Jude a toujours eu une vie ordinaire, encore plus pour une gamine née dans une grande fratrie. Être la petite dernière, c’était d’un ennui mortel. Elle avait tout de même deux grandes sœurs chiantes et deux frères lui servant à taper dedans quand elle en avait envie. La meilleure des éducations en sommes. Une seule règle existait dans cette fratrie : ne pas se faire coincer par les parents. C’est surement comme cela que tout commença, son goût pour l’action, pour la bagarre, son besoin de sentir l’adrénaline couler dans ses veines. Une enfance parfaite, une blondinette énergique, mais adorable. Elle adorait se battre avec ses frères, jouer à « ma parole contre la tienne » et fondre en larme. Elle avait appris tellement de trucs au fil du temps que ses frères tentèrent d’arrêter de jouer, mais… impossible avec elle. Elle y avait pris goût.

Tout se corsa à l’adolescence. Du moins, plus qu’à l’enfance. Parce que même si elle était une peste, ça n’avait rien à voir avec ses 14 ans. Va savoir pourquoi, mais elle se noya dans la mauvaise foi et le sarcasme quelque part vers cette âge. Peut-être que c’était les hormones. Elle avait commencé à soupirer, rouler des yeux, se désengager. Elle prenait un plaisir malsain à se ficher de tout, d’hausser les épaules avec nonchalance, provoquer sans répondre. Elle aimait faire réagir et même si la réponse était négative, elle continuait. Une véritable crise d’adolescence quoi, juste qu’elle n’en était jamais réellement sortie. Parce que depuis, elle a toujours cette attitude de merde qui ne donne pas réellement envie d’être son ami. Pourtant, elle en avait quelques-uns, parfois.

Elle aimait le danger, elle aimait l’action et elle voulait tout de même bien faire les choses. Puisqu’elle était assez douée à l’école, elle tenta d’entrer dans les forces de l’ordre. Genre, elle n’était pas idiote et elle n’avait pas assez de vie sociale pour oublier d’étudier. Elle n’était pas nulle en cours et s’en sortait en sport, alors pourquoi pas! Ça lui convenait parfaitement bien! Elle adorait cela, elle était même très douée. C’était juste très difficile d’ignorer les commentaires machistes des mecs incapables d’assumer qu’une femme arrive à faire aussi bien qu’eux, sinon mieux. Pendant qu’ils ne géraient pas leurs orgueils mâles, elle, elle performait. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Elle avait 21 ans, elle avait la vie devant elle et elle répliquait à chaque affront. Sauf que, plus la formation pour devenir policière avançait, plus elle avait acquise des techniques de combat, de maitrise de l’adversaire et ce, sans parler des armes à feu. Juste le corps à corps, se battre, réagir. Alors, un jour particulièrement emmerdant, un mec la poussa un peu trop loin et elle lui cassa le nez. Ce n’était même pas une vraie bagarre! Juste une petite mise en garde, rien de bien méchant. Sauf qu’elle réalisa qu’elle n’avait pas suivi sa règle première depuis toujours : viser là où ça ne laisse pas de marque. Malheureusement pour elle, ça avait été plus fort qu’elle, elle avait vu rouge, elle l’avait tapé et Dieu que c’était satisfaisant. Ce qu’elle ne savait pas, c’est qu’on pouvait être viré pour si peu que ça. Alors, elle du dire Adieu à son rêve de devenir policière. Elle avait 21 ans et elle avait déjà gâché sa vie. Joie?  

Elle dû donc se recycler rapidement. Sauf qu’elle n’en avait pas envie. Elle supporta le job de serveuse pendant… trois jours. Le troisième, elle avait versé un café dans l’entre-jambe d’un crétin et elle c’était barrée. Elle chercha donc un domaine intéressant, mais sans service à la clientèle. Elle ne sut pas trop comment, mais on lui proposa une formation d’un an en soudure de montage. Elle prit un an de plus pour apprendre la soudure sous-marine. C’était vraiment plus intéressant comme ça, fallait l’avouer. Elle avait réellement cru qu’elle pourrait oublier son besoin d’adrénaline, faire un job calme, fixe et le pire, c’est qu’elle était douée dans ce domaine, même si c’était encore et toujours un domaine d’homme. Elle revenait à la maison sale, brûlée, mais elle s’en fichait. Lorsqu’elle était épuisée, elle n’avait pas l’impression de passer à côté de sa vie. Elle voulait simplement gagner sa vie, mais elle mourrait quand même d’ennui. Toujours un peu plus et à 24 ans, elle n’en pouvait déjà plus. Elle voulait quelque chose qui la ferait vibrer, elle voulait des émotions fortes et la soudure, c’était limite un job de grand-père, même percher à 100 mètres au-dessus du sol ou sous l’eau.

Elle chercha donc un métier ne prenant pas en compte ses petits… aléas de la vie. Elle n’avait pas de casier judiciaire, elle avait donc toutes ses chances et elle trouva finalement : Agent de sécurité. C’était mieux que rien. En fait, elle préférait encore plus transporteur de valeurs. Heureusement pour elle, elle découvrit ce métier en pleine formation. Passer dans les grandes banques, dans les boutiques, partout! Le tout, pour ramasser de l’argent, le mettre en sécurité et le transporter vers un autre lieu, souvent une banque. C’était excitant, c’était palpitant et dangereux, elle adorait cela. Elle voulait de cela dans sa vie. Elle dévora sa très courte formation et s’y lança corps et âmes.

Durant sa vie, elle avait fréquenté quelques hommes, quelques femmes aussi, mais jamais personne n’avait réussi à la captiver assez longtemps pour former un « nous ». Au final, elle n’aimait pas trop l’idée de s’enfermer dans une cage, d’appartenir à quelqu’un. Genre… fallait être fou pour accepter ça. Déjà, la fidélité n’était pas son truc niveau couple, alors s’enfermer dans du « pour toujours » ou pire « jusqu’à ce que la mort vous sépare », elle n’y arrivait tout simplement pas. Elle n’arriva donc jamais à réellement vivre une grande histoire d’amour, s’attachant quelques temps à quelqu’un avant de simplement laisser tomber. En général, quand tout allait trop vite ou trop bien, elle sabotait sa propre relation comme une grande pour passer à autre chose. La petite demoiselle a donc un petit problème avec l’engagement depuis toujours, mais ce n’était pas si grave. Ce n’était pas un truc primordial dans sa vie. Alors oui, elle pouvait consacrer tout son temps à son job. Ouais, son job était toute sa vie et elle adorait cela, vraiment.

Il y eut bien une relation plus importante que les autres, une fois. Il fallait dire qu’elle avait presqu’eu une ex, un joueuse de poker terriblement sexy, mais autre que de perdre ses vêtements avec elle, Jude n’avait jamais réellement réussi à créer un lien de confiance et encore moins d’attachement. Elle aurait voulu, mais… elle n’y arrivait pas. Quand l’autre la quitta après une énième dispute totalement mérité, l’autre se barra en claquant la porte, ne revenant jamais. Comme seule preuve de son existence dans la vie de Jude : un jeu de carte. Et elle le garda. Non, ce n’était pas quelque chose avec une valeur sentimentale, faut pas charrier, mais… Il lui rappelait qu’elle était nulle à ce jeu. Non, pas le poker, ça, elle s’en sortait, on parlait bien du jeu des sentiments ici.

Elle en vint à faire de plus en plus d’heure supplémentaire vers juillet 2014. Étrangement, ce n’était pas sous sa demande à elle. Ce qui n’était pas habituel, fallait bien l’avouer. Les instances supérieures exigeaient de plus en plus de transport de valeur vu ce qui se passait dans le monde. Des malades immortels qu’ils disaient. Comme si elle pouvait arriver à croire des conneries pareilles… On les abattait, mais ils revenaient, toujours, la bonne blague. Du moins, presque toujours, mais rien n’était très précis à ce sujet, du coup… c’était du grand n’importe quoi. Ils n’avaient pas eu de formation précise à ce sujet, mais le travail devenait de plus en plus exigeant. Les gens se barraient le plus souvent en les apercevant, mais certains commençaient de plus en plus à attaquer des magasins, des marchés, un peu de tout, alors un camion transportant la richesse du pays… pourquoi pas? Le chaos commençait à régner, les gens devenaient fous, mais tant que les militaires étaient là, tout irait non? Sauf qu’en août, tout bascula.

Ce jour-là, elle était avec son équipe, trois personnes pour charger de l’argent en grosse coupure. Un conducteur, un à la paperasse et un qui charge les valeurs. Toujours la même routine. Elle n’était pas en charge de la paperasse cette journée-là, mais elle avait été étonnée du nombre de sac à transporter. Elle restait concentrer sur les risques, mais elle ne pouvait s’empêcher de chercher combien ils transporteraient cette fois. Elle finirait par demander à son collègue, elle le savait bien. Autant d’argent, c’était rare, c’était comme si la banque tentait de sauver toute sa liquidité. La moitié du camion avait été rempli quand un malade sauta sur son partenaire. Non sérieusement, le machin était couvert de sang, lent, grognon, mais il était débarqué par surprise. Le conducteur n’avait pas le droit de sortir du camion, c’était la règle. Alors, elle tenta de repousser le malade du mieux qu’elle put. C’est là qu’elle vit le dit malade partir avec un morceau de la joue de John. C’était une vision horrible, le trou béant, les cris étouffés dans un gargouillement, le sang, les dents maintenant visible, tout était en place pour laisser un horrible souvenir à la blonde. Elle se servit de son shotgun sur le malade sans aucun remord. Elle visa la tête, ne sachant pas s’il cachait du kevlar sous son haut couvert de sang. Qui d’autre que des gens biens équipés pouvaient attaquer un convoyeur de fonds sérieusement? Elle ne prenait aucun risque. Un autre attaqua John, il voyageait en groupe ses machins… Son collègue se fit mordre au cou, il était sans défense et maintenant couvert de sang, le sien en majorité. Repousser le malade, lui taper dessus jusqu’à ce qu’il lâche prise, le tirer. Ses réflexes étaient bons, mais l’image était surréaliste. Elle vit les éclats de sa balle heurter le camion, l’abimant sans plus. Elle devait recharger. Elle poussa donc John dans le camion. Ferma les portes et hurla à Ray de rouler en voyant d’autres malades s’approcher de la banque lentement, mais surement. S’ils s’approchaient de la banque, il s’approchait aussi du camion, alors valait mieux se barrer. La banque s’occuperait de sécuriser l’intérieur, eux s’occuperaient du camion, c’était la procédure. Ils se devaient de protéger les objets de valeurs à tout prix. Elle compressa la joue et le cou de son collègue du mieux qu’elle pouvait pendant que le convoyeur tentait de se frayer un chemin vers un hôpital. La trousse était à l’avant et s’arrêter n’était pas réellement une option. C’était le chaos à Détroit.  Elle ne voyait rien, elle ne paniquait pas vraiment, jurant à voix hautes pour se calmer un peu.

Ce qu’elle remarqua d’abord fut le silence dans l’habitacle. John ne se plaignait plus, les gargouillis avaient cessé. Tout ce qu’elle arrivait à entendre, c’était sa propre respiration. Elle réalisa à ce moment qu’il était mort. Depuis combien de temps? Aucune idée, Ils étaient coincés dans un embouteillage de débile. C’était chiant et elle n’avait pas porté attention. Il c’était surement vidé de son sang vu le plancher de l’endroit. Son cœur n’avait pas tenu le coup? Elle tenta une réanimation cardiaque. Elle en avait mal aux bras à force, hurlant à Ray de se dépêcher au travers de ses comptes. « 23, 24, 25. Dépêche-toi putain, on va le perdre. ». Aucune inhalation, il avait un putain de trou dans la joue! Elle n’allait pas lui planter une paille dans le corps pour souffler! Elle recommençait, encore et encore « S’il crève parce que tu sais pas conduire se sera de ta saleté de faute. Tu vas en parler avec sa femme et sa gamine? » Elle voulait juste que Ray fasse son putain de job, mais c’était clairement trop demandé. Elle avait clairement réussi le sien quand John se redressa, le regard terne. « Oh Damn’ il est revenu! Il a repris connaissance Ray! Dépêche! ». Un espoir, une chance infime. Du moins, c’est ce qu’elle avait cru jusqu’à ce que son collègue tente de l’attraper. Elle entendait ses dents claquer trop près d’elle. Elle n’avait pas assez d’allonge avec les bras et quand il tenta de lui sauter dessus, elle tenta de le frapper de toutes ses forces avec ses pieds pour le garder à distance « RAY!! Ça va pas ici, faut m’aider putain, il veut me bouffer! John veut me bouffer merde! Arrête le putain de convoyeur MAINTENANT! » Elle s’assomma contre l’un des casiers servant à ranger les valeurs lorsque le camion s’arrêta sèchement. Elle voyait encore des étoiles quand elle entendit John près d’elle. Elle continua de se débattre, manquant de force quand la porte de derrière s’ouvrit sur un Ray terrorisé. Elle n’arrivait pas à attraper son arme, elle cligna des yeux justes assez pour voir John se faire tirer hors du camion. Elle vit aussi Ray tomber au sol sous le poids de l’autre et elle tira finalement. John tomba au sol, pendant que Ray hurlait. Des éclats de balles avaient traversé John pour se loger dans le bras de Ray. Rien de bien inquiétant. Elle avait tout bandé, maintenant qu’elle avait accès à la saleté de trousse, il allait s’en sortir, limite, c’était une égratignure.

Elle c’était donc occupé de fermer le convoyeur, retourner devant et conduire parce que Monsieur ne se sentait pas bien. Une véritable chochotte, mais lorsqu’ils réalisèrent que Détroit était hors de contrôle, ils décidèrent de s’éloigner vers une zone plus sécuritaire. Elle devait simplement suivre le gps, sortir de Détroit et passer au Canada. C’était le nouvel itinéraire. Sauf que la frontière était congestionnée, alors elle se rendit dans Grosse Pointe Wood, chez Ray pour s’occuper de son bras qui le faisait souffrir. Il finirait bien par passer au Canada le lendemain sans problème. Sa femme n’était pas là, elle devait donc se la jouer infirmière en plus et monsieur se plaignait sans arrêt. Elle détestait ce rôle, elle détestait prendre soin des autres. En fait, elle n’était même pas certaine d’arriver à prendre soin d’elle-même. Il avait chaud, froid, ne se sentait pas bien et au bout d’une journée, elle crut réellement que la plaie c’était infectée. Parce qu’il fallait que ça pour que sa santé se dégrade à ce point. Elle avait tenté d’appeler des hôpitaux, son job, mais rien à faire. Personne ne répondait ou s’ils le faisaient c’était pour se plaindre d’être occupé. Personne n’en avait rien à faire de plusieurs millions de dollars en petite coupure dans la nature. Et de la santé de son collègue, fallait pas oublier la santé du collègue. Ils avaient stationné le convoyeur dans le garage de Ray pour en assurer un peu la protection, mais elle stressait à mort. Elle c’était endormie dans un fauteuil du salon. Ray était sur le canapé, toujours malade quand elle se réveilla en sursaut. Même problème, même combat. Ray s’approchait d’elle, le regard terne, il  était malade aussi? Il était mort!? Elle l’esquiva rapidement, tombant à la renverse avec le fauteuil, elle tenta de s’en éloigner avant de saisir une lampe et de lui fracasser le crâne avec. Elle craqua, le tapant avec la lampe jusqu’à ce qu’elle soit certaine qu’il ne bouge plus.

Elle prit une longue douche, sans savoir que ce serait la dernière avant très longtemps. Elle emprunta ensuite les vêtements de Madame Montoya. Elle ne comptait pas réellement les lui remettre, mais elle s’en fichait totalement. Elle nettoya l’uniforme de Ray, puis le sien et quitta l’endroit avant que le cadavre ne sente. Elle parcouru les routes, voyant l’horreur continuer. Elle ne pouvait pas réellement continuer d’arpenter les rues avec son convoyeur, mais ne voulait pas le laisser. Alors, elle en arriva à stationner son convoyeur dans un grand garage, ne sachant pas ce qu’elle en ferait. Elle resta près, l’équipant pour survivre au mieux. En fait, c’était exactement cela, elle en revenait toujours à son camion. En même temps, elle avait cessé de côtoyer le genre humain assez rapidement et elle n’était pas du genre bavard. Elle pouvait se parler à elle-même très longtemps, mais… même là, elle arrivait à se disputer. En fait, elle avait cessé de fréquenté les gens quand ce fut clair que l’humanité était perdue, que les malades étaient trop nombreux et que même le gouvernement avait décidé de bombarder l’endroit. Du coup, fallait savoir se détendre.


Elle passa l’hiver de mieux qu’elle put, toujours en tête à tête avec son convoyeur, heureusement pour elle, le camion préservait du vent et des intempéries, mais pas assez du froid. Elle sortait, s’occupait de son mieux pour survivre et retournait s’abriter le soir venu. Elle se tenait loin des humains, des malades aussi. Elle évitait le contact prolongé, les effusions de sang aussi. Elle ne savait pas trop comment Ray avait été infecté, mais la meilleure hypothèse, c’était l’éclat qui avait transpercé John. Rien de cela ne l’aurait tué sinon. Il était en excellente santé, surement plus qu’elle en fait. Quand les vivants se firent rares et les malades s’accumulaient aux portes de la bâtisse, elle décida qu’elle avait assez récolté d’essence et de ressource pour partir et trouver un restant de civilisation, mais elle ne trouva rien. Rien du tout et finalement, ses ressources s’épuisaient trop rapidement. Elle bougeait tout le temps, essuyant souvent des pertes matériels pour qu’elle en soi là aujourd’hui.

Elle continua ainsi jusqu’au jour où elle se fit surprendre sur le chemin du retour vers son convoyeur. Un petit groupe armé, le genre pas sympa. Elle tenta de les provoquer, s’en sortir, mais quand elle eut à tirer sur l’un des hommes pour se défendre, elle hésita. Ce fut sa plus grande erreur. Il se jeta sur elle, elle en perdit son arme, se défendant au mieux pour survivre et finalement après avoir lutté, deux des hommes grimpèrent dans le convoyeur pour le voler. Elle tenta de récupérer son arme, mais senti la morsure d’une lame dans son dos, une longue estafilade, assez profonde. Elle récupéra finalement son arme et fit ce qu’elle aurait dû faire bien avant, elle tira sur le mec, regrettant amèrement son choix puisqu’elle voyait sa vie entière partir avec ses imbéciles. Elle n’avait que son sac et le strict minimum.

Elle ne savait plus quoi faire, totalement désemparer de se retrouver sans rien. Sauf qu’elle saignait encore et toujours et sa attirait les morts. Alors, elle se mit en route, cherchant un endroit calme pour tenter de se soigner avec toute la difficulté du monde. Elle se permit finalement du repos, ayant retourné chez son collègue. Les cadavres avaient pourri, l’odeur était atroce, mais elle se sentait un peu en sécurité. Après des efforts de bonne volonté, elle avait réussi à se soigner et à équiper le pick up de Montoya. Ce n’était pas la grande classe, mais il y avait de l’espace pour elle, une fenêtre pour passer de l’habitacle à l’arrière et le plus important… Montoya ne s’en resservirait pas de sitôt. Alors, elle quitta l’endroit, cherchant encore et toujours de la chaleur. Sauf que l’hiver passa, puis vint le printemps et l’été. Elle observait parfois sa cicatrice au dos, se rappelant de garder son gilet quoi qu’il arrive, mais aussi de ne plus hésiter quand on la menaçait. Si elle avait tiré ce jour-là, elle n’aurait pas eu autant de problème et c’était clairement son plus grand regret. Faire confiance devint de plus en plus difficile et finalement, la solitude semblait clairement le mieux. Elle vivait assez au jour le jour, cherchant nourritures, balles, armes, essence, surement comme tout ce qui restait d’humanité. Du moins, s’il en restait réellement…