Trois jours, ça faisait trois jours qu’elle était dans ce stupide groupe à faire la potiche et déjà, elle n’en pouvait plus. Elle passait sa vie à regarder la porte en n’ayant juste envie de se barrer. Ils étaient dans une sorte d’usine et elle détestait ça. Elle avait l’impression d’être dans une cage métallique géante sans avoir de jouet. Oh, son possesseur la nourrissait, il tentait même d’être gentil, mais elle se faisait un plaisir de lui faire la gueule. Non sérieusement, elle n’en pouvait plus de lui, de son groupe. Il le dirigeait certes, il le faisait bien, même s’il avait besoin d’aide pour ça, mais…. Dieu, non, pas des gens. Le pire, c’est que ce n’était même pas de bonnes personnes pour la plupart. C’était un ramassis de connard et certains se souvenaient très bien qu’elle avait abattu froidement deux mecs des leurs, qu’à cause d’elle Bruce avait explosé les dents d’un imbécile et qu’un autre c’était fait tiré. Elle avait causé quatre putains de morts dans ce groupe et lui, il lui demandait sagement de poser son cul comme le trophée qu’elle était.

Le pire, c’était de voir son pick up stationné non loin de l’endroit ou créchait monsieur le fossoyeur, un autre trophée. Elle n’avait même plus la satisfaction d’avoir écrit des insanités sur lui, c’était parti. Elle allait faire quoi pendant 27 jours, parce que ouais, elle les comptait. Elle faisait des traits au sharpie à tous les jours dans sa voiture, elle comptait bien se barrer, sinon elle allait exploser. Elle n’était pas faite pour ce genre de vie. Vraiment pas. Au moins, elle avait agressé personne, c’était déjà ça de gagné, même si les regards qu’on lui balançait parfois lui donnait envie de casser des nez.

Pour le moment, elle c’était trouvée un passe-temps, elle c’était tirée un siège improvisé, assez loin pour qu’on ne l’entende pas, mais assez près pour bien voir le spectacle qui s’offrait à elle. Elle avait peut-être perdu son âme au poker, mais elle avait le droit de s’amuser un peu. L’endroit était vachement grand, alors les mecs s’évertuaient à travailler du métal trouvé ici et là pour former une espèce de barricade, sauf qu’ils s’y prenaient tellement mal… c’était pitoyable. Alors, elle restait loin, marmonnant ses commentaires, soupirant parfois. Elle pouvait laisser tomber des : « Mais non, mais non… pas comme ça… c’est super fragile. » et des : « Mais non mec, ça va rouillé et tu devras recommencer… » suivit de « C’est un chalumeau mec, pas un briquet… force-toi un peu. » . Elle se cacha même finalement les yeux pour arrêter le massacre. Elle n’était pas là pour rester, elle n’était pas là pour aider, elle voulait simplement faire son temps et partir. Déjà, dans une semaine, elle pourrait récupérer sa voiture, elle pourrait surement trouver des excuses pour se barrer durant la journée et revenir le soir tard et repartir le matin tôt… c’était une bonne excuse non? C’était aussi une excellente façon de montrer à l’autre con qu’elle lui faisait la gueule, parce que pour le moment, c’était son sport national préféré, c’était même le meilleur moment de sa journée. Bon d’accord, il ne le méritait pas, mais ça… elle s’en fichait bien, elle était vachement mauvaise perdante la blondasse, laissant tomber un simple :

-Mais non, on ne superpose pas comme ça… si on sait pas faire la soudure, on fait pas… ‘tain.

Ils allaient la rendre folle, mais puisqu’elle ne comptait pas se mêler à la populace… elle n’allait pas vraiment se lever et aller lui montrer comment faire… ce n’était pas le genre de la maison et ça ne serait surement pas bien prit par les gorilles de service, du coup, on observe de loin, voilà, très très loin.

Voilà cela fait quelques jours que nous avons un toit, et malgré la joie brute d’avoir découvert que l’installation électrique était tout sauf pourave et que moi et Harvey on pouvait gérer comme des dieux pour tout remettre en route, alors que l’électricité, c’est pas mon point fort… malgré le fait que je passe pour la star du village parce que j’ai réussi a survivre, voir même dérouiller, je ne sais plus où en est la rumeur, le Fantôme… malgré le fait que la plus superbe de toutes les femmes partage mon lit, je suis tout sauf d’humeur à me réjouir.

Le fait que Julia soit visiblement décidée à me faire chanter n’est rien à côté des deux salopards que Bruce à ramener dans sa meute. Jack et William… rien que de voir leur tronche j’ai la gerbe et j’ai beau jouer le gros dur, ce n’est pas à cause de Skye que je ne dors plus.

Je sais qu’ils m’ont capté, ils ont reconnu Gisèle, et j’ai déjà entendu une remarque sur le cul d’Harvey qui me fait froid dans le dos. Ils ont compris que ça allait être plus compliqué de s’attaquer directement à moi maintenant. Du coup, je flippe pour Harvey et Skye.

Pour la première fois depuis que je suis devenu le fils de Bruce, je ne suis pas sûr d’être à la hauteur pour tenir en laisse des mecs du groupe. Ils m’ont vu faible, ils sentent ma peur, ma mascarade n’a pas autant d’effet sur eux que sur les autres.
J’ai bien envisagé d’en parler à Bruce, surtout que le sujet épineux de mon passé avait plus ou moins été abordé lors d’une de nos soirées « on refait le monde ». Mais impossible de gueuler sur les toits que j’ai été un sac à foutre sans afficher clairement le mot victime sur ma tronche et, du coup, sur celles de Skye et Harvey. Et puis, je commence à connaitre Bruce, la faiblesse est ce qui lui donne encore plus de boutons que de penser à Logan.

Logan… j’ai réussi à lui laisser un mot pour dire que tout allait bien. J’ai failli faire mon gamin en racontant ma vie et en le suppliant de venir nous sauver. Gros moment de faiblesse qui prouve qu’il va vite falloir que je trouve une idée pour régler le problème de ses deux connards.

En attendant de trouver une solution, Harvey dort, dans un sac de couchage, par terre avec Lobos, dans notre chambre. Skye est « ravie » et me le fait clairement payer. Et visiblement la blague de « sans capote grâce à lui on est sûrs de ne pas faillir » ne l’a pas beaucoup fait rire. J’ai quand même eu du bol qu’au final elle accepte, elle a même rendu les armes étrangement vite. Est-ce qu’elle a senti que je ne blaguais pas ou dois-je me méfier d’Harvey ?

Au moins je peux veiller sur les trois, même la nuit. Harvey en tout cas est ravi. Mais je crois qu’il s’est quand même pris un sacré taquet quand il a déconné en suggérant qu’on pourrait être une famille et que Skye aurait le rôle de la mère.

La journée, j’ai envoyé Harvey l’aider pour son enclos et je ne reste jamais loin. J’ai déjà vus les deux abrutis roder trop près d’eux. Quand ils ont remarqué ma présence, ils sont partis en ricanant d’un air entendu. Ca va forcément mal finir.

J’ai une ébauche d’idée pour se fassent dégager du camp. Mais j’ai besoin de temps pour peaufiner. Pour le moment, grâce à l’excuse de la supervision de la remise en état de l’électricité, je ne sors plus du tout du camp et garde à l’œil ma louve et le gamin.

A force de monter la garde pas loin d’eux, et de me marrer en les voyant courir après leurs poules, j’ai aussi remarqué une des nouvelles arrivantes. Une blonde dont le pic up me donne des sueurs froides à l’avance. Heureusement qu’on ne manque plus de pièces parce qu’on a encore un exemple de véhicule mal entretenu. Les femmes et les moteurs…

Et puis, elle avait déjà fait du grabuge qui avait fini dans le sang cette nana. Du coup, je ne la porte pas franchement dans mon cœur d’entrée de jeu. Outre le fait qu’elle ait l’air franchement à sa place chez nous, ce qui n’est pas un gage d’être fréquentable, j’ai l’impression que Bruce lui joue les jolis cœurs. Et, vis-à-vis de la cheffe, Julia, je trouve ça moche, sans parler que c’est le genre de situation à exploser un groupe.

Bref, je l’ai évitée. Et j’ai l’impression que les autres ne la sentent pas plus que moi. Mais là, près de la barricade qui se monte, où elle s’active avec d’autres gus, ça fait pas mal de temps que j’écoute ses remarques. Et je les trouve tout sauf connes en fait. Et ces gros débiles qui ne l’écoutent pas et se foutent de sa gueule. Alors qu’elle est dans le bon.

Je lance un dernier regard vers Harvey, Skye et Lobos, visiblement les poules leurs donnent du fils à retordre, c’est pas sympa, mais ça me fait quand même bien sourire de les voir courir après. De la barricade je peux encore les voir.

Je fais tomber ma veste et prend une palissade et commence à l’installer comme boucles d’or se tue à l’expliquer. L'activité va certainement me faire du bien.

« Hey les pouffiasses, la dame elle vous cause, alors on se sort les doigts du cul et on fait comme elle dit ! Exécutions les trous d’balles ! »

Tout de suite ça rigole moins, et je crois que la nouvelle va avoir un auditoire plus attentif. Je ne fais plus seulement peur parce que je suis le fils de Bruce, mais parce que j’ai survécu au Fantôme et que je suis encore vivant pour en témoigner. Sans les problèmes de Jack et William, et Julia aussi, ça me ferait bien marrer.

Je me tourne vers la brico girl avec mon habituel sourire plein de provocation.

« Bon, tu peux leur réexpliquer, c’te plait, et au passage, envoies le chalumeau que je vois si j’arrive à m’en servir autrement que si c’était un briquet ! »

Elle n’était pas certaine de comprendre ce qui venait de se passer. Bon d’accord, elle n’était pas très loin des palissades, elle passait ses commentaires à tout vent et ne faisait aucun effort pour les cacher, le pire, c’est qu’en général, tout le monde l’ignorait et qu’elle avait la sainte pas. Sauf que voilà qu’un voix surgit et même au début, elle ne croyait pas que les commentaires s’adressaient à elle, elle dû en venir à cette conclusion. Il y avait quelqu’un acceptant son existence? Nah… il voulait juste une putain de palissade, seule explication.

Pendant un instant, elle réalisa qu’elle préférait de loin les quelques mecs qui se foutaient de sa gueule à autant d’attention d’un coup. Parce que ouais, la miss, elle n’était pas Bruce, l’attention, elle n’aimait pas ça. Genre, pas ça du tout. Sauf que le petit jeune, il l’écoutait, il appliquait même ses commentaires et… what the fuck… ça impliquait qu’elle était en train d’aider là non? Fuck… non. Elle refusait d’obéir à l’autre crétin de ses deux qui voulait qu’elle bosse à la palissade et s’intègre. Putain, elle faisait limite les deux en même temps là. Nope, nope, nope.

Sauf que là, tout le monde obéissait à monsieur, du coup… tout le monde s’attendait à ce que elle, elle soit adorablement gentille, qu’elle aide et tout ? Elle se décida donc finalement, lui envoyant le chalumeau, limite c’était le genre de mouvement qu’elle avait fait tellement de fois, qu’elle ne pouvait pas le manquer. Lui pouvait, mais pas elle. Ensuite, elle tourna son regard sur l’assistance et elle haussa les épaules, elle ne souriait pas, elle n’était pas intimidé non plus, juste que… elle n’était pas payée pour aider, elle avait juste son temps à faire et elle se barrerait ensuite.

-Nah, pas besoin d’une soudeuse pour faire un truc bien, ce sont des mecs, ils ont ça dans le sang, c’est connu. Et au pire… tout s’écroule, C’est pas plus grave que ça.

Et elle tourna les talons tranquillement. Elle n’avait même pas été méchante ou agressive! Elle avait fait des efforts, elle voulait juste fuir toute cette attention, retourné faire mumuse avec ses cartes dans son coin loin du genre humain. Elle n’avait pas envie de s’intégrer et de toute façon, elle ne comptait pas le faire. Qui avait envie de s’intégrer quand ton titre c’est : « Chose du patron ». Parce qu’elle savait très bien qu’en ayant débarqué avec Bruce, c’était l’impression qu’elle donnait. Elle avait beau lui faire la gueule le plus possible pour tuer cette impression, il ne l’aidait pas à toujours lui balancer des regards, à la surveiller. Limite, il allait finir par la faire babysitter qu’elle ne s’en étonnerait même pas. Elle n’avait pas envie de s’intégrer à un groupe de cette façon, Encore moins dans ce genre de groupe ! Tout le monde se la jouait plus fort, tentait d’intimidé, de faire peur et elle, elle était la pute du patron. Elle avait tué deux des leurs avant même de débarquer, elle comptait bien recommencer si on la cherchait. Le pire était clairement le mec qui avait perdu ses dents, il lui en voulait à mort et n’aidait en rien à ce qu’elle se fasse des amis. Elle allait finir par devoir sortir les griffes, mais d’ici là, elle n’allait pas se la jouer serviable. Elle en était purement incapable.

« Nah, pas besoin d’une soudeuse pour faire un truc bien, ce sont des mecs, ils ont ça dans le sang, c’est connu. Et au pire… tout s’écroule, C’est pas plus grave que ça. »

Je me retourne pour voir boucles d’or battre en retraite. Pour donner des ordres il y a du monde, mais pour mettre les mains dans le cambouis, visiblement Madame je suis trop bien pour trainer avec vous est moins motivée.

Je fais signe a un des types dont j’ignore le nom de venir prendre ma place pour aller vers la blondinette qui nous fait le coup de l’allumeuse qui veut rester chaste. Je la rattrape avant qu’elle s’éloigne trop loin pour que je puisse garder à l’œil ma magnifique louve et Harvey.

Je lui attrape le bras pour l’arrêter dans sa « fuite ». Je prie intérieurement pour que Skye ne voit pas la scène sinon je suis presque sûr que ça va se finir en ouragan.

« Hey boucles d’or ? Y’a un souci, ca te fait plus kiffer de faire la cheftaine scout ? »

Je ne peux m’empêcher de sourire en imaginant la bande de bikers barbus avec un uniforme de boy scout.

En tout cas, je pense comprendre le problème avec la blonde, si on en croit les rumeurs, elle n’est pas vraiment là parce qu’elle l’a choisi. Même si je doute de l’histoire qu’elle a été gagnée dans une partie de carte, faut pas deconner mais les bruits de couloirs parfois sont vraiment ridicule. Personne n’est assez con pour se jouer lui-même a une partie de cartes. Bref, en tout cas, elle n’est pas là parce qu’elle l’a choisi, ça, c’est sûr.

Et je sais très bien qu’on ne peut pas forcer une personne à faire un truc qu’elle n’a pas envie. Les assistantes sociales et les éducateurs en ont fait les frais quand j’étais plus jeune. Quant à Logan, il a sur faire en sorte que je sois coopératif. Il a su me faire adhérer à l’idée de m’y mettre, sans violence, sans réelles contraintes.

Maintenant pas simple de trouver le « levier » avec une femme que je ne connais pas vraiment. Je sais quoi d’ailleurs sur elle ? bagarreuse ? Une voiture dans un piteux état, aime les jeux, violente et mauvais caractère mais surtout, à l’air de savoir monter une barricade.

« Écoute Blondinette, c’te barricade, ça te motive p’etre pas à la faire, même si tant que tu es là ça va aussi protéger ton petit cul, mais je te propose un deal, si tu nous aide, ta bagnole, je te la refais à neuf. Un moteur qui ronronne comme un chat, pas un appeau a moisis, une consommation d’essence réduite…. et même un autoradio qui fonctionne si on fait du bon boulot ? Alors ma belle ? On a un accord ? »

Oui, se barrer était l’idée du moment. Elle n’allait pas monter cette stupide barricade, encore moins quand elle se rappelait que c’était ce que Bruce voulait et étrangement, les désirs de monsieur… elle ne comptait pas les réaliser de sitôt. En fait, pour le moment elle prenait un malin plaisir à l’emmerder et ça fonctionnait assez bien. Sauf que maintenant que c’était dit, elle avait un peu de mal à reculer. Bon d’accord, elle n’eut aucun mal dès l’instants ou les yeux des autres crétins se posèrent sur elle. Parce qu’elle détestait qu’on se moque d’elle et s’ils n’avaient pas voulu l’écouter la première fois… fuck off.

Sauf qu’elle n’avait pas assez mit de distance entre elle et la palissade qu’on l’attrapait par le bras. Elle se braqua, se retournant et plongeant un regard noir dans le sien. On ne la touchait pas, jamais et sa paraissait. Il lui balançait des conneries et elle retira son bras d’un mouvement sec.

-T’es sérieux? Juste non.  Tais-toi.

Son humour à deux balles, il pouvait se le mettre dans le cul. Elle n’allait pas faire cette putain de palissade, elle n’allait pas obéir à monsieur du con en chef, elle n’allait pas se faire des amis, elle n’allait pas prendre plaisir, elle allait faire ses 27 jours restant et ensuite, elle se barrerait très très loin. Le problème, c’est qu’il continua de parler et… et il était limite intéressant dans ses propositions. Non sérieusement? Il lui réparait son pick up en neuf contre une barricade? C’est que c’était bien quand on y pensait, mais… mais non. Elle ne pouvait tout simplement pas donner satisfaction à l’autre con.

-Désolé beau brun, mais j’ai un horaire chargé, emmerder l’autre crétin me bouffe tout mon temps, on se reprend dans un mois d’accord? J’aurai un trou à mon emploi du temps juste pour toi à ce moment-là.

Hm, non, c’était faux, mais elle s’en fichait. Elle comptait juste se débarrasser de monsieur et qu’il sente bien que sa barricade, il pouvait de la mettre au cul. Parce que même si la voiture lui semblait un échange qui en valait la peine… elle ne pouvait tout simplement pas accepter que sa face plaisir à Bruce, juste non. Alors, aussi bien repousser les propositions du mec qui s’y croyait un peu trop. Pas parce que les autres lui obéissait qu’elle le ferait. Elle n’obéissait déjà pas à Bruce à son grand déplaisir, alors monsieur-trop-enthousiaste-pour-la-vie n’allait pas gagner avec elle. Peut-être qu’il était gentil, peut-être qu’elle aurait pu, dans d’autre circonstance, le trouver marrant, mais pour le moment, tout lui donnait envie de se braquer, la rendait violente ou contestataire. Elle était pire qu’un lion en cage en ce moment.

« Désolée beau brun, mais j’ai un horaire chargé, emmerder l’autre crétin me bouffe tout mon temps, on se reprend dans un mois d’accord ? J’aurai un trou à mon emploi du temps juste pour toi à ce moment-là. »

Et bien elle va me plaire celle-là. Bordel, je ne sais pas où Bruce l’a ramassée, mais il y avait des coups de battes qui se perdent franchement. Une tête de pioche qui visiblement avait juste un putain de contentieux avec le chef et était bien décidée à nous en faire bouffer.

Je lève les yeux au ciel. Dieux que je sens que celle-là est une casse couilles bordel. Dire que j’avais failli oublier mes a priori négatifs sur boucles d’or. Mais quel couillon, les nanas seront vraiment ma perte, à chaque fois j’imagine des qualités alors qu’au final elles sont pires que des mecs.

Enfin… pas toute.

Sur cette pensée je jette tendrement un coup d’œil vers ma magnifique femme qui est en train d’égrainer un chapelet de juron à faire rougir un camionneur en essayant d’attraper un, je cite, "putain de sale chicken a patte qui fera moins son malin quand elle aura foutu" sa main dessus. J’aime vraiment cette femme. Elle est tellement différente des autres.

En attendant, j’ai la blondinette qui me fait un caca nerveux à calmer. Elle veut pas aider, bah qu’elle aide pas, mais qu’elle n s’attendent pas avoir des coups de mains en retour.

« Bon ok princesse, je connais pas le deal avec le boss, alors, fais comme ça te chante, à priori engraisser une oisive à l’air d’être dans ta formule. Pis t’as bien raison de rester inoccupée pour être dispo pour lui. Il aura qu’à claquer des doigts pour que tu ramènes ton p’tit cul dans son bureau, t’auras même pas une vraie excuses pour l’envoyer chier… alors va donc attendre qu’il te siffle. »

C’est de la provoque à l’état pur, mais le manque de sommeil me rend un tantinet irritable, je lui tourne le dos pour aller aider les mecs qui sont aux palissades. Autant me rendre utile tout en surveillant Skye et Harvey.

« Après, en admettant qu’on survive à une attaque de moisis avant que tu te barres, parce que sans palissades, c’est pas gagné, bon courage pour tenter l’aventure avec ton cercueil a roulette. Tu as de sacrées couilles ou une bonne adresse de garage encore ouvert pour te priver d’une révision gratuite et d’une remise à neuf avec des pièces d’usine. Mais bon, chacun sa merde… »

Je prends des outils et commence à mettre ma main à la pâte.

Non mais sérieusement, il pensait à quoi Bruce en la ramenant là. Comme si elle avait quelque chose à voir avec tout ce monde. Elle ne comptait pas rendre service, encore moins faire plaisir à monsieur, pas plus à ses larbins. Sauf que celui-là insistait, alors elle tenta de l’esquiver. C’était une bonne idée, jusqu’à ce qu’il la retienne et cherche à la provoquer. Oh, c’était mignon. Comme si elle arrivait à se faire embarquer dans ses conneries par pure provocation. Le pire, c’est que c’était vrai, dans un mois, elle aurait du temps. Elle en aurait tellement, qu’elle pourrait se barrer! Elle c’était déjà fait avoir une fois, pas deux, voilà. Donc, s’éloigner, se barrer, ne pas aider. C’était l’idée du moment. Sauf qu’il la retenait et qu’elle n’avait pas l’impression que de lui disloquer le coude pour se libérer soit bien vu. Il avait réussi à faire bouger les gros bras, il avait du poids dans la balance. Ça et le fait qu’elle était persuadée que si elle lui demandait… il le ferait.

Sauf qu’il enchaînait le connard et que sérieusement, il l’emmerdait vraiment. Elle n’allait pas être sifflée par Bruce, elle n’allait pas répliquer dans son bureau et ils n’avaient pas une relation de ce genre. Elle ne l’aurait pas laissé faire. Elle comptait juste récupérer sa liberté, pas jouer les oisives. C’était Bruce qui forçait ça, personne d’autre. Elle avait donc simplement plissé les yeux, le laissant enchaîner de nouveau. Si un regard pouvait tuer, il serait mort depuis belle lurette.

Le pire, c’est qu’il se barrait de nouveau vers la palissade, la laissant seule, mais surtout, lui rappelant que son pick up n’était pas génial. Ce qui était vrai. Elle l’avait emprunté, mais ce n’était pas le sien. Oh, elle avait retrouvé sa voiture, quelques parts sous un édifice qui c’était écrasé après une saleté de bombe dans le centre-ville. Ensuite, il y avait eu des cadavres, trop de cadavres pour que l’idée de rester en ville soit une hypothèse qui se tienne. Elle n’avait jamais été une fille de banlieue, mais pour le moment, c’était viable comme choix quand on y pensait.

Elle se retourna pour le regarder prendre ses outils. Elle avait croisé les bras, observant les autres crétins qui faisaient sérieusement n’importe quoi. À ce rythme, il y aurait plus de morts avec la palissade qui s’écroule qu’avec des cadavres qui circulent. Un pick up contre une palissade… techniquement ça ne lui coutait rien. Juste un peu d’orgueil à mettre de côté, c’est tout. Sauf que de l’orgueil, elle en avait à revendre. Elle tenta de s’éloigner, d’oublier, mais un regard vers son pick up lui rappela qu’il y avait encore et toujours cette putain de lumière jaune qui lui mentionnait qu’elle allait finir par être dans la merde et quand elle voudrait mettre de la distance entre elle et eux…

Elle soupira donc, roulant des yeux au passage. Elle se passa une main dans les cheveux, n’arrivant même pas à redresser sa crinière pour la peine avant de s’avancer un peu rageusement vers la putain de palissade. Bon, d’accord elle allait faire avec et elle taperait sur le premier crétin qui ferait une remarque. Elle posa sa main contre un bout de palissade, n’ayant même pas encore touché à un outil, elle observait le petit brun, sérieuse :

-Le pick up à neuf, le plein d’essence et je te jure que si tu essais de me rouler, je démolirai moi-même cette putain de palissade. J’adore détruire des trucs. Alors, on a un marché ?  

Elle se devait juste d’accepter ça, aider un peu, que ce mec là, au fond arrête de faire de la merde. En fait, il allait foutre le feu a son propre jeans s’il… trop tard, mais quel con quand même. Et il tentait de l’éteindre au mieux, elle soupira. Elle releva un sourcil interrogateur vers le brun. Ils avaient besoin d’une soudeuse, c’était évident.

-En plus, monsieur m’a interdit de sortir du périmètre et je n’aurai pas le choix pour bâtir le mur… ça va être marrant de le voir s’inquiéter.

Et il eut droit à son premier sourire amusé. Un petit truc léger, rien de bien méchant, mais… l’idée que l’autre panique lui plaisait bien. Parce que si elle se barrait, elle connaissait des mecs qui seraient dans la merde, vraiment, mais ça… c’était une autre histoire.

« Le pick up à neuf, le plein d’essence et je te jure que si tu essais de me rouler, je démolirai moi-même cette putain de palissade. J’adore détruire des trucs. Alors, on a un marché ? »

Je souris en l’entendant essayer de devenir plus raisonnable, comme quoi, parfois, la provocation ça fonctionne. En même temps le deal est en sa faveur. Elle n’a pas grand-chose à perdre que de nous aider pour s’assurer d’avoir des chances de survies plus élevée. Ça aurait été bien que Bruce nous briefe sur « c’est qui cette nana ».

Bon je me serais bien passé de la p’tite menace de faire son hamsterzilla, mais comme je ne suis pas d’humeur à me lancer dans un duel de stouquettes, je préfère l’ignorer. Je vais lui répondre quand je suis interrompu par les cris d’un tocard qui a réussi à se cramer le jean.

Ben bravo.

Je regarde ses copains l’aider mais on dirait un mauvais comique. Bordel, comment on peut passer pour des gens qui font peur avec des boulets pareils ? La femme le regarde avec dédains avant de reprendre.

« En plus, monsieur m’a interdit de sortir du périmètre et je n’aurai pas le choix pour bâtir le mur… ça va être marrant de le voir s’inquiéter. »

Ok, visiblement c’est pas la fête entre elle et le boss. Imaginer Bruce galérer avec une nana est amusant. Ca le rend humain de voir qu’il peut avoir des relations sociales « normales » sans avoir à sortir sa batte ou a éclater des tronches.

Dommage que ça soit avec une fille qui a déjà buté des gens. Ça aurait été pas mal avec gentille minette un peu plus douce et morale. Maintenant, j’imagine que ca se serait pas bien passé avec ce type de donzelle, en admettant qu’elle aurait bien voulu de lui. Déjà que boucles d’or a pas l’air de tremper la culotte quand elle parle de lui… alors une fille normale…. elle aurait fuit en le votant rentrer avec Gertrude couverte de sang.

« Bah écoute, je suis un mec qui tient ses paroles, si tu joues le jeu, ça sera comme si t’avais un pick up neuf quand ça sera l’heure pour toi de te barrer. Et si tu gere, c'est possible qu'en plus du plein, je te laisse un bon bidon d'essence pour que tu sois peinarde quelques temps. Après je veux pas briser tes p’tits rêves d’énerver le boss, mais on a pas vraiment prévu de construire une palissade a l’autre bout de la ville, alors ouai, ca va p’être un peu l’inquiéter que tu sois à la limite du camp, mais si tu veux être son cheveux blanc, va p’être falloir trouver mieux. En attendant, il te faut quoi pour t’y mettre boucles d’or ? »

Elle détestait avoir l’impression de se plier aux règles de monsieur, mais elle y gagnait réellement au fond. Un pick up à neuf, de l’essence et… et un truc à faire. Ce qui était clairement plus intéressant que de ne rien faire pendant un mois. Elle n’allait pas demander à monsieur le Fossoyeur de faire quoique ce soit, alors aussi bien commencer maintenant et de dire que c’était de son propre chef, voilà.

Elle avait donc accepté, bien à sa façon, d’aider. Il n’avait rien répondu encore qu’un mec c’était foutu le feu. Comme quoi, ce n’était pas tout le monde qui était toué pour jouer avec le feu. En d’autre circonstance, elle s’en serait amusée. Non sérieusement, un collègue qui se cramait, limite, elle se pissait dessus de rire, juste que là, elle était dans pleine négociation. Elle fut donc ravie qu’il accepte. Rajoutant même qu’il lui offrirait de l’essence de plus pour qu’elle soit peinard. Oh qu’elle aimait cette idée. Parce que trouver de l’essence, c’était d’un chiant, sérieusement. Surtout que son moyen de transport n’était ni écologique, ni économique.

Bref, il acceptait, elle aurait de l’essence en plus, elle aurait une distraction et elle trouverait certainement un moyen d’emmerder Bruce. Bon, le jeunot en doutait, mais pas elle. Elle souriait à l’entendre dire qu’il ne s’inquiéterait pas plus que ça. Oh, il avait surement raison, si… si elle n’avait pas été du genre à le chercher. Elle trouverait bien un moyen, d’ici les trente jours. Elle avait promis de lui faire vivre l’Enfer, aussi bien en profiter et s’appliquer pleinement non?

-T’inquiète, je sais être imaginative. On verra bien à quel point qui est du genre possessif le monsieur. J’ai un mois pour le découvrir de toute façon.

Et elle haussa les épaules, souriant légèrement pour la peine. Elle prit légèrement du recul pour observer les alentours, il lui avait quand même demandée ce qu’elle avait besoin, aussi bien lui demander maintenant.

-Torche ou électrode pour soudure, un masque de soudeur ?  Ça serait top. Des baguettes à souder, ou du fil à souder serait aussi nécessaire. Y a des plans pour votre barricade ? Ou vous y allez à l’œil ?

Parce qu’elle préférait sincèrement qu’il lui montre un plan plutôt d’un simple : « Hm, comme ça, et peut-être jusque-là, ou là, et au comme ça, mais possiblement plus ou moins. » Genre Jude et le vague, ce n’était pas tout à fait ça. En fait, pas quand elle travaillait. Pour le reste, elle adorait ça. En fait, pour le reste, elle était même une experte en la matière.

-Du métal, beaucoup. Parce que bon, vous ne comptez pas faire un truc gros comme un enclos à poulet, va en falloir pas mal quand on y pense. Si tu veux, je te ferai une liste. Pas comme si on allait la faire en un jour non plus.

Pare que c’était très peu réaliste, encore moins si elle ne montrait pas aux autres à se servir convenablement des outils à leur disposition.

-Faudrait aussi apprendre aux autres… sinon ça va être long.

Et elle jetait finalement un coup d’œil au mec qui s’éloignait doucement, le jeans troué, la peau roussit. Il allait en avoir pour quelques semaines avant d’oublier l’expérience, elle le savait pertinemment.

« Torche ou électrode pour soudure, un masque de soudeur ? Ça serait top. Des baguettes à souder, ou du fil à souder serait aussi nécessaire. Y a des plans pour votre barricade ? Ou vous y allez à l’œil ? »

Je ne peux m’empêcher de sourire à la femme. En fait j’avais raison, elle touche sa bille pour ce qui est de la palissade. Et le pire c’est que je pense que c’est comme pour moi et les moteurs, elle aime ce genre de bricolage.

Je me tourne vers un des mecs qui a l’air de diriger les autres, et qui semble pour le moment surtout désolé pour son pote cramé.

« Hey toi, y’a un plan pour la construction de la palissade ou vous y allez comme un chien fout sa merde ? »

Vue sa tête j’ai ma réponse.

Bordel, c’est pas du boulot!!!!

Même Harvey travaille plus proprement sur les moteurs. Je lance un regard navré a boucles d’or. Va falloir que m’y mette et putain, avec James et William, je pensais pas me trouver une activité de plus pour me piquer du temps de sommeil. Mais bon, la sécurité de la femme que j’aime et du gamin que j’ai pris sous mon aile avant tout.

« Du métal, beaucoup. Parce que bon, vous ne comptez pas faire un truc gros comme un enclos à poulet, va en falloir pas mal quand on y pense. Si tu veux, je te ferai une liste. Pas comme si on allait la faire en un jour non plus. Faudrait aussi apprendre aux autres… sinon ça va être long. »

Je suis dépité devant l’ampleur de la tâche, surtout en voyant les empaffés de bras cassés qu’on a sous la main.

« Ouai t’a raison, ça va être un sacré chantier… pour les matériaux, pour le moment on a de quoi faire, pour les outils aussi, c’est pas ca qui manquait dans l’usine. Mais la je crois qu’il faut reprendre tout a zéro et commencer par le plan et dresser ces cornichons…j’espère que t’es bien le genre de nana qui aime donner des ordres a des troufions pour le coup, parce que je sens que tu vas pas t'emmerder avec eux. »

Même si je suis motivé pour aider et lancer le truc, ces connards avaient intérêt a écouter religieusement la maitresse des chantiers tant qu’elle leur demanderait pas un truc de débile.

« Pour commencer je te propose de faire un tour du site et pour qu’on fasse les plans ? Ca te donnera une idée, a moins que tu ne préfères commencer par jouer au maitresse d’école tout de suite? »