Deena avait utilisé le bus de ramassage de survivants presque estampillé « l’armée recrute, vous verrez du pays » avant de parquer les naïfs à Fort Hope, pour venir rencontrer sa belle-sœur. Elle avait fini sa mission, du moins, cette partie de la mission, et commençait a mesurer le soucis pour quitter le camp. Telle la mâchoire d’un Pittbull gourmet ou les bras d’une Elmira en manque d’affection, les militaires ne semblaient pas très pressés de laisser partir les couillons qui avaient accepté, avec ou sans aide, a venir les visiter. La jeune femme n’était pas d’un tempérament a s’inquiéter outre mesure, mais elle pressentait qu’elle risquait de devoir continuer le tourisme Fort Hopien encore quelque temps. Au moins, son personnage de Debbie la débile, la jeune mère avec un bébé qui passait son temps a pleurnicher ou raconter en boucles des anecdotes plus ennuyeuses les une que les autres, lui assurait plus de tranquillité qu’à ses camarades de bus. Les petits hommes verts qu’elle aimait voir comme les envahisseurs l’avaient bien arrosée de questions avant de se retrouver noyer de réponses. Elle s’était amusée à les faire tourner en bourrique, à leur faire miroiter des informations utiles pour mieux les assommées d’idioties. Le pire était qu’ils ne pouvaient pas en vouloir à cette pauvre maman solo sans une étincelle d’intelligence et complètement inutile. Ils étaient loin de deviner qui se cachait derrière masque. Deena était une Cornwell, elle avait grandi entourée de menteurs et de joueurs de poker, elle avait fait partie du programme de sauvegarde des témoins du FBI avant de leur faire a l’envers, à eux aussi. Elle savait, donc, parfaitement affabuler de la meilleure manière qui soit pour faire fuir tout ce qui ressemblaient de près ou de loin a des forces de l’ordres.  

Les envahisseurs avaient donc, tout naturellement, arrêté de lui poser des questions, que cela soit sur le fameux Declan qu’ils cherchaient ou pour découvrir une vague utilité a l’Amérindienne et son bébé. Cela lui avait laissé plus de temps pour se livrer a sa deuxième mission. Effectivement, a son grand étonnement, les militaires se focalisaient sur un archer amnésique dont la principale activité était de faire des concours de qui pisse le plus loin avec son meilleur ami au lieu de se préoccuper d’Abel Jonasson qui s’était proclamé anti militaire et avait des neurones en etat de marche. Dans les faits, ce qui l’amusait, pour ne pas dire la désespérait le plus, c’était que ces idiots n’est pas fait le lien entre leur Declan Traeger et celui de l’arène. Des homonymes et sosies de surcroit, il leur fallait quoi de plus ? Comment des gens pouvaient ils leur faire confiance pour les sauver alors qu’ils excellaient pour montrer leur incompétence ? Ces abrutis n’inspiraient que le mépris a la jeune femme, pourtant, tout vermisseaux qu’ils étaient, ils avaient des armes, et cela pouvait peser lourd dans la donne contre Abel. Deena s’était donc appliquée a collecter des informations utiles pour Abel qui avait sauvé son précieux le bébé. Alors que le problème du ticket de retour vers la liberté se posait de plus en plus, Deena occupait son temps libre, du moins, celui que Nayati voulait bien lui laisser, pour faire des inventaires « mine de rien ». Elle estimait combien d’hommes, d’armes, de ressources, de plan d’actions et tous ces petits détails qui pouvaient faire la différence entre une victoire ou une défaite pour Abel. C’est ainsi que par ce pale matin de printemps, l’archère profitait allégrement de son super pouvoir de faire fuir les envahisseurs avec leur « oh non ! pas encore cette folle » « Désolé je ne peux pas, j’ai poney piscine. » pour aller vérifier leurs documents en espérant dénicher des inventaires ou plans utiles à Abel. Elle jouait gros mais on ne devient pas médecins aux services des criminelles en étant frileuse coté risques. Son père lui avait fait vivre le pire, elle se sentait armée pour gérer le reste. S’introduire dans la tente-bureau de fortune ne fut pas compliqué, prendre les papiers non plus. En fait, tout aurait pu bien se passer si un benêt en vert n’avait pas décider de faire son travail. Elle entendit la voix et les pas avant même de distinguer une silhouette dans la pénombre qui appelait un camarade « au cas où ». Ils furent deux a entrer dans la tente tout ça parce qu’un imbécile s’était « alarmé d’avoir cru voir quelque chose ». Elle avait eu le temps de se glisser derrière le bureau et de cacher les papiers qu’elle avait trouvés dans le dernier endroit où un homme irait regarder : la couche du petit. Elle pensa, à un moment, que les choses en resteraient là. C’était sans compter sur ce brave Nayati qui, sentant très certainement la tension de sa maman de fortune, ou n’appréciant pas la grosse voix du militaire troublant sa petite sieste en écharpe, se décida pour lâcher de gros sanglots. Deena se retint de jurer quand le faisceau de la lampe de poche des envahisseurs vint vers sa cachette. Perdue pour perdue elle se redressa en espérant avoir l’air suffisamment hagarde pour ne pas aggraver les soupçons. Avec la lumière dans les yeux, elle ne pouvait pas distinguer a qui elle avait affaire, ce qui n’aidait en rien. « La folle !? Mais qu’est ce que tu fous là ? » « Une folle ? Ou ca ? Non non, ce n’est que moi ! Je cherche du lait pour mon bébé, on m’a dit qu’il fallait un papier alors je suis venue ici, j’ai attendu quelqu’un, c’était long alors je me suis assise. Je crois que j’ai dormi. Mais c’est pas grave. Vous pouvez me faire un papier ? Le petit a tout vomi. Il faut plus de lait. » L’excuse était aussi bancale que beaucoup de choses, mais, Declan lui avait appris qu’on ne cherchait pas souvent la logique chez les fous, sauf quand on tombe sur un pointilleux. Ce n’était pas le jour de chance de Deena. « Tu es pas à la réserve et tu te crois ou ? Vas y toi, fouille là, je n’ai jamais senti sa tronche a cette tarée. ». Deena joua l’incompréhension la plus totale alors que son cerveau calculait l’emplacement des plans caché et de son couteau. Elle n’avait pas une bonne main. Tuer discrètement un homme avec un bébé en écharpe n’était pas déjà mince a faire, mais deux, c’était sans espoir. Elle ignorait encore que le second soldat qui devait la fouiller n’était peut-être pas un total inconnu. Et c'est avec un air de femme incapable qu'elle gifla la silhouette se dessinant à contre jour quand l'homme arriva près d'elle. Avec ce geste elle essayait de faire glisser le couteau de sa manche a sa main discrètement. Une vieille ruse de famille Cornwell.

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