i'm too sexy :

Je crois que je n’ai jamais eu autant envie de me ruer vers quelqu’un, et de le pointer de mon index en lui envoyant un « je te l’avais bien dit ! » qu’à cet instant précis. Je savais bien qu’en missionnant Jésus et Moïse pour une tâche aussi ardue que de trouver de quoi remplir les stocks de l’infirmerie, c’était comme si je me tirais toute seule une balle dans le pied. Et j’ai eu beau mettre en garde Dean sur l’incompétence de ses sbires, il n’a pas arrêté de les défendre, en annonçant qu’ils étaient parfaitement compétents, et que j’allais être agréablement surprise par tout ce qu’ils allaient ramener. Autant dire que quand Moïse m’a tendu une bouteille d’alcool à brûler, en me disant qu’il y avait alcool d’écrit, et donc que ça devait bien désinfecter, ça a été la goutte d’eau, qui a fait déborder le vase déjà bien plein. Je ne souhaiterai qu’une seule chose, qu’il se blesse, s’égratigne, se coupe, ou je ne sais quoi, et qu’il me laisse le plaisir de le désinfecter avec de l’alcool à brûler, pour voir tout le bien que ça peut faire.

Je peste pour la millième fois, au moins, de la journée, et prépare déjà mentalement le discours que je vais tenir à Dean, pour lui faire comprendre qu’il vaut mieux que ce soit moi qui fasse la prochaine sortie ravitaillement, quand la porte s’ouvre sur une petite Vestale manifestement paumée, et pas certaine de ce qu’elle fout là. Elle baragouine je ne sais quoi sur Isha, une urgence liée à des morsures, et je ne sais quoi d’autre. Et autant dire que face à mes nombreuses interrogations, et mon air autoritaire, ses bégaiements n’ont pas été des plus convaincants. J’ai donc largué l’infirmerie en vitesse, pour me diriger vers notre chambre, inquiète du charabia incompréhensible de la petite Vestale.

La chambre n’est pas super éclairée quand j’arrive dedans, et il me faut quelques secondes pour distinguer la silhouette du brun sous la couette. Merde…est-ce qu’il est vraiment malade ? « -Isha ? Qu’est-ce qui se passe ?  Tu te sens pas bien ? » Je m’avance rapidement vers le lit, avant de me stopper, et de buguer sévèrement. Mais…est-ce que…ce sont des oreilles de chat sur sa tête ? Je sens un sourire naître peu à peu sur mon visage, et mon incompréhension, ou ma curiosité plutôt, grimper malgré moi. « -D’accord…est-ce que je dois comprendre que tout va bien…mon chaton ? » Je m’avance vers le lit, sans me départir de mon sourire, les mains sur les hanches. Je ne suis pas certaine de ce qu’il est en train de se passer, ou de pourquoi Isha porte ce qui ressemble à un costume d’Halloween ou de soirée déguisée, mais j’ai hâte de savoir ce qu’il a derrière la tête.

Il se met à faire une drôle de tête quand je l’appelle chaton, et je lève un sourcil face à cette réaction pour le moins inattendue. S’il pense que ça risque de devenir une habitude, et que je vais me mettre à l’appeler comme ça tous les jours, qu’il se rassure, ce n’est absolument pas dans mes intentions. D’ailleurs, je ne sais même pas si j’arriverai à l’appeler un jour par un petit surnom affectif. Ça me semble tellement…je ne sais pas…pas nous, tout simplement. J’esquisse malgré tout un sourire, parce que j’ai l’impression que ce surnom utilisé uniquement parce qu’il porte des oreilles de chat semble l’avoir plongé dans un espèce de malaise qui m’échappe. « -T’en fais pas, je peux m’en tenir à Isha… » Même s’il semble détester ce qui s’avère être son véritable prénom.

Mes sourcils se haussent de surprise quand je le vois soudainement bondir de sous la couverture, et découvre qu’il a le costume assorti aux petites oreilles de chat, queue comprise. J’étais sur le point d’esquisser un sourire, quand je l’entends reprendre la parole, ce qui me coupe net dans mon action. Anniversaire ? Aujourd’hui ? Mais…il est bien sûr de ça ? J’en perds moi-même le décompte des jours. Le voir se dandiner me fait perdre le fil de mes hésitations, et je me rends compte que ça importe peu que ce soit aujourd’hui, ou un autre jour. Il a pensé à cette journée, et a fait quelque chose de spécial pour fêter ça, et je trouve ça plutôt mignon. Je rigole quand je le vois se trémousser dans son costume, et me prête même au jeu, le sifflant allègrement comme ces gros lourds pouvaient parfois le faire autrefois, à l’approche d’une jolie fille. « -Vas-y, remue moi ce petit cul ! » Et il se met même à faire un tour sur lui-même, pour que j’admire un peu mieux les courbes de son corps parfaitement dessinées par le costume qui lui colle à la peau.

Mon visage est toujours fendu d’un large sourire quand je me rapproche de lui, jusqu’à venir coller ma poitrine contre son torse, alors que je fais descendre mes mains dans son dos, jusqu’à ses fesses, que j’empoigne fermement. « -C’est parfait, j’adore. Il met en valeur toutes mes parties préférées de ton corps ! » Je lui adresse le regard coquin qui va bien, avant d’avoir un rire léger, et de m’éloigner de lui de quelques pas. Je ne peux pas m’empêcher de penser à ce moment où on en viendra irrémédiablement à lui enlever ledit costume, et je sens d’avance qu’on va galérer, ce qui me fait sourire encore davantage. Mes yeux se plissent, et mon regard parcourt la pièce d’un air curieux, avant de se reposer sur Isha : « -Alors…c’est quoi la suite des réjouissances ? » Je n’ai pas vraiment besoin d’une autre réponse que « toi et moi, dans le lit, sur le canapé, la table, ou n’importe où ailleurs dans la chambre », mais j’avoue que le fait de l’entendre dire que c’est mon premier cadeau titille ma curiosité.

Je ne le lâche pas des yeux, curieuse comme jamais de savoir ce qu’il m’a réservé d’autre, lorsqu’il se met à me parler d’un gâteau d’anniversaire qu’il n’a pas pu obtenir, ce qui me fait légèrement froncer les yeux. Franchement, niveau bouffe, on est vraiment bien lotis à l’arène, surtout considérant le fait que certains sont là dehors, à crever la dalle, alors l’absence de gâteau est vraiment une broutille. Isha finit néanmoins par s’éloigner pour aller chercher je ne sais quoi, un peu plus loin. Il revient avec une assiette entre les mains, et ce qui ressemble à un gâteau au chocolat, sur lequel est juché une bougie. Un gâteau… « -Tu m’as fait un gâteau ? Personne m’a jamais fait de gâteau… » Enfin…si on excepte Naya, mais elle se comportait avec moi comme une véritable mère. Et en dehors d’elle, personne ne s’est jamais mis aux fourneaux pour moi. Et je dois dire que ça me touche qu’Isha ai fait cet effort-là, rien que pour moi.

J’arrive à retrouver mon sourire face aux remarques du gladiateur, et il allume la bougie, avant de m’inviter à faire un vœu. Instinctivement, je me mordille la lèvre inférieure, et même si c’est quelque chose auquel je n’ai jamais cru, j’essaye de faire les choses bien quand il s’agit de souffler sur la petite flamme, et de faire ledit vœu, mes yeux glissés dans ceux du brun. Si j’en crois la tradition, il faut garder le vœu absolument secret, sous peine qu’il ne se réalise jamais, et je compte bien m’éteindre en ayant gardé ce secret jusqu’au bout. J’esquisse un nouveau sourire, et attrape la petite assiette, puis la cuillère, et vais m’assoir en tailleur sur le canapé. Ça fait une éternité que je n’ai pas mangé une petite douceur, d’ailleurs, je ne me souviens même plus de quand date la dernière fois, et quand je plonge la cuillère dans le mi-cuit pas bien cuit, comme il l’a appelé, je constate que l’apocalypse n’a pas eu raison de ma gourmandise. « -Hmmmmmm, du chocolat… » J’ai la bouche pleine, c’est sans doute loin d’être sexy, mais putain, ce que c’est bon.

J’en prends une nouvelle cuillérée, et tapote la place à côté de moi dans le canapé, pour qu’Isha vienne m’y rejoindre. J’aime le fait qu’il ne soit pas si cuit que ça, il faut dire que quand Naya se lançait à faire des cookies, je préférai manger la pâte crue, impatiente que j’étais. Et là, ça me fait un peu le même effet. La cuillère rencontre une nouvelle fois le mi-cuit, mais c’est à Isha que je la tends cette fois. S’il y a bien une personne dans cette arène, ou sur cette planète, avec qui j’ai envie de partager un gâteau, c’est bien lui. Et provenant d’une gourmande comme moi, j’espère qu’il se rend compte de ce que ça veut dire. « -Tu m’avais caché tes talents de spécialiste du mi-cuit pas bien cuit ! » Mon sourire retrouve une nouvelle fois mon visage, alors que je m’installe plus confortablement dans le canapé, et tends mes jambes sur les siennes. « -Tu sais, t’avais pas besoin de faire toutes ces choses. Un joyeux anniversaire et des galipettes, ça aurait été parfait. Merci, pour tout ça. » Je lui adresse un nouveau sourire, plus tendre cette fois, avant de manger une nouvelle cuillérée de gâteau, les Smarties craquant sous ma dent.

Evidemment qu’on peut enlever cuisinier de la liste des hypothèses concernant son ancien métier, puisqu’il était mécanicien. Un fait qu’il pourrait savoir, si seulement il consentait à ce qu’on discute, de temps en temps, de sa vie d’avant. Ou du moins, des quelques morceaux que je connais à ce sujet. Néanmoins, je n’ai pas envie de me lancer dans cette discussion conflictuelle et de gâcher la soirée, alors je me contente de sourire à sa remarque, avant de lui tendre une nouvelle cuillérée, pour partager mon gâteau d’anniversaire avec lui.

Une fois mes jambes installées sur Isha, ses doigts ne tardent pas à les masser, ce qui est plutôt agréable après être restée debout une bonne partie de la journée. Je continue de me régaler de son gâteau quand il reprend la parole, en réponse à mes propos, m’expliquant qu’il a voulu marquer le coup pour qu’on se souvienne encore de cet événement, d’ici quelque temps. J’esquisse un sourire amusé, avant de lui répondre, du tac au tac : « -Oh…crois moi, la vision de toi dans ce joli costume moulant ne risque pas de s’effacer de ma mémoire si vite ! » Je le taquine, bien sûr, je n’oublierai aucun des efforts qu’il a fait pour moi aujourd’hui, juste pour me faire plaisir. « -Je vais être honnête avec toi…j’avais peut-être un peu oublié que c’était aujourd’hui mon anniversaire. Je savais qu’on était dans la période, mais enfin…voila… » Je conclus d’un haussement d’épaules un peu maladroit. Tout ça pour dire que sans lui, j’aurai sans doute passé la date, sans même m’en apercevoir.

Et sorti de nulle part, Isha me tend un petit paquet cadeau, qui me fait arrêter mon geste, alors que je portais une nouvelle fois la cuillère à ma bouche. Cruel dilemme. Avaler une nouvelle bouchée de gâteau, ou ouvrir le paquet ? La cuillère se retrouve dans ma bouche, alors que ma main libre attrape en même temps le paquet, alors que j’esquisse un sourire sans doute plein de chocolat. Je dépose l’assiette sur la petite table d’appoint à côté du canapé, et entreprend d’ouvrir le paquet, non sans ressentir une certaine pointe d’excitation. Un peu comme une gamine un matin de Noël. Et c’est avec surprise, et ravissement, que je découvre un Ipod, moi qui pensais ne plus jamais en voir. Mes yeux se relèvent avec étonnement vers le visage d’Isha, qui s’empare déjà des écouteurs, et en glisse un dans l’une de mes oreilles.

Les premières notes d’une musique commencent à retentir, au moment même où il reprend la parole, pour m’expliquer le pourquoi de ce cadeau. Notre chanson à nous ? Euh…c’est un truc de couple, ça, d’avoir une chanson à deux ? Je le regarde en tâchant de camoufler mon incompréhension, je crois même que j’y parviens plutôt bien, et je remarque à quel point le sujet semble sérieux pour lui. Tellement sérieux, que je sais que je pourrais faire des efforts à ce sujet, et vraiment trouver une chanson qui correspond à notre couple, si ça peut lui faire si plaisir. A mon tour, je glisse le deuxième écouteur dans son oreille à lui, et me tourne totalement pour me retrouver dans ses bras, mon dos contre son torse, alors que mes doigts trouvent les siens. La chanson continue, alors que j’esquisse un petit sourire face aux paroles, qui semblent écrites pour Isha. Tout dire en silence, rien qu’avec des gestes, ou des regards, c’est un peu son truc. Finalement, on reste comme ça un moment, moi dans ses bras, à simplement écouter les musiques présentes sur le petit appareil, et franchement, c’est encore mieux que tout ce que j’aurai pu demander pour cette journée.

C’est agréable de rester dans les bras l’un de l’autre, à simplement écouter de la musique en silence. Le genre de moment apaisant que j’apprécierai de partager plus souvent avec lui. J’ignore combien de temps on reste comme ça, mais Isha finit par se redresser, me poussant à en faire de même pour me retourner et savoir pourquoi il brise cette petite bulle de tranquillité qui était la notre jusqu’à maintenant. Je le vois se lever pour se diriger vers la penderie, et en tirer deux manteaux bien épais, et un masque. Je hausse un sourcil quand il parle du reste de la soirée, alors que j’attrape le morceau de tissu, non sans lui démontrer ma curiosité. Je finis donc par imiter le brun, et enfile à mon tour le manteau, avant de le laisser me bander les yeux, dans ce que je perçois être un malin plaisir, qui m’arrache un léger sourire.

Moins d’une minute plus tard, je me retrouve dans les bras d’Isha, et noue les miens à l’arrière de sa nuque, alors qu’il se met en route, et nous fait quitter la chambre. J’essaye de me repérer dans les couloirs, je crois même que j’y parviens sans mal, et ne suis donc qu’à peine étonnée de sentir un air froid venir caresser mes joues. J’en déduis donc que l’on est sur les toits, ce qui ne fait qu’aiguiser ma curiosité. Après un instant de pause que je ne m’explique pas, il reprend son chemin, pour quelques pas au moins, avant de s’arrêter une nouvelle fois, et de plier les jambes, pour je ne sais quelle raison. Ah…me faire m’assoir, visiblement. J’obtempère donc, même si j’avoue commencer à trépigner face à tant de suspense. Il est largement temps qu’il me retire ce loup, et me permette de regarder où nous sommes, et ce qu’il se passe.

Au lieu de ça, ses lèvres se posent sur les miennes, pour un court baiser, avant qu’Isha se recule une nouvelle fois. Après un petit silence, je sens son souffle caresser mon cou, alors qu’il me laisse, enfin, ôter le morceau de tissu, ce dont je ne me fais pas prier. Le loup se retrouve donc dans ma main, alors que je découvre l’endroit où il nous a ramené. Le toit, j’avais vu juste, qui a été transformé en potager pour subvenir aux besoins de l’arène, toit sur lequel il a aménagé un matelas de couvertures, et qui est totalement désert. De jour, on aurait sans doute une vue imprenable sur des kilomètres autour de l’arène, mais ce soir, alors qu’il fait nuit noire, c’est le ciel qui retient toute mon attention. Un ciel dans lequel brillent toutes ces étoiles que Naya et moi avions l’habitude d’observer, inlassablement.

La voix d’Isha murmure une nouvelle fois à mes oreilles, et je me mordille la lèvre inférieure, avant de me retourner, peut-être un trop vivement, pour venir m’emparer de ses lèvres. Je glisse mes doigts dans ses cheveux, pour le rapprocher encore un peu plus de moi, et lui faire comprendre à travers mes baisers ce que ma bouche a du mal à formuler. C’est essoufflée que je me détache doucement de ses lèvres, sans aller bien loin pour autant, puisque mon front reste contre le sien pendant quelques instants. Il me faut quelques secondes de plus, avant de doucement murmurer contre ses lèvres : « -Merci…Personne ne s’était jamais donné autant de mal pour moi… » Je finis par me reculer légèrement pour plonger mes yeux dans les siens, et esquisser un petit sourire peut-être un brin intimidé par tous les efforts qu’il a déployé ce soir pour me faire plaisir, et qui me touchent vraiment. Je voudrais dire quelque chose de spirituel, quelques mots qui parviendraient à lui faire comprendre ma reconnaissance, ce que tout cela me fait ressentir, mais rien ne me vient, et je me contente de lui sourire bêtement. A côté de ça, la petite figurine Deadpool que je lui ai offerte, et les attaches avec lesquelles on a passé des nuits de folie sont assez dérisoires.

Il a sans doute raison, il est le seul homme que j’ai laissé entrer dans ma vie à ce point, le seul de qui je me sois réellement attachée, et pour qui j’éprouve tous ces sentiments qui me dépassent parfois. Mon indépendance, autrefois si chère à mes yeux, me parait désormais secondaire, depuis qu’Isha et moi sommes devenus si proches, elle me paraît même peut-être dérisoire à l’heure actuelle. C’est une chose que je ne regrette pas en tout cas, avoir mis ça de côté, jusqu’à lui permettre d’avoir sa propre place dans ma vie. Et je ne reviendrais en arrière pour rien au monde.

Je me serre un peu plus contre lui, resserrant mes bras derrière sa nuque, alors qu’il me fait doucement sourire en coin, et que ses lèvres finissent par retrouver les miennes. Ses mains glissent sur la fermeture éclair de mon manteau, alors qu’il ne faut pas être un génie pour comprendre où il veut en venir. Isha s’écarte néanmoins au bout de quelques secondes de ce long baiser, pour m’expliquer son geste, alors qu’un fin sourire étire peu à peu le coin de mes lèvres : « -Voyez-vous cela… » Je prends un air intéressé face à ses explications, les yeux légèrement plissés, alors que je hoche légèrement de la tête. S’il croit vraiment qu’il va réussir à me faire me désaper dehors alors qu’il fait moins de zéro, il va devoir se montrer bien plus persuasif que ça.

Je le laisse malgré tout continuer son petit manège, alors que la fermeture descend lentement, millimètre par millimètre, et que les lèvres d’Isha ne quittent pas les miennes. Pendant quelques secondes, il parvient à me faire oublier le ciel étoilé au-dessus de nous, le gâteau au chocolat à moitié mangé dans la chambre, et qui attend notre retour, le lecteur dont je n’ai pas encore découvert toutes les surprises, et rien d’autre ne compte que cet instant, que l’on partage, que nos souffles qui s’emballent, et se mêlent. Un frisson parcourt subitement mes bras, alors que je me recule de quelques tous petits centimètres, jusqu’à ce que mon front se pose contre le sien. « -Dis-moi…je devais pas t’en dire plus sur les étoiles… » Je murmure ça tout contre ses lèvres, avant de lui voler un dernier baiser, et de me remettre dos contre son torse, bien calée, la fermeture remontée le plus haut possible.

Et c’est ainsi que tout contre lui, je lui montre les différentes constellations dont on a parlé des tas et des tas de fois par le passé, au cours de nos soirées par exemple. Je lui en apprends un peu plus sur chacune de ces étoiles dont Naya m’a livré les secrets par le passé, lors de nos soirées dans son jardin. Et ça me fait très plaisir de partager ça avec Isha ce soir. « -Et…je vais m’arrêter là pour ce soir ! Comme ça, tu seras obligé de nous faire revenir ici de nouvelles fois ! » Et ce n’est vraiment pas moi qui vais m’en plaindre. Je me laisse aller davantage contre lui, nouant mes doigts aux siens, alors que ma tête trouve le creux de son épaule. Voilà le genre de moment que j’aime partager avec lui, où on n’a pas forcément besoin de parler pour combler les silences, où on peut se contenter d’être simplement l’un contre l’autre, à échanger quelques caresses par-ci par-là, quelques sourires, ou quelques paroles éparses. Au bout de longues minutes de silence, je finis par tordre le cou suffisamment pour pouvoir poser mes lèvres dans la nuque d’Isha, et mordiller le lobe de son oreille : « -On redescend ? » Pour passer à la deuxième étape de cette soirée d’anniversaire, qui je le sais d’avance, va rester bien longtemps dans ma mémoire. Isha voulait qu’elle soit inoubliable, et il peut être sûr que ce sera le cas.

Isha semble plus que réceptif à ma proposition de redescendre dans notre chambre, ça ne devrait pas m’étonner au vu de ses mains qui traînaient sur mon corps depuis un moment déjà. Il me parle d’un autre cadeau, et je n’ai cette fois aucun doute sur ce que ça va être, et ça me fait sourire d’avance. Il m’emballe dans les couvertures, m’emmitoufle comme un petit bébé, et si ça m’aurait fait râler en temps normal, ce soir, ça me fait sourire. Et puis, je me dis qu’entre mon poids, et celui de toutes les couvertures, il doit peut-être regretter à l’heure actuelle de s’être montré aussi chevaleresque.

Quoiqu’il en soit, on refait le chemin inverse de ce qu’on a parcouru un peu plus tôt, et mes pieds ne retouchent le sol que lorsque nous nous retrouvons une nouvelle fois dans notre chambre. Il m’effeuille, et le travail s’avère un peu long avec toutes les épaisseurs que j’ai, mais ça n’en rend que l’attente plus excitante. Je me contente de le dévorer du regard, alors qu’Isha achève de me déshabiller, et retire à son tour ses vêtements, spectacle dont je ne loupe pas une miette. Je reconnais ce regard que j’aime tant, et que j’ai appris à décrypter, et inutile de dire que je décèle à des kilomètres cette petite lueur qui indique qu’il a un truc derrière la tête. Et j’en frémis d’avance. Je le laisse me couvrir les yeux, puis m’attacher au lit, avant de glisser les écouteurs dans mes oreilles. Je suis privée de ma vue, de mon ouïe, et de ma capacité de bouger les bras en même temps, et je crois bien que c’est assez nouveau. Et…déstabilisant. Du moins, au début. Je sens les baisers et les caresses d’Isha au dernier moment, quand sa peau touche la mienne, et aucun indice extérieur pour me permettre de deviner quelle zone de mon corps fera l’objet de sa prochaine attaque.

Quand mon corps est rompu de fatigue, et de tout le bien que m’a fait Isha, il finit par me détacher doucement, et me rendre la vue, alors que je retire les écouteurs, et dépose le lecteur sur la table basse. Si j’ai passé une bonne soirée ? Je pensais qu’il aurait deviné tout seul ce qu’il en était. Pour toute réponse, je lui grimpe dessus comme s’il était un matelas, étalée de tout mon long sur son corps, ma poitrine écrasée sur son torse. « -Je t’ai pas dit, mais…c’est mon anniversaire la semaine prochaine aussi ! » Je souris contre ses lèvres, et lui vole un baiser, avant de rouler sur le matelas, pour me retrouver sur mes pieds. C’est totalement nue que je vais jusqu’aux restes de gâteau, qui m’attendent toujours sagement sur la table près du canapé.

La bouche pleine, je me tourne vers le lit, où Isha est toujours allongé, et je lui adresse un sourire les dents pleines de chocolat. Et c’est là que me vient une idée sortie de nulle part. « -Un bain, ça te dit ? » Je lui montre d’un signe de tête la baignoire, à quelques pas de moi, qui me tend les bras, et m’appelle à grands cris. La dernière, et unique fois d’ailleurs, qu’on s’est lancés dans un bain à deux, on n’était pas vraiment ensemble, et pourtant, ça reste un des moments que je chéris le plus dans notre relation. Il ne m’a pas encore clairement donné sa réponse que l’eau chaude coule déjà au fond de la baignoire, et commence à la remplir petit à petit, alors que j’adresse un grand sourire de gamine à Isha.

L’eau chaude commence à emplir doucement la baignoire, et je regrette qu’il n’y ai pas une bouteille de bain moussant sous la main, j’aurai adoré en mettre trois tonnes dans l’eau du bain. J’imagine que ce sera pour une prochaine fois. Quoiqu’il en soit, Isha a l’air d’apprécier ma proposition, puisqu’il quitte notre lit pour venir me rejoindre, et me prendre dans ses bras, ce qui me fait sourire. Belle et merveilleuse ? Rien que ça ? Puisqu’il me musèle en posant ses lèvres sur les miennes pour m’empêcher de protester, je dépose l’assiette au petit bonheur la chance, et je réponds à son petit pique en pinçant doucement la peau de son ventre, mais sans y aller suffisamment fort pour lui faire mal. Mais Isha fait durer le moment, et je finis par me coller à lui, haussée sur la pointe des pieds, pour lui rendre son baiser.

Quelques secondes plus tard, Isha a disposé des serviettes à disposition, pour quand on sortira de l’eau, et je me retrouve dans ses bras avant même d’avoir compris son intention, ce qui m’arrache un sourire en coin. Il nous plonge dans l’eau, et nous remet exactement dans la même position que cette fois-là, à Fort Hope. Je gigote pour trouver ma place dans la baignoire, tout contre le torse du brun, alors que ses mains rejoignent déjà mon dos, pour en défaire les nœuds de tension. Il fredonne d’un air absent cette même chanson qu’il avait déjà chanté lors de notre premier bain ensemble, dans un français plutôt approximatif qui me fait sourire. A mon aise, je dépose ma tête dans le creux de son épaule, et ferme les yeux, en me laissant totalement aller contre lui.

Au bout de longs instants de silence tout à fait agréables, Isha finit par reprendre la parole, alors que spontanément, je réponds un long « hmmmm », pour lui indiquer que je suis tout à fait d’accord avec lui. Même si… « -Nos soirées ne sont quand même pas trop mal…non ? » J’attrape l’une de ses mains, et la ramène vers moi, tout contre mon ventre. On passe en général nos soirées en tête à tête, à se chamailler, à partager nos pensées, nos envies, nos corps, aussi. Des moments auxquels je ne croyais pas dans notre autre vie, celle sans rôdeurs et survivants prêts à tout pour tirer une journée de plus. Force est de constater qu’Isha parvient à me prouver, jour après jour, que je suis sans doute passée à côté de quelque chose en me persuadant toute seule pendant toutes ces années que des relations sans attaches et sans lendemain étaient ce qui se faisait de mieux.

Quand Isha m’enlace, je glisse mes doigts entre ceux du brun, et je finis par fermer les yeux, tout contre lui, pour apprécier davantage cet instant. Il a raison, nos soirées ensemble sont vraiment bien, peu importe la façon dont on les occupe, qu’il s’agisse de l’étude d’un livre sur les étoiles, du simple fait de s’endormir dans les bras l’un de l’autre, ou de moments plus intimes. Je baille longuement, mais cela n’est pas suffisant pour me convaincre de sortir de l’eau, ou mettre un terme à cet instant vraiment apaisant, que je ne suis pas prête de voir se terminer. Il manquerait juste un petit fond musical pour que tout soit parfait.

Quand je commence à avoir froid, je glisse un peu plus sous l’eau, et resserre les bras d’Isha autour de moi, dans l’espoir d’avoir un peu plus chaud. Mais la technique ne marche pas des masses, et j’imagine que le brun lui-même doit commencer à trouver la température limite, car il attrape le savon, et commence à me frotter le dos, puis les bras, avant que je pivote tant bien que mal dans la baignoire, pour lui faire face, et le laisser me savonner le devant du corps, avec beaucoup d’application. Je fais gicler de l’eau vers lui, tape allègrement dans celle de la baignoire pour l’éclabousser, juste pour l’embêter, et lui compliquer la tâche, bien sûr. Puis arrive mon tour, et je prends tout mon temps pour savonner son corps à lui, en savourant cette sensation de pouvoir le toucher, de partout, sans le sentir se crisper, comme c’était le cas au début.

On finit par se sortir de la baignoire, dégoulinants, une petite flaque d’eau se formant à nos pieds, ce dont on se fout totalement. Isha attrape une serviette, et commence à sécher ma peau, ce qui m’arrache un petit sourire. Ça me ramène une nouvelle fois tout droit à Fort Hope, à notre premier bain, où c’est moi qui avait épongé son corps, lors de notre dernière nuit ensemble. Quoiqu’il en soit, je le laisse faire, jusqu’à ce qu’il me fasse tourner sur moi-même, et m’enlace contre son torse, alors que ses doigts repartent explorer une zone qu’il connaît pourtant déjà par cœur. Je souris, et le laisse faire, prenant appui de tout mon corps contre lui, pour apprécier pleinement cet instant. Il commence à murmurer des paroles à mon oreille, faisant naître des petits frissons dans ma nuque, et pendant quelques instants, j’ai du mal à me concentrer sur les mots qu’il prononce, avec le ballet qu’exercent ses doigts, ce qui est assez perturbant.

Mon souffle s’emballe, alors que ses paroles me font autant d’effet que ses caresses, et que bientôt, il me soulève complètement contre lui quand mes jambes ne font plus leur taff, et se dérobent sous mon poids, alors que mes mains s’accrochent à ses bras. Isha me porte jusqu’au lit, où il me dépose doucement, alors que l’orgasme tout récent qu’il vient de me donner agite encore mes jambes, et mon souffle. Je finis par m’allonger sur le dos, alors qu’il vient me rejoindre à son tour. Voilà le moyen parfait de finir cette soirée d’anniversaire. Je me tourne avec un large sourire vers Isha, et me redresse sur un coude, pour pouvoir plonger mes yeux dans les siens. « -Merci pour cette belle soirée. » Mes lèvres se déposent sur son front, avant que je lui murmure de se tourner, et de se mettre sur le côté, dans la position dans laquelle on s’endort tous les soirs. Sauf que ce soir, ce sera moi la grande cuillère. Une fois qu’il est allongé, je me glisse dans son dos, et l’enlace de mon bras comme lui le fait tous les soirs. « -Oh, et…moi aussi, je t’aime. » Je lui murmure ça à l’oreille, comme lui l’a fait un peu plus tôt, et enfoui mon visage dans sa nuque, en me serrant tout contre lui. Je le pensais vraiment, c’était une très bonne soirée, de celle que je ne risque pas d’oublier, et je n’ai jamais été aussi pressée de prendre une année en plus.