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Lorsqu’on était venu la voir en urgence pour lui demander de rejoindre l’infirmerie, Joey ne s’était pas fait prier, et avait tout laissé en plan pour y aller en courant. Elle avait vaguement aperçu une gamine étendue dans un lit, Diana s’occupant déjà d’elle, tandis qu’on l’envoyait ailleurs, prendre en charge une autre blessée. Joséphine arriva donc rapidement au chevet d’une petite rouquine, qui, à peine fut elle arrivée, lui dictait déjà de regarder ses côtes. La brune haussa un sourcil, avant d’attraper une paire de gants, et de les enfiler sans attendre. « -On va tout regarder, d’accord ? » La pompier lui offrit un petit sourire rassurant, avant d’aller farfouiller dans un placard. Elle ne pouvait pas faire grand-chose pour l’instant sans l’avoir examinée, si ce n’était lui épargner un peu de douleur. « -T’as des allergies médicales ? » Puisqu’elle lui assurait que non, Joey attrapa un comprimé dans un flacon, puis remplit un verre d’eau, avant de revenir auprès de la gamine : « -Tiens. Ça atténuera la douleur, mais tu seras toujours consciente. » Elle les lui tendit, puis attendit qu’elle ai pris l’antidouleur, et récupéra le tout, avant de se pencher sur la jeune femme.

Joséphine laissa son regard courir sur la fine silhouette meurtrie de la jeune fille, avant de froncer un peu les sourcils. Elle ignorait ce qui lui était arrivée, et elle ne la forcerait pas à raconter le calvaire qu’elle avait vécu, mais Joey était prête à parier que ça n’avait pas été une partie de plaisir. « -Bon…il va falloir qu’on ôte tes habits pour y voir un peu mieux. Je vais t’aider, d’accord ? » Elle essayait de se montrer douce, aussi bien dans ses paroles que dans ses gestes, ne sachant pas comment la rouquine allait réagir après l’agression qu’elle avait subie. La brune lui adressa un sourire bienveillant, tandis qu’elle essayait de mettre en confiance la survivante. « -Je m’appelle Joey, au fait. » Libre à elle de lui dire à son tour comment elle s’appelait, ou pas, mais quoiqu’il en soit, la jeune pompier commençait déjà son travail, tandis qu’elle aidait la demoiselle à retirer sa veste.

A l’annonce du prénom de la gamine, Joey esquissa un petit sourire, comme pour lui signifier silencieusement qu’elle avait bien entendu. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait aperçu ce minois dans le labo, même si elle devait avouer qu’elle n’avait jamais vraiment pris le temps de se présenter, ou d’aller faire un brin de conversation. Ce qui était tout à fait dommage, elle le reconnaissait bien volontiers, ils formaient une petite communauté, alors autant essayer de faire connaissance, et de se serrer les coudes.

En voyant la rouquine commencer à enlever son haut, Joey l’aida spontanément, voulant essayer de la préserver au maximum, et lui éviter tout mouvement pénible ou douloureux. L’opération ne fut pas aisée, mais les deux jeunes femmes parvinrent finalement à bout du haut, que Joey plaça en bout du lit. De là, elle posa un nouveau regard sur sa petite patiente, tâchant de garder un air détaché, malgré ce qu’elle voyait. Les bleus, bien visibles, sur son ventre, les traces bleutées autour de son cou, sa lèvre…aucun doute, Charlie avait passé un sale quart d’heure, et autant dire que cela révoltait Joséphine qu’on puisse s’en prendre à quelqu’un d’aussi jeune, malgré les circonstances de leur monde actuel.

Quoiqu’il en soit, elle était là pour soigner la gamine, pas pour s’étendre sur le dégoût que lui inspirait parfois la race humaine. Joey se rapprocha donc de la petite rousse, avant de se figer subitement en apercevant une marque bien distincte, sur l’épaule de la demoiselle. Une trace de morsure, elle en était certaine. Joséphine ouvrit la bouche, pour la refermer lentement en voyant la réaction de Charlie, qui cachait sa plaie, et annonçait déjà que ce n’était pas ce qu’elle était en train de s’imaginer. La brune pinça les lèvres, se retenant de lui dire que ça ressemblait pourtant à s’y méprendre à une morsure de rôdeur. Au lieu de quoi, elle alla s’emparer d’une compresse, et d’un produit désinfectant. « -Et si tu me racontais comment ça s’est passé, alors ? » Joey était prête à laisser le bénéfice du doute à la rouquine, même si elle n’était pas prête pour autant à mettre en danger tout leur groupe. Et puis…si c’était une morsure de rôdeur, certains symptômes assez reconnaissables ne tarderaient sans doute pas à faire leur apparition, et dans ce cas-là, Joey n’aurait aucune hésitation, ni même aucun remord, à prendre les mesures qui s’imposeraient. Tout en attendant les explications de la gamine, elle commença à désinfecter la plaie, aussi délicatement que possible.

Appliquant la compresse sur la morsure, Joey nettoya correctement la plaie, tâchant de ne pas se formaliser plus que mesure sur les traces de dents bien distinctes qu’elle pouvait voir. Lorsqu’elle eut fini, elle s’empara d’une nouvelle compresse, et entreprit de faire un pansement digne de ce nom sur l’épaule de Charlie. La brune haussa un sourcil face au ton employé par la gamine, mordant à souhait. Elle avait l’impression de se retrouver un peu dans cette réaction, elle qui avait l’habitude de réagir de façon assez similaire lorsqu’elle était plus jeune. Dès qu’elle se sentait ne serait-ce qu’un tout petit peu titillée, Joséphine mordait pour se défendre, pour ne pas dire qu’elle agressait carrément les gens. La pompier n’appréciait pas vraiment qu’on lui parle sur son ton, pourtant, elle garda son calme, alors même qu’elle mourrait d’envie de balancer à la gamine qu’elle n’avait pas vraiment pris le temps de voir si l’autre patiente avait toujours ses deux mains, ou non, avant de venir s’occuper d’elle. La brune décida de mettre cette réaction sur le coup de la douleur, ou du stress du moment qu’elle venait de vivre. Au fond, elle n’était pas certaine qu’elle-même aurait fait preuve d’un peu plus de retenue si elle avait réussi à échapper à des cannibales, ou si on s’imaginait qu’elle s’était fait bouffer par un rôdeur, et qu’elle n’allait pas tarder à en devenir une à son tour.

Joey n’avait toujours pas répondu lorsque Charlie reprit la parole, pour lui certifier que si elle avait réellement été mordue, elle n’aurait jamais remis les pieds au labo. Sur ce coup, elle voulait bien la croire sans discuter, pour la simple et bonne raison qu’elle-même ne serait jamais revenue non plus si elle avait subi une morsure. Elle se serait isolée dans une maison, et aurait fait ce qu’il fallait pour être certaine qu’elle ne reviendrait jamais. La gamine avait l’air de s’être cependant calmée un peu, ce n’était pas plus mal, il ne manquait plus qu’elle se retrouve avec une patiente récalcitrante, ça n’aurait pas facilité sa tâche. « -D’accord…je te laisse le bénéfice du doute. » Elle se détourna une infime seconde pour jeter la compresse usagée à la poubelle, avant de se tourner une nouvelle fois vers Charlie, et de plonger son regard dans le sien : « -Mais tu comprendras que je vais devoir garder un œil sur toi, ces prochaines 24 heures ? » Elle gardait un ton mesuré, comme si les paroles un peu rudes de la gamine, prononcées quelques instants plus tôt, ne l’avaient pas affecté. Elle pouvait crier sur les toits qu’il s’agissait d’une morsure d’un cannibale, il aurait été inconscient de la part de Joey de la croire sur parole, et de la laisser gambader tranquillement dans les couloirs du labo. Elle ne la traiterait pas comme une infectée, mais ça ne l’empêcherait pas de surveiller la santé de sa petite patiente. De toutes façons, elle doutait que dans son état, elle puisse aller ailleurs qu’à l’infirmerie.

Depuis le début de l’épidémie, Joey n’avait assisté qu’une seule fois à la métamorphose d’un être humain en un de ces bouffeurs de chair, mais ça avait été suffisant pour que cela marque son esprit pour un très long moment. Elle se souvenait du processus, de la douleur, de la vie qui quittait peu à peu le survivant, qui avait fini par s’éteindre pour revenir sous la forme d’un rôdeur. Ce n’était pas elle qui avait dû l’achever, ce qui n’avait pas été plus mal. Quoiqu’il en soit, elle se souvenait plus ou moins de comment se déroulait ce charmant processus, et si le même venait à arriver à Charlie, Joey prendrait les mesures qui s’imposeraient.

Sa petite patiente avait fini par arriver à la même conclusion que la brune, tandis qu’elle annonçait qu’elle allait sans doute devoir rester à l’infirmerie pendant quelques temps, vu son état. Joey hocha de la tête, comme pour lui confirmer qu’elle avait autant se faire à cette idée le plus vite possible, car cette pièce serait sans doute la seule chose qu’elle verrait pendant un bon moment. Joséphine ne put retenir un petit sourire en coin lorsque Charlie lui dit qu’elle aurait pu tomber sur une pire infirmière : « -Si tu préfères le genre acariâtre et autoritaire, je peux peut-être t’arranger ça… » Pourtant, elle esquissa un sourire, pour bien lui montrer qu’elle plaisantait, elle aussi.

La petite rouquine ne tarda pas à lui demander de l’examiner, et Joey ne put s’empêcher de se mordiller la lèvre inférieure. Elle avait déjà fait le tour des blessures visibles sur le corps de la jeune femme, pourtant, la brune se rapprocha malgré tout, en esquissant un sourire qu’elle voulait rassurant. « -Il n’y a pas grand-chose que je puisse faire, Charlie. » Doucement, autant que possible, Joséphine passa ses doigts sur les côtes endolories de la gamine, puis sur son cou, où des traces de strangulation étaient bien visibles. « -En temps normal, je t’aurai dit que la seule chose à faire pour tes côtes, ça aurait été de mettre de la glace, de prendre des anti-douleurs, et de ne pas trop en faire pendant un moment. » La brune soupira, avant de glisser son regard dans celui de la petite rousse : « -Aujourd’hui, la seule chose que je puisse te dire, c’est de te reposer, et de bouger le moins possible, parce que te faire un bandage n’aidera pas forcément. J’ai rien de mieux sous la main. » Elle fit une grimace désolée à la gamine, se doutant bien que cette dernière attendait sans doute une autre réponse que celle fournie par le pompier.

Joey finit par retirer ses gants, avant d’aller les jeter dans la poubelle, celle où elle avait balancé la compresse usagée, quelques instants plus tôt. Elle esquissa un petit sourire en entendant Charlie lui dire qu’elle préférait éviter d’avoir à faire à la version acariâtre et relou de Joey, se disant qu’elle avait bien raison, parce qu’elle-même doutait que cette Joséphine-là soit une nana très viable. Revenue au chevet de sa patiente, la brune hocha de la tête et adressa un nouveau sourire sincère à la rouquine, qui la remerciait de s’être occupée d’elle. C’était avec plaisir, malgré leurs débuts un peu brusques, et puis, Joey était contente de pouvoir aider cette communauté qui l’avait accueilli, c’était sa façon à elle de participer.

Elle suivit du regard les yeux de Charlie qui se posèrent sur le lit à quelques mètres de là, où Diana s’occupait elle aussi d’une patiente, rescapée de la même expérience que la gamine. Quand cette dernière se retourna pour lui faire face une nouvelle fois, Joey esquissa un sourire en coin : « -Ouep, désolée pour toi. » Elle n’avait pas changé d’avis, pas avec un tel enjeu. Joséphine ne put s’empêcher d’avoir un bref rire aux nouvelles paroles de la petite rousse, qui se montrait d’agréable compagnie finalement. « -Je vais déjà aller te chercher des vêtements propres, et de quoi te débarbouiller un peu. Ensuite, tu devrais te mettre à l’aise, et essayer de te reposer. Je serai toujours là à ton réveil pour discuter, t’en fais pas. » Elle lui adressa un sourire presque complice, puis s’éclipsa de l’infirmerie pendant quelques minutes, avant de revenir avec des fringues propres sous le bras, et une petite bassine remplie d’eau. Elle posa le tout sur une table à roulettes, et les ramena près de Charlie, attrapant au passage une serviette. « -Tu risques de passer un peu de temps ici, alors si t’as besoin de quelque chose…un livre, de quoi écrire, n’importe quoi, n’hésites pas à me le dire. » Elle-même savait qu’elle serait sans doute devenue dingue si elle avait été contrainte à un repos forcé, elle qui n’avait aucune patience, et détestait se retrouver inactive.

A peine revenue au chevet de Charlie, la brune fronça les sourcils, tandis qu’elle voyait la gamine ouvrir la bouche…mais aucun son sortir de celle-ci. C’est vrai que la rouquine avait déjà la voix en mauvais état un peu plus tôt, mais Joséphine ne s’attendait pas à ce que cette dernière l’abandonne aussi vite. Elle grimaça ouvertement, avant de se rapprocher du lit de Charlie : « -Tu risques d’être dans cet état pendant quelques jours, le temps que ça dégonfle. Mais ça ira vite mieux. » Elle lui adressa un sourire rassurant, avant de se s’arrêter subitement en avisant les gestes de la rouquine.

Joey suivit son regard, qui ne tarda pas à se poser sur les affaires de la gamine, pas très loin de là. La brune hocha de la tête pour lui signifier qu’elle avait compris, et elle alla récupérer le sac de sa petite patiente, pour venir le déposer sur ses genoux. La pompier s’éclipsa quelques instants pour aller proposer son aide pour soigner l’autre patiente, mais Diana avait la situation bien en main, et Joséphine ne fut pas d’une grande nécessité. Elle retourna donc auprès de sa patiente à elle, attrapant une chaise au passage pour la rapprocher du lit occupé par Charlie. Là, Joey plaça la chaise en bout de lit, et s’installa dessus, relevant ses jambes pour les mettre sur le lit de la rouquine, les pieds croisés. S’il fallait qu’elle reste là pendant vingt-quatre heures pour surveiller que la demoiselle n’allait pas virer morte-vivante, autant se mettre à l’aise. Finalement, si Charlie n’était plus en mesure de parler, ces heures à venir risquaient d’être particulièrement longues.

Une fois installée à sa guise, Joey se tassa un peu plus sur sa chaise. Elle se fit rapidement la remarque qu’elle allait avoir du mal à rester comme ça pendant les prochaines 24 heures, elle qui s’ennuyait vite, surtout si elle n’avait rien à faire. Elle envisageait déjà de se lancer dans un récurage en bonnes et dues formes de l’infirmerie, en un inventaire complet de tout ce qui se trouvait dans cette pièce, ou simplement d’aller chercher le livre dans son sac, celui qu’elle avait déjà lu un nombre incalculable de fois. Quoiqu’il en soit, il lui fallait une activité où elle pourrait garder un œil sur Charlie, juste au cas où.

D’ailleurs, en parlant de cette dernière, elle la vit sortir triomphalement elle ne savait quoi de son sac, avant de la voir griffonner, et de lui montrer une page tout juste noircie. Joey ne put s’empêcher d’avoir un large sourire devant ce qu’elle y lit, et elle remarqua que la petite rouquine a déjà l’air d’aller un peu mieux que quand elle était arrivée, ce qui était une très bonne chose. La brune l’observa écrire à nouveau, et se redressa un peu en tendant le cou pour mieux voir les mots qu’elle était en train de noter. Une nouvelle fois, elle ne put retenir un nouveau petit sourire en coin : « -Si tu survis à tes 24 heures avec moi, je te promets de t’en ramener la prochaine fois que je vais dehors. » Et elle savait d’avance qu’il y aura une prochaine fois, parce que rester enfermée dans ce labo n’était pas fait pour elle.

Joey observa quelques instants le visage de Charlie, avant de croiser les bras sur sa poitrine : « -Ça fait longtemps que t’es au labo ? Je t’ai déjà vu plusieurs fois, mais j’ai jamais eu l’idée de venir te parler…ce qui est plutôt débile vu qu’on vit plus ou moins tous ensemble, maintenant… » La brune afficha une moue un peu gênée malgré elle, bien consciente qu’elle aurait pu faire un effort de sociabilisation, et essayer de parler à cette rouquine, qui s’avérait finalement assez sympathique.

La bouche de Charlie s’ouvrit dans un rire silencieux, et Joey crut remarquer à quel point cela semblait frustrer la demoiselle. Cette dernière ne se laissa cependant pas démonter pour autant, et après une brève pause, elle recommença à écrire sur le carnet pour communiquer avec la brune. Cette dernière tacha de se montrer patiente tandis que sa patiente griffonnait sur son carnet, et finissait par le lever à son attention. Elle se força à mimer un air indigné, alors qu’elle répondait à la petite rousse : « -Une ration de nourriture ? Mais ça va pas ? C’est sacré la bouffe ! » Ca l’avait été pour Joey en temps normal, qui avait toujours été un estomac sur pattes quand leur monde tenait encore debout, mais maintenant que la nourriture se faisait rare, ça l’était encore plus. Ceci dit, pour montrer à la jeune femme qu’elle plaisantait, elle se laissa aller à un petit sourire en coin malgré tout.

Cette dernière semblait étrangement apprécier ce mode de communication auquel elle était désormais astreinte, ce qui amusait beaucoup la brune. Elle ignorait ce que Charlie était en train d’écrire une nouvelle fois, même si elle avait l’impression que cette fois, l’opération durait un peu plus longtemps que précédemment. Lorsque la rouquine finit par lui tendre le carnet, Joey se pencha un peu pour y lire toutes les infos données. Elle avait l’impression que cela faisait un peu plus de temps que Charlie avait rejoint le groupe, mais elle n’était pas là depuis si longtemps que ça au final. Lorsqu’elle eut terminé de lire la fine écriture de la demoiselle, Joey ne tarda pas à lui répondre : « -Je suis arrivée il y a quelques mois. C’est d’ailleurs Abel qui m’a aussi ramenée ici. » Les détails de son arrivée au laboratoire lui revinrent en mémoire, alors qu’elle avait l’impression que cela faisait bien plus longtemps que ça qu’elle était arrivée.

Dès ses premiers pas dans ce nouveau refuge, Joséphine s’était immédiatement proposée pour deux choses : rejoindre l’infirmerie, ses connaissances en premiers soins pouvant aider, et au ravitaillement, car c’était sa porte de sortie vers l’extérieur. « -Oui, c’est ça. J’ai du mal à tenir en place, alors le ravitaillement me semblait convenir parfaitement ! » Elle esquissa une moue amusée, avant de hocher finalement la tête : « -Et pas de souci pour les sorties. Dès que tu seras sur pied, on pourra faire équipe ! » Une nouvelle fois, Joey lui adressa un petit sourire, avant de se redresser vivement quand Diana s’avança vers elle. Les deux jeunes femmes échangèrent quelques instants à voix basse, puis Diana se détourna, quittant finalement l’infirmerie. Il ne fallut que quelques pas à Joséphine pour revenir auprès de Charlie, alors qu’elle portait son regard sur l’adolescente couchée un peu plus loin : « -Elle a fini de s’occuper de la gamine. Diana a dit qu’elle s’en remettra, même si moralement ça risque d’être difficile… » Elle détourna difficilement le regard de la petite patiente allongée dans son lit, et du bandage qui ornait désormais sa main, avant de poser un sourire compatissant, rassurant sur ses lèvres.

Il ne fallut pas longtemps à Joey pour revenir au chevet de Charlie, et lui annoncer ce qui à ses yeux ressemblait pourtant à une bonne nouvelle. Mais elle avait l’impression que la rouquine ne partageait pas son point de vue, et le regard noisette de Joséphine passa successivement de sa petite patiente, à celle allongée dans le lit voisin. La brune s’installa finalement au bord du lit de la jeune demoiselle, tandis qu’elle observait celle-ci écrire de nouveau sur son carnet. « -Ecoute Charlie, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais je suis certaine que vous avez fait de votre mieux pour survivre à ça. C’est vrai que c’est moche, mais j’imagine que tu as fait tout ce que tu as pu pour elle. » Elle tâcha de lui offrir un sourire rassurant, tandis qu’elle serrait doucement le bras fin de la jeune femme entre ses doigts.

Joey n’était pas du genre à ressasser inlassablement ce qu’il s’était passé, au contraire. Pour elle, quand quelque chose était fait, il ne servait plus à rien de redevenir dessus, et de refaire mille scénarios à base de « et si ». Tout ce qui lui restait à faire, à présent, c’était d’aller de l’avant, pour essayer de se remettre de ce qui s’était passé. « -Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais je suis certaine que tu ne devrais pas t’en vouloir. D’ailleurs…si tu as envie d’en parler, quand ça ira mieux je veux dire, tu sais que tu pourras venir me trouver. » Elle lui adressa un nouveau sourire confiant, avant de quitter le bord du lit pour rejoindre la chaise quittée un peu plus tôt. Ses amis lui avaient toujours dit que Joey était une oreille attentive quand il s’agissait de parler de ses problèmes, de peines de cœur, ou autre, et elle aimait parfois croire qu’ils n’avaient pas tout à fait tort à ce sujet.

Une nouvelle fois, Charlie commença à écrire sur son calepin, tandis que Joey croisait ses jambes, et attendait patiemment qu’elle ai terminé. Elle se pencha pour y lire ses mots, avant de faire spontanément une petite grimace face à ce qui était écrit. Oui, malheureusement, elle avait déjà eu cette impression, bien souvent d’ailleurs, notamment lors de ses premiers pas en tant que pompier. Ça la stressait beaucoup de se dire qu’au moindre faux pas, il n’y avait pas que sa vie qu’elle mettait en jeu, mais aussi celle de ses collègues et amis. Elle voyait la bonne humeur de Charlie s’étioler peu à peu devant elle, et ce n’était pas pour plaire à l’infirmière d’un jour. Si bien que Joséphine ne tarda pas à se relever, pour attraper le carnet et le crayon de la jeune femme. « -Vous êtes en vie, toutes les deux. Et c’est tout ce qui compte. » La brune posa les affaires de sa patiente sur la petite table près d’elle, avant de lui adresser un doux sourire. « -Maintenant, tu vas te reposer, et tu verras que ça ira déjà mieux au réveil. Je te promets de te réveiller s’il se passe quelque chose avec ton amie. » Tandis qu’elle parlait, Joey remonta la fine couverture sur le corps svelte de la rouquine. Elle n’irait pas bien loin, elle ne comptait pas quitter son chevet comme promis.

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