Claire, Chastity de son vrai prénom, a vu le jour dans la banlieue de Toronto, Canada en 1988. Dernière née et unique fille d'une fratrie de quatre d'un père Walter, courtier en assurance et d'une mère Greta, femme au foyer, elle put ainsi grandir au sein d'une famille nombreuse, aimante et relativement aisée.

Claire se révéla rapidement un véritable petit démon. Très curieuse, elle suivit ses trois grand frères dans leurs pérégrinations dès qu'elle le put. La gamine passa ainsi la majeure partie de son enfance à explorer les environs très sûrs de la banlieue de la capitale canadienne. Garçon manqué, elle revenait sans cesse pleine de crasse, les vêtements déchirés et des écorchures parcourant son petit corps fluet. Au grand dam de sa mère qui fondait beaucoup d'espoir dans sa seule fille. Ses parents l'inscrivirent ainsi au club de soccer du coin afin qu'elle focalise toute cette énergie dans un environnement plus sécurisé.

L'adolescence était généralement un passage compliqué pour les jeunes filles, partagées entre le changement de leur corps et l'intérêt croissant des garçons à leur égard. Si Claire eut sa période "Backstreet Boys", cette dernière ne dura qu'un temps. Entourée de garçons depuis sa plus tendre enfance, que ce soit à la maison ou bien au soccer, elle en était littéralement devenu un. Constamment en vadrouille, elle se découvrit une certaine passion pour la randonnée, un superbe moyen d'évasion pour la jeune fille à l'âme d'aventurière qui avait semble-t-il besoin de plus d'action que de simplement taper dans une balle. Au gré de ses expériences la simple randonnée bucolique se transforma naturellement vers l'escalade et un peu plus tard vers la varappe. Activité qu'elle pratiquera même en compétition lors d'épreuves régionales. Le manque de temps, les études supérieures et l'ambition de ses parents vinrent toutefois calmer ses ardeurs et l'empêchèrent de faire de cette passion une carrière.

Claire n'avait jamais été du genre première de la classe. Intelligente à défaut d'être scolaire, elle s'orienta tout de même vers les études supérieures et l'école de journalisme. Elle envisageait à ce moment d'être reporter afin de pouvoir voyager et ainsi assouvir son constant besoin d'évasion. Elle continua toutefois de pratiquer l'escalade dans un gym à deux pas de son université. Pour la jeune femme assaillit par des études assez difficiles et qui avait besoin d'air, ce moment de détente prit rapidement la forme d'un salut. Claire se découvrit aussi durant ses années universitaires un grand bonheur à être indépendante et à vivre seule. Si elle aimait sa famille, il fallait avouer que la vie en communauté n'était pas idéale pour tout le monde et plus particulièrement pour une jeune adulte. En dépit du soutien de ses parents, elle opta pour divers petits boulots afin d'être complètement autonome et ainsi louer un petit studio proche de son université.

Les études terminées, Claire chercha du boulot un peu partout. Malheureusement le journalisme n'offrait pas des tonnes de débouchés et ces derniers étaient souvent au bas du bas de l'échelle. L'écriture n'avait jamais été son truc et faire la grouillot et des piges dans des sous-sols de journaux ou de chaînes de télé pour ses preuves, c'était tout simplement hors de question ! Alors que la jeune femme s'était résolu à vivoter de petits boulots en attendant le job de ses rêves, une bonne camarade vint à sa rescousse en lui proposant un job à l'ONU. Claire hésita quelques temps avant d'apprendre qu'après une brève formation à New York, elle serait rapidement envoyée à l'étranger ! Bosser à l'ONU était certes glamour mais ce n'était pas pour tout le monde. Cependant, la jeune canadienne avait tellement des envies d'ailleurs... Après deux mois dans la Grosse Pomme, début 2010, âgée d'à peine 22 ans, elle se retrouva dans un charter, direction l'Egypte pour un premier vrai job. Ca s’annonçait épique !

On avait coutume de dire que la curiosité était un vilain défaut. Dans le cas de Claire, cela se révéla plutôt super dangereux ! La jeune adulte prit rapidement ses marques dans son nouveau travail d'agent administratif sur le terrain. Basée au Caire, son bureau servait surtout de soutien logistique à des opérations humanitaires dans le secteur, à savoir la péninsule arabique, la Libye et le levant, source d'un conflit millénaire. Cependant il ne s'agissait que de la partie immergée de l'iceberg. Son réel travail pouvait prendre une toute autre nature. L'ONU était une organisation internationale dont le but était grosso modo de maintenir la paix, de lisser les rapports entre toutes les nations du monde et de leur apporter un soutien dans leur développement. Il s'agissait de grands principes moraux qui restaient malheureusement la plupart du temps théoriques. La réalité du terrain était toute autre et Claire se retrouva rapidement impliquée dans des tas de situations extrêmement dangereuses, la plupart en Iran et en Irak.

Les études de journalisme ne préparaient pas à devoir inspecter des sites nucléaires dans le but d'y trouver une quelconque traces d'armes. Par contre, ces études avaient permis à Claire de développer un perfectionnisme et une mentalité de fouille-merde défiant toute concurrence. Curieuse de nature, il ne fallut pas longtemps avant que la jeune femme ne reçoive les éloges de sa hiérarchie. Elle n'était pas vraiment naïve au point de penser que ce qu'elle faisait était bien ou même dangereux. Mais elle aimait jouer avec tous ces grands pontes, tous ces dictateurs, dans un espèce de jeu de piste à travers le désert et les montagnes. En plus d'assouvir sa passion pour les grands espaces, ce travail était très enrichissant et la mettait au défi de manière quasi-journalière. Elle fut ainsi forcée de développer toutes sortes de compétences mais surtout de se montrer très vive d'esprit et débrouillarde. Quand sa vie est en jeu, voire pire celle de millions, cela pousse à se sublimer. Claire fut rapatriée à New York courant Juillet 2014 en urgence sans réelle raison apparente. Sa direction évoqua un vent de révolte provenant de l'Afghanistan et rapatria apparemment tous ses agents.

Si le retour aux Etats-Unis s'apparenta à des vacances, cela ne dura qu'un temps. Alors que Claire commençait à planifier ses futures vacances et cherchait des super spots d'escalade dans les apalaches, l'épidémie éclata. Ce qui n'était que rumeur le Lundi était devenu la réalité du Mardi et bientôt la canadienne se retrouva barricadée dans son propre appartement, les yeux fixés sur sa télévision à observer le monde sombrer dans le chaos. Elle vit le gouvernement américain tenter de faire illusion mais cela ne dura pas. Ses appels à ses supérieurs à l'ONU s’avérèrent peu fructueux. Elle réussit à joindre sa famille à Toronto et resta même en contact un certain temps. Mais au-delà de ce maigre soutien spirituel, elle fut rapidement livrée à elle-même. Comme le reste de la population en somme. L'apocalypse était là.

Claire dut son salut initial à ses compétences et son expérience au sein d'environnement hostile. La guérilla urbaine et plus largement la guerre n'avaient pas été son lot quotidien durant son passage au moyen-orient mais elle en connaissait toutefois un rayon. Cela fut suffisant pour lui permettre d'évoluer dans ce qui restait de la ville après les bombardements. Du moins dans un premier temps. Après quelques jours à errer silencieusement dans la Grosse Pomme, elle se joignit à un groupe de survivants qui partageait ses ambitions : A savoir rejoindre le nord. Cependant, contrairement à ces derniers, Claire ne souhaitait pas trouver un quelconque Eldorado, une quelconque zone sûre loin de tout ce foutoir. Elle voulait juste retrouver sa famille. Le trajet entre New York et Buffalo à la frontière canadienne était normalement une affaire de quelques heures, le temps de traverser l'état de New York et un bout de Pennsylvanie. Cependant, en ces temps troublés cela prit quasiment sept mois. Presque une année de perdue à faire six cents kilomètres, à perdre moult compagnons de route au compte-gouttes tel un rocher victime de l'érosion. Si les rôdeurs ponctionnaient leur dû ici et là, le froid n'était pas en reste. Et tout ça pour finalement se perdre dans la région des Grands Lacs et prendre plein ouest au lieu de continuer vers le nord.

Claire et ce qui restait de son groupe débarqua finalement dans la banlieue de Détroit à la fin de l'année 2015, soit plus d'un an après son départ de New York. Du moins c'était ce qu'affirmait la montre d'un de ses compagnons. Après quelques semaines à errer en ville, son groupuscule intègre finalement un groupe plus important qui se faisait appeler Coast Guard, installé à Saint-Claire Shore. Un nom qui annonçait de grandes choses. Alors que tous se réjouissaient de pouvoir enfin poser leurs valises, ils n'eurent pas vraiment le temps de s'intégrer et se faire de nouvelles amitiés. Il ne suffit que de quelques jours pour connaître leurs goûts en matière de nourriture. Si cela ne dérangea pas ses compagnons outre mesure, simplement ravis d'être en sécurité, cela révolta la canadienne qui prit immédiatement la tangente. Bien lui en prit puisque ce groupe fut détruit par une attaque des Punishers quelques temps plus tard. Claire se retrouva ainsi seule dans l'immensité de la capitale du Michigan. Mais après ce qu’elle venait de vivre, elle estima que ce n'était pas plus mal. Après tout elle aurait plus de facilités à évoluer dans l’environnement urbain sans boulets pour la ralentir. Et surtout sans avoir à se fier et à surveiller d'éventuels alliés qui comme le passé lui avait prouvé, pouvaient se retourner contre elle à la moindre occasion. C'était à présent la loi du plus fort qui régnait en ce monde.

L'année 2016 fut celle de l'errance et de la solitude. Si elle s'était plaint de la longueur de son périple entre New York et la région des Grands Lacs, ce n'était rien à côté de la jungle urbaine de Détroit. Les journées défilèrent et la routine s'installa peu à peu. Eviter les rôdeurs, éviter les survivants, trouver à manger et un endroit pour dormir. Tel était son quotidien. Si la canadienne se montra relativement douée pour survivre dans ces conditions, elle commençait lentement mais sûrement à perdre espoir. Elle en venait même à se demander si, au rythme où elle avançait, elle reverrait sa famille un jour. Alors qu’elle se résignait, son salut prit la forme de l'armée des Etats-Unis. Les militaires semblaient bien mieux armés pour faire face à la situation. Etaient-ils venus délivrer la ville ? Faisaient-ils partie d'un contingent plus important ? Toujours est-il que Claire y vit une chance, une meilleure chance de parvenir à ses fins. Elle suivit le groupe de loin avant de finalement le rejoindre en début d'année 2017, un peu plus de deux ans après le début de l'apocalypse.

Claire se révéla rapidement un atout intéressant dans les mains d'un groupe efficace. Elle eut de nombreuses occasions de faire ses preuves, notamment dans la collecte d'informations, de vivres et de matériaux utiles pour la survie d'un groupe de cette importance. Si elle ne se fit pas des tonnes d'amis, la faute à des expériences compliquées depuis l'apocalypse, elle devint une personne sur qui compter, d'une efficacité éprouvée de manière presque quotidienne. Elle vit cependant l'arrivée à Fort Hope d'un mauvais œil. Si sauver des vies était important, elle estimait que se poser à un endroit précis n'était pas un gage d'une grande sécurité. Mais ce n'était pas comme si elle avait son mot à dire en la matière et elle réintégra ainsi la vie civile. En attendant de trouver une occasion de filer vers Toronto et de qui sait, retrouver sa famille, elle ferait de son mieux, comme à son habitude.

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