Ink on the skin, feels in the flesh
Juliet & Lïnko
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Paisiblement occupé à ouvrir un maigre lapin, l'islandais frottait la lame de son couteau contre les os blanchis de sa prise, gambadant autrefois innocemment dans la nature, avant de se faire bêtement étrangler par un collet bien posté. Assis en bord de table afin de pas foutre du sang partout, la barbu se pencha pour faire basculer les entrailles du lagomorphe dans un seau métallique, qu'il viderait gardait comme appât pour une opération ultérieure. Ça lui rappelait étrangement les jours de chasse au loup qu'il avait passé avec Leïa, il y a de ça bientôt deux semaines, maintenant.  Enfin bref. Saisissant le jumeau du premier lapin, les yeux froids du barbare fixaient les pattes duveteuses de l'animal, avant d'abattre sa hache afin de les sectionner. Aux deux coups secs, Nanna secoua tête, et recula prudemment. Bien qu'il ait les mains sanglantes, il esquissa un sourire amusé avant de gratouiller ses oreilles. Peu intéressée, la biquette sauta de la table (oui, elle avait quelques privilèges...) pour s'étaler au coin du feu qui crépitait fébrilement.

Plusieurs minutes de dépeçage plus tard, alors qu'il rassemblait les morceaux de viande pour les déposer à l'endroit le plus frais de la pièce, c'est à dire sur le rebord de la fenêtre, Ice sembla apercevoir une silhouette haute et fine. Merde ! Elle est déjà là !? En quelque sorte gagné par la panique, le blond fit volte face, avisant le tiers de table souillé d'un liquide rouge et de morceaux de fourrures peu engageants. Juste à gauche de la scène de crime, sa hache était fidèlement planté dans le bois, et non loin restait son couteau en acier trempé. Fais chier. D'ailleurs, fallait qu'il pense à arrêter de planter sa hache n'importe ou. Cette table, en bois moderne, était clairement pas faite pour être assaillie de la sorte. Des coups légers furent donnés à la porte, aussi Lïnko sursauta légèrement avant d'esquisser une rapide moue. Trop tard pour faire un peu de ménage. Tant pis...

Ouvrant la porte, il afficha un grand sourire en rencontrant le regard de Juliet. C'était toujours un immense plaisir de la voir. Vraiment. Les deux s'étaient retrouvés il n'y a pas si longtemps que ça, après une douloureuse péridoe de silence... Depuis, tout semblait revenir à la normale, voir limite mieux qu'avant. Peut être s'étaient-il éloignés pour mieux se retrouver ?
Au moment ou le survivant allait machinalement poser la main sur l'épaule de la brunette pour lui faire la bise, il se rendit compte que ses mains étaient pleines de sang. Les regardant un instant, il haussa les épaules et adressa un sourire mi-désolé mi-amusée à la jeune femme. « Sympa l'accueil, pas vrai ? » se penchant pour déposer un innocent baiser de bienvenue sur le front, en prenant garde de ne pas la tâcher, il s'écarta de l'entrée pour l'inviter à entrer. « Excuses, j'ai pas trop fait gaffe à l'heure. Ça va depuis la dernière fois ? »

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Spoiler:

Tout comme les jours précédents, Juliet avait attendu que Maddie quitte leur maison pour aller prendre son poste à l’armurerie, pour quitter sa chambre. La brune avait beau essayer de tout faire pour pardonner sa meilleure amie, elle n’arrivait pas à oublier, à aller de l’avant. Et passer tous les jours devant la chambre désormais vide d’Eulalie ne permettait en rien à la brune de pouvoir calmer sa colère. Elle n’en revenait toujours pas que la rouquine ai pris la décision de vider la chambre de sa fille de ses affaires, sans même prendre la peine d’en parler avec Jules. Pire, elle avait manigancé dans son dos, et Juliet s’était faite avoir comme une bleue. Depuis, inutile de dire que les relations entre les deux jeunes femmes s’étaient dégradées, au point qu’elles n’arrivaient presque plus à se parler. Du moins, c’était la brune qui éprouvait des difficultés à parler à Maddie, il fallait bien l’avouer. De toutes façons, Jules faisait ce qu’elle pouvait pour éviter au maximum son amie de toujours, se cloîtrant dans sa chambre, ou bien quittant carrément la maison, préférant ne pas tomber sur son amie au risque de dire des choses pas sympas qu’elle risquait fortement de regretter par la suite.

Juliet avait largement profité de l’invitation lancée par Lïnko, qui lui avait dit qu’elle pouvait venir chez lui quand elle le voulait, et elle ne s’était pas fait prier, le prenant au mot, trouvant refuge dans sa maison aussi souvent qu’elle en ressentait le besoin. Et c’était plaisant. Passer du temps avec l’islandais se révélait étonnement ressourçant et apaisant, tout ce dont la brune avait besoin ces derniers temps. Voilà pourquoi lorsque le jeune homme lui avait proposé de passer chez elle, un peu plus tard dans la journée, Juliet avait accepté en un clin d’œil, sans même y réfléchir deux secondes. Elle avait enfilé des vêtements chauds, puis avait enroulé une grosse écharpe autour de son cou avant de quitter la maison où elle vivait avec Maddie, qui ne devait pas tarder à rentrer. Jules marcha d’un pas rapide dans Fort Hope, jusqu’à rejoindre la maison de son ami, sur la porte de laquelle elle frappa quelques brefs coups pour annoncer son arrivée.

La brune n’eut pas à attendre longtemps que la porte s’ouvrit sur le visage de Lïnko, qui lui offrait un large sourire, auquel Juliet répondit presque immédiatement d’un fin sourire. « -Salut ! »Elle était vraiment contente de voir le blond, et n’avait donc pas à se forcer pour lui témoigner le fait qu’elle était contente d’être là. La jeune femme ne tarda pas à aviser les mains couvertes de sang de l’islandais, qui s’amusait de la situation, et elle esquissa une moue amusée à sa petite remarque. Un nouveau petit sourire étira la bouche de Juliet lorsqu’elle sentit les lèvres de Lïnko se poser sur son front, dans un geste qu’il n’avait jamais eu pour elle jusque-là, mais qui n’était pourtant en rien désagréable. Le jeune homme finit par se décaler de l’embrasure de la porte pour laisser Juliet entrer dans son chez lui, ce qu’elle ne tarda pas à faire, tandis qu’il s’excusait en disant qu’il n’avait pas vu l’heure tourner. D’un coup d’œil, la brune embrassa la pièce, y découvrant ce que son ami était en train d’y faire avant sa venue, et qui expliquait l’état de ses mains. Elle y découvrit sur la table des traces de sang qui devait appartenir à un lapin, si elle se fiait aux restes qui traînaient. Elle s’imagina parfaitement sa mère, la défenseuse des bonnes manières, s’offusquer de voir la hache de Lïnko plantée dans la table du salon, qui avait dû coûter une petite fortune. « -Je vais bien…tout va bien. » Ce n’était sans doute pas l’exacte vérité, mais c’était le parti que Juliet avait décidé d’adopter. S’apitoyer sur son sort ne servait à rien. Elle ne tarda pas à retourner au jeune islandais sa question, lui demandant à son tour si tout allait bien. « -Tu sais, si c’est pas le moment, je peux repasser un peu plus tard… » Elle ne voulait pas tomber au plus mauvais moment, ou arriver comme un cheveu sur la soupe, et elle pouvait très bien revenir à un autre moment de la journée si cela arrangeait son ami. Après tout, ce n’était pas comme si son agenda était surbooké.

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Même s'il aurait préféré l'accueillir dans de meilleures conditions, Lïnko était content de recevoir Juliet. Elle s'était montrée souriante dès son arrivée, et ça lui faisait vraiment plaisir... Au vu de la période difficile qu'elle traversait, suite au départ prématuré de sa fille unique, c'était en quelque sorte un miracle de cerner de la sincérité sur son visage détendu. Pendant qu'elle entrait, le barbu s'éloigna un instant pour se rincer les mains, quand même un peu embêté de se présenter les mains en sang. Le contact de l'eau de neige fondue était agréable, et rafraîchissant. Un peu comme la présence de la jeune femme. Cette dernière avait répondu positivement, quand il lui avait demandé comment elle allait. Bien sûr, il savait que ce n'était qu'une formule d'usage, et non la vérité, mais il savait également qu'il n'était ni utile, ni judicieux de creuser sur le sujet.

De retour auprès de son invitée, il haussa les sourcils en rigolant doucement.
« Tu rigoles j'espère ? Tu crois vraiment qu'un type comme moi est débordé de visite ? Nan, bien sûr que non, tu me déranges pas. » D'autant plus qu'ils s'étaient retrouvés il n'y a pas si longtemps que ça, et que l'islandais appréciait sincèrement la présence de Juliet. C'est vrai qu'il s'était senti un peu incertain, en lui proposant de venir chez lui un peu plus tôt dans la journée. Mais maintenant qu'elle était là, il pensait qu'elle était tout aussi contente que lui, alors c'était parfait. Désignant le carnage d'un signe de tête, il ajouta « Ils ne risquent plus de se sauver, maintenant. Et puis, j'ai prévu pour deux, donc en fait, t'as pas vraiment le choix de rester ou non... » Il plaisantait, bien sûr. Pour rien au monde, il n'aurait forcé la jeune femme à rester.

Le souvenir du pourquoi de l'invitation revint subitement à la mémoire du Nordien. Il y a quelques jours, il avait surprit Juliet en plein dessin. Vraiment étonné de son talent, bien qu'il ait connaissance de son passé d'artiste, il lui avait part d'un projet un peu étrange : repasser les zones estompées de ses tatouages. Si la dessinatrice ne s'était pas montrée réticente à cette idée, le barbare voulait quand même s'assurer qu'elle soit toujours d'accord... Après tout, elle avait peut-être simplement plus ou moins répondu oui par gentillesse, par peur de le froisser. « Dis... Tu te souviens du service que je t'avais demandé, après t'avoir vu faire des croquis...? » Les yeux brillants comme ceux d'un gosse, il poursuivit avec un sourire non dissimulé. « Je t'ai trouvé de quoi me torturer un peu. Pas du matériel de pro non plus, mais ça devrait faire l'affaire... »

Ne pouvant s'en empêcher, le guerrier s'empressa d'ouvrir l'un des tiroirs d'une commode faite du même bois que la table, pour en sortir une petite pochette plastique contenant une aiguille, et un pot d'encre de chine. S'approchant de Juliet, il saisit doucement l'une de ses mains pour y déposer les trouvailles qu'il avait faite il y a quelques jours. Une aubaine, en soi, surtout pour l'encre. Attendant la réaction de son amie avec impatience, il plissa les yeux, se gratta nerveusement la barbe, pour finalement demander « T'en penses quoi...? »

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Spoiler:

Juliet avait fini par faire une nouvelle fois face à Lïnko, tandis que ce dernier se rapprochait d’elle pour lui confirmer qu’elle ne le dérangeait pas, et qu’il n’avait visiblement pas souvent l’occasion d’avoir des visites à domicile. Elle esquissa un petit sourire amusé « -Tant mieux alors, parce que j’avais pas trop envie de repartir ! » Elle n’avait pas envie de rentrer chez elle, et de tomber sur Maddie. Ne pas la voir du tout était plus simple, ça lui permettait d’éviter toute prise de bec inutile. Jules suivit le regard azur du jeune homme qui se posa sur la table, tandis qu’il lui laissait entendre qu’il avait prévu à manger pour deux, et qu’elle ne semblait pas avoir d’autre option que de rester pour partager son repas avec lui. «-Bon…et bah, si j’ai pas le choix, je vais faire avec… » Elle haussa une épaule, et essaya de prendre un air dépité et résigné, en vain, puisqu’un petit sourire en coin étira ses lèvres sans son consentement. Il se donnait vraiment beaucoup de mal pour être sûr que Juliet mange un peu, et c’était plutôt touchant.

Jules plissa doucement les yeux en entendant l’excitation dans la voix de Lïnko, tandis qu’il lui parlait de la conversation qu’ils avaient eu lors de la dernière visite de la jeune femme. La brune était venue avec son carnet à dessins et ses crayons, étonnée de se rendre compte que depuis son anniversaire, et la Téquila qu’elle avait bu sans compter, elle était capable de gribouiller de nouveau quelques petits trucs. Ses dessins étaient plutôt loin de ce qu’elle avait su faire au plus haut de son art, mais pour quelqu’un qui n’avait plus touché un crayon de papier depuis des mois, Juliet avait trouvé que ce n’était pas si mal. L’islandais, lui, avait eu l’air plutôt impressionné par le talent de la jeune artiste, au point qu’il avait fini par lui demander de lui rendre un service qu’elle n’avait pas vu venir. Il avait semblé hésiter quelques instants, avant de finalement vendre la mèche, et de lui demander si elle acceptait de retoucher ses tatouages. Sur le coup, elle avait accepté sans même y réfléchir vraiment, sans doute par peur de froisser le blond.

Mais à présent, elle ne pouvait qu’écouter Lïnko lui dire qu’il avait trouvé le matériel dont ils allaient avoir besoin pour l’opération, et le regarder aller farfouiller dans sa commode. Il avait l’air surexcité comme un gosse, ce qui était plutôt mignon, Juliet ne l’ayant jamais vu comme ça. Elle se laissa faire, tandis qu’il lui attrapait la main, pour y déposer doucement ses trouvailles. D’un coup d’œil, la brune observa un petit pot, de l’encre probablement, ainsi qu’une aiguille qui paraissait gigantesque. Jules releva son regard vers lui quand il lui demanda ce qu’elle en pensait, pas vraiment certaine de ce qu’elle devait lui répondre, ou de ce qu’il voulait entendre. « -Lïnko… » La jeune femme n’était pas certaine de comment continuer sa phrase. Elle sortit de ses doigts fins l’aiguille du petit sachet en plastique, avant de la tenir devant ses yeux pendant quelques secondes. Puis Juliet capta le regard de l’islandais : « -Tu sais que j’ai jamais fait ça, hein ? » Elle l’interrogeait du regard, comme pour lui demander s’il n’avait pas peur qu’elle fasse n’importe quoi avec lui, au risque de gâcher ses tatouages. Elle reporta une nouvelle fois sur ladite aiguille, avant de pencher légèrement la tête : « -Si je te fais mal, on sera toujours amis, pas vrai ? » Elle essaya de sourire, comme si elle essayait de faire un peu d’humour, mais elle ne réussit qu’à faire une espèce de grimace pas très jolie.

Juliet redéposa finalement le petit sachet dans lequel elle avait remis l’aiguille sur la commode dans laquelle Lïnko venait de récupérer le matériel, avant de se tourner vers lui. « -Je vais t’aider à nettoyer, et je torturerai après. Ça te va ? » Elle avait repris intentionnellement ce mot qu’il avait employé un peu plus tôt, et qui semblait convenir parfaitement à la situation.

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Sa préparation du repas du soir avait trouvé utilité, finalement. De ce qu'il en avait perçu, Juliet était pas vraiment contre l'idée d'y goûter... Tant mieux. Certes, le barbu se doutait bien qu'elle allait pas engloutir des livres de viande, mais c'était toujours mieux que rien, et si jamais son ventre gargouillait, il s'autoriserait peut être même à la forcer. Vu la maigreur qu'elle affichait, y'avait de quoi s'inquiéter, et ça, même si la jeune femme était solide. Cependant, le nordien se doutait qu'il n'était le seul à s'en soucier, alors bon, mieux valait ne pas trop se montrer insistant non plus... Pour l'instant, du moins. Actuellement, il s'inquiétant davantage des outils qu'il avait fourré dans les mains fines de son amie. Une aiguille, et de l'encre. Est-ce que ça ferait l'affaire pour qu'elle rattrape ses tatouages ...? Franchement, il l'espérait, et quand bien même ça donnait pas un truc de ouf, il était plus que prêt à tenter.

Aussi, quand les yeux gris rencontrèrent les siens, et que la brunette énonça son prénom de naissance, l'islandais fronça les sourcils. Il l'observa sortir l'aiguille, et esquissa un rire quand elle lui rappela qu'elle n'avait jamais fait ça. « C'est justement, ça fait l'occasion ! Et puis, si tu me foires, je promet de pas m'énerver. Au pire, j'arracherais la peau. » Au vu de la mine de Juliet, c'était peut être pas le moment de faire de l'humour. Ravalant son envie de rire à l'air déconfit qu'elle affichait, il sourit à sa timide demande. « T'en fais pas, je vais pas me mettre à chialer pour des piqûres du style. Et puis y'a pas de plaisir sans douleur, et inversement. Alors ouais, y'a des chances qu'on reste amis. Pas de chance. » Ajouta-t-il en haussant les épaules.

Après avoir rangé l'aiguille, et posé le tout sur une commode, l'artiste en herbe se proposa de participer au rangement. Bon, l'islandais était pas trop pour, mais si y'avait que ça pour lui faire plaisir et la rassurer au passage, il allait clairement pas faire le difficile. Opinant de la tête, il lança sur un ton enjoué « Ça marche. Je préfère que tu passes un coup d'eau sur la table... Si je te charge de nettoyer ma hache, y'a des chances que tu te coupes une main, et après ça, ça va être compliqué de me torturer... » Se dirigeant donc avec Juliet vers la table de découpe ensanglanté, il retira sa lame du bois tailladé, et amena un seau de neige fondu qu'il posa sur le banc. Imbibant un tissu autrefois blanc du précieux liquide, il frotta énergiquement l'acier trempé de sa fidèle arme. Observant la brune du coin de l'oeil, il ne put s'empêcher de lancer « On dirait un vieux couple d'ermites. », avant de se gratter nerveusement la barbe du rebord de sa hache. Ouais, pas ouf comme remarque, pas vrai...?

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La brune exagéra un soupir de soulagement lorsque Lïnko lui confirma que leur amitié ne souffrirait pas de la maladresse de la jeune femme, si elle n’avait pas les mains aussi sûres qu’elle l’aurait dû. Au fond, ça la rassurait vraiment, mais c’était toujours plus simple de jouer la carte de l’humour, ça rendait bien des situations moins pénibles. Juliet avait proposé son aide spontanément, parce qu’elle ne se voyait pas rester sagement assise à attendre, tandis qu’elle laissait tout le boulot au jeune homme. La brune plissa les yeux un instant, se demandant si sa proposition mettait Lïnko mal à l’aise, ou le dérangeait, mais lorsqu’il lui répondit finalement d’un air enjoué, elle douta de ses propres intuitions : « -Bah voyons ! T’es sûr que tu veux taquiner la personne qui va te charcuter dans pas longtemps ? » Elle plissa les yeux d’un air amusé, avant de se rapprocher de la table à son tour, et d’y découvrir les différentes marques d’entailles dans le bois. Le jeune islandais ne tarda pas à apporter un seau d’eau, tandis que Juliet y plongeait un linge, pour commencer à nettoyer la table de toute trace de sang.

Elle était toute occupée à sa tâche, nettoyant, rinçant son chiffon, pour recommencer une nouvelle fois, encore et encore, jusqu’à ce que la table commence à retrouver son aspect naturel. Jules était une nouvelle fois occupée à rincer le morceau de tissu, l’eau devenue rouge, quand une remarque de Lïnko lui fit froncer doucement les sourcils, avant qu’elle se retourne en esquissant un petit sourire en coin : « -Sérieux, c’est ça ta vision du couple ? Faire le ménage à deux ? C’est pas très folichon ! » Elle s’amusa de sa remarque, et le fixa avec un sourire malicieux pendant quelques secondes. Au fond, elle-même n’était pas vraiment une experte en la matière, sa plus longue relation avait duré cinq années, et dès lors, Juliet s’était contentée de brèves histoires de quelques semaines tout au plus, où elle évitait soigneusement de trop s’investir, pour préserver son petit cœur.

Quoiqu’il en soit, elle poursuivit son nettoyage avec application, et il ne fallut à la brune que quelques instants de plus avant de pouvoir dire qu’elle avait terminé. Elle déposa le chiffon dans le seau de neige fondue, puis profita que Lïnko soit encore occupé à nettoyer la lame de sa hache pour aller embêter Nanna, qui somnolait devant le feu, indifférente à la petite cession de ménage qui venait de s’improviser. Juliet resta occupée quelques instants à gratouiller entre les oreilles de la biquette, avant de se retourner en entendant l’islandais s’agiter dans son dos, alors qu’il reposait sa hache désormais propre. Le regard de la brune se posa un instant sur l’aiguille et l’encre, avant qu’elle se tourne vers son ami, à quelques pas de là. « -Tu me les montre ? Tes tatouages, je veux dire. » Elle fit un signe de tête encourageant, se disant que de toute façon, il allait bien falloir qu’elle sache à quoi elle aurait à faire, à un moment ou à un autre.

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Levant les mains en signe de paix à la mention d'une boucherie à venir s'il continuait de la taquiner, Ice s'affaira paisiblement au nettoyage de sa hache. Il se sentait un peu con, en vérité, à laisser Juliet frotter la table pleine de sang de feux lapins inoffensifs. Non pas qu'elle devait en être choquée, mais, en fait, le barbu avait tout simplement pas l'habitude de voir quelqu'un -rien que ça, déjà...- faire un brin de ménage dans sa demeure. La remarque qu'il avait malhabilement lancée en témoignait d'ailleurs plutôt bien... Au moins, ça avait eu le mérite d'amuser la jeune femme ! Du coin de l'oeil, il la vit lui adresser un petit sourire, avec lequel elle renchérit sur sa plaisanterie. « J'en sais rien moi ! C'est mieux que si je pensais encore que les femmes géraient tout à la maison pendant que les hommes virils partaient chasser le mammouth, nan ? » Et puis, fallait dire que, de toute manière, il avait pas vraiment l'expérience de tout ça. C'est vrai, en fin de compte, ça faisait quoi, les couples ? Baiser, faire des gosses et répéter tout les jours la même chanson, en incorporant des mon lapin et des mamours ? Bonne question.

Enfin, ça c'était clairement pas un truc à demander à Juliet. Jamais l'islandais n'était resté avec la même fille. Non, son palmarès comptait plusieurs filles, -certainement pas des mecs !!- pour qui il avait de l'attirance, mais pas plus. Ça empêchait pas de se revoir, et de passer des moments cools, mais s'établir avec une nana, autre que sa biquette, Lïnko voyait pas vraiment l'intérêt. Alors, en temps d'apocalypse, valait mieux pas y penser... Toujours est-il que la jeune artiste avait elle terminé ses tâches ménagères, si on peut le décrire ainsi, et s'octroyait une séance câlin avec la mini-chèvre bicolore. Chanceuse. Jugeant sa hache suffisamment brillante, l'ex-détenu la déposa sagement sur une partie sèche de la table nettoyée. A la demande de Juliet, le barbare resta immobile un instant, avant de baisser les yeux pour finalement sourire. « Putain, si quelqu'un passe, ça va encore être compliqué à justifier tout ça. » Bon, après, c'est pas comme s'il allait se foutre totalement à poil, mais y'avait une petite pression, l'air de rien !

La brunette l'avait déjà vu, un peu désapé, la première nuit ou presque même. Mais en ce temps là, ils ne se connaissaient pas, et il faisait quasi-noir. Enfin bref. Le nordien était loin d'être quelqu'un de pudique de toute façon, et finit par se débarrasser de son haut de protection, puis, de sa chemise bleue tissée main. Esquissant un léger rire quand Nanna vint profiter de la scène pour piquer la chemise, il se tourna pour montrer les signes à son amie. « Aile de corbeau, plutôt grande, faite en taule. Et des runes, faites par mon Oncle, juste là. Y'a ceux sur les côtés de la tête, aussi. » Après avoir désigné les dites runes, il se retourna pour voir l'air affiché par la jeune femme, il tiqua, un peu tard. C'était pas impossible qu'il ai préféré caché la case prison à la brune, quoi que, c'était pas sûr en fait... Toujours est-il que, écartant les bras, il ne pu s'empêcher de plaisanter. « Alors ? Beau gosse torturable ou pas ? Ahah ! »

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Juliet avait fini par s’adosser contre la commode derrière elle, fixant Lïnko alors qu’elle venait de lui demander de lui montrer les tatouages qu’elle devait retoucher. Son geste d’arrêt ne lui échappa pas, mais il ne fut que passager, alors que le jeune islandais finissait par reprendre la parole, mots auxquels la brune répondit tout d’abord par un sourire, avant de hausser une épaule : « -Ça sera toujours moins compliqué qu’expliquer ce que je faisais dans ta chambre à la caserne au beau milieu de la nuit ! » Non pas qu’elle ai vraiment du se justifier à ce propos, mais si tel avait dû être le cas, Jules n’était pas certaine qu’on l’aurait cru sur parole si elle avait simplement dit qu’elle s’était trompée de chambre, la fatigue aidant. Et puis de toutes façons, ils étaient adultes, et tant que leurs actions n’allaient pas à l’encontre des règles de leur communauté, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient, sans avoir à en justifier auprès de qui que ce soit.

Quoi qu’il en soit, Lïnko finit par retirer ses vêtements, dévoilant enfin ses tatouages à la jeune femme, qui quitta son appui contre la commode pour se rapprocher à la vue des dessins sur la peau de l’islandais. Elle écouta les explications de son ami, en fronçant doucement les sourcils en l’entendant parler de taule, ce qu’il n’avait jamais évoqué jusque-là. Après tout, ils avaient tous leurs petits secrets, qu’ils préféraient garder pour eux. Et puis, ce n’était pas comme si elle allait prendre peur à la mention du passé de son ami, lui qui avait toujours été plus que correct envers elle, et en qui elle avait confiance. Juliet admira les formes dans le dos de Lïnko, se disant que le tatouage n’était pas juste grand, mais énorme. Elle s’imagina pendant quelques instants les conditions dans lesquelles il avait été fait, et elle ne put que grimacer. Dans un salon de tatouage classique, un tel motif aurait probablement pris une éternité, mais elle n’osait penser à ce qu’il avait dû en être en prison, ainsi que des conditions dans lesquelles ça avait été fait. Ses yeux azurs glissèrent ensuite sur les runes qu’il lui avait désigné, et qu’elle trouvait particulièrement jolies. Elle aurait voulu lui demander leur signification, mais il reprenait déjà la parole, et elle se dit que ce n’était que partie remise.

Elle n’était qu’à quelques pas de lui lorsqu’il lui fit face de nouveau, en écartant les bras. Elle plissa les yeux à sa nouvelle boutade, peinant à retenir un petit sourire en coin. A vrai dire, Juliet ignorait si elle le trouvait beau gosse, pour la simple raison qu’elle n’avait jamais eu à se poser la question avant ce jour. Il était un survivant comme un autre jusqu’à ce qu’ils finissent par faire connaissance et deviennent amis. A l’époque, la brune fréquentait encore Kelly, et il fallait croire qu’elle n’avait d’yeux que pour elle. Quoiqu’il en soit, elle entra dans le jeu du blond, et laissa glisser son regard sur sa silhouette musclée, avant de hausser une épaule, comme si elle était indécise : « -Mouais, bon…ça devrait le faire ! » tout en le gratifiant d’un clin d’œil. Elle peinait à se rendre compte à quel point passer du temps avec lui était plus…léger. Ici, entre ces murs, il ne semblait plus y avoir de place pour la colère qui rongeait la jeune femme ces derniers-temps, sans qu’elle ne sache vraiment comment Lïnko parvenait à ce miracle. C’était peut-être son côté taquin envers elle qui aidait, au fond, Jules n’en était pas vraiment certaine, mais c’était appréciable.

La table n’était pas encore tout à fait sèche, il ne manquait sans doute pas grand-chose, et Juliet ignorait comment il voulait procéder pour cette séance tatouage improvisée. Allait-il s’asseoir sur le banc ? S’étendre sur la table ? Rester debout ? Elle n’en avait pas la moindre idée, pas plus qu’elle ne savait comment procéder pour que tout se passe au mieux, et éviter quelques désagréments, comme une infection, par exemple. Peut-être devraient-ils trouver un moyen de stériliser l’aiguille, en la passant au-dessus d’une flamme, ou quelque chose comme ça. Elle espérait vraiment que l’islandais en sache plus sur le sujet qu’elle. « -Tu veux commencer par quoi ? Je pourrais probablement pas tout faire aujourd’hui… » Rajouta-t-elle bien vite, en tournant la tête pour aviser une nouvelle fois l’aile de corbeau qui noircissait le dos de son ami. Elle n’avait jamais fait ça, et pourtant, elle était quasiment certaine que l’opération prendrait pas mal de temps. Non pas que ça la dérangeait, elle était plus embêtée pour Lïnko, qui allait douiller pendant de longues heures.

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Comme il l'avait lui même pensé avant de se déshabiller, le souvenir de leur rencontre avait ressurgi dans leurs esprits. C'est sûr que ça faisait appel à ce moment là, même si les circonstances étaient différentes, et que pas mal de temps s'était écoulé depuis... A la mention de cette nuit riche en surprise, Lïnko hocha vivement la tête, d'accord avec le point de vue de Juliet. A présent face à elle, à moitié nu qui plus est, l'islandais se rendit compte que le regard de la brune sur lui ne le laissait pas totalement indifférent. Bien sûr, elle le détaillait de la sorte suite à sa plaisanterie un peu douteuse, mais dans un autre contexte, cela n'aurait étrangement pas été désagréable... Enfin, il fallait dire aussi que, même si le barbare savait qu'il tenait énormément à la jeune femme, il n'avait encore jamais imaginé se retrouver face à elle torse nu.

Jouant le jeu, la demoiselle fit mine d'être satisfaite de ce qu'elle avait sous ses yeux cendrés, et lui adressa un clin d'oeil. Le barbu y répondit immédiatement par un sourire. C'était agréable de la voir ainsi. Relativement détendue, à l'aise, et presque légère. Elle se laissait même aller à le taquiner. Bien sûr, Juliet adoptait souvent l'humour, mais Ice savait que c'était parfois pour camoufler un état d'esprit sombre. En ce moment même, elle paraissait sincère, et le survivant en était plus que content. Posant la question du déroulement de hostilités, le nordien se gratta le côté de la tête. Ouais, faut dire qu'il y avait pas vraiment réfléchi plus que ça en fait. Pour le coup, il se sentait pleinement incarner le cliché du bonhomme qui n'a aucune suite dans les idées... Adressant un regard un peu perdu à son amie avant de réprimer une envie de rire, il se dirigea finalement vers l'aiguille, qu'il emmena avec lui vers le foyer de flammes.

Au passage, il reprit la chemise volée par la sautillante biquette, pour la poser en hauteur, dans un endroit protégé de l'amour de la biquette pour le tissu bleu clair. Saleté. « Je suppose que ce truc est bondé de saloperies... » Commença-t-il en plaçant la pointe de l'aiguille au dessus des vagues orangées. « Ça devrait résoudre le problème. » Le métal ayant pris la chaleur du feu, il esquissa un mouvement de recul un peu inattendu, et souffla un peu bêtement dessus avant de revenir vers Juliet. Avisant ses habits, il les désigna d'un coup d'oeil. « Err... Je m'attends pas à ce que te mettes toute nue t'en fais pas, mais l'encre de chine, ça tâche à vie. T'es sûre que tu veux pas que je te prête un truc ? » Il avait un peu l'impression d'être une ado qui offrait sa garde-robe à sa pote avant d'aller en soirée, mais bon. Ça l'aurait clairement embêté qu'elle salisse définitivement son haut, par exemple.

De ce fait, il désigna sa chemise d'un signe de tête, au cas ou elle souhaiterais jouer la sécurité. « J'te préviens, elle doit pas sentir la rose, ahah ! » Détaillant la pièce, il se laissa tenter par la table, finalement. Choppant sa fourrure grise qui traînait non loin, il la déposa sur le plateau, encore humide de la séance de nettoyage passée. Tapotant la peau de loup avant de lui même poser ses fesses sur le banc en contrebas, il proposa : « Tu pourrais commencer par l'aile ? Le temps de t'habituer au truc, et puis, si tu me foires les contours, j'm'en fiche un peu en vrai. » Les runes, ça l'aurait déjà plus embêté. Du même temps que la jeune femme s'installait, le barbare pivota pour laisser un chiffon a peu près propre à sa disposition. Un vrai salon de tatouage apocalyptique.

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Avec les quelques tatouages qu’elle arborait elle aussi, Juliet ne pouvait pas vraiment prétendre qu’elle ignorait tout de la façon dont il fallait procéder. Le type chez qui elle avait été à plusieurs reprises avait à chaque fois lourdement insisté sur les mesures d’hygiène qu’il prenait, et si la brune avait essayé d’arborer un air intéressé à chaque fois, au fond, elle mourrait simplement d’envie de lui dire d’abréger son blabla et de faire ce pour quoi elle était venue. Non pas qu’elle mourrait de trouille, et tout ça, mais elle ne pouvait nier la petite pointe d’angoisse qui la saisissait à chaque fois. Elle était dans ces moments-là à l’opposé de l’air totalement détendu qu’arborait à cet instant Lïnko, qui ne semblait pas avoir réfléchi à la façon dont ils devraient procéder. Jules ne put s’empêcher de le fixer en arborant un léger sourire amusé, alors que finalement, il s’emparait de l’aiguille pour aller la stériliser au-dessus de la flamme du feu de cheminée.

Elle l’observa faire en silence, et il ne fallu pas longtemps à l’islandais pour revenir auprès d’elle. Suivant le regard du blond, les yeux de Juliet se posèrent à leur tour sur ses propres vêtements, tandis qu’elle fronçait doucement les sourcils en se demandant ce qui lui valait un tel regard. Mais Lïnko ne tarda pas à exprimer le fond de sa pensée, tandis qu’elle relevait les yeux vers lui, en haussant un sourcil. Elle n’allait pas criser si par maladresse elle venait à tâcher son pull d’une quelconque tâche d’encre, mais elle appréciait le fait que son ami ai pensé à ce détail. La jeune femme posa son regard sur la chemise qu’il lui désigna, avant de s’exclamer vivement : « -Tu rigoles ?! Je vais pas risquer de tâcher ta chemise ! » Elle préférait encore renoncer à l’un de ses pulls plutôt que de salir l’un des vêtements de Lïnko. De toutes façons, ce n’était pas une petite tâche d’encre qui empêcherait Jules de remettre un pull, et si tel était le cas, elle pourrait largement aller piocher dans l’armoire de Maddie, qui avait de quoi revêtir tout un troupeau. Juliet retira néanmoins son haut au bout de quelques instants : « -Je vais rester en débardeur, ce sera pas un drame s’il est sali. » Elle posa son pull sur sa veste, puis s’approcha de la table où le jeune homme s’était installé.

Il lui proposa de commencer par l’aile, ce qu’elle accepta d’un hochement de tête, tandis qu’elle finissait par rejoindre le banc, et acceptait le chiffon qu’il lui tendait. Lïnko se pencha sur la fourrure, et la brune attendit quelques secondes qu’il se mette à son aise, tandis qu’elle déballait son attirail, et finissait par plonger la pointe de l’aiguille dans l’encre. Elle se plaça ensuite derrière le jeune homme, et engloba de ses yeux azurs l’ensemble du tatouage une nouvelle fois, puis doucement, elle passa son index sur le contour de l’un des dessins, en plissant le nez. L’islandais se moquait peut-être pas mal qu’elle loupe les contours, comme il le lui avait dit, mais pas elle. Elle voulait faire ça bien. Finalement, Juliet s’empara de la partie propre de l’aiguille, et se pencha au-dessus du dos de Lïnko : « -Bon…t’es vraiment sûr de toi ? » Mais le jeune homme semblait déterminé, et après quelques secondes d’hésitation supplémentaires, Juliet finit par laisser ses appréhensions de côté, et par se lancer vraiment. Elle était minutieuse, elle l’était toujours quand le domaine touchait de près ou de loin les arts, et les minutes commencèrent à défiler, et à s’accumuler. Elle ne parlait pas beaucoup, pour ne pas dire quasiment pas, concentrée au possible, sans pour autant que le silence n’en soit gênant. Elle piquait la peau, essuyait, recommençait sa besogne sans s’arrêter, progressant très lentement, mais sûrement. Jules ignorait depuis combien de temps ils étaient là tous les deux, lorsqu’elle se redressa, étirant longuement son dos qui commençait à la faire souffrir, à force qu’elle soit penchée. Elle en profita pour glisser un coup d’œil au visage de Lïnko : « -Alors, c’est comment ? Une partie de plaisir ? » Elle se doutait bien que ça devait être loin d’être le cas, mais malheureusement, il n’y avait rien qu’elle puisse faire pour rendre cette opération moins douloureuse pour lui.

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Juliet & Lïnko
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Ne voyant pas d'inconvénient à ce que Juliet préfère enlever son pull plutôt que de revêtir la chemise qu'il lui avait proposé, les deux finirent par s'installer pour attaquer l'encrage. C'était une sacré aventure en soi, et l'islandais esquissa un sourire pour lui tout seul en pensant qu'ils devaient être les premiers à tenter ce genre d'expérience à Fort Hope. Dans le cas contraire, y'avait des gens étranges dans le coin, et il aurait bien aimé savori de qui il s'agissait. Bon, autant être honnête sur un point, les yeux froids du scandinave avaient légèrement glissé, quand la brune avait retiré son vêtement. Rien de mal à cela, pas vrai...? C'est tout bête, mais regarder une femme se déshabiller, ça avait le don d'attirer le regard du nordien. Bien sûr, une situation pareille, ça aguiche les pupilles, n'est-ce pas ? Aussi, il en était resté silencieux un bon moment, un peu gêné d'avoir observé son ami d'une façon qui déviait légèrement d'une amitié pure comme la leur.

De même, quand elle avait soulevé son accord avant le début des hostilité, le barbu s'était contenté d'opiner du chef. Bloqué le garçon. Finalement, quand les petits coups d'aiguille débutèrent, il réussi à calmer l'espèce de gêne qui l'avait bêtement envahi. C'était étrange comme sensation... Pas forcément différent de ce qu'il avait connu, pour la bonne raison qu'il n'avait jamais mis les pieds dans un salon de tatoueur. Ça lui rappelait la prison. Mieux encore, l'Alaska. Nenana. Son oncle... Revivant pendant un instant qui dura en réalité peut être une demie-heure ou plus, son baptême signifiant qu'il avait atteint l'âge adulte, il fut ramené au présent par la voix délicate de Juliet. Du coin de l'oeil, il se rendit compte que celle-ci observait ses réactions, aussi il secoua brièvement la tête, chassant ses souvenirs un peu trop envahissants. « T'as des doigts de fée, j'ai bien l'impression que tu fais ça comme une pro. En fait, j'pense que tu vas gagner un nouveau rôle à Fort Hope » ajouta-t-il en riant doucement.

Sans trop savoir pourquoi, il déclara d'un ton un peu bizarre « C'est bien possible que je sois jaloux, si t'as d'autres clients. » Restant silencieux quelques secondes, il se reprit finalement « Je sais pas pourquoi je dis ça en fait, tu me perturbe ! T'es sûre que t'as pas trempé l'aiguille dans un truc style opium ? » Détaillant les multiples traces d'usure du sol, le barbare se mordit l'intérieur de la joue. Qu'est-ce qu'il pouvait être maladroit, des fois ! Inspirant le plus silencieusement possible pour tenter de reprendre une certaine forme de contenance, il tourna la tête de côté, pour tenter d'apercevoir la jeune femme. De ce qu'il voyait, elle était d'une concentration totale, ce qui ne l'étonnait nullement. C'était bien étrange, d'ailleurs, qu'il supporte quelqu'un dans son dos. Non pas qu'il la pensait capable de lui planter une lame entre les côtes, mais bon. Faisant craquer ses doigts du même temps qu'il continuait d'observer Juliet du coin de l'oeil, il la questionna alors « T'es tatouée toi d'ailleurs ? Je t'ai même pas demandé. »

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Son travail devait être minutieux, mais ce n’était pas pour autant que cela effrayait la jeune femme, qui continuait de piquer la peau à intervalles réguliers, avant de replonger l’aiguille dans l’encre, et de recommencer les mêmes gestes, sans fin. Lorsqu’elle s’octroya une mini pause, en s’étirant longuement, elle n’avait pas pu s’empêcher de sonder du regard le visage de Lïnko, qui s’était étendu sur la table. Il sembla revenir de loin aux paroles de la jeune femme, qui ne le quitta pas des yeux, tandis qu’il finissait par lui dire qu’elle avait des doigts de fée, et qu’elle avait peut-être trouvé de quoi se faire une nouvelle carrière post-apocalyptique. La jeune femme lui adressa un sourire amusé, qui se figea légèrement aux paroles suivantes de l’islandais, qu’elle ne savait pas vraiment comment interpréter. Aucun sourire n’étirait les lèvres du jeune homme tandis qu’il lui disait qu’il aurait pu être jaloux si elle avait mis ses talents au service d’autres personnes, et aucun rire ne suivit ses déclarations, si bien que Juliet ne savait pas vraiment si c’était une énième plaisanterie, ou autre chose, qu’elle n’arrivait pas vraiment à saisir. De toutes façons, elle n’eut pas l’occasion de se poser plus de questions qu’il enchaînait déjà, provoquant cette fois un léger rire de la part de la jeune femme : « -Moi je te perturbe ? » Elle secoua un instant la tête de droite à gauche d’un air amusé, avant de se pencher une nouvelle fois au-dessus du dos du blond pour recommencer à repasser sur ses tatouages. Il fallu quelques secondes à la jeune femme, qui finit par rajouter : « -Et je te promets que j’ai trempé l’aiguille dans rien d’autre que de l’encre. » Quoiqu’il lui arrive à cet instant, et qui le rende soudainement un peu étrange, Juliet n’y était pour rien. Ou du moins, elle n’avait rien fait avec l’aiguille pour expliquer cela.

Finalement, elle n’avait pas repris depuis bien longtemps son travail lorsque la voix de Lïnko brisa une nouvelle fois le silence de la pièce, lui demandant à son tour si elle avait des tatouages. Juliet fit deux derniers points, avant de reposer l’aiguille dans le petit pot d’encre, et de se décaler pour se retrouver en face de son ami. Elle était étonnée qu’il n’ai pas remarqué les tatouages désormais visibles sur ses bras nus, à croire que ses yeux s’étaient posés ailleurs quelques instants plus tôt, quand elle avait ôté son pull. La brune ne tarda cependant pas à tendre son poignet droit, pour lui montrer la rose qui était tatouée dessus, celle que l’on pouvait voir dans le dessin animé de la Belle et la Bête, son préféré : « -Celui-là, c’était mon premier. J’étais avec Maddie, et on était complètement torchées…je comprends même pas comment le tatoueur à bien voulu me le faire ! » Elle ne put retenir un sourire nostalgique quand ses yeux se posèrent sur le petit dessin en question, tandis que des souvenirs de cette soirée, plutôt flous elle l’admettait volontiers, lui revenait en tête. Ensuite, elle lui montra l’extérieur de son bras gauche, sur lequel étaient tatoués une lignée d’oiseaux en plein vol. Puis finalement, Juliet releva son débardeur, et se tourna légèrement sur la gauche, pour exposer ses côtes tatouées à son ami : « -Et le dernier, c’est celui-là. » Elle posa son regard azur sur l’attrape-rêves qui ornait ses côtes, avant de rebaisser son haut, en rosissant légèrement. Juliet n’avait pas vraiment prévu d’en montrer autant d’elle-même lorsqu’elle était entrée dans la maison de Lïnko. Ses tatouages n’étaient pas vraiment originaux, elle le reconnaissait, mais ils avaient tous été dessinés avec soin par la main de la jeune femme. Elle esquissa un petit sourire, avant de se coincer une mèche de cheveux derrière l’oreille, se sentant soudainement un peu gênée, alors qu’elle n’était pas certaine qu’il y ai matière à ce qu’elle le soit vraiment. « -Tu…tu veux faire une petite pause ? » C’était les premiers mots qui lui étaient passés par la tête à cet instant, mais en y repensant bien, ce n’était peut-être pas une si mauvaise idée que ça, vu que ça faisait quelques temps déjà qu’elle était en train de jouer les tortionnaires.

Spoiler:

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De manière à détourner l'attention de la brune -et la sienne du même temps- de son étrange déclaration, l'islandais avait eu la brillance d'esprit de demander à la jeune femme si cette dernière était elle aussi encrée. Stoppant son activité, Juliet s'était déplacée de manière à être en face de lui, pour lui montrer l'un de ses poignets. Ah... Là, il se sentait carrément bête. Il était passé à côté du tatouage, quand elle avait ôté son pull. Pourquoi un tel oubli, alors qu'il faisait d'ordinaire attention à tout ? Facile. Ses yeux avaient étés happés par autre chose que les avants bras de la jeune femme... Le barbare serra sa lèvre inférieure pour camoufler une envie de rire. Cependant, les dires de Jules accentuèrent cette soudaine envie, et Lïnko se laissa aller à se marrer. « Complètement torchée ! Ah ouais, j'imaginais pas du tout... J'te pensais plus sérieuse que ça en fait. » C'est clair que, du peu qu'il connaissait la rouquine, il la pensait innocemment plus enclinte que Juliet à se mettre la tête à l'envers... Comme quoi, les apparences étaient souvent trompeuses.

Admirant la rose finement tracée, il détailla ensuite la volée de petits oiseaux, puis l'étrange rond tissé avec des plumes. Au vu de la manière dont la tatoueuse du jour avait rapidement descendu son débardeur, le barbu esquissa un sourire. Pour un peu, il était certain qu'elle allait rougir, c'était chou... Repositionnant un peu prestement une mèche de cheveux, elle proposa de faire une petite pause. De suite, l'homme acquiesca. « Ouais, pas de problème. Tu dois te péter le dos, non ?  » Se relevant, le nordien se dirigea vers le peu de vaisselle dont il disposait pour remplir deux verres d'eau bien fraîche, avant de les ramener sur la table de torture. Profitant de la légère capacité de réflexion des fenêtre, il tenta d'apercevoir le tatouage sur son dos, sans grand succès cependant. Après avoir rejoint la brune, il se frotta nerveusement la barbe. « C'est pas que je passe ma vie à te mater, mais... T'es super mince, Jules. » osa-t-il finalement lancer en passant machinalement ses doigts sur les côtes de la jeune femme, à l'endroit ou elle avait dévoilé son étrange tatouage.

L'islandais était conscient que ça allait installer un froid, mais n'empêche qu'il s'inquiétait pour son amie. « J'me fais du soucis, j'te le cache pas. » Fronçant les sourcils en réalisant qu'à eux deux, ils franchissaient depuis quelques temps pas mal de barrières physique, il laissa tranquille le flanc de Juliet, pour libérer la mèche rebelle précédemment replacée par ses soins. Qu'est ce qui le prenait, à faire des trucs du style...? Certes, il reconnaissait se sentir un peu drôle, depuis quelques instants, mais... C'était dû au peu d'habitude qu'ils avaient d'être un peu dessapés, et aussi près l'un de l'autre, non ? Inspirant un bon coup pour chasser toutes ses interrogations inutiles de son esprit, il finit par lancer en souriant « Du coup j'ai pas le choix, j'suis obligé de faire la cuisine... C'est pas une vie, de recevoir du monde, j'comprends pourquoi j'aime pas les gens. »

Vidant son verre d'un trait, il parti s'occuper de la cuisson de la viande, toujours à moitié à poil. Un peu comme d'habitude, sauf que d'ordinaire, y'avait que Nanna qui pouvait éventuellement se rincer l'oeil. Bougeant les épaules afin de sentir les endroits ou l'aiguille avait piqué, il supposa alors « C'est déjà pas si mal, t'as l'air d'avoir bien avancé, non ? Après manger, je propose que tu repasses ceux sur la tête... » Se détournant du feu en installant les espèces de brochettes, il lança un sourire à Juliet avant d'annoncer « J'ai l'impression qu'ils accentuent pas mal le côté flippant ahah, j'aime bien, j'avoue... »

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Spoiler:

Pourtant pas vraiment d’une nature timide, Juliet avait senti le rose lui monter aux joues, alors qu’elle abaissait soudainement son débardeur, pour cacher aux yeux de Lïnko son tatouage. La brune se sentait un brin gênée à cet instant, il suffisait de la voir se triturer les doigts, ou coincer nerveusement ses cheveux derrière l’oreille pour le remarquer. Si bien qu’elle avait fini par proposer à l’islandais une petite pause, qu’il accepta rapidement, tandis que Juliet hochait la tête. Effectivement, elle ne pouvait pas vraiment dire que la position dans laquelle elle travaillait soit un pur plaisir, même si ce n’était pas vraiment insoutenable non plus. « -Ça va, ça fait un peu mal, mais c’est largement supportable. » Elle lui adressa un petit sourire rassurant, sans le quitter des yeux, alors qu’il allait leur chercher un verre d’eau, et qu’elle le remerciait, avalant une gorgée.

Lorsqu’il se rapprocha une nouvelle fois d’elle, la jeune femme le suivit du regard, avant de froncer spontanément les sourcils aux nouvelles paroles qu’il prononça. Un peu malgré elle, Juliet se crispa en sentant les doigts de Lïnko se poser sur ses côtes, elle qui n’avait pas vraiment l’habitude de les sentir souvent sur elle. C’était étrange…et pas vraiment désagréable. Au contraire. Elle garda cependant un air stoïque, tandis qu’elle l’entendait le dire qu’il s’inquiétait de la voir si mince. C’était vrai qu’elle avait perdu du poids ces derniers temps, la perte d’Eulalie lui ayant coupé l’appétit pour un long moment, mais elle se sentait mieux ces derniers-temps. Du moins assez bien pour se faire un vrai repas de temps en temps. Malgré le fait que ses vêtements flottaient un peu plus sur elle qu’avant, Juliet ne pensait pas qu’il y avait matière à s’inquiéter. Et puis, c’était sans doute un peu normal de perdre un peu de poids en temps d’apocalypse, non ? De toutes façons, toute sa vie durant, elle avait été une brindille, étant assez mince, sans être vraiment musclée. Même sa grossesse n’avait pas changé grand-chose à cela. Juliet posa néanmoins son verre, avant de hausser une épaule : « -Tu t’inquiètes pour rien. Je t’assure que ça va ! J’ai jamais été très épaisse de toutes façons… » Ca sonnait comme une espèce de justification, mais au fond, c’était simplement la vérité. Elle avait toujours été très mince, c’était un fait. Elle pouvait toujours sentir les doigts chauds de Lïnko à travers le fin tissu de son débardeur, et c’était assez troublant. Le geste que fit ensuite son ami, en touchant ses cheveux l’était tout autant, et Juliet resta incapable de réagir, alors qu’elle se mordillait la lèvre inférieure. Ben merde alors, qu’est-ce qui leur prenait tout à coup ? Elle n’eut pas le temps de s’étendre plus sur le sujet qu’il reprenait la parole, provoquant un petit sourire sur le visage de la jeune femme. Jules, elle, avait toujours adoré recevoir du monde, et que son appartement soit animé, mais c’était toujours compliqué pour elle, qui était tout à fait capable de louper un simple plat de pâtes. Elle prit cependant le parti de mettre son trouble de côté, et de répondre d’un air enjoué : « -J’ai hâte de découvrir tes talents de cuisinier… » Elle aimait bien le taquiner, et ne se privait pas pour le faire à chaque fois qu’elle en avait l’occasion.

Juliet le laissa donc s’affairer autour du feu pour préparer leur repas, tandis que malgré elle, elle laissait son regard se perdre un instant sur le dos de Lïnko, puis sur son torse, tandis qu’il bougeait des épaules. Elle se sentit comme une ado prise en train de faire une bêtise lorsqu’il lui reprit la parole, et qu’elle ne suivit pas tout de suite ce qu’il racontait, visiblement trop occupée à se rincer l’œil. « -Quoi ? » Elle le fixait les sourcils haussés, tandis qu’elle essayait de tout remettre en ordre dans son esprit. Ah oui, les tatouages. Il lui proposait de faire ceux qui ornaient sa tête, une fois qu’ils auraient fini de manger. Sa petite touche d’humour lui arracha spontanément un sourire, alors que la jeune femme s’intimait de reprendre contenance. « -Euh…je crois que j’ai fait un peu moins de la moitié, je pense. »[/color] Elle n’était pas prête à en jurer, et elle n’osa pas glisser un coup d’œil au dos du jeune homme pour voir ce qui lui restait encore à faire. Mais elle ferait volontiers ceux qu’il avait à la tête, maintenant qu’elle commençait à prendre le coup de main. « -Flippant ? Je te trouve pas flippant moi ! » Elle arbora un air innocent, se souvenant pourtant très bien d’avoir été un peu intimidée par l’air froid qu’arborait parfois Lïnko, avant qu’ils n’apprennent à faire connaissance, et s’être fait la remarque qu’il était le genre de gars qu’il fallait plutôt éviter d’embêter.

Finalement, Juliet s’installa contre la table, avant de s’étirer en faisant craquer ses épaules, puis elle commença à se masser les cervicales. Une bonne odeur commençait à se répandre dans la pièce, réveillant par la même occasion la faim de la jeune femme. Au bout de quelques instants, elle s’approcha doucement du feu, observant la viande cuire, avant de glisser un nouveau coup d’œil vers Lïnko. Elle se souvenait l’avoir vu se tortiller devant les fenêtres quelques instants plus tôt, et afficher ce qui ressemblait à une mine déçue de ne pas pouvoir voir son tatouage : « -Hm…tu pourras venir à la maison tout à l’heure si tu veux. Pour…euh…voir tes tatouages dans le miroir... » Elle se sentit bête d’avoir ajouté cela, comme si le jeune islandais avait besoin d’une excuse pour venir lui rendre visite, quand il le voulait. Ce n’était pas vraiment son genre de se montrer aussi gênée, et mal à l’aise, encore moins en présence de Lïnko, si bien que la jeune femme finit par avoir un sourire maladroit, avant de demander, incertaine : « -Est-ce que je me fais des idées, ou…tout ça c’est un peu bizarre, aujourd’hui ? » D’un regard, elle engloba l’ensemble de la pièce, la peau de loup sur la table, son pull sur la chaise, le torse du blond. Elle repensa aux petites remarques de son ami, à ses gestes, à son attitude à elle, toutes ces nouveautés qu’ils n’avaient jamais eu l’un pour l’autre jusqu’à ce jour. Elle esquissa un petit sourire timide, pas vraiment dans ses habitudes, avant de glisser son regard dans les yeux clairs de Lïnko, comme pour y lire les réponses à ses questions.

Spoiler:

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Un petit temps de repos avait été entamé. Lïnko lui-même commençait à se sentir fourbu, aussi avait-il supposé qu'il en était de même pour son amie, ce qu'elle confirma plus ou moins, en modérant comme à son habitude ses propos. Juliet usa du même procédé quand l'islandais avoua s'inquiéter du fait qu'elle était très mince... Haussant un sourcil à cette forme de justification, le nordien préféra cependant ne pas s'étendre sur le sujet. Il supposait que d'autres jouaient déjà le rôle de pseudo-moralisateurs, et il ne souhaitait pas faire partie de ceux-là. Quittant la jeune femme, il s'affaira donc à proximité des flammes, afin de préparer deux rations permettant de se restaurer correctement. S'enquérant de l'avancée du repassage de tatouage, le barbu s'amusa de l'air un peu perdu qu'affichait son amie. Après tout, rien d'étonnant, il devait un peu l'épuiser, avec ces conneries d'encrage... A sa réponse sur le côté potentiellement intimidant de ceux sur son crâne, il retourna une moue attristée à son air innocent. « Arf, tant pis... »

Concentré sur la cuisson des pièces de viande -c'était clairement pas le jour de les faire cramer...- le barbare fût saisi d'un bref frisson quand il s’aperçut que la survivante l'avait rejoint. Au ton un peu brouillé qu'elle tenait, il aurait presque dit qu'elle s'était enfilée des shot dans son dos, pourtant, il se rappelait pas avoir de l'alcool chez lui. Captant l'azur des yeux de Juliet, l'islandais reconnu en lui même qu'elle n'avait pas tord sur le dernier point... Il s'en était lui même rendu compte, mais qu'elle le remarque aussi était plutôt déstabilisant. Préférant admirer en silence les flammes orangées, il commença « Non... Tu te fais pas d'idées. J'ai bien cette impression aussi. » retournant au regard doux de son amie, il ajouta sur un ton un peu étrange « J'ai le sentiment que, des fois, je me conduit d'une façon qui dépasse un peu la simple amitié. » Là, s'il voulait foutre la trouille à la jeune femme, s'était une belle performance.

Frottant nerveusement sa barbe, il haussa les épaules, pour rattraper la situation comme il pouvait. « Ou alors, c'est juste parce qu'on est des putains d'ados qui posent les yeux pour la première fois sur un individu du sexe opposé. » Pas mieux, pas vrai...? « Oh, je sais plus c'que j'dis. » Adressant un regard un coin à Juliet, il ajouta pourtant, du classique accent islandais qui avait le don de rendre les paroles rugueuses, « Je crois que tu me perturbes, surtout. Je sais pas quoi faire. » Ça avait le mérite d'être d'une sincérité spontanée. Sauvé par l'odeur des brochettes, qui semblaient prêtes à être dégustées, le tatoué les sorti de leur foyer pour se diriger soudainement vers la table. « Manger nous fera peut-être du bien. J'ai limite l'impression d'avoir picolé... » avoua-t-il en rigolant. Après s'être installé sur la table qui assurait décidément bien des fonctions, il averti rapidement son invité afin que cette dernière ne se brûle pas avec les piques de fer. S'éclaircissant la gorge en triturant un bout de sa barbiche, il questionna innocemment « Tu... trouves ça bizarre aussi, toi alors ? Même si d'un côté, c'est assez rassurant, ahah... » Ahah, oui...

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Elle l’avait rejoint devant le feu, ne quittant les flammes du regard que pour formuler à voix haute la question qu’elle se posait depuis quelques minutes déjà : la situation n’était-elle pas étrange entre eux aujourd’hui ? C’était vrai qu’ils n’avaient pas vraiment l’habitude de se retrouver aussi peu vêtus l’un devant l’autre, ou même aussi proches physiquement, mais ça ne pouvait pas expliquer entièrement les remarques bizarres, ou leurs gestes étonnants. Peut-être Juliet se faisait-elle des idées, tout simplement. La brune laissa son regard glisser vers Lïnko, alors qu’il finissait par lui confirmer que c’était également son impression, ce qui ne manqua pas de faire froncer les sourcils de Jules. Elle ne l’avait toujours pas quitté des yeux lorsqu’il avoua qu’il avait parfois l’impression d’avoir envers elle des gestes qui dépassaient la simple amitié, et Juliet repensa immédiatement à la façon dont il avait touché ses cheveux, ou ses côtes, un peu plus tôt. Ça ne l’avait pas vraiment gênée, et ce malgré le côté inhabituel de la chose. Mais si ce n’était pas de l’amitié, alors qu’est-ce que c’était ? Bonne question.

La jeune femme n’avait toujours pas pris la parole, lorsque l’islandais renchérit, en lui lançant qu’ils agissaient peut-être tout simplement comme des adolescents émoustillés, ce qui arracha un petit sourire en coin à Juliet. Ce n’était pas la faute de ses hormones en ébullition, elle en était certaine. Certes, on ne pouvait pas vraiment dire qu’elle avait eu beaucoup d’attention ces derniers temps, mais elle n’avait pas eu l’impression que ça lui manquait réellement. Du moins, jusqu’à cet instant. Et si c’était simplement ça ? Et si la proximité entre Lïnko et elle avait réveillé chez la brune un certain besoin de contacts physiques, dont elle avait été privée pendant de longs mois ? Elle n’eut pas le temps de se poser plus la question que le blond enchaînait une nouvelle fois, sans lui laisser le temps d’en placer une. Et une fois encore, ces mots « tu me perturbes », auxquels elle ne parvenait toujours pas à donner de sens. Juliet le fixa longuement, sans parler, tandis qu’elle méditait en silence les paroles du jeune homme, cherchant le sens caché derrière ces mots.

Occupé à retirer les brochettes du feu, l’islandais ne remarqua sans doute pas le regard de la brune posé sur lui, ni même le trouble qui semblait s’être emparé d’elle. Suivant le mouvement, Juliet s’approcha à son tour de la table, avant de prendre place sur le banc. Oui, manger leur ferait sans doute du bien. Et au moins, la bouche pleine, ils ne pourraient pas de dire des conneries risquant de compromettre leur amitié. Juliet était toute occupée à fixer sa brochette, lorsque la voix d’Ice lui fit tourner une nouvelle fois la tête en sa direction. « -Non… » Sa réponse fut spontanée, et elle s’arrêta quelques secondes, pour essayer d’ordonner ses pensées. « -Enfin…si, c’est bizarre….un peu. Mais c’est pas…désagréable… » Elle releva lentement ses yeux bleus, jusqu’à rencontrer ceux de Lïnko, tandis qu’un sourire un peu timide étirait peu à peu ses lèvres. Juliet hésita quelques secondes de plus, se mordillant la lèvre inférieure : « -Et ça m’embête pas que tu trifouilles mes cheveux…le reste me dérange pas non plus, d’ailleurs. » Ça devenait de plus en plus bizarre, à chaque seconde qui passait, la brune elle-même en avait conscience, mais elle voulait rassurer Lïnko sur le fait qu’elle n’allait se barrer en courant parce qu’il se montrait un peu trop amical tout à coup. Et puis, au point où ils en étaient, elle finit même par rajouter, après quelques instants de silence supplémentaire : « -Je pense même que je pourrais m’y habituer… » Elle fronça doucement les sourcils, pas vraiment certaine de l’issu de cette conversation inattendue, tandis que son regard partait une nouvelle fois à la rencontre de celui de Lïnko.

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La discussion prenait depuis peu une tournure insolite, et tout cela n'était pas pour mettre l'islandais à l'aise... Bien étrange, d'ailleurs. Quand ce dernier se retrouvait dans des situations similaires, il était rarement du genre à faire des manières, et pour ainsi dire, prenait ce qu'on lui offrait. Pourtant, à l'heure actuelle, il ne parvenait pas à rester lui même. Peut-être aussi parce qu'il n'arrivait pas à savoir ce qui le prenait, tout simplement. C'est vrai ça... Jamais il ne s'était conduit de la sorte, avec une représentante de la gente féminine. Ce qu'il comprenait parfaitement, en revanche, c'est qu'il s'était toujours senti plus "proche" de Juliet, que leur amitié ne voulait le laisser entendre. Pourquoi ça ? Encore plus simple. Juliet était une jeune femme à laquelle il s'était attaché. Extrêmement jolie, qui plus est, et... Qui peut savoir ? Mystérieuse, d'une certaine façon ? Différente, ça c'est certain.

L'hésitation de son amie le tira de ses pensées. Réfléchir sur des choses aussi abstraites et insaisissables que les sentiments, c'était pas donné à tout le monde, et surtout pas au Nordien. Ses yeux froids s'agrandirent à la description qu'elle faisait de tout cela. Il y a encore peu, il redoutait fortement que ce qui les unissait jusqu'à alors, et qui avait été retrouvé il y a peu, ne s'évapore. A trop se rapprocher, c'était un risque connu. Et s'il n'avait encore jamais eu affaire à une situation de la sorte, Lïnko aurait préféré connaître l'aigle de sang que de s'éloigner de la survivante. Ses derniers mots l'immobilisèrent un instant. Une bouchée de viande arrondissant sa joue barbue, il représentait clairement pas le sex-symbol sur pattes dont toutes les femmes rêvaient, mais il ne s'attendait pas à des propos du style. Quand les yeux en amande retrouvèrent les siens, il parvint à avaler sa bouchée, et s'éclaircit la gorge en secouant doucement la tête. « T'y habituer...? » esquissant un sourire en retrouvant la vision moins charismatique de sa brochette, il ajouta « Merde, Juliet, qu'est-ce qui nous arrive, là ? »

Riche question, en effet. Inspirant un bon coup en s'asseyant de meilleure façon, le scandinave se lança dans quelque chose de nouveau, qu'il considérait auparavant comme un blabla de type pisseuse. « Écoutes, c'est... Pas vraiment une révélation, pour moi. » Ça partait mal ? Attendez la suite. Grattage nerveux de barbiche, et c'est reparti. « J'ai pas l'habitude, tu sais, d'être genre, proche de quelqu'un en étant... Je sais pas comment on dit. Attentionné, peut-être ? » Scrutant la moindre réaction de la part de Juliet, il s'autorisa à poursuivre. « Alors forcément, je me doutais depuis un moment que, de mon côté, j'étais pas juste là par amitié. » Levant les paumes en évidence, il ajouta brusquement « Bien que ce soit le cas hein !! Simplement, je sais qu'il y avait plus... »

Observant un temps de silence, il acheva sa brochette pour finalement conclure. « C'est pas bien plus clair. » Faisant bien attention à la manière dont la jeune femme allait réagir, le barbare s'appliqua à lui laisser le temps de finir son repas, triturant assez nerveusement le bord de la table en bois. Putain, c'était tellement plus simple de buter des mordeurs à tour de bras ! Gardant en mémoire ce qui c'était dit, le barbu s'affaira ensuite à débarrasser un minimum, pour rejoindre Juliet et s'agenouiller au devant d'elle, pendant qu'elle était toujours assise. « Je vais pas te demander en mariage, t'inquiètes. » plaisanta-t-il, alors que c'était pas forcément drôle. N'empêche que pour repasser ses tatouages, ce serait peut-être une bonne posture, non ? Comme le banc sur lequel la brune était posée était plutôt bas, les deux étaient à une hauteur quasi similaire... Ce qui, après de tels échanges, était plutôt malvenu, mais bon. Lui tendant l'aiguille, il se contenta de sourire en haussant un sourcil « C'est reparti ?»

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Assise juste à côté de son ami, Juliet détourna finalement le regard au bout de quelques secondes supplémentaires, les sourcils froncés. Elle ne comprenait même pas comment la conversation avait pris cette tournure si inattendue. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’à présent, elle n’était pas aussi à l’aise qu’en temps normal. Elle ne savait même pas ce qui l’avait poussé à dire à Lïnko qu’elle pourrait s’habiter à ses marques d’attention. C’était le cas, ça ne l’avait jamais dérangée, bien que ces derniers-temps, elles soient sans doute un peu plus nombreuses qu’en temps normal, sans pour autant que la brune s’en soit rendu compte. Pour toute réponse à la question du blond, elle leva une épaule, ne sachant visiblement pas plus que lui ce qui leur prenait aujourd’hui.

Tandis que le jeune homme semblait s’installer plus confortablement, Juliet prêta enfin attention à la brochette devant elle, dont elle avala un morceau. Occupée à mâcher, la brune fronça subitement les sourcils aux nouvelles paroles de l’islandais, alors qu’elle glissait discrètement un regard vers lui. Comment ça, pas vraiment une révélation pour lui ? Jules commençait à être de plus en plus larguée, et pourtant, malgré la foule de questions qui lui brûlait les lèvres, elle resta silencieuse, laissant Lïnko continuer, se contentant d’hocher distraitement la tête à ses paroles, sans le quitter du regard. Et finalement, lorsqu’il avoua que cela faisait un petit moment qu’il en était venu à la conclusion qu’il y avait un peu plus que simplement de l’amitié de son côté, Juliet ne put cacher son étonnement. Celle-là, elle ne l’avait vraiment pas vue venir, et pas une seule seconde, elle n’avait soupçonné que l’islandais pouvait la voir autrement que simplement comme son amie. Son amie, en tout bien, tout honneur. Et pour le coup, elle ne savait pas vraiment quoi lui répondre, ou plutôt, comment formuler à voix haute tout ce qui se bousculait dans sa tête.  

Finalement, un nouveau silence s’installa entre eux, tandis que Juliet repensait aux aveux tout frais de Lïnko. Elle continua de manger sa brochette comme si de rien était, lentement, sans doute parce que ça lui donnait l’opportunité de réfléchir un peu plus longuement à ce qui était en train de se passer, là, juste sous ses yeux. Remarquant la soudaine nervosité du barbu à ses côtés, et se disant qu’elle était restée silencieuse sans doute un peu trop longtemps, Juliet finit par esquisser un petit sourire rassurant : « -Je dois dire que je ne m’y attendais pas du tout…Enfin...je me suis rendue compte de rien.» Bon, ce n’était certainement pas ça qui allait les aider à y voir plus clair.

Lorsque le blond finit par s’installer par terre, juste devant elle, Juliet écarquilla les yeux quelques secondes, en se demandant ce qui lui prenait. Elle esquissa malgré tout un petit sourire à sa remarque, se doutant bien qu’il n’était pas en train de lui faire une proposition de mariage. Ça aurait été carrément insensé. Lïnko ne tarda pas à lui retendre l’aiguille, tandis que les pièces du puzzle s’imbriquaient dans l’esprit de Juliet : les tatouages sur sa tête. A vrai dire, c’était ceux qu’elle craignait le plus de faire, sans doute à cause de leur emplacement, et même si elle savait qu’elle ferait attention au possible, elle ne voulait pas lui faire mal. Néanmoins, elle attrapa la tige en fer, et ramena le pot d’encre de façon à ce qu’il soit à portée de main, et elle y plongea l’aiguille. Silencieuse, en essayant de se concentrer plus sur ce qu’elle faisait plutôt que sur le tourbillon de pensées dans sa tête, Juliet recommença donc à repasser les tatouages de Lïnko, ceux-là étant bien plus petits que celui qu’il avait au dos. « -Tu peux…oui, voilà, tourner ta tête comme ça… » Elle attrapa entre ses doigts le menton du jeune homme, de façon à pouvoir lui faire pencher légèrement la tête, pour qu’elle ai une meilleure vue de ce qu’elle faisait. Une nouvelle fois, le silence s’abattit dans la pièce, tandis que penchée vers l’islandais, Juliet repassait le tatouage, millimètre par millimètre. Son côté perfectionniste avait au moins le don de lui permettre de penser pendant quelques instants à autre chose, sans pour autant qu’elle soit tout à fait à l’aise dans ses gestes, ou dans sa posture. Il fallait bien avouer que cette proximité l’intimidait un peu. « -T’es sûr que ça va cette position ? » Elle se recula légèrement, jusqu’à pouvoir plonger son regard dans celui du blond. Elle ne voulait pas qu’il finisse par se faire mal aux genoux, alors qu’elle était certaine qu’ils pourraient bien trouver une autre façon de faire.

Spoiler:

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Juliet & Lïnko
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Chose rare, l'islandais était plus ou moins parvenu à livrer ce qui tournait dans sa tête. La chose n'était pas des plus aisées, d'autant plus qu'elle concernait un domaine particulièrement délicat, à savoir celui qui se rapprochait le plus des sentiments amoureux. Il n'en avait jamais eu, et si cela en était, il l'aurait probablement nié jusqu'au Valhalla, mais le fait est qu'il avait fait part à Juliet de la manière dont il se positionnait par rapport à elle. Un ami, oui. Fidèle si on voulait, puisqu'il n'avait pas toujours été là... Mais également un homme. Un homme qui, comme très certainement bon nombre avant lui, était tombé sous le charme envoûtant de la belle brune aux yeux clairs. Alors oui, elle avait une emprise sur le barbare, que d'autres n'auraient jamais. Oui, il l'appréciait au point de ne rien risquer, ayant trop peur de la voir s'éloigner. Oui, il aurait voulu faire tant et plus pour l'avoir à ses côtés. Et oui, il avait peur.

Invraisemblablement, la survivante savourait son repas, semblait pensive, puis finalement, afficha un sourire. Le nœud de fer au milieu des épaules du scandinave disparu alors aussi miraculeusement qu'il s'était installé. L'issue de cette période muette ne s'avérait pas de bonne augure, mais au moins, le sourire qu'elle lui envoyait avait le mérite d'être rassurant... Ainsi donc, elle ne s'attendait pas à ce qu'il lui tienne de tels propos...? C'était une bonne chose...? Impossible à dire. Toujours est-il que, lorsqu'il s'agenouilla au devant d'elle pour l'inciter à poursuivre la séance de tatouage, il se sentait un peu plus léger. Peut-être que c'est ce que les gens appelaient "vider son sac" ? Retrouvant le picotement régulier de l'aiguille, cette fois-ci sur le côté de son crâne, les pensées de Lïnko s'apaisèrent, du moins quelques courts instants. En effet, c'est quelques minutes plus tard, quand Juliet tourna légèrement sa tête sans mauvaises intentions qu'une pression étrange remonta chez le barbu. Lui demandant si tout allait bien, l'artiste affichait un air parfaitement innocent « Oui, t'en fais pas. » Peut-être un peu froid..? Faut dire qu'il savait pas vraiment quoi répondre à cela... Tout était loin d'aller bien. Ça faisait un moment qu'il ne s'était pas senti aussi... Oppressé ? Prisonnier ? Oui, en quelque sorte, c'était ça. Le survivant avait l'impression d'être un de ces lapins qu'il prenait au piège dans ses collets meurtriers. C'était bête, comme ressenti ! Et puis, aussi soudainement que si un cadavre animé avait fait irruption dans la pièce, il saisit le poignet de Juliet, celui qui tenait l'aiguille, de l'une de ses mains. Tournant la tête pour être en face de la jeune femme, il resta un instant ainsi, à jauger son regard, le sien étant animé d'une lueur pouvant paraître hostile, ou plus simplement, inhabituelle.

Lentement, il approcha sa main libre du menton nacré de celle qu'il considérait comme bien plus qu'une simple amie. Prenant le temps de s'habituer au contact de sa peau, il remonta pour finalement enfouir ses doigts dans la douce crinière brune de la jeune femme. Toujours plongé dans les yeux hypnotiques de Juliet, l'islandais se rapprocha sensiblement, affirmant sa prise au niveau de la nuque. Oui, il craignait qu'elle tente de se dégager. Il ne l'en empêcherais pas, loin de là. Seulement, si Odïn existait, qu'il permette à ce moment de se produire. Rien qu'une fois. Se stoppant à quelques centimètres du visage de la belle, qui ne lui avait jamais parue aussi resplendissante, il coula un regard envieux aux lèvres pleines auxquelles il allait goûter. Retrouvant son regard, le nordien inclina sa tête d'une légère pression au niveau du cou, avant de finalement l'embrasser.
Les premiers instants, le barbare se fit timide. Savourant simplement le doux contact. Puis, prenant probablement confiance, et se laissant plus certainement encore porté par son désir, Lïnko accentua le baiser, avant de le rompre quelques temps après, s'écartant légèrement de la brune. Après s'être mordu la lèvre, il esquissa un sourire sincère. Coupable, un peu, mais sincère. « Avec tout ce qui s'est dit... J'ai pas pû m'en empêcher bien longtemps. » lança-t-il pour toute justification.

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Sa main sur le crâne de Lïnko, Juliet s’appliquait autant que possible. Elle imaginait que ce devait être une zone sensible, si bien qu’elle se montra un peu hésitante dans ses gestes au début, avant de prendre de plus en plus d’assurance, en voyant que le survivant ne semblait pas s’émouvoir plus que cela du traitement que lui réservait la brune. Elle était toute occupée à piquer de nouveau la peau, lorsque le jeune islandais lui empoigna le bras d’un coup, sans prononcer le moindre mot, tandis qu’il tournait finalement son visage vers elle. Les sourcils froncés en signe d’incompréhension, Juliet l’interrogea du regard, s’apprêtant à lui demander ce qui lui prenait soudain, mais le nouveau geste du blond la coupa en plein élan. Ses sourcils se défroncèrent peu à peu, tandis qu’elle sentait les doigts de Lïnko glisser sur son visage, puis dans ses cheveux. La surprise laissa la jeune femme incapable de réagir, tandis qu’elle était sûre de sentir ses joues rosir, et son cœur battre un peu plus vite contre ses côtes.

Lorsque Lïnko se pencha davantage, jusqu’à ce que ses lèvres touchent les siennes, Juliet resta parfaitement immobile, puis fit doucement glisser sa main le long du bras du jeune homme, en prenant de plus en plus confiance. Lorsque leur baiser prit fin, leurs visages s’éloignèrent un peu, tandis que la jeune femme rouvrait doucement les yeux, pour tomber sur le visage souriant de Lïnko. Un sourire similaire étira les lèvres de Jules, qui hocha lentement de la tête aux paroles de l’islandais. Elle mentirait si elle disait qu’elle aussi n’avait pas eu cette pensée, et elle était contente qu’il ait osé prendre cette initiative, car elle n’était pas certaine qu’elle en aurait elle-même été capable.

Tâchant de mesurer ses gestes, malgré l’empressement qui s’était emparé d’elle, Juliet reposa sagement l’aiguille dans le pot d’encre, qu’elle éloigna d’elle. Puis, sans même se donner la peine de reprendre la parole, elle attrapa le visage de Lïnko à deux mains, avant de l’attirer à elle pour l’embrasser à son tour. Cette fois-ci, elle ne prit la peine de se montrer timide, ou réservée, ils avaient perdu trop de temps bêtement en paroles et tâtonnements inutiles. Juliet glissa ses mains des joues du blond, à sa nuque, puis à ses épaules, tandis que ses lèvres ne quittaient celles de Lïnko. Au bout de quelques instants, Jules n’aurait su dire combien exactement, elle s’éloigna doucement du visage de son ami, plongeant ses yeux dans les siens, légèrement essoufflée, puis elle s’autorisa un petit rire léger : « -C’était pas vraiment comme ça que j’avais imaginé la séance tatouage…mais je dois dire que c'est encore mieux. » La brune était même loin de s’imaginer que les choses prendraient cette tournure quand elle était arrivée, plus tôt dans la journée. Et pourtant, elle ne pouvait nier qu’elle avait pensé à ce baiser malgré elle, depuis qu’ils s’étaient un peu ouverts l’un à l’autre, et qu’ils avaient abordé un sujet tout nouveau entre eux.

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Tout s'était finalement déroulé très vite. Leur repas achevé, les deux amis s'étaient de nouveau attelés à la séance de tatouage. Au vu de la disposition des motifs que Juliet avait commencé de repasser avec soin, le nordien s'était retrouvé assez proche de la jeune femme. Aussi, quelques instants plus tard, il l'avait embrassée. Juliet. Un peu gêné, mais satisfait, il s'était écarté doucement, le temps de savourer l'instant, toutefois un peu inquiet de la manière dont allait réagir la jolie tatoueuse. Après tout... Même si la discussion avait prit une tournure différente, tant et si bien que l'islandais avait fait part de son attirance pour Juliet, rien n'indiquait qu'elle partageait un ressenti similaire... Cependant, la jeune femme répondit presque immédiatement par un sourire, l'un de ceux dont elle avait le secret. Posant ses mains fines sur ses joues barbues, elle lui rendit même un baiser soutenu, qui eut raison de la retenue que souhaitait maintenir Lïnko.

Admirant la mine satisfaite qu'affichait Juliet, il l'accompagna dans son rire quand elle s'étonna du revirement de situation. Profitant du contact de ses mains sur ses épaules, le barbu s'approcha de nouveau, cette fois-ci pour goûter à la peau nacrée du cou de celle qui devenait davantage un peu plus qu'une simple amie. Accentuant la proximité entre eux, il en profita également pour enserrer la brune dans ses bras. Elle lui semblait si... Fragile. Bien évidement, il n'était pas complètement borné et macho. Il savait que la cage thoracique dont il dessinait les côtes de ses doigts enfermait une force admirable. Loin d'être faible et sans défense, Juliet était un genre de dualité mystérieuse, et la savoir dans ses bras amenait en lui un étrange sentiment de bien être. Stoppant ses baisers du même temps que le fil de ses pensées, il s'écarta quelque peu pour retrouver le regard éclatant de sa belle.

Sur un ton un peu trop sérieux, il proposa subitement « Restes avec moi. », avant d'ajouter « Ce soir. » Desserrant l'emprise de ses bras, craignant d'être un peu trop insistant, l'islandais poursuivit après un court silence. « J'aime bien t'avoir près de moi et... Bah maintenant j'ai plus envie de te lâcher, Jules. » C'était d'ailleurs vraiment étrange, comme ressenti. D'ordinaire, il est vrai qu'il appréciait la compagnie de la jeune artiste. Mais, maintenant qu'un tel rapprochement avait eu lieu, il lui semblait quasiment douloureux de le rompre aussitôt pour voir Juliet s'éloigner... Qu'est-ce qu'il lui arrivait encore ? D'une première analyse, c'était plutôt facile à préciser. Sentir la survivante aussi près, avait réveillé en lui des instincts primaires d'homme... Mais là ou il se sentait différent, c'est qu'il y avait plus. Et si la brune s'en allait maintenant, et après une bonne nuit de repos, revenait le voir pour lui annoncer que tout avait été brisé par les évènements de la veille ??

Il réfléchissait beaucoup trop, et s'en rendait compte. Où était passé son naturel, ses initiatives parfois jugées un peu trop rustres ? Faisant glisser ses mains au niveau des hanches de Juliet, l'islandais la souleva doucement. Gardant le corps svelte de la jeune femme un instant maintenu contre lui, il finit par se tourner pour inverser en quelque sorte leurs position. A présent assis sur la table, avec la survivante face à lui sur ses genoux, il doutait que ce soit une bonne idée pour calmer ses ardeurs... Mais ça en valait la peine ! Admirant silencieusement la brune, le barbare gardait une main posée dans le bas de son dos, l'autre jouant à dessiner les côtes de son flanc gauche.

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Elle n’avait pas pu s’empêcher de lâcher un petit rire, qui traduisait sans doute la retombée de nervosité qu’elle avait ressenti quand ils avaient commencé à évoquer ce sujet un peu spécial. Jules fut rassurée quand Lïnko la rejoignit dans son rire, lui prouvant qu’il n’y avait pas de malaise entre eux. Tant mieux, la situation aurait vraiment été gênante sinon, sans doute au point d’en mettre en péril leur amitié. Lorsque l’islandais se rapprocha, jusqu’à poser ses lèvres dans son cou, Juliet rejeta légèrement sa tête en arrière, comme pour lui offrir davantage sa peau, sensible à cet endroit. Ses yeux se fermèrent, tandis qu’elle esquissait un petit sourire en coin, sans même s’en rendre compte, et lorsqu’il la prit dans ses bras, Juliet se laissa un peu plus allée contre lui, nouant ses mains à l’arrière de la nuque du blond.

Lïnko se recula au bout de quelques instants, alors que la brune plongeait ses yeux azurs dans ceux, très clairs, de son ami, toujours agenouillé au sol. Elle ne put s’empêcher de froncer les sourcils malgré elle, face au ton très sérieux qu’employait soudainement l’islandais, et qui ne manquait pas de la surprendre. Les mots employés lui firent le même effet, bien qu’elle essaya de ne pas le montrer. Elle aussi se sentait bien à ses côtés, elle avait toujours eu l’impression qu’avec lui, elle pouvait être elle-même, simplement Juliet, et c’était très agréable. Jules n’avait toujours pas répondu lorsqu’elle sentit les mains de Lïnko glisser sur ses hanches, et la soulever du banc, aussi facilement que si elle avait été un fétu de paille, alors qu’il s’installait finalement sur la table, Juliet sur ses genoux. Elle sentait sa main au creux de ses reins, tandis que l’autre parcourait ses côtes, et la brune ne pouvait prétendre que cela la laissait totalement indifférente. Cette proximité physique, les mains chaudes de l’islandais sur elle, la façon qu’il avait de la regarder…tout ça mit bout à bout compliquait la tâche de la brune de garder un minimum de contrôle sur ses réactions. Et puis…est-ce que ce serait si grave que ça, si elle écoutait simplement ses envies ?

Il ne fallut pas longtemps à la brune pour craquer, alors qu’elle finissait par se pencher une nouvelle fois vers les lèvres de Lïnko, mettant de côté ses dernières réserves. La main de la jeune femme glissa de la nuque du blond, où elle se trouvait toujours, vers son torse, puis vers sa taille, tandis qu’elle caressait sa peau douce, se serrant un peu plus contre lui. Juliet quitta finalement les lèvres de l’islandais pour embrasser sa joue, puis descendre lentement ses lèvres vers son cou. Entre deux baisers, elle se décida finalement à lui répondre : « -D’accord, pour ce soir…je reste… » Quitter la peau de Lïnko lui demanda quelques efforts, mais lorsqu’elle se recula pour plonger son regard dans le sien, Juliet lui adressa un petit sourire en coin, en se rendant compte qu’il n’y avait aucune autre réponse qu’elle aurait préféré lui donner.

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A mesure que Lïnko et Juliet dépassaient les dernières limites de ce qui fonde d'ordinaire une simple amitié, l'islandais se sentait pousser des ailes. S'il était régulièrement ramené à la réalité par une sorte de crainte, celle de voir la jeune femme s'envoler brutalement, il regagnait un espace loin de l'apocalypse quand cette dernière s'amusait à explorer sa peau. Un frisson le saisit brusquement quand elle lui murmura gentiment à l'oreille qu'elle ne souhaitait pas vraiment se séparer de lui non plus... Dans quoi s'engageaient-ils ? Existait-il un genre de règlement à suivre, dans des cas similaires ? Une attitude à adopter ? Le barbare n'en avait aucune idée, et n'était de toute manière par certain de parvenir à garder un calme plat, maintenant que l'artiste s'amusait à caresser son torse. Au vu de la situation actuelle, le fait que Juliet souhaite rester avec lui pour la nuit pouvait signifier beaucoup. Lui rendant son sourire en fouillant ses yeux azurs, le barbu retourna à la peau nacrée de son cou.

Enivré de l'agréable parfum de la survivante, les doigts du scandinave se posèrent sur le mince débardeur qu'elle portait. Tout en l'embrassant, il le releva timidement, pour finalement rompre le baiser un instant et ôter le vêtement devenu inutile. La simple idée de la savoir plus dénudée faisait monter chez l'islandais un désir qui ne semblait pas près de vouloir quitter son bas ventre. Se relevant de nouveau tout en maintenant la jeune femme contre lui, il prit le temps de l'admirer avant de l'embrasser de nouveau, goûtant ses lèvres avec un peu plus d'ardeur qu'auparavant.
Selon ses conquêtes, Ice n'avait jamais été d'une extrême douceur lors des étreintes, mais pour une fois, il ne se sentait pas comme une vulgaire bête sauvage souhaitant en premier lieu assouvir ses besoins primaires. S'asseyant sur le lit, il s'allongea en prenant soin d'amener Juliet contre lui. Dans cette position, il fût tout à fait en mesure de la débarrasser de son pantalon, qui ne tarda pas à voler dans un coin random de la pièce.  

Ceci fait, Lïnko s'autorisa à échanger leurs places, dominant ainsi la divine silhouette de celle qui ne cessait de faire battre son muscle cardiaque, maintenant qu'il avait accepté de ressentir pour la jeune femme un sentiment plus chaud que celui de l'amitié. Au dessus d'elle, il lui murmura quelques mots dans sa langue natale, tout en caressant ses cheveux, avant de traduire : « Ce que t'es belle, Jules. » Parfaitement niais, mais le barbu avait comme un besoin essentiel de le formuler. Après tout, ce n'était que la simple vérité, et des centaines d'hommes l'auraient massacré sans hésiter pour être à sa place. Posant un baiser sur ses lèvres, l'islandais descendit doucement pour explorer les clavicules de son amante, avant d'embrasser sa poitrine. Glissant sur son ventre, ses hanches, ses cuisses, il semblait qu'il ai eu envie de connaître les moindres détails de son anatomie, ce qui se confirma quand sa tête disparut entre ses jambes.

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Allongé sur le dos, la tête reposée sur son bras, Lïnko souriait un peu bêtement en admirant les détails du plafond. Il pouvait sentir la chaleur du corps de Juliet, qui dormait aussi paisiblement qu'un ange, blottie contre lui. Son autre bras lui servant d'oreiller, le barbare avait ainsi tout loisir de jouer avec les mèches brunes de sa douce chevelure, prenant tout de même garde à ne pas réveiller sa belle. Par Odïn, il lui semblait qu'il n'avait jamais été aussi calme.

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