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Depuis l'été 2014, l'Apocalypse règne sur le territoire américain. Dans la région de Détroit, les survivants s'organisent seuls depuis des mois pour sauver leurs vies et résister aux rôdeurs. Quand, après trois ans sans nouvelles du gouvernement, l'armée revient à Détroit, un nouvel espoir semble possible pour les survivants. Mais à quel prix ?
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 There and back again
In Your Flesh :: Michigan State :: Zones non-nettoyées :: Détroit [Sud-Ouest]

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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyLun 24 Sep 2018 - 22:43

Dernière édition par John A. Gray le Ven 2 Nov 2018 - 20:26, édité 1 fois

     









La parte d’escalade se passa bien, même si les morts arrivaient en bas de l’échelle alors que John n’en était qu’à la moitié. Les cadavres raclaient l’échelon du bas de leurs ongles qui tombaient spontanément, ou l’agrippaient de leur poigne molle, mais aucun n’essayait de se hisser.
Malou exprima sa réticence quant au premier étage, et John ne pouvait qu’être d’accord. Ils montèrent donc les escaliers de secours jusqu’au quatrième. C’était le dernier étage du bâtiment, qui était une sorte de haute maison de ville. Vu la configuration des plates-formes, les appartements étaient disposés de part et d’autres d’un couloir central à chaque étage. Étrangeté architecturale, des portes-fenêtres ne se situaient qu’au premier étage, les autres disposant de fenêtres à guillotine.

Au quatrième, John regarda à l’intérieur. Tout semblait calme, mais ils savaient tous les deux que ces apparences tranquilles pouvaient être trompeuses. Il frappa doucement au carreau avec sa hachette, histoire de faire du bruit. Il attendit quelques secondes avant de recommence, et un Geignard finit par se présenter dans la pièce, se tournant vers la fenêtre où le narguait son repas.
« Allons voir chez les voisins. »
Il se rendit à la fenêtre de l’autre appartement et recommença son petit manège. Cette fois, pas de locataire fétide. John glissa sa hachette sous le cadre de la fenêtre et parvint à la forcer. Au moins, si un quelconque visiteur passait par là, une fenêtre fermée pouvait dissuader (bien que John n’y croyait pas vraiment).

Le carreau fut rapidement soulevé, et nos trois partenaires entrèrent bien vite. La première chose que John remarqua était l’absence d’odeur de mort. S’il y en avait ici, c’était bien enfermé dans une pièce. Il serait facile de sécuriser l’habitation et d’y faire le ménage. Et avec la fenêtre et la plate-forme dehors, ils serait même aisé de se débarrasser d’un éventuel corps odorant.
« Je m’occupe de faire le tour des pièces, si tu veux voir s’il y a des choses à récupérer. Cet endroit sera parfait, je crois. »

John pensait aussi à la camionnette de Malou. De la fenêtre, on pouvait voir l’incendie du garage. Il surveilleraient l’avancée des flammes, et la progression de la horde. S’ils disposaient d’assez de nourriture, ils pourraient bien tenir une semaine si nécessaire. John était confiant de ce côté.

Sa seule inquiétude pour l’heure, c’était que d’éventuels pillards repèrent le feu, visible de loin avec son panache d’épaisse fumée noire, et décident de venir voir quoi. Ils pourraient alors découvrir une ambulance toute équipée et garnie, parfaite pour refaire quelque stock de bouffe un peu maigre. Il aimerait éviter que ça arrive.






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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyMer 3 Oct 2018 - 22:04
Le premier appartement étant occupé par un décharné, le cow-boy choisit le second, força la fenêtre et entra le premier bientôt suivi par Malou et Wyatt.
Il n'y avait aucune odeur suspecte et le chien était calme, la planque était de bonne augure et ne semblait ne pas avoir été visitée.

Avant de filer dans la cuisine pour chercher d'hypothétiques victuailles, elle jeta elle aussi un œil à la fenêtre d'où l'on pouvait constater l'incendie et son cœur se serra.
Il n'était pas visible car il était garé plus loin mais elle pensait à son ambulance qui lui sembla très loin et sans défense.
Et s'il brûlait ? Elle n'aurait plus rien. S'il était volé ? Non seulement s'en serait fini du voyage mais plus d'une semaine de nourritures s'envolerait avec lui ainsi que ses affaires personnelles et la carafe de whisky, cadeau pour John qui ne savait encore rien.
Malgré tout, le vol lui semblait moins grave; il pourraient peut-être toujours se lancer aux trousses des agresseurs. S'il prenait feu, ce serait définitif, sans espoir de retour.
Viens Wyatt ! Bougonna t-elle pour cacher son trouble, allons chercher à manger.

Le chien sur ses talons elle se dirigea vers l'office, propre, tendance genre tout encastré, installé clé en main.
Elle ouvrit les placards et découvrit, hormis des denrées avariées, immangeables comme un petit pain pour hamburger, moisi, presque réduit en miettes et un flacon de ketchup qui fit sortir une fumée grise du petit orifice quand elle appuya dessus, une nourriture difficile à utiliser telle quel. Les gens avaient dû emporter le maximum de choses avant de s'en aller.
Désappointée elle retourna voir John et lui fit un état de la situation:
je n'ai trouvé que des sachets de soupes en poudre, un demi paquet de farine, un fond de verre de moutarde, une bouteille d'huile rance et une grande boîte de salsifis, même pas une bouteille d'eau et le robinet ne fait plus rien couler ! Qu'est-ce qu'on va faire ? En plus j'ai soif...
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyJeu 25 Oct 2018 - 18:38










Ils firent leur tour d’inspection, John la hachette à la main pour accueillir un éventuel locataire enfermé dans une des pièces, Malou et son éternel rouleau de ménagère prêt à faire voler dents et éclats de crâne.
L’appartement était bien vide. Ses occupants l’avaient déserté voilà longtemps, en emportant au passage tout ce qui était possible d’emmener, et qui pouvait être utile en première nécessité.

La salle de bains était entièrement débarrassée de ses produits, cosmétiques comme médicaments, et il ne restait qu’une paire de vieilles serviettes de bain tachées de moisissures. L’odeur qui y régnait trahissait les longues années sans que les siphons ne soient en eau, laissant circuler l’air des conduites d’égouts jusque dans la petite pièce.

John gagna ensuite les chambres. Là encore, c’était dépouillé. Plus de vêtements, ou si peu, les lits n’avaient même plus de matelas, ne restaient que quelques draps, des livres, une vieille lampe à pied… bref, le mobilier brut et quelques extras inutilisables.
Il marqua un temps d’arrêt devant l’une des portes. Fermée, un petit billet de papier décoré d’un ruban vert y était accroché. « Ne pas ouvrir avant Noël », disait-il. Il y avait bien longtemps que ce Noël était passé, et il y avait prescription à l’interdiction. John tourna le bouton de porte et ouvrit.

C’était une chambre d’enfant. Les deux petits lits à barreaux qui y trônaient, les jouets bien rangés sur les étagères et dans les bacs, la large table à langer garnie de deux matelas et d’un tas d’accessoires, tout trahissait la nature du cadeau alors prévu. La famille devait s’agrandir de deux petits nouveaux, avant que tout ne bascule.
C’était un coup difficile à encaisser. John avait beau s’être fait aux horreurs qu’il pouvait voir au quotidien, certaines choses ne passaient simplement pas. Comme le spectacle d’une chambre de bébés prête à accueillir ses occupants encore à naître. Cette famille avait fui alors que cette naissance n’avait pas eu lieu. Qu’était-il advenu d’eux ? Avaient-ils survécu ? Les bébés étaient-ils nés, étaient-ils en sécurité ? Vivaient-ils dans une de ces communautés qui avaient vu le jour ? Autant de questions qui assaillaient son esprit avant de disparaître.

Parce que finalement, la nécessité d’être prêt à tout reprenait le dessus. Malgré tout ce qui pouvait entamer le moral, il fallait se dominer et maîtriser ces coups bas de la réalité pour les dépasser et continuer. Il y pensait, parfois, quand il était dans un endroit sûr, au calme. L’humanité se remettrait-elle de tout ça ? Possible. Elle avait déjà vécu des catastrophes, pas de cette ampleur bien sûr, mais des épidémies, des génocides, des épurations, des guerres, et chaque fois, chaque fois, elle s’en était relevée. Mieux, elle en avait tiré des leçons. Pourquoi en serait-il différemment cette fois ?

Malou le tira de ses pensées. Elle avait fait le tour de la cuisine et n’avait rien trouvé, ou si peu. Les soupes pouvaient faire l’affaire d’un repas, mais il faudrait de l’eau. De toute façon, il leur fallait de l’eau. John n’avait plus rien, Malou non plus, et il leur faudrait au moins de quoi boire.
Les bâches en plastique qui couvraient une commode et un fauteuil, dans la chambre des bébés, lui donna une idée. Il avait vu un type se servir d’une bâche de ce genre, une fois, dans une de ces émissions télé. Le gars partait dans des endroits improbables pour y exercer face caméra ses capacités de survie. Il avait réussi à obtenir de l’eau en bricolant une installation de fortune. Peut-être qu’ils pouvaient s’en tirer avec ça.

« Montons sur le toit, voir comment ça se présente. »

Ils ressortirent pour reprendre l’escalier de secours, et ils gagnèrent le toit du bâtiment. L’endroit, désert, comportait de grands caissons métalliques qui contenaient les machineries de ventilation, ce genre de choses. Sur le sol de béton, on pouvait trouver toutes sortes de choses, principalement de la vieille quincaillerie laissée là, des feuilles mortes et même un oiseau si décomposé qu’il était impossible de savoir de quelle espèce il était.
Rien ne permettait de mettre en place un puits solaire, mais ils avaient bien mieux.

« De l’eau de pluie ! »

C’était la première fois qu’ils avaient de la chance pour cette journée.
Adossé au petit appentis qui abritait la cage d’escaliers qui desservait tout l’immeuble, une petite citerne d’une centaine de litres était reliée à la gouttière et était supposée recevoir une partie de l’eau qui s’en écoulait.
John souleva le couvercle. Elle était à moitié pleine. Toutefois, elle semblait sombre, aussi faudrait-il s’assurer qu’elle soit consommable. Il suffit à John d’y plonger la main pour faire un premier constat.
Le réservoir contenait des débris dans le fond, assez pour que ça représente une belle moitié de ce qu’il contenait. Feuilles mortes décomposées, brindilles, n’importe quoi qui pouvait être transporté par le vent, tomber sur le petit toit de l’appentis et finir dans la gouttière, tout ça finissait là-dedans. Normalement, l’eau devait servir à arroser des plantes ou un petit potager, donc pas à se soucier de ça. Mais pour la boire, c’était obligatoire d’être sûr de ne pas tomber malade. Heureusement, il faisait beau.

« On n’a plus qu’à chercher de quoi puiser de l’eau. En faisant attention à ne pas remuer le dépôt, on devrait récupérer de quoi boire. On laisse ça exposé au soleil, et les UV et un peu de temps feront le reste. Allons chercher de quoi faire dans la cuisine, et dans quelques heures, on aura de quoi tenir. »

Ils redescendirent à l’appartement se mettre en quête de récipients. John sélectionna un grand bac de plastique, et plusieurs plats de belle dimension mais peu profonds. C’était le mieux, s’ils voulaient avoir un peu d’eau consommable rapidement.








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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyMar 30 Oct 2018 - 20:59
Quand Malou était revenue de la cuisine pour faire étalage de ses maigres trouvailles, elle avait surpris John en pleine méditation devant une chambre de bébé. Par curiosité elle avait jeté un coup d'oeil à l'intérieur de la pièce mais n'avait rien vu qui pourrait leur servir. L'espace d'une seconde, elle se demanda pourquoi le cow-boy avait l'air si triste. Pensant-il à son propre enfant ?
Elle ne dit rien mais rassembla son courage. Si l'ambulance n'avait pas cramé, s'ils pouvaient changer ce pneu sans être importunés, ils reprendraient la route jusqu'au domicile de son ami et alors ils verraient bien... Elle se prit à espérer sincèrement qu'il retrouverait sa famille, ce serait une bonne nouvelle ! Une fois n'était pas coutume dans ce monde merdique...

John répondit à l'appel pressant de l'eau par un ordre: monter sur le toit avec des bâches en plastique !
La jeune fille le regarda quelques instants, se demandant s'il n'était pas devenu fou puis haussa les épaules en songeant que faire ça ou autre chose... Elle avait tellement soif à cause des fumées de l'incendie.

Arrivés en haut, ils eurent enfin une bonne surprise. Une citerne était presque remplie d'eau mais quand John annonça qu'elle provenait des pluies Malou se renfrogna tout en se penchant pour voir l'espèce de boue noirâtre mêlée à des feuilles d'arbre qui stagnait au fond.
On va attraper la mort avec ça ! Bougonna t-elle tout en continuant:
j'ai lu dans une revue que l'eau de pluie était déminéralisée, elle n'apaise pas la soif, en gros elle sert à rien et ça donne la chiasse.
Mais elle avait la gorge si asséchée qu'elle aurait bu un seau d'eau de mer s'il avait fallu.
Tout en ronchonnant, elle accompagna John à la cuisine, attrapa l'unique casserole qui traînait au bas d'un meuble et remonta puiser.
De retour sur le toit, elle leva les yeux vers le ciel. Le soleil descendait; bientôt il se coucherait et la seule lumière dont ils bénéficieraient serait les lueurs de l'incendie qui n'avait pas faibli.
Je redescends ma casserole dans l'appart, j'ai trop soif ! Annonça t-elle et Wyatt aussi, il n'arrête pas de haleter, tant pis pour les détritus et le reste.

Après avoir servi le chien et bu quelques grandes gorgées, elle entreprit d'aller chercher des draps disponibles qu'elle installa en deux litières bien distinctes dans la chambre des parents. C'était l'été, ils n'auraient pas froid.
Elle aurait pu tout aussi bien aller dormir dans la chambre des petits mais elle éprouvait le besoin de la présence réconfortante de son compagnon puis, comme la nuit s'était installée, elle alla ouvrir la boite de salsifis et partagea la maigre pitance en trois parts égales.
La soupe ce sera pour demain, on ne sait pas combien de temps il va falloir rester ici... dit-elle d'un ton qui n'admettrait pas de contradiction.

Le repas fut rapide et morne. La jeune fille n'avait aucune envie de faire la conversation; ses yeux restaient rivés à la fenêtre qui donnait sur le garage.
Ayant terminé son assiette elle se dirigea vers la bibliothèque. Aucune BD, aucun manga. Autant dire rien d'intéressant.
Sur le rayonnage du bas trônait toute une série de polars mais elle n'avait pas envie d'en lire; leur monde était devenu un polar tous les jours avec son lot de meurtres, de viols, de saccages sans un flic à l'horizon pour faire cesser le carnage.
Je vais me coucher, lança t-elle, à demain.

L'aube s'était à peine levé que Malou bondit sur ses pieds et courut à la fenêtre.
Rien n'avait changé; le site brûlait encore, les flammes étaient hautes et le ciel sans un nuage. La journée promettait d'être ennuyeuse...

En fin de matinée, elle avala un peu d'eau, discuta un peu avec John de leur passé respectif, lui racontant sa mère obèse et alcoolique, son père absent, son frère adoré puis Nounours, l'ami Josh, son départ de Seattle et on arrivée à Detroit.
Elle posa plein de question à son ami. Comment était sa femme ? Son fils ? Qui étaient ses parents, quel métier faisaient-ils... jusqu'au moment où elle eut un creux.
Comme il n'y avait rien pour chauffer, elle versa la poudre de soupe dans de l'eau froide et attendit que cela veuille bien faire quelque chose de mangeable.
Rien ne se fit.
Elle touilla donc la chose pour la forme avec une cuillère en bois et partagea à nouveau en trois parts égales.
Seul Wyatt avait l'air satisfait de ce qu'on lui avait servi !

Il devait être 15 ou 16h00 quand soudain, un vent chaud et lourd se leva tandis que de gros nuages noirs s'amoncelaient dans le ciel...
Enfin ! Songea t-elle le nez collé à la vitre pour la millième fois.
Il était peut-être question d'un espoir...
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyMar 6 Nov 2018 - 11:36










HRP:

Le repas de salsifis fut frugal et rapide. Aucun mot ne fut prononcé, à part quand Malou alla se coucher. John lui souhaita bonne nuit et alla s’enfoncer dans le canapé après avoir pris un livre sur l’étagère. Il le feuilleta rapidement avant de le poser, l’intérêt n’ayant été que de courte durée. Il reporta son attention sur la fenêtre et l’incendie qui jetait ses lueurs orangées sur la nuit pourtant bien éclairée par une lune presque pleine. Un feu de cette ampleur se voyait de loin, et des pilleurs auront vite fait de le repérer et de venir voir ce qu’il resterait à récupérer.
Il faudrait être les premiers sur place, pour aller reprendre l’ambulance. Devoir changer le pneu crevé pouvait dissuader des voleurs, mais la vider de son contenu était encore possible. Perdre tout ça, c’était renoncer à près d’une semaine de vivres et à une belle quantité de carburant.. Une lourde perte.

La fatigue eut raison de lui, sans qu’aucune lutte ne soit possible, alors qu’il grattouillait Wyatt derrière les oreilles. Mais le repos fut de courte durée, coupé par un réveil en sursaut, avant même les premières lueurs du matin. Il était si rare d’avoir un abri aussi sûr que la possibilité de vraiment dormir ne se présentait presque jamais. Il s’était habitué à peu dormir, mais le calme ambiant avait contribué à un sommeil profond, auquel l’instinct de survie nouvellement acquis avait mis fin de manière brutale.

La nuit s’éclaircissait, mais le soleil ne se levait pas encore. Il restait encore une bonne heure avant ça. John se leva pour se servir de l’eau. Le goût infect de qu’elle lui laissa dans la bouche lui rappela que la quantité prélevée et ramenée dans l’appartement n’était que pour l’immédiate nécessité. Il décida d’aller voir le reste, sur le toit.
Les récipients étaient toujours là, pleins d’eau. Si les UV renvoyés par la lune étaient en bien moindre quantité que la journée par le soleil, le temps d’exposition devait être tout de même suffisant. John arriva sur le toit juste au bon moment pour voir un passereau venu boire dans l’un des plats s’envoler. C’était sûrement le signe que l’eau était bonne. Et puis, depuis le temps que les survivants faisaient au quotidien avec ce qu’ils trouvaient, leur système digestif devait s’être un peu endurci. Certainement qu’ils se porteraient très bien avec cette flotte.
John versa l’eau des plus petits contenants dans une sorte de petite marmite, alla puiser plus d’eau au container pour la laisser aux soins des UV et emmena la première fournée vers l’appartement, après avoir observé les alentours depuis le toit.

En entrant, il trouva Malou levée, collée à la fenêtre, la déception visible sur son visage.
« L’incendie a l’air moins fort, ce matin. Je n’ai rien vu de particulier, depuis là-haut. Ça devrait aller. »

Ils discutèrent un peu. Ils n’avaient pas eu l’occasion de le faire, de parler de l’Avant. Malou raconta un peu sa vie, puis questionna John. Il lui parla alors des ses parents, sa famille, ses études. Et puis sa femme, sa Sophie, ses garçons. Comment il avait vu son premier Geignard. Comment il avait dû abattre son propre père. Son voyage depuis Salt Lake City. Il n’avait parlé de ça à personne jusqu’à maintenant. Il n’avait jamais côtoyé de survivant aussi longtemps, depuis le début de tout ça.

Malou se leva brusquement, parlant de la faim qui la tenaillait. Elle avisa la soupe déshydratée et entreprit de la préparer. Mais sans matériel de cuisson en état de marche, ça restait de l’eau trouble au goût fadasse et où surnageait des grumeaux de poudre, quoi qu’ils tentent pour les désagréger. Finalement, ils burent ça. Wyatt ne se plaignit pas, heureux qu’il était d’avoir quelque chose. John sirota sans rien dire.
Il prit un livre sur l’étagère, avec l’intention d’essayer de s’y intéresser, mais rien n’y fit. Il resta assis dans le fauteuil, le livre fermé sur ses genoux, le regard rivé sur le ciel.
Il y voyait des changements légers mais bien réels. Quelques nuages apparaissaient, avançaient, s’en allaient.. Un sac plastique, accroché à une antenne sur un toit voisin, témoignait de la force du vent, qui grandissait d’heure en heure. Petit à petit, le temps changea nettement. Les nuages se firent plus gros, plus lourds, ils assombrirent le ciel et il fit presque nuit alors que ce n’était que le milieu de l’après-midi. Malou l’avait remarqué aussi.

Les premières gouttes de pluie s’écrasèrent sur les carreaux, lourdes et grosses, quelques unes d’abord, puis plus nombreuses. Un éclair tomba, suivi par un roulement de tonnerre. L’orage était juste au-dessus d’eux, vraiment près. John se leva, et Wyatt passa de la position couché à la position assise, ne loupa pas un seul des gestes qui étaient faits.

« Tu sais quoi ? On va se préparer à partir. Cet orage, c’est l’occasion ou jamais. »

Ils devraient changer la roue sous la pluie, mais ils récupéreraient le véhicule. Ils reprendraient la route.








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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyMar 13 Nov 2018 - 15:47
HRP :
je te comprends John, cela m'est arrivé aussi une fois et j'avais eu les boules !!! comme toi, je n'avais pas eu le courage de réécrire mon pavé, haha !


Malou avait écouté avec la plus grande attention la vie de John et des siens. Elle avait appris entre autre, que sa femme s'appelait Sophie et qu'ils avaient non pas un mais deux garçons.
Et quand il avait abordé le problème du père qu'il lui avait fallu achever de ses propres mains, elle baissa les yeux par pudeur; pour signifier qu'elle comprenait la douleur qu'il avait dû ressentir mais aussi parce qu'à cet instant l'image d'une multitude de gens qu'elle avait plus ou moins bien connus affluait sous son crâne pour finir par celle de son frère, décapité sous ses yeux par Josh ou par Nounours, elle ne savait plus.
Qui n'avait pas eu son lot de souffrances extrêmes dans ce monde ? Personne. Tous avaient une tragédie à raconter quand l'occasion se présentait.

A la fin de ce qui ne pouvait pas vraiment s'appeler un repas, le temps s'était étiré dans l'ennui le plus statique comme si la Terre avait décidé d'arrêter de tourner.
Le cow boy s'était installé dans un fauteuil avec un bouquin qu'il ne lisait pas, le chien s'était allongé à ses pieds et somnolait faute de meilleure activité et Malou ne faisait rien d'autre que tourner comme un lion en cage en scrutant par delà la fenêtre.
Aussi, quand l'orage se déclara pour de bon et que des gouttes de pluie se mirent à tomber d'abord lentes et lourdes puis en averse, elle devint tout aussi électrique que l'éclair qui venait de traverser le ciel.
Elle ne se le fit pas dire deux fois pour rassembler ses affaires et partit comme une flèche vers la porte d'entrée en disant:
on n'a pas entendu un bruit depuis qu'on est ici et Wyatt n'a pas aboyé une seule fois, je suis sûre que les couloirs et les escaliers sont sans danger, filons par là, on ira bien plus vite !

Sans même attendre la réaction de son co-équipier, elle s'élança dans la cage d'escalier et descendit les marches quatre à quatre tout en prenant soin de ne pas trop faire de bruit.
Le visage concentré, l'ouïe décuplée, le rouleau à pâtisserie bien en main, ses yeux étaient comme des caméras, guettant la moindre ombre suspecte.
Pour la deuxième fois ils eurent beaucoup de chance. Rien ne se présenta devant eux et la jeune fille put pousser la porte cochère sans encombre.

Dehors les choses étaient différentes. La pluie tombait en trombe et le vent soufflait avec force, poussant vers eux une forte odeur d'émanations lourdes, âcres qui les empêchaient de respirer convenablement et leur brûlaient les yeux.
Tout en essuyant de grosses larmes qui ruisselaient sur son visage, Malou tira du sac à dos sa vielle écharpe en laine pour se protéger le nez et avança à tâton dans le brouillard saturé de CO2.

Ils n'y voyaient pas à dix mètres et la jeune fille craignait à chaque seconde de butter contre un mangeur d'homme.
Presque collée à John, son regard était rivé sur les réactions du chien qui ne manquerait pas de leur signaler un danger.
C'est ainsi qu'ils arrivèrent, trempés jusqu'aux os, aux abords du garage sans avoir été trop importunés par les immondices.

A présent, les choses allaient devenir risquées.
Les bourrasques de vent soulevaient par intermittence un voile sombre composé de fumée et de cendres.
Ils pouvaient entrevoir la structure métallique noire qui se dressait telle une ossature, unique vestige du bâtiment et des ombres peut-être humaines ou semi-humaines qui semblaient glisser dans ce paysage surréaliste. Plus loin, un point blanc qui pouvait être l'ambulance ou autre chose.
C'est à ce moment que Malou fut atteinte d'une suée d'angoisse avant de murmurer:
j'ai le cric et la croix dans mon sac à dos mais le pneu ? Il est où ?

Avec ou sans, il fallait avancer maintenant sinon leur présence immobile sur le petit talus équivaudrait à un sandwich oublié dans une vitrine que les morts vivants se feraient un plaisir de chopper.
Elle écouta la réponse de John à propos de la roue et se remit en route tandis que la pluie perdait en intensité et que les grondements du tonnerre s'éloignaient.
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyMar 13 Nov 2018 - 21:27










Malou se montra impatiente – encore plus qu’avant – à l’idée de sortir d’ici retrouver son ambulance. Elle prit par le couloir intérieur, arguant qu’ils n’avaient pas détecté quoi que ce soit de déplaisant. Si elle avait raison sur ce point, il n’était pas certains qu’une mauvaise surprise ne les attendait pas quelque part, puisqu’ils ne connaissaient pas la disposition des lieux.
Par chance, il s’avéra qu’elle avait raison, et ils arrivèrent dans le hall de l’immeuble rapidement et sans croiser âme qui vive à peine.

Lorsque la jeune femme ouvrit la grande porte qui donnait sur la rue, l’ambiance feutrée de l’immeuble changea. Le bruit de la pluie qui frappait le sol, les carcasses de voitures, les toits, les arbres, ce bruit se fit soudainement fort et couvrait tout autre son. Le vent l’accompagnait, poussant les gouttes à accuser une trajectoire très oblique, et emmenant avec lui les odeurs piquantes de l’incendie. Ce n’était plus une odeur d’essence et de pneus brûlés, mais quelque chose de plus fumé, l’odeur d’un feu qui avait flambé des heures durant et couvait encore pour un moment.

Le garage était en vue. Structure squelettique noircie par les flammes, grande araignée fantastique défaite des tôles qui l’avaient habillées, leurs fixations fondues ayant lâché sous l’action de la chaleur. Ne restaient que quelques morceaux de la toiture, qui s’envolaient un à un, arrachés par les bourrasques de vent qui se faisait de temps en temps plus fort qu’il n’était déjà.

Malou s’interrogea d’un ton angoissé au sujet de la roue de secours qu’ils avaient cherché.
« On ne l’a jamais trouvé, le pneu. On était en bonne voie quand Dwight s’est fait attaquer, tu te rappelles ? »
Les mots de John sous-entendaient qu’ils allaient devoir fouiller de nouveau la casse, à la recherche d’une roue qui conviendrait, et changer celle qui était flinguée, tout ça sous la pluie battante. Ils se remirent en chemin, et la pluie se décida à faiblir un peu. C’était une bonne nouvelle, si on voulait. Ils étaient déjà trempés, alors un peu plus ou un peu moins… Par contre, le boucan des trombes d’eau serait moins fort, et les bruits de leurs recherches ne seraient que moins camouflés. Il restait à espérer que les Geignards n’étaient plus dans le coin. Rien n’était moins sûr. Il semblait à John voir des silhouettes furtives, mais aussitôt incertaines, et il ne savait plus ce qu’il avait vu.

Ils arrivèrent près du garage assez rapidement. Pas un mort en vue. Un éclair tomba. Il était plus loin que les précédents. L’orage se déplaçait rapidement et gagnait le Nord. Il serait sur Détroit dans moins de deux heures.

John avançait doucement, hachette à la main, Malou sur ses talons et Wyatt deux ou trois mètres devant eux. Le chien était un vrai radar à cadavres, et il était presque impossible de se faire surprendre tant qu’il veillait. Il s’arrêta net, l’oreille dressée et la tête pointée au bout de son cou tendu. Il avait détecté quelque chose.
John se plaqua derrière une voiture et tenta d’observer ce que Wyatt avait vu. Droit devant, la rue était encombrée de Geignards. Ils marchaient tous lentement, comme mus par un réflexe conditionné. C’était l’attitude qu’ils avaient habituellement tant qu’ils n’avaient rien repéré à mâcher. Un éclair tomba, suivi de longues secondes plus tard par le tonnerre. Les morts tournèrent la tête en direction de la source des roulements graves qui se répercutaient dans l’air, puis détournèrent leur course pour suivre le bruit.
« Ces saloperies changent de cap. Ils suivent l’orage. Décidément, le sale temps nous aide. On va très bientôt avoir le champs libre. »

Et comme annoncé, en quelques minutes, la meute morte était à distance du garage. John fit signe à Malou qu’ils pouvaient y aller, et il adressa à Wyatt un discret sifflement. Le chien accéléra aussitôt pour prendre de l’avance et repérer les éventuelles menaces. Les deux humains progressaient doucement, et virent bientôt Wyatt revenir tout joyeux. Visiblement, il n’avait rien trouvé de fâcheux.
« La voie est libre. Trouvons cette fichue roue et foutons le camp. »








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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyLun 19 Nov 2018 - 21:41
Malou se souvenait à présent pour le pneu. Il fallait donc aller en chercher un autre...
Essuyant son visage dégoulinant de pluie avec sa manche elle se remit en marche, rassemblant son courage à deux mains non sans jeter un coup œil par delà la structure métallique fumante du garage.
Elle réussit à apercevoir la masse blanche de son véhicule et toute son énergie revint d'un coup.

Tranquilles comme ils l'étaient à présent ils ne mirent pas trop de temps à trouver une roue qui conviendrait.
John se chargea du travail tandis que la jeune fille faisait le tour de la camionnette. Elle était un peu noire de suie par endroits mais rien n'avaient bougé; elle poussa un soupir de soulagement.
Quand tout fut réparé, ils se restaurèrent et firent un pointage des provisions récupérées. En étant très raisonnables et en comptant Wyatt, ils pourraient tenir une bonne semaine; ils décidèrent donc de tracer au maximum en se relayant nuit et jour et en sortant le moins possible de l'ambulance, sauf pour les besoins naturels, pour plus de sécurité.

Il ne leur arriva rien de grave et c'était un miracle mais la route fut tellement semée d'embûches qu'il leur fallu douze jours avant d'apercevoir au loin le panneau cabossé et de guingois annonçant Washington.
Ils avaient tellement tiré sur les rations qu'ils étaient affamés. Le chien avait maigri, il fallait absolument qu'ils trouve de quoi survivre, il ne restait même pas un haricot dans les petits placards.

Malou qui conduisait se tourna vers John et dit:
c'est pas encore ton tour mais tu connais la ville mieux que moi, tu devrais prendre le volant, ça ira plus vite.
Elle était consciente de sentir mauvais chaque fois qu'elle bougeait mais elle n'était pas la seule ! Pour économiser l'eau ils ne s'étaient presque pas lavés, pour cela aussi ils auraient besoin d'un break.
Quant à la fatigue, la jeune fille ne la sentait même plus...
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyVen 30 Nov 2018 - 20:36










Washington. Depuis le temps, John n’était pas sûr de reconnaître la ville, tellement tout avait changé. Et finalement, ses craintes étaient vaines. La ville n’avait pas vraiment changé. C’était plutôt comme si elle avait vieilli. C’était d’ailleurs le cas, dans un sens, mais la capitale, d’habitude entretenue et relativement propre, n’était plus que l’ombre d’elle-même sur cet aspect. La végétation anarchique recouvrait parfois des façades entières, ou mordaient sur les trottoirs et les routes, rappelant au passage que, tôt ou tard, la nature reprendrait ses droits. Lentement mais sûrement.

Malou proposa à John de prendre le volant, ce qu’il fit volontiers. Ils seraient plus vite rendus sur place ainsi.
Les vivres étaient pauvres. Si pauvres qu’ils auraient tout donné pour un repas frugal. Wyatt avait perdu du poids, mais il ne se plaignait pas. Il avait peut-être connu des jours moins heureux, et si la nourriture se faisait rare, il semblait réussir à se contenter de quelques bols d’eau et de la compagnie des deux humains.

Ils arrivèrent dans la capitale par la 495. Ils longèrent le Potomac un bon moment pour passer Palisades et Georgetown, et John eut une idée. L’odeur corporelle de Malou – qu’il ne lui reprochait pas, bien au contraire – lui rappelait que tous les trois méritaient bien un brin de toilette. Il poussa un peu plus loin sur sa lancée. Il comptait bien offrir à ses amis un souvenir d’ablution mémorable.

Ils arrivèrent près de la Maison blanche. En tournant vers le sud, ils se retrouvèrent en vue du Lincoln Memorial. Là, face à l’édifice blanc, déjà assailli de plantes grimpantes, gisait la grande étendue lisse et lumineuse du miroir d’eau. Cet immense rectangle était connu dans le monde entier, et surtout son inséparable partenaire, le Washington Monument, l’immense obélisque qui s’y reflétait.
« J’imagine que tu n’as jamais eu l’occasion de te laver dans un pareil endroit… C’est l’idéal, je pense. On va même pouvoir faire le plein d’eau, je crois. À l’origine, ce miroir d’eau avait été conçu comme un simple bassin, mais il a du être restauré. À cette occasion, un système particulier a été mis en place. Il a été relié au bassin de marée, un peu plus loin.. Ce bassin sert de contention : quand les fortes marées montent, l’embouchure du Potomac peut connaître des différences de niveau importantes. Ce bassin permet d’en absorber la majeure partie, ce qui fait que les rives du fleuve sont préservées.
Le système du miroir d’eau permet une circulation d’eau douce, et évite de fait que l’eau ne stagne et de devienne un problème sanitaire.
»

John s’interrompit. Il n’avait pas pu retenir cette explication barbante.

« Désolé, vieille habitude d’historien. Tout ça pour dire qu’on va pouvoir disposer d’eau propre. »

Ils firent donc arrêt près du miroir d’eau, et l’eau était effectivement propre, tout proportion gardée. On y trouvait, éparses, quelques lentilles d’eau, mais rien de plus suspect. En revanche, John ne put s’empêcher de remarquer qu’aucun cadavre – en mouvement ou non – ne s’y trouvait. C’était une bonne chose pour eux, mais il trouvait quand même étrange qu’aucun Geignard n’y soit tombé. C’était comme si aucun d’eux n’avait jamais arpenté le parc environnant, ou que quelqu’un avait fait en sorte que ça n’arrive pas.
Ça ne les empêcha pas de se laver, et Wyatt batifola joyeusement dans l’eau, sautant dans le bassin avec de grands gestes exagérés, ressortant pour s’ébrouer et recommencer. Il y en avait au moins un qui prenait du plaisir.

Après cette séance d’hygiène bien nécessaire, ils pouvaient repartir. Direction Hillcrest, de l’autre côté de l’Anacostia, là où se trouvait la maison de la famille Gray.








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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyLun 3 Déc 2018 - 23:23
Malou écarquillait les yeux et ne perdait pas une miette du paysage urbain pourtant gravement atteint par l'apocalypse; c'était quand même la capitale ! Et elle la découvrait pour la première fois.
Comme partout, les rues grouillaient de mangeurs d'hommes au point qu'ils ne croisèrent pas un seul survivant. Cela signifiait-il que dans cette ville personne n'avait survécu ?
Elle n'osa pas en toucher un mot à son ami de crainte de lui mettre le moral à zéro concernant sa famille.

Quittant le grand axe, John ne tarda pas à prendre la direction de la Maison Blanche, quelle bonne idée ! D'impatience elle se trémoussait sur son siège jusqu'au moment où elle put enfin s'extasier sur l'imposante bâtisse qui abritait jadis leur président.
Tout autour de ce lieu mythique, au moins pour les Américains de base, elle constata que les puanteurs étaient beaucoup moins nombreuses.
D'une voix timide elle demanda alors:
tu crois que par hasard il y a encore des gens du gouvernement là-dedans ? Des gens qui chercheraient le moyen de nous sortir de cette merde ?

Enfin, le cow-boy ralentit devant le Lincoln mémorial, sorte de bâtiment dont l'architecture ressemblait vaguement aux temples grecs qui étaient en photos dans son livre d'histoire.
Le monument tenait encore debout mais la végétation avait repris ses droits au point que certains piliers n'étaient plus que lianes de lierre enchevêtrées.
Mais le plus beau n'était pas là et la jeune fille détourna rapidement le regard pour contempler ce que son acolyte lui présenta comme étant « le Miroir ».
L'étendue d'eau, canalisée par deux rives en béton rectilignes au bout de laquelle trônait une sorte d'obélisque méritait bien son nom. Hormis les allées d'une ancienne pelouse redevenue à l'état sauvage, tout semblait calme, bleu et limpide.
Elle écouta avec attention les explications du quarantenaire et fut enchantée de comprendre qu'ils iraient se laver dans une eau aussi pure.
A peine eut-il terminé sa tirade professorale qu'elle s'élança dans l'habitacle pour prendre son vieux morceau de savon, sa serviette et quelques pièces de linge sale qu'elle fourra dans son sac à dos.

Avant de sortir, son instinct habituel l'incita à bien vérifier à droite et à gauche si rien ne venait vers eux et à sa grande surprise, elle ne vit aucun mort-vivants; c'était comme si en ce lieu une telle abomination n'avait jamais existé.
Pour être passée par Boston, elle savait que certaines villes s'étaient organisées de manière différente qu'à Seattle ou à Detroit mais jamais de tout son long périple elle n'avait vu d'endroit complètement désert d'immondices comme ici.
A nouveau elle hasarda une question:
tu crois... Tu crois qu'ici ils ont réussit à nettoyer des zones entières ?
Voilà qui redonnait de l'espoir !

Arrivée devant le miroir, elle ôta ses vêtements sauf son tee-shirt et sa culotte. Très pudique, elle sauta dans l'eau ainsi et se débrouilla pour se récurer sous les tissus.
Tandis que Wyatt batifolait, elle fit sa petite lessive puis, propre comme un sou neuf, elle retourna à la camionnette afin de récupérer tous les récipients pouvant contenir de l'eau.
Quand tout fut prêt, ils se remirent en route.
Ce bain improvisé l'avait tellement détendu qu'elle étouffa un bâillement. Par contre, il avait aussi aiguisé l'appétit !

John avait repris le volant et quittait la ville pour s'engager dans les cités résidentielles.
Le paysage étant plus monotone, la jeune fille se cala dans son fauteuil et somnola jusqu'au moment où elle sentit que le conducteur ralentissait.
Elle ouvrit les yeux pour lire « Hillcrest » sur un panneau rouillé.
Ici comme partout la végétation avait envahi chaque parcelle de jardin et de nombreuses maisons avaient été éventrées par les pillards.
A nouveau ils croisèrent des petits troupes de morts-vivants qui erraient dans des rues désertes.
On ne pouvait pas dire que le quartier respirait la pleine vie mais il n'était pas non plus sens dessus-dessous comme à d'autres endroits. Ils longèrent quelques magasins abandonnés comme T & N nails et J'S barber shop puis se dirigèrent dans une rue où il n'y avait que des maisons d'assez bon standing, séparées les unes des autres par un jardin, un terre-plein, ou une petite allée jadis gravillonnée.
Parmi ce foutoir d'orties et autres adventices, il était encore possible de contempler un rosier en fleurs miraculeusement épargné serpentant le long d'un mur.

Le cow-boy appuya sur la pédale de frein à quelques mètres d'une série d'habitations. Plus loin, les demeures étaient plus espacées et certaines possédaient une grille en fer forgé de protection.
Malou se tourna vers John et murmura:
c'est par là que tu habitais ?
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyVen 7 Déc 2018 - 18:00










Se promener dans les rues du spectre de la capitale ne rassurait pas John au sujet de sa famille. Pourtant terre-à-terre et lucide, il s’accrochait depuis Salt Lake City à cet espoir de les retrouver en vie, comme on s’accroche avec la force du désespoir pour ne pas tomber.
Les rues envahies par la végétation folle, les façades recouvertes de lierre, rien ne jouait pour le conforter dans cet espoir. Mais il ne voulait pas abandonner, pas maintenant qu’ils étaient si près.

Malou n’avait certainement jamais vu Washington, si on en croyait sa manière de se tortiller sur son siège. En passant devant la Maison Blanche, elle avait l’air d’une enfant qui voyait pour la première fois un lieu merveilleux. Et finalement, c’était le cas. La bâtisse l’était, merveilleuse. Du moins elle l’avait été.
Elle avait perdu de sa superbe, sa blancheur légendaire ternie par les mousses et les plantes grimpantes, ses fenêtres en grande partie brisées. On pouvait voir une partie du toit arrachée, sans doute par une tempête de passage, et le célèbre fronton qui regardait la pelouse sud s’était effondré et n’était plus qu’un monceau de gravats.

« Tu crois que par hasard il y a encore des gens du gouvernement là-dedans ? Des gens qui chercheraient le moyen de nous sortir de cette merde ?
J’en doute. Le gouvernement était soumis à des mesures de sécurité très strictes, surtout en cas de crise majeure. J’imagine que, dès les premiers signes d’importante catastrophe, ils ont fait évacuer le président, sa famille, le vice-président, et sûrement aussi tout le Cabinet. Peut-être aussi plusieurs généraux bien placés. Les lieux sécurisés ne manquent pas, pour les abriter. S’ils sont encore vivants, ils ne sont plus ici. »

L’idée de pouvoir se laver, ainsi que les vêtements, ravissait Malou. L’absence de morts dans les environs du miroir d’eau l’intrigua aussi.
« tu crois... Tu crois qu'ici ils ont réussit à nettoyer des zones entières ?
Possible. Je ne vois pas d’autre possibilité. Mais ça veut aussi dire qu’ils continuent à le faire : il n’y a pas un cadavre dans l’eau, ni ancien ni récent. Soit aucun mort n’est passé par ici, soit ça a été nettoyé récemment. Ou c’est très bien gardé dans les environs. Peut-être ne devrait-on pas trop traîner… »

La toilette terminée, tout le monde remonta dans la camionnette et c’était reparti.

Hillcrest semblait avoir été épargnée. Si les rues désertes se parsemaient de taches vertes de plantes sauvages, et si les façades des bâtiments étaient sales et commençaient à se décrépir, on n’avait pas vraiment l’impression que la fin du monde s’était abattue sur cet endroit C’était plutôt comme si tous les habitants l’avaient abandonné, tous en même temps, sans raison particulière. Quelques boutiques avaient été raflées, surtout les supérettes et les magasins d’alimentation. Des maisons avaient été manifestement visitées, les portes fracassées ne mentaient pas, mais elles étaient assez rares.
La seule chose qui reliait Hillcrest au reste du monde apocalyptique, c’était les morts qui déambulaient dans les rues, isolés, parfois en petits groupes de quelques individus. Des présences qui empêchaient d’oublier ce qui c’était passé, si seulement c’était possible.

John arrêta l’ambulance devant une intersection. Devant eux, les belles maisons bordées de haies autrefois impeccablement taillées, les palissades blanches, les grilles ouvragées, et les jardins sans défauts. Tout avait radicalement changé, surtout la végétation, anarchique, sans plus aucune main verte pour la maîtriser.

« C’est par là que tu habitais ?
Oui. Toutes ces maisons, tous ces gens étaient mes voisins. Des amis, pour certains. Me dire qu’ils sont certainement tous morts, et qu’ils marchent peut-être quelque part, c’est… »

Il redémarra lentement, poussant le véhicule plus avant dans cette zone résidentielle. Il s’arrêta de nouveau devant une maison à étage et aux volets bleus. La grille solide se dressait toujours fièrement, mais le portail était ouvert. La rouille l’avait grignoté en plusieurs endroit, sans que ça n’ait pu le fragiliser, mais sans être fermé, il ne remplissait plus son office protecteur. C’était mauvais signe.

« On y est. Ma maison. »








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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyJeu 13 Déc 2018 - 21:00
Malou regardait tout autour d'elle presque intimidée. Malgré le fouillis de la nature qui avait repris ses droits et quelques épaves de voitures sur la chaussée, elle se rendait compte qu'elle était dans un quartier bourgeois et savoir que tout autour il y avait eu des amis à John lui en flanqua un coup.
A moins que tous se soient barricadés chez eux pendant tout ce temps, le pâté de maison semblait désert. C'est à peine si l'on entendait un volet claquer, un mangeur d'hommes grommeler ou un vol d'hirondelle traverser le ciel en trissant.

Ce qu'elle voyait n'avait rien à voir avec l'endroit où elle habitait au delà de la zone industrielle de Seattle dans le coin le plus pauvre. Là, il n'y avait que des gens sans emploi, des alcooliques comme sa mère, des camés, des Noirs, des réfugiés ou des violents, sans compter les bandes qui faisaient du bruit toute la nuit.
En voyant la rue paisible, la jeune fille se dit qu'ici tout le monde avait dû forcément être heureux avec des enfants beaux, intelligents et bien habillés.

Le cow-boy avait roulé encore quelques mètres pour stopper le moteur devant une jolie maison aux volets bleus dont le portail était ouvert.
Elle regarda la bâtisse admirative et constata que seul les volets du rez-de-chaussé étaient fermés. A l'étage, là où devait se trouver les chambres, les vitres rendues opaques par la poussière étaient closes mais pas cassées.
Se pouvait-il que sa famille vive encore ici ? Mais auquel cas, pourquoi n'avaient-ils pas fermé la grille ? Pour sortir la voiture plus facilement ?

Toujours silencieuse, elle descendit de la camionnette et avança jusqu'à apercevoir le garage dont la porte coulissante était verrouillée.
Elle inspecta ce qui était jadis une allée et un carré de jardin aujourd'hui envahie d'herbes hautes et constata qu'il n'y avait aucune trace de pas récents.
Prudemment, elle marcha jusqu'à la porte d'entrée qui n'avait pas été fracturée. C'était étrange... A Seattle comme à Detroit, un quartier comme celui-ci aurait été pillé depuis belle lurette et ne ressemblerait plus à rien... Ici, c'était comme si le temps s'était arrêté subitement. Cela lui fit penser à un conte que son frère lui avait lu quand elle était petite : « la Belle eu bois dormant », c'était tout à fait cela, le château et la grande forêt en moins.

Sceptique, elle se tourna vers John.
Elle n'osait pas faire un pas de plus ni dire un mot; sa gorge était nouée. C'était chez lui; c'était à lui de décider comment ouvrir l'huisserie. C'était à lui d'entrer le premier ou d'appeler sa femme et ses enfants.
Rouleau à pâtisserie en main, elle lui montra malgré tout qu'elle était prête à le secourir lui et les siens s'il le fallait.
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptySam 15 Déc 2018 - 12:24

     









Ils descendirent du véhicule, laissant Wyatt dedans pour monter la garde. Ils entrèrent par le portail ouvert et avancèrent jusqu'à la porte d'entrée juchée en haut de trois marches. Elle ne portait aucune trace d'effraction, ni même de tentative. Le caractère louche de cet état échappa à John, dont la lucidité était entamée par l'émotionnel, depuis l'instant même où il avait passé le portail.

Pas assez pourtant pour oublier que la porte était dotée de trois verrous, dont deux étaient invisibles depuis l'extérieur. Sophie avait insisté là-dessus, elle avait besoin de se sentir en sécurité dans la maison. John avait eu beau avancer les meilleurs arguments, rien n'y fit et il avait fait installer la quincaillerie sur la porte. De fait, si les verrous étaient engagés depuis l'intérieur, il serait impossible d'entrer, même en ayant la clé de l'unique serrure visible. John fit signe à Malou de le suivre, et ils firent le tour.

Dans le jardin, autrefois entretenu et maintenant laissé à l'abandon, rien à signaler. L'abri de jardi qui contenait le matériel était recouvert de plantes grimpantes, faisant de lui un cube vert garni de feuilles difficile à identifier autrement.
Mais ce qui intéressait John, c'était la porte de derrière. Elle donnait dans la cuisine, et si elle portait elle aussi un verrou, il savait qu'ils pouvaient l'ouvrir. Ils prirent l'allée de dalles qui longeait la maison, et ils s'arrêtèrent devant la porte vitrée. Malou jeta un regard à l'intérieur, comme elle le faisait toujours dans une situation pareille.

John souleva un peu un gros pot à fleurs ouvragé, qui ne contenait plus rien que de la terre moussue et une tige sèche et cassée de ce qui avait peut-être été une plante, liée à un tuteur de bambou. Il glissa sa main sous le pot et en tira une clé, avec laquelle il actionna le verrou de la porte. Ils pouvaient entrer.

Il marqua un temps d'arrêt, la poignée de porte dans la main, avant de franchir le pas. Il ne savait pas s'il était prêt à découvrir ce que la maison renfermait, bon ou mauvais. Il avait tellement espéré et tellement vu de choses qu'il n'était plus sûr de sa réaction, selon ce qu'il trouverait. Mais maintenant qu'ils étaient ici, après ce voyage et tout ce qu'ils avaient traversé, ils ne pouvait pas juste repartir. Il tourna la poignée et ouvrit.

L'odeur épaisse de renfermé leur tomba dessus comme une chape de plomb. C'était un signe que personne n'avait ouvert une fenêtre depuis bien longtemps. Quelque chose se noua dans le ventre de John. Sophie, Ben et Matt étaient  peut-être partis avant que tout ne dégénère. Si c'était le cas, les retrouver serait difficile, mais il y avait un espoir pour qu'ils soient vivants.

« Fouillons toutes les pièces. »

Ils ne traînèrent pas, mais prirent le temps de regarder partout où il était possible de se cacher. Ils ne découvrirent rien au rez-de-chaussée.

L'étage ne donna pas plus de résultat. La maison semblait vide. Ils visitèrent chaque pièce deux fois chacun, pour être sûrs de ne rien oublier, mais toujours rien. Il ne restait plus qu'un endroit.

« Le sous-sol. »

Ils gagnèrent donc le couloir du rez-de-chaussé et John ouvrit la porte qui menait à la cave. Cette fois, ce fut une lourde émanation puante qui montait du sous-sol. Une sensation de chaleur s'empara du visage de John, alors que ses doigts étaient glacés. Il prit son revolver en main, mais sa main habituellement ferme tremblait. Il n'y avait plus d'électricité depuis longtemps, mais la lumière qui entrait par les soupiraux suffisait à y voir clair. Ils descendirent doucement les marches grinçantes jusqu'au sol de béton, et à chaque marche, l'odeur pestilentielle se faisait plus forte.

La cave était aussi grand que le rez-de-chaussé, mais se divisait en trois parties par deux séries de piliers de briques, entre lesquelles avaient été placées de grandes plaques de bois pour créer des cloisons de fortune et permettre de ranger tout ce qui y était entreposé selon une logique rudimentaire, deux endroits étant laissés ouverts pour circuler. Ces espaces artificiels provoquaient un suspense dont ils se seraient bien passé.

Il n'y avait rien dans le premier espace, mais des grognements commencèrent à se faire entendre. Dans le deuxième espace, trois corps maigres gisaient au sol. Tous présentaient une importante blessure à la tête, sans doute provoquée par un fusil. John reconnut aussitôt Matt et Ben, par leurs vêtements, mais pas le troisième, qui était plus maigre et plus décomposé qu'eux.

John n'eut pas la force d'inspecter les corps pour avoir des indications sur ce qui s'était passé. Il dût toutefois s'accroupir pour accuser le coup, ses jambes se dérobant sous lui. Il prit une grande inspiration, mais une nausée lui vint, provoquée soit par le choc soit par l'odeur. Il ne vomit que de la bile sur le sol poussiéreux. Quand les spasmes de son estomac s'arrêtèrent, il resta agenouillé un moment, tête baissée. Mais il lui fallait se relever et continuer. Ce qu'il fit, lentement, au prix d'un effort surhumain.

Détournant le regard des cadavres, il passa à la pièce suivante, d'où venaient les grondements qui devenaient de plus en plus rageurs.

Une chaise était renversée sur le côté, et au-dessus, gigotant depuis le plafond où elle était pendue par le cou, Sophie regardait John, les mains tendues vers lui, la bouche ouverte pleine de cris étouffés.
Il savait que ce n'était plus elle. Ce n'était plus qu'une créature qui ressemblait vaguement à ce qu'avait été sa Sophie. Amaigrie, la peau cireuse et terne, le regard vide, les cheveux filasses et sales. Il avait peine à réaliser qu'elle était ici, devant lui. Encore une fois, il se détourna du spectacle. C'était trop d'un coup. Il n'avait plus rien, personne. Ses fils étaient morts à côté, et le cadavre de son épouse se balançait au bout d'une corde, n'attendant que d'être libéré pour le dévorer.

Une nouvelle nausée arriva, douloureuse et sans autre effet que de lui tordre les tripes. John s'appuya au mur pour ne pas tomber, et vit sa réplique de carabine Winchester 1873, une boîte de cartouches vides éventrée, et quelques étuis vides. Un schéma de ce qui avait pu se passer commença à se former dans son esprit, mais il le balaya aussitôt. Il n'avait pas la force de réfléchir, et il n'était pas sûr de vouloir le faire.

Il ne s'était pas aperçu avoir glissé une nouvelle fois sur ses genoux. Il se releva, prenant soin de ne jamais faire face à l'abomination qui se tortillait au-dessus de la chaise, et il tendit son arme à Malou. Quand elle l'eut prise, John se dirigea vers les escaliers et remonta. Il sortit prendre l'air frais, dans le jardin. De longues secondes s'écoulèrent avant que la détonation ne retentisse, le faisant sursauter.

Quand Malou le rejoignit, elle le trouva le regard dans le vague, les yeux rougis et le visage sali par la poussière et les larmes.






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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyMar 18 Déc 2018 - 22:17
Malou s'attendait à ce que l'homme sorte la clé de sa poche mais au bout de quelques secondes de réflexion il abandonna la porte d'entrée pour faire le tour du jardin.
Craignait-il d'entrer chez lui et d'y découvrir un désastre ?
La jeune fille eut rapidement la réponse à sa question, il avait décidé pour une raison qu'elle ignorait, de passer par la porte de derrière.

Lui aussi se taisait. Elle le sentait tendu à l'extrême et le comprenait, n'importe qui l'aurait été à moins.
Sans briser le silence, elle essuya d'un revers de manche la poussière sur la vitre et regarda à l'intérieur. C'était un instinct chez elle; la survie lui avait appris cette indiscrétion salvatrice.
Elle y colla un œil et scruta la cuisine. Tout y était en ordre mais elle était vide de présence.
Il n'y a personne, chuchota t-elle tandis que John récupérait une clé sous un pot de fleurs.

Après un temps d'hésitation, le cow-boy ouvrit l'huisserie qui ne grinça même pas. Là encore, Malou ressentait le temps qui s'était figé, comme dans les rues.
Tout en suivant son ami, elle constatait que la maison était propre, ordonnée mais il y planait une odeur de renfermé qui prenait à la gorge. Manquant plusieurs fois d'éternuer, elle plaqua la main sur son nez, ce n'était pas le moment d'alerter quoi que soit !
Avant ce geste elle avait pris soin de humer d'hypothétiques odeurs indésirables bien connues. Rien.
Cela la rassura. Dans cette maison, il n'y avait pas de mangeur d'hommes, c'était certain.
Elle s'apprêtait à informer John que sa famille avait dû s'enfuir avant qu'il ne soit trop tard mais son comportement lui fit comprendre qu'il pensait la même chose et n'insista pas.
D'ailleurs, il avait ordonné de fouiller toutes les pièces et elle n'y vit pas d'objection bien au contraire. De toutes façon cet homme était le seul à réussir à exiger d'elle des choses sans qu'elle ne bronche ou presque. Il avait une autorité tranquille qui la rassurait et ses ordres étaient logiques, impossibles à contrecarrer.

Désireuse de l'aider au maximum, elle scruta méticuleusement chaque centimètre carré mais une fois revenue bredouille, il ordonna de vérifier partout une seconde fois.
L'angoisse de son coéquipier était tellement palpable qu'elle n'eut pas à cœur de lui faire remarquer qu'ils avaient exploré tous les placards, regardé sous tous les lits y compris dans tous les endroits improbables où aucun être humain aurait pu se réfugier et recommença l'opération avec le même soin.
Quand se fut terminé elle se hasarda à annoncer hésitante le fond de sa pensée:
ta famille s'est enfuie, il n'y a personne ici; ils ont dû se réfugier ailleurs comme tous les autres du quartier.
Elle ne voyait pas d'autre alternative, tout était trop net pour qu'il y ait eu par ici des violences et des combats. Ils n'avaient pas croisé une trace de sang, pas le moindre morceau de chair en décomposition; tous avaient dû suivre un plan collectif.

Malheureusement, John ne devait pas l'entendre de cette oreille puisque sans même lui répondre il lança brièvement une autre consigne: le sous-sol.
Il y avait donc une cave chez eux. La jeune fille n'y avait pas pensé et cette information eut pour résultat de lui vriller les entrailles comme un sombre pressentiment qu'elle se garda bien de partager.

Elle le suivit dans les raides escaliers de bois et l'odeur qui les envahit dès les premiers pas
n'étaient plus un indice mais une certitude pour Malou. Une tragédie s'était déroulée sur ce sol de béton, dans un des espaces délimités par des cloisons.
Des grognements se faisaient entendre au fond. La jeune fille serra d'autant plus son arme de fortune dans les mains et la leva prête à l'action tandis que son partenaire avait sorti son revolver.
La première cellule n'offrant rien à leur regard, ils se dirigèrent précautionneusement vers la deuxième. L'ami la protégeait en passant devant tandis qu'elle observait les alentours comme ils en avaient l'habitude mais quand son regard se posa à nouveau sur l'homme, c'est un corps ployé, cassé qu'elle découvrit tandis qu'elle l'entendait vomir.
Se mettant sur la pointe des pieds pour voir par-dessus lui ce qu'il y avait au sol, elle découvrit trois jeunes garçons, le front largement étoilé par une blessure mortelle.

Elle n'eut pas besoin de se poser beaucoup de questions pour comprendre à peu près ce qui s'était passé. John avait deux enfants. Le troisième devait être un copain venu pour jouer sauf qu'entre temps il s'était transformé et les avait mordu.
La jeune fille aurait aimé pouvoir prendre John par les épaules ou le serrer dans se bras pour le consoler mais elle n'osait pas; elle n'avait pas l'habitude non plus. Extérioriser des élans de sympathie lui était quelque chose d'étranger aussi se tourna t-elle pudiquement.
De toutes façons à quoi bon ? Elle savait d'expérience que rien n'atténuait la douleur de la perte d'êtres chers. Seul le silence pouvait être respectable.

Le cow boy se releva sans la regarder. D'ailleurs elle avait baissé les yeux; dévisager les ravages sur cet être si fort, si fier et si droit lui aurait paru une torture épouvantable.
Relevant son arme pour parer au dernier acte de cette tragédie, il avança jusqu'au dernier box, la jeune fille sur ses talons et là, l'indicible se présenta devant ses yeux exorbités par l'horreur. Rien n'aura été épargné à son comparse.
Foudroyé par ce deuxième coup du sort, le corps de John fléchit à nouveau comme s'il se soumettait de force à l'inacceptable, se redressa puis défailli à nouveau. La poigne du malheur était pire qu'un étau de métal, c'était une enclume diabolique qui s'abattait sur ses épaules pourtant robustes.
Malou, livide, tremblait de tous ses membres sans pouvoir détacher le regard de cette femme qui avait dû être belle et qui n'était plus qu'un...
Elle ne termina pas sa pensée par respect mais aussi parce que son compagnon d'infortune lui tendait son revolver, le visage cireux tourné vers la sortie.

Elle lui prit l'arme des mains et contempla l'objet, hagarde. Elle ne s'était jamais servie d'une arme à feu et ne savait même pas vraiment comment s'y prendre.
Elle entendit John remonter les escaliers. Elle savait ce qu'il attendait d'elle et elle mettrait un point d'honneur à accomplir sa mission mais comment ?
Observatrice de nature elle l'avait déjà regarder tirer mais quant à savoir le réaliser c'était une autre affaire.
Elle leva à nouveau les yeux vers la femme dont les grognements de rage s'étaient amplifié et fut prise de malaise. Non seulement elle avait une chance sur mille d'atteindre son crâne, malhabile comme elle l'était mais en plus elle se sentait tiraillée entre deux sentiments contradictoires: la culpabilité de devoir supprimer définitivement l'épouse de son ami et la délivrance de l'âme de cette femme par son geste, toute athée qu'elle était malgré tout.
Nounours le lui avait dit. Les gens morts devenaient des anges dans les étoiles...

D'un geste timide et frémissant elle leva le canon en direction de la cible mouvante.
La chose pesait lourd aussi décida t-elle d'utiliser ses deux mains. Elle posa son index sur la crosse et se souvint vaguement que l'ami faisait une autre action avant que la balle parte.
Qu'était-ce ?
Elle détailla l'engin et la mémoire lui revint: il poussait vers l'arrière avec son doigt le truc qui dépassait; ce qu'elle fit.
Il y eut un déclic tandis que son estomac se tordait d'appréhension.
Maintenant, elle pouvait très certainement tirer mais sa respiration était rapide tant elle suffoquait d'angoisse. Alors elle baissa l'arme à nouveau et se concentra. Elle ne devait pas le décevoir. Elle ne pouvait tout simplement pas l'obliger à redescendre pour faire « ça » à cause de son incapacité. Elle prendrait le temps qu'il faudrait mais elle y arriverait !

Il y avait plusieurs balles, elle le savait, elle l'avait vu les mettre. Elle aurait droit à plusieurs chances. Combien ? Elle ne savait pas vraiment. Il faudrait qu'elle s'applique et qu'elle le fasse, c'est tout.
La sueur perlait sur son front tandis que paupières fermées elle s'appliquait à contrôler son corps et à faire le vide dans sa tête.
Quand enfin elle se sentit prête, quand l'afflux des perceptions fut bloqué par le rideau de fer de la raison et de l'insensibilité, elle leva doucement les bras tendus, l'oeil à nouveau froid comme les glaces de l'île Sakhaline en plein hiver, visa le front et tira.
La déflagration lui fit lever les avant-bras sans qu'elle le veuille et la fit reculer d'un pas.
Elle ne s'attendait pas à une telle réaction. Quand John tirait, il ne bougeait pas d'un poil ! mais elle eut droit à la fameuse chance du débutant. En un coup elle avait fait mouche.
Sophie était à présent immobile, la tête penchée sur le côté comme un christ et semblait apaisée.
Lentement, elle laissa aller le pistolet contre sa jambe; c'était fini; elle remonta.
Maigre comme était, elle avait pourtant l'impression de peser des tonnes sur chacune des marches où elle posait le pied.


Elle aussi avait vécu des choses similaires et d'autres gens aussi. Tellement d'autres depuis que l'état d'apocalypse avait été décrété.
Elle pénétra dans le jardin et s'approcha de John en murmurant:
je suis désolée...
Elle était navrée de la mort de sa famille, d'avoir achevé sa femme, de tout ce qui faisait qu'un homme comme lui avait le visage décomposé et les yeux rougis de larmes.
Elle lui tendit le pistolet tandis que ses yeux s'embuaient.
Est-ce que... Est-ce que tu voudrais qu'on leur creuse une tombe dans ton jardin ?
Il lui semblait que ce serait un minimum pour leur mémoire. Devant tout ce fatras de cadavres amoncelés dans toutes les rues, abandonnés à la pourriture et aux corbeaux, il apparaissait à la jeune fille que chaque rare sépulture était signe que l'humanité était encore là.
Nounours aussi en a une... Continua t-elle doucement comme pour le convaincre. Je t'aiderait et on irait cueillir des fleurs pour eux.
Enfin, comme a elle-même elle chuchota:
dans ce monde de merde, « nous avons perdu en naissant autant que nous perdrons en mourant: tout. » Cioran.
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyDim 30 Déc 2018 - 8:47

     









« Je suis désolée...
Malou lui tendit le revolver pour le lui rendre. Il saisit mollement l'arme et la regarda un moment.
Est-ce que... Est-ce que tu voudrais qu'on leur creuse une tombe dans ton jardin ? Nounours aussi en a une... Je t'aiderais et on irait cueillir des fleurs pour eux. »

John n'écoutait plus. Il se perdait entre ses souvenirs, ses regrets, ses aigreurs et la contemplation des lignes de l'arme. Cette arme qu'il avait maniée tant de fois pour impressionner les spectateurs, qu'il avait fait tonner et tonner encore jusqu'à avoir l'air d'un vrai cowboy, qu'il avait chargée et déchargée pour être capable de toucher une minuscule cible à une distance ridiculement grande. Cette arme avec laquelle il était si efficace, cette fois, ne lui avait servi à rien. Il avait été incapable de la soulever. Les images de son père revenaient. Lui, il l'avait tué. Mais c'était dans l'instant de l'attaque, Benjamin était déjà mort une fois, s'était relevé, et tentait de manger son fils. John n'avait fait que défendre sa vie contre un être qu'il n'identifiait plus comme son paternel, même si ça l'avait été autrefois. Finalement, il ne l'avait pas vraiment tué, car on ne tue pas un mort. Disons qu'il avait mis fin à une sorte de sous-existence, comme on éteint un appareil qui a un dysfonctionnement. C'est ça, il l'avait éteint. Il avait éteint son père.

Avait-il demandé à Malou d'éteindre Sophie ? Sans doute. Mais elle ne s'attaquait pas à lui, à ce moment. Il n'y avait pas de danger. Rien que le poids de la douleur et du chagrin. Sans l'adrénaline, il n'avait pas été capable de l'éteindre lui-même. Son corps avait refusé de lui obéir. Il n'avait pas su faire ces gestes qu'il avait répété des milliers de fois.

Machinalement, il tira le chien en position demi-armée et ouvrit la portière de chargement. Il fit sortir l'étui vide, celui qui venait de servir, et le rangea dans la poche de poitrine de sa veste. Il fouilla dans sa poche de pantalon, en sortit une munition neuve, et regarnit le barillet avant de le refermer et de remettre son arme au holster.

Il se leva doucement et porta un regard vers Malou. C'était un regard triste, empreint de gratitude et en même temps de culpabilité. Il se rendait compte de la tâche difficile qu'il lui avait confiée, et pourtant elle s'en était acquittée, pour lui. Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, ils n'avaient pas passé beaucoup de temps ensemble, mais il y avait déjà eu des deux côtés des gestes de bienveillance, des actes de confiance. N'était-ce pas ce que faisaient des amis entre eux ? John n'avait pas pu faire confiance à ce point à quelqu'un depuis longtemps. Ça faisait du bien de trouver une personne sur qui compter, une personne qui soit capable de faire le plus difficile, sans attendre de retour même si elle savait qu'il en ferait de même pour elle. Pas un mot ne fut échangé sur la question, mais ils savaient ce qu'il en était.

La main de John se posa dans le dos de Malou et la poussa gentiment vers l'abri de jardin. Il ouvrit le verrou en le brisant avec sa hachette, et ils purent prendre les outils dont ils avaient besoin. Pelle, bêche, pioche, il y avait le nécessaire et même plus. John trouva aussi des bâches, qui leurs serviraient pour transporter les corps.

Ils creusèrent quatre fosses profondes de presque un mètre, puis ils regagnèrent le sous-sol, emballèrent chaque corps dans une bâche et les portèrent jusqu'au jardin. Ils placèrent chaque corps dans un trou, Sophie entre ses deux fils. Après une minute de recueillement, ils remplirent les fosses. John fouilla dans sa poche et jeta la douille vide sur la terre meuble. C'était un souvenir trop lourd à porter. Son alliance suffirait bien à lui remémorer l'époque immaculée, celle où ils vivaient tous dans cette belle maison, avant tout ça. Il ne voulait pas encombrer sa mémoire d'images comme celles qui défilaient encore devant son regard vide.

Après un instant, John revint au présent. Il réalisa ce qu'ils venaient de faire, et qu'ils l'avaient fait sans prononcer un mot. Devant le silence total de l'homme, Malou avait observé respectueusement un mutisme complet. Un autre geste d'amitié et de compassion. Doucement, John la serra contre lui, cette jeune femme qui aurait pu être sa fille, déjà si mûre, obligée de subir les horreurs d'un monde presque fini, et qui s'accrochait bien plus fort que la plupart des gens à ce qui restait d'humanité.

« Merci. », murmura-t-il, simplement. Il n'avait rien d'autre à ajouter.






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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyDim 6 Jan 2019 - 22:37
John restait immobile et silencieux malgré sa proposition de creuser une tombe. Ses yeux semblaient contempler l'arme qu'elle lui avait tendu et peut-être même au-delà.
Sans un mot elle attendit debout à côté de lui qu'il reprenne un peu de force pour lui donner un avis sur la question.
Qu'aurait t-elle pu dire d'ailleurs ? Pour les mots non plus elle n'était pas très douée, encore moins dans ce genre de situation. Se taire et attendre que la douleur qui n'en finirait pas de s'étaler s'apaise un peu.

Elle se dit que s'il avait aimé sa femme et ses enfants comme elle avait aimé Nounours, il ne verrait plus jamais la survie de la même manière. Lui aussi serait comme anesthésié face à la peur notamment. Lui aussi poserait probablement un regard froid sur certaines choses, lui aussi sentirait comme du vent dans son crâne quand se lèverait une journée ensoleillée d'été comme celle-ci et elle le plaignait de tout son cœur.

Quand enfin il se leva, il la regarda avec une telle intensité qu'elle faillit éclater en sanglot.
Réprimant un hoquet, elle soutint ce regard et tenta même de mettre dans le sien un peu de douceur, c'était important. Terriblement important par les temps qui couraient puis ils se dirigèrent vers l'abri de jardin.
Elle choisit de prendre la pelle; elle savait pertinemment qu'elle n'aurait pas la force physique de piocher et de bêcher, l'outil choisi étant déjà bien lourd pour ses bras maigres.

Tandis que John élargissait les trous, elle dégageait tant bien que mal la terre sur les côté tout en s'épongeant le front de temps à autres. Au bout d'un bon nombre d'ampoules, quatre espaces béaient pour accueillir les corps.
Ils retournèrent dans la cave afin de remonter un à un les cadavres avant de les basculer chacun dans leur ultime demeure et tandis que l'ami se chargeait des dernières pelletées, elle courut cueillir quelques roses sur un arbuste épargné qu'elle déposa à la tête de ceux qui avaient une composé une famille.

Il faut rentrer maintenant... Murmura-elle trop émue pour dire autre chose tandis que John la serrait dans ses bras pour la remercier.
Et Wyatt a peut-être envie de faire ses besoins depuis le temps qu'il est enfermé, conclut-elle pour signifier gauchement que la vie reprenait ses droits malgré tout.
Ils se dirigèrent vers le véhicule, elle ouvrit la portière au chien qui batifola autour d'eux en bougeant la queue avant d'aller lever la patte contre un arbre puis, quand tout le monde fut installé elle prit le volant et démarra.
Il lui semblait que plus vite ils partiraient d'ici, mieux cela vaudrait.

Le jour était très avancé, ils n'avaient plus rien à manger mais qui aurait faim ce soir après une telle tragédie ?
Elle avait autre chose. Une surprise cachée depuis un bon moment sous sa pile vêtements.
Elle était sûre que c'était le bon moment de la sortir. Cela ferait du bien à John, du moins momentanément et surtout, cela lui permettrait de sombrer dans un sommeil de plomb tandis qu'elle prendrait le chemin du retour. Demain serait un autre jour, ils auraient bien le temps de fouiller un endroit quelconque à la recherche d'une boîte de conserve.
Elle roula jusqu'au miroir d'eau, se gara bien face et arrêta le moteur.
Le spectacle de l'eau qui coulait tranquillement les calmeraient sans doute un peu.

Elle regarda John et dit:
j'ai quelque chose pour toi. Je l'avais gardé pour une bonne occasion ou pour la partager avec Dwight mais le hasard a voulu que ce soit pour ce soir finalement.
Elle passa du côté habitacle, ouvrit un petit placard et en sortit la carafe de whisky que John avait regardé avec convoitise sans y toucher quand ils avaient fouillé une maison ensemble.
Elle attrapa deux verre, de l'eau pour elle, ouvrit la porte latérale au chien pour qu'il puisse aller chasser un lapin et revint vers l'homme en lui tendant le breuvage.
Tu peux tout boire si tu veux, moi je n'aime pas l'alcool. Cela te fera du bien. C'est moi qui conduirait cette nuit.
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyDim 13 Jan 2019 - 20:06










La carafe que Malou tendit à John lui était familière. Il l’avait déjà vue, mais il n’aurait pas su dire où ni quand. Tout ce qu’il savait, c’était qu’elle contenait un whisky assez précieux pour que son précédent propriétaire ait jugé bon de lui faire quitter sa bouteille pour ce nouvel habitat plus adapté. Il la prit et en enleva le bouchon. Aussitôt, les effluves volatiles de l’alcool s’échappèrent. John versa un verre pour lui, son équipière préférant manifestement se contenter d’eau.

La première gorgée fut forte, le gosier de John n’étant plus habitué à ces breuvages. Mais la brûlure passa vite, laissant place aux arômes complexes de ce qui lui semblait être un bourbon sour mash.
Il finit son verre en silence, puis décida que cela suffirait. Il rangea la carafe là d’où elle avait été sortie, et retourna s’asseoir.
Wyatt revenait en trottant, la truffe au vent. Il reniflait l’air du soir, toujours au aguets de ce qu’il lui apportait. Il était temps de partir. Un dernier regard au Monument, et John savait qu’il ne reverrait plus Washington. Il n’avait désormais plus rien qui ne l’y fasse rester, et s’il devait partir ailleurs, il n’aurait aucune raison d’y revenir.

« Partons. Retournons à Detroit, puisque je n’ai plus rien ici. Là-bas, je peux être utile. »

Parce qu’au final, il n’avait plus que ça, dans ce monde. Aucune raison véritable de rester en vie, à part celle de servir à quelque chose. Aider d’autres survivants, contribuer – comme il pouvait – à ralentir l’extinction de l’humanité. Empêcher, aussi fort qu’il le pouvait, les morts de gagner la partie. C’était sans doute perdu d’avance, mais peut-être vivrait-il assez longtemps pour voir les vivants reprendre le dessus.

Comme énoncé, Malou prit le volant et conduisit un long moment. Ils ne rencontrèrent pas de difficulté majeure, jusqu’à cette heure du début de la nuit, où le voyant de la jauge de carburant s’alluma. Ils n’avaient pas fait d’arrêt pour ravitailler, et s’ils savaient faire taire leur faim, la camionnette ne pouvait pas faire abstraction de son hydrocarbure pour que la mécanique continue à fonctionner. Malou jura, mais elle ne pouvait pas faire avancer son ambulance à la seule force de sa volonté de ne pas s’arrêter. Ils allaient devoir trouver de quoi faire le plein.

« Les stations sont presque toutes vides, j’imagine. À moins d’avoir de la chance, il nous faudra siphonner plusieurs véhicules pour compléter notre réservoir. »









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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptySam 19 Jan 2019 - 22:32
Tandis que John buvait son verre d'alcool, Malou en avait profité pour sortir faire quelques pas dehors; après toutes ces émotions elle avait éprouvé le besoin de se retrouver seule.
Marchant dans l'herbe elle ne pouvait s'empêcher de penser à son aimé et à l'ami Josh, morts eux aussi à cause de ces saloperies puantes qu'elle haïssait au plus point.
L'endroit était tellement tranquille que cela semblait surréaliste; où étaient passés les morts et les vivants ? Y avait-il eut extinction massive de part et d'autres dans ce quartier ?
Incapable de répondre à ces questions, elle s'assit quelques minutes au bord de l'eau, regarda le soleil se coucher d'un œil vague puis, au moment de se relever pour rejoindre le véhicule elle vit au sol un objet métallique cylindrique de couleurs indéterminée.
Elle se baissa pour le ramasser, reconnu la chose et montant dans la camionnette elle le tendit à John en disant:
tiens, j'ai trouvé ça par terre. On dirait un silencieux que quelqu'un aurait bidouillé; je pense que cela te sera plus utile qu'à moi.

L'ami avait sonné l'heure du départ. Il avait raison, il était inutile de s'éterniser ici d'autant que le silence inhabituel de ce quartier finissait par angoisser la jeune fille.
Elle démarra la camionnette et roula sans arrêt jusque tard dans la nuit en rencontrant les mêmes difficultés qu'à l'allée: rues bouchées par des voitures abandonnées, hordes errantes à contourner ou zonards qui les regardaient passer d'un sale œil à éviter quand tout à coup elle laissa échapper un juron.
Putaain !!! s'écria t-elle en cognant sur son volant, la jauge de carburant est dans le rouge !!!
Il était encore possible de faire quelques kilomètres sur la réserve mais il faudrait trouver du gas-oil rapidement et c'est ce qui mettait la mettait en rogne: elle détestait faire cela, ne savait pas bien s'y prendre et surtout c'était devenu très dangereux à cause de la pénurie.

Quand John lui signifia que les pompes à essence devaient être vide, elle leva les yeux aux ciel face à l'évidence et regarda son co-équipier d'un air qui cachait mal son stress. Siphonner des véhicules en pleine nuit relevait de l'inconscience absolue face aux survivants, pillards, bandes organisées agressives et armées jusqu'aux dents qui sortaient de leurs antres pour la même chose mais avaient-ils le choix ?
J'ai un tuyau et un jerrican maugréa t-elle entre ses dents mais là où on est c'est plutôt désert en ce qui concerne le nombre de bagnoles !
Elle jaugea d'un œil morne la grande banlieue qui s'étalait telle une enfilade de cités dortoirs qui se succédaient à perte de vue, repéra une voiture pas trop amochée et lança: tu veux qu'on essaye sur celle-là ?
Tout en attrapant le nécessaire ainsi que son rouleau à pâtisserie elle n'en menait pas large. S'ils se faisaient attaquer et si John venaient à manquer de munitions ce ne serait pas avec son arme de fortune qu'elle ferait quelque chose contre des vivants mal intentionnés.
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyDim 20 Jan 2019 - 11:39

     









Pendant qu'ils recherchaient un véhicule à vider, John se rendit compte d'une chose. En fait, ça le frappa comme un mauvais coup au foie. Il y avait tellement de types de véhicules différents, et tous pouvaient être susceptibles de rouler à n'importe quel carburant sans qu'on puisse faire la différence. Qu'arriverait-il s'ils se trompaient et mettaient de l'essence dans leur réservoir de gazole ? La réponse à cette question, il la connaissait. Ils seraient bon pour une purge, ce qui leur était absolument impossible à faire rapidement. Il leur faudrait donc abandonner l'ambulance sur place et improviser.

Si cette petite mission nocturne en quête du précieux liquide ne lui plaisait pas plus qu'à Malou, il préférait ça à devoir marcher en laissant derrière eux la majeure partie de leur équipement et de leur nourriture.
La voiture que Malou pointa du doigt était une vieille Volvo, un break. Plutôt en bon état, vu l'année du modèle. Il y avait de bonnes chances pour que ça convienne à leurs besoins. Il n'y avait pas cinquante façons de le savoir. John passa à l'arrière, fouilla et trouva le tuyau et le bidon dont avait parlé son équipière. Il prit aussi un petit récipient dans l'un des placards à vaisselle.

« Reste ici, j'y vais. Si ça chauffe, prépare-toi à repartir vite fait. »

Il avait conscience que c'était un ordre un peu sec, mais il ne voulait surtout pas qu'ils perdent inutilement du temps, et une précieuse porte de sortie en cas de grabuge. Il fit signe à Wyatt de rester sage, et descendit de l'ambulance par les portes arrière, en les laissant ouvertes.

Il s'approcha doucement du break, en observant les environs. Pas de mort en vue. Du bruit lui parvenait, porté par le faible vent. Des bruits qui ne lui inspiraient rien de très encourageant : du métal contre du métal, un cri de peur, un cri de rage, un rire, de nouveau du métal. Si les morts ne se montraient pas, on pouvait être certain de la présence des vivants, et manifestement pas ceux de la meilleure espèce.

Il fallait faire au plus vite. John utilisa la pointe de sa hachette pour forcer le bouchon, qui se déverrouillait normalement à l'aide d'une clé. Au moins, ces vieilles bagnoles n'avaient pas de clapet de sécurité, ça lui faciliterait le travail. Il essaya de la secouer un peu, pour voir s'il pouvait espérer sur une belle quantité de carburant, mais ce tacot pesait son poids de ferraille et bougea à peine. Aucun son ne vint du réservoir.
Il y fit descendre le tuyau, le porta à sa bouche et commença à aspirer. Il lui fallut s'y reprendre trois fois pour provoquer la remontée du fluide, et le goût infect qui lui emplit la bouche soudainement l'alerta désagréablement qu'il avait réussi. Avant de remplir le jerrican, il boucha le tube avec son pouce et fit couler un peu de liquide dans la tasse qu'il avait emmenée. À la lumière des phares, il pouvait voir que c'était ambré, presque orange. Parfait.

Il laissa couler le gazole dans le jerrican, en prenant soin de bien maintenir le tube en place, tout en gardant un œil – et une oreille – aux aguets. Mais la fontaine s'arrêta bien vite, et il n'avait collecté qu'un gros litre de précieux liquide. C'était toujours mieux que rien. Il récupéra tout le matériel bien vite et remonta à bord de l'ambulance.

« Bonne prise, mais trop petite. Il faut trouver autre chose. Sur la réserve, on devrait pouvoir faire encore au moins quarante kilomètres, si la jauge n'est pas faussée. Ça nous laisse du temps pour faire notre récolte, si la chance est de notre côté.

Traînons pas ici, il y a du monde pas loin.
»

Il ne voulait pas effrayer Malou, mais il ne pouvait pas non plus lui mentir.

Ils reprirent leur route. Et la chance se montra en leur faveur. John attira l'attention de Malou sur ce qu'il venait de repérer. Un joli panneau de la Greyhound, la compagnie de bus. Ils possédaient un dépôt dans le coin, et ils étaient tout près.

« Qui dit dépôt dit bus, et qui dit bus dit gazole. C'est le jackpot.

Malou s'engagea dans l'allée qui menait au dépôt, en prenant la précaution de couper les phares. Malin. Elle arrêta le véhicule à une cinquantaine de mètres de ce qui semblait être uns échoppe ou un bureau, adossé à un vaste hangar. Le bâtiment était ouvert et on pouvait y voir des bus bien alignés, abrités sous le toit de tôles. C'était comme contempler une chambre-forte de banque quand on manquait désespérément d'argent.

Et comme une chambre-forte de banque, il y avait fort à parier que c'était surveillé. Tout ça représentait trop de ressources de valeur pour que ça soit abandonné, après tant de temps.

Citation :

Obtenu :
  • 1 silencieux artisanal









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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyDim 20 Jan 2019 - 13:19
Ok mais je ne repars pas sans toi ! Répondit Malou à l'injonction.
John était d'accord pour aller siphonner seul la voiture ce qui franchement arrangeait bien la jeune fille mais elle avait préféré lui faire part de son état d'esprit. En cas de grabuge elle ferait de son mieux mais elle n'abandonnerait pas son compagnon de voyage, dût-elle crever avec lui.
Durant tout le temps de l'opération elle avait les nerfs tendus à bloc car elle entendait des bruits au loin; Wyatt aussi à tel point qu'elle dû le retenir d'aller rejoindre son maître en aboyant en l'empoignant par la peau du cou. Le chien serait une arme de défense en cas de danger mais pour l'instant il valait mieux qu'il garde ses forces et le silence.

Finalement les choses se passèrent sans encombre et l'ami revint bien vite avec un litre du précieux liquide.
Le jerrican n'étant pas bien grand, Malou décida d'aller vider le contenu tout de suite dans le réservoir avant de redémarrer jusqu'à un dépôt de bus. C'était bien la première fois qu'ils avaient une telle chance depuis le début de cette funeste journée !

Elle coupa les gaz devant une sorte de bureau adossé au hangar ouvert et observa les alentours déserts ce qui n'était pas forcément un bon présage pour cet endroit en or aussi, sur le même ton de commandement que son co-équipier, elle avança son plan:
tu cours repérer un bus pas encore fracturé moi je reste au volant. Quand tu l'auras trouvé tu casses la sécurité et le bouchon pendant que je gare l'ambulance juste en face de toi, il y a largement la place. Ensuite, c'est moi qui siphonne et toi tu me couvres avec ton flingue, ok ?
Dans ce cas précis, il lui semblait que les tâches partagées serait plus efficaces et la fuite plus rapide en cas de problème.
Pourtant, ce qu'aucun des deux ne savaient pas encore c'est que dans chaque bus plusieurs types y logeaient, ce qui était le meilleur moyen de garder le butin.
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyMar 22 Jan 2019 - 21:37










Comme Malou semblait vouloir prendre les commandes sur ce coup, John lui laissa le plaisir. L’endroit était de toute façon trop grand pour être quadrillé par une seule personne, la question se réglait donc vite.

Le hangar était assez sommaire. Des poutres d’acier en guise de piliers, un habillage de tôle sur toutes les faces, façade mise à part, et un toit à une seule pente. Les bus étaient visibles, puisque rien ne fermait le bâtiment. Pourtant, John ne partit pas tête baissée. Un endroit comme ça, c’était trop beau pour que personne n’ait l’œil dessus. Et c’était bien ça qui l’inquiétait. Ils n’avaient vu personne, pas un bruit dans les environs, tout était absolument tranquille.

Il observa d’abord les alentours du hangar, vers le bureau, et cette petite remise, au fond de la parcelle à droite. R.A.S.
Son regard s’éleva de lui-même vers les toits. La pente peu accentuée de celui du hangar et celui absolument plat du bureau offraient de belles possibilités de se poster pour défendre l’endroit depuis les hauteurs. Il ne vit rien, mais ne pouvait être certain, car il ne pouvait pas voir correctement d’en bas. Il essaya de faire quelques gestes à l’attention de Malou pour lui faire comprendre de laisser la camionnette où elle était pour l’instant, et de rester silencieuse. Il appela Wyatt à lui en tapotant sa cuisse, et le chien s’exécuta immédiatement. Ils allèrent tous les deux vers le bureau, où ils se collèrent au mur, John ouvrant la marche, prêts à contourner le bâtiment pour visiter derrière.

John tira sa hachette de la main gauche, et prit son revolver de la droite. Il essayerait d’éviter les coups de feu, mais si c’était absolument nécessaire…
Il indiqua à Wyatt de rester sage, et ils commencèrent à avancer en direction du coin de mur. Sur leur chemin, la porte du bureau. Une porte avec une grande vitre semée d’autocollants promotionnels, de partenaires et au milieu de quoi on trouvait les jours et horaires d’ouverture. Des pages de journaux avaient été collées contre la vitre, à l’intérieur, pour l’opacifier. Ils s’approchèrent de la porte avec prudence, ne pouvant savoir ce qu’elle cachait. Ils passèrent devant la porte rapidement pour se retrouver juste avant le coin de mur. Wyatt suivait, mais ne semblait pas inquiet.

John risqua un œil après l’angle. Il ne vit personne. Il avança lentement, mais rien ne se produisit. Ils progressèrent un peu plus vite pour franchir complètement le coin et se retrouver sur le côté du bâtiment. Une petite baie vitrée se tenait sur ce pignon, et elle avait connu le même sort que la vitre de la porte. Là encore, impossible de voir à l’intérieur. John n’aimait pas ça. Ils progressaient dans l’inconnu complet, et ils prenaient beaucoup de risques. Jusqu’ici, il n’y avait aucun problème, peut-être qu’il ne faisait que voir le négatif, mais il avait vraiment du mal à se persuader qu’ils avaient simplement de la chance.

Ils avancèrent encore jusqu’au bout du mur et s’arrêtèrent avant l’angle suivant. Le terrain s’ouvrait sur ce qui semblait avoir été le parking du personnel. Il n’était plus qu’une étendue de bitume où reposaient les carcasses désossées de trois voitures, quelques caddies de supermarché, et divers débris. Au milieu, une installation qui ressemblait à grand feu de camp cerclé parpaings. De la fumée s’en élevait encore. Ceci alerta les sens de John comme un bon coup de pied au cul. Il y avait eu du monde autour de ce feu voilà quelques temps. Voilà qui n’était pas pour le rassurer.

Wyatt frémit contre sa cuisse. Il avait dressé les oreilles, la croupe baissée, comme il le faisait quand il avait entendu quelque chose qui l’intriguait. Généralement, il avait cette attitude quand il n’arrivait pas à identifier la source du bruit. Ce n’était donc pas des morts, ni quelque chose qu’il aurait vu. John se figea. Il était trop loin de Malou pour lui intimer de se cacher. Il ne restait plus qu’à espérer être passés inaperçus.

Au prix de pas toujours plus petits, John franchit l’angle avec d’infinies précautions. L’arrière du bâtiment ne présentait rien de dangereux, mais au milieu, fixée à la paroi par de solides boulons fichés à même le béton, une échelle menait jusqu’au toit. Les barreaux n’étaient pas poussiéreux, signe qu’elle était utilisée fréquemment.

Il y avait bien du monde ici. Des gens invisibles gardaient ce dépôt. Ils n’avaient aucune idée de leur nombre, et notre trio s’était avancé beaucoup trop loin pour pouvoir repartir comme si de rien n’était.








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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyLun 28 Jan 2019 - 21:57
John étant tombé d'accord avec son plan, elle se cala dans son fauteuil, les deux mains sur le volant et regarda l'ami partir.
Comme elle n'avait rien d'autre à faire qu'à jeter un œil de temps à autres sur les environs, elle visionnait chaque faits et gestes du cow-boy puis, prise de mimétisme, levait elle aussi les yeux vers les toits.
A ce moment le coéquipier lui fit un signe qu'elle intercepta en lui en rendant un autre afin de signifier qu'elle avait compris la consigne. Il appela le chien qui s'empressa de rejoindre son maître. Pour l'instant tout se passait bien, il n'y avait personne à l'horizon et aucun bruit.

Les deux compères étaient à présent devant la porte du bureau dont les vitres avaient été opacifiée avec des feuilles de journaux mais ce qui fit se raidir la jeune fille c'est qu'elles n'étaient pas cassées. C'était rarissime en ces temps d'apocalypse ou tout ou presque avait été éventré, pillé, saccagé mais comme John semblait évoluer calmement et prudemment, elle rejeta cette information dans un coin de son cerveau.

L'homme et la bête avançaient jusqu'au moment où ils prirent l'angle du bâtiment. Là elle les perdit de vue tout en se disant que l'idée de se garer si loin des bus avait été mauvaise.
De sa place, elle ne pouvait pas voir le parking pour le personnel ou fumait encore un feu et encore moins l'échelle qui courait jusqu'au toit. Elle pouvait juste distinguer les trois cars bien garés un peu plus loin et apparemment en bon état.
Elle n'aimait pas cela et avait hâte de retrouver la silhouette du compagnon.

Malheureusement il n'apparaissait toujours pas. Elle avait beau se dire qu'il était armé, qu'il tirait très bien et que Wyatt ne manquerait pas de l'alerter si quelque chose apparaissait elle n'était pas tranquille; elle avait comme un mauvais pressentiment. L'endroit était trop silencieux, ce n'était pas normal alors que beaucoup de survivants devaient être comme eux, à cours de carburant.

De plus en plus nerveuse elle remuait sur son siège. John avait dit qu'elle ne devait pas bouger, ok mais s'il lui arrivait quelque chose que ferait-elle ?
N'ayant pas d'esprit stratégique, la jeune fille se sentait perdue et à cours d'idées. Que ferait-elle si quelqu'un se pointait avec un fusil ?
Comme si le destin avait voulu répondre à sa question l'aboiement d'un chien suivi par les pleurs d'un bébé se firent entendre de l'intérieur d'un des véhicules.
Malou pâlit et son cœur cessa de battre. Ils n'avaient pas envisagés un instant que les cars pouvaient être habités. Que devait-elle décider ? Si elle démarrait pour aller chercher le cow-boy, il serait probablement furieux !

Incapable de prendre une décision elle vit un type sortir d'un des bus armant un pistolet bientôt suivi par un autre. Ils avaient l'air de se parler tandis qu'un troisième arrivait avec un molosse tenu en laisse qui flairait l'air tout en grognant.
Quand les trois se retournèrent, ils virent la camionnette ambulance et la jeune fille se liquéfia. Elle était repérée et elle n'avait qu'un rouleau à pâtisserie pour se défendre.
Elle aurait pu démarrer et s'enfuir en trombe, il restait assez de gas-oil pour cela mais elle ne voulait à aucun prix abandonner son ami ici. D'ailleurs les trois gus et leur chien avaient dû le repérer, le lieu était vaste, plat et vide.
Elle était à deux doigts d'allumer le moteur et d'appuyer sur la champignon afin de rejoindre John tout en sachant qu'il y avait peu de chance qu'elle arrive jusqu'à lui sans se faire tirer comme un vulgaire lapin quand elle vit le type armé avancer vers elle tandis que les deux avec le chien partaient vers l'angle où John avait disparu.

Tant pis, elle allait prendre le risque. Il suffisait qu'elle s'imagine que le survivant n'était qu'un mangeur d'homme; elle lui foncerait dessus comme elle en avait eu maintes fois l'occasion et l'écraserait.
Ses doigts touchèrent la clé de contact. A moins d'un retournement de situation le moteur vrombirait dans une seconde.
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyMar 29 Jan 2019 - 17:58

     









Les restes de feu et l'attitude de Wyatt confortaient John dans l'idée que cet endroit pouvait être dangereux pour eux. Vu la configuration des lieux, les gens qui l'habitaient ne pouvaient loger que dans le bâtiment, autrement dit dans un bureau et probablement une remise qui n'excédaient pas une vingtaine de mètres carrés – soit de quoi entasser quatre ou cinq personnes en serrant un peu – et...

*** LES BUS ***

Les autobus pouvaient contenir chacun une cinquantaine de personnes assises, mais aménagés en dortoirs, on pouvait compter sur une douzaine, peut-être quinze. Ils pourraient tomber sur quarante-cinq personnes. Et ils étaient incapables de partir assez rapidement, s'ils étaient repérés.

Un chien aboya, et ce n'était pas Wyatt. Des cris de bébé suivirent. L'esprit de John s'emballa. Il pouvait se mettre à l'abri sur le toit, mais Wyatt se retrouverait seul en bas. Il s'en sortirait certainement, mais John n'aimait pas l'idée. D'ailleurs, il ignorait si quelqu'un se trouvait posté là-haut, le toit plat faisant un endroit parfait pour une embuscade.
À la place de grimper, il décida de continuer sur sa lancée et de longer l'arrière du bâtiment jusqu'à arriver au bout du hangar et d'en faire le tour. Faisant signe au Wolfhound, il pressa le pas : le terrain dégagé ne laissait pas beaucoup de caches et ne présentait pas grand danger. Le mur de béton laissa place à la paroi de tôle. Ils continuèrent jusqu'au coin et se postèrent au pignon.

Ça remuait, derrière. L'un des bus grinçait et craquait. Des pas retentissaient. Deux voix d'hommes s'élevèrent.
« Merde, je dormais bien, pourquoi y faut qu'on se bouge ?!
Clay l'a dit dans le talkie. Et quand Clay dit, on fait, pis c'est tout.
Cliquètements caractéristiques d'armes à feu.
Y dit qu'une camionnette est sur le terrain. Et y dit qu'un gars en est sorti et qu'il fouine.
Et pourquoi qu'y y'a pas éclaté sa gueule ?
Parce que les munitions de fusil se font rares, et qu'il doit les énoco... émonoq... émico... y doit faire gaffe. Pis pose pas de questions, c'est tout. »
D'autres pas. Les uns lents et réguliers, les autres frénétiques et griffant le sol de béton lisse du hangar. Le souffle animal qui les accompagnait évoquait un chien. Wyatt l'avait senti, il s'était presque couché. John lui fit signe de se taire, lui-même s'étant accroupi contre la paroi de tôle. Il s'avança doucement pour glisser le regard à l'angle.

D'ici il voyait l'ambulance. Il devinait Malou au travers des vitres teintées. Il vit aussi deux hommes se diriger vers elle, suivis d'un troisième tenant un molosse en laisse. Si Wyatt était impressionnant par sa taille, celui-ci était plutôt intimidant côté musculature. Aucun doute qu'il était bien nourri, et la nature de cette nourriture ne faisait pas débat. Il y avait fort à parier qu'il héritait des pauvres malheureux que ses maîtres tuaient et délestaient de leurs biens.

Il y avait plusieurs solutions. Aucune n'était la bonne. John s'efforçait de réfléchir au mieux, mais les secondes s'écoulaient rapidement, et très bientôt les trois types seraient sur Malou. La pauvre n'aurait aucune chance. Et finalement, ils n'allaient pas vers l'ambulance. Ils filèrent tout droit vers le coin du bâtiment, par où ils étaient passé à peine une minute avant. Le chien suivrait leur trace odorante et les mèneraient tout droit ici. Mais entre temps, John aurait le temps d'improviser. Sauf qu'il faudrait le faire avec les probables habitants qui restaient dans les bus. Tant pis. Ils n'avaient pas le luxe de choisir une meilleure voie.

Se stabilisant pour assurer un tir propre, John visa avec application. Il n'aimait pas ce qu'il s'apprêtait à faire, mais il n'avait aucune envie de se trouver en position de faiblesse.

Le tir tonna fort au milieu du silence, et la balle atteignit sa cible en pleine tête. Le molosse s'effondra avant même que ses amis humains ne comprennent ce qu'il venait de se passer. Ils s'arrêtèrent net, le dos courbé comme s'ils cherchaient à se cacher d'autres tirs. Mais aucun ne vint.

« KAYSER !!! CET ENCULÉ A TUÉ KAYSER !!! TROUVEZ-LE !!! »

Mais localiser un tireur invisible était compliqué. John avait déjà regagné le côté parking-feu-de-camp en longeant les murs. Avant ça, il avait ordonné à Wyatt de rester sur place. Il avait un boulot pour lui.
Quand John se trouva en bas de l'échelle, il se tourna vers son chien. Il était temps de tester ce truc qu'il avait essayé de lui apprendre, avec plus ou moins de succès. Il leva la main bien haut, et la baissa immédiatement. Le Wolfhound le regardait, perplexe, tête penchée de côté. Il comprenait qu'on voulait quelque chose de lui, mais il n'était pas sûr de savoir quoi.

*** Allez, mon grand. Fais un effort... ***

Il fit le geste encore une fois. Wyatt se leva, gueule ouverte en un large sourire, langue pendante et queue fouettant l'air joyeusement. Il avait compris que c'était bien pour lui. John voulait jouer. En espérant fort que son plan marche enfin, l'humain répéta le mouvement.

Cette fois, un bel aboiement, fort, rauque, grave, retentit. C'était la belle voix de Wyatt. Il recommença, et encore. John lui fit signe de venir vite, et il s'exécuta sans attendre, parce qu'il était un bon chien. John le lui confirma en lui grattant vigoureusement la tête à son arrivé.

Mais l'effet était là. Les trois types se dirigeaient maintenant vers le coin que John et Wyatt venaient de quitter. Maintenant, il s'agissait de se débarrasser d'eux, en sécurité. Pour ça, John misait sur le toit. Il monta doucement, le revolver à la main. En arrivant en haut, il vit un homme posté, comme il s'y était attendu. Il portait un fusil à lunette d'une main, et un talkie-walkie de l'autre. John finit de monter silencieusement et pointa son arme droit vers l'inconnu.

« Pose les fusil, doucement, et retourne-toi. Toi et les tiens avez une chance de vous en sortir, il ne tient qu'à toi de la saisir.
Qu'est-ce qui me dit que tu tiendras parole ?
Rien. Mais il y a une décision à prendre, et vite. Dis à tes gars de retourner dans le bus. C'est à prendre ou à laisser. »








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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyMer 30 Jan 2019 - 21:54
La jeune fille n'eut pas le temps de tourner la clé de contact qu'une détonation retentit et le molosse s'affala sur le bitume.
Elle faillit rouspéter toute seule contre le fait que John n'avait pas utilisé le silencieux mais se ravisa très vite; c'était peut-être au contraire une excellente idée et pour la première fois de sa vie elle pria dieux et diables pour que des hordes de mangeurs d'hommes arrivent, et vite !

Ils ne vinrent pas. A la place c'était le branle bas de combat que l'ami ne pouvait peut-être pas voir de là où il était. Un gars s'était mit à hurler que Kayser était mort; l'homme au revolver qui s'avançait vers l'ambulance rebroussa chemin pour se diriger vers ses comparses tandis que des têtes sortaient des bus puis des corps masculins armés jusqu'aux dents.
Ils devaient facilement être un quinzaine.
Malou constatait que les femmes restaient sur place, repoussant les enfants vers l'intérieur des véhicules avant de refermer les portes mais guettant à travers les vitres les suites de la mésaventure. Les choses allaient de mal en pis, il lui semblait presque impossible qu'ils s'en sortent.

Une dizaine d'individus bien remontés, à entendre leurs invectives progressaient vers John tandis que cinq ou six se dirigeaient vers elle.
Il n'était plus envisageable de foncer sur eux comme sur de vulgaires immondices. Au moindre mouvement de sa part, ils tireraient dans le pare-brise ou dans les pneus aussi décida t-elle de parlementer avec le premier qui arriverait à son niveau; après tout, ils cherchaient du gas-oil, pas la guerre.
Le problème était la mort du chien comme si ce clebs avait plus de valeur à leurs yeux qu'un survivant et ceux qui venaient vers elle n'avaient pas une allure à désirer négocier quoi que ce soit d'autre que sa peau aussi peu épaisse soit elle.

Elle s'attendait au pire quand soudain un des gus sortit un talkie-walkie de sa poche faisant signe aux autres de s'arrêter.
C'est durant ce moment de flou qu'elle entendit des bruits de moteurs poussés à fond gémir et des pétarades de motos approcher de l'endroit stratégique.
Elle regarda dans ses rétroviseurs extérieurs et vit un alignement de phares se diriger vers eux.
Qu'était-ce ?

La question ne tarda pas à trouver réponse.
Une horde, non pas de morts-vivants mais de types hirsutes, dépenaillés à tel point qu'elle se serait cru dans le film Mad Max déboulait à fond la caisse sur les lieux.
Les hommes qui avaient entendus et vus la même chose qu'elle se concertèrent rapidement et abandonnèrent à l'instant leur pérégrination vers son ambulance pour, à coup de talkie-walkie appeler à la rescousse.

Une nouvelle débandade eut lieu. Les femmes cette fois sortaient elles aussi avec en renfort des armes plein les bras à tel point que la jeune fille en conclut rapidement que les nouveaux arrivants devaient être la bande ennemie alertée par le coup de feu de John.
Ici donc, le carburant restant était très convoité.
Profitant de la panique et des hommes qui prenaient position pour en découdre elle démarra le moteur pour se diriger là où avait disparu le coéquipier.
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MessageSujet: Re: There and back again   There and back again - Page 2 EmptyVen 8 Fév 2019 - 15:49

     













L’arrivée d’hommes à motos changea la donne. Le type au fusil se retourna en entendant les vrombissements des moteurs. Les motards étaient assez nombreux pour causer de sérieux dégâts au campement et à ses habitants, y compris à John et Malou. Un camion les accompagné, et plusieurs hommes se tenaient sur ses côtés, agrippés à des prises installées artisanalement. Ils semblaient bien équipés. Mais peut-être y avait-il un coup à jouer ici. En tous cas, ce fut ce que John vit, et il ne comptait pas laisser passer sa chance.

Il profita de l’instant où la vigilance du gars sur le toit s’était relâchée pour lui assener un sérieux coup de crosse sur l’occiput, l’envoyant au tapis pour quelques secondes. Il s’empara du fusil et éloigna le talkie-walkie d’un coup de pied, puis agrippa l’homme dans les vapes pour le soulever tant bien que mal, et l’approcha du bord, bien en vue.
Il cria pour se faire entendre, mais les moteurs couvraient sa voix, alors il tira un coup de feu avec le fusil, ce qui eut pour effet de forcer tous les regards à se tourner vers lui.

Les motards continuèrent de tourner dans la cour du dépôt, pétaradant et grondant, les motards focalisant leurs attention sur ce gars posté sur le toit qui tenait un grassouillet à moitié chauve d’un bras et un fusil de l’autre main. Ils finirent par s’arrêter et se tenir tranquille. L’un d’eux, le chef certainement, releva les lunettes rondes qui couvraient ses yeux de la poussière et coupa le moteur de son engin, aussitôt imité par les autres. Puis, il croisa les bras et sembla disposé à écouter ce qui devait être dit.

« Je sais que les ressources sont rares et qu’il faut être malin ou se battre pour les récupérer. Je ne compte pas me battre. Je veux qu’on se montre malins. Nous devons pouvoir trouver une entente. »
Aucune réponse, juste le silence. Les gens des bus s’étaient figés, cachés entre les véhicules. Le chauve ventru gargouillait dans son demi-sommeil forcé. Il se réveillerait bientôt.
« Je ne suis pas d’ici. Je voyage avec une amie, et nous n’avons besoin que de faire le plein. Nous ignorions que cet endroit était habité. Passons un accord.

Laissez-nous faire le plein de notre camionnette et repartir. Nous ne voulons rien d’autre. Vous pourrez disposer comme vous voudrez des ressources de ces gens, mais à une condition : laissez-leur la nourriture et assez d’armes pour se défendre. Ils ont des enfants à nourrir et à protéger.
»

John savait parfaitement qu’il ne possédait rien pour appuyer sa négociation. Mais il espérait que ceux d’en face auraient assez de sagesse pour ne pas refuser et ne pas engager tout le monde dans une impasse mexicaine.






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