S’il y a une chose que je déteste vraiment, c’est bien la campagne. Je pense que cet endroit ne me réussit pas, voir pire, que je suis maudit dès que je suis loin des buildings rassurants de la ville. Je ne dis pas ça seulement parce qu’avec mon arc je fais des brochettes de morts mais que je ne suis pas foutu de tirer un p’tit lapin ou un piaf, non, c’est juste stressant que de comprendre que des morts peuvent débouler de tous les coté en même temps, par de murs, pas de portes ni de fenêtres pour se réfugier, juste des arbres ridicules…  Bref, je n’aime pas la campagne.

Sauf qu’on ne choisit pas où on tombe à sec et que forcement, quitte a ce que ça m’arrive, il fallait bien que ça soit dans le trou du cul du monde loin de ce qui me rassure. Tout ça pour une putain d’aiguille sur un cadran qui n’a pas fait son taff ! Je pensais avoir de quoi rouler encore pas mal de miles avant la panne sèche. Autant dire que quand ma caisse s’est arrêtée en toussant, j’ai failli démonter le moteur avant de capter que c’était juste une panne d’essence.

C’est donc à pieds que j’avais traversé la campagne, les nerfs à vif, pour trouver des véhicules à siphonner, le jerricane à la main. Là encore dans la catégorie poissard, j’avais fait fort, mais pas mal de flèches en moins et des bonnes heures de marches en plus, j’étais sur le retour vers ma bagnole. J’avais perdu pas mal de temps à cause d’un petit groupe de survivants qui semblaient avoir sacrement pété une durite. Visiblement, ils étaient en train de faire bouffer un type par des moisis qu’ils avaient mis en laisse. Des vrais tarés, surtout quand le braillement du type et le barouf festifs qu’ils faisaient ça allait attirer tous les moisis à l’horizon.

J’avais pris soins de bien les contourner, peu désireux de faire leur connaissance de plus près. Sauf que la nuit était tombée plus rapidement que je ne l’avais espéré et qu’il m’était difficile de savoir où j’avais foutu ma putain de caisse !!

MAIS QUE JE HAIS LA CAMPAGNE BORDEL DE MERDE !!

Il était hors de question que je dorme à la belle étoile, entre les moisis et les tarés pas loin, il fallait que je trouve ma voiture coute que coute.

En fouinant je tombe sur un duo en mode soirée au coin du feu. J’hésite… après tout, je les connais pas et je m’en fous qu’ils se fasse bouffer ou toper par les dingues. Et puis, ils le sont d’être eux aussi ?

Je soupire en me maudissant d’être aussi con, mais je ne peux pas les laisser ici sans les prévenir de ce qui rode pas loin.

Je m’approche doucement, haïssant encore plus la campagne quand une branche craque bruyamment sous mes pieds et que l’un des deux, une femme visiblement, se redresse tel un chien de prairie, l’arme à la main avec un :

« Qui êtes-vous ? Et que faite vous là ? »

Génial, c’est vraiment une soirée merveilleuse. La deuxième personne semble émerger: un mec. Super, je crois que je viens de déranger un p’tit couple. J’hésite une minute entre me barrer, jouer au con ou essayer la méthode civilisée. Pour une fois, la raison l’emporte: si on se fout dessus maintenant, ça va attirer tous ce que je me tue a éviter depuis des heures.

Je m’approche du feu, l’arc en bandoulière mais aucune autre arme visible. J’essaye de lever les bras aussi haut que mon jerricane me le permet pour leur montrer, qu’a priori, je ne serais pas armé. Il y a plus qu’à espérer que je suis avec des gens normaux.

« Tout doux Bonny et Clyde, je ne suis pas armé et si je vous cherchais des poux, croyez-moi que ça serait déjà fait. Je suis juste un poissard en panne d’essence qui cherche sa caisse… »

Et qui a l’air d’un gros con, revenant de ses courses, qui n’arrive pas à retrouver sa bagnole sur le parking du super marché. Mais bon, de toute façon il vaut mieux passer pour un débile que de devenir une passoire ou un hors d’œuvre a moisis.

« Par contre les tourtereaux, je ne veux pas faire ma Cassandre, mais à votre place j’éteindrais ce feu et je me trouverais un autre petit nid pour roucouler, il y a des trucs pas terribles et pas encore morts qui trainent dans le coins… »