du jeune homme, il ajouta.

« Ben tu vois que tu peux te faire des amis ! Elle était mignonne cette fille ? Et sinon, tu es resté longtemps dehors tout seul ? Tu n’as jamais fait partie d’un groupe ? C’est quand même plus sécurisant d’avoir des gens sur qui compter. »

Ariel disait cela en désignant d’un geste son coéquipier qui les suivait quelques pas en arrière. Comme Ariel était en pleine discussion, c’était à lui que revenait la tâche de monter la garde. Et de toute façon, le bavard des deux c’était le jeune Ariel. Le soldat marchait tranquillement à côté de Kade, surveillant tout de même vaguement les alentours.

« Tu étais encore au lycée quand tout a commencé ? »

S'il avait 18 ans aujourd’hui, au début de tout ce merdier il devait être mineur, c'était donc plus une question rhétorique pour l'inviter à parler de son passé qu'une réelle question. Comme son frère, Ariel était un petit curieux qui aimait fouiner un peu partout pour son plus grand plaisir.

Autant Ariel avait un problème avec les homosexuels, enfin surtout un en particulier, autant Kade avait un problème avec les êtres humains en générale. Ariel avait beaucoup de mal à comprendre ça. Il comprenait que certaines personnes avait sûrement dû lui faire du mal, mais de là à généraliser à tout le monde, c'était tout de même un peu extrême. En se comparant au garçon, le soldat ne détestait pas tout les gays, seulement ceux un peu trop efféminé ou ceux s'appelant Ezra Young. Ne se démontant pas, Ariel essaya une dernière fois de le convaincre. Après tout, il n'était pas non plus sa mère. Il voulait bien donner quelques conseils mais il n'allait pas l'obliger à faire des efforts si Kade ne le souhaitait pas.

« C'est vrai je connais pas ton passé, mais … avec tout ce merdier, ce qui est bien c'est qu'on peut oublier notre passé et commencer une nouvelle vie. Il faut peut-être que tu saisisses cette occasion, non ? Je joue pas au grand sage hein, ne te méprends pas mais … enfin c'est une occasion à saisir, non ? »

Puis, la conversation continuant, Ariel fut intérieurement ravi quand le jeune homme ne relance pas sur le sujet de son orientation sexuelle. Un vrai soulagement pour le militaire. Et justement, la conversation changea de cap quand Kade lui apprit qu'il ne s'intéresser pas au physique des filles. Ariel reste interdit quelques secondes. Comment un garçon dans la force de l'âge, même timide, ne se sente pas tenté de jeter un regard sur la poitrine d'une dame … Un vrai mystère pour le soldat.

« Tu ne t'attardes pas sur le physique d'une fille que tu rencontres ? Pourquoi pas …Pourtant tu devrais avoir les hormones en ébullition vu ton âge. Moi, je râte pas une occasion de mater de belle demoiselle … Vu ce que je me trimballe dans mon régiment ... »

Alors que leur balade commençait, Ariel resta silencieux quand Olsen répondit à sa question. Ces parents étaient mort … Comme c'était triste, il devait être si jeune quand il les avait perdu … Ariel n'avait d'ailleurs toujours pas de nouvelle des siens. Mais il espérait que le trou paumé ou ils habitaient avait était protégé des grosses hordes de rôdeurs et que ses parents avaient pu s'en sortir.

« Toutes mes condoléances pour tes parents ... »

Chemin faisant et contre toute attente, Kade lui posa une question. Ariel avait-il réussi à briser la carapace du garçon ? Ce dernier allait-il devenir plus bavard et s'ouvrir un peu au militaire. À être solitaire comme il l'était, il ne devait pas se confier beaucoup. Et Ariel trouvait cela triste. Même s'il ne faisait pas partie des civils dont il était responsable, savoir ce gamin malheureux et seul mettait le soldat mal à l'aise. Il était là pour aider les gens, c'était pour ça qu'il faisait ce métier et là, Kade avait besoin de son aide, Ariel en était persuadé. Il ne pouvait pas continuer comme ça. Il disait que cela lui convenait, mais ce n'était vraiment pas une façon équilibrée de vivre.

« J'ai 22 ans. Et si tu veux tout savoir mon p'tit chaton, après mon lycée j'ai fait un an et demi d'une formation d'agronomie avant de m'engager. Je suis démineur de formation. »

Ariel n'avait rien pour devenir soldat, personne dans sa famille n'avait embrassé de carrière militaire avant lui et l'uniforme ne l'avait jamais vraiment attiré. Ça lui était tombé dessus comme ça, sans prévenir. Mais il n'avait jamais était aussi heureux que lors de sa formation, il se sentait enfin utile pour la communauté. Et ensuite, quand l'horreur avait envahit son pays, il avait pu faire ce pour quoi il s'était engagé.

Le jeune homme venait de se livrer à Ariel et se dernier lui adressa un petit regard compréhensif.

« Tu sais j'en ai vu beaucoup des connards sur ma route, mais il y a aussi des gens bien. Des gens avec qui tu pourrais apprendre à redonner ta confiance. Je sais que c'est bizarre dit comme ça, mais, ça aide d'avoir des personnes sur qui compter. »

Le soldat avait l'habitude de faire confiance à ses coéquipiers. C'était un peu le cœur du métier que de compter sur les autres pour avancer. Les individualistes n'avaient pas leur place dans l'armée. C'était même dangereux de penser exclusivement à soi, surtout en milieu hostile. Par contre, le militaire connaissait bien le sentiment que c'était de perdre confiance en quelqu'un. C'était un sentiment affreux et si le garçon en face de lui éprouvait ça d'une manière généralisé à l'espèce humaine, alors il comprenait très bien qu'il soit dans cet état de méfiance.

Puis, Kade avoua avoir peur des filles. Cela fit sourire Ariel.

« Tu sais Olsen, les filles peuvent être parfois terrifiante, mais c'est bien aussi, ça fait leur charme. Après si tu préfères les garçons … je suppose que ça doit être pareil. Tu sais … moi aussi j'étais pas hyper à l'aise avec les filles. Mais ça passe avec les années … et l'université aussi. »

Ariel rit légèrement. Il s'était pris un nombre de râteaux incalculable, alors faire comme s'il maîtrisait le sujet devant Kade était un petit peu hypocrite. Mais bon de toute façon, il était sûrement plus expérimenté que son compagnon du moment. Il rit encore un peu, se moquant toujours de lui-même et repensant à certaines de ses conquêtes, comme quoi avoir une belle gueule ne faisait pas tout le travail.

Puis le jeune homme évoqua son père quand Ariel parla du sien. Finalement, il avait réussi à créer un lien entre eux et à briser la glace.

« Ah ? Et il faisait quoi ? Le mien cultivait du tabac … J'aurais dû reprendre l'exploitation après que mon frère se soit barré. Mais c'était pas l'éclate ... »

Une fois Ezra partie de la maison, Ariel avait eut la lourde responsabilité de reprendre l'exploitation familiale. Surtout qu'il n'avait pas d’ambition spéciale après la fin de son lycée. Alors quand son père lui avait proposer l'exploitation, le jeune homme n'avait pu qu'accepter.

« Moi, je sais pas ce qui me plaisait quand j'avais ton âge… Je n'ai pas eu le temps de me poser la question. Je me suis lancé en agronomie par obligation. Puis un jour, j'me suis réveillé et j'ai voulu devenir démineur. Et j'ai réussi à faire ce que je voulais. Mais franchement c'est une bonne idée, écrivain. D'ailleurs, tu peux toujours le devenir, rien ne t'en empêche. Surtout maintenant que tu es en sécurité à l'Arène, tu peux écrire durant ton temps libre. »

Après tout, le monde finirait un jour par se remettre à tourner rond et dans un monde qui tourne rond, il fallait une partie de la population qui réfléchisse à autre chose, à une autre vision de l'avenir. Et les écrivains, les peintres, les musiciens, tous ceux maîtrisant un Arts participeraient à cette reconstruction.

« Tu sais une fois que tout rentrera dans l'ordre on aura besoin de gens qui fasse autre chose que se battre ou cultiver des légumes. Les trucs un peu artistiques auront aussi leur place.Tu sais mon … frère … est tatoueur … Il aura peut-être une utilité quand tout ce merdier sera fini. Donc un écrivain aura surement sa place ! »

Leur balade se passait tranquillement, le coin était vraiment mort. Mais au moins, la conversation devenait agréable entre le deux hommes.

« T'as de ses questions franchement ... »

Ariel sourit, puis réfléchit quelques secondes pour organiser ses pensées avant de parler.

« Et bien, je dirais qu'en ayant quelqu'un sur qui compter, tu ne te sens pas seul face au reste du monde et à tout ce qui peut t'arriver. Ça te permet d'appréhender l'existence d'une manière plus sereine je dirais. C'est être sûr que cette personne ne te trahira jamais, tant au niveau de ses sentiments que de ses actes et qu'elle sera toujours là pour toi. Tu n'as jamais eu de meilleur ami ? »

Ariel n'avait jamais été un fin psychologue. Celui qui été doué pour comprendre les autres dans la fratrie Young c'était Ezra. Mais Ariel, malgré son mauvais caractère, arrivait quand même à être une oreille attentive et à écouter les gens qui se confiaient à lui. Il était peut-être maladroit, mais cela ne l’empêchait pas d’être parfois de bon conseil.

Puis, Kade lui apprit qu’il était déjà peut-être tombé amoureux d’une fille, ce qui le rassura intérieurement. Au moins il n'avait pas l'air gay. Il n’était pas un expert question sentiment amoureux, mais il avait ça petite expérience et il ne se gêna pas pour en faire profiter le jeune homme qui marchait à ses côtés.

« Si tu tenais énormément à elle, que tu voulais la protéger de tout et que tu souhaitais passer chaque secondes de ton existence avec elle, alors c'était de l'amour. Enfin selon ma définition. »

Le militaire remarqua, quand Kade lui appris que sa famille avait aussi donné dans l’agricole, que cela leur faisait un point commun. Peut-être le seul depuis le début de la conversation. Mais cela ne les avait pas gênés pour discuter tranquillement. Comme quoi, l'adage "les contraires s'attirent" était vérifié.

« Oh oui … C'est une dure décision que de dire non à ses parents … Mais ils ont été très cool avec moi. Surtout que … il ne faut pas se mentir ça en envoie d'être dans l'armée. »

Ariel était heureux d’avoir pu choisir cette carrière, il était content du métier qu’il faisait et ne s’imaginait toujours pas en tant que fermier de Caroline du Sud. C’était peut-être le seul point sur lequel il était d’accord avec son frère. Ce dernier avait lui aussi suivit son cœur pour son choix de carrière et le soldat ne lui en foulait pas pour ça. Et de toute façon ce dernier aurait fait un bien piètre agriculteur … Bien trop précieux pour passer ses journées les pieds dans la boue.

Puis le sujet devint un peu plus sérieux et Ariel posa une main rassurant sur l’épaule du jeune homme, après que ce dernier eut shooté dans un caillou.

« Les nôtres peut-être, ont fera semblant quelques années, puis on oubliera petit à petit. Ainsi va la vie. Mais il faut aussi voir plus loin, il faut penser aux générations prochaines. Les enfants de nos enfants ne connaîtront jamais tout ce bordel, ils n’auront jamais le déplaisir de croiser des rôdeurs. Tout sera différent pour eux. »

C’était peut-être utopique, mais c’était la vision des choses d’Ariel. Pour lui, l’humanité s’en remettrait, cela ne pouvait être autrement. Et puis, s’il regardait le monde avant l’arrivée des rôdeurs, les civilisations avaient résisté à des catastrophes naturelles et climatiques, des maladies, des guerres... Alors ce n’est pas juste ses morts qui se relevait qui allait les abattre. Un être humain c’est parfois pire qu’un cafard, non ?

Alors qu’un petit sourire se dessinait sur son visage, Ariel perdit instantanément toute joie quand Kade évoqua son frère.

« Est-ce vraiment une chance d'avoir un frère ou une sœur, je ne sais pas … On a juste un caractère incompatible. Il m’insupporte par sa seule présence, il est … trop lui …, et puis il est gay … et je lui en veux d'être partie de chez nous quand il était jeune. C'est tout … Si tu le rencontrais, toi aussi tu le détesterais  »

Ce gamin avait l’air d’en avoir bavé avec les autres. Mais jusqu’à ou ça avait bien dû aller pour qu’il soit comme ça aujourd’hui ? Ariel se posait la question. Mais il n’avait pas très envie de lui demander ce qui lui était vraiment arriver. Parce que remuer les anciens souvenirs n’était pas toujours une bonne chose. Il en était lui, Ariel, la preuve vivante.

« Et bien il n’est jamais trop tard pour s’y mettre non ? Tu as encore le temps de te faire des amis. Tu sais il en suffit d’un seul pour être heureux. »

Ariel n’avait plus vraiment d’ami depuis le début de ce merdier. Il en avait quelques-uns dans son village natal, mais en partant à l’armée, il avait peu à peu perdu le contact avec eux. Et puis dans sa nouvelle famille de l’US Army, il était plutôt resté en retrait. Il n’avait bien évidemment pas accroché avec tout le monde, préférant garder une distance certaine pour éviter les ennuis. Mais il y avait quand même sympatisé avec deux ou trois gars, avec qui il rigolait bien et avec qui il pouvait discuter.

Quand le garçon parla de la fille qui lui plaisait à l’époque et il lui avoua n’être jamais allé lui parler, Ariel sourit, il avait aussi connu ce genre de soucis à une époque. Mais quand Kade ajouta qu'il avait fait des choses en secret pour l’aider, le militaire ne pu s'empêcher de trouver cela romantique et il sourit de plus belle devant cette confidence. Il voyait à quel point la timidité maladive de ce garçon avait pu l’handicaper dans sa vie d’avant. Mais, peut-être qu’en lui mettant un bon coup de pied au derrière il arriverait à lui faire passer cette retenue et se négativisme qui commençait à le caractériser.

« C’est mignon … Franchement à la prochaine fille qui te plaît tu m’appelles et j’irais lui parler okay ? On peut pas te laisser dans cette situation non ? »

Ariel était toujours prêt à aider pour ce genre de chose. Si une chose était sûre, il n’était pas timide. Pas non plus aussi extraverti que son frère, mais il n’avait pas peur d’aller vers les filles. Il le faisait rarement car il était assez difficile en la matière, mais il se débrouillait pas trop mal au final. Il était même assez charmant avec la gente féminine, dissimulant à la perfection son sale caractère pour arriver à ses fins.

Puis, voilà que la conversation touchait un point qui lui tenait à coeur : sa chère armée. Pour Ariel tout le monde avait sa place sous la bannière étoilé. Il n’y avait pas de mauvais soldat ou de personne incapable de s’engager. Après tout il y avait des musiciens, des médecins, des cuisiniers et plein d’autre corps de métier possible. Alors Kade avait forcément un métier qui lui conviendrait. Il n’était peut-être pas un soldat de terrain pour de l’action "directe", mais il pourrait très bien devenir un ingénieur ou bien un éclaireur sans soucis.

« Tu m’as vu, je suis pas non plus une machine de guerre. Du moment où tu es assez sportif, ça passe. Et puis, si tu es intelligent, ce dont je ne doute pas, tu peux ne pas être soldats de terrains, mais ingénieur ou des trucs du genre. »

Même s’il ne le voyait pas, Olsen avait pas mal de qualité, il était discret, savait s’exprimer à l’orale correctement, et le militaire était sûr qu’avec un peu d’entraînement il pourrait devenir qui il voulait. Mais il n’y avait qu’un seul souci à régler, et c’était sa confiance en lui. Sans ça, il n’arriverait à rien du tout. Quoi qu’il entreprenne d’ailleurs.

« Donc ne te dévalorise pas. Tu n’es pas trop faible. »

Ariel resta tendu alors même que le garçon s’excuser d’avoir évoquer Ezra. Ce n’était pas de ça faute si le militaire avait réagi comme ça. Mais sa rancœur était trop tenace pour qu’il arrive à en parler calmement.

« Non … c’est moi qui ai parlé de cette tapette en premier … ne t'excuse pas ... ça me ferait chier que tu sois mal à l'aise à cause de ce connard ... »

De toute façon, il n’éprouvait plus rien envers son frère, plus rien que cette haine tenace qui augmentait au fur et à mesure des jours qu’il passait en sa présence. Il n’arriverait plus jamais à revenir en arrière et à l’aimer autant qu’il l’aimait quand il était plus jeune.
Il soupira une nouvelle fois puis fit prendre un virage totalement différent à la conversation.

« Comment tu t’es retrouvé à l’arène ? Il doit bien y avoir une raison pour que tu sois rentré là dedans non ? »

Comme si de rien était et de la manière la plus naturelle possible, Ariel répondit à la question rhétorique de Kade. À croire que le jeune homme était vraiment un cas désespéré. Mais tout le monde pouvait se faire des amis. C'était plus ou moins facile suivant la personnalité des gens mais tout le monde y arrivait. Et même Kade pouvait le faire, Ariel en était persuadé. Mais en tant que preux chevalier, il allait lui tendre une perche que le jeune homme ne pourrait pas refuser.

«  Moi, moi je peux être ton ami. »

Au premier abord, Ariel ne paraissait pas quelqu’un de sympathique. Loin de là même. Il avait un caractère que tout le monde détestait. Mais pourtant, malgré tout ses défauts, il n'était pas un mauvais bougre. Il pouvait même se montrer très attentionné et prévenant. Il savait faire attention aux autres, quand il avait envie...

« Ça c'est toi qui le dis. Mais tu es jeune, tu verras avec le temps. Je suis sûr que tu changeras d'avis. Et que, quand tu auras confiance en toi tu fera des choses que toi-même n'aurait jamais imaginé. »

Tout le monde changeait. La preuve lui-même avait énormément changé entre le moment où il est entré en formation d’agronomie et le moment où il avait pris les armes. Et son frère aussi avait changé … Mais ça c'était une autre histoire, qu'il n'avait pas envie de se remémorer maintenant.

Puis Kade lui expliqua comment il s'était retrouvé à l'Arène. Et Ariel l'écouta attentivement. Les civils se débrouillaient beaucoup mieux que les militaires parfois. Alors que lui avait dû menacer Kade pour engager la conversation, cet homme avait gagner sa confiance de la plus douce des manières.

« Ooh ... c'est une jolie histoire. Enfin pas que tu crèves de faim dans une boutique abandonnée. Mais que quelqu'un t'aide comme ça. Comme quoi, toi qui n'a confiance en personne, il y a encore des gens bien dans ce monde. »

Restant ensuite silencieux le temps d'avancer encore un peu, il brisa ensuite ce silence pour raconter une bribe de son passé. Il parlait rarement de cet accident, il avait tellement eu peur ce jour-là, qu'il préférait tout oublier et ne plus jamais repenser à cet épisode terrifiant de son passé. Mais là, en présence du jeune homme, les mots sortaient tout seul. Bien que loin de détailler tout les faits, il les évoquait et c'était déjà beaucoup.

« Je n'ai pas d'histoire aussi sympa à te raconter. Personne ne m'a jamais sauvé de rien du tout. Enfin … là, je mens un peu. On a eu un gros accident en mission et mes coéquipiers on tenue à me ramener en lieu sûr, au lieu de me laisser attendre la mort où j'étais. Je les ai ralentis et je les ai mis en danger, mais ils m'ont sauvé. Sans eux je me serais vidé de mon sang. Et vu le bordel de l'époque … Ils auraient très bien pu me laisser là-bas. Enfin bref, j'espère que tu as remercié ton sauveur ? Tu lui doit beaucoup ... S'il n'était pas entré dans ce magasin, c'est peut-être moi qui aurait découvert ton cadavre au fil d'une de nos fouilles. Et ça aurait été dommage de ne pouvoir profiter de ta compagnie, Olsen. »

Ariel sourit de manière provocante et lui fit un clin d'oeil. Même s'il s'était envoyé des piques pendant un bon moment au début de leur conversation, le tout semblait s’être calmé maintenant. Et contre toute attente, le soldat appréciait vraiment leur échange. Il se tourna vers son compagnon et lui adressa une belle bourrade dans le dos. C'était peut-être un peu brusque, mais c'était un geste affectueux de la part du militaire.

Ariel s'arrêta alors que Kade le désarçonna avec une remarque sur les téléphones portables. Mais où veut-il en venir ? Le militaire n'a même pas le temps de lui poser la question que ce dernier précise ce qu'il entendait par là. Il avait remarqué que sa question l'avait perturbé mais finalement pas autant qu'il ne le pensait. Sa proposition avait fait son petit bout de chemin et Ariel l'observa en levant un sourcil d'étonnement, lui laissant le temps de s'exprimer, avant d'afficher un petit sourire provocateur sur son visage.

« Comment tu croyais qu'il faisait à l'époque ? Monsieur l'Intello ? On peut commencer par se donner rendez-vous au lieu de notre première rencontre dans un mois, environ à la même heure qu'aujourd'hui ? Si jamais on a un empêchement, on envoie quelqu'un d'autre à notre place porter le message. Et si je ne te vois pas j'irais directement à l'Arène. »

Ensuite, le soldat se retourna et repris sa marche. Il y avait bien une autre solution, beaucoup plus simple que de se donner rendez-vous autant de temps en avance, mais, il se doutait que cette solution ne conviendrait pas au jeune homme.

« Ou sinon … tu peux venir habiter à Fort Hope … Enfin … quand tu en auras marre de l'Arène. J'ai bien compris que cela ne te dérangeait pas de vivre là-bas. »

Après tout, ce dernier lui avait bien spécifié qu'il faisait déjà partie d'un groupe et sa vie à l'Arène avait l'air de le satisfaire, alors pourquoi insister plus ? Si Olsen voulait rejoindre le camp, alors cela devait venir de son propre chef. De toute façon Ariel n'avait aucune légitimité à le retirer de son abri actuel. Il risquait même de s'attirait des ennuis s'il forçait un peu trop la main de Kade.
Puis, pour ne pas s'attarder sur son idée saugrenue de faire venir Kade à Fort Hope, il enchaîna sur le ton de la plaisanterie, se retournant une nouvelle fois vers lui.

« Tu as une heure approximative pour rentrer ou tu t'en moques ? Ou bien, peut-être que tu es trop fatigué pour continuer à marcher ? Et que je fais devoir te ramener à l'Arène en te portant comme une princesse ? »

Le silence s'installa à nouveau entre eux. Ariel n'avait pas le don de son grand frère pour entretenir une conversation aussi facilement que lui. Il se débrouillait et il parlait facilement d'un peu tout les sujets, mais parfois, il ne savait pas comment se sortir d'une situation. Alors qu'Ezra aurait effectué habilement une allusion sexuel ou tout autre blague pour alléger l'atmosphère, Ariel, lui, se demandait qu'elle thème choisir. Puis, il se rappela du ridicule couteau suisse du jeune homme et trouva opportun de reparler de ça.

« Tu sais … tu devrais prendre une arme plus imposante. Ça dissuaderais un peu plus que ton canif … même si tu ne t'en sers pas vraiment en vrai. Je dis pas ça pour t'embêter ou remettre le sujet des armes sur le tapis … mais ça me rassurait que mon ami soit équipé un peu plus correctement. »

Maintenant qu'ils étaient amis, il avait le droit de se mêler des affaires de Kade et cette histoire d'arme ne convenait pas du tout au militaire. Et il avait bien l'intention de faire changer les choses. Maintenant qu'il était là pour lui, Ariel allait tout faire pour l'aider à survivre de manière plus convenable qu'en se cachant. Et rien qu'en se rappelant de la manière dont il fixait ses chaussures quelques minutes auparavant, le militaire se disait qu'il avait du boulot. Beaucoup de boulot.