Il y a eu des secrets, des non-dits, des choses supposées dans la tête de Blue durant toute sa jeunesse. Elle savait que son père n’était pas blanc comme neige. C’était surtout le genre de type à aller fourrer à droite à gauche dans chaque ville, sans avoir réellement de relation stable et constructive. Avant de s’enfuir du cirque Torino, Blue a fouillé dans toutes les armoires, tous les tiroirs, tous les meubles et les recoins en espérant trouver des informations sur sa génitrice avant de s’enfuir de cet enfer. Elle avait la ferme intention de retrouver cette femme qui n’avait pas daigné aimer le propre fruit de ses entrailles. Comment était-ce possible de renier son propre enfant, son propre sang, sa propre chaire? Blue n’en avait aucune idée. Mais en fouillant, en cherchant, en déchiffrant des documents et des lettres, des photos et des actes, la vérité avait fini par éclater au grand jour : elle n’était pas la seule à porter dans son coeur le nom des Torino. Elle avait un demi-frère, que son père n’avait jamais voulu reconnaître. Il avait tout de même enquêté sur cet inconnu, d’année en année, grâce à ses contacts et ses tours de passe-passe. Gabriel avait-il un coeur derrière ses moustaches fines et son grand chapeau de maître de cérémonie? Blue ne savait pas quoi répondre à cette interrogation. Mais dans un dernier geste de colère et de haine, elle a embarqué avec elle tous les papiers concernant cet anonyme plus âgé qu’elle, nommé Klaus Björnson, dans l’espoir qu’un jour par chance, par hasard ou destin ils se retrouvent l’un en face de l’autre.

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