Le problème avec Skye c’est que les choses étaient rarement simples. Du moins elles devenaient toujours compliquées en règles générales, et là, forcément, lui faire passer le fait que pour leurs sécurités il allait falloir cohabiter le temps que je trouve une solution.

Je ne suis même pas sûr que lui expliquer les choses clairement, faciliterait la situation. Hey tu sais quoi, y’a deux des connards qui m’ont défoncé l’anus qui sont arrivés, et deviens quoi, quand je les ai quittées je leur ai tellement foutu la rage que là, ils super envie de me défoncer encore. Sauf que c’est plus simple et visiblement plus marrant de vous viser vous…

Ouai ben celle-là, je vais me la garder en stock pour un autre jour.

Je soupire en devinant le regard volcanique de Skye. Je n’arrive toujours pas a dire si on est un couple ou pas. On dort ensemble, mes mains ont déjà bien fait connaissance avec l’ensemble du corps de la dame et sa façon de jouir me donne envie d’oublier le risque d’avoir des bébés. C’est vrai qu’avant l’arrivée des deux trous de balles, c’était mon jeu de la torturer avec ça.

Mais là… l’imaginer, elle ou le gosse, subir ce qu’ils m’ont fait vivre, ça me donne plus envie de jouer le chien de garde que le magic finger.

« Harvey, tu peux attendre dehors s’il te plait ? »

Je me rends compte que si ma voix est calme elle est aussi un peu froide. C’est pas comme si je n’avais pas retourné le problème dans tous les sens avant de choisir cette option qui ne m’enchante pas.

Harvey sort, Lobos, sentant certainement une nouvelle dispute, préfère suivre le gosse. Au moins Harvey n’avait pas posé de questions quand je lui avais annoncer qu'il allait dormir avec nous, il m’avait juste regardé avec gravité avant d’hausser les épaules et me dire qu’il allait chercher ses affaires.

Avec Skye ca s’annonce plus compliqué. Je la prends doucement dans mes bras.

« Avalohn, il est hors de question qu’il dorme avec toi, il dormira dans le sac de couchage avec Lobos… c’est juste pour quelques nuits, et puis… »

Je me penche dans son cou pour ajouter, tout en laissant glisser mes mains vers ses fesses.

« Vu comme tu me rends fou, au moins, comme ça, on est sûr que je ne te sauterai pas dessus en pleine nuit. »

L’ouragan Skye explose. Cette fois je ne suis pas d’humeur a en rire. Je n’ai pas envie de prendre trois plombes pour amadouer ma louve ni a encaisser stoïquement une nouvelle colère.

Je serre les dents quand mes comics payent le prix de sa colère. Skye ne s’en rend pas compte, mais elle a des réactions souvent disproportionnées par rapport à la situation. C’est si terrible que ça que je lui annonce qu’Harvey va rester avec nous ce soir ?

Je sens que la colère commence à monter aussi de mon côté. Si elle n’accepte pas que l’on veille les uns sur les autres ça va juste devenir impossible pour moi et je suis tellement au bout du rouleau déjà pour veiller sur "ma meute". Et on ne peut pas dire que son soutient m’étouffe.

« Depuis qu’on est arrivé à l’usine t’en n’as strictement rien à foutre que j’sois là ou non. La dernière fois qu’t’es rentré tu t’es installé, tu m’as peloté alors que je dormais à moitié pour ensuite te rebarrer une heure après. Alors soit y’a un nouveau petit cul qui t’intéresse et je te souhaite bien du bonheur et pleins de capotes pour vous deux, soit t’as vraiment perdu la vue parce que sérieusement, quel mec ferait ça avec moi? »

Mais mais… mais où elle va chercher un truc pareil ? Je passe mon temps à courir partout pour qu’elle aille bien, pour qu’elle soit en sécurité, ne manque de rien, pour qu’elle et Harvey puissent avoir une vie plus confortable. Comment elle peut penser à une seule minute que je ne m’intéresse plus à elle ? Mes rares heures de repos je les consacre à sa petite personne.

Ça me fait chier qu'elle ait réussi a me blesser autant que ça. La fatigue, la tension de la présence des deux enfoirés, le travail aussi, avec Harvey qui est, il faut le dire, un "mécano assez étourdi" et m’oblige à passer derrière lui à chaque fois si je ne veux pas un accident qui lui coutera la tête. La remise en état des éoliennes a été aussi un vaste chantier qui est sur le point d’aboutir…

Je ne peux que me contenter de la regarder sombrement en me demandant si j’aurais le courage et la force de continuer comme ça. J’ai tellement besoin de faire tomber le masque, laisser ma carapace au moins quelques heures avec quelqu’un… mais visiblement ce n'est pas avec Skye que ca sera possible.

« Vas t’en et reviens pas, tu m’as saoulé pour la soirée. Quand ma gueule t’intéressera à nouveau tu viendras en rampant, d’accord? Moi qui croyait qu’on pouvait se soutenir et que ça irait mieux après ton adaptation… Quelle belle conne je suis parfois. »

S’en est trop. Je lui attrape les bras quand elle veut me repousser et la bloque. Je la regarde avec toute la déception que m’inspire sa réaction.

« Bien, tu veux que je me barre, je vais me barrer, mais avant je veux quand même mettre deux ou trois trucs à plat. D’abord, tu n’es pas dit que, si je passais mes rares heures de repos à essayer de te satisfaire alors que le reste du temps je m’esquinte pour que tu es un endroit confortable, sécurisé et avec de l’électricité, c’était peut-être parce que je tiens à toi ? Tu crois que Bruce a deviné comment pour ton poulailler ? J’ai négocié avec lui qu’il aille te chercher des bêtes pendant que je supervise les travaux ici !!! Ensuite, putain, c’est trop te demander que d’avoir un peu confiance en moi ? Tu crois que ça me fait plaisir d’avoir Harvey dans notre chambre alors que je passe ma journée à attendre le moment où je pourrais te sentir jouir contre moi ? Mais bordel Skye, ouvre les yeux, si je fais ça c’est qu’il faut le faire, c’est pas pour 15 ans, juste le temps que je gère une merde. »

Je me sens amère, je lui lâche les mains et me recule vers la porte.

« Bon, de toute facon, on s'en fou maintenant, j'imagine... Acceptes au moins qu’Harvey dorme ici, je montrais la garde de dehors.et j’oubliais… »

Je sors me ma poche de veste le sac de bonbons au citron que j’ai tant galéré à trouver.

« Je pensais t’offrir ça pour nos "un mois", mais vu que ça a pas tenu aussi longtemps… c’est quoi ta phrase ? ah ouai, je te souhaite bien du bonheur ! »

Trois jours que je ne dors presque plus, sans un peu de cocaïne de temps à autre je serais déjà effondré. Mais bon, il faut tenir. Mon dernier piège a foiré. Jack et William sont revenus et ont réussi a tourné ça en leur faveur. Bien, il va falloir trouver autres choses qu’une solutions mécaniques, il s’y attendre trop. Au moins, pendant leur après-midi de sortie, j’ai pu aller dormir, enfin…. J’ai essayé.

Skye me manque. Harvey a beau être un magnifique espion, ça ne replace pas le fait de pouvoir me reposer avec ma louve. Je la regarde de loin, rigole de la voir galérer avec ses volailles, mais me crispe en me disant que maintenant je ne pourrais la voir que de cette distance. Sa copine est venue me voir, je n’ai pas bien compris ce qu’elle voulait, tâter la température pour prendre la place de Skye ou m’inciter à retourner parler vers ma louve ?

C’est jacques qui ne tourne pas mal autour du gosse et elle. Ils ont un avantage terrible sur moi, ils sont deux.

J’ai réussi a faire admettre que Boris allait aider à la construction du poulailler, il m’est fidèle à sa façon, il les protègera si je n’ai pas le temps d’intervenir car de plus en plus il y a des pannes, des merdes ou des fausses alertes qui m’oblige à m’éloigner. Il faut croire qu’il n’y a pas que moi qui essaye de faire des plans foireux.

Je suis en train de fumer dans le couloir qui me sert presque de squatte depuis trois nuits. Il faut dire que comme je ne veux pas que Bruce s'en mêle, je n'ai officiellement pas d'autre chambre. Et celle d'Harvey est trop loin de celle où ils dorment. Et puis... Jack et William. Soudain, je vois Skye sortir toute seule de la chambre.

Merde.

Je la suis discrètement dans son périple nocturne, on ne peut plus nerveux de croiser mes deux bourreaux ou qu’ils nous voient et en profite pour aller s’attaquer à Harvey. Elle termine sa promenade au garage. Je suis un peu amère en la voyant aller vers Gisèle mais laisse faire en m’attendant à ce que ma moto paye les frais d’une nouvelle crise de nerfs de la petite louve.

Je me rapproche pour voir ce qu’elle fait. Je la vois debout devant ma moto, une photo posée sur le siège, la clope au bec.

« Un mois à avoir tenu en me supportant… Bien joué. À nos un mois alors. »

Je ne peux pas m’empêcher de sourire en me disant que je pourrais peut-être vraiment lui manquer. Ce n’est jamais savoir avec elle. Et je sais bien que lorsqu’elle voudra un autre mec dans son lit, elle n’aura qu’à claquer des doigts. Quoique que son caractère l’a déjà un peu grillée avec une partie du camp. Difficile de deviner la tendre Avalohn derrière Skye la furie. C'est avec un peu d'humour que je lance:

« T'es pas un peu en avance? A moins que tu ne connaissais déjà Gisèle avant moi? Tu ne préférais pas une bouteille de Tequila pour fêter ça ? Il y en a une Silver Patron jamais ouverte planquée dans le placard derrière toi, t’as qu’à la prendre.»

J’ai le plaisir de la voir sursauter. Je garde mes distances, je ne veux pas trop m’approcher d’elle sinon je sais que je n’arriverai pas à lui parler, ni à lui laisser ses vêtements si je suis trop proche, j’ai tellement envie de la prendre dans mes bras, de l’embrasser et de la prendre tout court.

Je fini ma cigarette et l’écrase dans le cendrier improviser du garage avant de lui tendre la main.

« Viens princesse, je te ramène à ton château »

Comment peut-elle croire que je voulais que cela se termine ? C’est bien elle qui m’a dit de me barrer non ? Je ne sais absolument pas comment rattraper cette situation qui, je l’avoue, me dépasse grandement. Réparer un moteur c’est simple à côté de gérer ce genre de situation. C’est vrai qu’avec mon expérience sur les couple, je suis un peu à la ramasse. Enfin, avons-nous seulement été un vrai couple ?

Peut-être que la bouteille lui fera comprendre qu’elle est importante pour moi, j’ai bien failli me faire mordre mais pour l’avoir. Je n’en ai jamais gouté mais je me souviens que mes frères disaient que c’était la meilleures tequila qui existait sur terre. Bon après, c’est vrai que comme sommeliers, il y a peut-être mieux qu’eux et à la base je cherchais sa bouteille de vin français à la con, champigneu ou un truc comme ça.

Je me rapproche d’elle en espérant qu’un câlin pourrait être compenser mon absence de discours mais quand elle se retourne, rien qu’à voir sa tête je sais que l’ouragan n’est pas loin.

Merde… la cocaïne.

Pour le coup elle a raison, à 200%, mais c’est pas un petit rail qui va changer ma vie, et sans ça, impossible de tenir. J’hésite a mentir, après tout, ça peut être a n’importe qui d’autre non ? Ou a essayer de m’expliquer.

Mais elle me désarme en me disant qu’elle tient à moi. Pourquoi elle me gueule dessus si elle tient tellement à moi, pourquoi elle ne voit pas les efforts que je fais pour elle, et pourquoi j’ai envie d’aller la prendre dans mes bras alors que c’est vraiment pas le moment ?

En fait j’ai déjà balayé toutes mes questions et en deux pas je suis à côté d’elle et la serre juste contre moi. Je vais me contenter de me dire que je ne capte rien et essayer d’avancer sans me poser de question :

« Ne me hurle pas dessus s’il te plait, je… je suis vraiment à bout, sans toi, je … »

Je me dégage légèrement pour la regarder dans les yeux sans la lâcher en me demandant ce que j’essaye de lui dire exactement. Trop d’idées à la fois font que mes mots ont du mal à sortir dans un sens cohérent.

« Skye, est ce que tu veux bien être un peu patiente avec moi si je balance ce truc ? »

Une partie de moi hurle à la mort à cette idée. Sans cette aide, comment je vais tenir, et puis, j’ai beau me mentir, je ne peux qu’espérer que ça sera moins terrible que la dernière fois, mais je sens que je vais payer cher ces deux rails de cocaïne si un troisième ne vient pas prochainement.

« Je… il me falloir encore un peu de temps, s’il te plait »

Je me raidis stressé en l’entendant parler de Logan. Je regarde nerveusement de tous les côtés. Je suis soulagé que nous soyons seuls. Elle ne se rend pas compte que ce seul nom pour me couter la vie et l’entrainer avec moi dans ma chute.

Non seulement je me sens assez minable et je sais qu’elle a raison, mais n prime qu’elle me parle du fameux Ethan me fait mal. Depuis le début je suis en compétition avec l’ombre d’un inconnu que je m’imagine parfait.

Mon cerveau s’arrête quand elle me compare a Ethan C’est bien pas bien ? Vu son air…. Pas bien… je vais protester quand elle me dit qu’elle veut me protéger. Mais là, de la même façon qu’elle n’arrête pas de me surprendre, elle m’embrasse.

C’est ridicule de se comporter comme un ado romantique, mais, si on oublie la galoche pour la faire taire, on va dire que c’est un peu une première. Skye n’a jamais voulu que je pose mes lèvres sur ses lèvres ci.

Le soucis c’est que j’ai l’impression qu’elle vient de balancer une allumette dans une marre d’essence.

Assez rapidement, je m’échauffe et ce romantique baiser prend une tournure un peu plus torride au fur et à mesure que mes mains commencent à se balader sur son corps merveilleux et à essayer de trouver un chemin sous ses vêtements. Je pousse un grognement en continuant cette exploration. Je ne suis plus en état de penser aux risques de bébés, aux risques d’être surpris… je suis juste en train de la soulever et de coller son bassin contre le mien. Je la plaque contre le mur sans lâcher ses lèvres pulpeuses.

Jamais au grand jamais, je n’avais eu autant envie d’une femme, et pas seulement physiquement, je la veux tout entière, rien qu’à moi.

« Il faut croire que les garages t’excitent toujours autant »

Je sursaute glacé d’effroi au son de cette voix et me retourne vivement en prenant soin de garder Skye derrière moi. Ils sont là, tous les deux. Jack et William. Sans réfléchir j’ai agrippé une barre de fer que je serre fort dans ma mains, l’autre est restée sur celle de Skye.

« Te déranges pas pour nous Sha -ton, c’est toujours agréable de t’entendre miauler. »

Merde, c’est vrai qu’ils savent mon vrais non. J’ai presque envie de vomir en l’entendant faire cette sale blague sur mon prénom annonciatrice de pas mal de tourments par le passé. Je sens une suée me couler sur la nuque. J’essaye de me reprendre avec l’aisance de la pratique des dernières semaines. Et c’est avec un sourire de provocation que je leur lance :

« C’est pas les deux boulets qui savent pas que le coca c’est pas bon pour un moteur qui se ramènent dans le coin. »

Cette petite pique, relative à ma ruse qui a dû foutre en l’air toutes leurs bécanes pour me permettre de les fuir, eux et leurs potes, ne les fait visiblement pas rire. Du coup c’est sur le même ton et toujours avec un air narquois que j’enchaine.

« D’ailleurs, il parait qu’il y a deux crétins qui ont paumé le pick-up préféré du chef, c’est couillu de revenir après ça. Quand on sait pas tenir un volant, on prend une trottinette les branleuses. »

Provoc de trop… William avance comme s’il allait me défoncer la gueule, Jack le retient avec un sourire mauvais. Ils ont bien compris qui avait piégé leur bagnole. Pas de bol qu’ils soient revenus, entiers en prime, et que Bruce ne les ait pas giclés pour la perte de la voiture. Ces connards ont réussi le miracle de trouver des armes et des mobs sur le retour.

Jack me regarde bien dans les yeux et je serre un peu plus fort la barre et la main de Skye.

« Il faudrait peut être que le mécano apprenne ce que c’est qu’un ramonage pour éviter ce genre de panne…»

Boris déboule, essoufflé, avec Sergei sur les talons et Harvey mal réveillé. Les deux me regardent attendant juste un signe de ma tête alors qu’Harvey a du mal a ouvrir les yeux.

« Un soucis Robin ?
- Non, y’avait les taffioles qui ont bousillé la voiture du boss qui allaient se barrer. »

Boris n’est pas super méchant mais impressionnant quant à Sergei…. C‘est Sergei. Si on aime les montagnes de muscles pas causantes, je crois qu’il parle mal anglais, habituées à recouvrer des dettes de jeu avant l’invasion des morts, bah on aime Sergei, et là, tout de suite maintenant, je surkiffe Sergei.

Mes deux cauchemars du moment hésitent mais battent finalement en retraite, non sans un regard mauvais. La guerre ouverte est officiellement déclarée. Il y a une telle tension sur leur départ que je mets un certain temps a desserrer mes mains de mon arme improvisée, mais aussi de la main de Skye que j’ai trop serré. Je la porte immédiatement à mes lèvres en lui chuchotant.

« Pardon princesse. »

« Robin, faut qu’on cause. »

Je laisse à contre cœur ma louve pour me rapprocher de Boris et Sergei. Harvey va se mettre à côté d’elle. On essaye de pas parler fort.

Boris m’annonce de mauvaise nouvelles, Jack m’a suivi, les mecs ne posent aucune question sur ce que j'ai foutu au panneau d’affichage, ils devaient juste suivre les connards, mais du coup, eux aussi m’ont vu laisser un message sur le panneau. Ça craint.

William essaye de se rapprocher de Greg, pour le moment sans grand résultats mais si ça fonctionne… c’est pas bon tout ça.

Ils ne le disent pas mais je vois bien qu’eux aussi sont inquiets.

Je regarde Skye et Harvey et fais signe aux mecs, on en reparlera plus tard.
Je vois Harvey se pencher vers Skye et lui dire:

« Faudra p’etre qu’il en cause à Bruce non ?
-Mêles toi de ce qui te regarde gamin et va te pieuter. Personne ne va parler à Bruce ok? Boris, y’a moyen que tu le loge ce soir ? »

J’ai confiance en Boris, et vu la tronche de Skye, on va peut être avoir besoin d’un peu… d’intimité.

Je suis soulagé que Skye ne me saute pas à la gorge ni me hurle dessus, et se contente de se rapprocher tranquillement contre moi et de me demander calmement :

« C’était quoi ça ? »

Je n’aurais pas été en mesure de supporter une nouvelle prise de tête avec elle après cet espèce d’ascenseur émotionnel. A vrai dire, je suis tendu à l’extrême, et ça ne va pas du tout. Mais que je croise son minois sérieux et ses grands yeux où brille une lueur d’inquiétude dont j’aurai voulu la préserver et ça me fait un électrochoc. Il va bien falloir que je lui parle, mais J’arrive à me ressaisir assez pour lui caresser le visage et lui sourire :

« Le quotidien de mecs qui ont oublié que l’ennemi est dehors et morts. Dès qu’on a un peu de confort, le naturel revient au galop. Je ne veux pas que tu t’inquiètes, d’accord ? Il y a toujours des luttes de pouvoirs ici. Et tu sais bien qu’on n’est pas des enfants de chœur dans le camp »

Je la plaque doucement contre moi en ajoutant :

« Les nouveaux sont juste en train de chercher la merde, de tester les limites. T’as été en centre toi aussi, tu sais bien comment ca fonctionne. Et comme ils ont eu un petit accident de bagnoles, je suis plus ou moins dans le collimateur. Il va peut-être falloir être un peu plus prudents à l’avenir le temps que ça se tasse. »

Le temps que je trouve une autre idée à la con pour les dégager d’ici oui… et là, je suis moins confiant que j’essaye de le montrer. Ces types sont violent, pervers et dangereux. Maintenant que les idées basées sur la mécanique sont à exclure, je sens que ça va être galère pour avoir une autre opportunité. Je ne suis pas d’humeur à y penser maintenant.

« Je suis désolé Skye, mais à cause de moi, c’est possible que ces deux connards puissent vouloir vous faire du mal Harvey et toi pour m’atteindre. Mais je te jure que je vais bientôt régler le problème. Je ne veux pas que tu sois à nouveau blessée par ma faute. »

Je ne mens pas, je lui dis juste ce que je suis capable de lui dire, mais rien que lui balancer qu’elle est en danger, à cause de moi, alors que je lui avais promis de ma protéger, je me sens minable. En fait, avec elle, je me sens toujours minables. Je n’ai pas de répit, pas de pause, alors que j’aurais tellement besoin qu’elle m’accepte juste ce que je suis, même si c’est un minable, sans me le renvoyer à la tronche au moins une nuit.

En fait je ne veux plus penser à ça. Je veux juste la retrouver elle. Oublier dans ses bras. Je me blottis le visage dans ses cheveux :

« Je n’ai jamais cessé de vouloir de toi tu sais, mais on s’est dit les choses dès le départ, je resterai à tes coté tant que tu voudras de moi, et ces derniers jours… tu m’as clairement fait comprendre que tu voulais que je me barre non ? »

J’arrive à sourire en repensant à son baiser et à sa petite déclaration comme quoi elle tenait à moi. Peut-être que finalement je n’ai rien compris, en admettant que ça ne soit pas elle qui ne sache pas vraiment ce qu’elle veut.

« Avalohn Skye Inverness, vous êtes une femme bien difficile à comprendre pour le pauvre homme que je suis, mais, si vous m’acceptez avec mes, nous dirons petits, défauts, je ne dirais pas non pour continuer cette conversation sur un vrai lit ou du moins dans un endroit moins … passant. »

C’est dit avec de l’humour, mais je suis vraiment épuisé et l’idée d’être dans un lit me fait l’effet d’une oasis au milieu du désert, et si Skye est dedans en prime…

Je bouge un peu mon visage pour la regarder droit dans les yeux avant d’ajouter avec un certain amusement :

« Par contre je ne te promets pas de rester sage sans Harvey dans la chambre, alors réfléchi bien à ta réponse. »

Je pousse mon culot à lui faire un clin d’œil. La tension est toujours là, mais j’ai besoin de lâcher prise et de faire de mon mieux pour qu’elle et moi, on y pense plus.

Je suis tellement soulagé qu’elles comprennent, qu’elle ne m’en veuille pas, je me rends compte que, même si je lui donne tout ce que je peux, ce n’est pas si énorme que ça, et qu’en prime je lui en demande beaucoup. Je donnerais cher pour ne pas être aussi merdique.

Je soupire et m’assois dans le lit quand elle se lève prendre une clope. A elle seule elle va dévaliser tout Detroit en Nicotine. Je me tâte a lui demander de m’en envoyer une, mais avec Jack et William, pour le moment je n’ai qu’une sortie de prévu et pas de moyen de retourner lui chercher des cigarettes. Autant dire que je préfère me priver pour pas qu’elle en manque.

« Tu dois être fatigué… Depuis trois jours t’as pas dormi dans un lit. Enfin j’espère… »

Être fatigué ? Je suis épuisé oui, sans la cocaïne et son corps, je pense que je serais déjà en train d’agoniser de fatigue. Et puis, avec ses cernes, elle ne doit pas être plus vaillante que moi. Serait-il possible que je lui ai un peu manqué en trois jours ? C’est vrai que je l’empêche de dormir sans me soucier de son rythme de journée.

Je n’aime pas le doute qu’il y a dans sa fin de phrase. Avec un corps comme le sien et une érection comme celle que je suis en train de me taper, comment pourrait-elle douter de l’effet qu’elle me fait.

« Je… Je crois qu’il faut que je te remercie. Quand tu m’as trouvé dans le cinéma. J’étais tellement seule et j’devenais folle. Je n’aurais pas pu survivre deux jours de plus avec Lobos en plus. Si on y est arrivé lui et moi c’est grâce à toi. »

Je n’ai pas le temps de répondre que Lobos perçoit dans cette phrase un signal de rassemblement de famille, il saute sur Skye et les deux basculent dans le lit sur moi, j’ai à peine le temps de les réceptionner joyeusement. Au moins mon sexe décide que la boule de poil est un bon argument pour enfin laisser le sang repartir vers le reste de mon corps.

C’est avec ce sentiment d’apaisement et de bonheur simple que j’accueille ma louve dans mes bras pour la câliner contre moi et que je laisse Lobos s’installer sur nos jambes.

« Merde, tu me rends complètement dingue avec ta tronche de macaque qui me plait beaucoup trop… Tu fais chier, Robin. Bordel de merde tu me fais chier, alors embrasses moi… »

Ma "tronche de macaque", je me contente de sourire, c’est du Skye tout craché ça. Un compliment qui n’en ai pas tout à fait un. En tout cas j'ai le droit a un magnifique sourire comme je n'en vois pas assez sur son visage, et j'adore ça. Dis comme ça elle pourrait me traiter de tous les noms, je pense que je le prendrais bien.

Je la serre un peu plus fort contre moi et l'embrasse avec une douceur que je ne me connaissais pas.

« Tu ne te rends pas compte a quel point c’est moi qui avait besoin de toi et Lobos. Il n’y a pas un jour où je ne flippe pas qu’ils vous arrivent un truc ou que tu te décides à te barrer…alors ne me remercie pas, si je ne suis pas en train de partir en vrille c’est grâce à vous deux, enfin, désolé Lobos, mais surtout grâce à ta maitresse… sans rancune Bro ?»

Lobos me gratifie d’un battement de queue joyeux. Non il n’est pas rancunier.

Je caresse doucement le visage de ma belle louve et je me rends compte de ses traits tirés par la fatigue.

« Essayes de te reposer un peu, demain matin je te propose une petite virée shopping pour ramasser des médicaments et… peut être autre chose de plus intéressant. »

Je lui fais un petit clin d’œil en priant vraiment très fort pour trouver des préservatifs. Je ne peux m’empêcher de passe les doigts là où elle a été blessée la dernière fois en prenant un air sombre.

« Et cette fois j’ai pris le temps de l’organiser, cela fait trois jours que je planifie ça pour toi, donc sauf à avoir vraiment la poisse, il n’y aura pas de mauvaises surprises. »