Il marchait, d’un pas incertain, aveuglé par le soleil. Les paupières plissées, la silhouette légèrement voûtée, il n’avait pas la moindre idée de sa destination, se contentait de prier pour qu’aucun rôdeur ne vienne couper sa route. Il avait trouvé la bouteille au fond d’une épicerie saccagée, s’était empressé d’en boire le contenu pour faire taire la douleur de sa jambe et de son épaule. De son pantalon déchiré au genou, un sang noir suintait, raidissant le jean. L’arbalète pesait sur son épaule valide, quant à l’autre, démise, elle le lançait à chaque pas. Il n’était pas en état de combattre, l’alcool ingurgité l’estomac trop vide lui emplissant la tête de mirages et de pensées incohérentes. La route qu’il longeait semblait calme, dépossédée de ses monstres, du moins pour un temps. Pourvu que ça dure, se dit-il en ramenant lentement le goulot à ses lèvres. Whisky. Mauvais, mais qui ferait bien l’affaire pour terminer le travail. Déjà, les élancements furieux qui lui tiraient une grimace à chaque mouvement s’atténuaient, laissant place à une torpeur dangereuse, certes, mais reposante. Il continua d’avancer pendant une dizaine de minutes encore, puis s’arrêta, trop las pour poursuivre. Errer sans but dans son état ne constituait pas une motivation suffisante pour braver les risques, et c’est avec un soupir satisfait qu’il se laissa tomber à l’ombre d’un porche, le regard dans le vague. Son sac roula pesamment à ses côtés quand il s’en débarrassa. Il lui jeta un coup d’œil pensif, puis le ramena à lui pour examiner ses possessions. L’inventaire n’était pas reluisant. Il se piqua le doigt contre l’un des carreaux, et la présence de l’arme lui arracha un sourire fragile. Aussi peu glorieux soit son état, au moins restait-il en mesure de se défendre. Ou pas, lui rappela la douleur de son bras lorsqu’il tenta d’armer l’arbalète. Elle tomba au sol avec un bruit sourd alors qu’il étouffait un gémissement. La chance lui faisait défaut. Il observa les alentours avec attention, cherchant à discerner, à travers la brume alcoolisée qui faussait ses sens, une présence autre que la sienne. Nul humain ne traînait dans les parages, pas même ces mimes grotesques qui se nourrissaient de chair humaine. La zone dans laquelle il se trouvait ne faisait pourtant pas partie de celles que l’armée avait annexées, s’il en croyait ses récents constats. Il les suivait parfois, ces petits groupes armés jusqu’aux dents, chargés de ramener les survivants dans l’enceinte de Fort Hope. Il les regardait de loin, s’amusait de leur façon de rallier à leur cause chaque être perdu qu’ils croisaient. De gré, ou de force. La dernière famille qu’ils avaient rencontrée ne semblait pas disposée à les suivre, jusqu’à ce que le père soit mis en joue par l’un des militaires. Kayn avait apprécié la méthode, tout en se promettant de ne pas céder le jour où il deviendrait leur cible. Parce que ce jour arriverait bien tôt, ou tard, étant donné le soin qu’il mettait à se rapprocher de Fort Hope. Avec un soupir fatigué, il porta la bouteille à ses lèvres, avala la dernière gorgée et ferma les paupières. Il s’assoupit sûrement, car lorsqu’il rouvrit les yeux, les ombres avaient changé. Le soleil ne lui faisait plus face, mais lui réchauffait l’épaule. Maudissant son imprudence, il se redressa  avec peine, poussa un juron lorsque son sac heurta violemment son dos et, vacillant légèrement sur ses jambes, il s’appuya contre la rambarde qui bordait son abri le temps de faire le point. Il ne lui restait que de quoi manger le jour suivant, et la dernière boite de conserve qu’il avait ramassée présentait un gonflement suspect. Il lui fallait trouver de quoi se sustenter, réparer son fut, également, et bander la vilaine plaie que son genou présentait. Un handicap pouvait être fatal, il ne le savait que trop bien après avoir passé l’hiver à frôler la mort de toutes les façons possibles. Son dos portait encore les marques de l’incendie et chaque frottement trop prononcé restait une gêne, malgré le temps passé et la cicatrisation de la chair. Au moins, le whisky avait chassé la douleur. Pour un temps. Il fallait qu’il en profite, qu’il trouve un endroit où dormir, et qu’il repose sa carcasse endolorie.

Les techniques de manipulation de l’armée se révélaient de plus en plus inventives et la dernière en date était la préférée de Will : demander de l’aide aux civils pour reprendre le contrôle de la région en leur confiant de petites missions aux quatre coins de la ville. Un excellent moyen de leur donner l’illusion de contrôler la situation et d’avoir leur mot à dire. Il trouvait cela vraiment intelligent et très subtile et observait de loin les pauvres bougres se presser chaque jour devant le panneau d’affichage pour découvrir de quelle façon ils pourraient risquer leur vie pour des planqués ce jour-là. Cette opinion lui était restée jusqu’à ce que l’ennui ne le frappe de plein fouet et qu’il ne trouve personne de disponible pour l’accompagner en ville piller une librairie ou une bibliothèque. Tout à coup, l’ordre de mission affiché sur le tableau n’était plus tellement amusant, mais plutôt intriguant. Et le fait que le nom de Young soit inscrit parmi les intéressés encore plus. Dans l’esprit soi-disant affuté de l’ingénieur, ça signifiait forcément Ezra. Il avait ajouté son propre nom à la suite, décidant que ce serait une bonne façon de s’occuper et de passer du temps avec son ami sans donner l’impression de vouloir passer du temps avec. Lui aussi pouvait se révéler très doué dans l’art de la manipulation.

Son éternel petit air satisfait et hautain fut tout de même mis à mal lorsqu’il rejoignit ses deux coéquipiers devant les portes du camp le matin du jour J et qu’en lieu et place d’Ezra plus un inconnu, il trouva deux militaires, dont l’abruti de Young Junior, à qui il rêvait de faire regretter sa propre naissance. Son air supérieur se transforma immédiatement en grimace exaspérée. Il s’assura seulement de se tenir bien droit et de ne pas montrer le moindre signe de faiblesse lorsqu’il alla se présenter aux deux hommes en uniforme. Un sourire un peu plus appuyé s’installa sur ses lèvres quand il serra la main de Young et peut-être que le fait que ses doigts s’éternisent un peu trop sur la paume de sa main dans un genre de caresse n’était pas tout à fait accidentel, mais qui pourrait le prouver ? “Alors… Est-ce que je suis censé obéir docilement aux ordres ou bien c’est votre tour de vous mettre à genoux devant moi aujourd’hui ?” s’enquit-il sans se départir de son air soi-disant affable, une fois les présentations terminées. Son regard s’accrocha un peu plus longuement à celui de Young lorsqu’il prononça ces mots. Il avait décidé depuis bien longtemps que le meilleur moyen d’agacer un homophobe était de le mettre devant sa plus grande peur : un gay. La plupart n’attendait que ça, de toute façon. C’était risqué quand l’homophobe en question tenait un gros fusil, mais Will n’était pas connu pour se laisser facilement impressionner.

Il découvrit bien vite que ses deux compagnons du jour manquaient terriblement d’humour, ce qui affecta légèrement sa bonne humeur. Mais à défaut de pouvoir faire demi-tour, il suivit simplement le mouvement tandis qu’un autre inconnu au bataillon les invitait à entrer dans sa Jeep et les conduisit jusqu’à un quartier relativement dévasté où avait été vue leur cible pour la dernière fois. Will doutait sérieusement de l’intérêt de les abandonner là plutôt que de les aider, mais il se contenta d’armer silencieusement son arc et d’observer les alentours à la recherche d’un quelconque signe de passage récent. Une bonne heure s’écoula à vagabonder comme des âmes en peine avant qu’ils ne mettent la main sur le type qu’ils devaient secourir. Et effectivement, même de loin, le pauvre homme semblait en grande détresse. Honnêtement, si Will ne savait pas d’avance que le mec était encore vivant, il lui aurait tiré une flèche entre les deux yeux par réflexe. Quoique… Rien dans l’ordre de mission n’assurait qu’il soit encore en vie, en fait. “Il est mort, non ?” demanda-t-il en tournant son regard perplexe vers ses deux nouveaux meilleurs amis. “Il a l’air mort, en tout cas... Dommage, il était plutôt canon. J’aurais joué le rôle de l’infirmière sexy avec plaisir…” Son ton exagérément dramatique s’envola bien vite quand il décida de pointer son arc vers le type. Il était un poil plus loin qu’il ne l’aurait voulu, mais il croyait en ses capacités. “Ne vous en faites pas, les mecs, je vais mettre fin à ses souffrances et on pourra rentrer à la maison.” assura-t-il en se préparant pour viser.

Il ne fallut pas bien longtemps pour que le rugissement d’un moteur le tire de sa prétendue somnolence. L’alcool faisait trop bien effet, et la langueur qui l’entraînait était trop tentante. Il lui fallait se ressaisir, et vite, quelqu’un approchait. Circonspect, il redressa légèrement les épaules, tentant de discerner à travers la lumière déclinante les silhouettes de ceux qui se tenaient décidément trop loin pour sa vision en berne. Il allait devoir approcher, et ce fait ne le réjouissait nullement. Il avait trop en tête les récents déboires de survivants qui, comme lui, s’étaient présentés à un groupe dans l’espoir de quelques vivres ou d’un peu de commisération pour se voir ensuite dépossédés de leurs trop rares possessions. Il fronça les sourcils, étouffa un grondement de douleur lorsque la lanière de son sac pesa un peu trop sur son épaule saine, et fit quelque pas en direction du véhicule. Il n’avait pas la moindre envie de les voir de trop près, et voyait trop mal pour se fier à l’image qu’ils offraient. Une image pour le moins inattendue. Était-ce un civil qui se promenait ainsi accompagné de deux hommes en tenue plus ou moins militaire ? Qu’est-ce que ça signifiait ? L’armée employait-elle désormais d’innocents citoyens pour promouvoir sa bêtise ? La pensée lui arracha un rire heurté. Il était incapable de les menacer, incapable même de se pencher pour ramasser son arbalète, qui gisait non loin de ses pieds. Damn, songea-t-il avec un agacement certain, cette fin de journée ne promettait rien de bon. Avec un soupir désabusé, il songea à ses plans, et les remisa dans un coin de son esprit. Ceux qui se pointaient aussi nonchalamment en plein milieu d’une rue apparemment déserte cherchaient quelque chose, et si disparaître dans l’ombre de l’un des bâtiments le temps de connaître leurs motivations lui aurait bien plus plu que d’aller à leur rencontre, l’arc qu’il vit pointé vers lui le dissuada rapidement de tout écart trop flagrant. « Fais chier » marmonna-t-il en s’avançant tranquillement, aussi tranquillement en tout cas que sa démarche alcoolisée le lui permettait. Ça lui rappelait les contrôles à la con, prendre les flics pour des imbéciles en marchant le plus droit possible, tout en était raide défoncé. Ouais, certains côtés de son ancienne vie continuaient de lui manquer.
Il s’arrêta à quelques mètres des intrus, plissa les paupières pour mieux les distinguer, et apostropha celui qui, vraisemblablement, se prenait pour un tireur d’élite.
« On t’a jamais appris à parler avant d’tirer ? Putain d’mariole. » Il se tourna ensuite vers ce qui semblait être le plus vieux du groupe, et demanda d’une voix traînante, peu disposé à faire preuve de la moindre amabilité.  « Ça vous prend souvent de mettre les gens en joue avec vos joujoux ? On a vu mieux comme propagande. Vous vous êtes paumés ? Y’a rien à prendre par ici, les baraques sont vides, la rue est pleine de putains d’ornières, et avec la chaleur qu’il fait, les quelques rôdeurs qui se baladent doivent pourrir sur place. Vous cherchez quoi exactement ? »
Si son état parlait pour lui, il se garda de mettre l’accent sur son incapacité présente à se défendre. De toute façon, à chaque rencontre, les choses se déroulaient de la même manière. Moins ils en sauraient, mieux ça vaudrait. Manquerait plus qu’ils se sentent investis d’une mission divine et se mettent en tête de lui casser les couilles pour qu’il les accompagne. No fuckin way, décida-t-il tout en affichant un sourire froid.

Bien avant que Will ne puisse sauver la journée en abrégeant les souffrances de ce type et celles de leur petite équipe au passage, Young Junior lui sauta dessus pour l’obliger à baisser son arc. Ce qu’il fit, à défaut d’avoir une autre solution. Le mouvement le prit assez par surprise pour qu’il lâche la corde, tandis que l’ingénieur relevait son regard éberlué sur le jeune soldat. Il voulait bien qu’ils essayent de comprendre les motivations de leur cible, mais honnêtement, le type en question ne semblait plus tellement en avoir… Enfin, qu’importe. Il secoua la tête très légèrement et retrouva presque aussitôt son air impassible et vaguement moqueur, levant les yeux au ciel au passage. “Du calme, John Smith.” rétorqua-t-il en faisant un clin d’oeil à son nouvel ami. “Suffit de demander et je ferais tout ce que tu voudras, tu sais. Pas la peine de me sauter dessus comme ça.” Il décida d’en rester là, quand bien même il aurait pu ajouter de nombreuses choses pour mettre le jeune homme mal à l’aise. Chaque chose en son temps, après tout. Qu’importe le temps qu’ils perdraient pour cette mission, Will avait toute confiance en ses capacités à faire rougir le jeune Young tout son saoul. Peut-être même qu’à la fin de cette journée, le jeune soldat ferait son coming-out, il était plutôt doué pour ça aussi. D’ici là, il suivit simplement le mouvement du jeune homme pour tourner son regard faussement admiratif sur le capitaine et parvint le petit miracle à ne rien faire de plus que lever les yeux au ciel une seconde fois quand ce dernier décida de lui passer un savon. Il haïssait les militaires de chaque fibre de son corps, l’avait-il déjà précisé ? Qu’il se retrouve avec le brûlant désir de leur arracher leurs uniformes ou leurs yeux, ces hommes-là parvenaient toujours à réveiller sa passion.

Et tandis que les trois coéquipiers luttaient pour s’entendre, ils en oubliaient de garder un oeil sur leur cible, pourtant visiblement motivée à leur rendre la vie plus facile, puisqu’il approchait sagement de la petite compagnie. Will s’en rendit compte beaucoup trop tard à son goût, quand la voix de l’homme raisonna depuis l’autre côté du trottoir. L’ingénieur tourna son air indifférent vers lui et arqua un sourcil. “Désolé.” lança-t-il en levant les mains devant lui dans un signe de reddition. “Je n’aime pas trop m’attacher, je préfère tirer un bon coup et ne jamais parler.” Il haussa les épaules et afficha un air désolé qui aurait presque pu être convainquant. Mais pour ça, encore aurait-il fallu que le jeune homme en question soit attentif, malheureusement, il déviait déjà son attention sur Grumpy Cap’ pour lui exprimer sa façon de penser. Will l’observa faire avec un intérêt sincère, alors qu’il s’approchait de Young. “Il me plait bien ce type.” souffla-t-il à l’attention du jeune soldat. “J’espère qu’on va pouvoir le garder.” Pour ça, encore aurait-il fallu qu’il n’énerve pas trop le chef de leur petite expédition et ça semblait fort mal partie. Raison pour laquelle, dans sa grande mansuétude souvent incomprise, Will décida de venir au secours de leur cible, en lâchant d’une voix forte et claire, presque enjouée : “C’est le moment où on lui annonce que c’est lui, qu’on cherche ?” Son regard passa sur chacun des trois hommes l’un après l’autre, constatant avec une pointe de déception qu’il risquait encore de ne pas faire l’unanimité dans le groupe. “Je peux m’en charger, si vous voulez, je suis doué avec les gens.” offrit-il.

Il les observait, sans mot dire, une vague lueur d’amusement au fond des yeux. Il s’empêcha de réagir, même lorsque l’archer lui balança que c’était lui qu’ils étaient venus chercher. Ça n’avait pas le moindre sens, et il ne saisissait pas l’intérêt d’une telle expédition. A moins que... La diatribe du blanc-bec  lui tira un éclat de rire involontaire alors qu’il laissait ses prunelles passer de l’un à l’autre, l’air de ne pas vraiment en croire ses yeux. Le minus avait l’air d’avoir un vrai problème avec celui qui l’avait mis en joue, et Kayn se demandait ce qui pouvait causer une telle animosité. A moins bien sûr que ce comportement ne soit normal chez lui, mais il en doutait, rares étaient les instables acceptés chez les militaires, quoi que, depuis la fin du monde, l’armée avait aussi bien pu changer que tout le reste. Il fronça les sourcils devant la demande, retrouvant son sérieux sans transition. Toute cette affaire commençait à le gonfler, la sueur lui coulait le long des côtes, et ses jambes tremblaient à force de soutenir son poids. Il n’avait pas la moindre envie de rester planté là des heures, et si l’inéluctable lui tombait sur la tronche et qu’il se trouvait vraiment dans l’obligation de les suivre, autant en finir rapidement. Il lui fallait tout de même remettre quelques petites choses au clair, avant de se livrer tel qu’il était au bon vouloir de ces étrangers.

« Vous les voyez, là, mes mains » indiqua-t-il tout en les agitant exagérément. « C’est suffisant ? Vous voulez pas non plus me fouiller, histoire de vérifier que j’planque pas un lance-roquette dans mon calbut ? » Il retint le mot offensant qui lui chatouillait les lèvres, préférant se tourner vers le soldat qui les flanquait. Il ne l’aimait pas plus que les autres, mais au moins, il semblait savoir ce qu’il faisait, à l’inverse du petit nerveux braillard qu’il mourait envie de remettre à sa place. Il accepta les nouvelles informations accordées, bien qu’elles ne lui plaisent pas, et demanda avec un soupçon de défi

« Bien. Et si je refuse ? Non pas que j’ai quoi que ce soit contre vous, le prenez pas personnellement, mais vu l’état dans lequel l’armée a laissé ce pays quand la merde a tout envahi, j’ai pas super envie de vous reconnaitre la moindre autorité sur moi. » Il ajouta quelque chose d’inintelligible, puis hocha la tête avec un regard pour l’archer fou fort bien nommé. Il le laissa approcher, se composant un sourire affable avant de murmurer à sa seule intention

« Eh beau gosse, approche un peu tu veux ? J’ai besoin d’aide, j’crois que j’vais m’écrouler. »
et, sans plus de cérémonie, il passa un bras autour des épaules de Will, s’appuyant fortement contre lui pour recouvrer un semblant d’équilibre. Le contact était peut-être un peu trop franc, mais il n’avait pas la moindre envie de s’éclater la gueule au sol devant cette bande de guignols alors que l’idée même d’être forcé de les accompagner lui donnait des envies de meurtre. D’un geste malhabile, gêné par son épaule, il tâtonna dans sa poche arrière, sortit son paquet de cigarettes écrasé, et en sortit une avec peine avant de la coincer entre ses lèvres.

« Bon, sinon, vous avez du feu ? Ma bécane est garée un peu plus loin, j’imagine qu’il faut que je la laisse dans le coin pour le moment ? Y’aura moyen de revenir la chercher ou pas ? J’ai aussi mon arbalète que j’ai pas super envie de laisser pourrir ici, vous iriez me la chercher ?» Il accompagna ses mots d’un léger signe de menton en direction de l’endroit qu’il avait quitté pour les rejoindre, puis planta ses prunelles dans celles du petit gueulard en lâchant d’un ton rendu sarcastique, à la fois par l’impatience, et par la douleur qui irradiait maintenant simultanément de son épaule hors service et de son genou amoché.

« Et toi l’hystero, c’est quoi ton p’tit nom ? T’as l’air sacrément vener, y’a une raison ou c’est ton comportement habituel ? »

La tension dans la petite équipe était palpable et sincèrement exaspérante. Will n’avait pas accepté de se joindre à la fête pour que les choses se passent comme ça. La prudence, d’accord, mais si on lui interdisait de s’amuser un peu, alors à quoi bon ? Enfin, au moins trouvait-il une certaine satisfaction à voir le jeune Young perdre patience à la vitesse de l’éclair. C’était un risque énorme pour sa propre vie, mais il menait sa propre mission personnelle à bien : agacer les nerfs d’un idiot arriéré qui avait en plus eu l’audace de s’en prendre à son mari. Il se retint cependant de le pousser à bout tout de suite et ne répondit à sa petite crise de colère qu’en levant les yeux au ciel. Jusqu’à l’entendre ajouter un petit commentaire particulièrement désagréable que Will ne put s’empêcher de prendre personnellement. Il se redressa et son expression tout juste amusée se transforma rapidement en un masque colérique. Il posa son regard noir sur le jeune soldat et ouvrit la bouche, prêt à rétorquer avec quelques paroles assassines, mais Grumpy Cap’ ne lui en laissa pas l’occasion. Toujours le premier pour casser l’ambiance, celui-là. Will tourna sa grimace de tueur frustré sur le capitaine et hocha la tête à sa demande, rien de plus. Cette mission l’amusait de moins en moins.

Tandis qu’il se jurait silencieusement de donner une leçon inoubliable à cet enfoiré d’homophobe dès qu’il en aurait l’occasion, le jeune homme consentit tout de même à s’intéresser à leur proie mal en point. Son expression s’adoucit considérablement presque au même moment. Peut-être que Young n’approuvait pas, mais vraiment, Will aimait de plus en plus ce petit chat sauvage à mesure qu’il osait la ramener. Il s’approcha donc pour exécuter joyeusement les ordres, rattrapant le blessé quand il s’effondra contre lui, incapable de retenir le sourire charmeur qui naissait sur ses lèvres quand il baissa les yeux vers lui. “On dirait que tu viens de te trouver un vrai Prince Charmant.” La main qui ne soutenait pas l’homme s’enfonça dans la poche de son jeans d’où il extirpa un briquet et il s’empressa d’allumer la clope pendue aux lèvres de son fardeau. “Je vais prendre soin de ton arbalète, rassure-toi.” offrit-il en rangeant son briquet. “Maintenant, si on passait les préliminaires et que tu me montrais cette blessure, hm ?” Il lança un regard appuyé à Young, pour le seul plaisir de le mettre mal à l’aise avant de reporter toute son attention sur le blessé. Pas sûr qu’il puisse faire de miracles, mais il pourrait facilement gérer une petite hémorragie avec un peu de soutien de ses compagnons.

Un rire sincère lui échappa quand son patient décida de s’intéresser à Young et avant que le jeune soldat ait le temps d’en placer une, Will répondit pour lui. “Il est toujours comme ça, mais fais pas attention. Il a juste du mal avec les hommes plus courageux que lui qui assument ce qu’ils sont. Je soupçonne un mélange de jalousie mal placée due à son homosexualité refoulée et un sombre traumatisme... Tu sais ce qu’on dit sur les douches à l’armée, pas vrai ?” Après un clin d’oeil à Ariel, il fit quelques pas en resserrant son emprise sur l’inconnu, l’amenant doucement vers le trottoir. “Assieds-toi.” demanda-t-il en l’aidant déjà à s'exécuter. Il s’agenouilla devant l’homme et s’intéressa enfin à sa jambe, essayant d’écarter le tissus de son pantalon du chemin. “Et ton nom à toi, Princesse ?” s’enquit-il l’air de rien, sans même prendre la peine de regarder vers lui. “Hey, Grumpy Cap’, vous avez de quoi nettoyer la plaie ? Et peut-être faire un pansement ?”

La réplique lui tira un sourire sans joie et il se contenta de répondre du bout des lèvres, pendant que Will lui allumait obligeamment sa clope

«  J’ai rien contre les princes, mais charmants, c’est pas trop mon délire. » Il plissa les paupières, dévisageant Young quelques secondes, puis revint au brun près de lui qu’il observa en silence, comme pour prendre la mesure de ce que lui rapportaient ses prunelles, avant de sourire plus largement

« Merci pour l’arme. Quant à la blessure humpf, elle est crade, mais pas mortelle. C’est refermé, j’pense, l’ennui c’est surtout la chaleur. » Il déporta les yeux vers l’asphalte de la rue qui ondulait lentement sous l’effet du soleil qui le frappait, et secoua la tête, chassant les images désastreuses de carcasses pourrissants sous les rayons obliques. Il n’avait pas la moindre envie que son genou se transforme en steak haché putride et un frisson le parcourut alors que la vision se précisait au lieu de le fuir.  

« J’m’appelle Kayn » jeta-t-il à la cantonade, un air las ancré sur le visage. Il fatiguait vite. Bien trop vite à son gout, et il ne se fit pas prier lorsqu’on lui demanda de s’asseoir. Il se laissa tomber avec une grimace douloureuse, remerciant d’un léger hochement de tête celui qui s’était mis en tête de l’aider. Il avait beau ne pas franchement apprécier l’intrusion, force lui était de constater qu’elle lui était nécessaire. Rester seul par ce temps sans être capable de se mouvoir n’était pas vraiment un bon plan, et, l’espace d’un instant fugace, une onde de reconnaissance à l’égard de ces inconnus arrivés à point nommé l’inonda. La sensation ne dura pas toutefois, et il grimaça de plus belle lorsque son jean frotta désagréablement contre les bords de la plaie sous l’examen minutieux de son sauveur. Nettoyer la plaie ? Encore un truc qui risquait d’être désagréable, et qui pouvait aggraver les choses plutôt que de les arranger. Il ravala son cynisme, trop occupé à serrer les dents en maintenant son épaule en place de sa main valide, et observa les deux autres hommes à la dérobée. Le petit nerveux l’amusait, et il lui répondit avec un ton faussement docile, nimbant ses intonations d’une ironie tangible

«  Parfait soldat Young, ravi de faire votre connaissance alors. » il lui jeta un clin d’œil appuyé pour clore l’échange, et reporta son attention sur le plus âgé du groupe avec intérêt, un sourire amusé au coin des lèvres:

« Vous gagnez cette manche. J’vais vous suivre, dans la mesure de mes moyens, et si votre ami est disposé à m’aider à marcher, parce que tout seul, comme vous l’avez fait remarquer, j’irai pas bien loin ». Il étouffa un bâillement, la fatigue s’étendant dans tous ses membres et il tendit sa jambe devant lui pour en inspecter l’état général tout en facilitant l’accès à celui qui se penchait dessus. C’était moche, mais bien moins pire que ça ne l’était. Avec un coup d’œil vers Will, il ajouta avec conviction

« J’pense vraiment pas que ce soit une bonne idée d’y toucher, j’veux dire, pas ici, sans matos réel. » Non pas qu’il soit douillet, mais l’expérience ne lui avait déjà pas bien plu la première fois, autant s’épargner un second round.

« Là où on va, vous avez une infirmerie j’imagine ? Il sera toujours temps de s’en occuper plus tard non ? J’pense qu’il vaut mieux qu’on s’arrache pendant qu’on le peut encore.»

Toujours charmant et prêt à rendre service, Will s’agenouilla devant la cible et remonta la jambe de son pantalon pour observer la blessure cachée dessous. Il se demanda vaguement pourquoi les deux autres tenaient tant à ce que ce soit lui qui s’occupe de gérer ça. D’accord, il avait plaisanté en offrant de jouer les infirmières sexy pour leur cible et d’accord, il avait étudié la médecine à Harvard, mais… Quand son regard se posa sur la plaie qui semblait refermée mais loin de cicatriser, il se rappela soudainement qu’il avait passé cette année à boire et s’envoyer en l’air plus qu’autre chose. Il prit une grande inspiration aussi discrètement que possible et se redressa pour demander au moins de quoi nettoyer la blessure avant d’adresser l’un de ses sourires plein d’assurance quand bien même il en manquait cruellement à cet instant. Ça n’aidait pas vraiment que son patient doute encore plus de lui qu’il ne le faisait lui-même. “T’en fais pas, je ne vais pas trop m’amuser à trifouiller. Mais nettoyer et bander la plaie, ça me semble plutôt indispensable.” lâcha-t-il d’un ton faussement expert. “On est assez loin du camp et Dieu seul sait ce qui peut nous tomber dessus avant qu’on y arrive. Vaut mieux limiter les risques d’infection au cas où on perdrait du temps en route.” Il n’était peut-être pas un véritable médecin et pas un expert, mais il connaissait les déconvenues à traîner dehors avec une plaie ouverte. La belle cicatrice sur la paume de sa main droite lui rappelait chaque jour l’importance d’être prévoyant. La bonne nouvelle, en tout cas, c’était bien que l’homme acceptait de les suivre à Fort Hope sans opposer de résistance, même si Will n’excluait pas qu’il soit beaucoup moins coopératif une fois qu’il serait soigné. Mais ça n’était pas son problème, pas vrai ? Et de toute façon, l’ordre de mission exigeaient qu’ils définissent les intentions de ce type longtemps avant de lui laisser voir les portes du camp.

Sans rien perdre de sa nonchalance, le jeune homme se tourna donc vers le sac à dos que Young avait abandonné près de lui et fouilla dedans sans la moindre gêne pour retrouver la trousse de secours qu’il contenait. Il la posa sur le sol à portée de mains et l’ouvrit tranquillement pour en inspecter le contenu, lançant régulièrement de petits regards en coin à la blessure comme s’il s’attendait à la voir se rouvrir ou l’attaquer d’une seconde à l’autre. “Allez, fais-moi confiance.” souffla-t-il à l’homme en attrapant une petite bouteille de désinfectant et une compresse. “Je serais doux, je te le promets.” Il lui fit un clin d’oeil et ouvrit la compresse avec soin avant d’y déposer un peu de liquide et de se pencher sur la blessure. Il la nettoya doucement en serrant la mâchoire, à croire qu’il sentait la douleur de son patient dans son propre corps, ses sourcils froncés à la fois de douleur et de concentration. Il nettoya la plaie avec autant de soin que possible et autant de rapidité et d’efficacité qu’il puisse en fournir pour abréger les souffrances de sa victime. Après quoi il entoura la blessure d’un bandage bien serré et replaça le jeans sur l’ensemble. Il releva les yeux vers le jeune homme quand il eut terminé, lui offrit un nouveau sourire éblouissant et se remit debout. “Je reviens, attends-moi.” lui souffla-t-il dans un clin d’oeil avant de lui tourner le dos.

Il s’approcha du Capitaine en perdant immédiatement son air de crétin et s’approcha juste assez pour pouvoir lui parler sans qu’on ne l’entende, son dos toujours présenté au blessé. “On devrait peut-être trouver un endroit plus tranquille et moins exposé pour l’interroger ?” demanda-t-il à voix basse en désignant l’homme derrière lui d’un signe du pouce. “Je ne sais pas trop ce que vos supérieurs veulent qu’on lui demande avant de bouger, mais à mon avis, on a tout intérêt à lui faire passer son interrogatoire dans un endroit clôt d’où il aura plus de mal à nous échapper s’il décide finalement que nous suivre sagement n’est pas une très bonne idée.” Il n’était pas plus expert en médecine qu’en interrogatoire de suspect, mais il connaissait assez la vie à l’extérieur et la constante suspicion que ça impliquait. Et cet homme lui donnait l’impression de savoir se débrouiller s’il le fallait, sans s’encombrer de gentillesse. Will pouvait s’amuser et donner l’impression de prendre toute cette mission pour une vaste blague, il n’avait certainement pas perdu toute sa raison et comptait bien rentrer chez lui en vie et sans blessure.

Kayn hocha la tête sans plus protester, convaincu que ce combat-là ne valait pas la peine de dépenser l’énergie dont il allait avoir besoin sous peu. Toujours ennuyé par la blessure, il laissa toutefois Will s’en occuper, serrant les dents de plus belle lorsque la morsure du désinfectant se fit sentir. Il se rappela l’incendie, brièvement, sans creuser, sans ramener à lui les images, terribles, afin de contenir la pulsion qui lui électrisait les nerfs. Heureusement, l’infirmier improvisé était rapide, et lorsque le bandage fut posé, son patient récalcitrant happa une bouffée d’air, soulagé. Il avait été à deux doigts de lui coller son poing dans la gueule afin de détourner son esprit de la douleur. Un peu plus pâle encore qu’auparavant, la sueur lui dégoulinant le long des tempes, il acquiesça à la demande, ne risquant pas franchement de se faire la malle de toute façon. Son pouls pulsait le long de sa jambe, mais au moins l’infection était évitée, tenta-t-il de se tranquilliser en observant les autres. Le dos du brun lui masquait la vue, mais il se félicité tout de même intérieurement lorsqu’il vit la silhouette du soldat Young s’éloigner en direction du lieu où gisait son arme. Il ne pouvait pas s’en servir pour l’heure, mais n’avait aucune envie d’y renoncer pour autant, l’arbalète l’ayant tiré de mauvais pas à de nombreuses reprises. S’il était meilleur avec une arme à feu avant l’apocalypse, la pantomime des morts lui avait rapidement fait prendre conscience que la furtivité était de rigueur, et qu’un flingue, quel que soit le calibre et même équipé d’un silencieux risquait de lui porter préjudice bien plus que de lui sauver la vie. Il accueillit le retour du soldat lui présentant son arme avec un sourire empreint de reconnaissance, jugeant préférable de faire bonne figure tant que sa situation dépendrait de ce groupe étrange. Il en avait croisé, des inconnus, au gré de ses errances, et l’altruisme était rarement leur préoccupation première. Peut-être que les affiches disséminées un peu partout dans Détroit expliquaient la quête de ces derniers, mais un reste de méfiance lui tendait toujours les muscles, forçait toujours ses expressions en leur ôtant le naturel qu’offre toujours la spontanéité. « Merci. » commenta-t-il en lui rendant son regard, confrontant rapidement ses prunelles aux siennes. Il n’entendit pas chaque mot de la conversation se déroulant un peu plus loin, mais les bribes qu’il parvint à saisir semblaient cohérentes. Tout, plutôt que de rester ainsi exposé, songea-t-il avant que le chef de l’expédition ne vienne à lui, lui exposant leur plan un peu plus en détail. Le sourire grandit, lui relevant les commissures, et il approuva sans réserve, se redressant légèrement avec un grognement.

« La maison devant laquelle je me tenais lorsque vous êtes arrivés. Une seule entrée, facile à garder, pas d’accès par l’arrière, et une fois passé les gravats au sol le reste est plutôt en bon état. On pourrait se mettre là. La vue est bonne sur la rue, et l’étage offre un panorama discret des alentours. Ou alors, celle d'à coté, mais elle paye pas de mine.» confia-t-il en réponse à la question posée, la tête lui tournant quelque peu lorsque l’autre l’aida à se relever. Qu’il détestait dépendre autant d’autrui, se dit-il avant de scanner les alentours, faisant un inventaire rapide de ses découvertes récentes concernant le quartier.

« Fait pas longtemps que j’traîne ici, mais y’a plusieurs baraques à visiter. Les morts sont pas trop nombreux, l’étaient pas en tout cas, faut voir si le bruit de votre véhicule en a attiré ou pas, mais pour le moment ça a l’air tranquille. Un endroit où il fait bon vivre en somme » termina-t-il, sarcastique, en englobant dans ses mots la ville toute entière.

Malgré l’indifférence qu’il afficha, Will était satisfait qu’on reconnaisse son idée à sa juste valeur. Il l’était beaucoup moins qu’on lui demande de la mettre à exécution en faisait équipe avec le frère d’Ezra. Ce serait presque impossible pour lui de se tenir bien tout le long de cette inspection… Il ouvrit la bouche pour protester, mais renonça au dernier moment. À quoi bon ? Il était en minorité, là et puis… ça lui donnerait une bonne occasion de faire plus amples connaissances avec Young Junior et, peut-être, soyons fous, comprendre ce qui clochait chez lui. “Je m’appelle Will.” lâcha-t-il sèchement, comme seule réponse aux directives de Grumpy Cap’, avant de lui tourner le dos et de récupérer son arc pour suivre le petit frère d’Ezra. Il n’eut même pas le coeur de faire un clin d’oeil au blessé en passant devant lui, preuve qu’il baissait peu à peu les armes et acceptait que pour survivre, il lui fallait composer avec les deux soldats.

Young le guida jusqu’à la maison devant laquelle il avait récupéré l'arbalète de leur prisonnier. Ils la fouillèrent avec autant de soin que Will pouvait en mettre dans une situation de ce genre, accompagné de deux hommes armés et bien plus motivé à faire le malin qu’à agir comme un adulte. Quoique John Smith ne soit pas très décidé à lui donner ce qu’il voulait et se concentra davantage sur leur sacro-sainte mission. Il y eut bien des cadavres à l’intérieur, mais le vrai danger se trouvait dehors et très honnêtement, Will espérait que l’interrogatoire irait suffisamment vite et qu’ils puissent rentrer à Fort Hope rapidement. Sortir ne ressemblait plus tellement à une bonne idée, maintenant qu’il réalisait vraiment ce qui se passait ici. Et qu’il réalisait surtout qu’un accident était vite arrivé. Personne ne saurait jamais si les deux soldats décidaient de le donner aux rôdeurs et de rentrer.

Il fit quand même l’effort de conserver son masque de nonchalance quand ils retrouvèrent les deux autres dehors après un petit quart d’heure d’inspection. “La voie est libre, Cap !” lança-t-il en approchant des deux autres. “Young s’est comporté comme un vrai gentleman.” ajouta-t-il en tournant un grand sourire vers ce dernier. Sourire qui mourut aussitôt qu’il constata le manque de bonne volonté du jeune homme. Il leva les yeux au ciel et s’approcha encore jusqu’à se tenir de l’autre côté de Kayn, passant le bras de l’homme autour de ses épaules et le sien sur sa taille pour aider Grumpy Cap’ à le soutenir. Il ne dit rien, même si ça le démangeait d’en rajouter encore une couche jusqu’à énerver sérieusement le jeune soldat et se contenta plutôt de marcher lentement jusqu’à la maison en guidant l’homme à la jambe blessée. “J’ai préparé une chaise pour lui dans le salon.” informa-t-il quand ils approchèrent de la porte d’entrée. “Tout de suite à gauche dans l’entrée.” Pour la suite, il devinait d’avance que l’armée n’aurait pas besoin de ses talents d’orateur pour mener à bien l’interrogatoire et ça l’épuisait d’avance.