Ils sont tout un groupe. J’avais pas prévu autant. De ce que j’ai pu observer, je dirais six ou sept, à vue de nez, mais je n’ai pas eu le temps de vraiment compter. Je dois m’attendre à tout. Ils sont entrés. Je vais me réfugier dans une des pièces les plus éloignées de l’entrée, à l’abri des regards. Pour l’instant, il faut étudier l’ennemi. De ce que je peux entendre, c’est une femme qui donne les ordres. Et elle a l’air d’avoir un sacré caractère. Ca sera la proie principale. Si elle fait une seule erreur, elle sera condamnée. Je ne peux pas la tuer, mais si je la prends en otage, ça devrait me donner un bon levier pour tirer ce que je veux de cette entrevue. Entrevue qui pourrait devenir sanglante à tout moment, mais cette pensée, plutôt que de m’effrayer, me tire un sourire prédateur. Je sens la bête gronder au creux de ma poitrine. Oui.. Tu vas avoir ton compte de chaos pour ce soir, ma belle, mais pour l’instant, je dois garder la tête froide. Je les entends fouiller un peu partout, mais j’imagine qu’ils ne vont pas trouver grand chose de plus que moi. Je reste dans l’ombre. Ma respiration est basse. Calme. Je ne suis pas inquiet. Comme d’habitude. Les joutes avec les vivants; les joutes avec les morts… Tout ça, c’est devenu une habitude. Je suis dans une des chambres. La donzelle se rapproche. Elle est dans celle qui se trouve à côté de la mienne. Il y a quelqu’un d’autres dans le couloir. Quand elle en ressort, elle semble l’engueuler avec un langage fleuri qui me fait presque éclater de rire, mais je me retiens. Ca va être le moment. Lorsque j’entends les pas de l’homme s’éloignent et qu’un autre interpelle la demoiselle, je me dis qu’il est temps.

Je surgis dans le couloir, arme dégainée. Elle est plus petite que ce que j’imaginais. Un de mes bras vient l’entraver, juste sous sa poitrine. Elle en a une sacrée paire, mais c’est pas le moment de l’admirer. Le canon de mon flingue se pose sous sa mâchoire, et mon doigt agrippe la détente de mon feu. Un mouvement brusque et sa tête part en morceaux. L’homme qui nous fait face a réagi au quart de tour et pointe sur moi un… J’écarquille les yeux, surpris et amusé. Un arc ? Sérieusement ? Il m’interpelle. Lui aussi, il a un vocabulaire plutôt fleuri, mais je ne m’inquiète pas plus que ça. Mon regard se fait sombre, et je ricane.

“- Je vais te rendre ton conseil, petit enculé. Une flèche est moins rapide qu’une balle. Alors tu vas me faire le plaisir de baisser ton jouet, à moins que tu ne veuilles que je repeigne le couloir avec la cervelle de cette folie demoiselle. ”

J’ai un sourire carnassier accroché à mes lèvres. La donzelle se débat un peu, mais j’appuie le canon un peu plus fort contre sa gorge. Elle peut pas lutter contre ma taille, de toute façon. Elle pourrait toujours essayer, mais mon doigt est tellement crispé sur la détente de mon flingue que si elle remue trop, le coup partirait tout seul. Et je suis certain qu’elle en est consciente. Je recule un peu, entraînant la belle otage avec moi. De ce que je peux constater, elle n’est armée que d’une machette, ce qui n’est pas trop dangereux pour ce que j’ai en tête. Surtout si je l’en déleste. Je m’adresse une nouvelle fois à l’homme.

“- Tu bouges, elle meurt. Le calcul est simple non ? T’as pas l’air con, en plus, alors tu sais que je ne bluffe pas. Un mort de plus, pour moi, c’est pas un problème. Mais pour toi… ”

Sur ces quelques phrases, je rentre à nouveau dans la chambre que je viens de quitter, refermant la porte d’un coup de pied. Bien. Il n’y a pas d’autres issues pour entrer ici. A part la fenêtre, peut-être, mais je m’inquiéterai de ça plus tard. Je lâche la fille, maintenant tout de même mon canon pointé au centre de son front. Me penchant, j’attrape la machette, avant de lui asséner un coup de pied au ventre, violent, qui la couche sur le sol. Je n’étais pas obligé, mais c’est simplement pour me donner assez de temps pour barricader la porte avec une armoire qui trône juste à droite de l’entrée. Je l’agrippe et la fait basculer pour bloquer l’arrivée probable de son groupe d’enfoirés.

Puis, je me retourne, allant m’asseoir dans un fauteuil à moitié déchiqueté qui tient encore debout, attendant que la demoiselle reprenne ses esprits après mon coup. Lorsqu’elle a l’air un peu moins sonné, je prends la parole d’une voix menaçante en lui exhibant sa propre machette.

“- T’es la chef de ce groupe de demeurés ? Une femme de caractère avec des atouts certains. Je parle évidemment de sa poitrine et de sa gueule. Elle est canon à en crever. Je t’explique un peu la situation. Je voulais piéger un ou deux survivants ici pour leur voler quelques trucs histoire de bouffer, parce que j’ai la dalle. J’avais pas prévu de tomber sur un groupe de péquenauds comme vous. Alors maintenant, j’ai un problème. Vous êtes au moins six. J’ai ton arme. Tu pourrais essayer de la récupérer, mais je me verrais dans l’obligation de te loger une balle dans la tête. Et ça me peinerait beaucoup. J’aime pas tuer les donzelles, encore moins quand je les trouve sexy. ”

Je soupire longuement.

“- Et je suis pas certain que ça plaise à ceux qui sont dehors, en plus. ”

Je pointe mon flingue sur elle. Gardant tout de même un oeil sur la porte. Ils vont finir par l’enfoncer malgré la légère barricade, alors va falloir faire vite.

“- Résultat des courses, je me retrouve dans une situation désastreuse, et tu y es avec moi. Alors… Je vois qu’une seule solution. Tu demandes à tes chiens de rester dehors un moment, et on négocie. ”

Je me relève un moment, m’étirant, avant de la fixer dans les yeux pour qu’elle constate que je ne plaisante pas et que je n’hésiterai pas à tous les descendre, même si je perds la vie dans l'échauffourée.

“- T’en dis quoi ? Ah, au fait. Je lui fais un signe de tête. Moi, c’est Myron. Enchanté de te rencontrer. ”

Son bras entravait sa respiration. Une petite peur s’installait au fond de son ventre, quand lorsqu’elle se débattait elle entendait presque les rouages du flingue se mettre en place pour lâcher la balle. Elle se rendait compte qu’il était grand, réellement grand. Et qu’elle allait surement passer un très mauvais quart d’heure.

“- Je vais te rendre ton conseil, petit enculé. Une flèche est moins rapide qu’une balle. Alors tu vas me faire le plaisir de baisser ton jouet, à moins que tu ne veuilles que je repeigne le couloir avec la cervelle de cette folie demoiselle. ”

Le petit enculé était presque mérité. Elle regardait Robin avec des yeux noirs. Sérieusement, jouer les héros à ce moment là ce n’était vraiment pas la peine. Elle ferma les yeux pour lui dire de baisser son arme, avant que l’inconnu ne reprenne la parole.

“- Tu bouges, elle meurt. Le calcul est simple non ? T’as pas l’air con, en plus, alors tu sais que je ne bluffe pas. Un mort de plus, pour moi, c’est pas un problème. Mais pour toi… ”

Sans blague. Elle bougea la tête de droite à gauche vers Robin, en radoucissant son regard pour lui. Elle chuchota doucement « Ça va aller. ». Puis on la projeta en arrière, étant soulevée par des grands bras. Il la lâcha mais pointa son arme sur son front. Elle bouillonnait de tout son être, et elle avait une envie de meurtre. Elle planta ses yeux clairs dans ceux de son agresseur. Il attrapa la machette dans sa main avant de lui flanquer un coup de pied magistral dans le ventre. Sa chute fut brutale et intense. La respiration de la Bronxarde se coupa, et elle tomba à terre pliée en deux. Elle caressa de ses doigts fins sa peau tatouée qui lui faisait un mal de chien. La chaussure qui l’avait frappé avait bien été placé comme il le fallait. Il savait tapé et faire mal. Le plancher contre sa joue, elle essayait de se calmer. Déjà quelle en chiait avec ses règles, ça en plus…

Elle entendait un meuble tomber et quelqu’un s’assoir proche d’elle. Elle ouvrit ses yeux, toujours à terre, en levant la tête vers l’inconnu.

“- T’es la chef de ce groupe de demeurés ? Une femme de caractère avec des atouts certains. Je t’explique un peu la situation. Je voulais piéger un ou deux survivants ici pour leur voler quelques trucs histoire de bouffer, parce que j’ai la dalle. J’avais pas prévu de tomber sur un groupe de péquenauds comme vous. Alors maintenant, j’ai un problème. Vous êtes au moins six. J’ai ton arme. Tu pourrais essayer de la récupérer, mais je me verrais dans l’obligation de te loger une balle dans la tête. Et ça me peinerait beaucoup. J’aime pas tuer les donzelles, encore moins quand je les trouve sexy. ”

Elle se redressa le dos sur le mur, les jambes repliées sur elle, le ventre en feu. Les insultes de demeurés et de pèquenauds étaient de trop. Peut être qu’ils l’étaient, mais elle était au dessus de tout ça. En tout cas elle en était persuadée. Malgré le sexy qui suivait sa phrase. Elle cracha sur la chaussure en le dévisageant.

“- Et je suis pas certain que ça plaise à ceux qui sont dehors, en plus. Résultat des courses, je me retrouve dans une situation désastreuse, et tu y es avec moi. Alors… Je vois qu’une seule solution. Tu demandes à tes chiens de rester dehors un moment, et on négocie. ”

Il pointait son arme vers sa gueule d’ange. Elle défia l’arme avec un visage impassible.


“- T’en dis quoi ? Ah, au fait. Moi, c’est Myron. Enchanté de te rencontrer. ”

Elle se releva elle aussi difficilement, les cheveux devant le visage pour ne pas être en position de domination.

- Épargnes moi tes présentations, t’es là pour me tuer et obtenir ce que tu veux, qu’est ce que j’en ai à foutre que tu t’appelles Myron, franchement…

Elle soupirait en remettant ses cheveux en arrière et en défiant du regard encore une fois son geôlier.

- Ouais, j’suis le chef de la meute. Félicitations pour la prise d’otage.

Elle reprenait à peine sa respiration quand elle tourna sa tête vers la porte. Elle haussa le temps.

- Eh les petits rats ! Pas de bruit pendant qu’on cause, en espérant que c’est pas un précoce…

Elle lui lança un sourire carnassier avant de s’avancer vers l’homme en défaisant son blouson de cuir.

- Alors, on négocie ou on passe à l’action directement?

Arrivée à sa hauteur elle le regarda droit dans les yeux.

Là pour la tuer ? Elle rêve. Je tue pas les donzelles canons, surtout si ça signifie mon arrêt de mort juste derrière. Parce que si je la flingue, je perds mon levier, déjà… Et puis merde, comment j’suis supposé m’en sortir après ? Pour le reste, elle a pas tort, mais je vais lui expliquer, j’attends juste qu’elle termine de parler. Elle se tourne vers la porte pour lancer une phrase à ses chiens. Je hausse un sourcil. Précoce ? Non, mais elle a cru quoi la gonzesse ? Bon, j’vais pas pouvoir lui prouver qu’elle se trompe tout de suite, mais on sait jamais. Pour l’instant, mon seul objectif c’est de me tirer de là sans trop de bobos. Et si je peux en zigouiller un ou deux au passage, c’est tout bénéf’. Un mec parle à travers la porte, mais j’en ai rien à foutre. J’écoute même pas ses mots. On se frotte pas à moi sans y laisser des plumes. Et voilà qu’elle la joue provoc’, maintenant. Je réponds à son sourire carnassier comme le prédateur que je suis, en bombant le torse alors qu’elle retire sa veste. Elle me fixe dans les yeux. Je maintiens le regard, avant de répondre, le flingue toujours à la main, la machette de la jeune femme posée derrière moi sur le fauteuil.

“- Je suis là pour survivre, ma belle, rien de plus. Et je me présente toujours. Généralement, le ridicule de mon prénom déstabilise mes adversaires, mais t’es pas comme les autres à ce que je vois. Je commence à me pencher sur elle, un voile malicieux gravé au fond de mes iris sombres. Taquin, je reprends. Quant à passer à l’action, c’est quand tu veux… ”

Au moment où mes lèvres vont se joindre aux siennes, la fenêtre explose. Merde. Un mec débarque. C’est l’espèce d’archer à la manque que j’ai vu dans le couloir. Putain, c’est un singe ce type ? Avant que j’ai pu faire quoique ce soit, il attrape ma main armée, sûrement pour éviter de s’en prendre une. Mon doigt se crispe sur la détente et un tir part pour se perdre dans le plafond.

Et c’est parti pour un corps à corps. Je le jauge. Il est dans une meilleure forme physique moi, mais je pense pas que ce soit un avantage pour lui, surtout qu’il est beaucoup plus petit. Et j’ai l’habitude de me battre contre des adversaires mieux nourris, mieux reposés. Que ce soit depuis le début de l’épidémie ou en taule. C’pas comme si on bouffait correctement au réfectoire de la prison. On échange des coups. J’ai un sourire au visage. Un putain de sourire malsain. Rien de mieux pour me faire dérailler qu’un combat de poings, pieds, têtes. Je prends des coups, j’en donne. Ca se joue aussi sur l’esquive. J’ai bossé mon agilité pour que ma taille me donne un avantage, mais il a un instinct de survie hors du commun. Comme le mien. Et il a quelqu’un de cher dans la pièce, alors il est combatif. Ca se voit, vu comme il s’adresse à elle et sa façon de réagir quand je l’ai pris en otage. Mon flingue valse, son couteau finit par se faire la malle aussi.

Je l’ai regardé une seconde de trop. Assez pour sentir son front venir me fracasser le nez. Ca me sonne juste une seconde, mais avec l’adrénaline, ça n’a aucune importance. Je n’ai pas mal. Ou plutôt, j’ai mal, mais la douleur me galvanise et je lui envoie un uppercut dans les côtes. Ca a pas l’air de lui plaire et il recule.

J’en profite pour tourner un peu autour de la pièce. Il fait de même. Sauf que j’ai un plan en tête. Et lui, tout ce à quoi il doit penser, c’est protéger la donzelle. Ca me donne un avantage. Ca, et autre chose… Mais pour le deuxième point, on y reviendra plus tard. On s’observe, attendant chacun un mouvement de l’autre, quand il pose une question qui me surprend. Pas assez pour que je perde ma concentration, mais assez pour que je comprenne qu’il a su reconnaître l’ex-taulard en moi. Il me fait pas l’impression d’un mec qui a connu la taule, pourtant, mais les apparences sont parfois trompeuses. Il me fait gagner du temps, c’est déjà ça. Je le regarde avec un sourire carnassier. Le sang dégouline de mon nez jusqu’à mes lèvres, et le rictus que je lui adresse est peint d’une couche de vermeil diabolique.

“- Triple meurtre. Et quelques autres charges moins importantes. J’ai pris perpet’. Heureusement, l’épidémie est arrivée après. Ca m’a permis de m’évader et de découvrir ce nouveau monde. Ce chaos… ”

Mes yeux s’illuminent à cette mention. Je tourne encore un peu autour de la pièce, m’arrêtant devant le fauteuil où est posé la machette. Il a échappé à notre rixe.

“- Ces derniers mois, je m’éclate. ”

Sans crier gare, je saisis l’arme tranchante et la lance en direction du type. Il esquive, mais ça me donne assez de temps pour plonger en direction de mon arme. Je sens la crosse entre mes doigts et roule pour m’éloigner de la fenêtre en pointant le canon sur les deux tourtereaux. Je presse la détente. La détonation retentit dans la pièce et la balle fuse en direction de la donzelle. Elle frôle son bras avant de se ficher dans le mur, laissant une entaille dans la peau blanche de celle que je visais. Evidemment, je n’ai pas raté mon tir. Mais je ne veux pas la tuer. Je me redresse de toute ma hauteur, dos au mur. La fenêtre est hors de ma portée, et donc je suis protégé de toutes attaques extérieures. Et l’autre n’a plus son arc. Je reprends la main. D’ailleurs, je lance un regard violemment menaçant à l’homme, avant de lâcher d’une voix grave et rauque.

“- T’as perdu, connard. ”

Mon flingue alterne entre le mec et sa gonzesse.

“- On allait commencer à négocier quand t’es arrivé. J’aime pas trop l’irrespect, surtout qu’elle vous a bien précisé de rester tranquille pendant qu’on parlait. Alors l’équation est simple. Tu te calmes ou je la descends. Ou je te descends. Ou je vous descends tout les deux. ”

J’hésite encore sur ce dernier point. Mais en tout cas, s’il tente un nouveau truc, quelqu’un mourra dans cette pièce et ce sera pas moi. J’éclate de rire, avant de sourire à nouveau comme un dément.

“- Ca me fait pas peur de crever, j’ai rien à perdre. Tu sais ce qui est le vrai avantage que j’ai sur vous tous, au-delà de ma taille ou le fait de vous tenir en joue ?... ”

Ma tête s’incline de côté et l’air qu’affiche mon visage ne laisse aucune place à l’interprétation.

“- Mon avantage, c’est que je suis complètement taré. Je me désintéresse de lui pour regarder la jeune femme. Tu te tapes vraiment ce crétin ? Mon sourire s’agrandit. Où est-ce qu’on en était ? On parlait de négociations, je crois. Et toi, gamin, pendant que je discute avec elle, je te conseille de la fermer. J’veux pas gâcher plus de balles en t’explosant la rotule pour que tu restes tranquille. ”

“- Je suis là pour survivre, ma belle, rien de plus. Et je me présente toujours. Généralement, le ridicule de mon prénom déstabilise mes adversaires, mais t’es pas comme les autres à ce que je vois. Quant à passer à l’action, c’est quand tu veux… ”

L’inconnu se pencha sur Avalohn, et elle fut surprise de trouver ses lèvres si proche des siennes. C’était très grisant de se sentir désirable, mais elle eut une vague de mauvaise augure qu’il tente ce genre de chose. Elle sentit la colère lui monter aux joues et allait lui arrache la langue si il tentait ce genre d’approche. Mais un violent fracas fit valser l’homme, et vit une masse sombre tomber sur lui. Elle protégea son visage des éclats de verres et recule de quelques pas, jusqu’à se prendre le mur dans le dos. Elle voyait Robin tenir la main armée de Myron, et un coup partit dans la plafond. Ce bruit, elle ne l’aimait pas. Dans le Bronx, c’était sa berceuse pour s’endormir. Et la sensation d’un canon sur sa joue était un rituel quand elle croisait des gangs rivaux.

Le bruit allait attirer les monstres, et un cri d’un des petits rats du groupe fît écho pour Avalohn. Ils arrivaient alors.

« Dégage Skye ! »

Elle l’emmerdait pour cette phrase, elle l’emmerdait pour être venue la chercher, pour ne pas l’avoir écouté. Il n’avait qu’à dégager lui même. Elle ne s’interposa pas pendant la bagarre brutale. Elle vit son coéquipier mettre un coup de tête dans le nez de son kidnappeur, et le sang coula. Il était vif et savait où frapper. Il enfonça son poing dans les côtes de Robin et Avalohn se doutait que ça devait lui fair un mal de chien. Elle allait ramasser le pied de biche quand les deux hommes se séparèrent, se regardant droit dans les yeux. Elle s’arrêta.

«  T’as été coffré pourquoi ? »

Elle pensa que les garçons étaient débiles, parce que ce n’était pas l’heure de jouer à la dînette. Avec ces deux abrutis, ils avaient du attirer une bonne douzaine de marcheurs sans vie. Ils se tournaient autour comme deux loups.


“- Triple meurtre. Et quelques autres charges moins importantes. J’ai pris perpet’. Heureusement, l’épidémie est arrivée après. Ca m’a permis de m’évader et de découvrir ce nouveau monde. Ce chaos…Ces derniers mois, je m’éclate. ”

Elle leva les yeux au ciel et allait les engueuler tous les deux. Elle en avait marre de cette joutes de testostérone, mais Myron balança le couteau sur Robin qui l’esquiva. Elle allait se précipiter sur lui pour pouvoir qu’ils sortent tous les deux ici, laissant son geôlier à la merci des monstres. Sans crier gare, il tire un autre coup de feu en récupérant l’arme et tira sur la jeune femme.

Avalohn serra les dents quand la balle frôla son bras. Ses oreilles siffla et elle mit sa main sur son bras. Son sang coulait sur l’entaille, et elle avait mal. Elle ne cria pas, mais son ouragan de haine et de colère allait se déchaîner. Ses yeux fous se posa sur son agresseur, qui menaçait de son arme la Bronxarde et son partenaire.

“- T’as perdu, connard. On allait commencer à négocier quand t’es arrivé. J’aime pas trop l’irrespect, surtout qu’elle vous a bien précisé de rester tranquille pendant qu’on parlait. Alors l’équation est simple. Tu te calmes ou je la descends. Ou je te descends. Ou je vous descends tout les deux. ”

Elle serra son entaille pour essayer de ne pas perdre trop de sang. Il n’était pas con, et bordel elle lui aurait sauté dans les bras si elle n’était pas autant en rage d’être blessé. Robin l’avait décrédibiliser de tout pouvoir en venant jouer les héros. Il allait en chier pendant quelques jours. Elle balança un regard plus noir que l’Enfer à Robin.


“- Ca me fait pas peur de crever, j’ai rien à perdre. Tu sais ce qui est le vrai avantage que j’ai sur vous tous, au-delà de ma taille ou le fait de vous tenir en joue ?... Mon avantage, c’est que je suis complètement taré. Tu te tapes vraiment ce crétin ? Où est-ce qu’on en était ? On parlait de négociations, je crois. Et toi, gamin, pendant que je discute avec elle, je te conseille de la fermer. J’veux pas gâcher plus de balles en t’explosant la rotule pour que tu restes tranquille. ”

Elle était furibonde. Elle allait exploser. Elle tombait en plus sur une tête brûlée. Il souriait de toutes ses dents et elle eut un mauvais goût dans la bouche. L’amertume.

- Putain Robin, ça te dirait de m’écouter deux minutes quand je dis, « pas de bruit pendant qu’on cause »?! Je suis pas en sucre et franchement si t’étais pas intervenu je pisserai pas le sang. Bordel de merde.

Elle avança vers Myron, en le regardant droit dans les yeux. Elle plissa ses sourcils et son nez en un regard menaçant.

- Ouais, j’me l’tape ce « gamin ». Et crois moi qu’il a bien plus de couilles que tous les taulards que t’as pu croiser. T’as pas peur de crever? Crois mois, je préfère voir souffrir les gens.

Elle regarda les deux hommes.

- Maintenant, va falloir se sortir de ce merdier. Monsieur veut négocier mais on a un problème bien plus gros là. Avec votre mêlé on a du attirer tous les moisis de la ville. Et toi Robin, ne me touches pas parce que je vais te mettre une droite. Donc ton côté sauveur où tu veux jouer l’infirmière inquiète pour mon bras tu te le fous dans le cul.

Elle saisit la gorge de Myron sans prévenir, plaquant son bras armé sur le mur. Dans la rapidité, elle lui mordit le cou en tirant la peau. Un goût de sang se déposa sur sa langue. Elle tapa son genou droit entre ses jambes avant de sentir qu’il se pliait en deux. Elle se précipita vers sa machette, entendant les pas de son groupe arriver dans la maison. Soit ils venaient les chercher, soient ils se repliaient. Et elle se voyait mal lutter contre les monstres et un ex-taulard presque émasculé, un bras en sang et sa colère qui lui anesthésiait la tête.

Plus de couilles que tous les taulards que j’ai pu croiser ? En une seconde, je me remémore les visages de tous les mecs que j’ai rencontré pendant mes sept ans d’emprisonnement et un sourire me vient quand je regarde la gueule du gosse. Il aurait pas tenu une semaine avant de devenir la pute du bloc C. Mais les mecs là-bas étaient bien trop bizarres pour que quelqu’un tienne la comparaison. J’ai eu une altercation avec l’un d’entre eux une fois, j’ai presque perdu une oreille et la moitié de mon visage. Heureusement, j’en ai pas gardé de cicatrices. Je reviens sur la donzelle. Souffrir me fait pas peur non plus. Au contraire, même… Elle continue de parler et elle a raison. On a fait assez de boucans pour attirer tous les cadavres sur pattes. Mais ça m’arrange. Ils sont un groupe, ils auront plus de mal à s’en dépêtrer que moi. J’pourrais toujours me faufiler. Comme je le fais toujours. Je suis en train de réfléchir à l’idée et elle en profite pour me surprendre. Elle choppe ma gorge et mon bras armé et je suis trop curieux de savoir ce qu’elle va faire pour me défendre.

Elle me dévore le cou. Je sens ses dents percer mon épiderme et j’éclate de rire. Un rire qui s’étouffe en un grognement de douleur quand son genou vient percuter mes couilles et que je me plie en deux. Putain. La douleur explose dans ma tête, mais j’ai déjà pris des coups ici, et j’arrive à rester assez conscient pour me rendre compte que je souris toujours comme un damné. Et assez alerte pour remarquer que le jeune chien fou me bondit dessus. Mauvaise idée. J’suis à terre mais pas abattu. Mon bras se lève et comme promis, je vise la rotule. Malheureusement, un coup dans les parties génitales, c’est un peu gênant pour viser, d’autant plus qu’il a lancé quelque chose qui a touché mon flingue et dévié mon canon. Mais je sais que ma balle ne l’a pas complètement raté.

Il est sur moi maintenant. Il essaie de me faire lâcher mon flingue, mais je m’y accroche. Je sais pas où il a appris à négocier ce connard, mais il devrait revoir les bases. La douleur est diffuse dans mon corps. L’adrénaline coule à flots, et c’est pour ça que je tiens encore. Ca, et l’habitude de me prendre des branlées monumentales et de toujours me relever. Toujours survivre. Jour après jour, heure après heure, minute après minute. Et là, c’est seconde après seconde. La crosse de mon arme vient percuter mon nez. Ca craque. Putain, il va finir par me le péter complètement. Mais je lâche pas mon Glock. Une rage sourde commence à m’envahir et je sens que l’obscurité prend peu à peu possession de mon esprit. Ouai… C’est peut-être le moment de devenir une bête…

Je me concentre. Mes muscles se bandent et je laisse sortir ma fureur. Je le soulève presque comme s’il ne pesait rien et le colle au mur avant de lui asséner un coup dans les côtes. Il grimace. Prends ça. Je l’attire vers la fenêtre et essaie de le balancer à travers, ça fera un souci de moins, d’autant plus que l’autre mec débarque. Il se cale contre l’ouverture avec ses pieds et il tient bon. Il peut plus taper, mais je peux pas l’éjecter comme ça.

Et je sens le flingue sur ma tempe. Ca me surprend assez pour que le petit fils de pute m’en mette un deuxième entre les cuisses. Putain. Viser les couilles. Ca me fait douiller un max, mais ma rage est plus forte que le reste, là. Ils me tiennent. J’ai besoin d’un plan rapide. La tête baissée, je jette un oeil vers mon adversaire direct. Sa jambe saigne. J’avais raison, ma balle a touché. Je lève mon regard sur lui et il fait une erreur. Il regarde la jeune femme. T’as visé les couilles, mec ?... A moi de te faire mal. Je reste immobile une seconde, avant de donner un coup de tempe sur le canon du deuxième homme qui me menace. Un coup part et je sens une brûlure sur la tempe. Rien à foutre. Je lance ma tête vers la droite. Sur le gros chauve. Le coup est pas très fort, il le prend en pleine tête, mais je visais plus l’effet de surprise que la douleur, histoire de m’extirper de sa prise. Et ça marche.

Puis, je lève ma jambe et assène un coup de pompe, du plat du pied, sur la blessure que j’ai infligé un peu plus tôt à… Robin ? Ouai, j’crois que la donzelle a dit ça. La douleur le fait lâcher prise. Je crois que j’ai ouvert un peu plus la plaie et un éclat de rire retentit alors que je recule soudainement pour me retrouver contre le mur, à l’opposé de la fenêtre. Je les pointe de mon arme. Encore. J’ai dû mal à rester concentré. Entre les deux coups dans les testicules, la première baston et mon nez, ma gorge en sang et ma tempe blessée, ça devient délicat à gérer. Et pourtant, je reste debout. Je me redresse. Je leur adresse un regard sombre. Bien trop obscur pour être normal. Je vais tous les descendre, bordel de merde. Ma respiration est rapide. Mon souffle se perd un peu. Mais s’ils croient que je suis à terre, ils ne savent pas à quel point ils se trompent. Mon canon tremble, mais je sais que si je tire, j’en tue un. Ou deux. Mais après, il reste les autres et je peux pas m’en sortir si la situation ne se calme pas. Alors je me contente de coups de sommation.

Trois. La première balle vient se loger dans le mur à côté de la fenêtre, près de ce fameux Robin. La deuxième touche le sol au pied du barbu. La troisième est destinée à la donzelle, mais il ne faut pas que je la blesse plus, sinon l’autre imbécile va encore péter un plomb. Moi, je suis déjà en pétage de câble total, mais même dans cet état j’arrive encore à réfléchir. Mon troisième tir vient donc siffler au-dessus de la demoiselle. Et je prends la parole d’une voix rauque. Elle est saccadée à cause de la douleur, mais elle reste froide et grave.

“- On reste tranquille, j’ai dit. Mon ton est plus grave, plus menaçant que jamais. Le premier qui fait un geste, je le bute. Et cette fois, mes balles vous perceront le crâne. ”

Je donne un coup de tête en direction de la jeune femme en fixant le gosse et son pote.

“- Elle a raison. Si on avait causé, on en serait pas là. Maintenant, elle l’a justement fait remarqué, on doit avoir une armée de morts qui arrivent ici. Encore plus depuis quelques secondes, vu que je viens de tirer plusieurs fois. Mais moi, ça m’arrange. Vous êtes un groupe. Vous avez pas envie de laisser quelqu’un derrière. Moi, je m’en cogne. Vous pouvez me torturer, me faire souffrir, me buter, mais j’en emporterai au moins un avec moi. Deux, peut-être. Et après vous aurez les rôdeurs à gérer… ”

J’ai vraiment du mal à parler, et pourtant ma détermination se ressent dans mes mots. S’ils veulent la guerre, ils auront la guerre. Mais ce sera de leur faute, et pas de la mienne. Je fixe maintenant la donzelle. C’est la moins conne du lot, de toute façon.

“- Bon. On est passé à l’action, ça c’est fait. Maintenant, on négocie pour trouver un moyen de se tirer de là ou je vous abîme encore un peu plus ? ”

Je jette un oeil au troisième homme.

“- Toi, si tu fais mine de lever ton flingue, tu finis avec le même genre de blessures que tes collègues. Tu piges ? ”

Je m’adosse au mur. Un moment de faiblesse. Un petit vertige. Mais ça ne m’empêchera ni de me défendre, ni de tirer. Je suis dans la merde, c’est indéniable. Mais c’est comme ça depuis que j’ai été assez âgé pour que mon putain de paternel alcoolique passe ses nerfs sur moi. Je sais que je peux m’en tirer. La balle est dans leur camp. J’ai plus qu’à attendre. Et récupérer pendant ces quelques secondes de répit. Je ne les quitte pas des yeux pour autant. Il faut qu’ils comprennent qu’ils ont un survivant en face d’eux. Un taré, certes, mais un survivant malgré tout. Et depuis plus longtemps que cette foutue épidémie...