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Depuis l'été 2014, l'Apocalypse règne sur le territoire américain. Dans la région de Détroit, les survivants s'organisent seuls depuis des mois pour sauver leurs vies et résister aux rôdeurs. Quand, après trois ans sans nouvelles du gouvernement, l'armée revient à Détroit, un nouvel espoir semble possible pour les survivants. Mais à quel prix ?
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 "Les retrouvailles" pour les nuls
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MessageSujet: "Les retrouvailles" pour les nuls   "Les retrouvailles" pour les nuls EmptySam 2 Mar 2019 - 21:01
L'été est en train de se finir, ça y est.
Ça va bientôt être le retour du froid, des rhumes et des preuves qu'en plus d'esprit, Jasper est aussi lâche de corps. Ah, ça sait se faufiler à travers des trappes et courir pour sauver sa peau, mais en dehors de ça, ses muscles ne sont que minimes, sa résistance au froid ridicule, et ses anti-corps, ils étaient sûrement partis en grève depuis la dernière grippe – des anti-corps français, quoi.

Qu'est ce qu'il allait faire, s'il tombait à nouveau malade ? C'était déjà dur de tenir la route, hors de la communauté. Si la nourriture dehors était compliquée à trouver, les médicaments l'étaient encore plus : autant la bouffe, ça peut pousser sur les arbres comme naître dans des nids, mais le Doliprane, le Mercurochrome, et toutes ces merdes chimiques, elles ne sont plus fabriquées à grande échelle commerciale. S'en procurer était aussi aisé que de les fabriquer soi-même. Et Jasper n'avait pas la moindre compétence en science et chimie depuis ses années lycées (il était nul, de toutes façons).

Cette période de transition de saison là, elle lui rappelait l'infirmerie. En dehors des rhumes et des petites phases de faiblesse, le Voleur s'y rendait surtout pour se faire soigné des plaies, des bleus, des tas de trucs pas très graves qui, à répétition et en grand nombres, pouvaient s'infecter et le mettre à mal dans son propre corps si on ne s'en occupait pas.
Jasper pouvait se charger de ça tout seul, mais il n'avait pas non plus toute la pharmacie dans sa ceinture – étonnant, hein ?
C'est là-bas qu'il avait fait la rencontre de Noah, qui devait connaître tout le monde, d'ailleurs. « Client » régulier de l'infirmerie, Jasper avait trouvé en lui un camarade classique mais attachant, autant par sa nature que par son boulot – quoique ça aurait été un ours de type Carter, ça aurait certainement pas eu le même effet.

Avec toutes les conneries qu'il se créait lui-même, Jasper finissait parfois par confondre attachement social ou matériel. S'il s'intéressait à quelqu'un pour ce qu'il était ou ce qu'il possédait. Évidemment, le Franco-américain avait déjà volé quelques bidules dans l'infirmerie en l'absence de son gérant. Et s'il s'en voulait toujours au début, la culpabilité ne durait jamais. Que ça soit pour Noah ou quelqu'un d'autre.

Mais là, depuis son retour à Fort Hope, pas une fois Jasper ne l'avait croisé de nouveau ; ni même mit les pieds à l'infirmerie.
Pas qu'il hésitait à s'y rendre car l'automne allait forcément l'obliger à aller trouver des médicaments plus tard, mais parce que rien que le fait de s'être souvenu de cette pièce lui a rappelé comme il passait des moments « sympas » avec Noah. Et quand les militaires l'ont ramené ici alors qu'il se tapait une bonne sale réputation de voleur à qui l'on ne pouvait pas faire confiance, il y a beaucoup de têtes qu'il a volontairement évité. Même des gens qu'il aimait bien.

Dont Noah, en fait...

Face à la porte depuis maintenant deux bonnes minutes, Jasper triturait nerveusement ses mitaines et ses doigts, répétant à voix basse ce qu'il pourrait dire pour commencer ces retrouvailles. Et souvent, très souvent entre deux mots de son discours, il se demandait si le médecin allait bien vouloir lui parler ou simplement le laisser entrer.
C'était la première fois que Jasper décidait d'aller à la rencontre d'une vieille connaissance de lui-même. En temps normal, il aurait plutôt conservé la tête baissée et aurait donc continuellement fait profil bas...
Mais c'est Noah, quoi. Et voilà des mois qu'il le sait dans cette communauté avec lui. Encore étonnant de se rendre compte que, même de loin, il ne l'a encore jamais aperçu. Était-il au courant qu'il était revenu ? Évidemment, tout le monde l'était.
Et on lui avait certainement dit de bien fermer son infirmerie à clé, au cas où.

- Bon... allez... s'encouragea-t-il.

Un franc « toc toc » qui ne pouvait que bien se faire entendre. Si personne n'ouvre dans les cinq secondes qui suivent, il prendra la poudre d'escampette.

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