Aujourd’hui était une bonne journée, une de celles où la simple idée de rester enfermé à la maison, alors qu’un beau soleil brillait dehors, était insupportable. L’hiver avait définitivement laissé sa place au printemps, les températures commençaient à se réchauffer enfin, lentement, mais sûrement, et le soleil se faisait de moins en moins timide. La période préférée de l’année, selon le point de vue de Juliet, venait tout juste de commencer, et autant dire que cela n’était pas sans conséquence sur le moral de la jeune femme. Elle ne s’en rendait peut-être pas encore tout à fait compte, mais cela faisait quelques temps maintenant que sourire n’était plus si pénible pour la jeune femme, qui espérait bien que les choses continueraient sur cette lancée.

Maintenant que le temps était plus propice à des promenades, la jeune femme passait un temps considérable en dehors de sa maison : chez Alair, tout d’abord, puis à la ferme, qui lui prenait pas mal de temps. Mais elle aimait y passer de longues heures, elle parvenait même à y prendre un peu de plaisir, à trouver sa place dans cette communauté. Et puis, ça lui permettait de pouvoir discuter avec d’autres survivants, et de pouvoir nouer quelques liens avec les membres de Fort Hope.

La brune passait également pas mal de temps au bord du lac ces temps-ci. Ça ne faisait pas très longtemps qu’elle avait réussi à reprendre un crayon de papier en main, et à en faire quelque chose de constructif, autre chose que des petits gribouillis destinés à tromper son ennui. Avec le retour des beaux jours, Juliet retrouvait là l’une de ses toutes premières sources d’inspiration, celle qui lui avait toujours particulièrement tenu à cœur. C’était comme ça qu’elle s’était retrouvée au bord du lac, peu après l’heure du repas de midi, avec son matériel sous le bras. Oh, elle n’en était pas encore au stade de venir envahir les bords du lac avec ses énormes toiles, ses peintures à l’huile ou autre, mais avec le calepin à dessins qu’elle se trimballait depuis la fin du monde, et ses nombreux crayons de papier, Jules pouvait quand même s’en sortir pas trop mal, et faire quelques belles esquisses ou croquis, en prévision de ce jour où elle se décidera enfin à se remettre à la peinture pour de bon. Assise en tailleur à même le sol, Juliet semblait concentrée au possible, enfermée dans une petite bulle de calme et de sérénité, tandis qu’elle dessinait l’horizon qui s’offrait à elle.

Il ne fallait pas grand-chose de plus pour Juliet qu’un beau jour ensoleillé pour se décider à sortir ses crayons et son carnet. Cela ne faisait pas très longtemps qu’elle s’était réellement remise au dessin, mais elle se rendait compte que cela lui avait vraiment manqué ces derniers temps. Ça avait toujours été le meilleur, peut-être même le seul, moyen pour elle de faire la paix avec elle-même, de se reconnecter avec celle qu’elle était réellement. Elle n’était jamais aussi bien elle-même que quand elle se penchait sur son carnet, et laissait les crayons parler. Dans ces moments-là, on pouvait facilement avoir l’impression qu’elle était dans un monde à part, où rien ne pouvait l’affecter.

C’était d’ailleurs sans doute pour cette raison qu’elle n’avait pas vraiment conscience de la présence d’une autre personne au bord du lac, pas jusqu’à ce qu’elle entende un sifflement dans son dos. La brune se retourna, surprise, tandis que son visage tombait sur Colin, qui l’avait rejoint sans un bruit. Il s’excusa rapidement de l’avoir dérangée, alors que Juliet lui adressait presque immédiatement un sourire sincère : « -Il n’y a pas de souci, ne t’en fais pas ! » Mais il lui offrait déjà un large sourire, et un compliment par la même occasion, alors qu’il semblait apprécier son croquis. Par réflexe, la jeune femme jeta un coup d’œil à son dessin, qui était loin d’être terminé. « -Merci, c’est gentil. » Elle avait toujours été très critique envers ses propres dessins et peintures, c’était sans doute son côté perfectionniste qui s’exprimait à ces moments-là.

Lorsque son collègue de la ferme lui demanda s’il pouvait rester, Juliet hocha vivement de la tête, tandis qu’elle lui montrait d’un signe de la main la place à ses côtés. « -Oui bien sûr, avec plaisir. » Elle n’était jamais contre un peu de compagnie, et encore moins contre celle de Colin, qui lui avait toujours paru très sympathique. Elle lui adressa un sourire tandis qu’il s’installait, et qu’elle reprenait quelques coups de crayon. Sans savoir combien de temps avait passé exactement avant qu’elle ne reprenne la parole, Juliet finit par briser le silence, d’une voix lointaine. « -J’ai commencé à dessiner quand j’étais ado. J’avais bien l’intention d’en faire mon métier, mais…la vie en a décidé autrement. » Elle eut un vague sourire à ces pensées, même si elle ne savait pas vraiment ce qui la prenait à raconter cela au survivant. Elle avait renoncé à ses rêves d’artiste quand elle était tombée enceinte, mais c’était une décision qu’elle n’avait jamais regrettée. Elle glissa un regard en biais à Colin, avant de demander d’un ton amical : « -Tu faisais quoi, avant tout ça ? Je ne crois pas qu’on ai déjà eu l’occasion d’en discuter. » Elle ne voulait pas se montrer indiscrète, ce n’était pas dans ses intentions.

Juliet apporta quelques nouveaux traits de crayon à son dessin, avant de se tourner de biais vers Colin, tandis qu’elle lui demandait ce qu’il faisait dans la vie, avant que tout parte en vrilles autour d’eux. Pendant quelques instants, elle avait eu l’impression qu’il était loin, peut-être à des kilomètres du bord du lac, en proie à des pensées qui échappaient totalement à la jeune femme, et elle craignait tout à coup de s’être montrée trop curieuse, trop invasive aussi. Elle ne pensait pas à mal, elle se disait simplement qu’ils vivaient ensemble, dans la même communauté, qu’ils travaillaient quotidiennement ensemble, et que ce petit aparté au bord du lac pourrait être le moment idéal pour apprendre à se connaître un peu mieux. Pourtant, malgré les craintes de la jeune femme, ce fut avec un grand sourire qu’il lui répondit, comme si ses pensées sombres l’avaient déjà quitté, aussi rapidement qu’elles étaient arrivées, et elle lui adressa à son tour un petit sourire amical.

Lorsqu’il lui annonça le métier qu’il exerçait auparavant, Jules hocha doucement la tête, avant que l’image des deux chiens s’impose à son esprit. Oui, elle voyait très bien les deux bestioles, souvent dans les jambes du survivant à côté d’elle. Ils étaient, comme il venait de le dire, tous les trois souvent à la ferme, la brune pas très loin. Juliet n’avait jamais eu d’animal de compagnie, son père avait toujours été absolument contre, et si elle avait dû choisir, elle aurait sans doute pris un chat, qui lui correspondait bien plus.

Quand Colin lui retourna la question, en lui disant qu’il trouvait dommage qu’elle n’ait pas fait de sa passion son métier, la jeune femme lui adressa un sourire. Elle n’avait effectivement jamais eu l’occasion de vendre le moindre tableau, de devenir l’artiste qu’elle rêvait d’être, d’apposer sa signature au bas de ses œuvres, mais elle n’avait jamais vraiment regretté cela, il lui suffisait de poser ses yeux sur Eulalie pour savoir qu’elle avait pris la bonne décision, une décision qu’elle n’avait pas regretté une seule fois. Et puis, il fallait dire qu’elle n’avait pas fait un métier totalement éloigné de ce qui la faisait vibrer, elle était même restée dans le même domaine. « -J’ai…enfin, j’avais une galerie d’art, à Détroit. Toujours des tableaux, mais ce n’était pas moi qui les faisait, ceux-là. » Elle lui adressa un sourire amusé, tandis qu’elle posait à côté d’elle son matériel, et s’installait en tailleur. Il lui avait fallu beaucoup d’efforts, et d’économies, pour y parvenir, mais elle avait réussi, et c’était tout ce qui comptait. Et puis, elle n’avait pas totalement renoncé aux peintures, et ça suffisait à combler sa petite vie de mère célibataire.

Le dessin de la brune prenait forme peu à peu, tandis que ses habitudes acquises à force de longues heures de pratique lui revenaient sans aucun mal. Elle avait toujours aimé se perdre dans les détails infimes qui se cachaient dans les paysages qu’elle dessinait, et Juliet n’avait pas peur de passer un temps fou à dessiner les nervures d’une feuille, ou les clapotis d’une surface aqueuse. Pour elle, le plaisir résidait dans ces petits détails. Le silence s’était de nouveau installé entre les deux survivants, mais c’était loin d’être un moment gênant, au contraire. C’était comme partager un moment de calme en agréable compagnie, et c’était toujours plaisant, n’est-ce-pas ?

La brune était en train d’estomper l’un de ses traits de crayon du bout de son petit doigt, lorsque la proposition de Colin lui fit hausser les sourcils, et esquisser un sourire par la même occasion. Instinctivement, le regard de Juliet passa plusieurs fois du visage sérieux de l’homme à la surface calme de l’eau, comme si elle s’attendait à la moindre seconde à ce qu’il lui dise qu’il plaisantait, avec un air malicieux. Et pourtant, Colin n’en fit rien, et un sourire ne tarda pas à se dessiner sur le visage de Jules, sourire qui s’agrandit peu à peu quand elle vit qu’il s’était levé pour se rapprocher de l’eau et y plonger sa main. « -Délicieuse, sérieux ? » Elle n’était pas certaine que la grande frileuse qu’elle était allait être d’accord avec les paroles du survivant, pourtant, elle se leva à son tour, avant de rejoindre elle aussi les bords du lac. Juliet y plongea à son tour la main, alors que ses sourcils se levaient brusquement. « -Oula…c’est frais ! » L’exclamation quitta spontanément ses lèvres avant même qu’elle ne puisse l’en empêcher.

Pourtant Colin, lui, ne semblait pas partager les réticences de la brune, qui ne tarda pas à reprendre : « -Elle est trop froide pour moi, je pourrais rien faire de plus qu’y tremper mes pieds ! » Son ton était amusé, et elle commençait déjà à dénouer les lacets de ses bottes, et finissait par les retirer. Puis Juliet retroussa son pantalon aussi haut qu’elle le put, avant de s’avancer tout au bord de l’eau, qui ne tarda pas à lécher ses doigts de pieds, lui arrachant une petite grimace malgré elle. Mais la brune ne se défila pas, et elle entra dans l’eau du lac, peu à peu, jusqu’à ce que celle-ci finisse par lui arriver aux mollets. Son corps s’habitua bien vite à la fraîcheur du liquide, alors que la jeune femme finissait par se tourner vers le survivant pour lui sortir cette phrase clichée déjà entendue des centaines de fois : « -Je t’accorde le fait qu’une fois dedans, elle est bonne ! » Elle s’autorisa un sourire amusé, avant de s’enfoncer encore un peu plus dans l’eau, les mains sur les hanches. Finalement, cette journée était vraiment idéale.

[18] S'incruster dans le RP de deux autres personnes comme simple 'spectateur' (pas d'interaction), sans leur demander l'autorisation(50 points) (Désolé les chats)

J'avais mal patrouillé aujourd'hui, surement car je m'inquiétais trop, comme à mon habitude. Logan devait avoir raison, il faudrait que je trouve quelque chose à faire de mon temps libre, sinon j'allais devenir le fou au semi automatique. M'avançant vers le lac, je profitais du calme évident de cette journée pour me ressourcer un peu. Pour profiter du soleil descendant sur le sol. Dans d'autre circonstance, j'aurais prit le temps de profiter de tout ça. Mais aujourd'hui, le monde avait basculé. Il n'y avait plus grand chose à sauver. A vivre. La détente devenait compliqué, à moins que ce soit simplement moi qui m'y refuse. Arrivant non loin du lac, je profitais un peu de la vue qui se dessinait sous mes yeux. Cachait dans les arbres, je finis par baisser les yeux sur deux personnes, de loin, j'aurais pu dire qu'il s'agissait de Mac... Macfarlane ? J'avoue ne plus connaitre son prénom. Mauvaise habitude sans doute. Et l'autre, plus difficile à dire sur l'instant, mais un rapide coup d’œil autour m'aida à reconnaître Juliet Whitman. Je l'avais déjà vu dessiner, c'était reposant dans un sens. Un peu comme cette scène de vie. Voir les gens agir avec insouciance me rappelait un instant pourquoi j'avais choisi ce métier. Pour me préoccuper de la vie des autres, pour leurs éviter de trop y penser. Pour les laisser vivre. Ils semblaient vouloir aller dans l'eau, il faut dire que cette dernière ne devait pas être des plus chaude, mais il est vrai qu'un bain n'était jamais de refus. Surtout après tout ce qui pouvait nous arriver. Je me surpris à avoir envie d'un bain, mais le moment était très mal choisi. Secouant la tête, je jetais un dernier regard en leurs directions pour m'assurer que tout allait bien avant de reprendre ma route. Je n'avais pas envie de gêner, ni de m'imposer. Vivre les uns sur les autres étant déjà suffisamment difficile, ce n'était pas pour en rajouter. Je continuais donc ma route, m'éloignant assez rapidement d'eux pour leurs rendre leurs intimités. Soupirant au passage, j'allais devoir réellement réfléchir à ce que pouvait me conseiller Logan.

Tandis que Juliet laissait l’eau du lac lécher ses pieds et ses mollets, la faisant frissonner de temps en temps face à la fraîcheur du liquide, elle observa Colin retirer tous ses vêtements à l’exception de son sous-vêtement, puis entrer dans l’eau avec une facilité qui lui fit ouvrir les yeux ronds comme des soucoupes. Il ne manquait vraiment pas de courage ! L’étonnement laissa peu à peu place à un sourire sur le visage de la brune, alors qu’elle avait l’impression de voir le survivant s’amuser réellement dans cette baignade improvisée. Les deux adultes ne tardèrent cependant pas à se comporter comme de véritables gosses, et si Jules la frileuse avait décidé de limiter son exposition à l’eau glacée, elle ne tarda pas à se retrouver trempée. En effet, Colin et elle s’étaient lancés dans une petite joute aquatique, à celui qui parviendrait le plus à asperger l’autre. Son compagnon d’infortune n’avait pas grand-chose à perdre, lui qui s’était débarrassé de presque tous ses vêtements, mais Juliet se retrouva bien vite arrosée de la tête aux pieds, ce qui eu pourtant le don de la faire rire. Elle se prêta de bonne guerre à leurs enfantillages, qui lui firent d’ailleurs un bien fou. Elle trouvait, comme n’importe quel autre survivant sans doute, que la moindre occasion de pouvoir passer un peu de bon temps dans le monde dans lequel ils vivaient désormais était toujours bonne à prendre.

Ce fut le corps frissonnant et les dents claquants que Juliet s’extirpa finalement des flots glacés pour rejoindre la berge du lac, ses vêtements gouttant sur l’herbe autour d’elle. Elle commença à ramasser son matériel, qu’elle essaya de mouiller le moins possible, avant de tourner son visage vers l’homme à ses côtés, à qui elle adressa un large sourire : « -C’était un vrai plaisir ! Passes une bonne fin de journée ! » Elle l’observa s’éloigner pendant quelques instants, avant de finir de rassembler son matériel, puis elle rejoignit sa maison, pas très loin de là. Il ne fallut pas bien longtemps à Juliet pour quitter ses vêtements, se sécher, et enfiler des fringues plus chaudes. Puis profitant du silence de la maison, une fois n’était pas coutume, la brune se plongea dans la lecture de ce livre qu’elle potassait sans cesse depuis ces derniers temps : le manuel de soins d’urgence offert par Alair. Malgré elle, Jules éprouvait beaucoup de difficultés à se concentrer, il fallait dire que cette petite baignade improvisée l’avait mise particulièrement de bonne humeur, et elle avait hâte de recommencer. Et elle espérait que ce serait en aussi bonne compagnie.