J’étais beaucoup trop indulgente avec lui et je n’étais pas certaine que ce soit la meilleure chose à faire. Mais il ne pensait pas fondamentalement à mal, j’en étais certaine, il ne savait tous simplement pas s’exprimer avec la même simplicité que le commun des mortels. Et dieu sait combien j’avais du mal à le faire normalement, mais la collocation réclamait quelques efforts comme porter les vêtements qu’il m’avait offert et qui tombaient parfaitement juste à croire qu’il avait reçu mes mensurations avant que je n’arrive dans ce camps. Car oui, il voulait aller fêter le 4 juillet, comme si cela pouvait rendre la moindre humanité à notre monde, et le plus étonnant étant que j’avais accepté d’y aller avec lui. Ce n’était rien de plus qu’une grâce que je lui faisais pour qu’il ne pense pas être si différent des autres et puis je suppose que l’entendre jacasser de tout et de rien serait sans doute plus plaisant que d’entendre encore des soldats se vanter de comment ils avaient tué une de ces créatures. Je n’avais aucun scrupule à en abattre, il fallait survivre, mais je n’oubliais pas qu’ils avaient été un jour humain et les qualificatifs visant à juger les physiques n’étaient pas très bien vu de ma part. Descendant donc de ma chambre pour rejoindre l’homme en bas, je traversais les quelques pas me séparant de lui avant de souffler, « On transmet les mensurations des nouveaux arrivant à leurs colocataire ou rentrer dans un 36 était un désir inavoué ? », j’essayais de faire preuve de légèreté, mais mon visage trahissait bien que je n’étais pas à l’aise.

« On y va ou j’ai le droit à un verre avant ? » pour me donner un peu de courage. Mais avant d’avoir pu obtenir gain de cause, je me précipitais pour ajouter, « Et c’est pas un rencard, je ne demande pas un verre pour ça. », il me semblait important de préciser mes intentions, même si je doutais sincèrement que je puisse encore pousser n’importe quel homme à vouloir avoir ce genre de relation avec moi. Ce n’était pas plus mal en soit, j’avais été suffisamment éprouvé par le monde pour vouloir ne serais-ce que porter de nouveau des sentiments à qui que ce soit. Mon incapacité à renouveler un amour semblable à mon premier mari en étant la preuve absolue.  Quand au sexe… Je devais être la femme la moins disposé au monde à ce genre de trivialité. Alors ce n’était pas un rencard, c’était juste pour lui faire plaisir.
     

Une intuition ? Quelque chose me disait que cela tenait davantage d’une préférence qu’il aurait eu. Ne disant rien, je me contentais de réclamer un verre avant de le détromper sur mes intentions. Et il ne sembla pas s’en offusquer. Il préférait célébrer et repousser ce verre à plus tard et me parler d’un cadeau. Je ne connaissais pas Lazare depuis longtemps, mais j’avais déjà un aperçu des cadeaux qu’il pouvait offrir, et ce n’était pas vraiment des choses toujours très acceptable au quotidien. Fronçant donc les sourcils, je découvre rapidement ce qu’il avait derrière la tête et il est quelque peu surprenant de voir ce genre d’objet ici. Non pas que ce soit une denrée rare, mais c’est tellement… Secondaire ? Je ne voyais déjà pas de grand intérêt aux bijoux avant la fin du monde, mais c’était d’autant plus vrai à présent. Surprise, je ne réagis pas tout de suite et sans que je n’ai le temps de réaliser, il était déjà venu à moi pour me le passer autour du poignet. « Lazare je... », je ne savais pas quoi dire, mais c’était bien parce que je ne voyais toujours pas la véritable raison de cet offrande. L’indépendance des États unies n’était plus qu’une vaste blague au vu de l’état du monde et hormis un repas, il n’y avait jamais rien eu de plus festif chez moi.

M’avançant jusqu’à lui lorsqu’il ouvrit la porte, je sortis en regardant mon poignet. Il y a une époque j’aurais été capable de le retirer pour lui donner à nouveau et ne pas m’en encombrer, mais l’homme me semblait quelque peu sensible et il serait relativement mal venu de le faire ici et maintenant. « Ca vous arrive souvent d’offrir autant de cadeau ? » demandais-je avec le plus de douceur que possible, mais cela m’apparaissait davantage comme étant une voix blanche qu’autre chose, mais au moins n’y avait-il pas mon éternelle méfiance. « Surtout des cadeaux de cette valeur, malgré la fin du monde. », je n’était pas à l’aise avec ça, avec ce qu’il venait de faire en réalité, mais je n’avais guère le choix au final, c’était ainsi et pas autrement. « Le seul bijou que je n’ai jamais porté était mon alliance. », lui confiais-je alors. J’étais bien consciente qu’il pouvait mal prendre cet aveux, mais je ne voulais pas non plus lui mentir. « Je n’ai jamais vraiment aimé ça, en fait je n’ai jamais été très féminine. », je me sentais rapidement prise au piège et c’est pour ça que les vêtements qu’il m’avait offert m’allaient très bien, car ils n’étaient pas si féminin, sauf peut-être la coupe de ce jean, et encore. « Mais merci pour cette attention. », finis-je par souffler dans un sourire crispé et sans oser toucher à l’objet.