La fin du monde, c’était un concept très surfait finalement. On en parlait un peu facilement pour tout et rien. Le fait que les morts ne veuillent pas mourir, le fait que Britney Spears ait été mangée, le fait que des pillards se prennent pour des prédateurs et fassent n’importent quoi, le fait que personne ne saura la fin de game of thrones….

Mais pour Maddie, ce matin, la fin du monde était dans le ciel. Elle avait suffisamment vécu en Floride et gérer des chantiers pour savoir reconnaitre les signes d’une catastrophe météorologique. Et quand on est née dans le Maine (même si officiellement cela fait à peine 20 ans), c’était un véritable traumatisme de découvrir les tempêtes tropicales et les dégâts qu’elles pouvaient causer.

Ce n’était pas une tempête tropicale qui les menaçait, même si ça en avait la forme, ils étaient bien trop au nord et près des grands lacs pour que ça ne soit que ça. Maddie avait suivi des formations pour sécuriser les chantiers dans le sud et on avait abordé d’autre sujets sympas comme les cyclones, les ouragans, les séismes…

En moins de temps qu’il lui en fallait pour épeler son nom, elle était déjà dans la maison de Logan en train de lui faire un topos, pour fois étonnement clair et concis, de la situation et de ce qu’il convenait de faire. Elle n’avait même pas besoin de faire un tour du camp pour savoir où était les faiblesses de structures de la plus part des constructions. Avant d’être son personnage excentrique, elle était surtout une professionnelle appliquée et consciencieuse qui ne s’était pas fait un nom dans le domaine du bâtiment par erreur.

Par ailleurs elle appuya sur le fait qu’avec le lac si près, il fallait s’attendre à être inondé, avec peut-être plus de toit sur la tête, ni de barrière entre eux et les zombies. Ils n’avaient pas le temps de faire des miracles, juste de limiter la casse et de s’assurer qu’ils sauraient repartir une fois le déluge passé.

Dès que Logan et elle furent en accord, ce qui, pour une fois, arriva vite, elle fit un rapide tours du camp pour dispatcher les consignes tout en s’accrochant à son talkie pour essayer de prévenir Rajesh.

Le vent soufflait déjà fort et la pluie lui collait les vêtements à la peau. Mais Maddie n’avait pas le luxe de s’en inquiéter. Elle arriva à dénicher l’homme qu’elle cherchait.

« Alpha ! »

Le vent étouffait presque le son de sa voix et elle dû se rapporter du deuxième géant de Fort Hope pour se faire entendre.

« Alpha, j’ai besoin de toi pour une mission prioritaire !!! »

Du doigt elle lui montra le hangar a bateau qui donnait déjà des signes de faiblesse dans les bourrasques. Il ne tiendrait pas, et la précieuse pompe était en dessus. Il allait falloir la démonter, la mettre sur un diable pour la mettre en lieu sûr. S’ils la perdaient, l’avenir de fort Hope serait des plus incertains. Ensuite il allait y avoir les panneaux photovoltaïques et le filtre… Autant dire qu’ils allaient avoir du boulot !

Maddie a plus l’air de se cramponner à son diable avec sa pompe dessus que de le pousser tellement les bourrasques jouent avec elle. Je suis presque noyé par la pluie épaisse et froide. J’ai plus l’impression d’être sous une cascade

« Tu fais quoi là ? »

Je ne suis même pas sûr de sa réponse tellement le vent étouffe ses mots. Je capte qu’il y a eu un souci avec Alpha. Merde. Il a fait quoi encore ce con. Ou plutôt qu’est ce qu’il n’a pas fait. Je la pousse et l’aide a déplacer son machin quatre fois trop lourd. Cette pompe je la hais de tout mon cœur J’ai jamais eu que des merdes avec. Mais bon, elle et moi c’est une longue histoire. Après tout c’est moi qui l’ait ramenée dans Fort Hope non ?

J’arrive a mettre le machin dans le bâtiment que Maddie me désigne. A peine a l’intérieur, je profite que le rideau d’eau ait cessé et que le bruit soit assourdi par les murs.

« Putain mais t’es une grande malade de faire ton truc toute seule par ce temps ? Tu sais pas demander de l’aide ? Sans déconner tu pensais faire quoi là ? Rester accrocher a ta pompe… »

Je m’arrête dans mon élan, pas seulement parce que Maddie semble plus intéressée par l’état de sa pompe que parce que je dis, mais plus parce que je viens de percuter deux trucs. Tout d’abord elle reste inhabituellement silencieuse et ensuite elle évite mon regard. Ça me blesse même si je comprends. Saloperie de vieux…
Elle met un certain temps à ouvrir la bouche mais elle regarde plus la pompe que moi.

« Il y a les panneaux solaires et le filtre aussi à mettre en sécurité… »

Je me contente d’opiner de la tête, glacé pas seulement par la météo. Elle aussi me hait finalement ? Je n’ose pas lui dire de rester là quand elle me suit dans la tempête. En fait je n’ose plus rien lui dire. On va démonter patiemment les panneaux solaires qui finissent par rejoindre la pompe. J’ai l’impression de nager dans mes fringues tellement elles sont gorgées d’eau. Même mes pompes sont des piscines.

On est en train de ramener les filtres quand je l’entends crier sans comprendre un traitre mot de ce qu’elle me dit. J’ai a peine le temps de me retourner que je le mange une branche d’arbre dans la gueule et perd conscience. Je suis dans les vaps quand je sens qu’on essaye de me bouger. Je me redresse douloureusement devant une Maddie dégoulinante de pluie et a l’air inquiète. Dès que mon regard croise le sien, elle se détourne. Il va falloir que je m’habitue.

Je me redresse tant bien que mal, notant que j’ai la main pleine de sang. Merde. Bon a priori je sais tenir debout. On verra plus tard pour les détails, tant que je peux pousser le diable et serrer les dents on y va. Le filtre arrive enfin au sec avec nous.

« Y’a d’autres trucs ?
- Non tout est là, tu devrais aller à l'infirmerie montrer ta blessure, ça a l’air de bien saigner, même si on sait que les blessures à la tête, même légères sont souvent impressionnantes…
- Laisse bet’ ok, je te ramène a la salle commune, dépêche-toi… »

Je vais vers la porte avant de noter qu’elle n’a pas bougé d’un poil.

« Magne toi Maddie, je sais que c’est pas la joie d’être avec moi mais je vais pas te laisser aller seule là-bas, imagine que tu te manges aussi une branche et que tu ne saches pas te relever ? »

Je la voix prendre un air buté exaspérant.

« Je vais rester ici avec la pompes et les panneaux solaires au cas où. »

Le délire ?! elle va pas rester seule ici ? Au moindre problème il n’y aura personne pour l’aider.

« Hors de question. »

Je vais pour l’empoigner de force, lassé par ses caprices de gosse alors que l’on a pas le temps, puis je croise son regard horrifier quand je la touche. Je me fige et la lâche intensément comme si son bras m’avait brulé. Je connais trop bien se regard que je croise trop souvent dans le miroir. Depuis quand elle l’a ? Putain…

« Je… je… suis désolé… Maddie... je...
- Va t’en Isha… s’il te plait. Je crois que toi et ta famille vous en avez assez fait. Va t’en juste et évite d’alarmer Juliet. »

Je me sens mal, et pas a cause du coup sur la tête. Je sais que je ne devrais pas la laisser seul, mais ce que je viens de comprendre et encore pire que tout. Je bats en retraite et retourne vers l’endroit ou j’ai laissé Juliet. Je n’ai jamais eu aussi honte de mon sang de toute ma vie. J’essaye d’éteindre l’incendie qui me consume quand j’arrive a la porte de l’infirmerie. Mais je sens que le tumulte qui bat en moi n’est pas prêt de me foutre la paix. Je croise du regard Lana qui court, seule aussi, vers les écuries. Merde les chevaux. J’hésite à aller l’aider, pas seulement a cause de ma trouille de ces bestiaux, mais surtout parce que je dois trouver un truc pour éponger le sang qui me tombe sur la tronche.