Elle ne connaissait rien à cette maison et elle ne comptait pas non plus s’y attacher. Ça faisait déjà deux nuits qu’ils habitaient des maisons différentes et qu’au petit matin des morts s’amassaient déjà aux fenêtres. Rien n’avait été réellement critique, mais il faudrait réellement trouver un moyen d’éviter que ça ne le devienne. Elle savait qu’ils devraient trouver un endroit sûr pour la suite des choses. Parce que la caserne était éventrée à la merci des morts, ils avaient vérifiés. Alors, maintenant qu’il n’y avait plus rien à faire de ce côté, il fallait avancer. Elle tentait réellement de ne pas déprimer, se rappelant que ce matin-là, Logan n’était pas dans la caserne. Il était sorti, comme tous les autres et elle avait proposé de garder Eulalie. Elle l’avait fait et elle l’avait même très bien fait puisqu’elle était encore à ses côtés en ce moment.

Il fallait penser à la suite des choses maintenant, trouver un endroit ou se poser, protéger, vivre. Ce n’était pas elle généralement qui faisait ce genre de chose, mais elle comptait bien s’en sortir en vie et avec Eulalie. Heureusement pour elle, Cian et Katleen étaient pour aider, alors à quatre, ils s’en sortiraient. Elle prit encore quelques secondes en tête à tête avec elle-même, prenant le temps d’observer son tatouage dans la glace poussiéreuse qui se trouvait devant elle. Elle y passa les doigts, le caressant doucement. La preuve qu’elle appartenait à Logan était là, graver dans sa chair et elle ne se sentait plus trop seul de cette façon. Elle dû quand même rattacher son pantalon et rejoindre les autres au salon. Ils n’avaient pas beaucoup de temps, une nuit, peut-être deux et ensuite les rôdeurs les sentiraient. Alors, aussi bien en profiter pendant qu’ils étaient réellement tranquilles.

-On fait quoi pour la suite? Je veux dire, les maisons temporaires à quatre, je sais pas trop…

Parce qu’elle l’avait fait très longtemps, toute seule, mais pas avec une gamine et deux autres personnes. En étant seule, les morts prenaient plus de temps à vous repérer, mais là, ils étaient quand même quelques-uns et ils avaient beaux tenter d’être silencieux, ils ne pouvaient pas cesser d’exister non plus. Alors, elle les observait doucement, elle avait lancé un brainstorming, elle comptait bien offrir des idées aussi.

-La sédentarité à quatre, c’est dangereux, mais… à être nomade on court beaucoup de risques aussi.

Parce que sérieusement, même avec la voiture qu’ils avaient trouvée et elle au volant, rouler était long, les routes étaient difficilement praticables. Avant, elle ne se serait même pas posé la question, mais elle avait Eulalie maintenant et elle ne comptait pas l’abandonner, jamais. Ça lui faisait étrange de le réaliser. Elle ne pouvait pas jurer que Logan était en vie, mais elle aimait se dire que oui. Elle prit finalement place sur le canapé pour attendre la réponse des autres. Comme ça, tout le monde serait fixé.

Ça faisait quelque mois que Cian et moi étions tombés par hasard l’un sur l’autre et déjà ce nouveau petit confort basculait. Je ne m’attendais pas à ce que tout roule sur des roulettes, j’avais quand même eu des moments ardus durant mes semaines de solitude. Mon gros problème avait été mon incapacité de combattre avec une arme à feu…et de combattre tout court en vrai. J’étais douée pour les astuces, les pièges, mais au corps à corps j’étais un peu moins douée. Rien qui ne s’arrange pas avec la pratique je suppose…

Pratique que j’avais eu davantage depuis les deux dernières nuits. La caserne n’étant plus un endroit qu’on pouvait considérer comme un endroit sécuritaire. C’était l’enfer pour faire clair. La chose la plus positive, en ce qui me concerne, c’était que j’étais avec Cian. Et c’était un très gros positif pour moi, je ne sais pas comment j’aurais fait de le perdre durant cette attaque. Comme je me posais la question comment Joy s’y prenait pour garder un moral tout de même…stable je peux dire. Sans doute que la présence d’Eulalie aidait à rester calme, il ne fallait pas effrayer plus qu’il ne fallait la gamine malgré qu’elle dût comprendre la situation vaguement… Je compatissais grandement avec la rousse puisqu’au courant des dernières semaines, elle était vraiment devenue ce qui se rapproche le plus d’une amie. Sûrement que si tout avait été normal, nous aurions facilement pu être amies aussi.

Je tentais tant bien que mal de ne pas avoir l’air paniqué, ce que je réussissais assez bien considérant que je savais garder mes émotions pour moi…peut-être que Cian s’en rendait parfois compte. Je dormais peu, mon sommeil, quand il me gagnait, était léger, je me réveillais à rien. Je n’arrivais pas à garder mon meilleur ami trop longtemps en dehors de mon champ de vision, oui j’avais vraiment peur de le perdre… Puis je réfléchissais beaucoup, préférant rester silencieuse, tenter de trouver des astuces et des idées rationnelles pour continuer de survivre le mieux possible. D’ailleurs, je ne devais pas être la seule parce que là, Joy venait de prendre la parole considérant notre choix de vie. J’eus un vague hochement de la tête, c’est vrai que ce n’était pas le mieux à faire durant trop longtemps. Je croisais les bras tandis qu’elle poursuivait. Je l’imitais en allant prendre place sur un des canapés en ramenant mes jambes contre moi et je répondis doucement.

‘’Si on veut être sédentaire, faudrait déjà trouver un bon endroit…je vivais dans une bâtisse avec plusieurs appartements avant, c’était pratique et j’avais réussi à…enfin, à être en sécurité un moment. J’étais dans des étages plus hauts donc j’attirais moins l’attention des morts.’’

Je callais mon dos contre le fauteuil en prenant une bonne inspiration, mes iris passant de Cian à Joy.

‘’Et puis c’est dangereux, on va finir par devoir être à pied et c’est vachement moins pratique.’’

Puis je me tus pour laisser la place aux autres de répondre, de continuer de dire nos idées à voix hautes, on trouvera bien quelque chose…oui, il le fallait.

Je terminais de nettoyer le tour de la maison avant de rentrer et rejoindre les autres au salon. Cela faisait deux jours maintenant que nous survivions tant bien que mal à l'extérieur. L'attaque sur la caserne avait été rapide et en fuyant avec Kate, nous étions tombés sur Joy et Eulalie. Rapidement nous étions restés ensemble, sans savoir où les autres étaient. L'important était de se mettre en sécurité avant de penser à ce que nous allions faire par la suite. Depuis, nous dormions dans différentes maisons mais le problème était toujours le même. Au petit matin, pas mal de rôdeur s'amassaient près de nous. Si les murs les retenais sans danger, les fenêtres et autres portes n'étaient pas bien solide. Par chance pour le moment, ils ne nous avaient jamais repéré. De ce fait, j'avais toujours pu agir rapidement pour les éliminer avant de quitter les lieux. Refermant la porte derrière moi, la barricadant avant un fauteuil assez lourd, je rejoignais le petit groupe dans le salon et les écoutais alors.

J'étais assez d'accord avec elles. Nous devions trouver rapidement un endroit plus sécurisé dans le but de s'y établir, se reposer, et reprendre des forces. Ce qui était délicat, c'est que nous avions une enfant avec nous et aucun moyen de locomotion. Mise à part ma moto mais il était évident qu'on ne pouvait y tenir à quatre. Il fallait trouver une solution pour se déplacer plus simplement et tranquillement. "Personnellement, je suis pour le fait de retourner dans l'ancien bastion fortifié de Kate. Pour l'avoir vu réellement, je peux assurer le fait que nous y serions tranquille." Kate y avait fait un excellent travail. Je n'avais aucune idée d'où elle avait pu trouver toutes ses idées mais je me souviens qu'elle m'avait fortement impressionné lorsque j'avais découvert son petit nid. Il y avait aussi bien des pièges pour les rôdeurs que pour des humains trop curieux. Impossible de passer dans ce labyrinthe sans elle. L'endroit était donc vraiment sûr pour Joy et Eulalie qui étaient loin d'être des combattantes aguerries. Idem pour Kate mais depuis nos retrouvailles, la chirurgienne avait eu l'envie d'apprendre à se défendre.

"Dans tout les cas pour y parvenir il va nous falloir un moyen de locomotion. Il est hors de question qu'on reparte sur les routes à pied. Même si ce n'est pas forcément très loin d'ici, je ne risquerais pas vos vies les filles." Lançais-je alors. Mes mots étaient clairs. Précis. Hors de question qu'elles viennent me dire quoi que ce soit pour aller contre l'idée. Mon regard était des plus clair aussi. "Préparez-vous. Prenez tout ce qu'il y a à prendre dans cette maison et attendez mon retour. Je vais de ce pas aller fouiller les environs en quête d'une voiture potable." Finissais-je alors avant de me relever. Je lançais un dernier petit regard en direction de Kate, ne disant un mot de plus, avant de tourner les talons et sortir de la maison. Je devais faire au plus vite.