14 février 2016

J’avais re-feuilleté le manuel plusieurs fois pour arriver à la conclusion qu’Octavia était bel et bien en train de faire ses dents. Mais il y a un truc que je ne capte dans la logique des choses, bon ok les joues rouge et l’humeur de chat mouillé, pour les otites, pourquoi pas même si, déjà, c’est tarabiscoté ce truc. Par le conte le coté diarrhée quand dans dents poussent… bordel !!! mais c’est quoi le lien entre des quenottes et des sphincters ? Sans déconner ?!

Heureusement que j’ai été plutôt consciencieux quand je pensais être papa, parce que là, faut pas hésiter dans le changement de couches, sinon c’est juste une attaque sanitaire. Je crois que Logan a été assez étonné de me voir autant assurer avec sa fille. Oui, la saint valentin avec ma sœur à garder, c’est pas vraiment comme ça que je voyais les choses, mais Logan et Joy avaient certainement besoin de cette pause et c’était une sacré marque de confiance de me la confier.

J’avais réussi à me bricoler une écharpe de portage qui semblait plaire à la petite demoiselle. Avec ce kit main libre, l’avais fait au mieux pour un repas de fête. Des pâtes à la bolognaise avec de la viande hachée et de la purée de tomates. Ok tout venait de conserves, mais j’avais failli crever pour les trouver et question gout, c’était un luxe incroyable depuis l’apocalypse.

J’avais mis la table au mieux, essayer de trouver une bouteille de vin français, et prévu le verre avec la bague dedans. Bref, j’étais à peine nerveux. Le lit parapluie était prêt, Octavia avant mangé et s’amusait bien d’être promenée pendant que je courais partout pour mettre la table, préparer la moto d’Avalohn et faire un effort coté fringues. Les filles m'ont aidé à choisir. Pour les cheveux j’avais tout essayé mais j’avais fini par laissé tomber. Je ne pouvais rien y faire pour essayer de les mettre en place comme un mec civilisé.

La table est prête, a défaut de fleurs, c’est un bouquet de plante dessus, j’ai l’impression d’être un pingouin dans mes fringues et que ma vie dépend de cette soirée. Ce qui est peut être pas si loin de la réalité.

Quand la sonnette retentit, je suis déjà au bout de ma vie. C’était elle…

Je me précipite vers la porte pour la plus grande joie d’Octavia qui aime visiblement être bercée de la sorte. Je respire un grand coup avant d’ouvrir et d'essayer de baragouiner mes trois mots de français répétés depuis des jours avec Maddie:

« Bonneusoireu et bienveunous aieu toa… »

Avalohn était penchée sur la lavabo, son visage d’ange endiablé tendu vers son propre reflet. Le miroir reflétait une image qu’elle aimait énormément. C’était elle. Si la Mère Inverness avait fait quelque chose pour la Bronxarde, s’était de ne jamais douter de sa beauté. De ses formes pulpeuses, de ses jambes interminables, de sa crinière fougueuse, de ses yeux bien trop bleu pour être vrai.

Elle s’appliquait consciencieusement son rouge à lèvre favori qu’elle avait gardé sur elle bien avant cet Apocalypse. Et elle était plus magnifique et téméraire que jamais. Cette idée de « Saint-Valentin » l’avait presque amusé. Isha et Avalohn s’était revu quelques fois, simplement pour discuter, de loin. Elle s’assurait qu’il allait bien, que Logan le traitait comme il devait traiter un fils, qu’il survivait, qu’il était encore vivant. Des échanges un peu banals, à presque s’en casser la tête, comme une caresse qui se terminait trop vite. Pas assez douce, ni assez vive.

Elle avait découvert un petit mot glissé sous sa porte un soir où elle rentrait après une recherche de lait en poudre pour la petite chienne qu’elle avait gardé. Le chiot avait été enfin sevré après un mois de fatigue et d’acharnement. Elle avait fait tété le bout de son auriculaire pendant des heures pour nourrir cette petite chose pleine de vie. Lobos l’avait accueilli avec une étrange émotion paternelle. Il la surveillait sans cesse, lui ramenait ses jouets et ses os, lui faisait sa toilette au moins six fois par jour… Ces moments d’affection rendait Avalohn sensible et Harvey la retrouvait les yeux rouges, le nez qui coulait, entrain de serrer entre ses bras ces deux boules de poils.

Les plaies de la New-Yorkaise avaient cicatrisées lentement, elle passait des nuits à juste dormir, sans cauchemars, ni rêves. Son visage avait retrouvé une couleur uniforme, son dos la tirait encore parfois et son bras se réveillait de douleur pendant de grands mouvements. Mais elle survivait, plutôt bien.

Et ce soir, elle avait enfilé une robe noire qu’elle avait piqué dans un magasin de Détroit. Elle remit son bustier correctement devant son reflet tatoué et avantageux. Elle avait aussi pris soin de piquer des hauts talons d’une valeur inestimable qu’elle n’aurait jamais pu s’offrir avec un salaire même adéquat.

Elle détacha ses longs cheveux. Elle était prête pour une Saint-Valentin un peu étrange, mais appréciable. Cela signifiait qu’il était enfin sevré, qu’ils allaient pouvoir se parler calmement. Et Avalohn était accro à la surprise, n’importe laquelle. Elle se souriait avec ses petites fossettes, avant de prendre son sac à dos, de le remplir de quelques fringues et autres objets divers pour passer une bonne soirée. Elle prit la petite chienne endormie dans sa main en lui enroulant un ruban noir autour de son petit cou tout petit. Elle embrassa la joue d’Harvey avant de s’aventurer dans Fort Hope, cherchant avec ardeur l’adresse noté sur le bout de papier. Elle sonna doucement, attendant avec impatience qu’on vienne lui ouvrir. Elle avait caché la petite chienne dans une couverture, la portant dans ses bras, cachée aux yeux de tous, comme un enfant. Elle pinça ses lèvres pour les repeupler un peu plus, entendant les verrous se débloquer juste devant elle. Elle souriait avant de découvrir un garçon propre, bien habillé et… Avec un bébé.

« Bonneusoireu et bienveunous aieu toa… »

Son regard se figea quelques secondes, les pupilles passant d’un enfant attaché contre lui, et ses grands yeux noirs de feu. Devait-elle rire parce qu’elle n’avait absolument pas compris ce qu’il venait de dire ou péter un plomb en encastrant un foetus dans un mur?

Elle ne bougea pas, pendant de longues secondes, son sourire se glaçant sur son visage. Ses grands yeux voulaient devenir fous, mais elle essayait de calmer ses ardeurs, avant d’avoir une explication. Elle avait fait un énorme travaille pendant ces derniers mois, pour essayer de ne plus péter une durite pour un grain de sable. Sauf que c’était difficile, après tout ce qu’il s’était passé, ce qu’ils avaient subi, et ce qu’il continuait de faire. Elle ne se voyait pas passer une Saint-Valentin entre un corps musclé et un môme qu’il faut changer toutes les heures parce qu’il se chiait dessus. Elle racla sa gorge, s’invitant seule à entrer, des yeux énormes s’affichant sur ses pommettes. Dans quoi c’était elle encore fourrée?

- Il s’en est passé des choses dans cette cave dis moi. À moins que t’as baisé une grognasse dans Fort Hope avant de me rencontrer. Si c’est le cas la petite n’aura plus de maman et ne compte pas sur moi pour t’aider avec ce chiare.

Elle déposa son sac, faisant attention à la petite chose qui vivait dans ses bras. Elle souffla fort plusieurs fois pour essayer de faire reculer un démon qui était son âme. Elle se battait à l’intérieur d’elle, ayant encore une fois fait des plans sur la comète pour une soirée un peu exceptionnelle. Elle serra les dents, se retournant vers lui.

- Je fais un effort pour pas tuer ton alien. Vraiment.

Elle baissa les yeux, découvrant le chiot pour qu’Isha puisse voir la petite boule de poil renifler l’air.

- Bon… Joyeuse Saint-Valentin. Elle est pour toi.

De voir Avalohn aussi belle me coupe le souffle et me laisse sans mot. Mais, pour une raison que je n’arrive pas à comprendre, je sens rapidement que la Louve est encore en colère après moi. Pas la colère style « ouragan Skye » mais plus « blizzard glacé », ce qui est aussi inhabituel qu’inquiétant. Je commence à soupçonner Maddie de m’avoir appris de mauvais mots français. Si ça se trouve je viens de l’insulter.
Je suis choqué quand elle menace Octavia et pose immédiatement une main protectrice sur la petite en espérant qu’elle ne comprenne pas ce que qu’est en train de dire sa peut être officiellement future belle-sœur.

J’étais nerveux, j’avais envisagé plusieurs scenarios catastrophes, mais a vrai dire je ne pensais pas me cracher avant le décollage comme ça sans trop capter ce que j’ai merdé.

Je ne sais pas trop comment réagir quand elle pose un sac où sort une petite boule de poils en me souhaitant une bonne Saint Valentin. Octavia à l’air très intéressée par la petite créature et je mets un certain temps à le prendre dans mes mains et à réaliser ce qui se passe. Elle… elle m’offre un chien ? Un vrai chien, a moi qui ai toujours rêvé d’en avoir un. Je le regarde, je la regarde, je le regarde, je retiens Octavia de lui attraper l’oreille.

Putain !! J’ai un chien !!!

Je me sens tout beat de bonheur en me demandant qu’elle genre de molosse il va donner. En fait non, elle a dit « elle » ? Je regarde entre ses pattes. A oui, c’est bien « elle ». J’ai donc hâte de voir qu’elle molosse elle va donner.

« Merci !! c’est juste formidable, je me sens trop minable avec mon cadeau à côté du tiens !! Elle s’appelle comment ? Elle est de la même race que Lobos ? Mais attends, je suis naze, entre je t’en pries, et désolé si j’ai pas dit les bons mots en Français… je voulais t’impressionner mais je sens que c’est carrément raté pour le coup…»

Je suis un peu déçu de l’amorce de la soirée mais son cadeau me donne un peu d’espoir pour la suite.

« Entre, je t’en prie. D’ailleurs, je voulais te présenter Octavia, ma petite sœur… »

Je suis un peu gêné d’aborder la suite surtout qu’Octavia regarde avec sérieux le chien et ma femme. Je ne sais pas ce qu’elle capte vraiment de la situation. En tout cas la boule de poils et la belle inconnue semblent l’intriguer au plus haut point, à croire qu’elle en aurait oublié ses quenottes.

« Elle a effectivement plus de maman déjà, les Punishers y ont veillé, mais heureusement Logan la sauvée. Et ne t’inquiètes pas, je ne pensais pas te solliciter pour m’aider le jour de la Saint Valentin… mais si tu pouvais juste patienté quelques minutes "à trois" le temps que je puisse la coucher, ça m’arrangerait a mort… d’ailleurs puisqu’on commence par les deux, suis-moi »

Je l’entraine vers le garage, en vérifiant au passage, rapidement, la cuisson de ma bolognaise et de l’hybride de gâteau que j’ai essayé de faire pour elle. Je ne peux m’empêcher de faire un « Tadaaaaaaa !! Bonne saint Valentin » en allumant les lumières sur une superbe Harley Davidson FLS Softail Slim S revu et retouché spécialement pour elle par mes soins. Je pose la chienne au sol qui sautille joyeusement entre nous et la moto. Je sens bien qu’elle doit être un Pitt bull bébé ou un American staff.

« Les leçons de pilotages sont incluses ! »

Isha restait hébété devant la petite bête qui gigotait pour sentir les odeurs autour de lui. Le marmot essaya de lui choper l’oreille, Avalohn allait protester vivement mais l’homme fut plus rapide, en lui coupant la parole.

« Merci !! c’est juste formidable, je me sens trop minable avec mon cadeau à côté du tiens !! Elle s’appelle comment ? Elle est de la même race que Lobos ? Mais attends, je suis naze, entre je t’en pries, et désolé si j’ai pas dit les bons mots en Français… je voulais t’impressionner mais je sens que c’est carrément raté pour le coup…»

La Bronxarde se racla la gorge en cachant un sourire timide, regardant la boule de poil s’étirer.

« Entre, je t’en prie. D’ailleurs, je voulais te présenter Octavia, ma petite sœur…  Elle a effectivement plus de maman déjà, les Punishers y ont veillé, mais heureusement Logan la sauvée. Et ne t’inquiètes pas, je ne pensais pas te solliciter pour m’aider le jour de la Saint Valentin… mais si tu pouvais juste patienté quelques minutes "à trois" le temps que je puisse la coucher, ça m’arrangerait a mort… d’ailleurs puisqu’on commence par les deux, suis-moi »

Elle regardait le bambin tendre les mains vers le chiot pour l’attraper. Cette petite ne savait pas se tenir et cela avait le don d’énerver Avalohn. Le petite chienne était fragile, et il ne fallait pas la brusquer après son sevrage un peu brutal sans sa mère. Au final, elles étaient un peu pareil… Quelle idée d’appeler sa fille Octavia d’ailleurs. La jeune femme déposa son sac en regardant la maison et la table mise au milieu de la pièce. Elle aurait pu éclater de rire, mais elle trouvait ça mignon au final.

- J’ai pas vraiment le choix sur le fait que tu dois aller coucher ta boite à vomi de toute manière alors b… Tadaaaaaaa !! Bonne saint Valentin Les leçons de pilotages sont incluses !

Skye resta une minute sans rien dire. Une moto? Elle pensait à une blague et ne savait pas vraiment comment réagir. Elle fit une moue étrange en s’approchant, touchant le cuir du bout de ses ongles. Elle ressemblait comme deux gouttes d’eau à celle…

- Ethan. Ethan en avait une exactement pareil. Merci, Isha. Ça me touche beaucoup. Mais tu vas réellement me laisser conduire un engin pareil? Tu flippes à chaque fois que j’pose un orteil dehors… Alors sur une moto je n’imagine même pas.

Elle se mordait sa lèvre inférieur, remontant sa robe déjà assez courte sur ses jambes tatouées, enjambant la bécane en se cambrant vers l’avant. Avalohn la trouvait vraiment confortable, et des milliers de souvenirs lui revenait dans sa mémoire. Ethan et elle avaient passé un temps fou à discuter, s’embrasser, s’engueuler, partager, vivre, voyager sur ce genre de moto. Elle souriait. Isha n’aurait pas pu lui offrir meilleur cadeau que ces souvenirs qui lui faisaient du bien. Elle lança un regard azur vers son compagnon, un demi-sourire en coin.

- Je suis désolée pour Octavia, mais tu me comprends, je ne suis pas très prêteuse. Donc tu excuseras mon caractère de merde. Et pour ta nouvelle compagne, je l’ai surnommé « Coquillette » mais tu peux le changer. Et… Ce n’est pas vraiment le même gabarit que Lobos. C’est un Welsh Corgi Pembroke. Dans l’ancien temps, c’était les chiens qui gardaient les troupeaux de vaches, de poney et d’oies. Puis ça garde bien la maison et ça tue les nuisibles. Cette race est connue pour mordiller les mollets. Et c’est… On va dire un « petit » chien?

Avalohn ne put se retenir d’éclater de rire en mettant sa main devant sa bouche. Elle n’y avait pas pensé : Isha aurait préféré un molosse. Quelque chose de dur qui lui correspond mieux. Elle s’arrêta en essuyant une larme sur le coin de l’oeil.

- Pardon. Désolée. Vraiment. Mais ça ne va pas être un chien de compétition, mais c’est très attachant.

Skye descendait de sa moto en remettant sa robe noire correctement, approchant dangereusement d’Isha, mettant son visage au niveau de la hauteur d’Octavia. Elle la regardait pendant de longues secondes, droit dans les yeux. La petite fut surprise et attrapa une longue mèche de ses cheveux en la tirant vivement vers elle.

- Salut. Moi c’est Skye. Si t’es sage et que tu me fais pas trop chier, dans quelques années je t’apprends à mettre quelqu’un à terre en moins de trois secondes, à rendre fou de toi un homme en moins de 45 minutes et à boire 13 shots sans tomber dans les pommes. Ok?

Octavia tira encore plus sur la longue mèche de cheveux de la Bronxarde, gazouillant comme un petit oiseau heureux.[/b][/color]

Oh Putain. Ethan. C’était bien la dernière personne dont j’ai envie d’entendre parler aujourd’hui. Je viens de lui offrir une moto qui va lui faire penser au mec de sa vie au lieu de moi. Mais bordel ! Si ce n’est pas la poisse ça.

J’ai envie de me foutre des baffes et j'essaye de sourire malgré ma déception. A part que ce mec était un queutard, c’était le prince charmant parfait. Il serait vivant et ici, je pense que c’est pas avec moi qu’elle serait en train de foirer la saint valentin. Ça me pince le cœur quand je repense à la bague qui est sur la chaine qu’elle m’a donnée. Le genre de bijoux que je n’aurais jamais su lui payer dans mon ancienne vie. Le comble de l’ironie c’est que c’est avec cette bague que j’ai été choisir celle que je voulais lui offrir ce soir. Je sens que c’est mal engagé et je commence a me dire que j’aurais peut être pas les couilles de lui faire ma demande ce soir.

Isha le lot de consolation. C’est la première fois de ma vie que je fais la saint valentin, mais je pense que je suis en train de faire le palmarès de tout ce qu'il faut faire pour bien merder la soirée.

« Je vais t’apprendre à piloter, tant que t’es pas prête, ne compte pas sur moi pour te laisser tenter des folies. Et puis…j’ai bien compris que je te faisais plus de mal que de bien à vouloir te protéger a tout pris alors que je devrais plutôt t’apprendre à le faire toute seule encore mieux que tu n’y arrive déjà… »

Au moins elle est contente, c’est déjà ça. Quand elle se bidonne pour « coquillette » j’ai du mal à bien capter encore le truc. En fait les seuls chiens que j’ai vus sont ceux qui étaient destinés à participer au règlement de compte ou à faire du combat, autant dire que son Corby… jamais entendu parler de ce machin là.

Un petit chien… ah oui… mais petit comment ? Je regarde dans les yeux la fameuse petite chienne. Bon on verra bien ce que ça donnera, de toute façon, on va forcément s’entendre, elle et moi. Par contre pour le nom, je ne peux pas lui laisser celui du plat préféré de choupette. Il faut lui en trouver un plus adéquate. Si j’ai bien compris je vais éviter les noms de molosses. Il va falloir trouver un truc plus fédérateur pour m’assurer qu’elle sera toujours aimée. Je pense avoir une petite idée sur la question qui me plait bien.

Je laisse Ava finir ses présentations officielles avec Octavia. Je trouve ça mignon, certainement pas très orthodoxe, ni Logan ’s approuve, mais j’aime bien ce spectacle. Je me penche sur la petite pour faire semblant de lui chuchoter un secret avec un air taquin destiné à ma Louve :

« En vrai elle s’appelle Avalohn mais chut, elle ne sait pas encore que tu vas la faire craquer. Quand a sa méthode pour rendre fou un homme, d’ici à ce que tu sois en âge de l’apprendre, compte sur moi pour faire en sorte que ta grande sœur l’ait oublié a force de ne pas en avoir besoin ! »

Je dégage gentiment les cheveux d’Ava des petites mains vigoureuses d’Octavia, ignorant les tentatives de protestation et des grognements de mécontentement.

« D’ailleurs ma petite demoiselle, je pense qu’il est grand temps de dire au revoir, déjà tu as dépassé l’heure du couvre-feu et j’ai pas envie d’encore me prendre la tête avec ta belle mère. »

Je sors Octavia de l’écharpe et avec une aisance qui m’étonne presque je la mets en douceur sur le canapé pour lui changer sa couche. J’ai bien pris le pli, même pour éviter le pipi d’aisance. C’est avec la même dextérité que je lui passe son body et son pyjama tout en lui racontant l’histoire de cendrillon qui voulait aller en boite pour avoir un rencart avec le DJ mais qui avait des invit que jusqu’à minuit. Ça me rend un peu triste de me dire que j’étais finalement prêt pour ce bébé qui n’a pas voulu venir. Au moins, il y en a une à qui sa profite et elle n’a pas l’air de se plaindre quand j’imite la voix du vilain videur qui veut teje cendrillon pour qu’elle retourne faire la technicienne de surface chez ses méchantes collocs.

Je la redresse devant Avalohn et coquillette pour lui faire faire au revoir de la main :

« Bonne nuit Avalohn, Bonne nuit Tequila… »

Et oui ma boule de poil vient d’être renommée.

Je fais signe a Avalohn que je reviens dans quelques minutes et je vais coucher la puce. Elle est épuisée et ne résiste même pas deux minutes aux bras de Morphée. Je redescends rapidement après avoir vérifié le baby-phone.

« Je suis tout à toi ! Je crois que je suis censé te dire que le repas est prêt mais habillée comme tu l’es j’ai du mal à garder les idées claires… tu as faim ? »

« En vrai elle s’appelle Avalohn mais chut, elle ne sait pas encore que tu vas la faire craquer. Quand a sa méthode pour rendre fou un homme, d’ici à ce que tu sois en âge de l’apprendre, compte sur moi pour faire en sorte que ta grande sœur l’ait oublié a force de ne pas en avoir besoin ! »

Elle lança un regard un peu honteux à Isha, le seul sachant réellement la signification d’un prénom. Elle n’aimait pas qu’on l’utilise à tout bout de champ, même si c’était un bébé qui tenait ce secret entre ses doigts boudinés. Elle prit la mouche doucement et se releva doucement, laissant glisser sa longue mèche de cheveux pendant qu’Isha la décala délicatement. Elle souriait un peu.

« D’ailleurs ma petite demoiselle, je pense qu’il est grand temps de dire au revoir, déjà tu as dépassé l’heure du couvre-feu et j’ai pas envie d’encore me prendre la tête avec ta belle mère. »

Avalohn soupira par le nez en emboitant le pas à Isha, rentrant dans le grand salon ouvert où une odeur familière flottait doucement. Lorsque l’homme mit Octavia toute nue, la Bronxarde tourna la tête pour s’intéresser à la décoration dont elle n’avait rien à foutre. Elle poussa un petit rire mesquin et méchant, sa tête tournant à balle, se disant qu’elle n’aurait jamais pu gérer un marmot et encore moins torcher un cul rose. Elle avait tellement cru à ce bébé avec les attentes d’Isha… Un pincement au coeur la surprit, et elle passa machinalement ses paumes sur son bas ventre. Il n’y avait au final rien eut, et tous ces espoirs c’étaient envolés en seulement une goutte de sang. Elle était un terrain hostile, et elle se détestait pour ça.

Lorsque l’archer se redressa, il prit le petit bras du bébé pour faire un signe de la main.

« Bonne nuit Avalohn, Bonne nuit Tequila… »


Il tourna les talons, et c’est outré que, « Tequila », lança un regard de détresse à Skye. Du haut de ses petites pattes et de sa petite truffe, sa vie n’allait pas être simple. En fait, elle trouvait plutôt ça comique… Oui, la jeune femme se rappelait. Elle se rappelait bien…

« Papa avait bu ce soir là, beaucoup trop. Encore une fois, il y avait tellement de monde à l’appartement, de la fumée partout, et maman encore toute nue dans le lit d’à côté. Roméo et moi nous rentrions de l’école. Il me tenait la main très fort, ses lunettes cassés sur le bout de son nez. On ne voulait pas entrer encore une fois dans ce taudis puant la marijuana et la sueur. On ne voulait plus. Mais il le fallait. Nos géniteurs nous faisaient beaucoup trop peur. Alors c’est plein de peur et d’angoisse qu’on abaissait la poignée chaque soir. Et ce soir là, mon dieu ce soir là, je n’ai jamais eu autant honte de toute ma vie. C’était la première, et dernière fois qu’on m’humiliait de la sorte. Et que quelqu’un me touchait avec autant d’emprise. Nous avions déposé nos sac à dos près de la cuisinière où un monticule de vaisselle habitait. Les cafards y faisaient leurs vies, les mouches se collaient et se décollaient. Une canette de bière vola à travers la pièce, et gifla de plein fouet le visage de Roméo avant de tomber pile dans la poubelle. Il essuyait ses larmes de douleurs pendant que Papa me saisissait le bras en riant grassement, m’amenant devant ses nouveaux « amis ». Il saisissait mon visage entre son pouce et son index, montrant ce petit minois qui allait certainement lui rapporter gros. Il approcha sa langue de ma joue, la déposant près de ma tempe, me léchant de bas en haut. Et ces mots resteront gravés, pour toujours dans ma chaire et sa salive.

« Tu seras pas une putain comme ta mère. Toi t’as le truc qui rend fou, t’es comme une dose, une drogue, un putain de phénomène. À ton âge déjà formé, tu mérites pas le trottoir. Non, toi t’es une pute de luxe, un alcool qu’on déguste. T’es un bon Wisky. Ouais… Ouais, t’es Skye.  »

Avalohn se perdait dans le regard noir de la petite chienne. Ce deuxième prénom était né de là. La tatouée l’avait gardé, pour montrer qu’on ne pouvait pas la détrôner. Que malgré les moqueries, l’humiliation, la déception, la dureté de la vie, ouais, elle était un putain d’alcool de décoffrage. Elle déchirait la gueule des gens, elle leurs laissaient une gueule de bois toute leur vie. Elle enivrait des vies pour les laisser avec un mal de vivre pour toujours. Ça explose, ça pète. Ca se casse. C’est simplement Skye.

Isha revint en un éclair, alors que la Bronxarde se retourna pour aller en direction de la salle à manger.

« Je suis tout à toi ! Je crois que je suis censé te dire que le repas est prêt mais habillée comme tu l’es j’ai du mal à garder les idées claires… tu as faim ? »

Elle lui lança un regard par dessus son épaule avec un sourire en coin. Elle roula des hanches avant d’aller minauder vers une commode où une enceinte traînait, poussiéreuse mais branchée.

- Je crois que… oui, j’ai faim. Mais je voudrais bien boire et danser avant.

Avalohn sortait son MP3 de son sac en quelques pas gracieux, essayant de brancher difficilement la petite boite à musique. Elle enclencha une musique qui la hantait depuis des nuits et des jours.


Elle passa ses doigts tatoués dans sa chevelure, commença à bouger son bassin, ses jambes, ses bras, ses clavicules, ses épaules. Elle avait besoin de ça ce soir. Et beaucoup d’alcool. Juste pour une nuit. Juste pour ce soir.

Avec ce roulement de hanches, moi aussi j’ai d’autres envies que de manger mon plat de fête. Cela fait si longtemps que nous n’avons pas couché ensemble. De repenser à Greg « qui s’est amusé avec elle », je calme tout de suite mes ardeurs. On prendra le temps qui lui faudra. Je saurais être patient pour elle.

J’évite de faire de l’humour en lui demandant à quel moment Logan doit débouler pour me kidnapper et où elle a réussi à planquer la seringue de drogue cette fois. En fait, c’est vraiment affreux, mais j’ai vraiment un coup de flippe.

Bon en même temps avec sa robe… ça serait vraiment compliqué de planquer quoique ce soit, même ses jolies formes sont à peine dissimulées. D’un côté je me dis que j’ai trop de chances, même en tant que lot de consolation, qu’elle daigne vouloir de moi, de l’autre je me souviens que j’ai la bague en poche et elle son ex en tête.

Bref c’est pas gagné.

Après c’est vrai que je n’ai pas dansé ou fait la fête depuis … bah depuis pas loin de deux ans. Pourtant j’ai toujours adoré sortir, même si c’était plus pour chasser qu’autre chose. Avec un petit sourire je mets un terme à mon hésitation et je vais la rejoindre sur la piste de danse improvisé. Au moins elle a fait attention au son pour Octavia. Je me laisse donc aller au grès de cette sublime tentatrice qui sait très bien y faire pour me mener là où elle veut. Je laisse sa play list défiler ne manquant pas de me rapprocher d’elle dès que la musique s’y prête. J’arrive même à la taquiner un peu, rapprochant mes lèvres des siennes pour finalement ne pas lui donner de baiser sans qu’elle ne vienne me le voler.

Au bout de quelques musiques je l’abandonne pour lui servir un verre de vin Français. Je n’y connais rien mais Maddie m’a aidé en disant que c’était top et en m’expliquant le fait qu’il fallait ouvrir la bouteille avant, ainsi que le cérémoniale pour remplir les verres afin de faire je ne sais plus quoi au gout de cette boisson. Je suis assez curieux de savoir si c’est si bon que ça ou si c’est juste encore un truc prétentieux de snobs.
Je lui tends son verre avec un sourire en coin. J’imagine qu’elle aurait espéré de l’alcool fort et pouvoir se vider l’esprit dans un excès, sauf que j’ai d’autres idées derrière la tête pour ce soir. Et puis, même si je ne lui dirais jamais, il est hors de question que l’on se mette minable alors qu’Octavia est sous ce toit et peut avoir besoin de nous a tout moment.

« J’espère que je ne vais pas te décevoir en ne te proposant que du vin ce soir. On fera la fête en picolant tous les autres soirs qui nous restent à vivre si cela te fait plaisir, mais pas aujourd’hui. J’ai d’autres projets qui impliquent que tu sois la parfaite maitresse de la situation. »

Je lui fais un léger clin d’œil.

« Si tu veux me suivre à table, histoire de voir si j’ai été à la hauteur pour satisfaire ton appétit… »

Je suis prêt à l’entrainer vers la table avec toutes les bonnes manières françaises que Maddie m’a expliquées, et lui servir mon plat du jour : des spaghettis bolognaises avec du gout et de la viande. Bon, d’accord, on est loin de top chef, mais avec les moyens du bord, ça restera un festin. Après je serais les fesses pour que mon cake au citron soit bonet surtout qu’elle ne m’envoie pas valser avec ma bague.

« Au passage, tu ne m’as pas dit, tu te plais ici ? je veux dire à Fort Hope ? »

« J’espère que je ne vais pas te décevoir en ne te proposant que du vin ce soir. On fera la fête en picolant tous les autres soirs qui nous restent à vivre si cela te fait plaisir, mais pas aujourd’hui. J’ai d’autres projets qui impliquent que tu sois la parfaite maitresse de la situation. Si tu veux me suivre à table, histoire de voir si j’ai été à la hauteur pour satisfaire ton appétit… »

Après son clin d’oeil et son dos tourné, Avalohn leva furtivement son bras avec son majeur levé, en direction du bébé qui devait certainement dormir à ce moment. Si il croyait réellement qu’elle lui donnerait le sein si elle crevait la dalle il pouvait aller se faire foutre. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas bu pour oublier un peu ce monde horrible, et elle allait avoir droit à une seule bouteille de vin. La Saint-Valentin voulait dire « en amoureux », et elle en voulait à Isha de ce changement de plan. Elle méritait une soirée digne de ce nom pour leurs retrouvailles après cette période beaucoup trop difficile. Elle croisa ses bras sur sa poitrine en retenant sa colère, Skye commençait à bouillonner.

Elle fit quelques enjambées en descendant les pans de sa robe trop courte, marmonnant pour elle même et maudissant cette soirée qui allait virer en une mauvaise série télé. Si il croyait qu’elle allait s’adoucir pour les beaux yeux d’un marmot, s’affaler dans un canapé pour qu’elle lui masse les pieds avec un sourire figé, il se foutait le doigt dans l’orifice. Avalohn tira sa chaise, s’asseyant devant son assiette. La décoration était assez étrange, comme chez Romwell, quand il l’invitait pour Noël. Elle eut une pensée triste pour son « père » qui la rendait triste.

Elle n’en avait jamais vraiment parlé à Isha, de lui. De cet homme si courageux, si attentif… Elle savait qu’un jour ou l’autre, elle devait aller voir cette maison qui était son chez elle, un petit peu. Elle était lâchement parti, claquant une bise sur sa joue, se souciant simplement de son jumeau. Elle aurait du rester, Roméo était fort, il s’en était sorti, c’était sûre…

Elle planta son coude sur la table, son menton posé dans sa main, la mine boudeuse.

« Au passage, tu ne m’as pas dit, tu te plais ici ? je veux dire à Fort Hope ? »

Elle eut ce petit rictus que seule elle pouvait faire. Un demi-sourire où sa fossette apparaissait, comme amusée et provocatrice. Il lui servit un verre de vin rouge, le posant devant elle. Elle laissa planer les secondes sur cette odeur qui l’enivrait déjà. Elle voulait une cigarette. Plus que tout.

- Les gens sont trop… Heureux et gentils. Je ne suis pas comme eux. Je suis le loup dans la bergerie ici.

Avalohn avait ce sentiment d’être un prédateur, depuis toute petite. Montrer les dents, minauder, intimider, manipuler, charmer… C’était un quotidien trop bon et jouissif pour elle. Sauf qu’ici elle ne tenait pas les rênes, elle ne tyrannisait pas, elle devait se tenir à carreau. Elle savait très bien comment le Fantôme pouvait réagir.

Skye était une prisonnière dans une cage dorée. Un paradis perdu qu’elle voulait transformer en Enfer. Puis la godiche de la dernière fois avec ses cheveux rouges l’avait invité à venir prendre le thé plusieurs fois, avec sa voix fluette et insupportable. Elle l’avait ignoré. Devant elle, Avalohn était une princesse trash, une fille des rues avec des vêtements beaucoup trop courts et serrés.

Elle avait failli devenir quelqu’un comme elle, si Avalohn n’avait pas découvert qu’Ethan la trompait. Ils se seraient tout les deux mariés ici, à Détroit, une belle cérémonie dans une petite chapelle. Ils auraient eu un pavillon avec des enfants, un bon job, elle aurait pu monter son cabinet. Ethan serait devenu urgentistes, à sauver des vies. Roswell aurait été fou de joie d’avoir des petits enfants, de voir sa fille devenir une vraie femme. Il en aurait pleuré chaque soir…

Avalohn planta ses yeux sur Isha. Qu’aurait dit cet éducateur qui l’avait sorti de cet Enfer? Elle le savait. Très bien. « Es-tu heureuse, Avalohn? Si avec lui, tu trouves ton bonheur, alors je te soutiendrais. Mais si il te brise le coeur, je lui brise les dents. Personne ne touche à ma fille. »

La Bronxarde prit le verre de vin entre ses doigts tatoués, avant de sentir le liquide rouge qui l’appelait avec sensualité.

- Mais Harvey a l’air heureux. Il aime faire des balades, prendre soin de moi, sortir Lobos, travailler… J’l’adore ce petit con. Vraiment. Alors si il est heureux, je suis heureuse. Et si tu l’es, je le suis aussi.

Elle prit une gorgée féroce, avant de l’avaler, un sourire en coin.

- Tu m’aimes toujours, Isha Cornwell?

Elle planta ses yeux perçants sur le visage de cet homme qu’elle avait fait bavé.

Je lui sers mon plat dont je ne suis pas peu fière. Je me doute qu’elle ne sait pas quel point c’est rare que je faire la cuisine ni à quel point j’ai galéré pour lui préparer ce repas. Je vois bien qu’elle n’a pas l’air contente. J’imagine qu’elle aurait aimé une autre soirée…

*Ou avec quelqu’un d’autre. *

Je me sens un peu péteux en fait, voir même pire, pathétique et prétentieux d’avoir imaginé qu’elle pourrait me vouloir comme véritable mari. Je ne suis que ce qui reste parmi les vivants en attendant mieux. Malgré moi je sers la bague que j’ai dans ma poche.
« Les gens sont trop… Heureux et gentils. Je ne suis pas comme eux. Je suis le loup dans la bergerie ici. »

J’arrive à esquisser un sourire amère, je vois parfaitement ce qu’elle veut dire, à sa différence c’est que moi j’ai des visages connus autour de moi, alors qu’elle, elle n’a que moi et Harvey.

« Nous sommes les loups dans la bergerie Avalhon… les gens d’ici ont tous beaucoup perdu à cause des Punishers. Sans Logan on serait je ne sais où en plein hiver a se demander si on va réussir a survivre une journée de plus… »

L’idée de reprendre une vie d’errance avec ma Louve et Harvey me donne une suée froide. J’ai failli crever lors du dernier hiver. Le froid, la difficulté pour à la fois trouver de la bouffe et assurer mes arrières, la peur des autres vivants…

Si a un moment on doit partir, je négocierais pour qu’au moins Harvey puisse rester ici.

« Je ne me leurre pas, la plupart des gens dormiraient mieux sans nous et à la première connerie, Logan ne saura rien faire pour permettre de rester. De même si un jour il savait exactement ce que j’ai fait pour Bruce, j’imagine qu’il serait le premier à me gicler à la porte… »

Au moins j’avais de la chance, vu nos capacités de communication lui et moi, il y avait peu de chances qu’il pose un jour la question ou que j’aborde le sujet.  

« Mais on a notre place ici, j’ai commencé à en parler à Logan il y a un grand terrain vague derrière, on pourrait faire des enclos, mettre des animaux… Pas seulement des poules, tout ce que l’on arrivera à trouver d’utiles…tu en penses quoi ?»

Je reste un peu jaloux d’Harvey malgré tout, pas seulement du fait que c’est le seul des trois qui a réussi a garder les mains propres, au fonds on a tout fait pour, mais c’est surtout qu’il allait proche d’Avalohn, plus qu’elle ne me laisse l’être.

« Tu m’aimes toujours, Isha Cornwell? »

Je reste à la regarder, étonné par cette question. Est-ce que c’est après ce qu’elle a vécu qu’elle s’inquiète autant ? Elle a peur que je la rejette pour ça ? Elle devrait pourtant savoir que cela ne changera rien à notre relation. Que si quelqu'un peut comprendre c'est bien moi. Mise à part que je ne sais pas comment m’y prendre pour aborder certains sujets ou pour la toucher sans risquer de lui faire du mal. Je me lève malgré l’odeur alléchante du repas pour lui caresser le visage et lui déposer un baiser sur ses lèvres maquillées.

« Avalohn Skye Inverness, comment peux-tu imaginer qu’un jour un simple mortel comme moi puisse cesser de t’aimer… c’est plutôt moi qui devrais m’inquiéter de savoir si tu peux encore aimer un mec comme moi… »

« Avalohn Skye Inverness, comment peux-tu imaginer qu’un jour un simple mortel comme moi puisse cesser de t’aimer… c’est plutôt moi qui devrais m’inquiéter de savoir si tu peux encore aimer un mec comme moi… »

Avalohn afficha un pauvre sourire, presque minable sur sa gueule d’ange. Les mensonges, elle pouvait les sentir à des kilomètres. Et Isha avait beau croire dur comme fer à cette phrase, cesser de l’aimer était au final possible. Ses parents l’avaient fait, Fernando aussi, Ethan pareillement. À quand allait-il tourner les talons? S’en aller lui aussi? Loin d’elle?

Skye savait très bien qu’elle avait joué avec les braises de son Enfer. À s’ouvrir, à se laisser découvrir, elle était vulnérable et impuissante.

Oui. Ce garçon la tuerait un jour. D’une façon ou d’une autre. Elle en était certaine.

Elle saisissait sa main qui lui caressait la joue, entrelaçant ses doigts aux siens. Elle avait trop à lui dire mais les mots s’échouaient sur sa langue. Ne franchissaient jamais le bord de sa bouche. Elle ne pouvait plus lui dire quand elle souffrait, quand elle était heureuse, ni pourquoi la nuit elle pleurait devant un miroir, les yeux perdus dans son reflet. Était-il trop jeune, trop fragile, trop sensible? Ou était-elle morte de peur de redevenir cette petite chose insignifiante qu’il avait réussi à faire ressortir chez elle?

Elle se demandait aussi comment pouvait-il douter qu’elle ne puisse plus l’aimer. Il était son tout, maintenant. Il était son alpha, son mâle dominant, son repère, le seul qui pouvait encore la guider dans ce courant trop fort. Elle lui avait tout donné d’elle, le meilleur comme le pire. Et ça avait explosé, implosé. Ils s’étaient déchirés au point de se séparer. Rien ne serait plus pareil, et pourtant, elle ne cessait de l’aimer avec cette rage et cette intensité qui lui collait à la peau.

Elle lâcha sa paume en baissant les yeux sur son assiette, comme une automate. Comprendrait-il seulement un jour? Il l’avait sauvé. Il lui avait tendu la main au bon moment, et elle s’était accrochée. Si il partait, si il la quittait, si il lui disait que tout était différent, elle ne serait plus qu’un mur démoli. Un jour ou l’autre, elle gâcherait tout une fois de plus, une fois de trop. C’était son quotidien, elle n’échappait jamais à son destin. C’était comme ça, elle en était persuadée…

Oui. Ils deviendraient amis, et ça la tuerait à petit feu.

Elle soupira bruyamment, saisissant sa fourchette et son couteau, dans un silence de plomb. Elle se battait pour que son démon se taise. Non, c’était autre chose. Il y avait autre chose qui essayait de sortir. De plus grand, de plus dangereux. De plus destructeur.

Elle se racla la gorge, commençant à manger ce qu’Isha lui avait préparé. Ça la touchait qu’il ait tout organisé, comme dans le bon vieux temps. Mais à cet instant précis, cet instant exact, quelque chose soufflait en elle.


- Vivre ici? Tu veux dire à Fort Hope? Toi et moi?

Elle eut un tressaillement malsain, un sourire narquois et impressionnant. Elle tremblait doucement sur sa chaise et devant ce repas qu’il avait du mettre des plombes à confectionner pour elle. Tout ça c’était pour elle,

Elle releva la tête. Elle laissa échapper quelques soubresauts sur ses clavicules.

- Je suis tarée. Qui voudrait d’une garce doublée d’une bonne pétasse comme coéquipière dans sa vie, Isha?
Elle le regardait longuement, ses cils se mouillant doucement.

- Un jour tu verras. Un jour tu te réveilleras avec cette envie irrépressible d’aller voir ailleurs alors que je dors à côté de toi. Tu vas rentrer tard, chaque soir. Ou alors tu te lasseras. De mon caractère, de ma gueule qui vieillit, de ces prises de tête à la con. Pour quoi au final? Que tu m’abandonnes? Comme les autres, Isha?Un jour, un jour oui tu verras. Tu te lèveras en te disant que tu n’es pas heureux.

Elle plantait instinctivement ses ongles dans ses paumes, tellement fort que la douleur la canalisait.

- J’ai peur maintenant. J’ai peur d’être seule, tout le temps. Et au final je le serais toujours. J’ai cru… J’ai cru cette nuit là, où on a échangé nos objets les plus précieux, que je ne le serais plus. Mais encore une fois, tu vois, Skye a tout gâché. Je te jure, j’essaie. J’essaie d’être bien pour toi. Mais ça net te suffira pas. Tout disparaitra un jour, et je me retrouverais encore une fois bien baisée et seule.

Sa voix tremblait, elle commençait à paniquer. Ils n’avaient pas eu de vrais conversations sur tout ça. Toutes ces choses. Et elle vomissait son récit, ses craintes, ses peurs, pendant la Saint-Valentin.

- Tu as ta famille. Tu as ton père, ta petite soeur, encore des connaissances. Je n’ai personne moi, à part toi. Je vais faire comment le jour où tu m’abandonneras?

Elle serra ses mâchoires en essuyant une larme qui lui faisait couler son mascara. Elle flippait, parce qu’elle se condamnait à une triste fin. On l’avait trop laissé tombé pour qu’elle y croit encore. Elle voulait lutter pour croire que ça serait différent, mais on l’avait martelé toute sa vie.

- Je peux pas encaisser ça. Pas une seule fois de plus. Je suis tarée. Qui voudrait aimer quelqu’un comme moi le restant de ses jours et se condamner, sérieusement, Isha?

Je retourne à ma place et prends le temps de gouter à mon plat. J’ai au moins la fierté de me dire que ça a du gout bordel. Ça ne sent pas des rations de merde ou la conserve. Mais ma minute de jubilation est vite interrompue. Avalohn tombe les masques et ce que je prenais pour de la colère laisse place à une sorte de détresse douloureuse.

Je reste à la regarder et a sentir sa peine. Elle doute tellement, elle a si mal, et je ne sais rien y faire. Je me doute que ses mots, ses peurs, ses doutes, ils sont liés à ce qu’elle avait subis. J’enrage de ne pas avoir pu tuer de me main Greg et Bruce. Qu’ils moisissent en enfer jusqu’à la fin des temps, et si un jour je vais les rejoindre je jure sur tout ce à quoi je tiens que je ne les lâcherais pas.

J’essaye de rester à l’écouter sans l’interrompre. Elle a besoin de vider son sac, de se confier, il faut que je sois là pour elle. Ça ne peut que lui faire du bien de s’ouvrir enfin. Même si je redoute qu’elle aborde le sujet, celui que nous évitons soigneusement depuis qu’elle l’a à peine abordé en janvier.

Quand je vois une larme perler le long de sa joue, je n’y tiens plus et je me lève pour la prendre dans mes bras. Je l’embrasse avant de m’assoir et de la caler sur mes genoux contre moi. C’est cette même position qui à tant calmer ses nuits de cauchemars.  J’essaye d’être le plus doux possibles et je redoute de la sentir se tendre d’appréhension dans mes bras.

« Ava… »

Je ne sais pas par où commencer, il y a tellement de nœuds à dénouer.

« Quand je dis vivre ici, je pense plus à vivre dans cette maison avec moi… »

Merde je vais p’être un peu vite dans ma manœuvre, il ne faut pas oublier que je me suis promis d’y aller doucement, de ne la forcer a rien pour qu’elle puisse aller a son rythme.

« Et si tu ne te sens pas prête à être dans la même chambre que moi, dis-toi que je n’ai pas encore fait le compte mais il y a plus de chambres ici qu’une famille d’amish ne saurait en remplir en toute une vie ! »

Même si j’ai très envie qu’elle préfère ma chambre. Je la regarde avec un petit sourire que j’espère confiant alors que je ne le suis pas du tout quant à la suite de ce que je veux faire.

Dans cette position c’est difficile de la regarder dans les yeux et de ne pas loucher sur ses jolies formes avec son décolleté. Je suis obligé de la décaler légèrement pour ne pas qu’elle sente mon "enthousiasme grandissant". Mais j'arrive malgré tout à laisser mes yeux là où il doivent être: dans son magnifique regard azur.

« Je pensais attendre le dessert mais je pense que ça te prouvera que tu es tout sauf une pénitence et que je ne te laisserais plus jamais te sentir seule. »

Je sors la petite bague que j’ai mis tant de temps à choisir. Je m’en veux de pas avoir pris un super écrin comme dans les séries, mais je pensais la foutre dans son verre. Je ne suis pas hyper doué pour choisir les bijoux. Je sais bien les évaluer pour les revendre, on ne me la fera avec enter du plaqué or et de l’or ou un diamant ou un zircon, mais ensuite en trouver une pour faire une demande en mariage, c’était un autre challenge.

J’ai pris un claddagh retravaillé en or blanc et jaune avec un diamant dans le cœur. C’est con mais j’ai toujours adoré la gueule de cette bague. Sans Wikipedia, difficile d’être sûr de la signification exacte de ce symbole, mais j’ai décidé que pour moi ça serait notre lien.

Je lui pose dans sa petite main, notant, au passage, les marques d’ongles dans sa paume.

« Même si pour moi tu es déjà ma femme, tu mérites tellement mieux qu’un petit serment fait dans une petite chambre sans témoin du fait que je t’aime à la folie, tu devrais pouvoir mettre une belle robe avoir le droit à des demoiselles d’honneur, au lancé de bouquet et je ne sais pas trop en fait car j’ai jamais été à un mariage de ma vie… »

Et je ne sais pas trop ce qui lui plairait vraiment. Sans prête et ni représentant d’état, ça pourrait être compliqué, mais Logan était le chef de la communauté, c’est un peu une sorte de bourgmestre non ?

« Je sais que je t’ai déçue, que j’ai merdé, mais j’essaye de me sortir les doigts du cul pour être celui sur qui tu peux te reposer quand tu en as besoin. Je veux être ta famille et que ma famille soit la tienne… »

Je me rends compte que je suis en train de lui mettre une putain de pression là et que c’est pas top au regard de ce qu’elle a vécu et de la situation.

« Mais tu n’es pas obligée de me répondre maintenant, je peux comprendre que tu aies besoin de temps… et … même si tu me dis non, ça ne changera rien au fait que je serais là pour toi… »

Comme un enfant désemparé, Isha la prit contre lui, sur ses genoux. Avalohn savait bien qu’il avait passé un temps fou dans cette position, à calmer ses crises et ses cauchemars. Son visage était déformé par la haine de soi. Elle se détestait de ne pas avoir eu d’enfance normale, une vie normale, des parents normaux… Tout aurait pu basculer si seulement une putain d’assistante sociale s’était réellement souciée de Roméo et elle.

« Ava… Quand je dis vivre ici, je pense plus à vivre dans cette maison avec moi… »

Avalohn passa le coin de ses mains sur sous ses yeux pour ramasser des larmes amères. Oui, avec lui, elle le voulait. Beaucoup. Mais il prendrait les jambes à son cou si il restait avec elle une minute de plus. Elle était faite pour qu’on la fuit. Pas pour qu’on l’aime et qu’on l’admire.

« Et si tu ne te sens pas prête à être dans la même chambre que moi, dis-toi que je n’ai pas encore fait le compte mais il y a plus de chambres ici qu’une famille d’amish ne saurait en remplir en toute une vie ! »

Elle souriait tristement en reniflant doucement, passant un bras autour de son cou, posant son front sur le sien. Il ne comprenait pas. Le problème n’était pas lui, mais bien cette Bronxarde au coeur d’encre noir. Là où elle allait, on la dévisageait. Là où elle était, on ne la souhaitait pas. Avalohn avait appris à fuir depuis qu’elle savait rouler un joint. Le bonheur était un mot qu’elle connaissait vaguement. Comme si ce mot était griffé par des ongles ensanglantés, comme si il était balafré, blessé, dans un coin.

Elle l’avait touché du bout des doigts, comme une enfant apeurée par un chien qu’elle ne connait pas. La tentation était lourde d’aller vers lui, mais beaucoup trop dangereux. Elle y laisserai sa peau de louve. Que fallait-il faire, au final? Si Romwell avait omis une des règles importantes, c’était bien quoi faire si on a trop peur des deux côtés. Se retrouver seule pour fuir une vie qu’elle ne méritera jamais ou rester pour se retrouver à la fin gâchée, desséchée, putréfiée?

Les questions se bousculaient une à une dans sa tête. Elle allait s’effondrer, une énième fois. Ou fuir, dans pas trop longtemps.

« Je pensais attendre le dessert mais je pense que ça te prouvera que tu es tout sauf une pénitence et que je ne te laisserais plus jamais te sentir seule. »

Il chercha quelques choses rapidement dans sa poche, Skye en profitant pour retirer les larmes de ses longs cils noirs. Il en profita pour ouvrir sa main d’encre, pour y déposer un petit objet au creux de sa paume.

Un éclair foudroya Avalohn de toute part.

« Même si pour moi tu es déjà ma femme, tu mérites tellement mieux qu’un petit serment fait dans une petite chambre sans témoin du fait que je t’aime à la folie, tu devrais pouvoir mettre une belle robe avoir le droit à des demoiselles d’honneur, au lancé de bouquet et je ne sais pas trop en fait car j’ai jamais été à un mariage de ma vie… Je sais que je t’ai déçue, que j’ai merdé, mais j’essaye de me sortir les doigts du cul pour être celui sur qui tu peux te reposer quand tu en as besoin. Je veux être ta famille et que ma famille soit la tienne… »

Famille. Tienne. Tellement mieux. Serment. À la folie. À la folie…

« Mais tu n’es pas obligée de me répondre maintenant, je peux comprendre que tu aies besoin de temps… et … même si tu me dis non, ça ne changera rien au fait que je serais là pour toi… »

Temps. Non, du temps il n’y en a pas. Il n’y en a plus. Ni d’air. Il n’y a plus d’air. Les poumons d’Avalohn se bloquèrent, ses yeux aussi, des larmes perlant sur ce petit objet beaucoup trop grand pour elle. Le sang ne circulait plus, son cerveau était vide, il parlait une langue qu’elle avait connu. Elle comprenait sans comprendre.

La Louve en elle se levait, grognant, les crocs bavant, le poil dressé, les babines retroussés. Elle lui disait de fuir. Maintenant.

- Je…

Les jambes d’Avalohn tremblaient sur les genoux d’Isha, ses pupilles regardant cette bague qui était un engagement beaucoup trop haut pour elle. Elle ne le méritait pas. Loin de là. Tellement loin… Et elle devait fuir, elle devait partir, y aller, ne pas se retourner, ne pas faire de dégât à ce qui était l’homme de sa vie. Elle allait le briser un jour ou l’autre, il allait l’abandonner du jour au lendemain. La Louve en elle en était sûre.

Elle était le Loup Blanc. Elle était La Solitaire.

- N…

Elle replia ses doigts sur ce bijou qu’il avait du choisir avec attention. Cet homme avait le sens du détail, et Avalohn avait la fâcheuse habitude de tout casser, de tout bousiller, de tout envoyer en l’air.

Et alors…?

- Je… Je renonce à ma liberté pour toi. Je vais arrêter de fuir.

Elle serra sa mâchoire très fort, plissant ses yeux azurs. Ça faisait mal, et La Louve hurlait. On l’avait enchaîné. En pleine chaire.

- Je refuse de terminer ma vie sans toi.

Elle ouvrit les yeux, doucement, se penchant pour déposer sa joue trempée contre celle d’Isha. Sa bouche près de son oreille, elle enroula ses bras autour de lui.

- C’est oui.

Je vais être honnête, même si je n’avais jamais vraiment pensé avoir à faire une demande de mariage dans ma vie avant il y a quelques semaines, j’ai quand même eu le temps de me faire pas mal de films sur les différentes réactions possibles de ma Louve pendant ce laps de temps. Ça allait de la baffe aux larmes de joies en passant pas un "je vais réfléchir". Je pense avoir été pas mal créatif pendant ses nuits blanches a préparer cette soirée et a craindre un râteau. Mais pourtant j’avais pas prévu ça du tout.

Même si je suis heureux qu’elle me dise oui, ça sonne comme une putain de reddition après une sacrés hésitation et elle respire pas vraiment la joie de vivre.

* Forcement t’es que lot de consolation, le mec qui a survécu mais qui doit être loin de son 100 e choix en temps normal. Remercie l’apocalypse sinon elle t’aurait même pas capté. *

Je percute que si ca se trouve elle a peur, elle a juste peur que si elle me dise non j’aille voir Logan pour qu’il la foute dehors. Merde je veux pas qu’elle se sente obliger de rester avec moi, ni qu’elle ait peur de moi, je veux juste qu’elle en ai envie…

Je lui prends tendrement le visage entre mes mains, dire qu’elle avait l’air contente en tout début de soirée. Suis-je condamné a ne jamais lui faire que du mal ? J’essuie avec autant de douceur que je le peux, ses larmes et les traces de maquillages sur ses joues. Je donnerais cher pour comprendre ce qui se cache derrière ses beaux yeux tristes.

« Je t’aime, je veux juste te voir heureuse tu le sais ça ? Je préfère souffrir que tu me dises que tu ne veux pas de moi mais te savoir bien et épanouie a Fort Hope que d’être responsable de ces larmes… »

*T’es vraiment con, tu pouvais pas juste te contenter du oui et la baiser jusqu’à ce qu’elle se résigne ?*

Je me relevé avec elle dans les bras et va vers la fenêtre du salon, la lune est mon alliée ce soir, car on a une belle vue sur l’énorme jardin du château qui me sert de maison mais aussi sur la pampa que j’ai commencée à ratiboisé derrière:

« Regarde, tu vois derrière le grand terrain, quand il sera dégagé, j’ai déjà vu avec Logan, on y mettra des enclos pour élever des animaux. Et si tu le souhaite, c’est toi qui va gérer tout ça… que tu sois ma femme ou non.»

Je plonge mon regard dans le sien en me maudissant d’être aussi con. Mais je ne peux pas construire mon bonheur sur sa détresse. J’ai certainement été le pire des connards de lui faire ma demande maintenant alors qu’elle n’est certainement pas bien remise et qu’elle n’a pas encore trouvé sa place à Fort Hope.

*Parce que tu l’as toi peut être ?*

« Tu vois, que ca soit avec moi ou sans moi, tu es ici chez toi Avalohn. Personne ne te mettra dehors ou ne te fera de mal parce que tu ne veux pas du cornichon qui t’en a déjà fait baver. Donc accepte d’être ma femme parce que tu veux bien me donner une chance de tout faire pour que tu sois heureuse à mes côtés, mais pas parce que tu penses que tu n’as pas le choix…»

Je n’en reviens pas de jouer contre mon propre camp.

« Par contre si tu veux quand même dire oui, saches que tu ferais de moi le plus heureux des hommes… »

Je la regarde avec angoisse en attendant sa réponse finale.

« Je t’aime, je veux juste te voir heureuse tu le sais ça ? Je préfère souffrir que tu me dises que tu ne veux pas de moi mais te savoir bien et épanouie a Fort Hope que d’être responsable de ces larmes… »

Avalohn ferma les yeux en faisant tomber quelques larmes, pendant qu’Isha les rattrapait délicatement. Il n’en était pas responsable. En quelque sorte. Elle se faisait souffrir elle même, car elle n’avait pas d’autres choix. Elle ne se voyait pas mériter un bonheur tel que lui. Elle lui en avait fait baver, voir de toutes les couleurs. Elle était un chaos destructeur depuis l’Apocalypse. Et il l’apaisait avec sa présence physique et mentale à chaque millième de seconde lorsqu’il était là. Il se releva en l’emmenant près d’une fenêtre, la lune brillant de mille feux dansa cette nuit froide. Avalohn déposa sa tête sur son épaule, reniflant bruyamment.

« Regarde, tu vois derrière le grand terrain, quand il sera dégagé, j’ai déjà vu avec Logan, on y mettra des enclos pour élever des animaux. Et si tu le souhaite, c’est toi qui va gérer tout ça… que tu sois ma femme ou non.»

Elle souriait en passant ses doigts sur ses joues pour récupérer ces larmes qui se libéraient de ses yeux azurs. Elle le trouvait apaisant et rassurant en quelques sortes. Alors, ce sevrage l’avait réellement changé. Il était devenu un homme, celle qu’elle voulait voir de nouveau. Isha était de nouveau là. Il faisait passez Skye avant lui, et ça la touchait au fond de ses entrailles. Il planta ses yeux noirs dans les siens, l’air solennel.

« Tu vois, que ca soit avec moi ou sans moi, tu es ici chez toi Avalohn. Personne ne te mettra dehors ou ne te fera de mal parce que tu ne veux pas du cornichon qui t’en a déjà fait baver. Donc accepte d’être ma femme parce que tu veux bien me donner une chance de tout faire pour que tu sois heureuse à mes côtés, mais pas parce que tu penses que tu n’as pas le choix…»

Si elle en avait eu la force, elle aurait ri sincèrement. Mais ça lui tournait l’estomac qu’il se pose autant de question. Qu’il doute sur le fait qu’elle l’aimait autant qu’il le pouvait lui aussi. Elle déposa sa bouche au niveau de son cou.

« Par contre si tu veux quand même dire oui, saches que tu ferais de moi le plus heureux des hommes… »

Elle soupira en souriant contre sa peau, enroulant ses bras autour de sa nuque. Elle caressait du bout de ses doigts tatoués ses cheveux de jais. Oui, elle sacrifiait sa liberté, elle condamnait La Louve à ne plus pouvoir se sauver à tout moment. Elle ne pouvait plus être une ermite à errer sans but, seule. Elle devait avoir son mâle alpha. Et c’était Isha.

- On est passé par un moment difficile. Où tu as pu penser que je t’abandonnais à Logan. Que je ne voulais plus de toi. Que j’aimais quelqu’un d’autre. Mais Isha…

Elle retira son étreinte, prenant le visage d’Isha entre ses paumes, doucement. Elle approcha son visage encore un peu humide. Un peu plus, encore, avant de déposer sa bouche sur celle d’Isha quelques secondes. C’était clair, non?

- Isha, il n’y aura que toi toute ma vie. Tu es mon âme-soeur, que tu le veuilles ou non. Je t’aime autant quand je suis Avalohn que quand je suis Skye. Alors merci. Merci pour cette bague. Merci pour ta patience, ta compréhension, ton sale caractère, de m’aimer malgré ce que je suis.

Oui, elle était morte de trouille. Qu’il s’en aille, qu’il la délaisse, qu’il se lasse ou qu’elle gâche absolument…

- Je veux vivre ma vie avec toi. C’est avec toi que je suis chez moi. À Fort Hope, chez les Punishers, dans les rues de Détroit ou sur ta moto. Alors oui. Oui… Oui j’accepte ta demande.

Elle posa ses grands yeux bleus dans les siens, en lui souriant doucement. Elle était son tout.

- Alors, on va se marier…?

Comme une petite fille, elle trépigna sur place avec son sourire de grande enfant et ses yeux encore embués. Elle regarda la bague avec précision, l’enfilant avec délicatesse à son annulaire gauche, avant de se mordre la lèvre inférieur.

- On… On va se marier.

Elle poussa un petit cri très aiguë, lui sautant dans les bras, en riant doucement. Elle était sûre que tout irait bien. Ça allait bien se passer. Même très bien. Elle était avec lui. Elle n’était plus seule. Elle ne le serait plus jamais.

Ses mots me touche plus qu’elle ne peut l’imaginer et je ne peux qu’avoir un sourire béat, certainement un peu niais, en l’entendant me confier que, malgré tout ce qu’on a vécu, malgré les drames, les horreurs, les trahisons, elle m’aime aussi. Bon je ne peux m’empêcher de rire quand elle évoque le fait que je pourrais, éventuellement, avoir mauvais caractère. Elle a oublié que j’étais possiblement de très mauvaise foi aussi.

Après autant de tensions et d’angoisses qu’elle me dise non, la voir réagir avec autant de simplicités et de joies me transporte juste. Je la rattrape avec bonheur quand elle me saute dans les bras et je profite de la voir ainsi. En fait, est ce que je l’ai déjà vue aussi heureuse ?

Pour le moment, je l’ai plus fait pleurer qu’autre chose. Si seulement je pouvais prendre en photo ou la filmer ce moment rare et précieux. J’essaye de le mémoriser pour ne jamais l’oublier, en me promettant que je me battrais tous les jours pour la voir aussi insouciante et joyeuse.

« Oui on va se marier, ça ne sera peut-être pas le mariage de princesse que tu mérites, mais ça sera notre mariage à nous et on le fera comme tu voudras qu’on le fasse d’accord ? »

Je l’embrasse tendrement et essayant de réprimer une pulsion de mon corps qui me rappelle que cela fait plusieurs mois qu’on n’a pas été "proches". Ce n’est pas vraiment le moment de lui sauter dessus mais ce n’est pas l’envie qui m’en manque. J’essaye de me concentrer sur notre mariage pour reprendre le contrôle et éviter de l’emmener immédiatement visiter les chambres, voir juste le canapé à coté de nous.

Au moins, ca calme mes ardeurs car je suis obligé de convenir que je risque d’être une buse pour organiser ça, non seulement j’ai jamais été a un mariage de ma vie, mais en plus, on ne peut pas vraiment dire que je ne me sois intéressé à la question avant de rencontrer ma Louve. Y’a qu’à regarder mes vieux pour comprendre mes anciennes réticences. Mais maintenant que j’ai rencontré la bonne personne, ça me parait juste… naturel et beau.

« D’ailleurs si tu as des idées sur comment tu veux le faire, ça m’intéresse parce que je ne suis pas sûr d’être au top dans l’organisation d’un mariage… »

Doux euphémisme. Mais je suis confiant, à deux on va bien y arriver. Par contre je retourne avec ma passagère vers la table où nous attendent notre repas.

« Par contre avant tout ma future épouse, nous avons un repas à finir, surtout que j’ai réussi à faire un gâteau au citron au dessert et que je crois que c’est la première fois de ma vie que je passe autant de temps dans une cuisine pour faire un repas… »

Je la dépose avec précaution sur son siège non sans me risquer à un nouveau baiser que je fais durer. C’est presque à contre cœur que je vais m’assoir en face d’elle pour retourner à mes pâtes. C'est idiot mais je me sens simplement heureux et ca me fait un bien fout de vivre ça avec elle. C'est donc plus détendu qu'en début de soirée que je lui resserre un verre de vin.

« Tu sais… si tu veux rester dormir dès ce soir ici… je suis retourné à Général Motor et j’ai réussi à retrouver deux ou trois affaires à nous dont mon fameux T shirt… par contre si tu comptes sur le fait que l’on reste abstinents avant le mariage, un conseil, choisit moi une chambre très très loin de celle que tu compteras prendre. »

« Oui on va se marier, ça ne sera peut-être pas le mariage de princesse que tu mérites, mais ça sera notre mariage à nous et on le fera comme tu voudras qu’on le fasse d’accord ? »

Elle renifla en acquiesçant un peu timidement, avant qu’Isha lui dépose un baiser sur ses lèvres rouges. Malgré la peur qui lui tirait la peau, elle était tout de même heureuse. Heureuse d’avoir trouvé quelqu’un qui la protégerait, malgré ce qu’elle était. Heureuse d’avoir trouvé celui qui supportera le poids du monde avec elle. Elle ne voulait pas encore penser à toutes ces disputes, ces prises de tête, ces crises de nerfs et de larmes qui allaient arriver à grand galop.

Parce qu’elle était comme ça, Avalohn.

« D’ailleurs si tu as des idées sur comment tu veux le faire, ça m’intéresse parce que je ne suis pas sûr d’être au top dans l’organisation d’un mariage… »

Elle lui souriait tristement. Il devait certainement se douter que oui. Elle en avait rêvé avec Ethan, une cigarette dans la main et une bière dans l’autre, à Central Park, sous des draps blancs, dans une fil de cinéma ou autour d’un billard. Tout les deux, à rire, à se demander ce qu’ils se diraient, se promettraient, se jureraient pour toute une vie. Elle déposa sa main fraîche sur la joue d’Isha. Elle savait bien qu’au fond, la blessure d’Ethan fleurirait toujours dans son âme. Et qu’il souffrirait toujours de cette histoire, avec elle.

Au final, pendant une fraction de seconde, elle se disait qu’elle ne connaissait pas Isha. Il avait toujours été trop évasif sur les détails, elle ne connaissait presque rien que ce qu’ils avaient vécu. Elle avait ouvert son coeur et son passé à ce garçon qui était tellement discret et peu bavard sur lui. Elle se mordait l’intérieur de la joue en souriant, encore.

« Par contre avant tout ma future épouse, nous avons un repas à finir, surtout que j’ai réussi à faire un gâteau au citron au dessert et que je crois que c’est la première fois de ma vie que je passe autant de temps dans une cuisine pour faire un repas… »


Elle n’aimait pas vraiment ce surnom. Un peu gênée, elle tritura les pans de sa robe trop courte. Elle voulait que dans son coeur ce soit une promesse, un engagement. Pas quelque chose de joyeux et rose. Son alarme de fuite se déclencha une deuxième fois dans la soirée, car Avalohn ne voulait pas avoir cette étiquette de femme parfaite : la « futur épouse ». Elle calma son jeu. Il était jeune, il ne savait pas. Elle voulait rester Avalohn, pas sa chose qu’elle avait pu être il y a quelques mois. Sous son emprise, dominée. Ils n’en avaient pas reparlé.

Isha avait tendance à fuir les problèmes, c’était sa façon à lui de régler les choses. Mais Skye était si différente de lui… Elle déglutit en se concentrant sur son plat de pâte, saisissant sa fourchette pour enrouler les spaghettis et pouvoir les manger. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas cuisiné pour elle. Et elle trouvait ça plutôt adorable son idée de gâteau au citron. Il avait du se battre avec la cuisine entière rien que pour elle. Cette image de lui entrain de se démener la faisait sourire.

Cette image de lui enchaîner à elle lui serra le coeur. Logan avait eu raison, Avalohn n’avait jamais été une bonne personne. Il aurait fallu une jolie blonde pour ce joli coeur, une avec de grands yeux noisettes, la peau vierge et hâlée, avec des lunettes sur le bout de son nez. Cultivé, gentille, calme, un peu timbrée quand elle a trop bu.

Oui, Isha n’avait pas besoin du chaos destructeur qu’elle était. Mais il l’acceptait comme ça.

« Tu sais… si tu veux rester dormir dès ce soir ici… je suis retourné à Général Motor et j’ai réussi à retrouver deux ou trois affaires à nous dont mon fameux T shirt… par contre si tu comptes sur le fait que l’on reste abstinents avant le mariage, un conseil, choisit moi une chambre très très loin de celle que tu compteras prendre. »

- Merci d’avoir préparé tout ça pour moi. Ça m’touche beaucoup, Isha. Mais je t’avoue, me pieuter avec un marmot qui braille toutes les heures c’est pas trop mon truc…

Elle prit son verre de vin entre ses doigts, avant de lancer un regard azur à l’homme en face d’elle.

- À moins qu’t’aies des arguments qui m’fasse changer d’avis.

Elle lui adressa un clin d’oeil assez complice. Depuis combien de temps, ils ne s’étaient pas revu, seuls? À deux? Normalement? Elle ne savait plus. Il restait une part d’ombre entre eux qui les séparaient. Une part d’ombre qu’elle voulait éclaircir. Mais elle le connaissait, il changerait de sujet, s’intéresserait à ce qu’elle cachait sous ses vêtements, ou ferait diversion pour aller voir Octavia. Ils étaient si, si différents tout les deux.

- C’est drôle, Harvey m’a avoué quelqu’chose il y a deux-trois jours. Ça m’a fait rire, et j’crois qu’tu vas pas être très content. Il t’admire tellement ce gosse qu’il se forçait à apprendre la mécanique pour toi. Il n’a jamais pigé c’que tu lui demandais et il essayait de faire de son mieux juste pour toi. J’ai trouvé ça mignon. Tu sais… Ce gosse, je crois qu’il est assez exceptionnel. Je me suis surprise à le regarder dormir l’autre nuit, pendant une insomnie. Tu as fais du bon boulot avec lui, vraiment. C’est un peu un mini-toi, en quelque sorte.

Oula, c’est moi où il fait chaud tout à coup ? J’ai du mal à avaler ce que j’ai dans la bouche quand elle me demande mes arguments. Putain, des arguments dans cette tenue, j’en ai plein qui feront qu’on ne dormira pas longtemps. Rien que de repenser à ses gémissements quand elle jouit, je me sens plus qu’à l’étroit dans mon pantalon. J’essaye de boire une gorgée pour me donner une contenance mais forcement, dans cet état où tout le sang de mon corps à migré vers mon entre jambe je n’arrive qu’à renverser mon verre.

Bravo Isha putain !

Sans me lever j’éponge mon pantalon. De toute facon, là, j'ai pas intérêt a me lever... Pire qu'un ado en rut dans une piscine qui ne sait pas sortir de l'eau de peur que l'on comprenne "ses pensées"

Est-elle prête ? Enfin, est-ce que je la vois prête parce que moi j’ai qu’une envie, c’est de la prendre dans toutes les pièces de cette maison, ou est ce que l’est vraiment. Je reste à la dévisager avec intensité et pour le coup j’en oublierai presque le cake au citron que j’ai tant galéré à faire.

Mon sexe me hurle de trouver immédiatement les arguments qu’elle veut entendre et ma tête me rappelle que je m’étais promis d’y aller DOUCEMENT. Putain de vie de merde franchement. Et forcement où que j’essaye de poser mon regard il y a-t-elle, il y a cette robe qui dévoile plus qu’elle ne cache…

Même parler d’Harvey ne calme pas l’état où elle a réussi à me foutre d’un seul clin d’œil. J’essaye pourtant de me concentrer sur ce qu'elle m'explique. Je sais bien qu’il n’aime pas taffer dans un garage, quand on arrive à oublier la moitié des pièces juste en changeant les plaquettes de frein, on est plus dans l’étourderie, enfin… j’espère.

Au moins de savoir qu’elle va le regarde dormir à un effet pire qu’un seau de glaçons dans mon froc. Je suis même obligé de respirer un grand coup avant de répondre histoire de ne pas être trop sec.

« Je l’ai forcé… je n’avais pas le choix que de le prétendre futur mécano pour que Bruce lui éclate pas la tronche, maintenant il va être libre de décider ce qu’il a envie de faire et je doute qu’il accoure pour venir me filer un coup de mains à réparer des caisses… »

Je m’adosse un peu sur le dossier. Je me doute bien que c’est innocent son truc, surtout après ce que l’on vient de se dire. Mais je n’y peux rien si je me sens titiller par l’aiguillon de la jalousie. J’essaye d’avoir l’air détendu et cool pour lui poser une question pas si innocente que ça :

« et.. hum… tu vas souvent le regarder dormir la nuit ? »

Si elle me dit qu’elle dort avec je pense que je vais immédiatement péter les genoux du gamin.

Isha fit bousculer son verre, le vin s’étalant sur la table et sur son pantalon. Cette scène comique détendait l’atmosphère, et Avalohn pointa un doigt moqueur et affectueux en riant de bon coeur. Elle était une enfant dans un bulle de rêve, entourée de cauchemar. Oui, il était sa bulle de bonheur, et il l’entourait d’un amour qui la rassurait dès qu’il était là. Entre deux quintes de rire, elle se disait que l’aimer était réellement un privilège que personne ne connaîtra. Il essuya son pantalon comme il le pouvait, essayant de se donner un peu de prestance dans son déguisement de pingouin.

 « Je l’ai forcé… je n’avais pas le choix que de le prétendre futur mécano pour que Bruce lui éclate pas la tronche, maintenant il va être libre de décider ce qu’il a envie de faire et je doute qu’il accoure pour venir me filer un coup de mains à réparer des caisses… »

Oups… Avalohn se figea, ravisant son index sur son verre, arrêtant de rire d’un coup. Sa petite tirade avait été tournée soigneusement comme un compliment, mais visiblement, la tatouée venait de foutre ses deux pieds dans un plat réellement brûlant. Isha était-il réellement obligé de reparler de Bruce dans cette soirée? Les souvenirs de son frère spirituel lui fit mal au coeur. Isha n’avait jamais compris ce lien qui les unissait tout les deux. Ils partageaient la même folie et le même amour de la grandeur, du pouvoir, et de la domination. Rien de sexuel ou de sentimental, simplement une élévation de l’esprit à la même hauteur. Mais ça, Skye doutait qu’un jour, le joli brun le comprenne réellement.

Elle se racla la gorge en prenant une autre rasade de son vin, la soirée faisant des montagnes russes avec ses émotions. Ses nerfs se lâchaient, et après une jolie proposition en mariage, le sujet venait de tomber comme une baleine sur la table. Un silence de plomb s’installa, la Bronxarde mangeant quelques bouchées de la délicieuse cuisine.

« et.. hum… tu vas souvent le regarder dormir la nuit ? »

Skye lécha allègrement la fourchette du bout de sa langue, regardant Isha droit dans les yeux. Sentait-elle une pointe de jalousie se balader dans le coeur de son futur mari? Elle ne savait pas, mais le jeu la tentait trop. Ses vieux démons criaient à l’amusement, à l’ivresse et aux rires. Mais peut être pas ce soir. Il était trop tôt. Il ne comprendrait pas. Il retirerait sa demande, la foutrait dehors et basta qu’on n’en parle plus.

Mais prendre des pincettes était éreintant, et essayer d’être la petite copine idéale aussi. Elle se bridait pour lui pour éviter les sujets qui fâchaient, et elle se privait aussi de la tourner en bourrique? Que faire? N’était il pas tomber amoureux de la sulfureuse et provocatrice Avalohn? L’avait-il tellement changé qu’elle se soumettrait à lui encore une fois?

- Mmh… Je préférais quand c’était toi que je regardais. Allongé dans le lit après une nuit… mouvementée. Avec tes tâches de rousseurs et tes cheveux en bataille. Et surtout ta petite fossette sur la joue quand tu rêves. Ouais, ça ça me faisait craquer.

Elle posa son couvert, se penchant un peu sur la table, les bras croisés sous ses seins pour les faire ressortir. Elle eut un sourire mesquin, vilain, malin.

- Puis il me semble que tu le faisais aussi, la nuit. À observer mes courbes, mes formes, à les caresser, doucement puis… Plus intensément. Enfin, ça remonte à il y a longtemps, tu as du perdre l’habitude ou aller fouiner ailleurs à Fort Hope.

Elle passa son doigt sur la forme ronde du verre de vin, calant sa langue dans une des ses molaires, le sourire de louve jusqu’aux oreilles, ses grands yeux bleus rieurs et joueurs. Elle fit glisser son index plusieurs fois, laissant planer le doute quelques secondes.

- Tu me manques beaucoup dans mon lit, Cornwell.

En fait je ne suis pas sûr de bien comprendre sa réponse. J’essaye de rester calme. Mais pour moi elle est juste en train de dire qu’Harvey a pris ma place et qu'il lui sert de bouillote. Et je résiste à l’envie d’aller chopper ma sœur et me barrer.

J’essaye de garder le contrôle et de ne pas fulminer. Mais bordel ! Ça fait combien de semaines que je suis sur la béquille a gérer comme une merde pour ne pas la brusquer pendant qu’elle, elle me remplace par Harvey ? Je me sens trahi et con pour le coup.

Je prends le temps de bouffer mon plat qui n’est plus aussi bon qu’il y a cinq minutes. Je ne sais plus quoi penser, j’ai juste mal. Et quand je suis blessé je sais que je ne suis pas fin pour deux sous. Nos dernières disputes n’ont jamais rien apporté de bon.

Et si j’écoute ma pulsion d’aller chercher ma batte pour défoncer la tronche du môme, je sais que je vais le regretter, et pas seulement parce que Logan sera impitoyable cette fois. Malgré tout j’aime bien ce gosse et je le vois mal coucher avec ma femme. D’ailleurs sans ce "et si" qui me titille la jalousie, je suis sur que je verrais qu’elle déconne, ou qu’il y a un truc que je ne capte pas.

Je reprends une bonne gorgée de vin. C’est pas degueu, mais franchement, c’est pas non plus le machin qui mérite tout le blabla qu’on en fait. Ca ne vaut pas une bonne téquila…

*Ou une bonne dose de cocaïne…*

Le silence devient un peu compliqué à gérer. J’essaye de peser mes mots en sachant pertinemment que ma Louve est en train de jouer avec le feu. Je respire un bon coup en essayant de taire toutes les saloperies qui me passent par la tête. Maintenant j’essaye de me souvenir des conneries de Maddie, comme quoi je causais pas assez, qu’on pouvait pas savoir ce qui se passait dans mon crane si je faisais pas un effort pour l’ouvrir plus.

Je me lève et commence à faire les cents pas nerveusement. Je veux qu’elle comprenne notre position comme je veux comprendre ce qu’elle cherche vraiment là.

« Tu as une drôle de façon de me signifier que je te manque dans ton lit… Avalohn, on va mettre les cartes sur table. Logan ne sait pas la moitié de ce qui s’est passé à GM, ni de ce que j’ai fait pour Bruce, et crois moi, avec le peu qu’il a compris, je suis déjà sur la tangente. Le moindre pas de travers qui confirmera aux autres que je suis bien un connard violent et je pense que je n’aurais même pas le temps de courir vers la sortie. Alors oui j’ai envie de toi, oui je suis mort de jalousie, et pas la peine de remonter tes adorables seins comme ça ou me rappeler ton superbe corps, crois-moi, j’ai déjà du mal à ne pas loucher dessus depuis que tu es arrivée… mais là je suis juste à deux doigts d’aller casser la gueule à Harvey qui n’a peut-être pas grand-chose à se reprocher, ou qui le mérite, j’en sais rien.  Alors dis-moi tout de suite si c’est moi qui est un énorme débile d’imaginer notre couple comme étant… exclusif ou si finalement tu veux te la jouer comme ton ex? J’ai besoin de le savoir rapidement pour m’éviter des putains de pétages de câbles. Parce que je ne suis pas sur de savoir te partager.»

L’atmosphère devint soudain très lourde, et elle toisa longuement, trop longuement Isha de son regard de feu. Avalohn avait le visage figé sur ce sourire provocateur et aguicheur, qui savait faire tourner la tête de n’importe qui. La succube faisait trembler ses veines, un immense sentiment de désir la submergeant. C’est en voyant Isha se refroidir, devenir droit, renfermé, le visage sombre, qu’elle comprit que le jeu prenait une descente au lieu de les faire monter dans les tours.

Il resta très silencieux, goûtant son vin, mangeant son assiette sans adresser un seul coup d’oeil à sa poitrine opulente ou même son minois d’ange. Et elle restait là, les bras croisés, à le regarder à travers ses longs cils noirs.

Il se leva d’un coup, traversant la pièce d’un part et d’autre. Quelque chose clochait. Elle le suivait du regard, penchant la tête sur un côté.

« Tu as une drôle de façon de me signifier que je te manque dans ton lit… Avalohn, on va mettre les cartes sur table. Logan ne sait pas la moitié de ce qui s’est passé à GM, ni de ce que j’ai fait pour Bruce, et crois moi, avec le peu qu’il a compris, je suis déjà sur la tangente. Le moindre pas de travers qui confirmera aux autres que je suis bien un connard violent et je pense que je n’aurais même pas le temps de courir vers la sortie. Alors oui j’ai envie de toi, oui je suis mort de jalousie, et pas la peine de remonter tes adorables seins comme ça ou me rappeler ton superbe corps, crois-moi, j’ai déjà du mal à ne pas loucher dessus depuis que tu es arrivée… mais là je suis juste à deux doigts d’aller casser la gueule à Harvey qui n’a peut-être pas grand-chose à se reprocher, ou qui le mérite, j’en sais rien.  Alors dis-moi tout de suite si c’est moi qui est un énorme débile d’imaginer notre couple comme étant… exclusif ou si finalement tu veux te la jouer comme ton ex? J’ai besoin de le savoir rapidement pour m’éviter des putains de pétages de câbles. Parce que je ne suis pas sur de savoir te partager. »

Ses jambes se raidir pour bousculer la chaise, ses mains claquant la table d’un coup sec.

Isha cherchait le démon, et Satan répondait à son appel. Son ombre s’empara des épaules de la jeune femme, ses ongles griffus et noirs s’insinuaient dans ses muscles, ses cornes déchirant sa tête, des flammes dans les neurones, la braise dans le coeur, les hurlements dans le sang. Isha venait d’effleurer la corde sensible, et les trompettes de l’Apocalypse se mettaient à sonner. Un concerto de colère, une symphonie de rage.

Il fallait arrêter cette descente tout de suite, car si il allait trop loin, elle lui briserait ses ailes. Et il savait de quoi elle était capable.

- Comment est-ce que tu peux douter d’ma sincérité, d’mon honnêteté, mon amour? Ah, il est bien beau le Cornwell. Celui qui m’a abandonné pour m’offrir un « royaume » que j’voulais pas. Celui qu’a essayé plusieurs fois d’me remplacer avec d’autres nanas pour ce prouver qu’il était pas dépendant de moi.

Les décibels montaient, et son accent du Bronx crachait une agressivité de louve. Ses ongles se plantaient dans le bois de la table et le griffaient pour canaliser son excès.

- Toi, planté là, qui vient de m’faire une demande en mariage et qui m’accuse d’adultère. Je viens de m’engager à être ta partenaire pour la maigre vie qui nous reste, et toi, toi là, tu viens de m’envoyer dans la gueule que j’te trompe?

Un spasme secoua son visage d’ange, et un flot de parole s’emmêla dans sa bouche. Sa respiration était celle d’un animal féroce. Elle prit quelques respirations pour essayer de calmer cette mâchoire qui la tirait vers le côté obscur. Ses mains se retiraient du meuble, des échardes pleins les ongles. Elle applaudissait en le regardant de biais.

-  « Me la jouer comme mon ex »… C’est tellement petit venant de toi.

Avalohn essuya son rouge à lèvres sur son avant-bras tatoué. Les artifices tombaient ce soir. Isha jouait avec ses nerfs. Elle était entrée dans cette maison en pensant passer une première Saint-Valentin juste tout les deux.

- Non, tu vois, je suis une connasse, une garce, une pétasse. Mais te tromper… À aucun moment ça a pu traverser mon esprit de pauvre écervelée. Y’a beaucoup de chose qu’il va falloir régler entre toi et moi, et quand tu auras fini de remettre en doute mes sentiments et mon intégrité, tu arrêteras surement de fuir nos problèmes.

Elle se croqua la langue pour éviter une vague d’insulte qui lui venait dans la tête, empoignant une des lanières de son sac. Elle l’enfila sur son épaule, prête à déguerpir et aller exorciser son démon ailleurs.

- Si je regarde Harvey pioncer, c’est parce que tu me l’as fais aimer comme un fils.

Un pic acéré piqua son coeur de pierre à un endroit qu’elle connaissait trop bien.

- Tu sais très bien à quel point j’ai souffert. Et je suis encore là. Toujours là… Mais tu ne peux pas juste essayer de profiter du moment qui s’offre à nous. Trois mois. Trois mois qu’on n’s’était pas vu juste tout les deux, dans un cadre normal. Je viens d’étaler ce qui me reste de coeur juste devant toi, pour quoi faire? Manger des reproches. Ouais, j’ai toujours pensé qu'on était exclusif, même pendant que tu te faisais sucer dans d’autres camps.

Avalohn écarta les bras en reculant vers la porte, adressant un regard triste, meurtri et déçu à Isha.

- Je te balancerai pas à Logan sur quoi que ce soit. Bruce. Tes massacres. Tes dictatures. Parce qu’au cas où t’as pas bien imprimé, je viens de te donner ma vie.

Elle ne sait pas a quel point elle est capable de me faire du mal ou me mettre en rogne. A moins que si, elle le sache et qu'elle en joue. Je serre les dents en me disant que reparler de Générale Motors, n’avancera à rien. Il faut que j’essaye de garder en tête qu’elle a été traumatisée. Même si elle le cache bien elle est certainement plus à vif et plus blessée qu’elle ne le montre. Je dois essayer de composer avec et apprendre a plus encaisser.

Pourtant j’ai presque envie de grogner en écoutant sa tirade pleine de colères. Mais j’arrive a rétorquer avec un calme remarquable au regard de la situation.

« Dans ces cas-là, alors que tu me connais, pourquoi tu ne m’as juste pas dit "non" au lieu de me laisser penser que tu dormais avec Harvey. »

C’était quoi déjà l’adage, qui sème le vent récolte la tempête ? N’avait elle pas attisé ma jalousie sciemment. Surtout que je sais que je n’ai pas intérêt a lui faire un semblant de début de blagounette impliquant une autre femme pour la sécurité de tous. Un simple non aurait suffi à désamorcer la crise avant que ça n’explose. Et encore je trouve que je me suis sacrement bien contenu, la preuve, où que soit Harvey, il a encore ses genoux.

« Je n’ai jamais été voir ailleurs, j’ai bien essayé de te libérer de moi quand je te voyais si malheureuse, mais malgré tes insinuations, je ne me suis pas fait « sucer » par d’autres ou autre et je n'ai jamais été qu'à toi. »

Même quand elle me chassait presque à coup de pieds. En fait mon gros problème avec Ava, c’est qu’elle avait du mal à exprimer ce qu’elle veut, voir peut être à savoir ce qu’elle veut vraiment. Au moins elle avait été claire sur le fait qu’elle voulait être ma femme. En espérant qu’elle ne change pas d’avis en route.  

Je n’épilogue pas sur ce que j’ai fait à GM. Mine de rien, le sang que j’ai sur les mains, les horreurs que j’ai faites, à commencer par John que j’ai dû massacrer pour ses beaux yeux a elle et son petit cul. J’ai beau être un chien enragé, il faut vivre avec ce poids et même si je me la pète devant Logan, je me souviens de presque toutes mes victimes. A croire que j’ai quand même une conscience.

Je soupire. ce n'est pas comme ça que je veux que la soirée ce termine, sur une dispute et sur de mauvais souvenirs.



Sur ces mots je la libère de ma fugace étreinte pour aller chercher le dessert. Je verrais bien sa réaction. Mais au point de frustration où nous en sommes, je pense que ça va être compliqué de se parler sans s’étriper.

Elle pensait halluciner, alors qu’il allait chercher son dessert au four. Venait-il réellement de passer du coq à l’âne en venant la plotter pour lui faire oublier la dispute qui commençait à éclater? Elle n’en revenait pas. Elle regardait son petit cul se mouvoir jusqu’à la cuisine, son souffle encore sur sa nuque et la sensation de ses mains sur ses seins.

- Tu es entrain de te foutre de ma gueule, Isha.

Encore une jolie pirouette pour éviter une tempête. Il fuyait comme un chien devant un éclair. Avalohn cracha par terre, en le menaçant du regard, saisissant la poignée, pour l’actionner.

- Merci pour cette soirée.

Elle claqua la porte derrière elle, le sac à dos sur les épaules, les talons claquant le sol d’une façon hargneuse. Elle ne sait pas pour qui il se prenait, mais réellement, il dépassait les bornes, et par ses paroles, et par ses actes. Ils ne se comprenaient plus depuis longtemps. Les premières semaines avaient été plus qu’agréables, comme deux adolescents qui se cherchaient pour toujours se retrouver. À rire pendant des nuits, s’embrasser entre deux clopes et se découvrir l’un à l’autre.

Skye avait été claire depuis le début : elle était tarée, malsaine et nocive. Sauf que lui, à vouloir jouer le héros et le gentil petit prince, il avait caché son jeu avec des manigances perfides. Peu importe si elle lui promettait des choses, lui prouvait son amour, se mettait à genou devant lui pour lui étaler sa vie, il n’entendrait rien et resterait camper sur ses positions.

Elle frictionna ses mains sur ses épaules nues, regrettant la bonne idée d’avoir mis une robe beaucoup trop courte ce soir là. Elle s’attendait à tout, sauf à ce qui venait de se passer. En quelques minutes, il avait détruit des mois de travail sur elle même, sur sa patience, sa colère, sa rage. Elle avait réellement essayé d’être une meilleure personne pour lui, et il venait de tout faire tomber, de tout envoyer valser en simplement quelques gestes et quelques mots.

- Et il pense que je couche avec un enfant de 6 ans. J'hallucine...

Elle marmonnait ces mots pendant que le bruit de ses pas remplissaient la nuit de Fort Hope de soucis et de tracas.

Un réel malaise s’installa dans son ventre à l’approche de sa « maison ». Elle essuya le bout de son nez avant de farfouiller dans son sac pour trouver ses clés. À cette heure-ci, Harvey devait dormir avec Lobos bien au chaud.

Elle regardait les affaires qu’elle avait prise avec elle pour marquer son territoire dans la maison de son petit-ami. Elle buta dessus quelques secondes, devant les marches du pavillon. Sous la lune, le diamant de sa bague de fiançailles brillait de mille feux.

Elle était magnifique, tout autant que ses promesses et cet amour qu’ils partageaient.

- Tu me tueras, Cornwell.

Ces mots glissèrent avec une brise qui lui gifla ses jambes nues. Elle était fatiguée de vivre comme ça. Fatiguée de ne jamais rien lâcher, de ne jamais rien régler. Fatiguée de ne pas le comprendre, de ne pas parler la même langue. Ils étaient bornés tout les deux, et tout ce qu’il pouvait se passer de mal lui déchirait le coeur de plus en plus. Partir des Punishers n’avaient rien réglé, et pire, avait avancé la date où ils devraient s’expliquer.

Il ne voulait pas comprendre, ne voulait rien comprendre. Cette frustration la fit butter sur la serrure, et eut du mal à ouvrir avec le froid qu’il faisait.

C’est le coeur lourd et les yeux pleins de larmes qu’elle passa le pas de sa porte, gelée et fiancée.

C’est un peu vide que je la regarde partir aussi en colère. Finalement, sa vie n’était peut être pas si liée à la mienne qu’elle le hurlait il y a quelques instants à peine. Je vais vers la porte pour au moins avoir une explication mais je reste comme un con devant. Impossible de quitter la maison en laissant Octavia seule.

Je fous un coup de pied a cette malheureuse porte qui n’en demandait pas temps avant d’étouffer un juron. Les porte blindée, même imitation bois, ce n’est pas le truc à cogner. C’est vrai que parler de sexe a une nana violée, bravo Isha !

Je reste comme un con à attendre avant de réaliser qu’elle ne reviendra pas, que j’ai été le pire des cons. Je me souviens des mots de Logan : « si elle t’aime, elle n’aura besoin de rien d’autre que toi ». Ava a besoin de beaucoup plus que moi, du moins de plus que je ne saurais jamais lui en donner. Les animaux, le champ, un foyer… même un empire ne lui allait pas. Et si le probleme venait de moi en fait?

Mollement je me résous à aller ranger les restes de ce désastre. Ce cake au citron qui m’avait pourtant pris des heures part directement à la poubelle et le vin dans l’évier. C’est un peu le chemin que prend mon rêve de vie avec elle. Et ca me détruit.

Je nettoyer même le joli souvenir qu'elle lui avait laisser au sol.

Une amertume douloureuse qui ne me donne pas envie de réfléchir a tous ses projets de bonheurs qui ne verront pas le jour. Je pense que si je me laissais aller dans ce trip je vais m’écrouler pour de bon. Déjà que je meurs d’envie de me prendre une dose…

Je me penche vers Téquila qui me regarde tristement avec l’air d’être tout perdu. Ce pauvre vieux ne doit rien comprendre, sa "maman" vient juste de se barrer et de l’abandonner à un sinistre individu inconnu.

Je soupire en le regardant.

« Qu’est ce que je vais faire de toi ? »

Je le prends dans mes bras avant de me souvenir que c’est plus « ma pauvre vieille ». Je lui fais un maigre sourire et le pose près de nos assiettes. Visiblement il aime la bolognaise. Tant mieux si au moins quelqu’un à aimer un truc dans cette soirée.

Pendant qu’il fait la fête a ce qui aurait dû être un plat de fête, je dégage mon déguisement de merde et branche le baby phone dans le garage. Ouai c’est pathétique, une aussi grande baraque et je dors dans un sac de couchage par terre à coté de ma moto. Mais bon ce n’est pas le truc qui me donne le plus envie de chialer dans ma vie. Il va falloir que je me réveille pour de bon… Je n’étais qu’un lot de consolation. Malgré ses paroles elle est partie en claquant la porte. J’imagine que ça annule son oui. La vie est vraiment une garce de m’avoir donné quelques minutes de bonheur pour tout me reprendre dans la foulé. Putain que j’y ai cru…

Tequila vient joyeusement me rejoindre, les babines rouges de bolognaise. Au moins j’arrive à sourire un peu avant de le prendre avec moi. Je sais déjà que je ne dormirais pas, ça ne m’empêche pas de m’allonger et de ruminer sur tout ce que j’ai perdu en quelques heures.