Le géant était un peu comme une âme en peine depuis sa découverte macabre. Il avait rejoint le refuge de Charlee pour l’informer de sa grande découverte. Un autre groupe, des gens bien dans l'ensemble, mais un peu nerveux, offrait une protection au colosse et à son chiot. Enthousiasme il avait demandé aux chefs du groupe, une hispanique des plus charmante et humaine et la dame blonde qui l’avait blessé au visage, s’il y pouvait demander à l’asiatique et son amoureux de les rejoindre aussi. Le groupe avait donné son accord. Laissant Rocky aux bons soins de la dame et de celle que le colosse avait sortie des griffes putrides des goules, le géant tout guilleret avait couru comme si sa vie en dépendait. Mais son pas devint alors lent et trainant à l’approche de la maison. La porte d’entrée pendait lamentable de ses gonds, fracasser surement par l’arrivée massive d’une horde attirer à cet endroit par le hasard ou bien une maladresse des survivants. Tremblant de frayeur de ce qui pourrait découvrir, anticipant la sinistre vérité sans réellement vouloir y croire, Bobby entra dans la maison. Du sang maculait chaque recoin du salon, comme si un sacrifice d’une famille au complet s’était déroulé dans ces lieux trois fois maudits. Pas de corps, un mince espoir de rédemption et salvateur qui fut réduit au néant après un second coup d’œil. Les sacs à dos étaient encore dans la cuisine et les pistolets tout poisseux de sang trônaient au milieu du carnage. Dans un état second, le géant avait pris son mince équipement et ensuite les armes à feu. Tel un legs d’une personne qui avait placé sa confiance envers le monstre de foire. La chanteuse avait payé le prix fort de sa foi envers Robert. Comme sa nièce Sandra et sa sœur Rosalie. Telle une âme en peine, le mineur avait rejoint son nouveau groupe. Devant les regards inquisiteurs des dirigeants, il avait secoué la tête et dis qu’il ne pouvait pas rester. Qu’il devait être maudit. Qu’il leur laisserait le chiot. Mais les dames, les anges de la compassion pour l’être disgracieux, insistèrent pour qu’il reste. Depuis ce temps il resta comme une vigie solitaire à l’entrée, barricadant les lieux de son mieux et trucidant les rares goules qui osèrent affronter son aura vengeresse.

Aujourd’hui il s’était mis en tête de nettoyer les reliefs sanglants des combats qui s’étaient livré il y a quelque temps pour la possession des lieux. Ayant trouvé des nettoyants surpuissants dans un dépanneur à proximité, le golem de chair frottait les tâches avec ardeur. Doté d’une constitution hors du commun, d’une résistance à la fatigue phénoménale, le géant exécutait toutes les tâches que Santana lui confiait sans broncher. Même d’autres travaux d’entretien qui faisaient de son propre chef comme le récurage de plancher. À quatre pattes, Rocky qui s’amusait follement à slalomer entre les piliers qui servaient de membres au géant, Robert n’entendit aucunement les pas feutrées d’Elza s’approchant dans son dos. Quand la voix douce, comparable au vent dans le feuillage d’un chêne centenaire, percuta l’ouïe amoindrie de l’homme affairer, celui-ci sursauter et se déplia de toute sa hauteur de manière comique et maladroite. Se retournant sur lui-même telle une toupie, le colosse difforme et balafré se retrouver au-devant de l’ange de la connaissance. Un instant il resta les bras battants, la mâchoire subissant la force gravitationnelle de l’attraction terrestre. Durant leur première et seule rencontre, l’épaisseur des vêtements de la femme avait su garder le secret de ses charmes. Aux yeux bleutés si purs et innocents du mineur, elle semblait être une muse pour les artistes de tous les arts. Une créature angélique à l’intellect tellement supérieur à la normale des gens. En comparaison, celui de Robert était tout simplement dissipé par la vision de l’ange de la connaissance. Une chevelure d’ébène qui semblait absorber la lumière pour l’endiguer vers la perfection de ce visage à la fois sérieux et amical. Des yeux de couleur azurent comme un ciel d’été agrémenté d’émeraudes d’un vert si scintillant pour augmenter la beauté de ce regard si intelligent et curieux. Le corps aux courbes des plus…

Avalant sa salive, le colosse immonde se rendit compte de sa bévue. Il présentait toute l’horreur de sa nouvelle balafre qui courait de la commissure de ses lèvres et qui lézardait sa joue droite. Pathétiquement, il pivota pour présenter son profil épargné et son regard océanique piqua vers le plancher qui commençait à retrouver son lustre d’antan. Essayant de reprendre une contenance et d’empêcher sa gêne maladive de teinter ses joues mal rasées d’une lueur écarlate. Bégayant un peu, le ton à la fois doux et rauque s’éleva dans le hall.

Robert- Je vais bien Elsa… Euh… C’est bien ça? J’ai de la misère à retenir les noms des fois… Euh… Si je me suis tromper désolé. Et toi ça va? J’ai pensé à toi et j’espérais que tu allais, bien tu sais…

Le regard de l’homme n’était qu’honnêteté et sincérité. Quand elle s’informa pour la blessure, les épaules massives se soulevèrent comme pour dire que c’était du passé. Qu’il avait oublié et qu’il n’en tenait aucunement rigueur à la médecin légiste.

Robert- Je suis habituée de me faire blesser, tu sais… Euh… Souvent on a essayé de me battre à cause de mon esprit pas vite et mon corps laid… Euh… Même moi en me voyant je me serai attaquée… Euh… La douleur est partie depuis longtemps.

Souriant un peu de sa propre autodérision, le colosse balafré vit le petit chien se cacher derrière son talon. Se penchant, il flatta de sa main immense et rugueuse la tête du berger allemand. Une douce caresse que le chiot apprécia au plus haut point. Le mineur rassura le petit chien plein de vie avec sa voix tendre.

Robert- Rocky c’est Elsa… Euh… Elle est très gentille, tu sais. Elle va trouver comment guérir les méchants qui mordent et je crois en elle.

Relevant son regard océanique vers les yeux envoutants de la belle, un air inquisiteur apparut sur les traits atypiques de la bête.

Robert- Pour toi j’ai tout le temps du monde… Euh… tu as besoin que je déplace un truc?

Le serviable golem de chaire se redressa de toute sa hauteur, un sourire bienveillant déposé sur ses lèvres exsangues.

Je n'étais pas le genre de fille qu'on remarquait parmi les autres. Je n'avais rien de bien exceptionnel niveau physique, sans oublier le fait que je ne portais pas d'attention particulière à mon apparence. Encore moins avec l'arrivée des Infectés, mais ça avait toujours été le cas. En travaillant dans les laboratoires, de toutes façon, je portais bien souvent un sarrau ou des lunettes de protections, on repassera pour la beauté! Et puis, je ne m'intéressait pas tant que ça à avoir une relation, trop occupée à travailler, pousser mes recherches toujours plus loin. Une scientifique parmi tant d'autres, je devais arriver à me démarquer et ce n'était pas en ayant un copain que j'y parviendrais. Par les temps qui courraient, je portais encore moins d'attention à ce que je ressemblais. Cela avait de l'importance pour qui? La seule chose à laquelle je faisais un peu attention, c'était le fait que mes vêtements devaient être pratiques. S'ils m'empêchaient de fuir ou bien me donnaient plus de difficultés à courir, ce n'était pas une bonne chose. Le confort et le côté pratique avant tout. Un simple jean avec des petites bottes, un chandail pas ajusté (difficile de trouver ma taille parfois!), voilà qui me satisfaisait amplement. Donc, quand Robert me fixa, je ne réalisai pas tout de suite la raison. Puis le calcul se fit dans ma tête, mais je ne relevai pas. Je me contentai de lui demander comment allait se blessure et lui demander un coup de main, sans préciser la nature de la tâche que j'aurais à lui demander.

- Oui c'est bien ça, et ça va bien, ou mieux devrais-je dire. Ce labo est vraiment parfait comme nouveau refuge!

Il m'indiqua ensuite que sa blessure allait bien et qu'il avait l'habitude d'être maltraité. Sa vie n'avait pas dû être facile tout les jours pour qu'il soit habitué à ce genre de chose. Au moins, ici, il ne le vivrait plus. Le géant me présenta à son chiot qui se cachait derrière lui.

- Il est mignon, il doit avoir eu de la chance de s'en sauver, comme nous en fait! Et si tu le protèges, il n'a rien à craindre je crois!

Je croyais en Robert et ses capacités à se défendre, je n'avais aucun doute là-dessus, vraiment. C'était d'ailleurs pour ça que c'était à lui que je m'adressais désormais, afin qu'il m'apprenne. Mais il croyait que je voulais qu'il déplace un truc. Vue sa force impressionnante, on devait souvent avoir dû lui demander une telle chose.

- Oh non... en fait, j'aimerais que tu m'apprennes à me servir de l'arme que tu m'as donné, que je puisse me défendre un minimum. Tu le pourrais?

Entendre le compliment caché dans les paroles douces de la scientifique fit naitre un sourire éphémère sur les lèvres exsangues de Robert. Il était prêt à endurer les pires souffrances, les lésions corporelles et même la mort pour préserver ceux qui avaient su remarquer l’âme scintillante qui se camouflait sous la laideur du physique disgracieux et repoussant du géant balafré. Durant toute sa misérable vie, le colosse difforme avait dû se battre contre les harceleurs, les dénigreurs et les fanfarons qui cherchaient à triompher de la bête de foire. Chacun voulait se vanter d’avoir pu allonger pour le compte le simplet. Et quand les poings nus ne suffisaient pas, les hommes sortaient sournoisement des lames pour lacérer la peau et les muscles saillants et disproportionnés du goliath immonde. Mais la vision de ses anges trépassée, de Charlee se faisant apporter par les ergots tranchants et déchiqueter par les dents des goules cannibales assombries les yeux océaniques de la bête. Le mastodonte n’avait rien pu pour aider celles qui avaient si merveilleuses envers lui. Il n’était pas physiquement là, sinon la donne de la main de la mort aurait été autre. Ça aurait été lui la victime sanglante et non elles…

Le regard dans la vague, son esprit lent et pathétique revoyant des scènes horribles depuis son errance, le géant se perdit un instant dans un état lunatique. Un petit jappement le ramena dans cette vie que plusieurs appelaient la réalité. Pour le géant si durement éprouvé, c’était surtout une descente au enfer ou personne ne pouvait réellement l’aider à se hisser hors de l’eau. Souriant bêtement, l’être ayant quelques carences intellectuelles s’excusa platement.

Robert- Désolé je revoyais ma famille… Euh… Je m’ennuie d’elle. Rocky est un brave toutou il a voulu empêcher un zombie de mordre Charlie tu sais… Euh… Il n’a pas besoin de moi pour se défendre et plus tard il sera grand et fort.

Pointant la lame du couteau de combat dans l’étui de ceinture de l’ange de la connaissance d’un index immense, les joues encore un peu rouge d’avoir détaillé les courbes de la jeune femme, le colosse balafré fit un petit hochement de tête.

Robert- Pour toi pas de problème… Euh… Pour te défendre contre les méchants qui mordent et les hommes?

Le géant attendit que la brunette sorte la lame et lui tend. Il soupesa le couteau de combat et le fit jouer entre ses doigts comme un artiste d’un cirque. Le tranchant passa langoureusement entre les phalanges rugueuses et couvertes de cicatrices de Robert. Un peu comme les cheveux longs et soyeux d’une femme glissant et repassant sans cesse autour des doigts de son amant.

Robert- Euh… C’est un bon couteau. Il est équi… équili… Euh… Équilibré c’est ça. Tu dois être vite comme le vent? Car tu dois utiliser soit la force de tes muscles ou la vitesse avec un couteau, tu sais. Aussi tu as des beaux cheveux assez longs… Euh… Comme de l’onyx qu’on a déjà trouvé dans une mine… EUH…

Comprenant que ses propos pourront mal passer, la pathétique créature rougit de nouveau comme une tomate. Il avala sa salive et bégaya quelques mots intelligibles avant de retrouver une contenance pour parler librement.

Robert- Désolé je voulais juste dire que tu dois attacher tes cheveux pour pas que les méchants te les agrippent… Euh… Au début j’ai vu une dame avec de longs cheveux se faufiler entre deux méchants… Euh… Elle a presque réussi, mais un a réussi à attraper sa cascade dorée…

Dans les yeux bleutés si purs de la créature, on pouvait deviner toute l’horreur de ce souvenir.

Robert- J’étais trop loin… Euh… Plus près j’aurai pu aider. Mais attache tes cheveux OK? Je ne veux pas qu’il t’arrive du mal tu sais. Tu dois mettre des choses entre toi et eux… Euh… Pas agile. Sinon passe bas. Et si tu es prise, ne prends pas ta main pour saisir le cou… Euh… La peau glisse souvent utilise ton avant-bras pour pousser vers le haut la tête.

Bobby pointa son cou et plaça son avant-bras pour immobiliser. Il montra que sa mâchoire ne pouvait pas s’ouvrir totalement.

Robert- Ensuite tu pousses avec tes jambes et ton dos pour relever sa tête… Euh… Tu vas le maintenir en haut et aussi avoir un bon élan pour le renverser ou bien planter ton couteau dans les trous de la tête.

Pointant un index immense vers ses yeux, ses oreilles et la bouche, le géant balafré reprit son petit cours de combat armé avec un sourire apaisant.

Robert- Tu dis ton couteau dans ton poing fermé pour être fort avec… Euh… Tu frappes comme avec un marteau dans un sens… Euh… Toujours avoir des trucs comme sur ton couteau pour te battre, sinon ta main peut glisser et tu vas te couper.

Il désigna la garde de la lame et fit pivoter le poignard dans sa main pour en présenter la garde en premier à la scientifique.

Robert- Si tu veux, je peux faire semblant d’être un méchant qui mord… Euh… Bloque mon cou et fais semblant de me planter ton couteau dans mon œil OK?

Quand l'ange de la connaissance ancra ses pieds au sol dans une position approximative de combat, le colosse fléchit ses genoux pour se mettre à son niveau. Levant ses bras ayant la circonférence de branches d'un érable vénérable, le colosse balafré commença à se mouvoir avec lenteur en trainant les pieds. Robert sorti la langue et loucha dans une médiocre imitation des zombies dans les vieux films de George Romero. Un sourire d'amusement, véritable soleil radieux et chaleureux dans la noirceur de la vie du géant tourmenter, se déposa sur les lèvres pleines et veloutés d'Elsa. Bobby adorait voir le visage aux traits céleste, trop souvent sérieux et préoccupé, se détendre et rayonner avec une telle intensité. Sans le savoir, les lèvres exsangues du monstre de foire s'étirèrent pour laisser transparaître un sourire dévoilant, certes sa dentition mal aligné, mais un aperçu de son âme débordante de gentillesse et d'une humanité stupéfiante. Le bras de la jeune femme entra à collision avec la poitrine large comme une barrique du colosse difforme. Quand la voix douce de la divine apparition demanda, avec une incertitude nouvelle que la bête ne connaissait aucunement dans le ton de la belle, si la technique était bonne, le géant fit un petit non de la tête.

Robert- Euh… Non mais tu y es presque… Euh… Regarde ce qui va arriver ok? Le mordeur va essayer de mettre les mains sur toi et ensuite il va se laisser tomber.

Déposant ses mains rugueuses, immenses et indignes sur les épaules frêles de l'ange, le géant essaya de ne pas trop trembler d'être si près d'une dame. Ensuite, il se laissa tomber un peu vers l'avant. Sûrement révulser par l'approche subite d'une telle répugnance, Elsa recula et perdit pied. D'instinct, le mastodonte fit un panier protecteur avec son avant-bras lézarder de cicatrices pour empêcher la chute de l'être divin. Croissant le regard d'azur si pénétrant de la scientifique, une rougeur excessive gagna les joues mal rasés du golem de chair. À l'instant ou la jeune femme avait repris son aplomb, les bras du mineur se faufilèrent avec célérité loin de son aura de splendeur. Baissant les yeux, essayant de camoufler la honte et la gêne qui le consumait tout entier, le géant murmura ses plates excuses.

Robert- Désolé Elsa de t'avoir fait trébucher et de t'avoir toucher… Euh… Les gens aiment pas que je les touches d'habitudes… Euh… Tu veux continuer?

Ayant l'accord de l'être doté d'une si grande intelligence, le simplet continua avec douceur ses explications.

Robert- Vise la gorge et ensuite tu le montes vers le haut… Euh… Comme ça il ne va pas tomber sur toi. Tu plantes ton couteau dans l'œil vite et fort… Euh… Comme un marteau… Euh.. Quand le méchant devient tout mou, repousse le vers l'arrière comme ça si d'autres sont là, ce sera comme un jeu de domino.

Après deux essaies supplémentaires, à chaque fois Bobby corrigeais la position des jambes, le centre de gravité. Mais il complimentait aussi l'ange de chaque mouvement réussis. À la troisième tentative, les enchaînements de la jeune femme furent parfait et le géant se laissa tomber durement au sol comme une masse morte. Il fit en prime des spasmes musculaires aucunement crédible et sortit la langue en disant un « Je suis mort » des plus pathétiques. Le chiot jappa de stupeur et alla voir son maître. Quelques coups de langues rugueuses fit rire de bon cœur le golem de chair qui se rassit avec la grâce d'un éléphanteau. Caressant la petite tête poilue, Robert fit un sourire gratifiant et fier vers l'ange de la connaissance. Se relevant lentement, le colosse balafré applaudit de manière sincère.

Robert- Bravo Elsa c'était parfait… Euh… Les mordeurs vont avoir peur de toi. Aussi si tu veux, tu peux faire une jambette et le faire tomber en arrière quand tu pousses le cou. Pour t'enfuir vite.

Sortant sa flasque argentée de sa poche de pantalon et une tablette de chocolat entamé emballé avec soin, il les tendit à l'être qui était d'une perfection à son regard bleuté si pur. Avec un sourire ou se mélangeait gentillesse et enthousiasme, les yeux du colosse reluisaient d'une bonté renversante. Le ton rauque mais doux du géant s'éleva dans les airs.

Robert- Tu as gagné un chocolat et du moonshine si tu veux… Euh… Je peux te demander un truc? Je te connais et Santana aussi… Euh… Mais les autres ils sont gentils comme toi? Euh... Sit tu veux pas en parler je ne t'oblige pas...

Le monstre de foire porta sa main immense et rugueuse à son menton volontaire et prédominent. Quelques rides se creusèrent dans son front, signe que le mineur essayait de se concentrer intensément. Chaque information, parole poussée par la voix douce et chantée de la scientifique fut entreposé dans le champ désertique et aride qui constituait la mémoire pathétique de l’homme difforme. Quand les lèvres charnues et si exquises d’Elsa se soudèrent pour finaliser ce monologue sur les différents éléments du groupe, le colosse balafré fit un petit sourire niais mais d’où dégageait la bonté et la gentillesse la plus pure. Sa voix rocailleuse, semblable à deux pierres qui s’entrechoquent, s’éleva dans les airs avec une douceur insoupçonnée pour un être de cette laideur répugnante.

Robert- Je peux te laisser quelques secondes? Je dois laisser ma tête vide à penser à tout ça tu sais… Euh… Plusieurs personnes disent que c’est juste de l’eau ou un truc comme ça dedans.

Les pas du golem de chair, mouvement un peu gauche comme si c’était un enfant qui maniait une terrible machine de guerre, l’emmenèrent vers le sac de couchage posé à même le sol non loin de là. Le chiot slalomait entre les bottes de construction joyeusement en jappant avec entrain. Près du lieu où la chose immonde avait élu domicile, à savoir un coin du hall, Rocky sauta près de l’oreiller où reposait la nuit l’horrible faciès de la bête. Avec des gestes lents, doté d’une attention et de tendresse presque surnaturelle dans ce monde chaotique et où la démence avait élu domicile, Bobby donna un peu d’eau dans un bol pour désaltérer le quadrupède. Le chiot but avidement et ensuite il se coucha sur l’oreiller. Avec un sourire qui semblait faire miroiter l’âme si pure et humaine cachée au tréfonds de l’armure de chair rapiécé, les grosses paluches couvertes de cicatrices enveloppèrent le petit corps chaud dans une couverture de bébé trouvé lors d’une de ses fouilles journalières. Rocky bâilla et se laissa dorloter avant de fermer ses yeux. Souriant paisiblement, une aura apaisante et de bonté semblait pulser tout à coup de chacun des pores de la peau malaisés et martyrisés du géant. Rendu près de la divine apparition qui ne pouvait que comparer à un ange, le colosse au visage barré d’une longue cicatrice murmura la réponse qu’il avait réussi à formuler dans son esprit lent et pathétique.

Robert- Les gens sont comme ils sont tu sais… Euh… Moi souvent je fais des trucs pour aider et ensuite on me dit que c’était con comme la lune… Euh… Je voulais mettre les gens en sécurité à l’hôpital alors j’ai été tuer les mordeurs au sous-sol et au premier… Euh… Charlee a dit que c’était pas trop brillant, car j’aurai pu être mordu et mourir.

Une tristesse incommensurable surgis dans le regard si mélancolie du mineur à la mention de l’asiatique. Il s’en voulait encore de ne pas avoir été là pour l’aider, lui laisser la chance de s’enfuir quitte à mourir pour permettre à une envoyée des cieux de survivre un jour de plus.

Robert- Moi ça ne me dérange pas trop de mourir je vais revoir ma famille… Euh… Et les gens doivent survivre vous avez tous des choses à apporter dans le futur… Euh… Moi rien je suis un monstre et on m’a dit que les monstres devaient mourir pour les gens bien… Euh… Souvent deux chefs pourront s’aider ou se chicaner… Euh… Moi dès qu’ils ne font pas de trucs dangereux qui vont te mettre en danger ou bien Rocky ou les gens gentils.

Rougissant subitement, l’être peu doué pour les interactions sociales venait de comprendre sa bourde monumentale. Bobby venait d’avouer à mi- mot qu’il aimait bien l’ange du savoir. Qu’il la considérait comme étant une personne gentille et qu’il se sentait bien en sa présence. Voyant la lame dans la main de la jeune femme, le colosse saturé de cicatrices essaya de reprendre une contenance à peu près normale.

Robert- Bon pour les méchants qui respirent… Euh… Tu dois utiliser la vitesse et l’agilité avec ton couteau… Euh… Moi je suis plus arme qui frappe fort… Euh… Je peux?

Se plaçant tout près du corps aux courbes divines de la scientifique, la rougeur qui venait de descendre d’un cran regagna une nouvelle vigueur. Tendant une main tremblante, il démontra la technique de bien tenir sa lame tout en souplesse. Aussitôt que l’ange su comment bien se positionner, jambes bien écarter et fléchis, torse incliner un peu vers l’avant et la garde basse, le golem de chair se décala. À quelques pieds de l’aura aveuglante de bonté d’Elsa, le géant entreprit de montrer les mouvements pour bouger tout en souplesse. Lui-même était un peu gauche, mais les déplacements de la jeune femme était comme du vif-argent. Souriant grandement, le colosse félicita la scientifique.

Robert- J’ai l’air d’un gros gorille à côté de toi Elsa… Euh… Tu bouges comme un serpent et tu es vite… Euh… Maintenant quand tu attaques tu dois décider si tu veux faire juste un peu mal, beaucoup mal ou bien hadica… handica… le mot pour dire que la personne ne pourra pas courir.

Elsa dit le mot et Bobby fit un sourire de gratitude.

Robert- Oui c’est ça merci… Tu as juste à couper un peu pour faire mal et te permettre de te sauver… Euh… Sinon tu dois frapper fort avec la pointe dans le muscle de la cuisse, le bras ou le cou pour les faire tomber au sol.

De son index disproportionné, le golem de chair indiqua sur sa propre personne les points sensibles. Ensuite il demanda de montrer les mouvements. Comme lors du dernier entrainement, il corrigea les petites imperfections dans la technique de l’ange et la félicita sincèrement lors de ses bons coups.

Robert- Euh… Maintenant ce qui est bien amusant si tu veux. Range ton couteau OK?

Farfouillant dans une des poches de sa ceinture à outils, le colosse produisit un marqueur rouge à feutre. Lui donnant le crayon, il expliqua ce qu’il allait se passer.

Robert- Euh… Tu dois me marquer avec ton crayon. Moi je dois éviter… Euh… Quand tu veux.

Aussitôt que l’ange du savoir eut en main le marqueur rouge, elle se fendit pour laisser une longue trace sur le genou du colosse balafré. Celui-ci avait été trop lent et il se plaça en garde, un immense sourire déformant sa laideur de son visage. Il n’avait pas souri depuis Charlee. Depuis si longtemps en fait. Et le sourira qu’Elsa avait de laisser transparaitre avait la luminosité de milliers de soleil. Les deux êtres commencèrent alors un ballet absurde composé de fiente et d’attaque. La vivacité d’esprit et la grâce surnaturelle de l’être divin prenaient souvent le pas sur le briscard immonde. Après un coup de marqueur vicieux qui simulait une longue estafilade sur la main ouverte de scarifications de la bête, la belle était des plus enthousiasme. Bobby fit un hochement de tête approbateur et dit de son ton lent, rocailleux et surtout haletant.

Robert- Tu es très rapide Elsa… Euh… Comme souffle le vent. Maintenant je vais te montrer ce que je pourrais faire contre toi OK… Euh… À ton tour d’essayer de te mettre hors de mon chemin OK?

Dès que l’ange du savoir hoche la tête, laissant l’esprit lent de la chose se perdre dans les yeux couleur azure comme un ciel d’été agrémenté d’émeraudes d’un vert si scintillant pour augmenter la beauté de ce regard si intelligent et curieux, le colosse balafré se mit en mouvement. Partit l’être lent et stupide à souhait. Il était devenu le briscard, le combattant et le gardien. Une formidable machine de guerre à la puissance phénoménale et au corps doté de muscles puissants et saillants. Une endurance à toute épreuve et pourvue d’une pointe de vitesse insoupçonnée. Faisant un pas de géant, il entra dans la garde vacillante de la jeune beauté. D’un mouvement du poignet, pouvant rompre les os de la scientifique, mais dotés d’une douceur presque surnaturelle, il écarta la main armée d‘Elsa. Ensuite déclenchant une série de coups de poing qui s’arrêtaient tous à quelques centimètres de la jeune femme estomaquée. Visage, ventre foie et en dernier une main rugueuse fit un étau autour du poignet de la belle. La poitrine du Bobby ressemblait à un soufflet de forge, s’abaissant et se relevant au même rythme hypnotique. Voyant la proximité que sa carcasse dotée d’une laideur bestiale corrompait l’aura divine de l’ange, Robert rougit. Il était assez près qu’une main audacieuse ait pu courir librement sur les courbes sensuel et maniaque de la scientifique. Dégageant son étreinte du poignet gracile de l’être de lumière, la noirceur de l’humanité fit un pas de côté pour se placer hors de la luminosité divine. Passant un main en arrière de sa tête en forme d’œuf pour essayer de chasser la subite montée de gêne et de malaise, l’homme difforme s’excusa platement.

Robert- Désolé d’être arrivé si vite près de toi… Euh… Je n’ai pas trop serré pour ton poignet?

Quelques paroles et une lueur de bienveillance dans le regard de l’ange du savoir rassurèrent le mineur tourmenté. Alors, il expliqua comment esquiver une attaque de sa part.

Robert- Tu as bien vu pour m’attaquer aux jambes tu sais… Euh… Je ne suis pas vite vite des fois… Euh… Quand tu veux savoir quand la personne va attaquer, tu dois la regarder partout… Euh… Il va arrêter de respirer, il va se pencher un peu plus vers l’avant et il va commencer à faire un pas vers toi. Ses mains vont se diriger aussi vers ton arme pour la repousser… Euh… Va de l’autre côté de son attaque pour passer près de lui et lui ouvrir le flanc comme là.

Levant son bras droit vers le ciel, il ponta de son index monstrueux une ligne entre ses côtes. Mais la chemise se releva un peu et le regard pers d’Elsa put voir la multitude de cicatrices qui couraient sur son flanc. Même le point d’entrée du carreau d’arbalète qui avait blessé l’erreur de la nature en janvier. Troublé par la vision qu’il venait de subir à la divine apparition, Bobby baissa les yeux.

Robert- Pour un grand comme moi, n’oublie pas de passer sous mes bras… Euh… Pour un petit juste à te reculer un peu dans l’autre sens de son attaque pour ensuite attaquer… Euh… Tu es prête?

Alors, Robert se plaça dans sa position de défense et attendit quelques instants, tournant autour de la magnifique jeune femme comme un requin qui venait de sentir du sang frais. Il bloqua sa respiration et le mineur fit un pas d’immense, bras tendu comme un diable en boite immonde. La vision du paradis se dissipa et il ne put que comprendre que le mouvement de vif d’argent de la jeune femme l’avait emporté en arrière de lui. Incrédule il fit une longue marque sur sa chemise durement éprouvée. Robert ne put s’empêcher d’applaudir sincèrement. Dans les yeux océaniques de l’homme, l’ange pouvait deviner un amalgame d’émotion. De la fierté, de la surprise et surtout une dose de tendresse et d’affection.

Robert- Je ne vais pas te faire choquer, je crois Elsa… Euh… Tu vas devenir meilleur que moi, tu sais, et je vais avoir peur de toi.

La bête de foire fit un clin d’œil et simula pauvrement une grande frayeur pour faire éclater de rire la scientifique qui semblait si merveilleuse à cet instant. Il demanda alors un autre assaut, mais un pied de l’être divin fit un écart de trop et elle perdit l’équilibre. Déployant toute sa célérité et laissant le protecteur surgir subitement, la lie de l’humanité agrippa la main tendue de la belle. La bête serra contre son corps indigne les courbes voluptueuses et sublimes de la jeune femme. Lui aussi se sentit perdre pieds, mais il se laissa tomber vers l’arrière, épargnant la dureté du béton à l’ange du savoir. L’air fut expiré brutalement des soufflets qui servaient de poumons à l’homme. L’arrière du crâne de Robert cogna au sol, lui prodiguant une belle bosse pour plus tard. La tête d’Elsa reposait sur le torse musculeux et large comme une barrique du mineur. Elle pouvait entendre les battements irréguliers et un peu affolés du cœur couvert de cicatrices remplis de bonté et de gentillesse. Ne se souciant aucunement de lui, l’erreur de la nature s’enquit de l’être divin serré entre ses bras musculeux et réconfortants.

Robert- Elsa ça va? Euh… pas de bobo? EUH

Se rendant compte de ce qu’il faisait, Robert libéra l’ange à la chevelure de jais de l’étreinte grotesque et immonde de ses bras monstrueux. Il ne voulait pas la rendre mal à l’aise…

Le géant balafré ne savait pas si c’était l’effet de la bosse qui augmentait en dessus de son crâne, mais il était… bien. Il était étendu sur le béton froid de l’accueil du centre, les deux bras entourant un ange, un être de lumière. Elsa n’avait pas hurlé de frayeur, ni chercher à se dégager de l’étreinte des branches d’arbres qui servaient de bras au golem de chair. La scientifique semblait juste apprécier le moment, la tête appuyée sur le torse musclé de Robert. Elle devait entendre aisément le tambour désordonné qui servait de battement de cœur au géant difforme. Bobby n’osait même plus bouger, de respirer même. Il ne voulait pas éclater ce moment cette seconde de compassion et de beauté dans ce monde obscure. C’était comme si la terre elle-même semblait avoir arrêter de tourner sur son axe pour permettre à la bête immonde de graver chacun des traits divins et ciselés par Dieu lui-même de la belle dans le roc de sa mémoire. Une apparence céleste comme les artistes des temps passés aurait tué père et mère pour avoir la chance de porter le regard sur cette muse inspirante. La plupart des hommes auraient savouré les sublimes courbes de la jeune femme comme des requins regardant une pièce de choix. Ils auraient ricané entre eux de manière grivoise en pointant les lèvres pleines et douces, les traits angéliques finement ciselés dans le marbre de ce visage époustouflant. La chevelure ressemblant à une veine de cuivre chatoyant dans la lumière de l’astre de vie. La créature de cauchemar ne pouvait que décrire les yeux de l’apparition comme deux saphirs bleutés d’une telle luminosité qu’ils pouvaient ensorceler n’importe quelle âme. Dont la sienne sans le savoir. Quand la tête de la scientifique se redressa, comparable à un soleil tant désiré, le cœur de la chose immonde rata un battement ou deux. Elle venait de lui demander si tout était bien. Mais le sourire qu’elle produisit aurait pu faire oublier n’importe quelle blessure, maladie ou handicap à la lie de l’humanité. Le regard océanique de l’homme difforme dut répondre pour lui, car sa mâchoire resta béate, inutilisable pou dire tous les mots que son esprit lent et pathétique lui insufflait à l’instant. Une affection sans borne, une tendresse presque surnaturelle, une gentillesse divine, une joie incommensurable et un début d’un sentiment inconnu pour la bête de foire luisaient dans ce regard pur et si merveilleux. Ses mains n’avaient pas bougé d’un iota savourant ce contact privilégié que n’importe quel homme aurait tout donné, même leur âme, pour être à sa place. Le mineur pouvait sentir la douce chaleur que dégageait le dos de l’ange. Sa chevelure était tombée sur son autre main, comme une mer soyeuse englobant une monstruosité sans nom. Le géant n’avait jamais senti un contact si doux, si merveilleux de sa vie. Bobby aurait tellement aimé caresser ses formes graciles et sublimes. Passé ses doigts honnis dans la chevelure d’Elsa pour en apprécier la texture qui ne devait être comparable à un nuage. Vouloir continuer la course de sa main vers la pommette de l’être de lumière pour savourer la pureté de sa peau basanée...

La scientifique profita de l’instant de contemplation de la chose pour utiliser son marqueur. Deux coups de crayon sur son front décalé tirèrent de sa rêverie. Il ne put s’empêcher de sourire et de rigoler, son douteux qui poursuivait la pureté de cristal de l’enchantement de la sublime femme. Son cerveau ayant quelques carences comprit alors qu’il devait être mort et le géant cauchemardesque fit une simulation pitoyable de la mort. Il laissa tomber ses mains, à contrecœur car Robert aurait voulu enserrer la silhouette parfaite d’Elsa pour une éternité et demie, en croix au sol. Penchant sa tête pour coller sa joue au sol, l’être indigne sortit sa langue. N’importe quoi pour entendre la jeune femme s’esclaffer. Car à ces instants elle ressemblait à une vision du paradis. Habituellement son visage était concentré. Mais quand Elsa souriait et riait, elle devenait pour l’être simpliste la femme la plus belle de la création. Éclipsant sans difficulté toutes les êtres inférieurs qui polluaient la terre. Et Robert ne comprenait pas pourquoi elle perdait son temps avec lui. À l’hôpital on le laissait seul dans son coin. Ici les gens venaient lui parler un peu plus, mais tout un chacun avait des tâches à faire. Mais Elsa venait lui demander si tout allait bien, si lui ou Rocky avait besoin de quelque chose. Une attention que l’être maudit n’avait eu qu’avec Charlee, Sandra et Rosalie.

Bientôt Elsa se releva et Robert suivit le mouvement. Ses yeux se plissèrent essayant de lire maintenant le marquer rouge. Mais il ne put s’empêcher de frotter la bosse qui se formait maintenant en arrière de son crâne d’œuf. La voix rocailleuse s’éleva, mais la douceur des mots était toute dirigée vers l’ange pour la complimenter.

Robert- Bravo Elsa… Euh… Tu as gagné contre le monstre… Euh… Il faudrait se pratiquer un peu plus, mais tu pourras botter le cul de n’importe qui dans pas long… Euh… C’est quoi le mot sur le crayon ? Pas assez intelligent pour le lire.

Un éclat de rire cristallin salua alors la question de l’homme difforme. L’être doté d’une si grande intelligence lui dit alors que le marquer était ineffaçable. Un sourire confus, mais gentil apparut sur les lèvres exsangues de l’homme difforme.

Robert- Euh… Je vais être comme le golem de glaise dans les histoires… Euh… Tu as laissé ta marque sur mon front donc je devrais t’obéir c’est ça ? C’était ton plan ?

Un regard mi-inquisiteur, mi-amusé et doux passa dans l’océan du regard de l’homme. Pour essayer de la faire rire, il essaya de la saluer comme les militaires. En premier ce fut la main droite, ensuite la gauche. Et bonne être sur de son coup et faire bonne mesure, il salua des deux mains en même temps.

Robert- Euh… On prend une pause… Euh… Elsa c’est un nom très beau… Euh… Facile à dire et qui sonne bien à l’oreille… Euh… Tu peux me parler un peu de toi… Euh… De ton travail? Sinon on peut se parler une autre fois si tu es bien occupé?