J’ai entendu dire qu’il y avait un nouveau, arrivé depuis peu de temps à Fort Hope. Un type avec plein de tatouages et qui apparemment, avait même été tatoueur avant tout ça. Un sourire triste s’affiche sur mon visage, alors que je me souviens de la réaction que papa avait eu, le jour où je lui avais demandé la permission d’être tatouée. J’étais beaucoup trop jeune qu’il disait! Bon, il avait sûrement raison, vu qu’à l’époque je n’avais que 10 ou 11 ans. Un tatouage ça reste pour toujours. Mieux vaut être certain de ce qu’on veut comme dessin.

J’ai toujours été fascinée par les tatouages. Peut-être parce que papa en avait plein les bras et qu’il était mon héros. Quoi qu’il en soit, j’ai bien envie de rencontrer ce nouveau. Je sens qu’on pourrait peut-être bien s’entendre.

Je me souviens à quel point j’étais désorientée et intimidée, lorsque je suis arrivée à Fort Hope. Du coup, je compte bien aller lui souhaiter la bienvenue. Ça doit faire au moins 5 fois que je traverse Fort Hope en espérant tomber «par hasard» sur lui. Bon zut! Apparemment il doit être à la maison. Je vais me pointer chez lui et aller me présenter directement, tiens! Ça se fait ça, non? Entre voisins, je veux dire.

Je me retrouve alors devant la maison de cet inconnu et je frappe trois fois à sa porte. J’espère qu’il est sympa et qu’il ne me traitera pas comme une conne, parce que j’ai 13 ans. Les adultes sont doués pour faire ça, parfois. Comme si on ne pouvait pas se montrer utile. Heureusement à Fort Hope, ça n’a pas l’air de fonctionner de cette façon, même les enfants peuvent se rendre utile. Je l’ai découvert assez rapidement, puisque c’est Ryan qui m’a accueilli ici. Je me souviens que j’avais été agréablement surprise de voir un adolescent s’occuper de la sécurité de Fort Hope. Je n’aurais pas cru, moi-même, trouver ma place aussi rapidement. Comme si j’espérais le rassurer, je m’adresse à lui à travers de la porte :

«Y a quelqu’un? J’ai su que t’étais nouveau ici, alors je suis venue pour me présenter et te dire bienvenue!»

Je reste planté là, attendant qu’il vienne m’ouvrir. J’espère qu’il a été aussi bien accueilli que moi. Je me demande s’ils ont tendance à se montrer plus délicat avec une gamine qu’avec un adulte? Je suis pourtant loin d’être un ange, mais ça, je me suis bien gardé de leur dire. Ce que j’ai fait, je l’ai fait parce que je n’avais pas d’autre choix. Je reste persuadé qu’on a tous dû faire des choses douteuses dans ce nouveau monde de m*rde! Au moins ici, on est un peu plus confortable que dehors, dans les rues. Il le découvrira assez rapidement, j’espère. Sait-ont jamais, peut-être que ça lui redonnera un petit peu d'espoir à lui aussi?

Il vient enfin ouvrir la porte et m’accueille avec plaisir. Il me dit qu’il est plutôt content d’avoir de la visite et ça me fais plaisir d’entendre ça! Je suis surprise de le voir en sous-vêtement, je pense qu’il n’attendait personne! J’en profite alors pour regarder les tatouages qui recouvrent son corps. Ils sont vraiment magnifiques, et lui aussi il est plutôt mignon! Je rougis à cette pensée, puis je prends la parole, comme pour me changer les idées :

«Wow! Sérieux, ils sont super beaux tes tatous.»

Bon, je ne vais pas lui dire qu’il est super beau lui aussi, hein. Je suis déjà assez gênée comme ça. Il se présente et m’invite à entrer, avant de se faufiler à l’intérieur de la maison pour aller mettre un pantalon. Il s’appelle Ezra. C’est plutôt original et c’est un nom qui me plait!

«Moi c’est Lola.»

Marmonnais-je avant de le suivre à l’intérieur. Je reste tout de même sur mes gardes et j’observe les alentours, méfiante. Un réflexe dont je n’arrive toujours pas à me débarrasser, comme si j’avais toujours peur qu’un rôdeur se jette sur nous. Elles sont sournoises ces fichus créatures! Les humains ne sont pas toujours mieux.

«Alors? T’en avais marre de vivre dans la rue, toi aussi?

Tu vas voir, ici c’est bien mieux. Ils ont même un jardin.

Oh, et on peut prendre des cours si on veut apprendre un truc. J’ai choisi d’apprendre à me défendre avec un couteau. C’est bien, parce qu’ici ils ne m’ont pas traitée comme une gamine arriérée.»

Je lui souris. Je sens bien qu’il ne me traitera pas comme une débile lui non plus. Ce qu’il dégage me plait déjà. Pas parce qu’il est hyper canon et torse nu, mais surtout parce qu’il semble vraiment sympa. Je vais finir par croire qu’il n’y a que des gens cool qui atterrissent ici! Aujourd’hui je me sens particulièrement de bonne humeur, et il faut dire que ça faisait un bail que je ne m’étais pas senti comme ça! En fait, c’est la première fois que j’ai sincèrement envie de sourire depuis la fin du monde. Cet endroit est vraiment super et je suis contente d’y être, même si au fond papa me manque énormément. Je n’arrive pas à croire qu’il ne soit plus là. Je me sens presque coupable de ressentir tout ce bonheur, alors que lui n’en ressentira plus jamais. Mais p*tain il faut que je passe à autre chose, je n’ai pas trop le choix. Parce que là, y en a trop marre d’être malheureuse!

Je m’avance dans la maison de cet inconnu tatoué. Il me fait une place où m’asseoir et il me propose une bière, en spécifiant que ce sera notre secret si jamais je n’avais pas le droit d’en boire. J’affiche un grand sourire. Je me doutais bien qu’il était cool, ce type!

«Ouais, j’aimerais bien une bière.»

En fait, je n’ai aucune idée de ce que ça peut bien goûter, mais j’ai bien envie de le découvrir. Je vais m’asseoir sur le canapé et je regarde un peu partout autour de moi, comme par reflexe. Puis il m’avoue qu’il trouvait également cela difficile à l’extérieur et qu’il avait ressenti le besoin de trouver un endroit comme Fort Hope. Un petit paradis!

«Ouais, c’est sûr que ça n’a rien à voir avec l’extérieur, hein.»

Il me parle ensuite de ses tatouages et de ses parents qui n’ont jamais aimé ça. Ça me fait rigoler.

«Papa en avait plein les bras, des tatous. J’ai toujours trouvé ça artistique. Mais il disait que j’étais trop jeune pour en avoir un. Je détestais quand il me disait ça…»

Restant silencieuse un moment, je réalise que j’ai parlé de papa au passé et que ça me rend triste. Pourtant je sais bien que s’il ne m’a pas retrouvée ici, ça veut tout dire. Me voilà maintenant orpheline, comme surement bien des gens dans ce monde pourri! Puis je chasse cette pensée et reprend sur un ton un peu plus positif :

«En tout cas, moi je les aime bien tes gribouillages!»

Je rigole en douceur. Les blessures sont encore récentes, et je ne sais pas si ça finira par passer. Perdre maman, au début, ça avait déjà été très difficile, mais là perdre papa, c’était encore pire. Ces deux dernières années passées ensemble nous avait tellement rapprochés. Même si par moment il m’énervait solidement, je tenais à lui. Maintenant que je l’ai perdu, je le réalise.

Heureusement que j’ai atterri dans un endroit comme Fort Hope, avec des gens sympa et accueillant, parce que sinon je ne sais pas comment j’aurais pu traverser cette épreuve toute seule. Ni même survivre seule, d’ailleurs.

Je fixe alors Ezra. Je me demande s’il a perdu des gens qu’il aimait lui aussi. S’il a vécu à l’extérieur, c’est presque inévitable. Peut-être que lui aussi Fort Hope, la sauvé.

«En tout cas, j’espère que ça n’a pas été trop dur pour toi dehors, parce que franchement c’était la vrai m*rde! Les gens sont prêt à n’importe quoi pour un bout de pain…même nous, on a fait des trucs vraiment pas cool.»

Je baisse la tête, me rappelant toutes ces fois où j’ai dû faire diversion pendant que papa dépouillait la nourriture des gens. Ce n’était pas de notre faute, puisqu’on ne savait rien faire d’autre pour survivre, mais ça craint quand même. Des fois je me demande si papa avait vraiment une conscience.

Il me dit qu’il vaut mieux attendre d’être plus âgé pour avoir un tatouage, mais qu’il pourrait bien m’en prévoir un pour plus tard. Il mentionne également qu’il ne pense pas pouvoir s’en refaire. Je me demande bien pourquoi, du coup je lui pose directement la question.

«Pourquoi est-ce que tu ne pourrais plus te faire des tatouages? Moi j’aimerais bien en avoir un, c’est clair. Je sais déjà ce que je voudrais, en plus. Un tout petit lapin. Juste là.»

Je pointe mon poignet tout en souriant, puis je prends une gorgé de bière. Je grimace en découvrant le goût amer du liquide, mais je prends quand même une deuxième gorgé. Ça fait un moment que j’ai envie de ce tatouage. Peut-être parce que j’aimerais arriver à dormir sans Boubou, mon fichu lapin en peluche! Je me dis que si j’avais l’image d’un lapin, ça suffirais peut-être à me réconforter. C’est un peu pathétique de devoir dormir avec une peluche à 13 ans!

Il me parle alors de comment ça se passait pour lui dehors et il me demande ce qu’il en était pour moi. Puis, il se ravise, me laissant savoir que si ses questions sont trop indiscrètes, je ne suis pas forcé d’y répondre. Il me propose même de regarder ses dessins, et le voilà déjà debout pour aller les chercher! Je décide tout de même de répondre à ses questions, d’un ton plutôt désinvolte.

«Non, j’étais avec papa, mais ça craignait grave.»

Je m’empare de son cahier de dessin et je commence à le feuilleter. Je m’attarde attentivement sur chacune des images, prenant le temps d’admirer ses dessins. C’est qu’il est foutrement doué! Je suis presque jalouse. J’ai toujours adoré les arts, sous toutes ses formes, mais le dessin ça n’a jamais été mon truc. J’ai toujours été plus douée en danse, en gymnastique et en théâtre. Je souris à cette pensée, puis je continue à lui parler de ce qu’était l’extérieur pour moi.

«Ont étaient obligé de voler les gens pour pouvoir manger, mais ça ne marchait pas toujours, alors on crevait de faim. On se disputait tout le temps. Puis, un jour, bah...il a disparu…alors je suis venue ici. Il m’avait fait promette de venir ici, si on était séparés. Mais je ne pense pas qu’il va revenir, lui…»

Je baisse la tête un moment, puis je m’arrête soudain sur un dessin que je trouve particulièrement joli.

«Ça me plait ça! C’est vraiment joli! T’es trop doué, Ezra!»

M’exclamais-je avec enthousiasme, comme si tout ce que je venais de lui raconter n’était que banalités. Au fond, c’est ça le monde maintenant. Alors autant s’y habituer tout de suite, non?

Il m’explique qu’il faudrait qu’il arrive à trouver un bon tatoueur, car c’est plutôt compliquer de se tatouer soi-même. C'est vrai que ça ne doit pas être facile de le faire soi-même. En plus, il y a des endroits où ce n'est tout simplement pas possible.

«Et sinon, c’est lequel ton tatouage préféré?»

Il semble bien aimer mon idée de tatouage. Je lui souris, alors qu’il me dit ne pas en avoir représentant un lapin, mais apparemment, il en a un pikachu. Ce qui, selon-lui, revient presqu’au même. Je lui souris, amusée.

«Haha, ouais, on va dire que c’est pareil. Mais je préfère quand même un lapin!»

Je me marre. Le lapin est peut-être mon animal favori, mais c’est surtout pour remplacer mon fichu lapin en peluche que j’aimerais en avoir un. C’est comme si c’était devenu un animal rassurant pour moi.

Puis on aborde le sujet de mon père et il me dit qu’il est désolé et qu’il espère que papa me rejoindra ici. Je ne pense pas qu’il le fasse, mais bon, je n’ose rien dire. À quoi bon casser l’ambiance? Je me contente de boire ma bière, à grande gorgée, me concentrant alors sur ses dessins. Ils sont magnifiques et ça me fait du bien de pouvoir admirer les œuvres d’un artiste. Dans la rue, ont n’avais jamais le temps pour ça. Même si je ne dessine pas, je suis aussi une artiste dans l’âme et j’aime tous les types d’arts.

C’est alors qu’il me propose de me donner le dessin ou alors de me dessiner un lapin. Il ajoute même qu’il y a des lapins dehors et qu’on peut aller les voir si ça me dis. Je me relève, d’un bon, particulièrement enthousiasme!

«C’est vrai? Il y a des lapins, ici? Bah ouais, j’aimerais bien aller les voir! Mais, j’aimerais bien aussi que tu m’en dessine un…surtout si tu me laisse te regarder dessiner.»

Je rigole. Je sais bien que certaines artistes détestent qu’on les regarde travailler, mais étant tatoueur, il ne devrait pas avoir ce problème, non?

Ne tenant pratiquement pas sur place, je réalise que je suis particulièrement de bonne humeur. Est-ce que c’est ça l’effet que fait l’alcool? Si c’est bien ça, je peux comprendre pourquoi les adultes en abuse parfois. J’affiche un grand sourire en direction d’Ezra. Il est vraiment trop cool, ce type! Je suis contente d'avoir osé frapper à sa porte.

Je regarde le tatouage que me montre Ezra, un grand sourire aux lèvres. Il est très coloré et ça me plait. Il y a beaucoup de gens qui se font tatouer des choses tellement déprimante. La vie craint déjà assez comme ça, non? Si un jour je me fais tatouer autre chose qu’un lapin, ce sera clairement quelque chose de joyeux et coloré!

«Ah ouais, il est trop beau! J’adore.»

Il propose alors de me faire ce fameux dessin au parc, où se trouve les lapins. C’est une excellente idée et je le suis donc jusqu’à l’extérieur. Alors qu’on marche dans les rues de Fort Hope, je fixe Ezra sans gêne. Il est vachement canon, ce type, et j’adore trop son style! On dirait bien qu’il est sympa en plus! Mais ils sont où ses défauts? Cette pensée me fait marrer, alors qu’il me demande pourquoi j’aime les lapins, tandis que les autres filles sont plutôt chat ou poney. Je rigole à nouveau. Je ne suis clairement pas les autres filles, je ne l’ai jamais été.

«Ça a toujours été les lapins. Ils sont calmes, méfiants, ils savent se cacher du danger et ils ont un caractère de cochon! Maman disait toujours que si je les aiment autant, c’est parce que je suis comme eux.»

Je pouffe de rire. J’arrive enfin à rigoler, même lorsque je pense à maman. Est-ce que c’est un bon signe ou pas? J’imagine que oui, même si elle me manque toujours autant.

Ezra me demande alors si je connais d’autres jeunes de mon âge et si on doit aller à l’école ou pas.

«Y a Ryan, qui m’a accueillie ici. Il est vraiment sympa. J’habite avec lui, ses frères, sa sœur et Harvey. On ne va pas à l’école, non, mais on doit aussi travailler et on peut suivre les cours qu’on veut pour apprendre des trucs. Adam, le forgeron, est en train de me montrer à me défendre avec un couteau. Je l’assiste à la forge aussi! C’est trop cool.»

Je fixe à nouveau Ezra, alors qu’on entre enfin dans le parc. Je suis tellement excitée à l’idée de revoir des lapins, que je peine à tenir en place!

«Et toi? Tu fais quoi pour occuper tes journées? Ils t’ont donné du boulot?»

Pendant qu’on marche, je ne peux m’empêcher de fixer Ezra et surtout ses tatouages. Ce type d’art ma toujours passionnée. Mais comment ils font pour être aussi doué en dessin? Comme j’aimerais avoir ce talent-là!

«Ah non, ils sont tellement sympa et ça fait tellement du bien de passer un peu de temps avec des enfants et des ados. J’aide un peu Ryan avec les plus jeunes. Puis, pour la forge, si tu voyais le forgeron, tu ne trouverais plus ça trop surprenant pour une fille!»

J’éclate de rire. Est-ce que je viens vraiment de lui dire ça? C’est vrai que c’est difficile de ne pas avoir une amie à qui me confier, surtout en ce qui concerne les garçons, mais je ne vais quand même pas commencer à me confier à cet homme adulte, non? Pourtant je sens qu’il pourrait m’écouter.

«Nah, c’est vrai qu’il est super canon Adam, mais en fait j’ai toujours aimé travailler de mes mains. J’aimais beaucoup la sculpture avant, et la forge ben ça y ressemble un peu.

Sinon pour les armes, j’ai choisi au couteau parce que c’est la seule arme que j’ai…mais surtout parce que c’est silencieux et qu’on n’a pas besoin de balle.»

Il semble surpris. C’est vrai qu’avant ont aurait rarement vu une petite fille en train d’apprendre à combattre à l’arme blanche. Mais maintenant c’est comme ça, pas le choix de faire avec. Il faut qu’on se montre courageux, même si on l’est pas vraiment.

«Y faut pas hésiter. Si j’suis capable, t’es capable aussi, hein! Tu veux apprendre quoi au juste? Si tu ne veux vraiment pas te battre, je peux t’apprendre à éviter les monstres, mais je pense que tout le monde devraient savoir se défendre, maintenant.»

Alors qu’Ezra m’explique où il bosse en ce moment, nous passons sous une branche et il me tend la main pour que je ne glisse pas. Je sais bien que j’aurais pu me débrouiller sans tomber, mais je prends quand même sa main. Pourquoi pas? Il est pas mal canon lui aussi! À croire qu’il n’y a que des types canons dans les parages. Ou peut-être que j’ai été toute seule avec papa, pendant trop longtemps.

Ezra me demande alors si j’ai déjà eu, ou si j’ai, un animal de compagnie.

«Non, j’en ai jamais eu et toi?»

Puis, je remarque aussi le lapin noir.

«Oooh! Mais c’est vai qu’il est trop trognon, celui-là!»

Je me précipite sur lui, pour le prendre doucement dans mes bras. J’avais presque oublié comme ça pouvait être doux et rassurant, un animal. Il à peur et je le caresse pour tenter de le calmer.

Mon regard se dirige vers Ezra et je lui souris. Là, à cet instant précis, je réalise que je ressens une chose que je n’avais pas ressentie depuis bien trop longtemps. Pour la première fois depuis la fin du monde, je me sens enfin heureuse. Je caresse à nouveau l’animal qui s’est blotti dans mes bras, le regard toujours nerveux. Je pense que je pourrais rester ici pendant des heures, sans me lasser de caresser les lapins.

«Merci de m’avoir apporté ici, Ezra.»

Je suis heureuse de voir que mon commentaire sur Adam fait marrer Ezra. Il me demande même à quel point est mignon cet Adam, en précisant qu’il se souviendrait de lui s’il l’avait croisé et qu’il était aussi canon. Je rigole à mon tour.

«Il est genre…méga canon! Imagine, la première fois que je suis allé à la forge, il était en train de forger torse nu, à cause de la chaleur.»

Je secoue ma main devant moi, faisant mine d’avoir chaud.

«Mais bon, il est bien trop vieux pour moi, lui, hein. Puis c’est pas le seul mec mignon à Fort Hope. Ryan aussi il est mignon.»

Cette fois je crois bien que j’ai rougis. C’est sûrement parce que Ryan me plait beaucoup, mais ça je me garde de le dire pour le moment. Il l’aura peut-être deviné de toute façon, vu que j’ai le visage rouge tomate. Il me demande alors si je suis une artiste moi aussi et je souris.

«Oui, j’aime beaucoup les arts. J’ai fait du théâtre, de la danse, de la sculpture, un peu de musique aussi. Par contre le dessin, j’y arrive pas. Aucune idée comment vous faite!»

Je souris à nouveau, alors qu’il m’avoue qu’il aimerait apprendre à manier les armes à feu, mais qu’il ne sait pas s’il est prêt pour ça. C’est vrai que les flingues ça peut faire peur. Je n’aurais pas vraiment envie d’y toucher moi-même. En tout cas, pas pour l’instant.

Il me parle ensuite de son chien, qu’il avait étant enfant. Il préférait toutefois les chats et il aimerait en trouver un. C’est vrai que les chats sont mignons, mais ça n’a jamais été mes animaux favoris. Clairement, je préfère les lapins. Ils peuvent se montrer tellement doux…et parfois tellement dur. Ezra semble ravi de me voir contente, il m’invite même à revenir ici en sa compagnie, puisqu’il vient régulièrement.

«Ah c’est clair que je vais revenir! Ils sont bien trop mignons.»

À la dernière phrase, j’ai pris une petite voix enfantine tout en m’adressant au lapin que je tiens toujours dans mes bras. Il promet alors de me tatouer plus tard, sous certaines conditions. Je suis bien contente d’entendre ça, même si j’aurais bien aimé qu’il me fasse ce tatouage maintenant. Mais c’est vrai qu’aucun tatoueur considéré comme étant raisonnable n’accepterait de tatouer une ado de 13 ans!

Voyant qu’il sort son cahier de dessin et qu’il commence à y faire des croquis, je dépose le lapin pour qu’il retourne avec ses potes, et je vais rejoindre Ezra. Il m’a fait une place à côté de lui et je m’y installe pour pouvoir le regarder dessiner, fascinée par chacun des mouvements de son crayon.

Je ne peux m’empêcher de rire en même temps qu’Ezra. Je n’arrive pas à savoir si c’est cette unique bière qui me délie la langue, ou tout simplement parce que je me sens à l’aise avec ce type, que je connais pourtant à peine. C’est vrai qu’il est plutôt sympa, en plus d’être trop cool pour un adulte! Avec Adam, ça m’a un peu fait le même effet. Il m'arrive maintenant de lui donner un coup de main à la forge! Ça fait un peu bizarre d’avoir des adultes comme amis, mais le monde a tellement changer et je suis restée seule avec papa pendant tellement longtemps. Après avoir passé tout ce temps avec lui, je crois que je pourrais bien m’entendre avec n’importe qui!

«Ah oui, ça vaut clairement la peine de passer par la forge!»

Je ris à nouveau, avant de me concentrer sur les dessins fait par Ezra. Observant le moindre de ses gestes. Il est vraiment très doué et son style de dessin me plait beaucoup. J’en remarque un, qui me plait particulièrement et je le pointe aussitôt.

«Celui-là je l’adore! Il est trop mignon. Ce serait parfait pour un tatouage!»

J’avoue que si j’avais à choisir un tatouage, il ressemblerait surement à celui-là. Simple et mignon. Puis le tatoueur me parle alors de Ryan, me demandant s’il me plait et quel âge il a. Je rougis encore, n’ayant pas trop l’habitude de parler de ces choses-là. C’est la première fois qu’un garçon me plait vraiment, alors je ne sais pas trop comment m’y prendre. C’est dans des moments comme ceux-là que j’aimerais bien pouvoir parler à maman. Je me demande ce qu’elle penserait de Ryan. Je suis certaine qu’elle l’adorerait.

«Bah ouais…il est gentil, généreux et…canon en plus. Je ne sais pas s’il aime les lapins, mais je lui demanderai. Les plus jeunes vont adorer, c’est certain! Son âge? J’sais pas trop…15 ou 16 ans je crois.

Mais je ne sais pas du tout ce qu’il pense de moi. Il m’a invité à habiter chez lui, alors j’imagine qu’il ne me déteste pas.

Et toi? Tu aimes les garçons si j’ai bien compris? T’as un copain, ou quelqu’un qui te plait?

Pour le forgeron, c’est dommage, parce que vu la façon dont il regarde sa coloc, je pense qu’il aime beaucoup les filles!»

Je rigole. Heureusement que Zayna, la colocataire en question, n’est pas là pour m’entendre.