Ta famille était ce qui importait pour toi et tu y tenais. Tu faisais ce qu’on te disait. Père militaire, mère femme de militaire, ça marchait au diapason à la maison. Tu n’avais pas idée de répondre comme certains enfants font aujourd’hui. Tu disais oui monsieur. Et puis t’as viré adolescente et là il a fallu un peu plus de claques. Les tatoués que tu ramenais à la maison, pas toujours de ton âge d’ailleurs. Ça aurait pu être ta période rebelle si tu n’avais pas fini par rester la même après. Tu trainais tellement souvent côté motards que t’as fini par faire partie du lot. Ton père finit par céder et t’aider à te faire une bécane. Tu la bichonne tellement que tu y passe tout ton temps. Tes « potes » t’apprennent tout ce qu’il y a à savoir sur elle. Tu finis par bosser avec eux pour être une mécanicienne accomplie. T’es qu’une gamine quand tu commences mais tu deviens une femme quand tu arrives à te faire ta place. Le groupe décide mettre les voiles et tu apprends à ton père que tu as décidé que ce serait ta vie à présent. Tu as besoin de cette liberté, de ce vent dans tes cheveux, de cette impression que tout est possible. Tu ne participes pas à la partie criminelle du club, mais tu es toujours fourrée avec ces membres. Ils ne t’on jamais touchée sauf si tu étais d’accord, ils te respectaient, ce qui n’était pas le cas de tous. Tu arrives aux states avec eux, tu découvres un autre univers que ton Irlande natale. Le club commence à s’établir, tu aides un peu. Tu es à présent une des leurs. On t’apprend subtilement à manier une arme. Pour ne pas être le maillon faible tu continues les cours que ton père autrefois payait en arts martiaux. Tu travailles d’arrache-pied pour être prise au sérieux, même si en un sens c’est déjà le cas. Ça aide d’avoir été élevé par un père militaire et ses amis. Tous aidaient un peu à t’apprendre à ne pas te faire marcher sur les pieds. On pourrait te croire dure, sauvage, et d’une part tu l’es un peu, mais tu n’hésites pas à aller vers les gens. Tu es cependant plutôt réservée quant à tes pensées, tes sentiments et ta vie privée. Ton sourire illumine une pièce, ton rire est communicatif. Tu n’as pas de mal à intégrer un groupe et tu le prouves. Le club est à présent à Chicago et bosse avec des gangs locaux. Tu as désormais 21 ans. Tu n’aimes pas les armes et tu ne veux rien savoir à propos de la drogue. Pourtant tu en portes désormais une, un joli couteau cranté et un automatique. Tu les laisses parfois pour tester un nouveau sport ailleurs puis tu reviens. Ils rient de toi disent que t’as la bougeotte. Ils n’ont pas tort. Tu apprends à connaitre l’un des types d’un gang, plutôt bien même mais tu le perds de vue à tes 23 ans quand il part en prison, ce que tu ignores. Tu as des aventures rarissimes avec les femmes, moins de complications puis tu atterris à détroit.

Peu après ton arrivée à détroit – tu as pas mal bougé entre temps tout de même – l’apocalypse démarre. Tu rencontres une autre femme et elle et toi formez petit à petit un petit groupe de survivants. Tu n‘es plus une gosse, tu es une femme, et tu peux utiliser ce que tu as appris jusque-là. Tu bidouilles assez bien, es plutôt débrouillarde et sais te battre. C’est vers cette période que tu tombes sur un crétin dans une maison de bourge. Ce type est complètement à la ramasse et semble penser que son argent le sauvera. Ou qu’il peut rester dans le coin. Sauf que des survivants décident de pénétrer chez lui et briser ses espoirs illusoires. Tu passes par là et entends des coups de feu. Tu débarques avec les autres et le récupère avant qu’il finisse mal cet idiot. Ce que tu n’avais pas prévu c’est de le trouver à ton gout. Après des mois à ne pas y penser tu passes à l’acte. Tu décides que d’attendre ça sert à rien. Il a plus ou moins la même idée que toi mais ça ne dure que l’espace d’un instant avant qu’un idiot fiche tout en l’air. Tout part en fumée, lui, toi, ce groupe. Tu te retrouves dans la merde. Toi qui avait décidé d’aider, tu te retrouves à devoir t’aider toi-même et ça ne s’arrange pas quand tu tombes sur le mec le plus hautain que t’aies rencontré.



Quelques temps plus tard, en Mai 2015, tu te retrouves devant une jeune femme qui a tout l’air d’être inoffensive, mais on est une période de faux semblants et tu ne t’y fies pas. Pourtant, tu ne t’es pas trompé, elle n’est pas hostile. Elle se propose même de la suivre tout en restant sur ses gardes. Tu ne sais pas encore si les survivants que tu rejoins sont aussi agréables qu’elle, à regarder et à parler d’ailleurs. Au départ, quand tu aperçois les deux leaders, tu recules, tu te dis merde, va falloir parler. Tu te doutes qu’ils ne vont pas t’accepter parmi eux par bonté d’âme. Tu te présentes et parles de ce que tu sais faire, de ton CV si on veut. Que tu peux être un atout s’il faut. Tu t’es démise l’épaule alors tu veux aussi de l’aide pour choper ta moto plus bas. Tu te l’es remise en place, ni la première ni la dernière, mais tu ne te vois pas soulever ta vieille copine si tu veux pas te la briser cette fois. Ça t’a suffi une fois. S’ensuit une conversation où tu comprends ce qu’on attend de toi en échange de crécher ici. Le début est abrupt, on te prend l’arme à feu que tu possèdes et t’enferme dans une pièce afin de vérifier si tu n’es pas un rodeur en devenir. Ça ne t’enchante pas mais tu aurais surement fait de même. Le temps semble passer lentement et tu fais les 100 pas dans celle-ci. Quand on te sort de là tu es prête à agir, on te refile une marraine. Tu es ravie de découvrir que comme tu l’avais pensé, elle est sourde, c’est instinctivement que votre discussion ne se fait qu’en Asl. Tu découvres les lieux, écoutes attentivement ce qu’on te dit (écouter avec les yeux en ASL) et apprend chaque coin du repaire. Tu te fais progressivement à une vie en groupe, différente de ce que tu as vécu mais ressemblant un peu à ton vécu dans ton club. Ça te fait bizarre de devoir dire où tu vas etc, mais tu finis par t’y faire, après tout, tu trouves agréable que le groupe veuille être soudé. La première fois que tu rencontres le géant tu es plutôt intimidée – ce qui n’est pas ton genre - mais tu comprends vite qu’il n’est pas hostile. Tu apprends à connaitre certains, pas tout le monde non plus, mais tu te fais plus ou moins au rythme. Une partie de toi se demande si Matt est dans un groupe du même style, et où il est en ce moment.