Elle tournait comme un lion en cage depuis des heures. N'y tenant plus, elle s'empara de son carnet et de son crayon et commença à gratter le papier. Après tout, écrire sa vie l'aiderait peut-être à ne pas perdre la raison.

19 décembre 2014 – Refuge forestier

Mon nom est Ruth Horowitz. J'ai 27 ans depuis peu. Je suis seule dans une forêt, dans mon refuge.

Elle jeta un œil autour d'elle. Refuge était un bien grand mot. Elle c'était contentez d'un sac de couchage hors d'atteinte, de miroir posés un peu partout et de quelques pièges ici et là. La question de l'hiver commençait à se poser, mais c'était un problème pour plus tard. Elle retourna à son récit.

Je suis née à Detroit, en 1988. J'ai un grand frère et deux grandes sœurs. Mes deux parents étaient des immigrés polonais, qui cherchait une vie meilleure au états unis. Ils travaillaient dans une usine de montage de voiture. Ils ne nous parlait jamais en anglais, juste en polonais et en yiddish. J'ai du me débrouiller pour apprendre la langue de mon pays.

Mon père était un débrouillard, et je me souviens que nous sortions dans les bois quand j’étais petite. C'est grâce à lui que je sais faire des nœuds, et que je suis encore un peu capable de survivre. C'est fou ce que la mémoire reviens vite quand il est question de vie ou de mort. Dès qu'il a compris que j'avais une chance de m'en sortir dans les études supérieures, il a placer tout les espoirs de la famille en moi.

Il n'a pas eu tort. J'ai décoché un premier diplôme d'ingénieur chimiste, puis j'ai commencé à travailler pour l'armée, dans les poudreries. Je devais chercher, expérimenter et fabriquer des prototypes de bombes, particulièrement de grenades et de mines. Mon travaille me passionnait, et je n'avait pas vraiment de vie en dehors.

La jeune femme releva le stylo quelques instants, cherchant ses mots. Elle arrivait à l'étape qu'elle aimait le moins dans le court récit de sa vie.

Je suis restée trois ans dans mes fonctions, puis j'ai eu un accident. Un entrepôt à explosé près de moi, suite à une erreur dans le processus de stockage. J'ai entendu un bruit déchirant, puis plus rien. Plus rien du tout. Je me suis réveillée à l'hôpital. Je me souviens encore de ma frayeur quand j'ai vu les lèvres du médecins bouger sans faire de sons. J'ai tapé dans mes mains, toujours aucun bruit. Il m'a tout expliqué, en écrivant sur une feuille de papier. J'étais sourde, complètement, et irrémédiablement.

Je n'avais pas assez d'argent pour me faire appareiller, mais j'ai pu apprendre à lire sur les lèvres. Je pensais m'en contenter, mais j'ai découvert l'ASL.

"Enfin, surtout Nath", songea-t-elle en repensant au doux visage de son homme. Il avait 10 ans de plus qu'elle, et était interprète. Il travaillait souvent dans les hôpitaux, et lui offrit rapidement de lui apprendre la langue des signes américaines. Évidement, ils avaient commencé à sortir ensemble au bout de quelques semaines. Elle hésita un instant, et résuma l'incident.

Je l'appris grâce à un homme, Nathaniel Jenkins, avec qui j'ai d’ailleurs passé les derniers mois.

J'étais seule quand les rôdeurs ont envahis les rues. J'ai barricadé ma maison, pour vivre sur mes réserves. Je sortais de temps en temps, ramassais des trucs. Je priais pour que les choses se calme. Nathaniel m'a rejoint deux mois après. J'étais si heureuse de le voir…

"Que tu lui as sauté dessus sans penser aux conséquences", lui susurra une voix acide dans sa tête.

Nous somme resté dans la maison pendant encore quelques temps, jusqu'à ce que je découvre que j'étais enceinte. Il est parti, prétextant allez chercher quelque chose. Je ne sais toujours pas s'il lui ai arrivé quelque chose ou s'il c'est juste enfui. Aujourd'hui, je suis seule, enceinte d'à peine un mois, en plein milieu des bois et je ne sais toujours pas comment je vais passer l'hiver.