Vous en connaissez beaucoup, vous, des histoires qui se finissaient mal avant que tout ne parte en vrille ? Parce qu’en général, Marcus n’était jamais vraiment loin.

« Marty ! Passe la balle Marty ! » le jeune garçon se tenait au milieu d’un terrain de baseball, la casquette bien trop grande pour sa tête ne cessait de retomber sur ses oreilles. Marty fixait la fameuse balle logée dans son gant en cuir depuis bien trop longtemps. Il ne put se résoudre à envoyer l’objet, absorbé dans cette contemplation silencieuse. Les dernières secondes d’un match étaient bien souvent les plus importantes, pourtant, Marty ne bougeait pas. Les coups de sifflets de l’arbitre retentirent. Le petit savait ce qui l’attendait du haut de ses neuf ans. Il rejoignit les vestiaires en même temps que ses camarades, proférant à son encontre un tas d’insulte. Ce fût sans surprise que Marty se fit frapper par son équipe. De toute façon, il s’en fichait. Ce n’est pas comme si son père verrait son état ce soir en rentrant de son service. La seule pour qui cela importait qu’il soit défiguré fut sa meilleure amie. Il espérait juste que les coups finiraient par cesser de pleuvoir pour qu’il puisse vite la retrouver.

C’était la bouche pâteuse et le corps tremblant que Marcus ouvrit ses yeux vitreux. Quel était ce rêve ? Il tenait sans doute ses souvenirs de quelqu’un d’autre. La porte se faisait marteler. Qui cela pouvait-il bien être ? Joshua voulait encore que le cuistot lui fasse une fournée de meth ? Non. Pas à une heure aussi matinale. « Ouai, ouai… J’arrive, tarnation… » lâcha-t-il en se levant de son canapé, faisant tomber sa pipe à crack sur le sol dans un éclat de verre, accompagné d’un « Eh merde… » d’une voix rauque. Marcus se dirigea vers la porte, mais il n’eut pas le temps de l’ouvrir qu’un type en armure d’intervention eut la bonne idée d’éclater le talon de sa ranger sur la clenche. Marcus ne bougea pas, observant la scène d’une semi-conscience. « Merde, les mecs… Y’a d’jà pas grand-chose qui tient debout ici… » Il se fit plaquer au sol, bracelets aux poignets. En un rien de temps, il se retrouva dans un fourgon blindé, direction les locaux de la D.E.A.

Finir en taule ? Impossible pour Marcus. Il préférait opter pour larguer une liste de nom. Mais s’il voulait trouver la rédemption, il devait accepter d’infiltrer un gang de motards : les Outlaws MC, à Détroit. Un jeu d’enfant pour l’homme. La violence, les gangsters, les arnaques, les mensonges… Il connaissait. Et pas qu’un peu.

Une cure de désintoxication plus tard, il se retrouva dans un rade de bikers, sanctuaire d’un des motorcycle club les plus violent du coin. Des types sans foi ni loi, qui ne pensaient qu’à enfourcher leurs bécanes et leurs femmes, lorsqu’ils n’essayaient pas de se faire du blé par tous les moyens illégaux possibles. Marcus était plus ou moins dans son élément, allant même jusqu’à vendre ses talents de cuisinier pour ce club. Il n’en fallait pas plus pour qu’il se fasse accepter par la meute de barbus tatoués en harley. Il devint très vite prospect. Il fit ses preuves et fut rapidement promu : full patch. En échange de cette liberté, il devait larguer des noms auprès des officiels. Chose qui ne le gênait pas vraiment, ôtant de ce gang, ceux qui se dressaient en travers de sa route.

Quelle merde a-t-il fait de travers ? Comment sa couverture a-t-elle pu être en péril ? Marcus s’est retrouvé chez Joshua à lui demander un coup de main. Le seul type ayant les compétences de le tirer d’une mauvaise passe, et qu’il n’avait pas encore envoyé en prison. Un deal qui avait mal tourné, un micro dévoilé au grand jour, les Outlaws n’allèrent pas plus loin pour suspecter Marcus d’être une balance. Et ils n’avaient pas tords. Fort heureusement, Joshua l’aide à faire taire deux des membres détenant la vérité sur son compte. Depuis, Cornwell et Hayes ne cessent de se remémorer cette dette lorsqu’ils se croisent.

Et puis il y a eu ces annonces à la radio, aux informations. Maladie, châtiment divin, obsolescence programmée de l’humanité. Qu’est-ce-que cela changeait ? Tout partait déjà en vrille bien avant.

Les premières heures du blackout total, Marcus avait bien compris qu’il ne resterait très vite que la désolation, là où beaucoup ne songeaient qu’à une mauvaise passe. Il suivit le club de motard qu’il avait infiltré. Dans ce genre de moment, peu importe qui sont ses frères d’armes, tant qu’ils savent tirer. Mais il comprit vite que le manque de ressource divisait peu à peu le club. Certains voulaient rejoindre de plus grosse communauté. D’autres optèrent pour rester des bikers libres et indépendants, risquant tous les dangers. Il ne fallait presque rien pour qu’une guerre interne éclate.

Marcus n’avait peut-être pas été innocent dans ce conflit et se tenait à l’écart après avoir semé le trouble. Le résultat : trois survivants, blessés, et en proie aux morts. Peut-être qu’encore une fois Marcus avait fait en sorte d’attirer une horde vers les motards, afin de décimer ceux qui resteraient. Pourquoi ? C’était sa mission après tout, non ?

Le cuisinier décida de fuir suffisamment longtemps le secteur pour ne pas risquer des répercussions. Il retourna dans son ancienne maison à Jericho. Rien n’avait changé. En même temps, vu la merde qu’il avait laissée derrière, personne n’a repris sa baraque. La porte avait été condamnée, mais forcée depuis. La TV fut volée, ainsi que le peu qui pouvait encore avoir de la valeur. Marcus s’approcha du canapé tout miteux et le repousse. Il souleva une des planches en dessous et retrouva une liasse de billet, ainsi qu’une bouteille de whisky, et une clef. L’homme démarra un feu avec le fric, et regarda sa maison cramer entièrement, picolant sa bouteille, posé dans la cabane d’un arbre voisin.

Le soleil revint bien trop rapidement. Avec lui les morts, attirés dans un premier temps par l’incendie, mais vite détournés par les ronflements de Marcus. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il constata le peu de whisky qu’il lui restait. Il décida de finir d’une gorgée la bouteille et de la balancer plus loin, attirant les morts vers l’origine du bruit de verre. Il en profita pour descendre tant bien que mal de l’arbre et s’empressa de regagner sa moto. Il roula jusqu’à un garage qu’il louait à côté. Enfin… quand le monde filait encore à peu près droit. En l’ouvrant, il y découvrit son pick-up, ainsi que sa « cuisine ». C’est alors qu’il recommença une survie en solitaire, s’empressant de se débarrasser de son laboratoire pour ajouter du confort dans son garage.

Il avait bien dû rester une année complète à squatter le local tout pourri, ne fournissant que l’effort nécessaire pour se nourrir, se chauffer et se soigner. La solitude devenant pensante, il reprit la route à bord de son pick-up, revenant à Detroit. Il ne savait même pas pourquoi sa route l’avait de nouveau menée jusqu’ici, en dehors des quelques communautés naissantes dont il avait entendu parler. Mais la panne sèche l’obligea à quitter son véhicule, une fois dans la ville. Bordel, il aurait sans doute fui, s’il n’était pas chargé comme une mule. Joshua était là aussi. Rappelant sa dette à Marcus et l’obligeant à s’engager dans un truc que l’homme aurait préféré ne pas accepter. Mais vu l’animal, valait mieux baisser la tête et dire amen à tout.

L’abandonnant à son triste sort, Joshua retourna à ses plans machiavéliques, laissant Marcus en plein crise d’hypoglycémie et en quête de carburant, un jerricane dans la main...

C'est ainsi que débute les aventures de Marcus dans ce Detroit apocalyptique, en cette fin de mois de Juin 2016. A suivre...

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