[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sentir Will contre moi et Azia en pleine effervescence me faisait du bien, terriblement même. Souriant alors qu'elle semblait être comme une enfant en pleine redécouvert d'un monde, elle s'exclama rapidement qu'on allait subir, car nous aurions ce que l'on voulait en tatouage, en quantité illimité, on avait qu'à demander, le tarif se limitant à un câlin. Levant légèrement les yeux au ciels, je finis par baisser les yeux sur Will qui avançait que les tatouages c'était pas son truc, du moins, il faudrait lui laisser du temps pour réfléchir et il n'était pas contre des suggestions. Portant de nouveau le regard sur Azia, je me doutais bien que si ça ne tenait qu'à elle, elle aurait fait des millions de tracé, juste pour faire d'un corps une oeuvre d'art. Baissant à nouveau les yeux sur l'ingénieur lorsqu'il me retourna la question, je souris légèrement, conscient que ça serait pas la meilleure façon de maintenir la conversation dans ses moments de joie. « J'ai un devoir de mémoire et un deuil à faire je suppose… », il savait. Reportant mon attention sur Azia, je repris, « J'aimerais tirer un trait sur quelque chose qui me maintient au sol, littéralement, on verra ensemble, mais tu te sens de tatouer une colonne pour ton grand retour ? », demandais-je avec un peu de défie, ce n'était jamais évident, car bien plus proche de l'os que l'on voudrait, c'était même super douloureux, mais si je pouvais enterrer mon passé, je n'irais pas contre. « En plus on rentre dans une bonne saison, on aura pas à éviter le soleil pour le coup ! », et à Fort Hope la cicatrisation serait sans doute plus simple.

« Je t'avais parlé de certain truc au salon la première fois, j'ai pas totalement abandonné l'idée faut juste que je réadapte. », j'avais évoqué certaine chose, j'allais sans doute m'amuser pour plus d'un, et elle aussi. Reportant mon attention sur Will, je lui souriais avec amour, avant de reprendre, « Peut-être pas la colonne car ça va pas être rassurant, mais si tu veux, je fais le cobaye avant et tu vois déjà ce que ça fait, c'est souvent le bruit qui fait peur. », agrandissant légèrement mon sourire, je me penchais sur lui l'embrassant à nouveau avant de souffler contre lui, « Même si je doute que t'ai peur des aiguilles. », l'embrassant une dernière fois, je reportais mon attention sur Azia, qui semblait bien plus heureuse en cet instant que depuis son arrivée, ça faisait du bien, ça me rassurait même. « Si tu veux je t'emmènerais ou j'ai trouvé ça, y'aura sans doute d'autre truc à prendre, mais je savais pas ce qu'il te faudrait te plus. », c'était pas mon métier aussi, je pouvais pas tout deviner, mais je pensais en avoir prit déjà suffisamment. Elle n'avait plus qu'à s'amuser.

Je fais une toute petite moue, alors que Will m’informe qu’il n’est pas vraiment chaud pour un tatouage, mais je peux totalement comprendre. Le tatouage on aime, ou on aime pas ! Personnellement, j’admets aimer tous les styles. Si j’en ai l’occasion, je me ferais peut-être un jour une manchette avec des couleurs dans tous les sens et une carpe Koï. Mais pour l’instant, je préfère me concentrer sur mes deux potentiels clients. Will me laisse une petite ouverture, m'invitant à le conseiller sur quelque chose en particulier. Je pense ratisser large en lui proposant plusieurs styles, même si je sais qu’il finira surement par ne pas en faire ou alors, à en faire un assez petit, pour se donner le temps de l’apprécier.

- Hm … Je pense que le trash polka pourrait très bien aller sur toi ! C’est à base de noir et de rouge généralement, il s’agit de grosses pièces. Donc je pense que c’est mort, mais on peut voir un truc assez petit, discret en une seule couleure. Du noir ? Peut-être une phrase, une date qui te tient à coeur… Les possibilités sont infinies. N’y a t-il rien, même pas un mot qui t’a marqué dans ta vie ?

Mon attention est attirée rapidement par Elias, qui m’informe qu’il sera ravi d’être mon cobaye ! Je le rejoins en effet sur ses paroles ; ce qui est vraiment impressionnant sur le tatouage, c’est le bruit de la machine. Mais au bout de quelques minutes, avec un peu de diversion et une personne proche pour tenir la main, généralement les gens oublient la douleur.

- Elias a raison ; le plus impressionnant c’est le bruit. Dis toi que c’est comme des grosses gratouilles. C’est pas vraiment douloureux, disons que c’est comme si on te grattait fort la peau. Et les parties osseuses effectivement, c’est plus douloureux.

Je souris en entendant Elias me parler de Lucy, d’un tatouage qu’il aimerait faire avec elle quand elle arrivera. Et sincèrement, je ne peux espérer que ça ; qu’elle arrive. Même si je ne l’ai vu qu’une fois, je l’avais beaucoup aimé, elle était selon moi très gentille et cette soirée passée tous ensemble avait été vraiment formidable et très amusante pour nous tous.

- Je serais ravie de faire tes tatouages. Je pense que tatouer ta colonne vertébrale sera plus embêtant pour toi que pour moi ! Cette zone fera en effet mal. Mais s’il ne s’agit que de traits, tu n’auras pas de remplissage et je considère que c’est vraiment le pire le remplissage sur les os.

Soudain, me faisant sortir un peu de ma bulle artistique, je me rends compte de deux choses, à nouveau. Le tatouage est un sujet qui doit ne passionner que moi et je crois leur pomper l’air peu à peu et mon ventre, se met à gargouiller. La tasse de thé m’a ouvert l’appétit on dirait.

- Dites… Vous avez un petit truc que je pourrais grignoter ? Pardon si j’abuse, mais j’ai pas mangé grand chose de solide récemment. Des barres de céréales, du boeuf séché, quelques prunes sauvages sur un arbre mais c’est tout. Vous avez faim vous ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Très sincèrement, Will n'avait aucune idée de ce qui se tramait dans cette conversation en ce moment. Les tatouages, piercings et autres modifications corporelles ne l'avaient jamais intéressé, sans entrer dans les clichés du type gay un peu folle, il était tout de même du genre propre sur lui et prenant particulièrement soin de son apparence et ce genre de truc ne le tentait vraiment pas. Mais Elias et Azia en parlaient avec un naturel déconcertant, comme s'il ne s'agissait pas de marquer son corps à vie et de devoir assumer pendant des années un souvenir gravé dans sa peau. Alors autant le dire tout de suite, les grosses pièces avec du rouge, ça ne lui parlait pas du tout. Ce que disait Elias, cela dit, il s'y retrouvait un peu plus. Faire son deuil. Mais était-ce réellement possible de tourner la page sur quelque chose en choisissant de le porter sur son corps pour le reste de sa vie ? Tout cela lui semblait assez contradictoire, à vrai dire. Et s'il avait un deuil à faire, c'était clairement d'Aiden. Et avec Elias assis contre lui, ne cessant de se pencher sur lui pour l'embrasser, l'idée de se marquer avec un symbole en rapport avec son ex ressemblait vraiment à la chose la plus stupide à faire. « J'ai quelques idées, je vais y réfléchir, te regarder torturer mon mec et on en reparlera, d'accord ? » consentit-il tout de même après quelques hésitations. Il s'offrait au moins quelques jours de répit pour y penser comme ça et ça lui convenait très bien.

De toute façon, même le sujet du tatouage finit par laisser sa place, alors que la jeune femme se permettait de réclamer un « petit » truc à manger. Levant les yeux au ciel une fois de plus, Will s'empressa de la remettre dans le droit chemin. « Oublie ça, on peut manger pour de vrai ici. Et Elias fait les pâtes comme un maître, je suis certain qu'il sera ravi de te le prouver. » Son regard glissa sur le soldat, alors qu'un sourire s'imprimait au coin de ses lèvres et qu'il lançait avec défi : « Pas vrai ? » Il attendit d'avoir droit à l'expression la plus désabusée que monsieur ait en magasin avant de défaire ses doigts des siens et de se remettre debout. Pour filer aussitôt auprès d'Azia, dont il attrapa le poignet pour la tirer vers lui et la serrer dans ses bras un peu plus longtemps qu'il n'en avait l'habitude. « Tu m'as manqué. » souffla-t-il en se détachant. « Je vais mettre la table, installe-toi, profite d'avoir deux hommes aux petits soins pour te faire servir. » Un sourire plus tard, il suivait Elias à la cuisine pour s’exécuter, sortant assiettes et couverts qu'il posa d'abord sur le comptoir. S'offrant quelques minutes, il se glissa dans le dos du soldat, passant ses bras autour de sa taille pour le presser contre lui alors qu'il embrassait sa nuque. « Je t'aime. » souffla-t-il finalement et, sans lui laisser le temps de réagir, il s'éloigna, s'emparant des assiettes pour retourner dans la pièce d'à côté. Il souriait en mettant la table, son regard se posant sur Azia. « Alors, alors... Tu t'es bien gardée de me dire qu'un beau soldat avait sauvé ta vie, toi. » Par miracle, il parvenait encore à prendre cette histoire avec assez de recul pour ne pas replonger dans la panique. Pourvu que ça dure. « Vous vous connaissiez déjà avant ? » demanda-t-il. « Comment il était ? Je suis presque vexé que tu ne m'aies jamais parlé de tout ça jusqu'à maintenant. »

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je voyais pas Will avec un tatouage massif, vraiment pas, là ou si il devait y passer, ca serait sans doute plus léger. Essayant donc de proposer un truc, Azia approuva, expliquant que sauf zone osseuse, il n'y avait pas vraiment de douleur. Elle accepta toutefois de me tatouer la colonne, affirmant que je serais le plus embêté des deux, ce qui me fit sourire. Je pense que la douleur faisait partie du processus, de souffrir une dernière fois pour eux et ne plus les laisser m'envahir. Un deuil, une fin. « C'est l'idée en fait. », déclarais-je en souriant avant que Will ne s'avance. Il avait des idées, mais il préférait réfléchir et la regarder torturer son mec. fronçant légèrement les sourcils, je le regardais avec un sourire. Et puis Azia signala qu'elle avait faim et j'avais envie de lui dire qu'elle n'avait pas à espérer grignoter quand Will l'informa qu'on pouvait manger pour de vrai ici, affirmant même que je faisais des pâtes comme un maître. Secouant légèrement la tête, je soufflais, pour répondre à sa provocation, « Je suis déjà meilleur que toi. », il était pas possible. Le regardant donc filer vers Azia pour la prendre dans ses bras, je profitais un instant du spectacle avant de me lever à mon tour pour rejoindre la cuisine. Préparant une casserole, je fus légèrement surprit de voir Will abandonner ses assiettes pour glisser ses bras autour de moi pour m'attirer contre lui, embrassant ma nuque avant de souffler quelques mots qui me firent frissonner. Mais pas le temps de réagir qu'il avait déjà disparu. J'aurais pu les rejoindre, mais ils avaient besoin d'être seuls, de se retrouver, ils étaient plus proche que moi d'elle. Alors oui, regarder de l'eau bouillir puis des pâtes cuire c'était pas ouf, mais c'était déjà mieux que rien, et puis ca serait pour faire plaisir à Azia. D'ailleurs, ouvrant un placard avec les livraisons de la semaine, je tirais trois oeuf, initialement c'était pour des pancakes, mais tant pis, on ferait avec moins d'oeuf demain, ca irait. Les faisant cuire, j'avais bien du passer une vingtaines de minutes dans la cuisine quand je sortie enfin. Déposant la casserolle de pates avec la sauce déjà dedans sur la table, j'annonçais, « Du coup, c'est la première fois qu'on a une invité, donc j'ai sortie le grand jeu ! Spaghetti Bolognaise avec... », je les quittais un instant, le temps d'aller chercher la poêle pour revenir, « Des oeufs, enfin un. », bientôt les lapins, bientôt.

En mettant un par assiette, j'allais ranger la poêle avant de revenir, « Rassures-toi, il en reste pour les pancakes. », déclarais-je en regardant Will avant de servir généreusement les deux squelettes et de me servir plus raisonnablement, ramenant la casserole devant mon assiette pour éviter que Will ne le voit et fasse une scène, je servis de l'eau à tous le monde avant de lever mon verre pour Azia, « A ton premier vrai repas, d'étudiant certes, mais au premier depuis longtemps. », et pas le dernier, elle allait revenir, plus le choix, j'allais trouver dix milles choses à me tatouer si il le fallait.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Evidemment, Will n’est pas du tout chaud pour me faire confiance et faire ce que je veux de sa peau. Est-ce normal ? Tout à fait ! Est-ce un défi pour moi, de lui offrir quelque chose qu’il aimera si un jour il accepte ? Oui !
Le sujet du tatouage ne passionnant en effet pas tout le monde comme je l’aurais parié, vint à s’essouffler rapidement sous ma seconde proposition, ce qui me fit évidemment plaisir. Qu’importe le sujet, tant que je parle avec eux, ça me va ! C’est à cet instant que je pus finalement voir encore, l’étendue de leur complicité. Will me fit légèrement rougir, quand il me parla de pâtes. Non, vraiment, je n’avais pas envie, parce que c’était vraiment trop cette fois, une façon trop grosse d’abuser de leur hospitalité. Mais encore une fois, il tourna ça en dérision en mêlant Elias à ça et je ne pus que rire, oubliant vite ma gêne de leur voler une assiette de pâtes. C’est peut-être pas grand-chose pour eux, mais moi, manger des pâtes et surtout un repas chaud, me fit frissonner presque immédiatement. Ces deux gars, sont vraiment en or. Will soudain, se détacha d’Elias, pour venir vers moi. Sa poigne se serre autour de mon poignet alors qu’il m’oblige à me lever et vient m’étreindre subitement. Mon cœur se gonfle de joie, lorsque je l’entends dire que je lui ai manqué. Ces simples mots finissent à me faire plaisir, alors que je suis mille fois heureuse. La dernière rencontre qu’on avait eu, il était apeuré et hanté par des fantômes encore trop douloureux. Aujourd’hui, grâce à Elias, il arrive à m’approcher comme autre fois. Il me relâche rapidement, alors que je lui souris très largement, tendrement.

- J’espère bien t’avoir manqué. Tu m’as manqué. Vous m’avez manqué, beaucoup...

Will et Elias s’en allèrent et timidement je m’assois à la table. Vache que je me sens gênée de leur faire ça ! Je suis comparable à un nuisible venant dégommer le potager durement bâti d’un pauvre fermier. Je ne fais aucune remarque en revanche, consciente que ça fait plaisir à Elias de me trouver ici et maintenant j’en suis davantage sûr, Will également. Toute gênée, mais toute contente à la fois, je reste donc sagement assise à table et profite effectivement de la servitude et de l’application des deux gaillards pour moi ce soir. Will revint rapidement avec les assiettes qu’il dispose sur la table. Je cale bien les assiettes, dans l’optique de l’aider et de ne pas juste faire pot de plantes mais c’est plus un petit geste inutile qu’autre chose. Il m’informa gentiment que je m’étais bien gardée de lui racontait que le soldat m’avait sauvé. Ce n’était pas un reproche, mais je sentais dans sa voix qu’il en était en effet un peu déçu.

- Je suis désolée de ne pas te l’avoir dit. En fait, quand on s’est revu, je n’avais pas trop envie d’étaler les choses. Ce qui me semblait utile, c’était juste qu’un homme avait pansé mes blessures…

Je souris tendrement avant de lui frotter le bras doucement, simple geste de réconfort.

- On se connaît d’avant l’apocalypse. Il était venu se faire tatouer avec sa meilleure amie Lucy. Et ils m’ont annoncés qu’ils allaient en boîte après. Je me suis énervée, parce que ça comportait des risques de contamination ! Mais les deux ont été malins ; ils m’ont embarqué pour que je les surveille. Après cette tournée de bar, on s’est plus revus, jusqu’à ce qu’il me trouve. Je marque une légère pause, me faisant violence pour ne pas toucher la cicatrice à ma gorge et poursuit simplement. Après ça, on s’est plus revus, jusqu’à ce qu’on se croise dans un bâtiment abandonné. Ce fou m’a pointé une arme dessus.

Je ris légèrement et lui tapote le bras.

- Tu étais énervé contre lui quand on s’est vu, il était énervé contre toi quand je l’ai croisé. Le monde est trop petit, encore plus maintenant que le monde a explosé ! Mais pour le coup, comme c’était il y a un peu moins longtemps que toi, faut pas t’en vouloir s’il m’a trouvé et pas toi. Je suis déjà très heureuse que tu m’aies cherché, réellement… C’est juste qu’il savait dans quelle zone j’étais et qu’il avait un véhicule, moi pas.

Will a à peine le temps de réagir à toutes ces infos, qu’Elias fait irruption, avec une casserole fumante et qui me rend folle rien qu’à sentir l’odeur. Il m’informe qu’il nous a fait des pâtes, qu’il nous a même fait un œuf chacun. C’est avec des yeux complètement ronds que je regarde le tout se produire. Mon assiette est pleine, celle des autres aussi… Quand tout le monde est servi, je m’attaque à mon plat.

- Vous êtes vraiment les meilleurs. Je n’en reviens pas de ce que vous me faites ce soir ! J’en pleurerais presque… Y a un truc que je peux faire en retour ?

Aussitôt fini de parler, que j’enfourne ma fourchette dans ma bouche et que je fonds littéralement quand la chaleur transperce mon corps, que le goût rencontre ma langue. Je me détends et soupir de plaisir.
Je suis terriblement contente. De les voir, d’avoir une machine à tatouages et surtout ; de manger ce plat que je considère comme colossale.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Maintenant qu'il était calmé, Will parvenait mieux à avaler les informations que lui donnaient Azia sur sa rencontre avec Elias, même si elle ne lui apprenait rien de plus que ce que le soldat avait déjà dit tout à l'heure. Il conservait un genre de sentiment étrange à cette idée, au fait qu'ils se soient connus bien avant que Will n'entre dans le tableau, comme s'il serait toujours un peu exclu dans le fond... Mais ça n'avait pas tellement d'importance, ça n'allait pas au-delà du caprice ridicule et inutile et il essaya de ne pas s'y attarder réellement. Elias revenant rapidement avec le repas, il n'en eut pas tellement l'occasion de toute façon et troqua rapidement sa mine sérieuse contre un sourire alors que le soldat lui assurait qu'il y aurait encore assez d’œufs pour les pancakes du lendemain. Comme s'il avait eu l'intention de réclamer, en plus... Imitant les deux autres, Will se pencha rapidement sur son assiette, avec moins d'application qu'Azia, sans doute. Il ne prétendait même plus ne pas être totalement habitué au confort de Fort Hope, surtout avec Elias qui redoublait d'efforts pour le gâter.

Il ne parvint cependant pas à garder son air neutre très longtemps, levant les yeux au ciel alors qu'Azia revenait à la charge pour demander ce qu'elle pourrait faire en échange de ce qu'ils lui offraient. Will n'avait rien à réclamer de toute manière. Qu'importe qu'il passe sa vie ici et qu'il ait choisi presque tout le mobilier de la maison, il n'était pas chez lui et sa participation à ce repas consistait à avoir apporté les assiettes sur la table. Rien qui ne mérite le moindre salaire, clairement. « Si tu veux me faire plaisir, je propose que tu arrêtes un peu de prendre la tête à vouloir faire quoi que ce soit en retour et que tu profites juste de ton repas et de la soirée. » souffla-t-il d'abord. Mais il retrouva rapidement son air d'emmerdeur pour se reprendre. « Cela dit, je ne refuserais pas que tu me donnes l'un de tes pancakes demain matin ou bien que tu me fasses ma lessive, si vraiment tu insistes. » Il lui offrit un grand sourire avant de se pencher de nouveau sur son assiette, lui laissant tout le temps du monde pour regretter d'avoir proposé de leur rendre un quelconque service. Peut-être qu'elle finirait par comprendre, à un moment ! Bon, la politesse n'étoufferait jamais Will, mais on s'y habituait vite et il n'était même pas tellement désagréable, juste très... Will. 

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ça faisait plaisir de les voir manger, Will avait l’habitude maintenant, il commençait sérieusement à se remplumer d’ailleurs, mais Azia, hors mit une fois, je ne l’avais jamais vu manger. Alors forcément, la voir se jeter dessus fut plaisant, réellement. Du moins jusqu’à ce qu’elle affirme qu’on était les meilleurs et qu’elle voulait faire quelque chose en retour. Soupirant, j’allais lui affirmer que c’était inutile, du moins j’aurais voulu mais Will me coupa l’herbe sous le pieds. Il répondit pour lui, affirmant que si elle voulait faire plaisir à Will, elle pouvait déjà arrêter de se prendre la tête à vouloir faire quoi que ce soit en retour et profiter de son repas et de la soirée. Et puis comme pour céder quelque chose et surement pour l’embêter, il reprit, expliquant qu’il accepterait de lui voler un de ses pancakes ou bien qu’elle fasse sa lessive si elle insistait vraiment. Le regardant un instant interdit, je finis par secouer légèrement la tête, « T’es pas croyable toi. », regardant Azia, je reprenais faussement désabusé, « Il me vole déjà les miens avec son regard de chien battu affamé, te laisses pas faire ! », en vrai… Je n’avais "plus faim" arrivé aux derniers et par pure hasard, je lui proposais, j’étais complètement complice. Je l’avouais. Souriant avec plus de douceur, je regardais la femme, conscient que dans ce monde, certaines choses avaient été perdu. « T’occupes pas de ce qu’il peut dire, mon mec est un emmerdeur fini », et j’aimais ça, j’avais signé pour ça, je ne pouvais pas me plaindre.

« Je sais que c’est compliqué d’admettre pour toi que tu peux avoir quelque chose sans le payer, mais ici c’est le cas. T’es mon amie, j’ai envie de te voir profiter un peu de la vie, j’ai pas envie de te faire payer une nuit tranquille ni un repas, parce que tu me paies déjà en étant là. Alors tu profites, et tu cherches à rien nous rendre. », regardant Will, je repris, « Et il est d’accord avec moi, sinon il te demanderait pas des trucs aussi con. », enfin ça elle devait le savoir, il n’y avait rien de nouveau, juste une déclaration, un fait. Will avait des milliers de façon de dire aux autres qu’ils étaient cons, être absurde dans son arrogance en faisait partie.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je me régale. Alors que je les écoute palabrer, je ne perds ni une miette de la discussion, ni une seule de ce qu’il peut se trouver dans mon assiette. Oui, être en groupe c’est super, c’est clair et même si ça me tente pas outre mesures, je dois dire que je suis très contente de voir que ces deux-là sont si bien entretenus. C’est vrai qu’on pourrait très vite s’habituer à toute cette nourriture, un lit douillet, être sûr de ce qui composera le jour suivant. Je souris largement en entendant à nouveau leur dispute. Heureuse même de les entendre se chamailler pour de faux. A tour de rôle, ils vinrent m’affirmer que c’était normal, que je n’avais rien à payer pour tout ça. Elias me dit quelque chose qui me fit tiquer ‘’Je sais que c’est difficile pour toi d’admettre que tu peux avoir quelque chose sans le payer.’’ Il avait vu juste. Et Will aussi dans sa bêtise d’ailleurs… Je me contentais de serrer les lèvres sur ma fourchette, alors que je les écoutais, tout en réfléchissant. Ils ont raison ; c’est devenu normal pour moi de devoir faire des efforts pour manger. Au même titre qu’un tigre traquant sa proie, son repas sera sa récompense et sans effort, une bête sauvage ne peut pas vivre. Ca me rappelle d’une certaine manière que même si j’aime ma solitude et avancer au grès du vent, c’est peut-être juste mon instinct de prédateur qui fait, que je fais juste ce que j’ai à faire pour manger. Si j’habitais ici, mon réflexe du jour serait autre que de chasser ou de fouiller pour choper une pauvre boîte de conserve ; je chercherais surement comme Elias et Will à trouver des choses secondaires. Des babioles, des fringues, du confort en soit. Petit à petit, peut-être que les survivants solitaires comme moi retombent à l’état primitif en vérité.

Alors que je continue de dévorer mon assiette, je finis par hoche la tête, les joues pleines. Signifiant aux deux que j’ai bien compris cette fois. Je mange, gratuitement parce que je suis leur amie, leur invité. C’est bon à savoir. Car si jamais j’ai besoin d’aide un jour, que je suis au bord de la mort par déshydratation, je sais où je pourrais me rendre, plutôt que de faire appel à un groupe de nomade comme moi, dont j’ignore tout. C’est vrai que ça pourrait être agréable de venir ici, de prendre de leur nouvelle, de leur montrer que je vais bien voir grâce à eux, plus que bien et de repartir ensuite vers de nouvelles zones à explorer. Eux ainsi, pourront reprendre la découverte de leur corps. Mutuellement bien sûr. Je me redresse un peu et avale ma bouchée avant de sourire.

- Faudrait qu’on trouve un moyen de communiquer depuis l’extérieur. Comme je suis tout le temps en vadrouille, je pourrais vous trouver des trucs ! Je croise souvent des choses qui ne me sont absolument pas utile et du coup, je ne les ramasse pas. Je pense surtout à des pots de gel, des sapes pour mec, des capotes… Si vous voulez tout ça, je pourrais vous les ramener à l’avenir ! Je ne parle pas d’un paiement hein, me frappez pas. Juste que puisque ça m’arrive de trouver ces trucs et que ça peut vous être utile, dites-moi ce qu’il vous manque actuellement et si je le trouve, je ne manquerai pas de venir vous l’apporter ! Soit ça, soit je le déposerais au QG quand il aura vu le jour et Will aura plus qu’à l’apporter ici. En fonction de l’énergie que j’ai, du temps dehors, ce genre de choses…

En fonction de vos baises surprises, de vos humeurs, de votre vie de couple… Sans le dire, je le pense. Ça n’est pas un reproche, mais plus une petite vanne que j’ai voulu lancer pour les embêter. En vérité, je trouve ça très cool qu’ils puissent s’amuser de la sorte ! Je me demande juste s’ils ont de quoi se protéger pour le coup ? J’aimerais éviter que les deux loulous tombent malade stupidement…

- Est-ce que… Je pourrais prendre une douche du coup ? Genre après le repas ?

Je demande ça avec un sourire détendu. J’écoute leur demande, aussi, j’essaye de ne pas être gênée, sans abuser, de demander que ce que j’ai besoin. Aussi, une douche semble primordiale. Déjà par question de confort pour moi et surtout parce qu’en tant qu’aventurière de l’extrême, je me fais des petites coupures superflus de partout et que j’aimerais éviter les infections en tous genres...

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ses yeux se soulevant comme seule preuve qu'il ait entendu un seul mot de la conversation, Will continuait de vider son assiette en laissant Elias expliquer de manière bien plus sympathique à Azia qu'elle ne leur devrait rien pour tout ce qu'elle aurait ce soir. Il en profitait tout de même pour mesurer pleinement la différence entre deux : lorsqu'Elias lui avait offert de quoi se nourrir pour des semaines, lorsqu'il l'avait invité à venir se reposer ici, jamais Will ne s'était senti obligé d'offrir quoi que ce soit en retour. Après tout, si le soldat voulait gâcher ses ressources pour nourrir le petit con qu'il voulait se taper, en quoi était-ce le problème de Will ? Personne ne l'y avait forcé, l'ingénieur encore moins que les autres. Heureusement, Azia accepta de comprendre le message et se laissa convaincre par leurs arguments, mettant fin à une conversation qui n'aurait jamais du exister d'après le jeune homme et il put manger tranquillement encore quelques secondes avant de se sentir obligé de lever les yeux au ciel une fois de plus. Elle était gentille, vraiment. Peut-être même trop, à vrai dire, à se demander comment elle pouvait avoir survécu aussi longtemps si elle se sentait obligée de rendre des services chaque fois que quelqu'un se montrait sympa avec elle.

Elle soulevait cependant un point important et, se retenant d'être désagréable, Will finit par reposer sa fourchette et avaler pour de bon les pâtes qu'il lui restait avant de poser les yeux sur elle. « Je peux te donner mon talkie. » proposa-t-il, cherchant rapidement le regard d'Elias pour s'assurer que monsieur n'allait pas lui faire une crise de panique en direct. « Tu pourras joindre Elias quand tu voudras. Je n'en ai plus tellement besoin, moi. » Il avait bien l'intention de sortir encore aussi souvent qu'il en aurait envie, mais s'il était honnête avec lui-même une seconde, il fallait admettre qu'il n'en avait plus tellement envie. Il avait tout, ici et surtout le soldat. Même pour chercher Azia, il ne parvenait plus tellement à s'éloigner de Fort Hope de toute façon, pas assez pour qu'il ne puisse pas y revenir rapidement si par malheur quelque chose lui arrivait. Et maintenant qu'il n'aurait plus cette excuse pour disparaître pendant des jours, difficile de croire qu'il prendrait la fuite plus de deux ou trois jours à l'avenir. Rien qui ne nécessite qu'il ait un moyen direct de contacter Elias dans ce laps de temps en tout cas. Tout ce qui justifiait encore qu'il le garde, c'était probablement l'angoisse que pourrait ressentir le soldat à ne pas pouvoir le contacter à n'importe quel moment. « De toute façon, je serais toujours avec l'un de vous deux, alors c'est bon, non ? » demanda-t-il tout de même. Ce qui était clairement un mensonge, d'ailleurs, simplement il n'allait pas laisser tomber cette idée à un simple refus, loin de là, mais il pouvait bien faire croire à Elias qu'il avait encore le droit de s'y opposer, juste pour la forme. 

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Elle semblait avoir comprit à moitié. Clairement, il était encore question de nous rendre la pareille. Soupirant alors, Will, me coupa la possibilité de lui dire que c’était bon en me faisant froncer les sourcils. Lui donner son talkie ? Il savait très bien que la pente était glissante, son regard me le confirma, mais il continua quand même. Elle pourrait en effet me joindre quand elle voudrait, mais le fait de ne plus en avoir besoin ? Sérieusement. Me redressant en essayant de contrôler ma réponse, Will m’acheva avec une dernière question. En quoi c’était bon ? « Non. », ma réponse était ferme et définitive, soyez en sur. Je n’allais pas le laisser y aller seul et la vague de panique qui traversa mon regard se mua rapidement en colère. Comment il pouvait croire que j’allais le laisser partir seul sans aucun moyen de me joindre en cas de soucis ? Si il tombait sur des connards sur la route, avant Azia ? Si il décidait de sortir car il n’était pas en prison à juste titre et qu’il y avait une merde ? Si il disparaissait ? Si on retrouvait jamais son corps, ou au contraire ? Mon coeur battait bien trop vite pour que je n’arrive à surmonter ça comme ça. « C’est un talkie militaire, il suffit d’en trouver un troisième, de le configurer sur la même fréquence pour que l’on soit tous joignable entre nous. », sous entendu surtout pour que je puisse intervenir, vous protéger ou vous sauver en toute condition. La gorge noué, je repris pour justifier, « Y’a des malades dehors et en plus ca sera plus simple pour vous, si l’un est en retard vous saurez pourquoi. ». Il fallait que je me détende, il n’y avait rien de grave là, mais il était hors de question qu’il prenne des risques. Qu’on donne un talkie à Azia, ok, plus que ok, mais Will ne devait pas se mettre en danger pour ça. Non, c’était impossible.

Reportant mon regard sur Azia, je souriais timidement, essayant d’avoir l’air crédible alors que je reprenais, la voix un peu plus douce, « Oui bien sur, par contre elle est froide, donc ca sera moins fun. Je te prépare une serviette juste après ok ? », elle n’avait pas à subir. Will connaissait le terrain, il savait ce qui pouvait y avoir. « Et oki, je te dirais si jamais j’ai besoin d’un truc, promis. », finis-je par lui concéder à elle, pas à lui. J’allais pas approuver sa proposition.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Après tout ce temps, je pensais franchement que mon estomac se serait rétrécit. La faim, je ne la ressentais pas souvent car je m’efforçais à chaque fois à penser à autre chose. Hors maintenant que j’ai une assiette aussi énorme, je ne comprends pas. Je ne comprends tout simplement pas comment je peux avaler cette énorme portion sans avoir de mal ! Tel un trou noir, mon corps aspire ce que je mène à mes lèvres. Mon ventre, alors qu’il est censé être heureux, n’a de cesse de grogner, visiblement ravi de pouvoir manger autant !

Je suis sûr que pendant les trois jours à venir, j’aurais de l’énergie à revendre. J’en profiterais pour partir en exploration. Après tout, maintenant qu’il m’a dit oui, je compte bien trouver un QG propre et sécurisé pour Will et moi. Ça serait un vrai soulagement pour moi que de le retrouver là-bas de temps en temps, ou même ici. Lui qui semblait si détruit la dernière fois, qui semblait si terrifié si apeuré à l’idée de ce ne serait-ce qu'approcher un groupe. Voilà qu’il en habite un, qu’il est à nouveau en couple et qu’il accepte même, de former un petit QG avec moi. Au moins, je suis sûr de ne plus les perdre de vu à présent. Si jamais j’ai un souci, je suis certaine qu’ils répondront tous les deux biens vite présents. Surtout maintenant que je sais où les trouver avec davantage de précision ! Presque même avec exactitude. Je pense avoir du mal à retrouver le camp de Fort Hope du premier coup aux deux ou trois prochains voyages, mais après, ça devrait aller. Mon regard se reporte sur Will, alors que j’avale une nouvelle fourchette de pattes et qu’il me propose de récupérer son Talkie. Comme quoi il n’en aurait plus besoin mais bizarrement, je ne suis que peu motivée concernant cette idée… S’il lui arrive un truc et qu’il ne peut contacter personne par ma faute, je me sentirais forcément coupable. Surtout que Elias et lui doivent les utiliser souvent quand ils partent en mission à l’extérieur chacun de leur côté. J’imagine très bien la scène d’ailleurs…
“Tsht… Alpha. Ici Beta. Vous rentrez ce soir ? Un pénis tendu attend votre retour, terminé. Tsht.” Je glousse intérieurement en imaginant ce genre de bêtises… Je n’avais pas été si détendue depuis longtemps. Tout semble très calme mais bizarrement, ça n’est pas un calme pesant, ni alarmant. Juste… Calme.

- Je ne sais pas si c’est parce que je n’avais plus mangé de pattes depuis longtemps, mais Will a raison. Tu cuisines ça comme personne !

Le ventre légèrement bombé suite à ce repas des plus parfaits, je hoche doucement la tête à l’intervention d’Elias. Plutôt d’accord avec lui. Oui, trouvé un Talkie sera en effet plus sympas et pratique pour tout le monde ! On pourra se joindre quoi qu’il arrive, à bonne distance.

- C’était fou… J’ai trop bien mangé.

Attendant que chacun finisse de dévorer son plat, je me lève sagement et empile les assiettes. Je n’ose plus vraiment bouger. Si je débarrasse, est-ce qu’ils vont me mordre ? Plutôt que de tendre la main vers deux lions affamés en prétextant que c’est un steak, je préfère simplement sourire et me redresse.

- Je peux aller me doucher alors ? Même une douche froide sera la bienvenue, crois-moi !

J’ai l’impression de ne pas avoir mérité tout ça. Mais bon sang, que c’est agréable d’avoir ce niveau de confort… Je ne cracherais pas là-dessus, c’est certain. Puis, pendant que je prends ma douche, ils pourront en profiter pour faire l’amour sauvagement sur la table à manger ou simplement se murmurer des mots d’amour… Discuter de mon talent pour les tatouages, la beauté magnifique de celui que j’ai fait pour Elias y a si longtemps aujourd’hui… Que de souvenirs construits avec ces deux nigauds quand j’y réfléchis.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Bon, très bien, vu le regard noir et le non ferme et définitif que lui renvoya Elias, l'idée de Will n'était pas bonne. Et il aurait peut-être même mérité de se faire assassiner sur place pour n'avoir fait qu'y penser. « Ok, ok, je me tais... » souffla-t-il. Pourtant, il ne voyait pas du tout le problème, surtout pour ce qu'il utilisait ce talkie dans les faits. Donc quasiment jamais, soyons honnête. Mais bon, pour obtenir gain de cause sur cette histoire, il aurait du se montrer vraiment très convaincant et ça ne se faisait pas devant une invité, alors... Tant pis, le jeune homme se contenta de lever les yeux au ciel pour leur faire savoir à tous les deux qu'ils étaient ridiculement inquiets pour rien et se replongea dans son assiette. Ils feraient bien ce qu'ils voudraient, sur ce coup-là, Will n'aurait qu'à suivre le mouvement et puis, Elias semblait vouloir lui faire payer cette idée en l'ignorant purement et simplement. Quel gosse, vraiment ! Enfin, au moins, en quelques minutes, Will avait fini de manger alors que les deux autres continuaient de discuter douche et ô combien le repas avait été parfait. Il l'avait été, certes, comme le prouvait les trois assiettes vides sur la table, qu'Azia tenta de débarrasser rapidement. Peut-être que la bienséance aurait voulu qu'ils l'empêchent de le faire, mais Will n'en fit rien, la suivant simplement du regard. Heureusement elle abandonna l'idée rapidement par elle-même et demanda, pour la millième fois au moins, si elle pouvait prendre une douche. Pourtant, il semblait à Will qu'Elias avait accepté qu'elle le fasse mille fois, lui aussi. Mais il conserva le silence et se leva à son tour.

Ils n'avaient pas besoin d'être trois pour trouver la salle de bain et prendre une douche, aussi il s'occupa plutôt de ramasser les assiettes à son tour. « Profite bien de ta douche ! » lança-t-il seulement avant de disparaître à la cuisine une fois de plus. Et, chose complètement folle quand on connaissait Will – et qu'on vivait avec lui depuis assez longtemps pour savoir combien il pouvait se comporter comme un petit prince au quotidien – il fit la vaisselle aussitôt. De ses propres mains, sans rien demander à personne, sans même se plaindre. Ça ne lui prit pas bien longtemps et il n'était pas encore assez fou pour en plus essuyer les assiettes qu'il laissa sécher toutes seules à côté de l’évier. Alors, n'ayant rien de plus à faire pour s'occuper en attendant que les deux autres ne s'en sortent avec la salle de bain, le jeune homme retourna plutôt au salon pour se laisser tomber dans le canapé où il prit beaucoup de place qu'il n'en avait réellement besoin. Il ne savait pas vraiment quoi faire de plus pour passer le temps, se contentant de poser son regard sur la pièce autour de lui, où les bougies désormais éteintes attendaient toujours où il les avait installées en prévision de cette soirée.

Quelques minutes passèrent sans qu'il n'entende rien de plus que des voix étouffées à l'étage, jusqu'à ce que le pas d'Elias résonne dans l'escalier. Will releva les yeux s'attendant à voir le soldat apparaître devant lui, mais ce ne fut pas le cas, monsieur décidant plutôt d'aller finir de s'occuper de la vaisselle dans la pièce d'à côté, à en croire le léger tintement des assiettes contre le métal. Levant les yeux au ciel à cette constatation, Will se décida tout de même à se lever. Il venait de faire la vaisselle, mais rien n'était jamais suffisant pour son maniaque de petit-ami, n'est-ce pas ? « Qu'est-ce que tu fais ? » demanda Will, l'air innocent, en entrant dans la cuisine. Il ne laissa pas le temps à Elias de répondre quoi que ce soit, que déjà, il s'approchait encore et attirait le soldat contre lui, le débarrassant d'une assiette au passage. « Tu crois qu'Azia le prendrait mal si on allait dormir maintenant ?  » reprit-il en repoussant Elias contre le comptoir. Un sourire étirait déjà ses lèvres et bien qu'il soit parfaitement conscient qu'il n'aurait que quelques minutes devant lui avant que la jeune femme ne sorte de la douche, il se permit quand même de se pencher davantage sur les lèvres du soldat, ses mains glissant sous son jeans pour les presser l'un contre l'autre.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Cuisiner des pâtes comme personnes, ça sonnait un peu comme une insulte non ? Car qui pour louper des pâtes ? Will, certes, mais personne d'autres. Réussir des pâtes c'était la base. Souriant à son contentement, je me levais avec elle lorsqu'il fut question de se doucher, car même froide elle serait la bienvenue. « Suis moi alors. », soufflais-je en passant à l'étage, avant d'ouvrir la salle de bain pour lui montrer « On a du savon, une serviette propre qui est là donc vas-y, par contre la-bas c'est celle de Will. », fermant le store pour pas la déranger, je lui désignais des vêtements à moi qui avaient fini de sécher, « Si tu veux faire ta lessive vas-y et prends mes vêtements, ca sera un peu plus large, mais au moins tu repartiras avec des vêtements propres. », j'allais partir quand, après quelques pas, je fis demi-tours pour la prendre dans mes bras. Un câlin spontanée qui dura sans doute un peu trop longtemps pour être juste une preuve d'amitié, c'était plus un soulagement, celui de l'avoir retrouvé une nouvelle fois. J'avais pas eu le meilleur comportement la première fois, et je comptais bien me rattraper la. Et puis je finis par la lâcher, l'embrassant sur le front avant de disparaître, je me retrouvais rapidement dans la cuisine, découvrant que la vaisselle avait été faite mais pas essuyé, ni rangé. Bon, au moins il avait fait le vaisselle. C'était déjà ça. Commençant donc à ranger, j'entendis la voix de Will briser le silence pour me demander ce que je faisais. Ne me laissant toutefois pas le temps de répondre, je fus attiré contre l'ingénieur qui ne me laissa pas finir ma mission. Si Azia le prendrait mal ? Souriant légèrement, je répondis, « Ca se fait pas, pas quand on a des invité tu sais ? », j'avais rencontré le comptoir, mon sourire naissant alors que ses lèvres retrouvaient les miennes et que ses mains se glissaient sous mon jean.

Il savait mettre le feu au poudre, très clairement et sans vraiment réfléchir, je le repoussais à mon tour contre le mur, embrassant sa nuque en soufflant, « Je peux au moins te remercier pour la soirée que tu avais prévu non ? », mes mains avaient glissé sur sa ceinture la faisant céder avant que le premier vrai cours qu'il ne m'avait donné ne soit à nouveau mit en pratique, j'avais échappé à ses mains, mais j'avais surtout un doute sur la réussite de plus. J'y avais d'ailleurs mit tout mon coeur, jusqu'à ce que la passion ne le fasse céder, juste à temps pour entendre une porte s'ouvrir. Me redressant, j'avais recouvert mon homme d'attention, mes lèvres retrouvant son cou, puis les siennes dans un baiser tout sauf contrôlé. Mais au moins, je serais le seul à avoir ce genre d'idée en tête, Will devant être serein pour les minutes qui suivraient. Devançant Azia j'avançais dans la salle à manger, m'appuyant contre un mur, un sourire relativement satisfait au visage alors que je lui demandais, « Alors cette douche ? », souriant un peu plus franchement, je repris, « Tu sens bon le savon ? En fait je pense que c'est ça le mieux, l'eau encore bof, mais sentir le savon... C'est génial. », et c'était un euphémisme.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Will se leva, se mit simplement à débarrasser en me souhaitant bonne trempette. Je lui souris doucement, avec calme. Ils me traitent vraiment comme une reine. C’est un sentiment très agréable et très réconfortant. Un pas après l’autre, nous nous dirigeons Elias et moi jusqu’à l’étage. C’est un drôle de sentiment. Voir une maison propre, entretenue, éclairée, ça semble presque improbable. Comme un rêve éveillé, qui ne saurait plus tarder à bien trop vite s’achever. Pourtant, je reste plongée dans mes pensées alors que Elias m’attire jusqu’à la salle de bain. Il pousse la porte et tous les deux, nous entrons dans cette merveilleuse pièce. A cet instant précis, il ne me faut pas plus de quelques instants pour me sentir comme un enfant dans un magasin de bonbons. Avec un léger sourire, j’avance, effleurant le bord de la baignoire avec légèreté. L’asiatique me proposa de faire une lessive et en effet, c’est avec plaisir que je compte la faire. Il me désigne ses vêtements… au moins, je serais tranquille avec ça !

Le brun, fait finalement demi-tour mais une fois rendu à l’encadré de la porte, il me rejoint. Ses bras me trouvent, alors qu’il m’enserre avec force. Je réponds à son étreinte bien volontiers, alors que quelques minutes après, il me relâche. Me regardant quelques secondes, il m’embrasse tendrement sur le front avant de disparaître, fermant la porte après son passage. Je souris très largement, échappant un sourire de bonheur. Un jour, je serais aussi heureuse et complète qu’eux. Mon regard dérive jusqu’à la baignoire, tandis que je retourne auprès d’elle. Un à un, je laisse mes vêtements tomber à terre. Je les ramasse tous et prends soin de les frotter tranquillement avec du savon comme Elias m’y a invité. Une fois le tout terminé, j'étends tout près du chauffage afin que mes vêtements ne soient secs à mon réveil. J’ouvre le robinet et laisse l’eau couler un peu. Stupide réflexe. Effectivement, l’eau ne chauffera pas. Un pied après l’autre, je rentre dans la baignoire et bientôt, je me glisse courageusement sous le torrent. Passé les quelques secondes de douleur, je m’habitue rapidement à la température de l’eau. Celle-ci est la même que celle des rivières et des étangs. Je me mets à me savonner, bien sagement, souriant pour moi même en constatant que la crasse s’en va rapidement, que ma peau s’éclaircit légèrement. Je ronronne presque de complaisance. De longues minutes passent, alors que je diminue le flux de l’eau à son maximum pour en profiter, sans en gâcher de trop. Finalement, je coupe tout et me décide enfin à sortir. J’attrape la serviette propre que Elias m’a confiée et me sèche. Je prends là aussi mon temps, histoire d’offrir un brin d’intimité supplémentaire aux deux oiseaux bleus qui se trouvent au rez de chaussé. Une fois sèche, une fois vêtue, j’ouvre la porte. J’en exagère un peu le bruit, afin de prévenir ceux qui sont en bas que j’arrive. Souriante, je descends les escaliers avant d’attendre le salon, où Elias me rejoint à l’encadré de la porte.

Je suis évidemment d’accord avec lui. Rien ne vaut l’odeur du savon, cette sensation de propreté. Même s’il faut bien l’admettre, j’ai un peu froid maintenant. Je tremble très légèrement par moment, mais ne prête pas grande importance à tout ça. En parlant d’odeur, l’une d’elle, présente sur Elias me fait légèrement sourire. L’odeur du sexe. Pensait-il que je ne la connaissais pas ? Will finit par nous rejoindre et je ne peux m’empêcher d’échapper un petit sourire taquin.

- Parfaite. Je me sens vraiment… bien mieux. Ça soulage. Vous m’avez vraiment gâté ce soir… T’as l’air plus détendu Will. C’est cool.

D’un pas lent, je retourne dans le canapé et m’y recroqueville avec un petit sourire heureux. Les vêtements d’Elias sont évidemment trop grands, mais trop agréable après tout. Je les observe un instant, souriant pour moi-même alors qu’intérieurement, je les juge ; dieu qu’ils vont bien ensemble. Le feu et la glace, Luigi et Mario. Ils sont terriblement choux…

- Qu’est-ce que … C’est que cet endroit au fait ? Vous avez des rôles dans ce genre de groupe ?

Après tout c’est vrai. Je suis ici en terre inconnue. Will semble un peu intégré, mais je ne sais pas ce qu’il se passe derrière ces palissades. Je n’ai pu voir que le trajet jusqu’ici.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Quelques minutes, Will resta appuyé sur le mur contre lequel Elias l'avait si brusquement repoussé. La mâchoire serrée, il respirait lentement dans l'espoir de redonner un peu plus de cohérence aux battements de son cœur affolé par les attentions du soldat. Il entendait les voix des deux autres dans la pièce d'à côté, mais ne bougea pas avant d'être sûr que son cœur ne cogne plus dans sa poitrine et que les couleurs sur son visage aient totalement disparu. Malheureusement, le sourire débile qui avait installé ses valises sur ses lèvres, lui, refusait de partir et il n'eut pas d'autre choix que de retrouver le salon en l'ayant toujours collé au visage. Il lui fit même l'affront de s'agrandir davantage quand Azia lui fit remarquer qu'il semblait plus détendu. « Faire la vaisselle, il n'y a rien de mieux pour se détendre. » prétendit-il, pourtant bien conscient à voir le sourire de la jeune femme, qu'elle se doutait sérieusement de ce à quoi ils avaient occupé leur temps en son absence. Son regard glissa sur Elias, pas très discrètement, ses dents apparaissant brièvement contre sa lèvre inférieure. Il n'aurait jamais cru l'homme capable de se comporter comme ça en la présence d'une tierce personne, même si ladite personne était enfermée dans une autre pièce à ce moment-là.

Il traversa rapidement les quelques mètres qui le séparait du fauteuil, sa main attrapant naturellement celle du soldat au passage, l'attirant avec lui alors qu'il retournait s'asseoir, parfaitement incapable de se détacher plus de quelques secondes de cet homme parfait qu'on lui avait donné. Tant pis pour les convenances, après tout. Il n'avait aucune envie de mettre Azia mal à l'aise ou de lui imposer son bonheur, mais il n'arrivait juste pas à faire autrement. « Pour ma part, je ne suis qu'un invité en ces lieux. Mon seul job c'est de n'emmerder personne. » répondit-il à la question de la jeune femme, son sourire prenant des airs tout à coup plus moqueurs. Quoi que, même ce seul petit job, il n'arrivait pas à le faire très bien, quand on y pensait. Il avait même réussi à énerver la Première Dame de Fort Hope en moins de vingt minutes à lui parler... Mais tout cela, Azia n'avait aucun besoin de le savoir et, n'ayant pas plus à dire sur l'organisation du camp, il laissa le soin à Elias de se montrer plus bavard à ce sujet, ses doigts glissant lentement dans le dos de ce dernier alors qu'il laissait son regard se poser dans le vide, n'écoutant plus vraiment ce qui se disait. Il aurait sûrement pu trouver un moyen de changer le sujet de la conversation, mais n'avait pas tellement envie de forcer les choses à aller dans son sens.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Dire qu’Azia n’avait rien vu, rien comprit serait mentir, d’autant plus lorsque Will arriva avec un sourire béat qui m’arracha presque aussitôt la même réaction. D’autant plus lorsqu’il se pinça une lèvre. Détournant le regard, je secouais doucement la tête, me laissant entrainer par Will vers le salon alors qu’il s’assoit dans le fauteuil et moi sur l’accoudoir. Que dire sur Fort Hope, je n’étais pas vraiment avare en information, Will pouvait en attester, et même si je faisais confiance à Azia, il y avait toujours ce sentiment, celui qui ne me rendait pas légitime de quoi que ce soit. Will ne perdit pas de temps à répondre, expliquant que son seul job ici était d’emmerder personne. Levant presque aussitôt les yeux au ciel, je ne pouvais retenir mon sourire, d’autant que l’homme n’était absolument pas habile da cet art. Ce fut sa main dans mon dos qui me fit à nouveau frissonner, me ramenant avec lui à la réalité. À Azia, à sa question. « Je suis chef de la sécurité ici, mais je donne aussi des cours pour apprendre à pas se tirer dans le pied. », répondis-je dans un premier temps, cherchant ce que j’avais à dire sur la suite. Je me prenais toujours énormément la tête, ce qui était stupide quand on savait que je lui avais limite donné l’adresse la dernière fois. Mais passons. J’étais ainsi, je ne pouvais pas y changer grand chose. Et même si Fort Hope n’allait pas sauver le monde, je n’en restais pas moins que prudent. « On est simplement un regroupement de survivant, à l’exception faite qu’on essaie d’être un peu organisé. », je savais que cela pouvait sembler étrange le côté organisé, mais je pense que rien ne fonctionné sans ordre.

Me levant alors pour venir m’assoir directement sur lui, enfin plutôt m’affaler à moitié sur lui, je ne pus retenir un bâillement m’échapper de le bouche alors que je le cachais à moitié derrière ma main avant de capturer les siennes pour les poser sur mon torse. J’allais réussir à passer une minute sans un contacte directe, c’était affolant. Souriant alors que je posais ma tête sur l’épaule de Will, sans la moindre gène notons le, Will étant mon mec j’avais le droit non ? « Je suppose que si je te propose d’intégrer les rangs du camp comme Will tu vas me dire non en me sortant des grands précepte d’acceptation de la solitude et de culture de marguerite ? », ce n’était pas un jugement, Will avait sa liberté, on en avait assez parler et je ne reviendrais pas dessus. Il viendrait quand il se sentira prêt. Comme elle, car je savais qu’elle avait traverser des choses, elle avait déjà refusé à l’époque. Et quand à moi, j’avais sans doute fait un mauvais choix tactique en me posant ainsi contre Will, j’avais brutalement envie de dormir, son coeur et sa respiration me guidant déjà alors que je devais me battre pour rester dans la discussion.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J’écoutais attentivement les deux hommes, parler et me répondre tour à tour. Will appuya simplement sur le fait qu’il n’était pas vraiment un locataire fixe de ces lieux, que sa simple mission était de n'embêter personne et étrangement, j’étais presque sûr qu’il n'arrivait pas à accomplir cet exploit. L’expression qui habitat soudain le visage d’Elias, vient d’ailleurs à me confirmer que le petit fripon de Will, faisait même surement tout l’inverse ! Je ne pus que sourire légèrement en les regardant, alors que pourtant les deux rigolos n’apportaient pas vraiment les réponses que j’aurais souhaité avoir… Une étrange sensation me pris d’ailleurs, en les fixant l’un avec l’autre. Ils allaient bien ensemble c’était certain, mais je ne les reconnaissais plus. Will n’était plus Will, Elias n’était plus Elias. Rien de dérangeant en soit, mais tout simplement… Perturbant ? Je leur servis un tendre regard, quelque peu troublée par toutes les informations de la soirée peut-être. Manger autant, prendre une douche dans une salle de bain, voir mes deux amis l’un avec l’autre, être assise dans une maison propre avec de l'électricité… Y a de quoi perdre un peu le nord au final. Elias m’expliqua qu’ils étaient simplement un groupe de survivants organisés, qu’il était responsable de la sécurité, mais leurs maigres réponses me laissèrent sur ma faim. Mon regard glissa vers l’extérieur, alors que je fixe un instant les carreaux avec curiosité, convoitise. J’étais tellement stressée en rentrant dans le fort, que je n’avais pas vraiment pris le temps de regarder autour de moi, je n’avais pas pris le temps d’analyser ce qui m’entourait mais pourtant, suite à la fouille et à la privation de ma seule arme que j’avais subi à l’entrée, je peux déjà affirmer qu’ils ne sont simplement pas un simple ‘’groupe de survivant’’ parce que selon moi, j’ai même sous les yeux, un véritable camp. Une communauté, suivant des règles, une hiérarchie, un ordre très précis.

- Malheureusement oui… Comme tu dis, les marguerites ont besoin de moi.

J’avais encouragé Will à rejoindre son amant, lors de nos retrouvailles. Mais moi, même si je donnerai ma vie pour ces deux-là, je n’ai personne avec qui venir habiter ici. Si Elias savait que cette raison pouvait être facteur à mon refus, il aurait surement proposé que je vienne ici mais non. Leur intimité, leur couple à construire est important. Et moi, même si parfois la solitude me fait plus de mal que je ne veux l’admettre, j’aime les rencontres que je peux faire dehors. J’y ai bien retrouvé Will et Elias, alors pourquoi pas quelqu’un d’autre un jour ? Mon regard fut soudain aimanté, par un Elias qui semblait fatigué. Complètement affalé contre Will, il semblait ne plus être vraiment réveillé. Je fis une légère moue, avant de soupirer légèrement et de me relever.

- Finalement, je crois que je suis fatiguée… On m’a promis un lit je crois !

Personnellement, j’aurais surement pu résister encore des heures. La tornade Will passée, l'inquiet Elias semblant apaisé et la peureuse Azia calmée, la température dans la maison c’était finalement équilibrée, surement trop tard pour que nous puissions en profiter. J’aurais aimé faire le tour du camp, je suis finalement curieuse de voir de mes propres yeux ce que Tic et Tac ont la flemme de me décrire. Ce n’est rien, après tout, Elias m’a déjà inscrite sur les listes des gens présents au déjeuner de demain. Je profiterais des heures paisibles et des premières lueurs du jour pour aller faire une petite balade dans le camp avant le réveil du couple qui sait ? Pour l’heure, le temps est au repos, j’en ai bien l’impression. Malgré ma curiosité, il se peut que j’en aie besoin aussi finalement...

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Sans surprise, Elias se montra incroyablement évasif sur ce qu'il faisait à Fort Hope. Sans doute n'y avait-il réellement pas grand chose à dire, après tout. Pour y avoir passé tant de temps, Will devait bien admettre que la situation était plutôt bien résumée : chacun faisait son travail pour maintenir la communauté à flots et en échange, on pouvait profiter des ressources et de la sécurité acquise grâce à l'intervention de tous. C'était simple et arrangeant et ça fonctionnait bien, mieux que Will n'aurait voulu l'admettre. Il se tenait à distance, de moins en moins et réalisait plus qu'il ne l'aurait voulu que ça n'avait rien d'aussi affreux que d'appartenir à ce monde. C'était seulement... effrayant. Son regard abandonna le profil d'Elias à cette pensée et glissa doucement jusqu'à Azia. De nouveau, les souvenirs de la ferme menaçaient de s'abattre trop clairement sur son esprit. Il n'aurait jamais cru être capable de mener cette vie de nouveau, mais il le faisait, un peu plus chaque jour. Ça lui était tombé dessus sans qu'il n'y prenne garde, mais il doutait qu'Azia soit capable de sauter le pas comme ça. Lui-même avait eu du mal, il ne devait son acceptation de cela qu'au fait qu'Elias avait largement su détourner son attention et l'emprisonner dans ses filets petit à petit. Et maintenant qu'il s'en rendait compte, la panique menaçait sérieusement de reprendre ses droits sur lui.

Ce fut le poids et la chaleur rassurante d'Elias contre lui qui le ramena à la réalité. Vaguement, il secoua la tête comme pour chasser ce sentiment oppressant qui avait failli lui comprimer la poitrine et un sourire s'étira de nouveau sur ses lèvres alors qu'il se laissait manipuler, enlaçait le soldat et se surprenait, sans parvenir à se retenir réellement, à faire glisser l'arrête de son nez contre la peau de l'homme. Il devait avoir manqué un morceau de la conversation, car il ne comprit pas très bien pourquoi les marguerites auraient eu besoin d'Azia. Quelque chose lui échappait et pourtant, il hocha la tête d'un air entendu comme s'il savait exactement de quoi elle parlait. Un léger silence s'étira, rapidement brisé par la jeune femme qui admettait enfin être fatiguée. Il n'en fallut pas plus à Will pour retrouver toute son attention et sa vitalité. Il se redressa autant que possible avec Elias contre lui et offrit un sourire beaucoup moins vague à la jeune femme. « On te fera visiter demain matin, si tu veux ! Tu verras, c'est presque sympa comme endroit. Mais avant ça, on a tous mérité une bonne nuit de sommeil. » Ses mains glissèrent sur la taille du soldat pour l'inviter à bouger et il se releva dès qu'il en eut l'occasion, menant naturellement la voie vers l'étage supérieur. Il n'était pas le plus fatigué des trois, clairement, mais il s'efforçait de se contenir un peu ne serait-ce que par politesse. Il s'arrêta devant la porte de la chambre d'amis et l'ouvrit en grand. « Profite bien de ta nuit. Et surtout, n'hésite pas à te lever tard, j'essaye d'apprendre à Elias à se réveiller après 4 heures du matin, on a encore du travail là-dessus. Je t'en voudrais si tu réduis tous mes efforts à néant. » souffla-t-il joyeusement. Il s'éloigna rapidement de la porte, passant devant Azia en se permettant d'embrasser sa joue et, après avoir soufflé un dernier « bonne nuit » se précipita presque jusqu'à leur chambre.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Elle ne resterait pas, et moi je finirais par m’endormir contre Will si l’on ne bougeait pas, Azia du d’ailleurs le voir car elle réclama son lit avant que Will ne lui promette une visite le lendemain, me sentant chasser de mon lit d’appoint, je me levais, regardant Will un peu trop joyeux à l’idée d’aller dormir entrainer Azia à l’étage, suivant le pas un peu plus lourd, j’avais trouvé le chemin de la chambre, retirant mon t-shirt et mes chaussures avant d’entendre la remarque de Will, fronçant légèrement les sourcils, je m’avançais vers l’encadrement de la porte avant de me défendre. « Tu sais que je t’entends toi ?! », mais je n’eus pas plus le temps de me plaindre qu’il réapparut dans le couloir, me repoussant bien rapidement dans la chambre, puis contre le lit après avoir fermé la porte. Souriant presque aussitôt, les vêtements tombèrent les uns après les autres, mon corps se réveillant de lui-même au contact de l’homme. Il ne semblait pas avoir oublié son programme, mais nous n’avions pas exactement le même champs d’action et si Azia n’avait pas sa chambre exactement à côté de la notre, il fut évident que les nombreux baisers que l’ingénieur reçu n’étaient pas exactement là pour lui prouver que je l’aimais. Non ça il le savait, mais l’embrasser était le meilleur moyen d’étouffer tout ce qu’il aurait pu faire naitre, tout ce qu’il aurait pu me forcer à soupirer. Tout comme dans la cuisine, la présence de quelqu’un non loin avait quelque chose de nouveau, de presque interdit qui rendait les choses sans doute plus… Forte ? Je n’en savais rien, mais lorsqu’il me poussa dans mes derniers retranchement, la fatigue fut tellement réelle qu’il me fut impossible de lutter. M’endormant contre lui sans plus de cérémonie.

La nuit avait été longue, du moins il me semblait. La lumière semblait déjà suffisamment forte lorsqu’elle me força à me réveiller, à me décoller de Will. Reposer je ne l’étais pas vraiment, mais j’avais des Pancakes à faire, et je profitais surtout d’avoir un Will encore endormit pour sortir sans me faire engueuler. Embrassant son front, je passais un pantalon de jogging par dessus mon boxer avant de tirer un peu plus le rideau pour qu’il ne se réveille pas. Descendant dans le plus grand des calmes après être sortie de la chambre, j’avais commencé à faire la pâte, la laissant reposer pour ne préparer tout ça qu’une fois les marmottes debout. Me préparant un thé, j’avais prit possession d’un des nombreux livres de la  bibliothèque avant de m’allonger à moitié dans le canapé, lisant dans le plus grand des calmes, la chaleur du breuvage me gardant dans un calme assez reposant. Si j’allais me faire rappeler à l’ordre de m’être levé tôt, il ne pourrait pas me targuer d’avoir faire n’importe quoi à côté. Du moins c’était le plan jusqu’à ce que je me rappelle de ce qu’il avait dit avant qu’on aille se coucher. Il allait me faire passer l’envie de me lever en fait. Retournant faire un deuxième thé, je prenais les deux tasses avec un livre aléatoire avant de monter, une ou deux heures avaient du passer quand je posais les tasses sur les tables de chevet et que je me retrouvais à le chevaucher, me penchant pour l’embrasser doucement, sans heurt, ni violence, juste des baiser éparse avant de souffler, « Je suis pas sur mais je pense que notre invité oses pas bouger », soufflais-je en faisant référence à des grincements que j’avais cru entendre. « Et j’ai un petit déjeuner qui vous attend monsieur Burbank. », soufflais-je après avoir embrassé son front et m’être assis à coté de lui. J’avais trop bougé dès le matin, mais je pouvais encore faire illusion sur le fait que je n’avais fait "que" préparer les pancakes non ?

     Un lit. Une place douillette dans un endroit chaud et propre. Comment dire ? Je ne savais pas trop. Je me posais milles questions qui à mes yeux, restaient sans réponses. Retrouver tout ce confort d’un coup, est assez déroutant, tout paraît totalement irréel dans ce camp, presque terrifiant. Comme si j’étais retombée à l’état sauvage, tel un animal n’ayant jamais connu la douceur et la chaleur d’un foyer, j’ai soudain peur, une fois que la porte est fermée. Evidemment, je ne m’attendais pas à dormir entre les deux garçons. Mais cette chambre me paraît trop grande, trop surréaliste, j’ai peur de m’y perdre durant la nuit pour ne jamais retrouver mon chemin. Dans cet univers sombre où tout est devenu régi par la loi du plus fort, ce petit endroit protégé semble reprendre une certaine hiérarchie, un havre de paix pour qui veut bien porter sa pierre à l’édifice. Par habitude, je reste entièrement habillée. Ne sait-on jamais, si je dois me faire attaquer, il faut que je puisse fuir l’endroit avec plus ou moins de rapidité… J’éteins la lumière. Acte une fois de plus qui me déroute ; oui, cette pièce a de la lumière. D’un pas lent, curieux, je m’approche de la fenêtre, guettant la rue plongée dans le noir. La lumière de la lune éclaire les lieux, et je crois ne repérer aucun mouvement suspect dehors. Aucun mort vivant ne passe, mais aussi, aucun survivants. Tous doivent dormir paisiblement à cette heure, profiter de leur maison avec d’autres survivants… Tout semble, calme. Tout est parfaitement sécurisé je dirais même. Avec un léger soupir, je finis par m’en retourner vers le lit. Je n’ai plus qu’à me reposer, qu’à profiter de ma nuit, à me reposer et surtout, à me ressourcer.

C’est au bout de longues minutes à bouger dans tous les sens que je m’endors finalement. Le calme, rassurant et paisible de la nuit, vient à nous enserrer de ses larges bras apaisants, et le calme fût. Dès les premières lueurs du jour, j’ouvre inévitablement les yeux. Je n’ai pas fermé les rideaux par perte d’habitude, j’aurais peut-être dû ? En effet, me voilà pleinement réveillée aussitôt que j’ai ouvert les yeux. Je souris légèrement, heureuse. Je me réveil et je n’ai pas mal au dos. On peut dire que c’est plutôt un beau début de journée. Par réflexe encore une fois, je me lève et vient ouvrir mon sac, avant de freiner mon geste. Les garçons ont dit qu’on déjeunerait ensemble. Ca ne serait pas égoïste mais plutôt respecter leur volonté que d’éviter d’économiser mes rations pour déjeuner avec eux. Aussi, je viens me poser contre la fenêtre plutôt. Will m’a demandé de ne pas me lever trop tôt, afin de ne pas réduire à néant tous ses efforts pour apprendre au soldat ce qu’est une grâce matinée. Aussi, je regarde le soleil un instant. Je n’ai pas de montre, mais vu la teinte du ciel je peux conclure qu’il est encore un poil trop tôt. Attendre que le soleil monte davantage ne serait pas de trop, j’en suis certaine. Aussi, je me contente de rester là, d’observer les gens passer dans la rue et de rêvasser. Si un jour je saute le pas. Si un jour je m’installe ici, je suis sûr que je pourrais recréer un salon de tatouage sans grande difficulté. J’aimerais le faire dehors en vérité, en zone neutre. Mais ici au moins, je serais protégée de tout… Mais en restant entre ses murs, je me prive de la clientèle qui se trouve dehors. Tout ceci reste à réfléchir. Déjà, je compte bien mener à bien le projet que Will et moi avons amené hier sur la table. Se trouver une maison ! Je compte ensuite reprendre doucement mon activité et tatouer ce cher Elias pour reprendre un peu la main. Puis tous les deux, on poussera ce cher Will a accepter mon intervention, aussi discrète soit-elle. Avoir au moins un tatouage quelque part, est important. Pour moi, un corps sans le moindre tatouage est encore une toile vierge, qu’il faut au plus vite honorer d’un dessin à l’encre. Soudain, j’entends bouger à côté. Ah ? Combien de temps ai-je pu rêvasser ? Saisissant presque la perche sonore que l’on me tend, j’ouvre ma porte lentement, essayant de ne pas faire trop de bruit. Je vais pouvoir descendre et les attendre gentiment au salon.

Un pas après l’autre, je me rends au canapé, dans lequel je m’assois rapidement, jambes croisées. C’est à dire qu’un tel confort, entourer de ces deux gars, je risque de prendre l’invitation d’Elias pour du sérieux et de passer les voir de temps à autre… En prévenant au préalable, c’est évident. J’aurais voulu cuisiner pour eux, mais rapidement je me freine. Je ne connais pas leur cuisine, je ne sais pas où ils rangent le tout nécessaire à la préparation… Hors de question de gâcher les ingrédients. Un faux pas, signifie perte d'aliments. Rapidement, j’entends les deux hommes descendre à leur tour. Les escaliers grincent sous leur poids, alors que je souris très légèrement. Ces deux bestioles sont plus lourdes que moi et moins discrètes, c’est indéniable.

- Bonjour vous deux, bien dormis ? J’ai pris une réservation pour la nuit avec déjeuner. Ce n’est pas trop tôt ?

Je souris largement, visiblement fière de ma petite blague. Je suis contente de partager ces retrouvailles autour de repas si bons. Mais même sans eux, je serais heureuse comme tout d’être en si bonne compagnie.

- Je peux aider ? Ça fait longtemps que je n’ai pas cuisiné.

Je ne sais pas si c’est rassurant, mais c’est une vérité. Je n’ai plus l’habitude de ça… Je n’ai pas confiance en mes mains maladroites, est-ce que eux oui ?

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Le réveil arriva trop rapidement, malgré la douceur avec laquelle Will fut tiré de son sommeil, il ne put s’empêcher d’ouvrir les yeux de mauvaise grâce et même d’emprisonner Elias dans ses bras dans l’espoir de réussir à le retenir encore un moment au lit. Une heure ou deux, voilà ce qu’il projetait exactement, jusqu’à ce que les paroles du soldat ne le ramène à la réalité. La nuit avait été trop courte, et c’était entièrement de sa faute certes, mais il en avait presque oublié Azia qui attendait quelque part dans la maison. Un soupir désespéré, voilà le premier son qui filtra entre les lèvres du jeune homme alors que la chaleur d’Elias lui échappait, le poussant au moins à se redresser pour de bon. “On va voler à son secours, promis.” souffla-t-il, encore trop endormi. Et loin de se précipiter hors du lit, il se redressa juste assez pour embrasser de nouveau Elias et laisser sa tête reposer sur son épaule, attrapant la tasse que lui tendit le soldat avec une certaine avidité. Le goût du thé lui arracha une grimace alors qu’il s’attendait à trouver l’arôme plus amère du café, mais il en avala quand même quelques gorgées avant de reposer sa tasse sur la table de chevet, subtilisant celle d’Elias par la même occasion pour l’éloigner aussi. “Mais avant ça…” Il se glissa sur les genoux du soldat et le repoussa contre la tête de lit tandis que ses lèvres redessinaient lentement les contours de sa mâchoire. “J’ai un réveil beaucoup trop matinal à te faire payer.” Il n’avait aucune preuve pour appuyer ses accusations, mais cela ne l’empêcha certainement pas de mettre en oeuvre sa torture devenue récompense lorsque ses assauts offrirent au soldat sa libération.

Alors seulement, Will accepta de se lever et de s’habiller et de descendre au salon, sa tasse à la main et un grand sourire aux lèvres. Il s’était rarement senti aussi bien, heureux et apaisé, comme si tout rentrait finalement dans l’ordre. Azia était déjà installée dans le canapé quand ils atteignirent le salon, leur sautant presque aussitôt dessus avec des questions. Ce qui aurait sans doute agacé Will n’importe quel autre jour de l’année, mais ce matin, il était de trop bonne humeur pour en être gêné. “Très bien dormi, et toi ?” demanda-t-il, joyeusement en lui offrant un sourire, avalant encore quelques gorgées de son thé désormais froid. Même ça ne le dérangeait pas, il rayonnait de bonheur par tous les pores, à en devenir presque fatigant. Et ça lui était complètement égal. “Pas trop dépaysant d’avoir un vrai lit et aucun rôdeur à l’horizon ?” Il se souvenait de sa première nuit à Fort Hope avec une clarté improbable, le silence tout juste brisé par les cris des animaux dans le parc, la facilité déconcertante avec laquelle il s’était abandonné au sommeil pour ce qui avait été, d’après lui, la meilleure nuit de sa vie. Il se rendit jusqu’à la cuisine, répétant presque inconsciemment les gestes de la veille pour mettre la table pour tous les trois. “Ton aide sera hélas inutile.” informa-t-il en avisant la pâte à pancakes déjà prête sur le plan de travail, son regard noir filant immédiatement vers Elias. “Mon homme a beau être un soldat entraîné à obéir aux ordres, il se montre incroyablement impertinent quand je lui ordonne de rester au lit jusqu’à une heure décente. J’imagine qu’on lui laisse trop de liberté ici.” Il s’offrit un détour jusqu’au dit soldat avant de retrouver la table, embrassant furtivement sa mâchoire. “Tu vas le regretter, mon amour.” souffla-t-il à son oreille; avant d’aller poser les assiettes et les couverts sur la table et de reporter toute son attention sur Azia. “Alors, impatiente de visiter Fort Hope ?”

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J’aimais beaucoup trop le réveiller, soyons honnête, sa façon de lutter était bien trop appréciable, tout autant que ses lèvres lorsqu’il se redressa finalement. Il n’allait pas me laisser le réveiller si facilement et il me fit payer de façon bien trop agréable l’affront que je lui avais fait. Étrangement je n’avais plus vraiment envie de rejoindre Azia à présent, j’avais davantage envie de le garder contre moi, qu’il le veuille ou non. Mais il m’échappa, descendant avec une énergie qui me surprit légèrement. Passant un t-shirt et remontant le reste, je le suivais en bas des escaliers ou il reçut une Azia ayant osé bougé avec force. Posant rapidement des questions quand à sa nuit, je le voyais partir pour mettre la table avant qu’un sourire ne perce la barrière de mes lèvres. Inutile d’aider, car j’avais en effet outrepassé ses ordres, et si il me le faisait regretter comme ce matin, j’étais prêt à recommencer autant de fois qu’il le faudrait. Avançant vers Azia, je lui embrassais le front pour la saluer avant de rejoindre Will, me glissant dans son dos pour le prendre dans mes bras, lui embrassant la nuque avant de souffler dans un rire, « Profites en, tu as visiblement un guide de bonne humeur qui va pouvoir tout te montrer. », le lâchant finalement, j’embrassais sa joue avant de partir dans la cuisine pour me lancer dans la cuisson de pancakes, ce qui ne dut pas me prendre plus de dix minutes à tout cassé. Je me doutais bien que la conversation avant du avancer quand je reviens pour servir tout le monde, lâchant toujours volontairement un pancakes de plus Will avant d’aller tout déposer dans la cuisine et revenir à ma place. « Je sais pas ce que vous avez prévu, mais j’aurais sans doute des cours à donner quand même », et je ne pouvais pas y couper je pense. J’avais commencé à vire ma vie sans me soucier de Will, mais là on avait Azia en plus, ca changeait beaucoup de chose.

N’en ajoutant pas plus, j’avais commencé à manger, restant sur du thé alors que la cafetière trônait sur la table. Même si la nuit n’avait pas de tout repos, la faute à Will, je ne dormais jamais aussi bien que depuis qu’il était là. Alors l’un dans l’autre, même si je ne dormais pas aussi longtemps qu’il le voulait, je n’avais pas besoin de caféine. Simplement d’un thé qui restait une de mes grandes passions. « Si j’ai pas le temps tu pourrais passer nourrir les lapins ? », demandais-je soudainement à Will, il avait l’air de bonne humeur, autant en profiter non ?

Elias vient m’embrasser sur le front pour me saluer, les deux visiblement de très bonne humeur. Will, n’avait pas tort. Dormir dans un lit était assez déroutant, mais même si j’avais eu du mal à me coucher simplement, sans réfléchir à comment barricader le lieu, rester sur un sommeil léger, j’avais finalement dormi très bien, presque comme un bébé si on peut dire. J’ai dû dormir bien plus que d’habitude. Déjà parce qu’on s’est couché pas trop tard, et ensuite parce qu’on peut le dire,  j’ai dormi d’une seule traite. Et c’est très reposant, d’avoir un sommeil sans la moindre interruption, ce n’était plus arrivé depuis très longtemps.

- Un sommeil complet en effet, merci, c’était sympas...

J’écoute paisiblement les deux, les regardant se faire des mamours, se lancer des piques amusantes, avant qu’Elias n’annonce la mauvaise nouvelle. Comment ça, il ne viendrait pas ? Lui qui hier soir ne souhaitait pas mon départ semble songer, seulement songer, à s’éclipser pour donner des cours. Je suis sûr que ses élèves ne lui en voudront pas s’il arrive en retard voir pas du tout pour une fois. Quel élève n’a jamais été heureux d’apprendre qu’un prof était absent ? Toutefois, une idée me séduit, quand il parle de lapins. Sérieusement ? Il en a ? Je serais plus que ravi, de pouvoir aller gratouiller de jolis bestioles sans avoir à les tuer pour le dîner. Même si je me doute qu’il s’agit de leur avenir, au moins moi, j’aurais eu le loisir de leur voler un brin de tendresse avant.

- Elias, tu ne vas pas t’enfuir quand même ? Justement ! J’ai un guide de bonne humeur, alors viens avec moi en profiter. Puis tu ne vas pas me dire que je te casse déjà trop les pieds, hein ? Tes élèves seront contents d’apprendre que t’as dû montrer les lieux à une touriste ! S’ils te font la tête, tu n’auras qu’à leur proposer un tatouage gratuit en échange !

Oui. Maintenant que j’ai une machine grâce aux deux loulous, je compte bien reprendre du service. Mais l’heure est surtout à autre chose. A savoir, encourager Elias à venir. J’ai des tas de questions, j’ai des besoins, j’ai envie de voir les deux séparément, histoire de leur raconter pleins de choses, d’en entendre aussi sur eux. Mais aujourd’hui, je suis surtout vraiment heureuse de les avoir tous les deux avec moi. Même si, j’aimerais que mon passage se fasse le plus discrètement possible dans une telle communauté, je suis sûr que le chef de ces lieux, n’en voudra pas trop à Elias s’il prend ne serait-ce qu’une matinée de congé ! En plus, ça serait pour vanter les mérites du camp. Et en plus, quoi qu’il arrive, les lapins seront nourris. On peut donc affirmer que si Elias nous accompagne, les pertes engendrées seront franchement négligeables.

- Puis tu ne vas pas me laisser seule avec Will. T’imagine les deux catastrophes, seuls, dans un camp ? Non, non non ! Mauvaise idée. On a besoin de surveillance. D’une escorte aussi efficace que peut l’être un certain soldat.

Me levant, tout en parlant, je viens doucement m’appuyer sur l’épaule de Will avec mon coude. Histoire qu’on soit bien deux, dans son champ de vision, à jouer de nos yeux de chiots pour qu’il vienne. Histoire que pourquoi pas, la vision de deux vieux complices en train de faire des bêtises dans un camp puisse naître dans son esprit. Après tout, Elias m’a connue dans mes années folles lui aussi…

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La dégustation des pancakes - ou du moins de ce qu’Elias avait cuisiné et qui s’en rapprochait le plus - fut rapidement gâché par une nouvelle assez surprenante et le jeune homme reposa ses couverts en levant le nez vers le soldat. Comment ça, donner des cours ? Will était peut-être effectivement d’excellente humeur, mais il n’avait aucune intention de servir de guide tout seul, il n’était même pas un résident de Fort Hope… Sans compter qu’en dehors de sa propre visite des lieux, il ne sortait quasiment jamais de cette maison. Il n’aurait pas su quoi montrer à Azia même s’il l’avait voulu. Et il avait bien l’intention de faire savoir tout cela aussi vivement que possible, mais la jeune femme le devança en s’opposant elle aussi à l’idée de se retrouver seule avec lui pour cette balade. Brièvement, Will leva les yeux vers elle quand elle vint s’appuyer contre lui, se demandant un instant comment il était censé prendre cette réaction, mais il laissa son ego souffrir en silence pour reporter toute son attention sur Elias. Il prit la main du soldat et s’efforça de lui offrir la mine la plus adorable qu’il ait en magasin. “Pas le choix, tu dois venir avec nous.” insista-t-il à son tour. “De toute façon, même en faisant tout le tour du camp, il ne devrait pas y en avoir pour plus d’une demi-heure, non ? C’est l’histoire d’une rue et demie.” Même en prenant leur temps, ils n’allaient pas perdre la matinée.

Rapidement, Will retourna à son assiette et mangea en silence les quelques crêpes empilées dessus en s’efforçant de retrouver sa joie de vivre. Et il y était presque parvenu quand il termina son petit-déjeuner sur une tasse de café bien méritée. Il fut le premier à se lever et à insister pour que la vaisselle soit remise à plus tard, obligé de mentir en affirmant que ça occuperait un peu de son temps de pauvre homme au foyer désespéré, et il était déjà prêt à passer la porte d’entrée de la maison bien avant ses deux comparses. “Allez, venez avant que je ne me fâche.” Peut-être que le café n’était finalement pas nécessaire pour lui ce matin, il était vraiment surexcité et dut prendre sérieusement sur lui pour ne pas courir quand ils retrouvèrent enfin la rue déjà légèrement animée. Il prit presque naturellement le chemin du parc, étant plus ou moins le seul endroit qu’il connaissait vraiment en dehors de la maison d’Elias, assez surpris d’y découvrir d’autres survivants déjà affairés à nourrir les animaux et surveiller les jardins. La présence d’un public remit les choses en perspective et le calma au moins un peu, il se força à ralentir le pas pour rester près d’Elias, comme s’il avait peur que quelqu’un ne vienne soudainement lui adresser la parole s’il avançait tout seul. Ce qui était plus ou moins le cas, en fait. “Plutôt sympa, hein ?” demanda-t-il en surveillant Azia du coin de l’oeil. Il se souvenait du malaise qu’il avait ressenti en passant les portes du camp la première fois, ses pensées se tournant inévitablement vers la ferme, vers Aiden et vers tout ce qu’ils avaient perdu à l’époque et il surveillait le visage de la jeune femme comme s’il s’attendait à y voir les traces des mêmes souvenirs.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Elle jouait à quoi ? Et il jouait à quoi justement ? Les regardant tenter de me convaincre de ne pas travailler et de m’occuper d’eux était un peu… Mignon ? Azia était bien plus crédible comme pauvre enfant, mais lui. C’était intéressant de le voir réclamer avec innocence quelque chose. Je ne sais pas quelle mouche l’avait piqué, mais ça changé de d’habitude. « Ok, ok, je viens. », même si plus je restais tard dans la journée avec lui, moins j’avais envie de bosser. Il connaissait le piège pour l’avoir déjà expérimenté une paire de fois. Heureusement que le monde ne tournait plus rond, sinon cela ferait bien trop longtemps que l’on m’aurait viré. Quoi que je ne serais sans doute pas aussi paniqué à l’idée de vivre. Essayant de faire la vaisselle, Will m’en empêcha, ne me laissant donc qu’une seule solution, sortir. Passant un pull, je l’avais rejoints dehors avec Azia sur mes talons, récupérant Will à mes côtés avant de glisser mes doigts entre les siens sans prendre en compte les gens que l’on pouvait croiser. Surtout, je créais une intimité qui pouvait rebuter certaines personnes, comme ce gars de la sécurité qui s’avança d’un pas décidé avant de réaliser que j’étais proche de Will et aussi de réaliser que je lui tenais la mains. Il y avait eu un moment d’arrêt avant de faire demi-tour. Bon, au moins l’on ne viendrait vraiment pas nous voir. « Technique imparable. », avais-je soufflé plus pour Will avant qu’il ne tente de faire passer Fort Hope pour quelque chose de plus agréable.

« Je suis persuadé que tu pourrais t’y plaire, vraiment. », soufflais-je avant de traverser le jardin, lâchant Will pour caresser le chanfrein d’un des chevaux du camps. Même eux avaient l’air paisible. « Du coup les animaux, avec Gladys là-bas… », déclarais-je en désignant une chèvre au loin. M’avançant fièrement vers les lapins, j’eus un mouvement d’arrogance avant de reprendre dans un sourire, « Et là les lapins que j’ai ramené pour nourrir tout le monde ! », mon seul éclat de génie, bon ok, j’avais fait le coup avec Logan, mais c’était mon idée de base à moi. Et pour une fois que je pensais autrement qu’avec mon fusil, fallait me féliciter non ? Quoi qu’il en soit la vie était simple ici, plus pratique, plus agréable. J’étais peut-être un peu trop optimiste, mais la faute à Will, son excitation déteignait sur moi, clairement.