Malgré certains traumatismes qu'il a vécu au début de l'épidémie, on ne peut pas dire que cet enfant hyperactif ait beaucoup changé. Il demeure toujours une personne souriante, pleine de vie et d'une curiosité maladive. Nathan est en effet très intelligent pour son âge et semble avoir une soif de connaissances sans limites, ce qui le met parfois inutilement en danger. Il n'en demeure pas moins un enfant et aime en effet partir à l'aventure, s'amuser et prendre des risques et il se montre parfois désobéissant et très têtu. Malgré tout, ce jeune garçon très bavard ne manque pas d'empathie et attend rarement quoi que ce soit en retour. Il aime rendre service et aide de bons cœurs les autres, il n'aime d'ailleurs pas être mis à l'écart ou qu'on lui fasse remarquer qu'il est trop jeune.
Malgré toute sa bonne volonté et sa bonne humeur communicative, ce gamin rusé qui aime être indépendant, a besoin des adultes et surtout face aux rôdeurs. Il craint beaucoup ces derniers et semble perdre tous ses moyens quand il se retrouve face à un groupe de morts vivants. Certain traumatismes ressorte alors et on se rend bien vite compte qu'il a besoin d'être protégé. Nathan s’efforce toujours de cacher ses peurs, mais en parlant avec lui, on se rend compte qu'il vit encore dans le passé et espère un peu naïvement un retour à la normal. Il est toutefois très à l'écoute des gens et ce petit maladroit sait écouter les conseils qu'on lui donne ou les consignes importantes, pour le peu que ce ne soit pas en totale inéquation avec les idées qu'il a en tête.
Ils se rapprochaient dangereusement et même à travers ce bloc métallique, il avait l'impression de sentir leur souffle, leur salle odeur putride qu'il ne connaissait que trop bien. A cet instant et peut-être pour une des rares fois depuis le début de l’épidémie, le jeune garçon qui se trouvait cacher dans une benne à ordure au fin fond d'une ruelle, regrettait l'hiver rude qui venait de s'écouler. Les rôdeurs ou "les affamés" comme il aimait les appeler, étaient en grande forme, du moins autant que cela puisse être possible pour des morts vivants.
Au fond de la benne à ordure, le jeune Nathan Cavendar, du haut de ses neufs ans fraîchement atteint, tremblait comme une feuille et ce n'était pas à cause du temps encore un peu frais pour un mois d'avril. Non, lui qui était d'ordinaire assez courageux, se retrouvait piégé dans une benne qu'il avait escaladé pour échapper à cette bande de cadavres affamés. Il avait refermé le couvercle maintenant trop lourd pour qu'il puisse l'ouvrir de lui-même et à travers un petit trou qui se trouvait dans la paroi, il pouvait apercevoir les rôdeurs se rapprocher de leur proie.
Si Nathan se trouvait dans cette benne à ordure, la raison était très simple, il avait dû échapper à un groupe de rôdeurs et à dire vrai, les quatre cadavres ambulants qui se trouvaient devant la benne, étaient en bien petit nombre comparé à ce qu'ils étaient une demi-heure auparavant. Si le jeune garçon avait réussi à échapper à un tel groupe, c'était uniquement grâce à l'intervention des personnes avec qui il vivait depuis le mois de janvier, depuis qu'il avait perdu sa sœur de vue. Durant les longs mois d'hiver, un petit groupe de personnes avait en effet pris soin du petit survivant qu'ils avaient sauvé d'une mort certaine alors que sa sœur et lui s'étaient fait attaquer par des rôdeurs. En ce jour d'avril, ils avaient une fois de plus pris soin de lui en attirant les zombies au loin, pour qu'il puisse se cacher. Hélas, ils n'étaient pas revenus le chercher et avaient probablement perdu la vie. Cela lui rappelait énormément ce qu'il avait vécu avec sa sœur qui pour lui, était toujours en vie, quelque part.
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Quand l'épidémie a commencé, la famille Cavendar a très vite été décimée et la première de la famille à perdre la vie fut la mère de Nathan. Alors que beaucoup fuyaient vers le nord, l'épidémie était devenue ingérable et la mère de famille se trouvait à ce moment-là à l'hôpital pour une opération assez légère de la jambe. Hélas, la pauvre femme ne le savait pas encore, mais elle ne reverrait jamais sa famille. En effet, quand le père de Nathan et ses trois enfants arrivaient à l'hôpital pour y récupérer leur mère, il était déjà trop tard.
Nathan se rappellera toujours de cet instant où après avoir difficilement atteint la chambre, la petite famille assistait à une scène que le jeune garçon reverrait bien souvent par la suite. Au sol, un corps inanimé, celui de sa mère et penché sur elle, deux inconnus qui tels des créatures affamées, se sustentaient du corps de cette femme qui l'avait mise au monde et couvert d'amour. Une scène qu'aujourd'hui encore le jeune garçon revoyait dans ses cauchemars, comme si une seconde à peine s'était écoulée depuis ce triste jour qui marquait définitivement la fin de la civilisation telle qu'on l'avait connue.
Comme si un malheur ne pouvait arriver seul, Louis le grand-frère de Nathan s'était fait mordre en voulant aider leur mère. Ce jeune homme avait été l'un des premiers civils à se rendre compte que quelque chose ne tournait pas rond et à croire et relayer les vidéos postées sur internet. Louis avait d'ailleurs convaincu leur grande sœur de revenir de l'université, ce qui à ce moment-là avait fait plus que plaisir à Nathan, qui ne jurait que par sa sœur.
Même si à son jeune âge ce dernier était un enfant très intelligent, il n'avait pas réellement compris ce qu'il se passait, des gens qui revenaient à la vie, des morsures qui contaminaient les autres et beaucoup de sangs, d'émeutes dans les rues et une panique sans nom. Nathan s'était alors contenté de suivre les ordres de son père qui leur avait fait quitter la maison, peu de temps après avoir dû enfermer Louis dans sa chambre, en phase de rejoindre les rangs des rôdeurs.
Le destin des deux enfants restant des Cavendar était désormais entre les mains d'un père aimant, mais surprotecteur qui refusait de leur faire prendre quelques risques que ce soit. La petite famille allait de cachettes en cachettes, s'efforçant de survivre, impuissante face au mal qui ravageait notre monde. Un beau jour, alors que le froid commençait à faire son apparition et que la famille s'abritait dans une maison, le père de Nathan était sorti chercher de quoi réchauffer ses enfants. Les minutes puis les heures passaient et le père surprotecteur ne revenait pas.
Comme à son habitude, le jeune garçon s'efforçait de faire bonne figure pour soutenir sa sœur, mais il eut bien du mal à cacher son inquiétude. Les semaines suivantes n'étaient pas des plus réconfortantes et même si le froid semblait endormir les rôdeurs, la survie était bien difficile et la jeune femme s'efforçait de prendre soin de son petit frère, comme elle l'avait toujours fait. Nathan arrivait tout de même à garder le sourire, il ne perdait pas espoir de revoir un jour leur père et même s'il était toujours chagriné par la perte de sa mère et de son frère, il semblait tenir bon.
Le frère et la sœur tentaient de survivre du mieux qu'ils pouvaient, mais un jour qu'ils s'étaient abrités dans une pharmacie complètement vidé par des pillards, une bande de rôdeurs plus affamés que jamais parvenaient à les prendre au dépourvut. Bien décidé à protéger son frère coûte que coûte, la jeune femme lutait vaillamment contre les assaillants en hurlant à son frère de fuir. Totalement impuissant, Nathan ne pouvait que prendre ses jambes à son coup tandis que sa sœur luttait pour leur survie. Cette fois, ni la ruse ni le courage du petit survivant ne pouvait lui servir à grand-chose et ce fut à cet instant qu'il se retrouva séparé de sa sœur.
Nathan courrait dans les rues, cherchant désespérément un moyen d'échapper aux rôdeurs et de revenir vers Charlie. Au moment où il allait rebrousser chemin, le jeune garçon tombait sur un autre groupe de zombies et fut sauvé de justesse par un groupe d'inconnu. Durant le combat, Nathan était tombé à terre, abandonnant sa casquette fétiche dans une mare de sang appartenant aux cadavres ambulants. Il avait été complètement choqué par l'attaque des rôdeurs. Quand il réagissait enfin, il s'aperçut que ses sauveurs l'avaient fortement éloigné de sa sœur et les membres du petit groupe lui expliquait qu'ils n'avaient aperçu personne d'autre que lui et qu'il n'était pas question qu'ils risquent leurs vies inutilement.
C'est ainsi que le jeune Cavendar se retrouvait à vivre durant plusieurs mois parmi un groupe d'inconnus. Au fil du temps, le groupe se réduisait de plus en plus, beaucoup de morts, mais aussi des personnes qui préféraient faire bande à part. Ainsi, le groupe initial ne comptait plus que quatre personnes en comptant le petit Nathan. Ils allaient d'une ville à l'autre, survivaient un jour de plus, puis un autre et d'autres jours encore jusqu'à ce que Nathan se retrouve seul au fond de cette benne.
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Les rôdeurs martelaient la benne, ils grattaient le couvercle et râlaient à n'en plus finir. Une fois que ces "choses" vous avaient dans le collimateur, il était bien difficile de les éloigner. Prostré au fond de son abri de fortune, Nathan pleurait, il avait peur, repensait à sa famille, à ses proches et après une profonde inspiration, il fixait le couvercle au-dessus de lui. Il n'avait aucune envie d'abandonner, il continuait à espérer que les rôdeurs lâcheraient l'affaire. Et quand bien même cela arriverait, il devrait aussi trouver un moyen de soulever ce couvercle qui était entre ouvert quand il s'était réfugié à l’intérieur de la benne.
"Laissez-moi! Bande de sales affamés ! !"Les yeux brillants de larmes, mais avec une réelle envie de vivre, le jeune Nathan Cavendar serait son vieux sac à dos contre lui, seul souvenir qui contenait à l’intérieur, des éléments de sa vie passée. Il pestait contre ces créatures qui avaient gâché sa vie. Il était dans une situation bien compliqué, mais comme toujours, il ne perdait pas espoir. Tant de personnes s'étaient sacrifiées pour lui, il n'avait pas le droit de renoncer et s'il s'en sortait aujourd'hui, il ferait en sorte de devenir plus fort et lui aussi de protéger les plus faibles. C'était là une pensée un peu naïve et innocente, mais l'espoir était ce qui le faisait avancer chaque jour, l'espoir de revoir le monde tel qu'il était moins d'un an plutôt.