En règle général, Cian est un peu difficile à cerner. Il maintien toujours un visage assez froid. Fermé. Comme s'il se mettait à distance de tout et tout le monde. Ceux qui le connaissent diront qu'il s'agit en fait de sa grande timidité. Peut-être... Il n'en reste pas moins pas vraiment facile à approcher aux premiers abords. Mais si on tente le coup on découvre alors un homme vraiment bon. D'une gentillesse sans limite. Toujours prêt à écouter la personne dans le besoin et l'aider si possible. Il est peu souriant, ça, on peut le lui reprocher. Mais quand il sourit, vous pouvez alors vous rendre compte très rapidement qu'il le fait avec une véritable sincérité. Il agit très souvent seul, ne voulant s'encombrer de personne à ses côtés. On pourrait le croire ainsi solitaire cependant, il agit de la sorte pour protéger au mieux son entourage. Quand il était dans l'armée et qu'il était envoyé sur le terrain avec quelques membres du groupe, il n'était pas rare de le voir partir en avant sans attendre et nettoyer le passage. Ainsi son équipe pouvait avancer sans le moindre danger ni la moindre difficulté. Cian est un grand timide. Il ne fera jamais le premier pas pour aller à la rencontre de telle ou telle personne. En plus de ça, il manque cruellement de confiance en lui, toujours entrain de se demander s'il a bien fait les choses. Symptôme de sa période adolescente où il fut la risée de son lycée pendant de longues années. Tout ça parce qu'il n'avait pas de physique de sportif à l'époque et surtout parce qu'il était geek et qu'il aimait beaucoup une des filles les plus populaires du lycée. Sa timidité ne l'empêche pas cependant d'agir dans le bien de ses proches et de se battre sans hésitation si nécessaire. .

Comme beaucoup d'autres, je n'ai pas choisi cette vie. Voyager sans but, continuellement, ne me plaît pas plus que ça. Si jeune j'avais rêvé de faire le tour du pays en moto, aujourd'hui, l'envie n'était plus. Mais je ne pouvais rien faire d'autre. Rouler, tuer, chercher des vivres... Seul avec moi-même, avec ma moto, j'avançais sans vraiment savoir où aller. Je pouvais très bien rejoindre un de ces groupes de survivants que j'avais pu croiser lors de mes roads mais... je n'avais plus vraiment confiance en l'homme depuis l'épidémie. Comme si cette dernière, en plus de relever les morts, réveillait chez un bon nombre d'entre nous une envie bestiale et primitive de tuer. Soumettre. Voler. Violer. Comme si nos instincts les plus primaires et violents refaisaient surface. J'étais cependant bien conscient que la plupart des hommes n'étaient pas ainsi. N'avaient pas changés à ce point. Cependant, le nombre d'entre eux que j'avais pu croiser était tel que depuis, ma confiance en l'homme s'était considérablement amoindri. Je ne pouvais compter que sur moi-même et avancer comme ça. Mais la solitude me pesait. Cela faisait combien de temps déjà ? Des semaines ? Des mois ? Des années ? Quel jour on était d'ailleurs ? Je ne m'en rappelais plus. Putain ça craint...
Aujourd'hui encore, je me réveillais avec des courbatures monumentales. Le dos presque bloqué sans parler de la nuque. Heureusement pour moi j'avais trouvé refuge à l'étage d'une boutique, barricadant le tout pour la nuit. Malheureusement pour moi une fois de plus, je n'avais pas pu trouver de matelas afin de passer une nuit confortable et réparatrice. Le carrelage, froid et dur avait donc été mon seul ami de la nuit. Un ami bien merdique pour me rendre ainsi. Par chance, aucun rôdeur dans les environs, j'avais donc le temps de m'étirer et de reprendre possession de mon corps, sans toutes ses douleurs qui compliquaient mes mouvements. Qu'allais-je faire aujourd'hui ? Vers où allais-je me diriger ? Je n'en savais rien... Petite routine du matin, je prenais un peu d'eau et sortais la carte de mon sac à dos. Histoire de me repérer et de savoir vers où me diriger. La priorité était de trouver de quoi me nourrir. Si les trois conserves que je gardais précieusement dans mon sac pouvait faire office de repas, je ne comptais pas les utiliser aussi rapidement. Elles serviraient seulement en cas de dernier recours. Entourant une petite ville se trouvant à quelques kilomètres de là, je me repérais rapidement avant de boucler le tout et retourner dans la boutique retrouver mon bébé. Ma forty eight. Le sourire me gagnait alors que je la trouvais exactement là où je l'avais laissé. S'il y avait bien quelque chose à laquelle je tenais encore en ce monde était cette moto. Un véritable petit bijoux avec lequel j'avais passé énormément de temps dans mon garage à la bricoler. Aucune chance désormais que je l'abandonne. Si j'avais pu facilement faire l'impasse sur mon passé, mes consoles, mes bds, il n'en était pas de même concernant cette beauté mécanique. Certes... elle faisait un peu de bruit. Mais je m'en fichais pas mal. Dans tous les cas, j'étais seul et ne devais que me protéger des potentiels rôdeurs qu'elle pouvait attirer. En faisant le tour, je l'enfourchais et la démarrais aussitôt. Le vrombissement du moteur résonnait dans mes oreilles. Un petit tour de poignée, histoire de la faire parler puis je m'élançais. Direction cette ville voisine. En plus de la nourriture, il me fallait aussi trouver un peu d'essence. Un coup d'oeil sur la jauge m'indiquait que j'étais presque à sec. La prochaine ville n'étant pas loin j'avais de quoi rouler jusqu'à elle avant de faire mes courses.

Les minutes défilèrent rapidement. La route était dégagée, pas de voiture à l'abandon en plein milieu ou de rôdeur. Quelques-uns seulement avaient pu goûter à la dureté de ma batte. Mais sinon, rien à signaler. A part un estomac qui grondait et un réservoir qui faisait la gueule, j'arrivais sans encombre dans cette petite ville tout aussi déserte que les autres. Chose assez récurrent depuis l'épidémie. C'est dingue comme tout peut changer en un rien de temps. Soupirant, je gare ma moto dans un coin, ne la mettant pas aux yeux de tous et part faire mon petit tour dans la ville. Cherchant en premier lieu une supérette même si j'étais quasiment sûr que cette dernière serait vide, tout en passant par quelques maisons histoire d'en faire les réfrigérateurs et autres placards. Je restais toujours sur mes gardes, la batte en main, près à fracasser des crânes. Je gardais dans mon holster à la cuisse mon colt, ne voulant pas l'utiliser. Trop puissant, trop bruyant. Seulement ce qu'il fallait pour signaler ma présence à des kilomètres à la ronde. Ce dont je n'avais nullement besoin ou envie. Après une dizaine de crânes fracassés je trouvais enfin un placard avec quelques conserves. Haricots, petit poids, chili. Ca fera l'affaire. Je n'avais jamais été très difficile par le passé, mais en ce temps pourrit et difficile, même des asticots feraient l'affaire. Assez pour ma soirée, je partais alors rapidement en recherche d'essence. Je ne comptais pas laisser à l'abandon ma moto et il me fallait de quoi rouler si je devais fuir précipitamment les lieux. Sortant un tuyau de mon sac, je trouvais un petit bidon dans les décombres des maisons et partais siphonner des réservoir. La plupart du temps, je ne trouvais rien, sinon quelques gouttes. Par chance je tombais sur une voiture qui avait de quoi m'offri quatre bons litres. Une véritable mine d'or en ces temps qui courent. Heureux, je retournais près de ma moto et commençais à la remplir quand un bruit derrière moi me fit sursauter. Un rôdeur que je n'avais vu ni entendu se trouvait à deux centimètres de moi. Bien trop près pour que je puisse sortir ma batte et lui éclater la tronche. Je reculais alors, tombant en arrière, le rôdeur se jetant sur mon corps. Enfoiré...
Une main enserrée autour de son cou, je le tien à bout de bras alors que mon autre main cherche désespérément quelque chose pour lui fracturer la face. Mais rien. Je balade ma main, tente un coup d'oeil à gauche et à droite avant de reposer mon regard sur la face en décomposition de ce dernier, ne pouvant décemment pas le quitter des yeux plus d'une seconde. Ce n'est pas comme s'il allait sortir de ma poigne, mais je n'ai nullement confiance. Alors que je cherche toujours, je sens le sang me gicler à la gueule et vois alors, surpris, la tête du rôdeur avec une hache plantée dedans. Le corps devint inerte et je le rejette facilement avant de me relever. Trop rapidement pour la brunette qui me fait face et pointe alors son arme sur moi. Je lève instinctivement les mains à hauteur de mon visage tout en la regardant. "Tout doux, je ne te veux aucun mal..." Lui dis-je avant de la remercier pour son aide. Le petit combat a cependant attiré quelques rôdeurs passant dans le coin et rapidement, une petite dizaine d'entre eux se ramène vers nous. J'entends la jeune femme dont je ne connais pas le nom me dire de la suivre, ce que je m'apprête à faire avant de me rappeler d'une chose : Je ne laisserai jamais ma moto derrière.

Même si cela n'est pas du goût de la belle, je le lui dit tout en lui disant de partir si elle le veut. M'ayant déjà sauvé la vie, je ne veux pas qu'elle risque la sienne encore une fois, surtout pour moi, un gars qu'elle ne connaît pas. Et ce serait en plus ma façon de lui rendre la monnaie de sa pièce, attirant les rôdeurs à moi tout en lui permettant de fuir et de retrouver les siens. Attrapant ma batte, je me lance à la rencontre des rôdeurs et les abats les uns après les autres. Mais la petite dizaine se retrouve rapidement être une vingtaine, voir une trentaine. Bien trop pour moi. D'où sortent-ils ? Je ne les avais pas vus. Reculant, j'enfourche ma bécane et la démarre, m'apprêtant à prendre la route quand j'aperçois tout proche la brunette toujours présente. Pourquoi n'a-t-elle pas fuie ? J'avance vers elle et la fait grimper rapidement sur la moto avant de tourner la poignée et prendre le large dans un bruit monstrueux. Mettant rapidement une distance plus que confortable entre la horde et nous je ralentis puis me gare dans un coin, laissant la brunette descendre de la moto. Cette dernière me regarde et me propose alors de rejoindre son groupe. Mon visage reste fermé quelques instants, réfléchissant à sa proposition. Une discussion s'en suit pendant quelques minutes avant que je n'accepte. Ne serait-ce que pour me reposer quelques jours comme elle me l'avait dit. A moi de voir si ce groupe peut me convenir ou non. Comme dis plus tôt, je commençais doucement à en avoir marre de la solitude et de ne pas savoir quoi faire dans ce monde.