Arme :
¤ Un couteau militaire modèle virginia platoon.
Objets utiles :
¤ Un sachet de biscuits militaires
¤ Un briquet 3 000u
Objets rares :
¤ Une bouteille de déodorant à vaporisateur de 50cl
¤ Une couverture épaisse
¤ “Nox”, un chat noir typé main coon.
Véhicule : //
Possessions personnelles :
¤ Un collier de plaques militaires sur lequel est inscrit l’identité de “ Erika Echman, Sergent de l’US Marine Corps ”
¤ Une peluche de loup de 45cm à laquelle il manque un oeil

Karine Echman...
Que dire sur ce petit mystère au milieu de l'apocalypse ?
D’abord qu’elle est jeune, ça oui. Alors vous me direz, elle n’est pas la seule enfant encore vivante et non-infecté aux USA. Certes, mais là où ça devient intéressant c’est que là où la plupart de ces enfants sont entourés et protégés par des proches ou communautés de survivants, la petite Karine elle a dû apprendre à se débrouiller seule.
Car s’il faut retenir une chose d’elle c’est que tel un animal sauvage craintif, elle redoute la présence des autres humains. Une peur presque paranoïaque qui la pousse à éviter les groupes de survivants autant que les rôdeurs.
Mais la comparaison avec une créature sauvage ne s’arrête pas là. Car Karine vit depuis presque trois mois une existence solitaire et presque primitive en pleine nature, mangeant ce qu’elle peut trouver, faisant rarement cuir ses aliments et dormant le plus souvent dans les arbres. Conditionnée à de nombreux gestes de survie par sa mère, elle semble plutôt bien se débrouiller dans ce mode de vie, même si elle ne mange pas beaucoup à sa faim.
En revanche il faut admettre que cette existence sauvage et loin de toute présence humaine a un peu fini par impacter sur son caractère. En effet, s’il lui arrive de croiser un survivant, sa première réaction sera de fuir à toutes jambes et, en cas d’impasse, de réagir très agressivement.
Pourtant, si on parvient à amadouer ce petit félin sauvage, on peut découvrir une fillette intelligente et très affectueuse malgré le fait que lui arracher un sourire soit devenue mission quasi-impossible.
Karine n’aime pas se battre et il faut avouer que sa carrure maigrelette ne joue pas en sa faveur. Mais si elle n’a plus d’autre choix que de se défendre, tel l’animal sauvage qu’elle est devenue, elle se transformera en véritable furie, jouant de pieds, de poings et de dents pour se défendre.
Alors si on me demandait “est ce que Karine pourrait se réadapter à la vie en communauté”, je répondrais que rien n’est sûr, et que le fait qu’elle s’entende plus avec les animaux qu’avec les hommes n’aide pas...

Klak ! Krrrrrr...
“ Entrée 075, 15 Juillet 2014.
Ça faisait longtemps que je n’avais pas fait d’entrée dans ce journal de bord. Quelque part ça m’avait manqué. Karine et moi nous continuons la route vers le sud. On devrait longer Chigaco demain matin. J’aimerais éviter de passer dans une grande ville mais c’est son anniversaire dans deux jours alors il faut que je lui trouve un cadeau, une peluche peut être. Sinon la vie suit tranquillement son cours. Ma petite Karry ne se plaint pas de tous ces voyages en camping-car, mais je crois que ça lui pèse parfois de ne pas pouvoir rester plus de trois semaines dans chaque village pour se faire de vrais amis. Mais je n’ai pas le choix, il faut que j’évite de prendre le risque de tomber sur des types du gouvernement. ”

Krrrr...

“ Entrée 076, 2 août 2014.
J’ai entendu des rumeurs étranges. On parle d’une folie qui se serait emparée de certaines grandes villes. D’émeutes étranges et de personnes s’attaquant les unes aux autres dans les rues. Un vrai carnage. Je ne sais pas ce qui est vrai et ce qui est faux mais en tout cas ça ne fais que me convaincre de ne pas m’approcher des villes importantes. “

Krrrrr….

“ Entrée 077, 4 août 2014.
J’ai encore du mal à croire ce que je lis… Mon contact, un ancien collègue, m’a transmis des informations sur ces fameuses émeutes. Il me parle d’un truc qu’ils auraient rapportée d’orient, une épidémie, et que le gouvernement cherche à contrôler et dissimuler. Ce serait comme un virus mais qui relèverait les morts et les rendrait agressifs… Il a du abuser de la bouteille avant d’écrire. En tout cas je préférerais que ça soit le cas. “

Krrrrrr…

“ Entré 078, 10 août 2014.
Je les ai vu… Bordel j’arrive à peine croire ce que j’ai vu… Ils étaient quoi, quatre ? Cinq peut être ? Ils sont arrivés au camping en fin d’après midi. Ils avaient l’air blessés, mais dès que les caravaniers ont voulu leur porter secours ils se sont mis à les attaquer avec une sauvagerie… Même pendant mes années chez l’US marines j’avais jamais vu ça. On aurait dit qu’ils avaient la rage ou je ne sais quoi. Et le pire c’est que les personnes qu’ils ont tué… nom de dieu... elles se sont relevées dans les minutes qui ont suivi… J’en ai tué un, mais il m’a fallu six balles pour y arriver. Il ne ressentait rien, même lorsque je tirais dans sa poitrine. Tout a dégénéré très vite dans le camping. J’ai su ce qu’il fallait que je fasse et j’ai démarré le camping-car sur les chapeau de roue pour emmener Karine loin d’ici. Je les ai tous abandonné… Mais je n’avais pas le choix, il fallait que je protège ma fille.
À l’heure où je parle elle vient juste de s’endormir. La pauvre a vu Lily, une gamine avec qui elle jouait, se faire dévorer vivante à un mètre d’elle… Bon sang, comment calmer ses cauchemars après ça ?
Il faut que je nous emmène loin des villes. On a plus beaucoup de choix : tenter de quitter le pays ou se cacher quelque part dans l’intérieur des terres. J’espère ne plus jamais croiser ces choses.

Krrrr….

“ Entrée 079, 25 août 2014…
*soupire profond*
Comment la situation a pu dégénérer si rapidement ?… Depuis que l’épidémie a frappé je n’ai quasiment pas fermé l’oeil… Ça fait déjà une semaine que le gouvernement a fermé les frontières et il soutient toujours à la radio que tout est sous contrôle. Crétins… S’ils pensent me faire avaler ça…
*respiration profonde*
J’ai l’impression de les voir partout ces saletés de cannibales… De les entendre grogner dans la nuit... “Les rôdeurs” qu’ils les appellent. Au moins Karry dort pour une fois…
Le stress m'empêche de faire pareil, qui sait quand un rôdeur pourrait surgir pour m’arracher ma petite fille.
...
Et ce chat qui miaule n’arrange rien. Chut Nox ! Retourne dormir ! Personne ne sort ce soir !
… Il faut que je me calme, ça m'empêche de réfléchir.
Je connais l'enchaînement classique de ce genre de situation de crise : d’abord les mensonges du gouvernement, ensuite la désertion des villes et l’exode de masse et enfin les pillages et autres bas instincts qui se réveillent chez les survivants. J’ai déjà vu ça chez les marines, tous ces pauvres gens qui fuyaient les bombardements de leurs pays. Il faut juste que j’agisse en conséquence. Éviter les zones de population, faire des réserves, ne pas s’attarder à un endroit et surtout, surtout… préparer Karine à ce qui l’attend… Ce n’est qu’une enfant je sais, mais il faut qu’elle soit prête si elle se retrouve un jour seule.
Ça peut arriver si vite. Et il n’y a qu’elle qui compte à présent… “

Krrrrrrzzzzzz….

“ Salut ! C’est moi ! J’ai emprunté le magnétophone de maman. De toute façon elle s’en sert plus de ce vieux machin. Là elle est partie trouver à manger en plus et moi j’ai pas le droit de sortir du camping-car, alors je m’ennuiiis…
Au fait ! J’m’appelle Karine Echman, mais on m'appelle toujours Karry ! J’aime la musique, les beignets aux pommes, les félins et jouer à cache-cache ! Là Nox et moi on est dans le camping-car et on regarde la pluie tomber. Lui ça a pas l’air de le déranger, il fait que ronronner.
Ben du coup comme je m’ennuis je vais me faire une autobiographie, j’ai entendu ça à la radio.
*raclement de gorge*
Alors je l’ai déjà dit je m’appelle Karine, j’ai 11 ans et je suis la fille de Erika Echman. Par contre je sais pas qui est mon papa. Maman a jamais voulu en parler. Elle m’a juste dit qu’il était parti. C’était peut être un aventurier qui sait ? C’est maman qui m’a élevée toute seule. Y en a qui disent que c’est pas bien pour moi, mais moi je trouve qu’elle s’en est bien sortie. Et puis on est heureuses toutes les deux c’est ce qui compte non ?
Avec maman on a beauuucoup voyagé. En fait aussi loin que je me rappelle on a toujours vécu dans ce camping-car à aller de ville en ville. Maman dis qu’il ne faut pas rester trop longtemps dans des endroits peuplés. Elle dit que les masses de gens abritent de mauvaises personnes. C’est normal, elle a fait la guerre.
Ça ne s’est pas arrangé depuis que les ogres sont arrivés. Moi je les appelles les ogres, parce qu’ils mangent des gens tout le temps sans s’arrêter. Je les ai vu, ils sont vraiment pas beaux et ils font peur. Ils ont même mangé mon amie Lily… Mais après maman les a tous écrasés ! Vrrrr !
En tout cas comme on a toujours beaucoup bougé je me suis pas trop faite d’amis. Par contre j’ai vu plein d’écoles différentes. C’était un peu bizarre mais rigolo. Pour le reste c’est maman qui m’a fait l’école. Elle sait plein de trucs maman. Elle m’a appris à lire, à écrire, à compter, à reconnaître les arbres fruitiers et les champignons… J’adore lire aussi d’ailleurs ! Des fois maman me ramène un nouveau livre, mais il dure pas très longtemps. Je le dévore ! Je suis un vrai ogre des livres !
*grognement exagéré*
Sinon depuis que les vrais ogres sont apparus, maman m’apprends d’autres choses plus bizarres. À cacher mes traces, à faire des pièges à rongeurs et des bombes avec de l’alcool et du tissus, à me battre... Je dois aussi retenir des routines et des codes compliqués et beaucoup moins marrants… Je suis pas sûre d’aimer vraiment tout ça, mais maman a l’air tellement fatiguée et inquiète en ce moment, je veux pas la contredire. Et puis tant que je peux continuer à jouer à côté.
Enfin voilà, c’était moi quoi ! Je me demande si on pourra continuer notre partie de dames quand maman rentrera. Je suis trop forte aux dames !
*coups donnés contre une porte*
… Ah la voilà !
Bon je te laisse magnétophone, surtout tu dis pas que je t’ai emprunté hein ?
A plus ! “

KrrrrrKlak !

La fillette posa l’appareil et courut vers la porte du camping-car en souriant. Mais à mi-chemin, son sourire s’effaça et elle s’arrêta alors que les consignes et apprentissages de sa mère lui revenaient en mémoire.
“Un coup long, deux coup rapides et deux coups longs”...
Elle s’annonçait toujours comme ça. La personne qui avait frappé s’était contentée de toquer à la porte.
Le doute et l’inquiétude montèrent en elle.

“ Qui… qui c’est ? “ finit elle par demander après quelques secondes.

Pas de réponse.
Karine hésita. Peut être que c’était un voyageur égaré ? Mais pourquoi ne répondait il pas alors ?...
Un frisson glacé parcourut son échine. Peut être était ce… un rôdeur ?... À cette pensée, la fillette déglutit. Sans quitter la porte des yeux elle glissa jusqu’au lit de sa mère et attrapa d’une main le couteau militaire qu’elle cachait sous son oreiller - Erika l’utilisait pour les entraînements au combat de sa fille - puis elle avança pas à pas vers la porte.

“ Qui est là ? “ demanda t-elle plus fort et agressivement.

Sa main s’approcha lentement du loquet de la porte et elle s'apprêta à en remettre un deuxième tour. Au même moment une voix retentit de l’extérieur.

“ Petite ? Tu veux bien ouvrir ? Ça caille dehors. “

Soulagée d’entendre une voix humaine, Karine déverrouilla le loquet et entrouvrit la porte. Un homme se tenait derrière et l’air qu’il affichait sur son visage eut tôt fait de refroidir le soulagement de la fillette.

“ Salut toi. Comment tu t’appelles ? Tu es toute seule dans ce camion ? “

Karine scruta les yeux de l’étranger. Il souriait mais ce rictus était trop malhonnête pour la mettre en confiance.

“ Qui êtes vous ? ” demanda t-elle assez sèchement en gardant la porte à peine entrouverte.

“ Je m’appelle Kirt. Répondit l’homme en élargissant son sourire. Ne t’inquiète pas je ne te veux aucun mal. Tu me laisses entrer ? Je prends la pluie là. “

Karine hésita. Effectivement l’homme était trempé malgré son pardessus à capuche, mais elle n’aimait vraiment pas son air. Finalement la prudence inculquée par sa mère l’emporta.

“ Vous pouvez pas entrer pour l’instant, il va falloir attendre ! “

Elle ferma alors la porte de toutes ses forces mais celle ci ne claqua pas. L’homme avait mis son pied pour la bloquer pendant qu’ils parlaient. Avant que la fillette puisse réagir, il poussa le panneau avec force et entra. Karine fit un bond en arrière. Ses yeux écarquillés regardèrent l’homme pénétrer dans le camping-car. Elle serra plus fort le couteau caché dans son dos. L’angoisse menaçait de la submerger alors qu’elle se demandait quoi faire. Voyant son air l’homme parut presque satisfait de lui inspirer autant de crainte.

“ N’ai pas peur gamine, je ne te veux aucun mal. Prétendit il pourtant. Tu attends ta mère non ? C’est elle qui m’envoies te chercher. Elle est avec nous. “

Karine n’avança pas pour autant. Dans une autre situation peut être aurait elle cru l’homme. Mais elle n’aimait pas la lueur dans ses yeux et son instinct lui criait de se méfier. Elle ne lui faisait pas confiance.
Un horrible doute s’était emparé d’elle.

“ Où… où est ma maman ? Qu’est ce que vous avez fait d’elle ? “

Le sourire de l’homme s’élargit.

“ Je te l’ai dit, elle est avec nous, elle va très bien. Nous avons un abri pas très loin, tu y seras en sécurité, avec elle. Viens avec moi. “

Il tendit sa main vers la fillette, l’invitant à la prendre. Mais celle ci était de moins en moins convaincue. La panique et l’inquiétude la firent alors crier.

“ Vous mentez ! Qu’est ce que vous avez fait à ma maman ?! ”

L’homme commença à perdre son sourire, remplacé par un air d’agacement et d’impatience. Il fit un pas en avant peu engageant.

“  Bon écoute gamine, je n’ai pas envie de jouer toute la journée avec toi. Alors maintenant tu viens et je t’amène à ta m… “

“ Non ! Allez vous en ! “ s’écria Karine en reculant.

L’homme perdit ce qui lui restait de patience et la saisit alors par le poignet avec force.

“ Mais tu vas venir oui sale gosse ?! Tu as de la chance que je me montre si tolérant avec toi alors que ta mère nous a volé ce qui nous appartient ! “

Il commença à la tirer vers la porte d’entrée tout en fulminant. La fillette hurlait et s’agitait dans tous les sens pour se libérer. Mais la poigne de l’homme la tenait comme un véritable étau. Dans un mouvement panique elle asséna alors un coup de couteau sur la main de son agresseur qui traça une estafilade sanguinolente dans sa peau. L’homme poussa un cri de surprise autant que de douleur et fut contraint de lâcher sa captive. Karine tenta alors de lui passer devant pour fuir mais l’étranger la balaya d’une claque monumentale qui la jeta à terre en arrière. Avant qu’elle ait pu reprendre ses esprits, l’homme était déjà sur elle et serrait son cou fin de ses deux mains. Son visage était déformé par la rage à présent.

“ Foutue morveuse ! Tu vas me payer ça ! Je vais t’envoyer rejoindre ta mère, et tant pis pour la main-d’oeuvre gratuite que tu nous aurais fourni ! ”

Karine suffoquait et se débattait comme une diablesse pour échapper à ces doigts qui serraient sa gorge. De sa main droite elle tentait désespérément d’attraper son couteau qui était tombé un peu plus loin. L’air se raréfiait dans son sang et elle sentait l’inconscience embrumer peu à peu son esprit.
C’est alors qu’une ombre passa dans son champ de vision. Un feulement lui parvint aux oreilles suivit d’un nouveau cri de son agresseur et la poigne de ce dernier se desserra un peu.

“ Sale bête ! “ cracha l’homme en agitant la main qu’il avait détaché de sa victime.

Dans un sursaut de conscience et poussée autant par les réflexes inculqués par sa mère que par son instinct de survie Karine utilisa toute sa volonté pour attraper son couteau. Sans réfléchir elle frappa de toute ses forces.
Elle dût fermer les yeux lorsqu’un liquide rougeâtre jaillit sur son visage. Lorsqu’elle les rouvrit elle vit que la lame du couteau s’était plantée dans la gorge de son agresseur. Celui ci la regardait avec surprise alors que son sang s’écoulait à flots de la blessure. Il tenta de parler mais la lame lui avait traversé la trachée et il n’émit qu’un borborygme indicible. Il ne fallut pas plus d’une seconde pour qu’il s'effondre au sol, mort.
Karine se faufila hors de son entrave et observa, les mains tremblantes et l’esprit encore embrumé, le résultat de son acte.
Ses réflexes dus aux entraînements prirent alors le dessus. Elle avait appris par coeur ce qu’elle devait faire. Sans attendre, elle s’empara de son sac à dos bleu à fleur et fourra rapidement dedans quelques biscuits militaires, une couverture, un briquet, une bouteille de déodorant et sa peluche de loup. Elle mit le tout sur son dos et glissa dans une poche de sa veste le couteau militaire encore ensanglanté. Elle ne réfléchissait plus, son esprit était vide et sous choc, et seuls ses réflexes animaient encore ses gestes, guidés par les étapes qu’elle se repassait en mémoire.
Prendre le stricte essentiel.
Ne pas perdre de temps.
Masquer ses traces…
Elle saisit ensuite le bidon d’essence que sa mère gardait en réserve dans un placard et en déversa le contenu sur le sol du camping-car. En passant devant le cadavre encore inerte de son ancien agresseur elle remarqua alors quelque chose de brillant à son cou. Elle s’avança prudemment et défit tout aussi doucement le pendentif. Puis elle tira vivement dessus et se recula d’un bond. Son regard vide observa sa trouvaille.
C’était une plaque militaire qui portait le nom “Erika Echman, Sergent de l’US Marine Corps”. Le collier dont sa mère ne se séparait jamais…
Sa main trembla et elle sentit les larmes monter. Pour éviter de craquer maintenant, elle rangea l’objet dans sa poche et s’empara d’une boite d’allumette qu’elle déversa sur le sol avant de sortir. Elle alluma alors celle qu’elle avait gardé et jeta un dernier regard au camion qui avait été sa maison pendant longtemps. Lorsqu’elle lança le petit bâton enflammé à l’intérieur, les larmes commencèrent à couler sur ses joues. Elle se violenta pour tourner les talons avant que toute sa volonté ne s’effondre et courut à travers les arbres, laissant le véhicule s’embraser derrière elle…

Il fallut trente minutes de course effrénée à travers la forêt avant que ses jambes ne la porte plus et que son esprit lâche.
Elle s’effondra alors à terre. La bile lui montant à la gorge, elle ne se retint pas plus longtemps et vomit alors que tout ce qui venait de se passer la frappait de plein fouet. Elle avait tué un être humain… Elle avait reçu son sang sur la figure…
Puis une autre réalité vint l’assaillir : elle n’avait plus rien… Celon les directives que sa mère lui avaient longtemps fait répéter elle avait mis le feu à leur camping-car. Et de ce fait, elle avait perdu tous ses repères...
Les mains tremblantes et les yeux embués de larmes, elle tira de sa poche le medaillon de sa mère. Elle n’était pas stupide et savait ce que voulait dire les sous-entendut de l’étranger tout comme le fait qu’il porte ce collier… Il avait du tuer sa mère. Les larmes s’écoulérent sur ses joues en un flot ininterrompu cette fois. Vaincue par la tristesse et le désespoir, elle se recroquevilla au pied d’un grand arbre et sanglota doucement.
Ce fut un miaulement qui la ramena à la réalité quelques minutes plus tard. Elle sursauta et se redressa vivement pour se retrouver face à Nox qui ronronnait, assis à un mètre d’elle. Elle tendit la main et frotta la tête de son chat qui ronronna de plus belle et vint se lover contre elle. Une mince bulle de joie s’éveilla dans le coeur meurtri de la fillette qui se mit à sourire faiblement.

“ On dirait qu’il ne reste plus que toi et moi maintenant. “ murmura t-elle au félin.

Sa volonté revenue, elle se redressa alors et rehaussa son sac sur son dos. Alors qu’elle observait les alentours pour repérer d’éventuels rôdeurs, elle se répéta comme une comptine les consignes de sa mère.

Vérifier les alentours toutes les deux minutes.
Trouver un endroit sûr.
Rester loin des lieux habités sauf en cas d’obligation.
Chercher de la nourriture.
Masquer ses traces.
Changer d’endroit.

Ce schéma en tête, elle commença sa route et son combat pour sa survie…


“ Je m’appelle Karine Eleonora Echman. Je sais que ça sert sans doute à rien d’écrire sur cette feuille de papier que j’ai trouvé dans une grande, personne ne va la lire probablement, mais ça occupe. Ça me fait un peu oublier la faim.
Ça fait… deux mois et demi je crois que je voyage seule avec Nox, mon chat. On a parfois du mal à trouver de la nourriture et je suis parfois obligée de voler dans les campements des autres. Heureusement je suis toujours aussi forte pour me cacher et me faufiler.
La nuit, on dort souvent en haut des arbres avec Nox, c’est plus sûr, et on évite de faire du feu, même s’il commence à faire un peu frai… Je crois qu’on est en octobre ou novembre. Au moins j’ai une couette chaude.
Hier je suis tombée sur une carte de la région. Si je me trompe pas, je suis dans la forêt au nord ouest de la ville de Détroit. J’ai toujours pas trouvé où maman était allée, mais je continue à chercher sa trace. Peut être qu’elle est encore en vie. Il faut que sois sûre. Mais c’est pas facile de trouver des indices, parce que je m’approche toujours pas des gens.
J’ai croisé beaucoup d’ogres sur la route, mais ils sont lents et j’arrive à les semer facilement. Il faut juste pas se laisser surprendre.
Et puis maintenant je sais qu’il y a plus monstrueux que les ogres dans ce monde. “