Prologue : Le jour où tout a commencé « … Tu m’entends ?... Eh ! Réveille-toi, petit ! Il faut qu’on se tire d’ici. Alors tu vas te bouger un peu ! » Les mots résonnent dans la tête d’Abel. Que s’était-il passait ? Pourquoi était-il allongé, recouvert d’un prisonnier dont il manque la moitié du crâne ? Quels étaient ses derniers souvenirs avant de se prendre un mauvais coup par derrière ?
C’est vrai que tout part en vrille ces temps-ci. Entre des émeutes, des types qui bouffent d’autres types aux yeux de tous, ou encore des suspects qui encaissent les balles comme s’il s’agissait d’un léger coup. Mais tout ça, ça ne se passait qu’à la télé ! Et même si le gouvernement gardait un silence de plomb ces derniers temps, rien ne pouvait atteindre Détroit ! En dehors des délinquants de bas étages, rien d’exceptionnel n’est jamais arrivé dans les parages. Et pourtant… Lorsqu’Abel a pris son poste à 13 heures, remplaçant l’équipe du matin, il était loin de se douter qu’une révolte éclaterait dans la prison. Un taulard avait perdu les pédales, la veille, et avait mordu un gardien, ainsi que son compagnon de cellule, tous deux à l’infirmerie, en attendant qu’une ambulance viennent les chercher. C’était chose fréquente, les agressions, par ici, mais jamais à coup de morsure. Ils avaient réussi à le maîtriser et lui mettre une camisole avant de l’enfermer en haute sécurité. Le problème semblait résolu.
Mais lorsque le gardien et le prisonnier, pris en charge par l’infirmière, se levèrent et eurent un comportement similaire au forcené de la veille, la prison se mit à sombrer dans un état de siège. Les taulards se firent violent, exigèrent qu’on les libère, certains mêmes, évoquant la fin du monde, voulurent qu’on les achève. Pour Abel, on avait eu tort de leur montrer les informations de la veille. Selon lui, ça leur avait foutu des idées dans la tête.
Il était 19h32 lorsque les sirènes se mirent à retentirent. L’infirmière fut blessée, mordue à la gorge. Elle perdit tout son sang. Un autre gardien fut aussi attaqué à l’avant-bras. Abel était de service à la cantine à cet instant, avec deux collègues. Ils ignoraient tout de ce qui pouvait se passer. Ils commencèrent à organiser les prisonniers pour les ramener dans leurs cellules. Lorsqu’ils virent la démarche de leur compère, décharnée, et lâchant un râle à glacer le sang, la panique se fit palpable. William, le plus ancien des gardiens s’approche de la silhouette
« Johnny, retourne tout de suite à l’infirmerie ! » Aucune réponse compréhensible se fit entendre.
« Johnny ! » insiste le vieil homme,
« Je veux plus te voir ici ! » Mais le taulard, continuant d’avancer vers William, se lâchant sur lui en tentant de le mordre et de l’agripper aux vêtements. Tombant à la renverser devant une bonne dizaine de prisonniers, pris entre le rire et la peur, ils se turent soudainement lorsqu’une mare de sang se déversait de la gorge du gardien. Abel et Mark, fermant le cortège, ne comprirent pas ce qui se passaient aussitôt. Ils se débattirent pour rejoindre l’avant du cortège pour voir leur mentor se faire dévorer.
Ils saisirent le responsable qui se débattait, tentant de les attaquer à leurs tours. Pris de rage, Abel sorti sa matraque et assène un coup dans le crâne de ce dernier à plusieurs reprises, jusqu’à ce qu’ils deviennent inanimés. Il commençait peu à peu à réaliser qu’il venait de commettre un meurtre, mais fut stopper d’un coup derrière le crâne pas un de amis du taulard décédé.
« Mais tu vas te réveiller, oui ?! » insiste Mark près d’Abel, reprennant peu à peu conscience.
« Tout part en vrille ! Les prisonniers forcent le passage et fuis, malgré les tirs des snipers au tour de guet ! Il faut qu’on se tire. C’est la panique ! Il y a une dizaine de mort. Et je ne te parle même pas des blessés ! On peut plus rien faire ! » Abel comprit le message de son collègue, en état de choc, même s’il avait du mal à croire ce qui se passait, bien trop occupé à repoussé le cadavre du taulard qu’il avait tué un peu plus tôt.
Chapitre 1 : Les premiers signes. « Pourquoi tu complique tout à chaque fois, Abel ? C’était pourtant simple ?! je t’avais dis de continuer ton numéro et de continuer à les distraire ! » Le jeune blondinet avait les poings serrés, en entendant les paroles de son frère. Ils rêvaient tous deux de richesses et de gloire. C’était leur échappatoire depuis le décès de leur mère. Mais pas en détroussant les passants ! S’ils devaient réussir, ce serait par la force de leur labeur. Tels étaient les valeurs d’Abel. Il n’avait rien dit sur le coup à son aîné, qui plus d’une fois décidé pour eux deux. D’ailleurs, il ne le contrariait jamais. Après tout, Abel n’était que le cadet. Mais là, c’était trop. Lorsque Ryan abusait, d’ordinaire, il le sentait et savait s’arrêter, juste en regardant Abel dans les yeux. D’ordinaire seulement. Il persistait à lui faire croire qu’il avait fait ça pour eux. Que sans cet argent, ils n’arriveraient à rien. Mais le summum fut atteint lorsque Ryan lui dit une parole déplacée :
« De toute façon, t’as toujours été comme maman ! Un pleurnichard faiblard qui préfère fuir et ne pas regarder la réalité en face ! Papa a eu raison de la laisser toute seule dans son délire de tarée ! » Abel saisit le col de son grand frère en hurlant
« Ferme la ! T’as pas l’droit ! » Mais Ryan, plus grand et plus costaud, repousse le blondinet comme si de rien n’était, ce qui eut pour effet de le faire tomber sur les fesses.
« J’ai tous les droits ! Je suis le plus vieux ! Papa a raison quand il dit que t’es qu’un faible ! » Les années qui suivirent, Abel s’efforçait de tracer sa route seule, ne voulant plus avoir de moment avec son frère ni son père. D’ailleurs, quelle vie menait cette famille. Le père Jonasson, bien trop ivre à longueur de journée pour garder un emploi. Et Ryan, qui, s’entourant de malfrats, ne vit que pour cumuler bêtises et arrestation en tout genre. Abel eut du mal à préserver sa place au sein de cette famille. Aussi, dès qu’il eut atteint la majorité, il ne fit pas comme ses camarades de classe, préférant l’indépendance aux éternelles études. Il s’est engagé dans l’armée, l’une des seules vocations possibles lorsque l’on a aucun diplôme.
Il ne parvint pas jusqu’au bout de ses classes, étant dans l’obligation de choisir entre une mutation en Alaska, ou l’exclusion du corps militaire. Le choix fut vite vu. Même s’il avait de la rancœur pour son frère et son père, il ne pouvait pas les abandonner. Ils comptaient trop sur lui pour maintenir en place le peu qu’ils avaient en commun. Il effectue alors divers petits contrats, lui permettant de payer son loyer.
Les années défilèrent, laissant à Abel une certaine amertume à continuer cette vie sans emploi fixe. Il parvient à se changer les idées en menant une vie de volage, sans pour autant tomber dans la même débauche que Ryan. Ce dernier sombre dans la drogue et l’alcool, suivant la voie tracer par leur paternel. Abel tente, en vain, de leur faire prendre conscience que cela ne peut plus durer, même s’il parvient difficilement à ne pas tomber dans le vice lui-même.
Toujours en quête de se trouver une voie, Sherry, une amie qu’il rencontre dans un cirque ambulant, lui suggère d’essayer une carrière de gardien de prison. L’idée plaît à Abel qui décide de se consacrer à cet objectif.
Chapitre 2 : Le « calme » avant la tempête. « Monsieur Jonasson, votre père a été emmené d’urgence au Détroit Medical Center. Son état s’est aggravé durant le transport. Je suis désolée de vous l’annoncer, il n’a pas survécu. » informait l’infirmière au téléphone.
Les jours qui suivirent, Abel fut pris entre la préparation des obsèques son boulot, délaissant son frère, complétement abattu. Ryan commençait à s’en sortir. Il avait finalement réussi à se trouver une femme et avait même un enfant. Employé de voirie, il remontait la pente peu à peu.
Le père Jonasson fraîchement en terre, la vie aspirait à retrouver son calme. C’était sans compter la fragilité émotionnelle de Ryan. Le téléphone retentit une nouvelle fois, en pleine nuit. La pire des craintes pour Abel. « C’est… C’est ton frère. Il est devenu fou Abel ! Il s’est remis à boire et… ça fait des semaines qu’il me frappe. Je n’aurai pas appelé si… Il a levé la main sur Clarice. » Il n’en fallu pas plus pour Abel. Il enfile les premières fringues qui trainaient et fonce sur sa bécane jusqu’au domicile de son frère. Des hurlements se faisaient entendre depuis l’extérieur. Sans compter les bruits de vaisselles qui éclatent et les insultes. A mesure qu’il se rapproche, il distingue quelques propos qu’il a trop bien connu étant enfant, lorsque ses parents s’engueulaient.
« Ryan ! Arrête ! Elle n’y est pour rien ! » criait Christa.
« Ferme la ! J’en ai assez de vous voir ! Vous m’foutez la gerbe ! » rétorquait Ryan. Abel, comprenant l’urgence de la situation, ouvrit la porte à la volée, d’un coup de pied, et saisit son frère pour l’arrêter tandis qu’il martèle de coups sa fille.
« Appelle la police, Christa ! Et file chez tes parents avec Clarice ! » Ordonnait Abel.
« Si tu veux t’en prendre à quelqu’un, Ryan, j’suis là ! » Une bagarre violente éclate alors entre les deux frères. Ils ne furent séparés qu’au bout d’un demi-heure par les forces de l’ordre. Abel fut examiné par des ambulanciers, dépêchés sur place.
La nuit se finit au poste de police, pour les deux frères Jonasson. L’un derrière les barreaux, et l’autre, interrogés sur les circonstances. Abel fut bien vite relâché. Avec ce que Christa et lui avaient dit aux policiers, il y avait peu de chance pour que Ryan soit remis en circulation aussitôt. Bien sûr, le jeune homme se proposait d’héberger sa belle-sœur et sa nièce.
Les mois passèrent, et Abel parvint assez rapidement briser la glace avec Christa, qui semblait retrouver confiance en elle auprès de son beau-frère. Ryan fût envoyé en centre psychiatrique pour combattre ses addictions et ses soucis de violence. Abel peinait à obtenir une réaction de Clarice, qui s’était refermée sur elle-même. Un soir ordinaire, tandis qu’Abel rentrait du boulot, Christa et lui s’entretenir sur divers sujets comme à leur habitude :
« Tu es sûr qu’on ne te dérange pas, Abel ? s’enquit Christa,
on est ici depuis 5 mois, et tu ne nous a encore rien dit concernant la suite.
- Pourquoi vous me dérangeriez ? Cette maison est bien trop grande pour moi tout seul. Et puis même si je ramène moins de fille à la maison, ça fait du bien de voir un peu de vie dans les parages.
- Eh bien… je n’en sais rien… Tu fais tant pour nous, que quand on y réfléchit, ça pourrait être gênant.
- N’y pense pas, ce serait peut-être plus simple, répondit Abel, naturel.
- Sûrement… Tu sais, même si elle ne dit rien, Clarice t’aime beaucoup, c’est juste que ce qu’il s’est passé, c’est beaucoup pour une petite fille… » Un silence se fit, tandis qu’Abel jetait un regard vers les escaliers, menant à la chambre où dormait sa nièce. De nouveau, Christa reprit la parole :
« Au fait, je n’ai jamais su ce qu’il s’était passé pour votre mère. Ryan a toujours refusé de m’en parlé, reprit-elle.
- Il s’est toujours senti coupable. Lui et papa. Et ce n’est pas complétement sans raison. Maman était une femme simple. Un peu comme toi. Elle aimait la peinture et la musique, mais son plus grand rêve était de partir vivre ailleurs, loin de Détroit. Je crois qu’elle aurait tant aimé visiter les États-Unis avant de choisir un endroit où se poser pour de bon. Notre père ne comprenait pas ça. Il ne voyait en elle qu’une pleurnicheuse qui ne pensait qu’à le quitter. Ryan aussi l’a cru et en a voulu à notre mère. Aussi étonnant soit-il, je ne partageais pas leur avis. Quoiqu’il en soit, elle en avait plus qu’assez de voir papa picoler du matin au soir. Ou plutôt du soir au matin. Et à mesure qu’elle lui reprochait ça, il perdait peu à peu les pédales. Il nous engueulait tout le temps. Et à force de lui tenir tête, il a commencé à craquer et à frapper maman. Elle en a eu marre de tout ça. Elle a pris la voiture avec pour objectif de nous fuir. Lorsqu’elle a pris conscience qu’elle nous abandonnait, elle n’a pas supporté. Elle a écrit un mot qu’elle a laissé dans la boite à gant et a foncé délibérément contre un mur à pleine vitesse.
- …Oh mon dieu… Je suis désolé Abel.
- Ne t’en fais pas, j’ai eu des années pour me faire une raison. Et si Ryan et papa ne comprenait pas, et la rabaissaient perpétuellement, je n’ai jamais cessé d’honorer sa mémoire.
- Comment peux-tu être aussi fort alors qu’au final tu as toujours été si seul.
- Jusqu’ici, c’était pour ces deux idiots. Mais maintenant, on dirait bien que c’est pour toi et Clarice.
- Tu es si gentil avec nous, Abel. A croire que j’ai choisi le mauvais frère.
- Bah… On fait tous des erreurs. Conclut Abel.
Christa s’approcha de lui et le serra contre elle. Ç’aurait dû être une simple accolade entre un beau-frère et une belle-sœur. Mais la jeune femme s’éloigna pour l’embrasser. La nuit suivant cet instant fut d’ordre physique et passionnel à la fois.
C’est ce matin-là qu’Abel reçut un appel de la prison. Il devait remplacer un de ses collègues, blessé la veille par un prisonnier, mordu au visage.
Chapitre 3 : Abel et Caïn. « Faut qu’on se tire d’ici, Abel ! et vite ! » hurlait Mark. L’épidémie, annoncée dans les journaux, et dont on entendait parlait à chaque coin de rue, était là. S’extirper de la prison ne fut pas mince affaire. Mais le plus difficile fut encore de trouver un abri. La ville était sens dessus dessous. Les gyrophares éclairaient les bâtiments de toutes parts. Et les sirènes retentissaient à chaque carrefour. Des cris, des hurlements, des pleurs et des râles résonnaient dans tout Détroit. Il fallait se trouver un coin et vite. Mark et Abel déterminèrent que le mieux à faire était de rester grouper. Ils se faufilèrent au travers des émeutes et autres carnages, avant de se réfugier dans un vieux bar désaffecté.
Si l’envie d’Abel était de sortir de cet endroit et de retrouver Christa et Clarice, la raison reprenait le dessus, il devait attendre que ça se calme. La nuit fût sans sommeil. Bien qu’allongé dans l’obscurité la plus complète, ils entendaient des râles morbides, et des bruits de chairs que l’on arrache. Cela lui rappelait la boucherie, dans laquelle il avait travaillé. C’était plus fort que lui, il devait voir ça de ses propres yeux. Il s’avançait discrètement vers la porte, pour jeter un œil au travers des planches clouées sur cette dernière. Des hommes dévoraient d’autres hommes. Certains de ses cannibales étaient en si piteux états qu’il semblait impensable de survivre après ça. Des jambes arrachées, les tripes à l’air, des moitiés de visages manquantes, Abel ne put se retenir de vomir, tant l’image était horrible. Certaines des personnes qui avaient été dévorées et avaient succombés, se relevaient pour venir grossir les rangs des cannibales. Ainsi, ils étaient morts et revenaient à la vie.
Le blondinet regagna sa couchette de fortune, l’esprit torturé par ce qu’il venait de voir. L’inquiétude pour Christa et Clarice grandit encore. Il se mit à faire le lien. Toute personne mordue et succombant à ses blessures, revient à la vie pour se nourrir. Mais il avait réussi à en arrêter un dans la prison. Ce taulard. Il lui avait brisé le crâne. Ainsi, il comprit leur point faible. Le cerveau. Mais comment se transmettait la maladie ? Etait-ce par le sang ? L’air ? La salive ?
Au petit matin, le plus gros des morts avaient décampés, laissant place au chaos. Abel et Mark se décidèrent de faire une percée. Ils devaient se séparer pour rejoindre tous deux leurs familles, avant de se rejoindre aux abords de la ville. Ils savaient qu’ils auraient dû être attentifs aux informations. Ils se seraient préparés. Ils auraient fui les métropoles pour se réfugier en rase campagne.
Lorsqu’Abel parvint à piquer une voiture, il se rendit directement chez lui, espérant y trouver sa famille. Mais sur le pas de la porte, l’inquiétude le gagna de nouveau. Elle avait été défoncée. En pénétrant dans la maison, il découvrit un sombre spectacle. Une traînée de sang dans l’entrée semblait provenir du salon pour aller jusque dans la cuisine. Des traces de pas avait marqué le sol de ce même sang. Abel s’avançait prudemment et vit Christa, au sol, le visage ensanglanté et gonflé de coup de poings. Elle s’était vidée de son sang, tenant fermement son ventre, morte. A ses côtés, il découvrit les pieds de celui qui avait laissé les empreintes au sol. Son regard remonte le long de la jambe puis du buste avant de s’arrêter sur le visage : celui de Ryan.
Ce dernier tenait en sa main un couteau. Il avait dû profiter de la panique pour s’évader de l’unité psychiatrique dans laquelle il se trouvait.
« Elle m’a trahi, Abel. Tu peux le comprendre, ça, non ? Elle a fait comme maman. Et toi aussi tu m’as trahis ! » Abel senti la hargne monter en lui, en entendant les propos de son frère. Il lui fonce dessus, le plaquant contre le mur, et le désarmant. C’est de nouveau cette bagarre qui éclate. La même qui s’était déroulée quelques mois auparavant et qui n’avait pas finis. A force de coup, Ryan finit par s’effondrer au sol. Abel se mit à califourchon sur lui et continuait de le marteler. Coup après coup, il sentir ses mains devenir douloureuse, mais la hargne ne pouvait l’arrêter.
« Papa… ? » La voix de Clarice se fit entendre depuis l’entrée. Elle se tenait sur le pas de la porte, agrippant son doudou contre elle, effrayée par le spectacle qu’elle venait de voir. Abel ne pu continuer, s’adossant contre un placard, et lâchant un hurlement de douleur –non pas physique, mais psychique. Clarice s’avança. Ryan rouvrit ses yeux cachés sous les hématomes, et se mit à regarder Clarice
« Je suis revenu, ma chérie, je suis… » la petite fille se mit à pleurer, reculant de nouveau, apeurée à l’idée que son père soit de retour.
Mais les lugubres retrouvailles prirent fin avec de nouveau ce râle macabre. Abel rouvrit les yeux et vit le corps de Christa s’animer pour agripper celui de Ryan. Abel se remit sur pied rapidement, attrapant au passage le couteau que Ryan avait utilisé pour poignardé Christa. La fin, il la connaissait. Le corps de sa bien-aimée allait se repaître. Il traverse la cuisine et attrape Clarice à la volée qui enfouis son visage au creux du cou de son oncle. Abel file jusque dans le garage où il s’enferme, afin de protéger la petite. Les hurlements de Ryan se font entendre. Même s’il n’est pas présent, Abel visualise parfaitement la scène. Il attrape son sac de randonnée dans lequel il fourre des affaires. Parmi celles-ci se trouve son colt de l’armée qu’il avait préservé.
Il met son casque sur la tête de Clarice et la soulève pour la poser sur la moto. Il grimpe derrière elle, et lui dit de fermer les yeux. La petite fille s’exécute, sans cesser de pleurer. Abel active la télécommande pour ouvrir le garage, avant de démarrer la moto et de fuir loin de la maison.
Chapitre 4 : Une nouvelle (sur)vie. « Ton nom ?!... TON NOM, BORDEL !?! » Ordonnait l’homme, armé d’un fusil braqué sur Abel. Ce dernier, à genoux, les mains derrière la tête, arborant un large sourire. Avant de répondre
« Mark. » Il se permit même de rire.
« Qu’est-ce-qui te fait marrer ?! » Questionne de nouveau l’homme.
« C’est la fin du monde, et tu me demande mon nom. » Abel et Clarice roulèrent une bonne heure avant d’arriver au point de rendez-vous définit par Mark. Le moteur coupé, l’oncle et sa nièce restèrent muet la fin de matinée, ainsi qu’une bonne partie de l’après-midi. Lorsque le soleil se mit à chuter dans le ciel, Abel se décida à agir. Il ne pouvait pas rester ici à rien faire, sur cet air de bord de route, entouré d’arbres. Il se mit à ramasser tous les branchages assez secs pour les réunir au centre, en vue de faire un feu, lorsque la nuit se serait installé. Ç’aurait dû être provisoire. Un simple campement en attendant son ami et collègue. Cela dura plusieurs jours, vivant sur des provisions qu’il avait amassées avant de fuir la maison.
Au bout de cinq jours, Clarice rompit enfin le silence :
« Pourquoi maman s’est relevée ? Je l’ai vu mourir.
- C’est comme ça, maintenant. Les gens ne meurent plus vraiment et reviennent à la vie pour… Le silence se mit à peser dans la conversation. Devait-il lui dire la vérité ? Ou préserver son innocence ? La préparer à vivre un enfer ou l’affaiblir d’un mensonge ? Ce qui l’a rendu aussi débrouillard, c’était la noirceur de la réalité. S’il voulait qu’elle ait une chance de survie, il devait lui faire prendre la même voie.
« Les gens ne meurent plus et deviennent une de ces choses, ces…cannibales. Ils se dévorent entre eux. Et ceux qui survivent, vont sûrement perdre pied.
- Mais pas toi, hein ? Tu ne vas pas devenir fou comme… Papa… ?
- Je te le promets ma puce. J’ai une raison de me battre que ton père a oublié.
- C’est quoi ?
- Toi. Et il va falloir que tu apprennes à te battre aussi, que tu apprennes à survivre car on ne sait pas ce qu’il peut m’arriver, dans cet enfer…
- Mais Abel, je n’ai que 9 ans !
- Ces… Choses s’en fichent pas mal. » Le reste de la journée, Abel expliquait à Clarice ce qu’il avait vu et comprit en observant les morts, et en voyant les prisonniers perdre les pédales. Ce fut dur pour elle, mais elle semblait comprendre elle aussi. Ils avaient vécu tous deux tant de noirceur, et ce, avant cette fin du monde. Elle fut une élève assez docile, et encline à apprendre des techniques de survie. Ils définirent un plan pour la suite des évènements, car ils comprirent que Mark ne viendrait jamais.
Ils se mirent en quête de nourriture et de carburant, puis d’un endroit relativement confortable où s’installer. Ils trouvèrent une station-service, fraîchement abandonnée. Ils ne savaient pas trop où cela allait les mener, mais ils survivaient. Ils restèrent quelques temps dans le rade, avant de devoir de nouveau bouger pour un autre endroit. Les semaines succédèrent aux mois. Clarice avait troqué son ours en peluche pour un couteau, tandis qu’Abel avait appris à économiser ses munitions pour utiliser ce qu’il pouvait trouver : barres de fer, pierres, pic à glace… Tout ce qui était suffisamment costaud ou pointus pour détruire des cerveaux.
Si Clarice devenait experte pour s’infiltrer dans les espaces réduits et se déplacer silencieusement, Abel améliorait ses techniques de combats, dépoussiérant ses vieux cours de close combat de l’armée, et inventant de nouvelles techniques comme le broyage de cerveau par semelle de bottes. L’un sans l’autre, il ne pouvait survivre. Elle devenait son tout, il était son protecteur.
Ils vivaient çà et là, allant d’une cachette à l’autre. Il leur suffisait d’un rien pour se créer un abri. Abel avait décidé de stationner sa moto dans un garage, recouverte d’une bâche. Cela devenait de plus en plus difficile de se trouver de l’essence. Il préférait la garder sous le coude dans le cas où ils devraient fuir la ville. Il privilégiait les voitures, qui offraient à la fois refuge et mobilité. Rien ne semblait atteindre ce duo loufoque. Et pourtant…
Chapitre 5 : Cauchemars d’outre-tombe. « Si ça te fait marrer qu’on te demande ton nom, j’ai un truc qui va te faire exploser de rire ! » ajoute l’homme, qui s’approche dangereusement d’Abel.
« Quel est celui de la petite qui se cache à l’arrière de la voiture ? » Le blondinet se mit à se questionner : comment savait-il que Clarice était là ?
« Eh oui ! On est au courant pour ta petite protégée, Abel ! Mais apparemment, toi, tu ne sais pas grand-chose, pas vrai ? » Cette dernière voix n’émanait pas de l’homme-au-fusil, mais le ton familier provenait de derrière. Abel se lève et se retourne, ce qui provoque chez l’homme armé et ses compères un réflexe de mise en garde. Le tenant en joug.
Borgne, une main en moins, un sourire sadique. Même si cela semble irréel, ce visage qu’Abel connaît bien, n’est autre que celui de Ryan.
« Surprise, frangin ! Tu n’as pas l’air heureux de me revoir. » dit-il d’un air ironique.
« Eh oui, je te remercie pour l’œil, petit frère, ça m’a permis d’apeurer pas mal de monde ! Tu devrais voir leur tronche, lorsque je les fixe ! » Ryan se mit à éclater de rire avant de reprendre son sérieux.
« Il est grand temps que Clarice retrouve son papa ! Mais avant toute chose, sache que tu n’aurais jamais dû me trahir de la sorte, Ab. Christa savait qu’elle avait fait une connerie en m’annonçant qu’elle voulait partir. Elle en a payé les frais. Deux fois en plus ! Je peux t’assurer que lorsque j’ai éclaté sa caboche pour la deuxième fois, j’ai pris autant de pied qu’en lui enfonçant ce couteau dans la poitrine. Surtout quand son cerveau a commencer à gicler dans tous les sens ! » Si le rire rauque de Ryan déchirait le silence de plomb, ses propos étaient parvenus aux oreilles de Clarice qui sortit de la voiture comme une furie, couteau en avant. D’une gifle, Ryan mit la petite fille à terre, la désarmant complétement, ce qui provoque chez Abel une nouvelle crise de rage. Les trois hommes armés derrière lui le neutralisèrent d’un coup de crosse dans la nuque, ce qui eut pour effet de faire tomber Abel dans un état de semi conscience, animé uniquement par son esprit de rage. Ryan agrippa le poignet de sa fille, se débattant, et lui mit une seconde gifle pour la sonner à son tour. Il la plaça sur son épaule comme un vulgaire sac, avant de retourner son petit frère à l’aide de son pied.
« Tu vois, petit frère, je réserve bien des surprises. Lorsque je suis entré dans ce garage, je venais d’en finir avec ma très chère femme, et je comptais m’occuper de toi. Mais je crois que cet enfer va te punir à ma place. Quant à moi, je vais bien m’occuper de ma petite. Je risque de devoir la redresser à ma manière. Tu as l’air de l’avoir bien dressée contre moi. » Continuait ce borgne, tout en se saisissant de l’arme d’Abel.
« Tout est de ta faute » parvint à lâcher Abel, toutes mâchoires serrées. Ryan pointe l’arme du blondinet vers son ventre avant de tirer une unique balle, provoquant chez le jeune homme un cri de douleur.
« Cette balle, c’est pour m’avoir trahis. Mais pour te prouver à quel point je suis généreux, je ne vais pas te laisser sans défense ! » finit Ryan, accompagné d’un rictus sadique. Il jette l’arme à côté d’Abel avant de se retourner et s’éloigner doucement.
Abel se saisit de son colt, tentant de viser son frère, mais son état de faiblesse provoquait des tremblements, ne lui assurant pas un tir correct. Il ne put se résoudre à presser la détente, ne voulant pas risquer de blesser Clarice. Au lieu de cela, il parvint à ramper jusqu’à la voiture et se hisser dedans avant de s’y enfermer. Il se fit un pansement de fortune, avec son t-shirt et sa ceinture, afin d’éviter l’hémorragie. Par chance, Ryan n’avait pas dû viser avant de tirer. Aucun organe n’eut été touché. Et la balle avait traversé le flanc d’Abel. Il avait une chance de survie s’il trouvait de quoi se retaper. Mais il sombra peu à peu dans l’inconscience dû à son état de faiblesse.
Chapitre 6 : You are my sunshine. « You are my sunshine, my only sunshine.
- Sors de là, sale petit !
- Non ! Laisse le, Georges ! Il n’y est pour rien, c’est de ma faute !
- You make me happy when skies are grey…
- Tu vas voir s’il n’y est pour rien ! » La porte du placard s’ouvrit en grand, et Abel fut tirer par les cheveux par son père, malgré que sa mère tente de l’en empêcher.
« Ce sale petit con n’a pas à me manquer de respect de la sorte ! Je vais lui montrer qui est le chef ici ! » Les coups de ceinturon déferlèrent sur les fesses d’Abel, qui tentait de continuer de chanter la comptine que lui avait appris sa mère, malgré ses pleurs.
« You’ll never know dear, how much I love you… » Un cri de douleur arracha Abel de son état d’inconscience. Cette foutue bagnole. Tout ce qu’il venait de voir n’était qu’un souvenir, hantant son subconscient. Trois rôdeurs tentaient de griffer les vitres de la bagnole. Les pics de douleurs lui lançaient dans ventre.
« Merde ! Il y a quelqu’un dans cette caisse ! » Abel était trop faible pour réagir à cette voix féminine, sombrant peu à peu de nouveau.
La table était dressée par Evie, mère et épouse aimante. Il y avait quatre assiettes, avec devant chacune d’elle, une serviette sur lesquels étaient inscrits des prénoms. Abel et Ryan aimaient bien se lancer des défis. Celui de ce soir, était de faire une blague à leur père en prenant sa place. Abel avait donc remplacé sa serviette avec celle de son père.
Lorsque l’homme voulut prendre place et qu’il vit ça, il soupira, déversant une vapeur d’alcool que l’on pouvait sentir depuis le placard où Abel s’était planqué, pour pouvoir observer la scène discrètement. Il ne s’attendait pas à voir une rage pareille pour une serviette. Pourtant, son père fut pris d’un spasme violent, retournant la table d’un grand coup de pied.
« Où est-il ?! » Hurlait l’homme.
« Où est ce petit con ?! » Evie pénétra dans la pièce, comprenant très vite qu’il en avait après Abel. Ryan avait dû le défier de faire un truc qui allait énerver le chef de famille.
« Laisse le, il n’y est pour rien ! » dit Evie, effrayée, avant que Georges ne fasse quelque chose de déraisonné.
« Ferme la ! » répondit-il, lui assénant une violente gifle. Si Abel avait un large sourire aux lèvres, en attendant de voir la réaction de son père, c’était les larmes qui commencèrent à couler sur ses joues.
Abel rouvrit les yeux doucement. Il ne savait où il était. Cela ressemblait à un genre d’hôpital. Il était allongé sur un truc froid. Une table sans doute. En relevant la tête, il vit que son t-shirt avait été ôté pour un pansement beaucoup plus propre. Il tente de se redresser. Mais la douleur le clouait dans une position allongée.
« Détends toi. Tu n’es pas en danger. Ou plutôt tu ne l’es plus. Nous t’avons ramené ici pour te soigner. Bienvenue au labo. » Abel parvint à déterminer l’origine de la voix féminine qui lui parlait.
« Je m’appelle Mathilde. Je suis en quelque sorte la chef des gens qui t’ont trouvé. Oh, excuse-moi… Je pense que je n’ai plus besoin de ça… C’était au cas où… » Elle ne finit pas sa phrase, préférant déposer un couteau le comptoir à proximité d’elle.
« Tu n’as aucune raison d’avoir peur de nous. Donne-nous une bonne raison pour que nous n’ayons pas peur de toi, et tu te feras rapidement une place par ici. Ou alors tu pourras finir de te rétablir pour continuer de te prendre des balles, au choix… » Abel sourit, réussissant enfin à s’asseoir sur la table sur laquelle il était.
« Je m’appelle Abel.
- C’est un bon début, j’imagine. Et si tu me parlais un peu de ce qu’il s’est passé ? Comment t’es-tu retrouvé dans cette caisse ?
- C’est une longue histoire…
- J’ai tout mon temps ! Abel se mit à réfléchir un instant. Il aurait besoin de l’aide de ce groupe pour se remettre sur pied. Puis faire partie d’un groupe, ça plairait sûrement à Clarice ! Car c’est sûr qu’il ferait tout ce qui est en son pouvoir pour la retrouver. Commencer par vider son sac, ça pourrait sûrement l’aider à organiser ses pensées et évacuer cette rage.
« Tout a commencé il y a des dizaines d’années… »King M.• Prénom : Max
• Âge : 25 ans
• Comment as-tu connu le forum ? : Via une recherche google
• Autorises-tu le staff a tuer ton personnage en cas de départ ? : Oui
• Code règlement :