Anja venait tout juste de terminer son tour de surveillance, sur l’une des tours du camp, lorsqu’elle rejoignit cette maison qu’elle partageait avec sa sœur, Cassie, à quelques mètres de là. La maison était encore silencieuse, il fallait dire qu’il était assez tôt, le jour venait à peine de se lever, et pourtant, malgré les heures passées dans le froid, à scruter les alentours d’un œil attentif, la jeune lieutenant de police ne se sentait pas fatiguée. Enfin, ce n’était pas tout à fait exact. Elle se sentait épuisée, moralement, parfois même émotionnellement, mais son corps, lui, était bel et bien alerte. Tant pis, elle attendrait que Morphée veuille bien se présenter à elle pour monter se coucher.

En attendant, elle s’était laissée tomber sur le canapé de ce grand salon, dans cette maison qui ne leur appartenait même pas, et dans laquelle elles avaient trouvé refuge après leur arrivée à Fort Hope. L’espoir…un sentiment qui devenait de plus en plus inconnu à Anja, au fur et à mesure que les jours passaient. Oh bien sûr, elle avait gardé espoir pendant de longs mois, lorsqu’elle avait fait le périple de rejoindre Détroit depuis Washington pour retrouver Cassie, mais maintenant que les deux sœurs étaient réunies, et qu’elles n’avaient aucune nouvelle de Paul, la policière se sentait chaque jour un peu plus maussade. Il fallait dire également que les violentes disputes qui l’opposaient trop souvent à sa cadette n’arrangeaient en rien son humeur. Elles n’étaient plus capables de pouvoir se parler depuis de longues années déjà, autant dire que cette cohabitation forcée qui était la leur depuis quelques mois, ne convenait à aucune d’entre elles. Les frangines Deluca avaient beau essayer de passer le plus de temps possible éloignées l’une de l’autre, ce n’était jamais suffisant, et leurs retrouvailles se soldaient à chaque fois par de nouvelles piques, et des prises de bec à n’en plus finir. Ça en devenait même invivable, elles en avaient sans doute toutes les deux conscience, et pourtant, elles étaient toujours là, à partager le même toit, et à attendre la prochaine engueulade.

Affalée sur le canapé, la tête rejetée sur l’appui-tête, la brune resta pensive un long moment, en fixant le lustre, comme si elle pouvait voir au travers dans la chambre de Cassie, qui dormait juste au-dessus. Elle ignorait comment parler avec sa sœur, dans de bonnes conditions, pire encore, Anja n’était même pas certaine d’en avoir envie. Elle poussa un long soupir, et récupéra son arme de poing, celle qu’elle avait posé à côté d’elle sur le canapé, quelques minutes plus tôt. Puis comme à son habitude, lorsqu’elle avait la tête pleine d’interrogations, la jeune femme commença à démonter son arme pour la nettoyer consciencieusement, même si l’opération n’était pas vraiment nécessaire pour autant. Quelques minutes ne s’étaient pas écoulées depuis qu’elle avait commencé lorsqu’un bruit se fit entendre depuis l’étage, un craquement, un coup sourd, peut-être la chute d’un objet, alors qu’instinctivement, Anja fronçait le nez. Elle aurait donné cher pour que sa sœur dorme encore un peu, ou bien reste dans sa chambre, au moins le temps qu’elle-même trouve le sommeil, et rejoigne la sienne. Elle resta pourtant malgré tout sur le canapé, à continuer sa tâche, alors que les bruits à l’étage s’intensifiaient, Anja ne doutant pas du fait que Cassie ne tarderait pas à pointer le bout de son nez.

Cassie ne pensait pas pouvoir redormir un jour en toute tranquillité. Après avoir passé des semaines barricadée dans son appartement et avoir frôlé la mort à plusieurs reprises, voilà qu’elle habitait dans une maison, dans un quartier sécurisé. Il était vrai qu’au début, elle se réveillait souvent en sursaut au moindre bruit. Mais elle avait fini par prendre l’habitude et surtout par se laisser porter par la fatigue qui la gagnait à chaque fin de service.
En effet, la jeune femme avait rapidement rejoint le groupe de surveillance et de ravitaillement. Elle n’était pas du genre à rester en place. Il fallait qu’elle bouge et autant se porter volontaire pour ce genre de missions. Cassie était assez contente d’avoir rejoint la communauté de Fort Hope. Elle avait retrouvé un petit espoir même si elle n’était pas dupe. Le pire pouvait arriver ici aussi.

Les yeux ouverts, Cassie fixait le plafond. Elle était réveillée depuis quelques minutes déjà. Elle avait parfaitement entendu sa sœur rentrer de son tour de garde. La cohabitation avec cette dernière devenait tout simplement invivable. Une fois encore, Cassie n’avait pas espéré que les circonstances apocalyptiques puissent jouer un effet bénéfique sur sa relation avec Anja. Les deux sœurs ne s’entendaient plus depuis la mort de leurs parents. Paul n’était plus là pour jouer les arbitres, plus rien ne pourrait les réconcilier. Le lien était brisé depuis longtemps et il ne se consoliderait jamais plus. Le seul moment où elles s’étaient brièvement rapprochées, c’était il y a quelques mois lorsqu’elles s’étaient retrouvées alors que tout espoir était perdu. Mais cela n’avait pas duré longtemps.

Cassie s’étira longuement, tel un chat, avant de sortir de son lit. Elle fit tomber son réveil au passage et soupira avant de le ramasser. Elle se leva et ouvrit le volet avant de sortir de sa chambre. Elle fit un rapide tour par la salle de bain avant de descendre les escaliers. Elle avait vu la porte ouverte de la chambre d’Anja, elle savait donc qu’elle n’était pas encore couchée. Et maintenant, elle entendait les bruits bien distincts d’une arme qu’on démonte. Sa sœur était dans le salon. Cassie fit la moue, se dirigea vers la cuisine pour prendre du café avant de s’installer sur le canapé à son tour, à quelques mètres de sa sœur et en marmonnant un « salut » presque inintelligible.

Aussi étrange que cela pouvait paraître, Anja avait toujours trouvé que s’occuper de son arme avait un côté relaxant. Elle ne comptait plus ces fois où elle avait monté et démonté son arme plusieurs fois à la suite, lorsqu’elle était face à une situation difficile, ou quand elle avait besoin de réfléchir. Comme si s’occuper les mains et les doigts lui permettait de libérer son esprit, ou de se concentrer. Elle faisait souvent cela en pleine enquête, quand elle butait sur les indices, sur les preuves qu’elle avait à sa portée, quand rien ne semblait faire de sens. Sans doute qu’avec le temps, c’était devenu un tic qu’elle faisait sans même s’en apercevoir.

Quoiqu’il en soit, les pas de Cassie ne tardèrent pas à fouler les escaliers, alors que la brune finissait par apparaître dans le salon, puis se dirigeait vers la cuisine pour se servir une tasse de café. Anja ne tourna même pas la tête vers elle, pas lorsqu’elle entra dans la pièce, pas plus d’ailleurs quand elle s’installa à son tour sur le canapé. L’aînée ne put retenir une moue cynique involontaire, ne se doutant pas que le bonjour de sa sœur avait dû lui coûter. « -Bonjour à toi aussi, rayon de soleil. » lança Anja, non sans sarcasme, la forme de communication que les deux sœurs maîtrisaient le mieux. Elle posa les pièces de son arme sur la table basse, et après avoir fait craquer sa nuque, la policière se leva pour aller se servir à son tour une tasse de café, alléchée par l’odeur de celui de la brune.

Pourtant, elle ne put retenir un soupir en constatant que Cassie avait terminé la cafetière, et qu’il ne lui avait pas semblé nécessaire d’en refaire couler. « -Merci, pour le café. » bougonna-t-elle, la fatigue qui commençait à pointer le bout de son nez n’aidant pas à canaliser sa mauvaise humeur. Elle entreprit donc de refaire du café, sans faire attention à la brutalité qu’elle mettait dans ses gestes, aux portes des placards qu’elle refermait un peu trop brusquement, à sa tasse qui cogna fortement sur le plan de travail de la cuisine. Elle sentait déjà sa patience mise à rude épreuve, alors qu’elle s’adossait à la table, crochetant ses paumes de mains au rebord de celle-ci, le serrant fort en espérant que ça suffirait à calmer la colère qui commençait lentement à monter en elle. Ou plutôt, que l’attitude de sa jeune sœur venait de raviver, comme à chaque fois qu’elles se trouvaient dans la même pièce.

Il ne fallait pas se méprendre sur les intentions de Cassie. Elle ne s’était pas mise assise sur le canapé, aux côtés de sa sœur, pour engager la conversation. Seulement, elle n’allait pas rester dans la cuisine ou éviter le salon parce qu’Anja y était. Après tout, c’était sa maison à elle aussi. Cassie n’était pas non plus une sauvage impolie, c’est bien pour cela qu’elle avait murmuré un « salut » à l’intention de sa sœur, bien qu’il ne venait pas du plus profond de son cœur. Les mains entourant sa tasse de café, Cassie fixait l’arme d’Anja sans vraiment la voir. Elles ne s’étaient pas parlé, qu’elle sentait déjà la tension entre elle deux. C’était toujours comme ça. C’était comme si l’orage guettait au dessus de leurs têtes et qu’il était prêt à éclater. Une phrase, un mot de travers, et elles repartaient dans les disputes. C’était le quotidien des sœurs depuis la mort de leurs parents.

Et ce matin encore, cela se confirmait. Anja venait de répondre avec un ton sarcastique. Evidemment, cela avait rapidement le don d’agacer Cassie. Pour toute réponse, elle soupira assez fortement. Bon sang, elle venait de se réveiller. Ne pouvait-elle pas être tranquille le temps de boire son café ? Lorsque sa grande sœur posa l’arme sur sa table, la jolie brune eut l’espoir, bref, qu’Anja parte se coucher. Au lieu de cela, elle se dirigea vers la cuisine. Quelques secondes plus tard, elle la remerciait pour le café. Oui, Cassie avait fini le reste de café et n’en avait pas fait de nouveau.

« Mais de rien très chère sœur. » Le sarcasme, toujours le sarcasme. « Merci à toi d’avoir l’amabilité de me tenir compagnie au réveil. » Sur ce, elle bu une gorgé de café. Généralement, elles arrivaient tout de même à s’éviter dans cette maison. Cassie aurait pu attendre sagement dans son lit qu’Anja parte se coucher. Mais elle était ici chez elle, et elle savait très bien que sa présence agaçait sa sœur. Peut-être qu’au final, c’était volontaire. Les deux sœurs faisaient parties d’un cercle vicieux dont il était impossible de sortir. Toujours un mot plus haut que l’autre, toujours cette fierté qui les empêchait de s’excuser, de faire un pas vers l’autre. Toujours cette rancune après toutes ces années. L’apocalypse avait changé bien des choses, mais certainement pas la façon d’agir entre les deux sœurs.

« Heureusement que je suis déjà réveillée. » Lança-t-elle à nouveau à sa sœur. En effet, cette dernière faisait un tel boucan dans la cuisine qu’il était impossible de passer à côté. Il était surtout facile de deviner qu’elle était énervée et que ça n’allait pas tarder à exploser de nouveau entre elles.

L’amabilité de lui tenir compagnie au réveil ? Quelle bonne blague ! Anja esquissa un sourire cynique, un brin moqueur, tout en sachant pertinemment que la raison pour laquelle elle était restée au salon était simplement le fait que le sommeil tardait à lui venir. Elle doutait qu’avec une tasse de café, ce léger problème puisse se solutionner, mais qu’importait. La brune refusait tout simplement de s’effacer, de se réfugier dans sa chambre sous prétexte que Cassie était réveillée. Bien au contraire, elle n’allait pas s’enterrer dans son coin, juste pour libérer sa cadette de sa présence, il ne manquait plus que ça ! Elle était chez elle, et elle comptait bien profiter de chaque pièce, quitte à emmerder sa jeune sœur au passage.

Enervée par le comportement de sa sœur, Anja était en train de cogner et de claquer tout ce qui passait sous sa main, sans le moindre état d’âme. La tasse atterrit sans délicatesse sur le plan de travail, alors que la policière lâchait un long soupir contrarié, son humeur ne s’arrangeant pas avec les remarques de Cassie. « -Comme si ça faisait une différence, que tu le sois, ou pas. » Elle lui adressa un sourire froid, sans aucune chaleur, qui n’atteignit même pas ses yeux. Après tout, ce n’était pas comme si Anja faisait particulièrement d’efforts pour être discrète lorsque la survivante à ses côtés dormait encore, et qu’elle-même rentrait de l’une de ses gardes au petit matin. Au fond, c’était une guerre d’usure qu’elles se livraient, semées de petites batailles, insignifiantes aux yeux des autres, mais qui ternissait davantage leur relation, chaque jour qui passait. C’était un match incessant, où elles passaient leur temps à se renvoyer la balle, à faire une crasse de plus à l’autre, pour marquer un point supplémentaire. Une petite guéguerre où il n’y aurait sans doute aucun vainqueur.

Il ne fallut pas longtemps au café pour être prêt, Anja en avait fait une quantité limitée, seulement pour elle, et le versa dans sa tasse, avant d’en humer longuement l’odeur. Le meilleur des nectars, aux yeux de la jeune femme, qui n’avait plus touché une seule goutte d’alcool depuis le décès de leurs parents. Encore un truc que Cassie lui avait pris, sans même s’en préoccuper. La survivante finit par revenir sur le canapé, reprenant sa place initiale, non sans pousser un soupir d’agacement face au comportement de sa sœur. Anja sentait bien que cette colocation qu’elles s’imposaient touchait à sa fin, mais qu’aucune d’entre elles ne voulait avoir la faiblesse de quitter la maison, et de s’effacer devant l’autre. C’était comme rendre les armes, et aucune des sœurs Deluca n’en était capable. « -Y’a des maisons de libres, plus loin dans la rue. Toi qui était tellement pressée de prendre ton indépendance quand t’étais gosse, tu devrais peut-être envisager d’aller t’y installer. » Elle lâcha ça d’un ton détaché, tout en sachant que Cassie n’allait pas obtempérer et partir bien gentiment, bien au contraire. Sans même un regard pour sa cadette, Anja porta sa tasse à ses lèvres, avant de la poser sur la table basse, et de reprendre son arme en main.

Et voilà un nouveau pique de sa très cher grande sœur. Peu surprenant au vue de l’ambiance qui venait de s’installer entre elles. Cassie serra les dents pour toute réponse. A ce moment précis, elle ressentait vraiment le besoin de partir, de s’éloigner de sa sœur et de ne plus vivre avec elle. Ca devenait carrément insupportable pour la jolie brune, et nul doute que ça le devenait aussi pour Anja.

Quelques minutes plus tard, la voilà qui revenait s’assoir dans le salon. Cassie se doutait bien que sa sœur ne lui ferait pas le plaisir de rester dans la cuisine ou de monter dans sa chambre.
« Et pourquoi c’est moi qui devrait partir ? Si je suis si insupportable tu connais le chemin jusqu’à la porte et surtout vers ces maisons libres. » Répondit-elle du tac au tac. Piquée au vif, Cassie ne prenait pas le temps de réfléchir lorsqu’elle était énervée. Les mots sortaient tout seul de sa bouche et il était déjà trop tard pour le regretter lorsque cela arrivait. A cet instant, elle n’avait aucun regret même si elle savait que sa réponse était purement orgueilleuse. Elle ne voulait pas bouger d’ici, faire le premier pas, céder son territoire. Ce qui était totalement stupide puisque c’était la meilleure des solutions. Trop bornée sur le moment pour s’en rendre compte, elle enchaina. «  Je ne comprends même pas pourquoi tu as insisté pour qu’on emménage ensemble lorsqu’on est arrivé ici. »

Cette fois, c’était clairement pour blesser sa sœur. Car la réalité n’avait pas été tout à fait comme ça. Malgré tout, elles avaient été heureuses et soulagées de se retrouver vivantes il y a quelques mois de ça. Si Cassie ou Anja n’avait pas proposé de vivre séparément en arrivant à Fort Hope, c’était peut-être dans l’espoir de reconstruire quelque chose de solide entre elles, de se retrouver, d’être soudées maintenant qu’elles n’étaient plus que deux. Malheureusement, cet espoir c’était vite envolé, comme tout le reste. Elles en étaient revenues au point de départ, et cette fois Paul n’était pas là pour jouer l’arbitre ou pour soutenir Cassie.

De retour au salon, Anja retira ses chaussures, puis s’installa en tailleur sur le canapé, humant longuement l’odeur de son café, avant de porter la tasse à ses lèvres, malgré le liquide brûlant qui se trouvait dedans. C’était étrange, mais chaque fois que la jeune femme s’accordait une tasse de café, ça la ramenait systématiquement des années plus tôt, quand elle était toute jeune officier de police, et qu’ils avaient un café sans aucun goût dans leur commissariat. A croire que certains souvenirs avaient la vie dure. Quoiqu’il en soit, et alors qu’elle venait tout juste de suggérer à sa cadette de déménager, la brune savait très bien qu’elle ne pourrait pas savourer sa tasse en paix, et que les hostilités n’allaient pas tarder à prendre une nouvelle tournure.

Instinctivement, la lieutenant esquissa un rictus quand sa jeune sœur lui répondit, alors qu’il était facile de deviner que la remarque d’Anja l’avait vexée. Pourquoi c’était elle qui devait partir ? Elle n’avait pas réellement de réponse à cette question. Il fallait bien qu’il y en ai une qui se décide à mettre un terme à cette guerre sans fin, non ? Elle n’eut de toutes façons pas l’occasion de répondre que Cassie enchaînait déjà, posant une question que la policière n’avait pas vu venir. Pourquoi elle avait voulu qu’elles s’installent ensemble ? La réponse semblait plutôt claire. Anja ouvrit la bouche, prête à répondre, quand on sonna tout à coup à la porte de leur maison. Elle poussa un soupir, toujours réticente à l’idée qu’on vienne la déranger chez elle, elle qui avait élevé la vie de solitaire à un niveau qu’elle ne pensait même pas possible. Elle posa donc sa tasse sur la table basse, et se leva pour aller ouvrir, s’arrêtant sur le seuil du salon juste avant de le quitter. « -Sans doute pour m’assurer que tu étais en sécurité. » Pour s’assurer que personne ne viendrait tirer Cassie de son sommeil, pour faire d’elle elle ne savait quoi. Anja avait sans doute fait preuve d’un peu trop d’imagination à leur arrivée ici, d’ailleurs, elle n’était toujours pas réellement certaine de faire confiance aux habitants de Fort Hope. Seule la présence de Noah derrière ces palissades la rassurait.

Sans attendre de réponse de sa sœur, Anja alla rejoindre la porte d’entrée, où elle tomba sur l’un des survivants avec lesquels il lui arrivait de travailler, au ravitaillement. Il semblait embarrassé de venir la voir, sans doute parce qu’elle avait encore une attitude assez renfermée avec ceux qui pouvaient se prétendre ses collègues, avec qui elle parlait rarement. Il la fixa quelques secondes, s’excusant de la déranger, avant de lui demander si elle acceptait d’échanger leurs tours pour la sortie ravitaillement, qui avait lieu l’après-midi même. Une bonne excuse pour s’éloigner de Cassie, et par la même de Fort Hope ? Anja accepta sans même écouter l’argumentaire que le quadragénaire semblait avoir préparé, et la porte se referma presque aussitôt sur lui. La brune s’accorda quelques instants seule dans l’entrée, se massant quelques instants la nuque, avant de retourner dans le salon, où elle s’installa à sa place, comme si de rien était.